Empire colonial anglais et Empire colonial français (19ème et 20ème siècle) avec l’héritage postcolonial du Sahel
Suite des chroniques publiées sur le thème des Empires, pages vues en 2016, 2017, 2018, 2019, soit un total de 10 081 pages vues.
“Sahel, business or not business” !
Comparaison curieuse, anachronique, comme les adorent certains historiens contemporains, me direz-vous ?
Pas tant que cela si vous tentez de comprendre les grands enjeux et les ambitions légitimes ou non qui expliquent souvent la conduite politique et internationale de nombreux pays sur la longue durée.
Sous cet angle, le thème du titre illustre tout à fait la façon dont les deux pays ont administré leurs territoires coloniaux respectifs de l’Ouest africain, car les « choses » continuent : « Sahel business or not business » !
Le Sahel ? La France va au Sahel, trompette au vent, comme elle est partie à la conquête de l’Afrique de l’Ouest sans rien connaître des territoires et des civilisations qui s’y trouvaient.
La Grande Bretagne, elle, et ça n’est pas le fait du hasard, s’est emparée des terres coloniales qui disposaient, dans les connaissances de l’époque, des meilleurs atouts économiques (Sierra Leone, Ghana, Nigéria), avec une obsession, surtout ne pas mettre les mains dans la gestion concrète des hommes sur le terrain, un terrain qui était d’ailleurs on ne peut plus complexe à tous points de vue, là comme ailleurs, en Afrique de l’Ouest.
Ils laissèrent ce type de gouvernance aux pouvoirs traditionnels locaux, sans avoir l’ambition d’y promouvoir une égalité entre « citoyens » qui n’existaient d’ailleurs pas, ou les rêves d’un Etat républicain…
Dans le nord du Nigéria, ils laissèrent le pouvoir aux grands émirs du Sokoto et du Bornou, et dans le sud, comme dans l’Empire des Indes, ce fut la Compagnie Royale du Nigéria qui gouverna ces territoires jusqu’en 1914. Les territoires côtiers avaient donné naissance à des royaumes puissants et prospères.
Point de tout cela dans les territoires de mouvance française, la République française étant le « meilleur » régime politique du monde, il fallait que les Africains en bénéficient, même si l’on savait que cela était impossible : il fallait donc mettre la main dans un tissu d’ethnies, de croyances, de chefferies et de petits royaumes très différents les uns des autres…
La suite de cette histoire ?
Dans le Sahel du XXIème siècle, avez-vous vu la couleur d’un engagement militaire britannique quelconque sur le terrain dans cette immense région qui borde entre autres le nord du pays africain toujours le plus puissant de ce continent, le Nigéria, alors que le mouvement religieux et séditieux de Boko-Haram ravage le nord du pays depuis de nombreuses années et entretient un état de guerre civile ?
Jean Pierre Renaud