Le budget de la Défense de la France, ou comment ne plus être les « Suisses » de l’Europe!

Le budget de la Défense de la France, le Livre Blanc, et la politique de l’autruche !

Défense de la France ou défense  de l’Europe ?

Ou comment ne plus être les « Suisses » de l’Union Européenne !

Les journaux du Monde des 26 et 27 mars 2013

   A lire la page que le journal Le Monde du 26 mars 2013, page 18 Décryptages Débats, vient de consacrer au dossier du budget de la Défense, il est difficile de ne pas se poser des questions sur la pluralité de l’information qui devrait présider à un tel débat.

            Sur les trois tribunes, deux défendent le statu quo de notre politique de défense, la première, celle d’un représentant d’une fondation dont le budget, non public, est alimenté par le lobby des administrations ou  industries de la défense, la deuxième, celle d’un ancien ministre UMP, et la troisième, celle d’un spécialiste des techniques avancées, dont le propos ambitieux propose une nouvelle voie d’évolution pour les équipements de la défense.

            Pourquoi continuer à flatter l’égo national alors que notre pays est incapable d’assurer, à l’heure actuelle, la paix publique et sociale dans tous nos quartiers, et n’a plus les moyens d’assurer sa grandeur militaire passée, et cela, depuis des années ?

            Souveraineté de la France ? « Indépendance nationale », comme le déclare Monsieur Guéant, alors qu’il serait bien en peine de nous dire, ou d’avoir le courage de nous dire, s’il le sait, quelle est notre part d’indépendance nationale dans l’Union Européenne !

Est-ce bien sérieux ? Le chef de l’Etat ouvrirait le feu nucléaire sans demander l’avis de ses voisins européens, comme pour le Mali ?

Dans le journal Le Monde du 27 mars 2013, un éditorial au titre tout à fait étrange :

« Armée amputée, France déclassée »

Avec sept paragraphes d’argumentation favorable au maintien de notre budget de la Défense, et un dernier paragraphe qui ouvre timidement la porte à une réflexion de défense européenne.

Comme si la rédaction avait hésité à endosser jusqu’au bout le discours d’une France du passé !

Le Mali n’a sûrement pas été le bon exemple d’une orientation européenne de la défense, étant donné que le Président n’a alors pas saisi l’occasion pour provoquer la réunion d’un Conseil Européen qui aurait obligé les autres membres de l’Union à prendre leurs responsabilités dans cette lutte contre le terrorisme au Sahara.

Alors, avec le soutien sans doute inattendu, pour beaucoup de ses lecteurs, du journal Le Monde, notre belle, et encore redoutable, armée française serait vouée à être celle des nouveaux soldats « Suisses » de l’Union Européenne ?

Le temps ne serait-il pas enfin venu de remettre les pendules de la France à l’heure, et il ne s’agira pas uniquement de passer de l’heure d’hiver à l’heure d’été ou inversement !

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique : Une Europe à vau- l’eau !

Le nouveau budget de l’Europe : une vraie discussion de marchands de tapis avec les exigences tonitruantes du Premier ministre anglais.

Le jeu pervers des Anglais – Pourquoi ne pas ouvrir à l’Ecosse son adhésion future à la zone euro, en lieu et place de la Grande Bretagne, pour qu’on cesse  de laisser  la Grande Bretagne détruire à petit feu ou à grand feu, à la fois la zone euro et l’union européenne ? Avons-nous véritablement besoin du Royaume Uni pour asseoir définitivement l’Union européenne  alors que ce pays n’a de cesse de la mettre en morceaux, d’avoir toujours un pied dedans, un pied dehors, et un pied dans la porte toujours entrebâillée ?

Un moratoire pour le budget de l’Union : l’Union continue à verser des milliards d’euros aux pays de l’Europe de l’Est, alors qu’elle est incapable de régler le problème de la Grèce et de trouver les fonds nécessaires au redressement des comptes de la zone euro et au financement d’un programme de croissance.

