L’interdiction de la burqa, le voile intégral
Bilan de la Présidence Sarkozy : le 15 mai 2012, le journal La Croix fait le point sur plusieurs dossiers sensibles, dont l’interdiction du voile intégral.
Le journal a interviewé à ce sujet M. Franck. Frégosi, directeur de recherches au CNRS et spécialiste de l’Islam, avec pour titre de l’article « Une loi dont on ne connait pas les effets », un titre bien anodin, compte tenu du contenu de l’interview.
Et il est bien dommage que le même journal n’ait pas consacré, au minimum, le même espace de presse au contenu de notre post-scriptum, relatif à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, que vient de décider le Parlement de Norvège.
&
L’article premier de la loi du 11 octobre 2010 prévoit que « nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage »
M. Frégosi commente cette loi :
« L’une des particularités de cette loi est que les policiers se sont montrés extrêmement dubitatifs sur son application dès sa promulgation. Finalement, c’est le silence radar sur ses effets : il est vrai qu’ils sont beaucoup plus difficiles à mesurer que ceux de la loi sur les signes distinctifs à l’école, votée en 2004. Le paradoxe est qu’à mon avis, personne ne se risquera à la toucher. François Hollande lui-même s’est engagé à continuer à la faire appliquer. Elle n’en reste pas moins discutable parce qu’elle porte sur un comportement très marginal et parce que son argumentation juridique est fragile. Contrairement à l’école, qui est un service public, il ne pouvait être question ici de laïcité, le terme n’est d’ailleurs pas mentionné. On a franchi un pas dans la restriction des libertés individuelles, dans un contexte de construction d’une panique morale autour du multiculturalisme. On est passé au fil du quinquennat, d’une laïcité positive à une laïcité sélective dont la cible principale est l’islam. »
Pourquoi ne pas dire et écrire que la plupart des arguments avancés par ce spécialiste sont, au minimum, contestables ?
« Comportement marginal », tout d’abord, certes, mais avec un coût tout à fait modeste, comparé aux campagnes nationales de publicité des grands panneaux JCDecaux, et avec un effet garanti et démultiplié de pub islamique, d’une des mouvances religieuses qui veut promouvoir en France une coutume contraire à notre droit, et pourquoi ne pas oser le dire aussi, à nos mœurs de liberté.
Car, le spécialiste avance sur le terrain du droit, dont il est sans doute également spécialiste, en déclarant « son argumentation juridique est fragile ».
Fragile notre conception du droit des femmes, de l’égalité entre sexes, de la dignité humaine ?
« On a franchi un pas dans la restriction des libertés individuelles », vraiment ?
« Construction d’une panique morale autour du multiculturalisme… laïcité sélective… », alors que la loi ne parle pas de laïcité, comme ce spécialiste de l’islam l’a d’ailleurs relevé.
Alors oui, parlons du multiculturalisme !
Le concept de multiculturalisme n’emporte pas comme conséquence un retour en arrière sur la situation des relations qui existait, entre principalement, l’Eglise catholique et le pouvoir civil, avant la loi de séparation des églises et de l’Etat de 1905.
Pourquoi vouloir faire accroire que le multiculturalisme suppose une confusion des genres entre l’ordre de la religion et l’ordre de l’Etat, celui du pouvoir civil et politique ?
La France n’a jamais été à l’écart des échanges entre cultures, souvent beaucoup plus que d’autres pays, mais elle a su le faire, encore mieux, après 1905, grâce à cette nouvelle charte d’un multiculturalisme, qui ne peut, ne doit vivre, et prospérer, qu’en respectant ce principe fondamental de la République : ne pas mélanger le civil et le religieux !
De grâce, ne recréons pas en France les conditions de nouveaux affrontements civils et religieux, c’est-à-dire aussi des guerres religieuses atroces, comme ce fut le cas au cours des siècles passés !
Ma famille est bien placée à ce sujet, étant donné que notre grand-père paternel a été en prison pour s’être opposé, sur les plateaux du Russey, dans la « Petite Vendée » du Jura, aux inventaires décidés par la République.
Il n’est pas besoin de préciser que, dans notre famille, il y a bien longtemps que l’on a rallié le camp de la loi de l’année 1905, un gage de paix civile et religieuse.
Jean Pierre Renaud
Post-Scriptum : dans le même journal, à la date cette fois, du 29 mai 2012, un petit encart de cinq centimètres de côté, à la page 19 – Religion :
« La Norvège opte pour la séparation Eglise-Etat
Alors que la Norvège était l’un des derniers pays développés à avoir une religion d’Etat, son Parlement a entériné jeudi la séparation de l’Eglise et de l’Etat après une révision constitutionnelle. « La religion évangélique luthérienne ne sera plus la religion officielle du pays », et cette Eglise recevra des fonds publics « de la même manière que les autres », a-t-il annoncé dans un communiqué. »
Plus d’un siècle après la France donc ! Ce serait une si mauvaise solution ?