Humeur Tique du Jour

Crise aux Antilles ?  Courage Fuyons !

Une situation sidérante !

         Où était passé le Ministre de l’Outre-Mer ? Le  courtisan de la Cour Macron pour les prochaines présidentielles ?

         On envoie les CRS et les Gendarmes, mais on ne propose pas de rendez-vous politique sur place pour dénouer une crise virulente !

         Et pendant ce temps-là, le Président est à Rome pour rencontrer le Pape, mais surtout pour remplir son carnet de voyages pour les prochaines Présidentielles.

Et pendant ce temps-là il est à espérer que le Président aura mis un point final au wokisme américain qui sévit actuellement à la Villa Médicis, ambassade avancée  de la culture française.

Revenons aux Antilles, au golfe du Mexique, trois facteurs     géopolitiques empoisonnent le dossier depuis la départementalisation de 1946 :              

         L’attachement à une culture que je qualifierais de très enracinée, d’où les réactions de violences successives qui jalonnent l’histoire des îles : les limites concrètes de l’universalisme républicain.

         Un espace économique américain qui n’est pas le nôtre et qui aurait mérité de trouver depuis longtemps sa place dans une autre conception de développement économique que le nôtre.

         D’où, un goût inévitable et en partie excusable pour une assistance métropolitaine permanente alors que d’autres îles du Golfe voguent autrement.

         Enfin et pour conclure, l’équipe Macron et son chef manifestent à la fois une surdité politique assourdissante et du mépris.

Une Guerre de la Pêche Franco-Britannique sur le mode de « l’Ennemi Héréditaire »

Courage Fuyons !

         Où sont passés le Ministre des Affaires Etrangères et le Secrétaire d’Etat Beaune toujours prêt à dégainer sur tous les sujets du Quai, et notamment sur l’Europe qu’ils ont laissé en bord de route dans cette petite guerre des siècles passés ? Il n’y aurait plus d’Union Européenne ? Mais alors, pourquoi le Président s’était rendu à Rome pour préparer sa future Présidence du Conseil Exécutif ?

Paris, le « Périf » de Monsieur Grégoire ?

Alors que la Maire de Paris n’a pas été élue pour être candidate aux Présidentielles 2022, les petits Messieurs et les Petites Dames de son Cabinet semblent avoir oublié l’histoire récente de la capitale, et notamment celle du Périphérique.

         Indiquons simplement, que la Ville, Commune, peut être comparée à ce sujet à un propriétaire de fonds servant mis dans l’obligation par le fonds dominant de mettre au service de la collectivité une servitude perpétuelle de passage pour les véhicules.

         Comme dans le droit civil compte tenu de la situation historique de cette voie d’intérêt général et régional !

         Jean Pierre Renaud         Tous droits réservés

Esclavage et colonisation, mémoire ou histoire, pourquoi ne pas tout mélanger?

Esclavage et colonisation, mémoire ou histoire, pourquoi ne pas tout mélanger ?

Réparations et repentance ?

Les pérégrinations du roi Hollande dans les Caraïbes, ses multiples déclarations, associées au remue-ménage causé par la réforme du collège sur les programmes d’histoire ont une fois de plus provoqué beaucoup de réactions dans les milieux politiques, médiatiques, et intellectuels.

Guillaume Goubert dans la Croix du 12 mai 2015, intitulait son éditorial :

« Repentance et fierté

Les examens de conscience sur la colonisation ou la traite négrière suscitent de vives réactions »

De son côté, Le Monde du 14 mai 2015, publiait une chronique relative à la réforme du programme du collège (page 7), avec un premier article, « Le programme d’histoire idéal n’existe pas » et un deuxième article, « Des historiens dénoncent lacunes et manque de cohérence », dans lequel le journal donnait la parole à M.Nora, lequel déclarait :

« Il faudrait faire en sorte que « les enfants de France aient de bonnes raisons de se sentir français », plaide-t-il, en déplorant « un penchant à l’exagération dans le masochisme national et colonial. »

Puis à M. Winorcka en rappelant sa mise en garde, dans le Journal du Dimanche, contre le risque de transformer l’histoire en morale. « Indigènes de la République, Vendéens, anciens combattants, Arméniens, descendants d’esclaves… tous ces groupes revendiquent leur place dans l’histoire. Le danger est de transformer l’histoire en histoire des victimes. »

Evoquons successivement les deux sujets de l’esclavage et de la colonisation.