Exemple : « La Roumanie a du mal à dépenser la manne européenne de 32 milliards d’euros des fonds structurels que la Commission européenne lui octroie depuis 2007. Ce budget lui avait été alloué jusqu’en 2013, mais Bucarest n’a réussi en six ans qu’à attirer que près de 15% de ces fonds non-remboursables destinés à moderniser le pays et alléger le coût social des réformes…. »(Le Monde des 28 et 29 octobre International, page 5) (32 – 5 = 27 milliards)

L’Europe dispose donc d’argent, de beaucoup d’argent. Il suffirait donc d’avoir le courage de réorienter à titre temporaire ce type de crédits, avec d’autant plus de conviction que l’ouverture de nos frontières représente « un coût social », compte tenu des mouvements de délocalisation et de main d’œuvre constatés.

 Le plombier polonais de M.Bolkenstein n’était pas qu’affabulation. Cette ouverture des frontières oblige les contribuables de la zone euro, et en tout cas de ceux de  la France, payer plusieurs fois le prix de leur adhésion :

– contribution aux programmes d’investissement des infrastructures notamment dans ces pays (référence citée plus haut),

             – perte des emplois liés à la délocalisation de nos industries, donc perte des ressources fiscales et sociales correspondantes, aggravation du chômage causé par le recrutement de travailleurs étrangers moins bien payés, venus de ces pays,

            68 000 en 2007, 110 000 en 2010, et désormais de 220 000 à 330 000 ! (chiffres cités dans La Croix du 14 novembre 2012, sous le titre « Les « Plombiers polonais » se multiplient », page 12)

            Discussions de marchands de tapis, réunions marathon et  répétées des chefs de gouvernement, des ministres, sans que l’on entende jamais, ni la voix, ni les propositions du Parlement européen, et de tous les parlements de la zone euro, mis à part celui d’Allemagne.

            Notre vieille Europe est-elle vraiment démocratique ?

 Alors qu’il nous faut une nouvelle assemblée constituante de la zone euro !

Humeur Tique: DSK, le nouvel Enfant Jésus (Libé du 5 mai), le Budget de la France à Las Vegas

DSK, le nouvel Enfant Jésus de la politique française, d’après Libé du 5 mai

   Une première page avec une grande photo, plus les deux pages suivantes, avec une deuxième photo,  un texte bourré de sucreries, de platitudes, et de servilité par avance acquise! Décidément, un grand « souper fin » entre complices qui attendent impatiemment la venue du Sauveur! 

   Le Budget de la France à Las Vegas!

   D’après le Canard Enchaîné du 5 mai, la compagne du nouveau ministre du Budget de la France paie ses impôts à Las Vegas! L’information a d’ailleurs été confirmée.

   Il y a décidément quelque chose de « pourri dans le royaume de France » !

   Et le tout nouveau ministre du Budget de continuer à se parer des couleurs de la Chiraquie, je veux bien, mais de celles du gaullisme, les Français n’en croiront pas un mot. 

Un livre vérité: « La loi du ghetto » Luc Bronner

« La loi du ghetto » un livre de Luc Bronner

Notes de lecture

            Une première recommandation de lecture à tous nos élus, petits ou grands, à ceux qui n’ont pas encore compris ou voulu comprendre, que le devenir de nos ghettos urbains concernait l’avenir d’une « certaine » France.

            Deux impressions majeures de lecture, contradictoires, un document roboratif et courageux qui aborde sans fard le dossier brûlant de nos ghettos, mais en même temps, un document démoralisant, si analyse, constatations, et vérités sur la situation actuelle, tant elles sont accablantes, ne débouchent pas sur des solutions, de vraies solutions, tant ce dossier est difficile.

