L’Ordre public entre Troisième et Cinquième République

« Toute ressemblance entre contextes historiques existants ou ayant existé serait pure coïncidence ! »

L’Ordre public entre Troisième et Cinquième République ?

1888-2020

L’actualité des dernières années met à rude épreuve les nerfs des forces publiques narguées et accusées de tous les péchés de la création, m’a remis en mémoire un récit que fit Marie Etienne Péroz, officier des Troupes Coloniales, en qualité d’officier d’ordonnance du Ministre de la Marine et des colonies : il fut acteur et témoin d’une opération de maintien de l’ordre particulièrement délicate à l’occasion des manifestations populaires en faveur du Général Boulanger en 1888.

            Les contextes historiques  ne sont pas du tout les mêmes, mais un épisode comme celui-là nous rappelle le risque que prennent les pouvoirs publics à ne pas bien mesurer le ras-le-bol des forces de l’ordre quand il se nourrit de l’actualité politique du moment.

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« Péroz 4ème Partie »

 « Fin de partie coloniale »

« Général Boulanger, capitaine Dreyfus, colonne Voulet- Chanoine »

« Chapitre 19 »
Le commandant Péroz, officier d’ordonnance des ministres de la Marine et des Colonies (1888-1891) Un brin de confession politique !

La situation de la Troisième République en 1888

La Troisième République n’avait pas dix ans d’ancienneté et ses institutions étaient encore fragiles. Deux historiens, Boyer et Dubois, ont baptisé cette période « La tentation du sabre », et nous verrons, à travers le témoignage du commandant Péroz, placé aux premières loges de la vie politique, à Paris, comment les événements se sont déroulés lorsque le général Boulanger se trouva en situation de prendre le pouvoir.

            Les gouvernements formés par la gauche républicaine modérée se succédaient à un rythme rapide, mais ils avaient en face d’eux une opposition de droite relativement forte.

Au cours de son passage au ministère de la Marine et des Colonies, le commandant Péroz fut en contact avec le Président de la République Sadi Carnot, les présidents du Conseil, Floquet, Tirard et de Freycinet, et servit successivement dans le cabinet de trois amiraux, Krantz, Jaurès, et Barbey.

Tous ces gouvernements avaient une coloration politique de gauche républicaine et modérée, et une étroite solidarité franc-maçonne unissait souvent beaucoup de ces ministres, notamment ceux qui étaient les promoteurs des conquêtes coloniales.

Mais curieusement, ces dernières étaient le fruit d’une nouvelle alliance entre le « sabre » et le « goupillon » idéologique, celle de l’armée ou de la marine, et de la franc-maçonnerie politique.

C’est donc dans ce contexte politique et institutionnel que le commandant Péroz servit au Ministère de la Marine et des Colonies.

Jusqu’à la création d’un ministère des Colonies, en 1893, les ministres de la Marine furent également des ministres des Colonies ; à cette époque, l’infanterie de marine relevait donc du même ministère, et c’est là que le commandant fut affecté en qualité d’officier d’ordonnance des ministres.

Le témoignage de Péroz est d’autant plus intéressant qu’il nous donne à la fois, l’ambiance des relations qui existaient alors, dans cette période d’extrême tension politique entre le pouvoir exécutif et l’armée, et son sentiment personnel sur le type de relations qui pouvaient exister alors entre un gouvernement et son armée.

A cette occasion, et une fois de plus, l’homme, le citoyen, et l’officier se découvraient dans leur authenticité.

Péroz, officier d’ordonnance

«  De l’année 1888 au mois de juillet 1891, je remplis les fonctions d’officier d’ordonnance des trois ministres de la marine qui se succédèrent pendant cette période…

            Il est facile de se représenter la vie d’un officier dans l’entourage immédiat d’un ministre : vie d’apparat et de représentation. Pour moi, au contraire, elle fut toute de travail, entrecoupée seulement et non remplie par les obligations extérieures de ma charge. Cependant j’eus maintes occasions d’observer, au cours de ces trois années, le monde politique d’alors auquel j’étais fortement mêlé par ma situation.

