Humeur Tique :
Congruence à la chinoise et pacte de compétitivité à la française !
Congru ou incongru ?
Bienvenue au Club France !
Sur ce blog, le 5 octobre 2011, et à l’approche des élections présidentielles de 2012, une chronique était intitulée :
« Election présidentielle 2012 : une chance historique pour le centre grâce à la congruence »
Y étaient rappelés les termes d’une analyse du sinologue François Jullien dans son livre « Le sage est sans idée », d’après laquelle « le milieu véritable, celui de la sagesse… est celui du juste milieu de la congruence qui, comme tel, n’est jamais arrêté, stabilisé, défini… Ce qui fait la voie aux yeux de la sagesse est son caractère viable…. Elle est la voie par où « ça va », par où c’est « possible », par où c’est viable. » (pages 112 à 119)
Depuis de nombreuses années, la situation politique et économique de la France est éminemment « congruente », avec son intrication dans la politique des institutions européennes, et on voit bien dans la gestion des affaires de l’Europe que la vieille distinction entre gauche et droite est de moins en moins opératoire.
Avec Bayrou, le centre n’a pas saisi la chance historique que cette situation lui offrait, mais la même problématique demeure, et la nouvelle majorité socialiste a bien été obligée de s’engager sur ce terrain de la congruence, avec un premier virage, celui de la règle d’or des 3%, et un deuxième virage, celui du pacte de compétitivité, fondé sur le rapport Gallois.
Quand nos hommes et femmes politiques auront-ils le courage d’afficher le degré réel d’autonomie, pour ne pas dire d’indépendance de la France dans le jeu actuel des institutions de l’Union européenne et des affaires du monde, pour ne pas parler du « spectre » des marchés, et en définitive de reconnaître qu’il faut choisir » la voie par où « ça va » ?
Nos hommes et nos femmes politiques continuent imperturbablement à solliciter des mandats au sein de nos conseils généraux ou régionaux, au sein de nos assemblées parlementaires, alors que les affaires se traitent et se décident ailleurs, à Bruxelles notamment.
La vérité est que la politique française ne peut être autre chose de nos jours qu’une politique d’accommodation, d’adaptation au milieu européen et mondial, pour ne pas dire d’accommodement avec le monde réel, et au mieux d’animation et d’inspiration.
La gauche vient de prendre un véritable virage sur ce terrain du réel, c’est à dire de la congruence, mais il faudra encore que le parlement entérine le pacte de compétitivité annoncé par le gouvernement, et que ce pacte entre réellement dans les faits, ce qui ne sera pas facile.
De ces longs débats, retenons volontiers une expression qu’a utilisée Louis Gallois dans une de ses interviews, celle d’un « Club France » qui doit être à la manœuvre et à l’œuvre pour tenir notre challenge de la compétitivité, avec une des mesures capitales de ce pacte, l’association des salariés dans la prise de décisions de nos grandes entreprises.
Et c’est là tout l’enjeu stratégique d’un Club France !
Une partie à peine commencée qu’il faut gagner !