            Un diagnostic redoutable

             Le diagnostic précis et complet de la situation et du fonctionnement des quartiers sensibles :

            – un fonctionnement politique caractérisé par le « vide politique » et la désertion électorale,        

            – un fonctionnement économique, caractérisé par le règne du « bizness » et des trafics de drogue,

            – un fonctionnement social avec une « prise de pouvoir » par les jeunes, les ados, et le rôle des « hiérarchies invisibles », en bref, une contre-société complète, fermée, et sans avenir.

            Tout sécuritaire et contre guérilla urbaine ne régleront pas les problèmes

            La République n’est incontestablement plus présente dans ces quartiers, et la politique du « tout sécuritaire », la sophistication toujours croissante des moyens de maintien de l’ordre, pour ne pas dire de contre guérilla urbaine, l’adaptation au jour le jour, et permanente, des réponses pénales, ne semblent pas de nature à apaiser la vie quotidienne de ces quartiers, et à redonner du sens à leur vie publique.

            J’avouerai que la description des moyens policiers mis en œuvre m’a laissé rêveur, en constatant que leur conception et leur mise en œuvre relevaient clairement des enseignements des écoles militaires, et que la mise à jour constante des outils juridiques de nature à toujours les adapter, pour coller au plus près, et au plus vite (toujours une loi nouvelle), à la tactique souple, imaginative, et évolutive de l’« ennemi intérieur », risquait de n’être jamais suffisante.

            Alors que faire ?

            Les solutions ne sont pas évidentes, mais elles existent et elles doivent être mises en œuvre, avec un grand souci d’expérimentation et d’adaptation.

            M.Bronner avance une idée intéressante, celle qui consiste à donner des pouvoirs aux habitants de ces quartiers, et sans obligatoirement craindre la naissance ou le renforcement d’un communautarisme vrai ou supposé, je propose également d’engager le pays dans cette voie, c’est-à-dire celle du risque et de la confiance.

            Il écrit : « Rendre le quartier aux adultes, leur redonner le pouvoir perdu. Cela ne viendra évidemment pas d’en haut, par la voix d’un secrétaire d’Etat, d’un préfet, d’une agence nationale ou d’un nouveau « Plan Marshall ». Mais plus sûrement par le bas ; par la capacité des adultes à s’organiser, sur leur territoire, pour restaurer un ordre générationnel. » (page,253)

            Une suggestion que je formaliserais volontiers sur le plan institutionnel comme suit :

            Des conseils de quartier élus avec des pouvoirs

                        Son constat montre que l’action publique souffre d’une très grande carence d’action économique, sociale et culturelle dans ces quartiers sensibles, mais rien ne sera possible sans remanier complètement l’organisation des pouvoirs locaux, et sans engager un vrai programme de remise à niveau républicain.

            Des pouvoirs juridiques et financiers doivent être attribués à des conseils de quartier élus, sur le modèle des pouvoirs accordés dans la capitale aux conseils d’arrondissement :

            – un pouvoir de gestion des équipements de proximité, sociaux, culturels, ou sportifs, de gestion des services de proximité, et de création sur le budget du conseil de quartier,

            – un échelon de service civique mis à la disposition des nouveaux conseils de quartier,

            – la mise en route d’un chemin scolaire et professionnel bien balisé vers l’emploi, notamment pour les jeunes, entre quartiers sensibles et grands bassins d’emploi. Le cas de Roissy est à cet égard exemplaire, et passé judiciaire ou non, un jeune doit pouvoir  accéder à un emploi d’un grand bassin d’emploi.

            Il est tout de même curieux, et en même temps désespérant, de constater que, dans ces ghettos, le rêve de l’école a souvent disparu.

            Un budget

             Le conseil de quartier disposera d’un budget de fonctionnement arrêté et géré par le nouveau conseil élu, et le même conseil jouira, au sein du conseil municipal de la ville, d’une capacité d’initiative dans la création de nouveaux équipements de proximité.

            Ces budgets seront adossés à un plan budgétaire pluriannuel de cinq années,  massif, d’accompagnement de l’action économique, sociale et culturelle des conseils de quartier, voté par le Parlement.