            C’était pendant la période de l’agitation boulangiste. L’excitation de la bataille sans merci que se livraient les partis permettait de mieux en voir les chefs au naturel. J’aurais pu faire sur eux une ample moisson d’études. Mon existence vagabonde à travers le monde sauvage, où ne pénètrent que des échos très espacés et très affaiblis des dissentiments aigus qui, périodiquement, agitent les Français, m’avait tenu très en dehors de toute opinion exagérée. » (432/PV)

            Le loyalisme de Péroz

            «  Mes sentiments se bornaient à un loyalisme absolu, traduit par une obéissance entière aux représentants du gouvernement de la république et à mes chefs directs. Je ne comprenais guère les violences de langage qui, si rapidement, transforment en irréconciliables ennemis deux citoyens dont les vues gouvernementales diffèrent. Dans cet état d’esprit, mes remarques pouvaient être empreintes de quelque impartialité.

            Mon intention n’est pas de décrire les phases politiques que j’ai traversées. Au reste, mon opinion sur ces événements, quelle qu’elle soit, serait sans valeur. Mais à coup sûr cependant, l’exprimer, blesserait soit les uns soit les autres, par ce fait qu’elle émanerait d’un officier. D’autre part, je n’ai reçu des divers personnages avec lesquels j’ai été en rapport, que des témoignages de bienveillance et d’estime ; il y aurait quelque ingratitude à me laisser aller à des appréciations critiques sur leur rôle, que, au demeurant, je ne prétends nullement avoir été en mesure de juger.

            Je voudrais seulement conter quelques faits qui ont produit sur moi une très vive impression. Ils sont peu nombreux ; j’étais suffisamment absorbé par les tâches diverses qui m’incombaient pour ne jeter qu’un regard distrait sur les incidents qui se produisaient au Parlement ou dans la rue. Je n’ai voulu retenir que ceux auxquels j’ai été personnellement associé. »

Le général Boulanger et l’attitude des forces de police

            « Le 27 janvier 1889, Paris et la France entière étaient dans un état d’effervescence extraordinaire. Le général Boulanger était nommé député de Paris, battant Floquet, son adversaire, à une énorme majorité. Sur le soir, une population enthousiaste se pressait sur les boulevards, s’étalait sur la place de la Concorde, s’engouffrait dans la rue Royale, applaudissant les résultats partiels du vote qui s’allumaient aux transparents. Déjà le succès de l’élection du général était certain.

            J’étais de service de nuit au ministère de la Marine. Dans la première cour, du côté de la rue Royale, un escadron de la garde républicaine attendait, pied à terre, toutes portes closes, que l’ordre lui fut donné de déblayer la place de la Concorde et les abords de l’Elysée.

            Au dehors, un ronflement ininterrompu de cris, au milieu desquels dominaient ceux de : « Vive Boulanger ! A « l’Elysée ! » On s’écrasait littéralement aux abords de la rue du Faubourg Saint Honoré et sur la place de la Madeleine pour acclamer le nouvel élu qui, entouré de ses fidèles, paraissait de temps en temps aux fenêtres du restaurant Durand.

            Dans la rue Saint-Florentin, derrière le Ministère, la foule était moindre. C’était un courant continu de gens pressés de manifester ou d’agir, venant de la place de la Concorde ; ils allaient s’aplatir contre la masse qui obstruait le rond-point de la Madeleine, la pénétrant peu à peu, la rendant plus dense, plus échauffée, plus menaçante. La deuxième cour du Ministère, celle qui donne sur cette rue et qu’entourent les appartements particuliers, était occupée par un bataillon de ligne tout entier.

            A neuf heures, nous recevons par téléphone, du ministre de l’Intérieur, l’ordre pour les troupes stationnées dans l’hôtel de la Marine de dégager la rue Royale et de couvrir le palais présidentiel.

            J’étais en tenue de service. Aiguillettes, brassard blanc à la manche, bandes d’or au pantalon

Les hésitations de l’escadron de la garde républicaine

            « Je me présente au capitaine commandant l’escadron ; je lui transmets les instructions que je venais de recevoir. C’était un grand beau garçon, vigoureux, trapu, la mine énergique, une quarantaine d’années, peut-être. Il me fit répéter l’ordre, il le redit à son tour pour s’assurer qu’il l’a bien retenu. Plusieurs sous-officiers nous entourent et paraissent écouter curieusement.

            S’étant ainsi assuré qu’il a bien saisi ce qu’on veut de lui, il s’approche de son cheval et commande : «  A cheval ! »

            A mon grand étonnement, car la garde républicaine parait être en tout temps troupe de discipline modèle, quelques cavaliers seuls se mettent en selle. Leur chef rassemblait déjà ses rênes et faisait signe au concierge d’ouvrir la lourde porte de la rue Royale.

