Le choc des cultures dans le Bush Australien (début du XXème siècle)

Le Choc des cultures au début du XXème siècle

Arthur Upfield dans le Bush Australien

Le métissage

Dans le Bush australien, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, avec le policier métisse Napoléon Bonaparte et Arthur Upfield, le choc des cultures entre les aborigènes et les colons blancs

            Mes études et mes lectures m’ont formé à la connaissance des mondes étrangers d’Asie et d’Afrique, une formation qui a été mise à l’épreuve sur le terrain, en Afrique noire, à Madagascar, et en Algérie, aussi bien sur le plan familial ou professionnel, qu’ultérieurement par la curiosité intellectuelle que j’ai manifestée en lisant des témoignages, récits de vie, essais, ou romans de littérature étrangère, nourris du passé ou de l’actualité.

            Au fur et à mesure des années, j’ai acquis la conviction que dans les rapports humains et sociaux entre membres de communautés d’origine géographique différente, la connaissance des cultures constituait la clé des relations de confiance qu’il était possible de nouer avec les autres communautés.

            Autre conviction, il n’y a souvent rien de mieux pour connaître les cultures étrangères que de lire des romans policiers de nature historique qui nous font plonger dans les univers culturels étrangers, beaucoup mieux que beaucoup de dissertations savantes : il m’est donc arrivé de beaucoup fréquenter des auteurs comme Robert Van Gulik, pour la Chine, Hillerman, pour les Indiens des Etats Unis, ou Upfield, pour le monde des Aborigènes d’Australie.

            Avant d’aller plus loin, il convient de dire un mot du métissage des cultures avec les difficultés qu’un couple mixte de deux personnes issues de deux mondes différents rencontre inévitablement pour entrer dans toute la complexité d’une culture venue d’ailleurs, comme ce fut le cas en Australie, comme ailleurs, à l’occasion des premiers contacts et échanges entre colons et aborigènes qui semblaient vivre dans un autre monde sur une autre planète.

Ceci dit dans le monde actuel le métissage ouvre un chemin de rencontre entre cultures différentes, tout en s’inscrivant dans une mouvance démographique mondiale

Nous avons retenu l’exemple du policier Napoléon Bonaparte parce qu’au-delà de ses récits palpitants, il incarnait un mélange de caractéristiques, de défauts et de qualités, appartenant à deux communautés humaines qui, a priori, se situaient aux extrêmes, les aborigènes étant alors considérés comme le type même du peuple primitif, encore issu de la préhistoire, ce qui n’était pas le cas, selon les critères de jugement et de valeur de beaucoup de blancs de l’époque.

Je crois avoir lu la presque totalité des romans policiers relatant les enquêtes et aventures du policier métisse Napoléon Bonaparte, dans le Bush australien, Bony pour les intimes, né d’un père colon et d’une mère aborigène morte très jeune, en fait assassinée pour avoir violé la loi de sa tribu.

Arthur Upfield (1888-1964), l’auteur, eut une vie bien remplie. N’appréciant pas le manque de réussite scolaire de son fils, son père l’expédia en Australie à l’âge de dix-neuf ans. Il roula sa bosse dans différents métiers, s’engagea pendant la Première Guerre Mondiale, combattit en France et retourna en Australie. Passionné d’écriture, il eut la chance de mettre la main sur les récits très riches d’un métisse policier qu’il exploita intelligemment pour rédiger l’ensemble d’une série policière de près de trente titres.

Jean Pierre Renaud  – Tous droits réservés