Les esclavages, au pluriel

M.Hollande a été inaugurer un musée sur l’esclavage en Guadeloupe. Très bien ! Mais qu’il le veuille ou non, ou le souhaite-il peut-être, cette commémoration faite à coup de grosses trompettes, pourrait laisser croire aux ignorants, que la France a joué un rôle majeur dans la traite des esclaves des Caraïbes et des côtes américaines, en faisant l’impasse sur les traites de marque anglo-saxonne beaucoup plus importantes.

Une France toujours au premier rang pour commémorer les destinées tragiques de toutes les victimes, la seule à l’assumer, dans le cas des Caraïbes ?

L’histoire ferait ainsi l’impasse sur tous les autres flux de la traite négrière, ceux dirigés vers les pays de l’est arabe et musulman, et en premier lieu sur ceux qui ont nourri ce trafic humain, c’est-à-dire ceux d’origine africaine elle-même ?

Il n’est pas besoin d’avoir beaucoup lu de récits sur l’état du continent africain, notamment dans ses territoires de l’ouest pour savoir que beaucoup de ses émirs, Almamy, et rois, avaient l’habitude de procéder souvent à des razzias d’esclaves destinés à alimenter leurs armées, leur cour, ou la traite négrière elle-même.

Pourquoi ne pas rappeler qu’à la fin du dix-neuvième siècle, et pour la seule Afrique de l’Ouest, devenue « provisoirement » française, les Almamy Samory et Ahmadou, ainsi que le roi Béhanzin d’Abomey, étaient des esclavagistes, ce dernier, à quelques encablures du fameux port de Ouidah, commémoré de nos jours comme un des hauts lieux de mémoire de l’esclavage ?

Pourquoi ne pas rappeler aussi qu’une fois les conquêtes faites, la France a supprimé l’esclavage qui sévissait dans ses nouvelles colonies, dans des conditions qui n’ont pas toujours été satisfaisantes, compte tenu de toutes les difficultés d’application de ces mesures, liées à la fois à la culture des sociétés africaines et à leur pauvreté ?

Qui, en France, de nos jours sait par exemple, que c’est Gallieni qui a supprimé en 1896 l’esclavage à Madagascar ?

Alors, oui, il est nécessaire de rappeler la mémoire de cette traite abominable, mais en ne laissant pas dans l’ombre, les responsabilités des différents « partenaires », au risque de laisser croire, peut-être à juste titre, que derrière ce débat se cache l’épineuse et insoluble question des réparations financières, doublée d’une sempiternelle demande d’assistance que justifierait ce passé.

Lors de son passage en Guadeloupe, le Président a tenu des propos fort imprudents en ce qui concerne un vieux contentieux avec Haïti, qu’il a d’ailleurs aussitôt démenti en faisant une escale dans cette île.

Rappelons le compte rendu qu’en a fait le journal Le Monde, le 12 mai 2015, dans l’article intitulé : « Hollande aux Antilles, c’est Noël en mai »

Le 14 mai, le même journal titrait en première page « Haïti – Hollande reconnait la « dette morale » de la France », mais le compte-rendu du même journal notait « Des propos du chef de l’Etat avaient laissé espérer aux Haïtiens des réparations financières »

« Des manifestants affichaient une pancarte indiquant leurs exigences : « Argent oui, morale non »,

Le journal intitulait d’ailleurs une partie de sa chronique :

« Gaffe d’envergure »

Le journal Ouest France du 12 mai 2015, proposait sa lecture de l’escale du Président à Cuba (page 2) :

« Sauf qu’en réalité, personne n’a attendu le conquistador Hollande, escorté par sept ministres et une escouade de dirigeants d’entreprises (Accor, GDG Suez…), François Hollande est donc plutôt en mission de rattrapage. Il n’empêche, sa prétention à damer le pion aux Occidentaux agace : « Cuba c’est un très petit marché. Un pays de 11,5 millions d’habitants, la moitié de l’Ohio » minorait, hier, à Paris, Stefen Selig, le sous- secrétaire d’Etat américain au commerce. »

Colonisation et repentance

Il s’agit très largement d’un débat « pourri » pour tout un ensemble de raisons, avec au moins quatre principales :

Première raison principale : l’histoire de l’Algérie, avec la ou les mémoires de la guerre d’Algérie !