            La situation financière de la France n’est pas brillante, mais il faudra bien un jour, au-delà de la révision des politiques dites publiques, avoir le courage de réviser notre politique publique de « grandeur », d’adapter notre politique étrangère et militaire à nos moyens, et ne pas continuer à agir, comme si nous avions encore ceux d’une grande puissance, et non pas ceux d’une puissance moyenne.

     D’ailleurs, pourquoi des gouvernants intelligents n’inverseraient-ils pas l »ordre des facteurs, en consacrant les milliards d’euros de répression, pour ne pas dire les dizaines de milliards à la prévention? Là, il y a des sous!

            Conseil municipal et conseils de quartier

            Une fois par trimestre, le conseil municipal associera les présidents des conseils de quartier à ses délibérations.

            Les propositions ci-dessus sont tirées de l’expérience professionnelle passée de leur auteur, et n’ont pas d’autre ambition que de concrétiser la  suggestion de M. Bronner.

            Un contrat républicain avec l’Etat

            Lever tout d’abord le tabou de l’immigration.

            Pourquoi ne pas lever ce tabou, comme le fait l’auteur du livre, sur l’immigration ?

            Une régulation acceptée de l’immigration.

            Il faut dire clairement aux habitants de ces quartiers, et à l’opinion publique, que rien ne sera possible, si, pour un ensemble de raisons, souvent compréhensibles, culturelles ou humanitaires, ils continuent à prêter la main à la poursuite de flux clandestins ou non d’immigration : la démographe Tribalat écrit : « On peut parler d’un autoengendrement des flux familiaux. » (page,45).

            N’est-ce pas le cas pour les flux venus d’Algérie, après les années 1990, et plus traditionnellement du Mali ou du Sénégal ?

            La plupart des Français ignorent tout en effet des concepts de parentèle, souvent très extensifs, qui prévalent encore dans la culture traditionnelle de beaucoup de pays d’Afrique

            Le respect des principes républicains, notre unité nationale, fruit d’une très longue histoire, la primauté de notre belle langue française, pour autant qu’elle puisse être aujourd’hui menacée, la laïcité de nos institutions, principe que la France n’a fait triompher qu’il y a un peu plus d’un siècle, donc une conquête toujours fragile, et enfin le principe de l’égalité entre les sexes. La 4ème République l’a établi dans notre droit, mais on voit bien tous les jours que dans la vie concrète, les femmes ont encore à combattre quotidiennement pour le faire respecter.

            Les trafics, la drogue

            Je serais tenté de faire un mauvais jeu de mot, en disant « pas de quartier ! » pour tous les trafics et le « bizness », mais la question des marchés de la drogue soulève une question de fond, celle de sa consommation par une partie plus ou moins importante de la société française, et pourquoi ne pas le dire, par une partie de notre élite ? S’il y a un marché, c’est bien qu’il y a une consommation, et des jeunes de  ses quartiers y ont trouvé, presque naturellement, une occasion d’«emploi ».

            La lutte contre tous ces trafics risque donc d’être longue, et ne sera véritablement efficace que si la collectivité nationale propose de vrais emplois, une vraie reconnaissance politique, sociale, et économique, aux jeunes de nos ghettos.       

      Et  son succès dépend largement aussi de la politique nationale menée à l’égard des marchés de la drogue, car le citoyen de base voit bien, que de plus en plus de jeunes fument, un joint par ci, un joint par là, une fumette souvent encouragée par les médias, la télé, le cinéma… Et que dire de notre société actuelle et d’une partie non négligeable de son élite qui ne jure que par le fric, l’avidité, et l’intérêt personnel !

            Donc un grand gâchis, mais un vrai challenge national !

Jean Pierre Renaud – ancien haut fonctionnaire

La semaine prochaine : notre commentaire sur l’éditorial du Monde du 4 mars intitulé «  Sans-papiers : sortir de l’incohérence ». Cohérence ou incohérence ? Morale ou intellectuelle ? Statistique ou non ? Exacte ?