            A ce moment, il se retourne pour s’assurer qu’on est prêt à marcher et pour faire le signal de : « En avant ». La vue d’une partie de son escadron encore à pied, les hommes ramassés en petits groupes chuchotant à voix basse, arrête net son geste. Sa figure trahit la stupéfaction la plus complète : à coup sûr, il ne comprend pas. Et moi, à pied près de lui, je ne comprends guère plus. Mais un maréchal des logis se charge vite de nous éclairer sur les sentiments de tous :

            – Mon capitaine, fait-il d’une voix légèrement gouailleuse, serait-ce que nous allons conduire Boulanger à l’Elysée ?  S’il n’en est pas ainsi, peut-être ferions- nous tout aussi bien de rester ici.

             – Parfaitement ! Soulignent plusieurs voix.

            Les gardes, leurs figures goguenardes tournées vers le capitaine, semblent approuver.

            Moi, je commence, assez démonté, et sans trop savoir ce que je disais :

            –  Capitaine…

            Mais un hurlement, un beuglement plutôt, m’interrompt :

            – Nom de Dieu, à cheval ! A cheval ! Nom de Dieu ! Rugissait le capitaine, la face enflammée, congestionnée, la main sur la poignée de son sabre, qu’il tire à demi en faisant volter son cheval et en le poussant contre ses hommes.

            Sa voix a éclaté comme un tonnerre dans la cour à demi obscure qu’entourent les hautes murailles. Le silence s’est fait tout d’un coup sur le roulement de l’écho des jurons. On n’entend plus que le cliquetis des fourreaux de sabre des cavaliers qui se mettent en selle, et les tintements des mors et des gourmettes.

            La grande porte s’ouvre à deux battants, jetant brutalement un flot de lumière dans la cour ; les cuivres polis des casques brillent et les aciers scintillent. La foule entassée dans la rue acclame Boulanger et l’appelle à l’Elysée ; lorsqu’elle voit apparaître cette troupe silencieuse, elle la salue de quolibets et d’insultes. Les figures  des soldats se crispent ; elles deviennent dures et provocantes au fur et à mesure que, par quatre, à la sortie du palais, elles sont fouettées par les ricanements et les défis.

            Sont-ils encore boulangistes les beaux cavaliers de la garde ? Peut-être. Mais ils ne seront certainement pas avec le peuple, cela se voit dès maintenant ; leur consigne sera, à coup sûr, vigoureusement exécutée.

            Les portes se sont refermées.

            Déjà, la mêlée brutale a commencé. Des cris d’effrois, des vociférations emplissent la rue. »

L’obéissance du bataillon d’infanterie

            «  Dans la seconde cour, le bataillon d’infanterie attend, faisceaux formés. J’ai fini de communiquer à son commandant les ordres du gouvernement. Il me demande quelques renseignements sur la topographie du quartier. Puis il fait signe à une escouade d’agents de police qui lui est attachée de venir à lui, et il explique le cas. Pendant ce temps, les petits troupiers comprennent à ces conciliabules qu’on va marcher ; ils se placent d’eux-mêmes derrière leurs armées, debout, immobiles, attendant le commandement. Le chef de bataillon est monté à cheval ; les capitaines l’ont  imité :

            –  Rompez ! … ceaux ! Remettez !… ette ! Par le flanc droit, droite ! En avant !

            La porte de la rue de la rue Saint-Florentin s’est ouverte.

            – Marche ! Et le bataillon s’écoule sans un mot, sans autre bruit que celui des pas qui sonnent sur le pavé de la cour, que le tintement de la ferraille des fourreaux et des quarts.

              « L’armée est boulangiste », affirmait-on alors dans les milieux officiels ; « les officiers particulièrement », ajoutait-on volontiers. Les deux exemples que je viens de rapporter peuvent servir à se faire un jugement sur ce sujet.

            Cette nuit-là, vers une heure du matin, les manifestants avaient été refoulés, puis dispersés. Il ne restait dans les rues avoisinant le Ministère et sur la place de la Concorde, que de tardifs curieux qui regagnaient hâtivement leur demeure. A peine, de temps à autre, un groupe de braillards. Sous la colonnade, dans l’ombre que projettent les arceaux qui la supportent, était embusqué un détachement d’agents de police. Les hommes qui la composaient devaient avoir une forte revanche à prendre, car leurs agissements étaient empreints d’une sorte de sauvagerie violente ; ils semblaient en proie à une surexcitation extraordinaire, animés d’un irrésistible désir de rendre avec usure les coups anonymes reçus dans les charges de la soirée.