A lire ou à écouter certains historiens, intellectuels, ou politiques, l’histoire de la colonisation se résumerait à celle de l’Algérie, et encore plus à celle de la guerre d’Algérie.

Un historien de l’Algérie, aujourd’hui très bien en cour, développe ce type de discours ambigu.

Une nouvelle propagande qui pourrait laisser croire que dans cette guerre, tout était noir du côté français, et tout était blanc du côté rebelle, que les « saloperies », pour ne pas dire les crimes de guerre, n’ont été commises que dans un camp, ce qui est évidemment faux.

Pour avoir servi la France en Algérie, comme officier du contingent dans les SAS, je regrette depuis longtemps que les Accords d’Evian qui ont scellé l’indépendance de l’Algérie aient stipulé que toutes les exactions commises pendant ce conflit seraient amnistiées.

A la vérité, des crimes de guerre ont été commis dans les deux camps et si ladite repentance devait se manifester elle devrait l’être par tous ceux qui, au service de la France, ou au service du FLN, en ont été les auteurs.

Beaucoup de ceux qui ont servi la France en Algérie n’ont pas commis de crime de guerre, le seul crime dont il serait possible de les accuser est celui d’avoir servi la France.

En serait-il de même dans l’autre camp avec les attentats et l’assassinat en particulier des membres du MNA, les vendettas de clans, ou enfin l’assassinat de nos harkis ?

Deuxième raison principale, et en dépit de ceux ou celles qui racontent, le plus souvent « d’en haut » (autre façon d’exprimer l’ethnocentrisme blanc), avec un parti pris idéologique ou politique, et au dire des « témoins » dits d’« en bas », la colonisation n’a pas non plus été, ou tout noire, ou tout blanche, mais mélangée, mixte, avec des ombres mais aussi des lumières.

Je ne citerai à ce sujet que le seul témoignage d’Hampâté Bâ, ce grand lettré d’une Afrique occidentale, anciennement française :

« Une entreprise de colonisation n’est jamais une entreprise philanthropique, sinon en paroles… Mais, comme il est dit dans le conte Kaïdara, toute chose a nécessairement une face diurne et une face nocturne. Rien, en ce bas monde, n’est jamais mauvais de A jusqu’à Z et la colonisation eut aussi des aspects positifs, qui ne nous étaient peut-être pas destinés à l’origine mais dont nous avons hérité et qu’il nous appartient d’utiliser au mieux. Parmi eux, je citerai surtout l’héritage de la langue du colonisateur en tant qu’instrument précieux de communication entre ethnies qui ne parlaient pas la même langue et moyen d’ouverture sur le monde extérieur – à condition de ne pas laisser mourir les langues locales, qui sont le véhicule de notre culture et de notre identité. » (« Amkoullel, l’enfant peul » Babel, page 492).

En ce qui concerne l’analyse récente des problématiques de citoyenneté par Frederick Cooper, un historien « d’en haut », parce qu’appartenant au monde occidental, tend à démontrer qu’en 1945, les « évolués », politiques ou syndicalistes du monde africain aspiraient à la citoyenneté française, en dépit de tous les « méfaits » de la colonisation.

Il est notoire qu’avant, mais tardivement, surtout après les indépendances, les intellectuels des nouveaux Etats d’Afrique noire se sont efforcés, avec plus ou moins de succès, d’écrire ou de réécrire leur roman national, à l’exemple de ce que la France a su faire pour son propre roman national, mais avec beaucoup plus de difficulté dans les contrées où la source principale des histoires ou de l’histoire reposait sur les épaules des griots, c’est-à-dire des traditions orales.

