Connivences des médias et méfiance des citoyens

 Il est évident que dans la crise actuelle, les médias sont l’objet d’une grave crise de confiance : disent-ils la vérité ? Et quelle vérité ? Ont-ils la capacité de dire la vérité, soit par incompétence, soit par parti-pris idéologique, soit par oubli de la déontologie de leur métier, soit par une servilité qui ne dit pas son nom ?

Le courage de dire ou d’écrire dans les médias :

       Pour avoir servi pendant de longues années l’État, à l’abri, comme tous mes collègues, de la protection statutaire de la Fonction Publique, j’ai toujours été frappé par la très grande difficulté que les fonctionnaires rencontraient pour dire la vérité aux autorités supérieures, quand elle n’allait pas toujours dans le sens de leurs préférences, et encore pire, s’il s’agissait de refuser d’exécuter une instruction « non fondée » ou illégale.

       Dire non, même dans la Fonction Publique, a toujours été une forme d’exploit, le plus souvent d’ailleurs, celui des femmes.

        Comment imaginer que les journalistes puissent disposer d’une liberté d’écriture alors que la grande majorité des médias sont entre les mains du grand capitalisme français, et progressivement d’un capitalisme étranger ? (exemple de notre journal dit de référence)

      Vous n’allez tout de même pas demander aux professionnels de nos médias d’être des « anges » !

Le courage de dire ou d’écrire avec l’aide d’« experts » en tout genre et de toute espèce : pour dire la vérité ou se défausser ?

Le décryptage : de plus en plus souvent un décryptage ! Qui veut dire quoi ? Pour traduire quoi, une parole, un mot, qui auraient échappé au professionnel ? Ou pour renvoyer un écho venant d’un autre, c’est-à-dire botter en touche ? Sans avoir le courage de dire ou d’écrire soi-même ce qu’il faut véritablement comprendre, ou encore, traduire pour le bon petit peuple ce qu’il doit comprendre ?

Les « experts » : les émissions sont de plus en plus « farcies » d’experts, de « communicants » de plus en plus nombreux, une vraie génération spontanée – information ou communication ?-, les politologues, les sociologues, les psychologues…

Les « sources » confortables : il est évident que le renvoi à telle ou telle source « dissidente », tels le Canard Enchaîné, ou aujourd’hui Médiapart, rend bien service aux médias, car il leur permet de faire « écho », faute de pouvoir ou d’avoir le courage de le dire eux-mêmes.

Les connivences politiques

L’exemple des « gilets jaunes » !

            Les médias, les journalistes qui interrogent à chaud  des responsables politiques interviewent, le plus souvent et de préférence, deux types d’interlocuteurs, des représentants du Rassemblement national ou de la France insoumise : seraient-ils si disponibles ?

        A la télévision, même combat, qu’il s’agisse des chaines publiques ou privées ! Fruit du hasard ou convergence d’analyse politique, et de tactique politique ? Ou manipulation en douceur de notre establishment parisien ?

       Je penche pour la deuxième interprétation : le Président lui-même, et certains ministres parmi les plus ardents, Castaner ou Darmanin,  essaient de donner le ton en citant la référence historique des années 1930, dont l’immense majorité des Français ne connait pas la signification politique ou la « peste brune », laquelle n’est pas mieux connue, fusse par ceux qui usent de ces références inappropriées.

      Il est tout de même difficile de croire que tout cela est innocent.

      Ce type de manipulation n’est pas nouveau. En ce qui concerne le Front National, aujourd’hui Rassemblement National, en 1985, François Mitterrand avait été l’initiateur de cette manœuvre, laquelle a continué à bien fonctionner avec Chirac en 2005 et avec Macron en 2017.

     Il n’est pas besoin d’être politologue pour voir que les Marcheurs tentent de renouveler le coup, mais cette fois avec les deux extrêmes, à gauche et à droite, tout en démantelant le parti des Républicains, le Parti socialiste étant déjà au tapis.

Et dans un tout autre domaine, celui de la télévision publique ? A qui appartient-elle ?

Aux journalistes et à leurs sociétés ou aux citoyens ?

      Prenons le cas de France 2 ? Est-ce que le téléspectateur, et aussi citoyen,  n’a pas l’impression – juste –  que cette chaine de télévision publique est la propriété des Delahousse (omniprésent), Nagui, ou Bern…

      Ne s’agirait-il pas d’une sorte de privatisation qui ne dit pas son nom ?

     Alors que cette chaine publique n’est pas assez citoyenne, préférant les jeux, les loteries, aux émissions à caractère civique !

Jean Pierre Renaud