            Dès qu’un inoffensif promeneur tournait l’angle de la rue Royale, il était immédiatement happé par la bande qui le secouait durement, en le questionnant sur les causes de sa déambulation tardive. A grands renforts de bourrades, de coups de pèlerine sur les épaules et sur la tête, on l’interrogeait. Si ce traitement poussait le pauvre diable à quelques récriminations, son affaire était claire. Entraîné sous le péristyle, il recevait une homérique volée ; après quoi, de grands coups de pied au derrière l’invitaient à gagner au large et à rentrer promptement chez lui. »

La joiedes chapeaux haut-de-forme

            «  Les chapeaux haut-de-forme causaient aux défenseurs de l’ordre un plaisir particulier. A ce tournant redoutable de la rue Royale, une invincible tentation déchargeait à l’improviste les poings robustes sur ces bourgeoises coiffures : sous le choc, le cylindre se plissait d’un seul coup en accordéon, s’enfonçant parfois jusqu’au nez, à la grande joie des policiers.

            Bien peu de Parisiens osaient se plaindre d’un traitement si abusif. J’ai conclu de cette grande philosophie que le Parisien est, de sa nature, extrêmement soumis aux fantaisies des représentants de l’autorité.

            Au reste, toute protestation, il s‘en produisait cependant quelques-unes, occasionnait au patient rétif un complet désastre ; il était ainsi convaincu, plus qu’aucune autre parole n’eût pu le faire, du tort certain dans lequel un citoyen se met en revendiquant le droit incertain de porter chapeau haut-de-forme. »

Pages  235 à 239 du livre :

               « Les Confessions d’un officier des Troupes Coloniales »

                     Niger (Samory) . Guyane (Dreyfus) . Tonkin (Dé-Tham)

Marie Etienne Péroz

1857-1910

Editions JPR (2011)

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En anecdote historique plus récente, pendant la révolte de mai 1968, en Haute Saône, le gouvernement Pompidou –Président de Gaulle aux abonnés absents…

           Plus personne au gouvernail !

      Un des principaux animateurs de cette révolte, Daniel Cohen-Bendit se veut aujourd’hui conseiller des Princes qui nous gouvernent…

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Ultime question ?

Dans une situation du même genre en 2020, y-aurait-t-il un capitaine pour « mettre la main sur la poignée de son sabre » ?

Jean Pierre Renaud     Tous droits réservés

Les hauts-fonctionnaires : l’ancien monde, le nouveau monde ou l’entre-deux monde ? Quatrième, Cinquième, et Troisième République

Les hauts fonctionnaires : l’ancien monde, le nouveau monde ou l’entre-deux monde ?

1 – Quatrième et Cinquième République

2- Troisième République avec l’ ancien haut-fonctionnaire Tardieu

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1 – Quatrième et Cinquième République

            Le  début de l’année 2019 a été marqué par une avalanche de révélations sur les rémunérations des hauts fonctionnaires, qu’ils exercent des fonctions de direction dans les administrations centrales ou territoriales ou dans des services industriels ou commerciaux relevant de l’Etat, ou encore à la tête d’autorités administratives et publiques indépendantes.

            Tout au long de ma carrière, j’ai observé l’évolution de l’état d’esprit de cette « caste dominante de gens très influents », ainsi dénommée par Mme Le Branchu, gagnée de plus en plus par l’appétit du « fric », beaucoup plus que par l’esprit de servir le pays : en résumé, je sors de l’ENA, plutôt dans les grands corps, j’alimente rapidement mon carnet d’adresses, le sésame, en passant rapidement quelques années dans un cabinet ministériel, et je prends le vent du large…

            Résultat, une haute fonction publique de plus en plus perméable aux tentations de l’argent, souvent gangrenée par un autre mal, celui du mélange des genres dans un même couple, entre public et privé, sans que personne ne s’en offusque, même quand il s’agit de secteurs sensibles.