Troisième raison principale, une ignorance béante de l’histoire coloniale aussi bien de la part des citoyens de la plupart des anciens pays colonisés, de leurs descendants en France, que des Français eux-mêmes !

C’est la raison pour laquelle il est possible de nos jours de dire ou d’écrire n’importe quoi, et cette ignorance fait le lit d’une nouvelle propagande postcoloniale qui est d’autant plus efficace qu’elle nourrit le cahier de doléances permamentes de certains partis politiques de métropole ou d’outre-mer.

Un ou plusieurs courants de chercheurs, plus ou moins pertinents, avec l’appui d’intellectuels ou de politiques, surfent de nos jours sur la mauvaise conscience, un humanitarisme sympathique qui est venu fort opportunément se substituer au marxisme, des adeptes affichés ou clandestins de la fameuse repentance nationale.

Ils feraient bien d’aller porter la bonne parole dans le monde anglo-saxon, russe, ou chinois…

Quatrième raison principale : des enjeux électoraux ou financiers trop souvent cachés, aussi bien dans nos outre-mer actuels que dans certaines banlieues françaises.

A lire les journaux ou à regarder la télévision, le dernier voyage du Président Hollande a été un modèle de propagande électorale, déjà pour 2017, mais ses prédécesseurs ne faisaient pas mal non plus dans le genre.

Les électeurs auraient sans doute été intéressés par un reportage circonstancié et fouillé sur les paradis fiscaux et mondains de certains outre-mer français, entre autres ceux des îles Saint Martin et Saint Barthélemy, « Saint Barth » pour les intimes !

Ajoutons qu’à l’arrière-plan de beaucoup de revendications « hallucinées », se profilent souvent des questions de gros sous, et en ce qui concerne certains acteurs des outre-mer français anciens, une demande d’assistance permanente qui trouverait sa justification dans les péchés coloniaux de la France.

Jean Pierre Renaud

CAPES et Agrégation, avec un brin d’impertinence historique!

CAPES et Agrégation, avec un brin d’impertinence historique !

Les sociétés coloniales (1850-1950) : le puzzle de l’histoire coloniale ! 

            Le puzzle historique, un puzzle géant, comme un jeu intellectuel cher à certaines écoles pédagogiques ! Dans le cas présent, celui des sociétés coloniales d’Afrique, des Antilles, et d’Asie entre les années 1850 et 1950 ! C’est peut-être le choix qui a été fait dans la conception de l’ouvrage collectif dirigé par JF.Klein et C.Laux.

            Un puzzle géant composé de nombreuses pièces que les candidats au Capes et à l’agrégation d’histoire sont chargés d’interpréter et de classer selon la définition, soit du Larousse du XXème siècle en six volumes, des années 1930 :

            « Jeu de patience composé d’une infinité de fragments découpés qu’il faut rassembler pour reproduire un sujet complet »

 soit du Petit Robert :

            « Multiplicité d’éléments qu’un raisonnement logique doit assembler pour reconstituer la réalité des faits »

            Un puzzle dont les concepteurs ont peut-être caché certaines pièces, faussé volontairement d’autres, afin de renforcer l’intérêt de ce nouveau jeu.

            Puzzle ou casse-tête matériel ou immatériel,  selon la définition, en deux ou trois dimensions selon les « faiseurs de puzzle », et dans le cas présent, la troisième dimension  présente un réel intérêt, s’il s’agit de la profondeur historique, de la période de temps choisie et de celle des sociétés coloniales antérieures ou postérieures à ce calendrier.

            Et tout autant, le long et le large, s’il convient de limiter ou non le champ géographique du raisonnement, c’est-à-dire pour un cas de société coloniale déterminée dans un espace de temps également déterminé.

            Encore et enfin, pour reprendre le titre d’une des rubriques du livre de Mme Coquery-Vidrovitch « L’histoire des colonisés vus d’en bas » dans « Les enjeux politiques de l’histoire coloniale », est-ce que les pièces de ce puzzle expriment une histoire vue d’en bas ou des histoires d’en bas ?