            Comme le relevait le Canard Enchaîné dans un article intitulé « Le bazar chez les cumulards » : « … c’est l’ancien ministre Jacques Toubon qui décroche le pompon… Le total pourrait avoisiner les 30 000 euros mensuels…

           Le défenseur des droits a bien défendu les siens. »

       Ce  débat pose utilement un certain nombre de bonnes questions sur le sens du service public, et sur son évolution au fur et à mesure des années après sa refondation complète par une élite issue de la Résistance en 1945, et la création de l’ENA, considérée alors comme le symbole républicain de la haute fonction publique, en concurrence avec d’autres grandes écoles, Normale Sup, Polytechnique, Saint Cyr, ou encore l’ENFOM, condamnée à disparaître, avec la disparition de l’Empire.

       Le cas Toubon soulève à titre complémentaire deux autres questions d’un autre ordre, à savoir la possibilité du cumul d’une haute fonction publique avec une retraite de haut fonctionnaire, ou d’élu, d’une part, et d’autre part sur l’éthique du service public.

      C’est le cas par exemple, et sauf erreur, des anciens hauts fonctionnaires qui siègent au Conseil Constitutionnel, arbitre des plus hautes élégances juridiques : il est évident que ce type de situation conduit à s’interroger sur la conception du service public qui justifie une telle situation.

        Ce type de nomination trouverait-il son explication dans une conception étrange d’un cursus de haut fonctionnaire, qui classerait le Conseil Constitutionnel, non pas comme une Cour Suprême du modèle européen, mais comme le dernier échelon d’une carrière politico-administrative ?

       Le Figaro du 22 janvier 2019 a proposé dans ses pages 14 et 15 un bon éclairage de ce sujet à la fois complexe et sensible sous le titre « Plongée au sein des très généreuses institutions de la République « 

            Certaines déclarations de hauts fonctionnaires m’ont laissé rêveur, celle de l’ancien Vice-Président du Conseil d’État : « Quel État voulons-nous ? Un Etat paupérisé ou attractif ? Est-ce que  le service de l’intérêt général et du bien commun doit être pénalisé au regard des activités industrielles ou commerciales du secteur marchand ?

            Celle du Gouverneur de la Banque de France jugeant : « blessant pour les fonctionnaires qui ont choisi de s’engager  dans le public plutôt que de gagner nettement plus en entreprise, qu’on leur jette à la figure les trois fromages restants (sic)… »

   Est-ce que ces hauts-fonctionnaires exemplaires sont un exemple pour une jeunesse avide de servir son pays, sans avoir l’obsession du fric, comme ce fut le cas pour nombre d’anciens ?

       Que doit-on alors penser des officiers, militaires, des professeurs, des policiers, des médecins de nos hôpitaux qui ne bénéficient pas du même sort ?

     Est-ce que l’on ne mélange pas le régalien et les marchands des services industriels ou commerciaux relevant de l’État ?

         Que penser aussi des centaines de milliers de Français et de Françaises qui se dévouent jour et nuit au service du bien public, au « prix » de modestes salaires ?

      De quelle France est-il question, de la France « paupérisée » ou « blessée » ?

        Jean Pierre Renaud

PS : beaucoup d’initiés peuvent mettre des noms sur de nombreux transfuges de la haute fonction publique passant dans l’entre-deux monde de façon plus ou moins précoce dans leur courte ou longue carrière, et quelque soient leurs affinités politiques supposées ou affichées, soit pour aller dans le grand business bancaire français ou étranger, fusse en Suisse, ou d’autres grands business privés, y compris le « social », avec une  petite ou grosse fortune à la clé.

Humeur Tique : anniversaire de la Constitution : de quelle Constitution est-il question ?

 Le Conseil Constitutionnel a organisé un raout pour fêter les 55 ans de la Constitution de 1958, celle du Général De Gaulle.

            Etait-il nécessaire d’entendre l’actuel Président se féliciter de la souplesse de notre constitution, laquelle fonctionne actuellement avec un Président qui fait revivre les grandes traditions de la Quatrième République, c’est-à-dire la confusion du verbe, le brouillard, l’absence d’un cap national, ce qui a causé la perte de cette République ?

              Et que dire des arbitrages presque quotidiens entre des ministres qui se conduisent en permanence comme des gamins en cour de récréation ?

             Une discipline d’autant plus difficile – elle n’existe d’ailleurs pas – qu’il faut continuellement morigéner 39 ministres, excusez du peu !

            C’est à se demander si les longues années, trop longues peut-être, de préparation du chef de l’Etat à d’autres fonctions que celles d’un élu local ou d’arbitre d’un grand parti, ont réussi à lui donner une véritable « constitution » de Président d’une Cinquième République qu’il est allé célébrer.