            Et en ce qui concerne les propositions qui ont été faites par leurs auteurs pour entrer dans la composition de ce puzzle, s’agit-il des sources qu’ils ont exploitées eux-mêmes, ou d’un travail d’historiographie ?

            Les « faiseurs de puzzle » proposent donc de nous intéresser successivement à trois sous-ensembles de pièces de ce puzzle : « Politiques et encadrement des sociétés en contexte colonial », « Acteurs, groupes sociaux, résistances et accommodements dans les sociétés coloniales », et enfin, « Les pratiques culturelles dans les sociétés coloniales ».

            Le puzzle aurait pu tout aussi bien s’organiser autour de trois pôles :

le pouvoir colonial, comme dans une pièce de théâtre, avec quel message, quelle thématique, ou quelle intrigue,

 les acteurs,

le jeu lui-même, convaincant ou non, et pour quel résultat : bide ou succès ?        

             Au cours de leur tentative de recomposition de ce puzzle historique, les candidats à ces concours ne manqueront donc pas de trouver sur leur route d’assez nombreux pièges que leur ont sans doute tendus les concepteurs de cet ouvrage collectif.

            A titre personnel, et avec une formation universitaire différente de celle d’un historien, et uniquement en ce qui concerne les contributions dont les sujets me sont un peu familiers, deux sortes de pièges me sont apparus, les premiers d’une nature générale, les seconds dans quelques-uns des cas particuliers analysés.

I – Quelques pièges de nature générale, en conservant à l’esprit le fil rouge du raisonnement logique qui doit conduire à la réalité des faits :

Grandeurs économiques et financières, statistiques et évaluation : des grandeurs mesurables, fiables, et comparables ?

Il est difficile d’analyser des sociétés coloniales, et encore plus de les comparer entre elles, sans avoir à sa disposition tout un ensemble d’indicateurs statistiques statiques ou dynamiques, en termes de flux, portant sur la démographie, l’économie, les structures économiques et sociales, l’immigration…, et cela en fonction évidemment d’une chronologie, avec toujours l’addition de la situation coloniale et de son moment.

Ajouterai-je que dans un certain nombre de ces sociétés coloniales les séries statistiques disponibles, si elles existent, n’auront pas toujours une fiabilité assurée. Pour ne prendre que l’exemple de l’Afrique occidentale, les chiffres de la population ont mis beaucoup de temps à être connus, ne serait-ce qu’en raison des difficultés concrètes de recensement, et du fait que la population n’avait pas « envie » de se faire recenser, puisqu’elle donnait alors prise aux impôts de capitation.

Une des contributions procède à un long examen des migrations de travail, mais il n’est pas très facile de les interpréter sans disposer de séries statistiques solides et sans les mettre en rapport avec d’autres migrations de travail telles que celles des migrations blanches des mêmes époques, comparables ou non, entre autres, d’origine anglo-saxonne. Etats Unis, Australie, Afrique du Sud, et Nouvelle Zélande ont accueilli tout au long du XIXème siècle des millions d’anglo-saxons, dont une partie, pour les Etats Unis venait de « la colonie »  d’Irlande.

De même, et dans un tout autre domaine, celui de la littérature ou du cinéma qui concernent plus les métropoles que les sociétés coloniales, il est difficile de porter une appréciation sans avoir à sa disposition un certain nombre d’indicateurs tels que le poids de l’édition de type « colonial » par rapport à l’édition de type « métropolitain », nombre d’ouvrages, thèmes, tirages, etc… .. aux différentes époques considérées.

Le même type de remarque méthodologique pourrait être faite pour la presse qui n’a pas, en tout cas à ma connaissance, ou qu’on m’en pardonne, fait l’objet d’un travail d’inventaire et d’évaluation qui permettrait d’affirmer comme l’ont fait certains chercheurs que la France baignait dans une culture coloniale, à une époque coloniale française dont les bornes chronologiques ne sont d’ailleurs pas les années 1850-1950, mais 1870-1960, et de façon plus rigoureuse pour l’Afrique noire, 1900-1960.

Cette thèse n’a pas encore été démontrée, comme je m’en suis expliqué dans le livre « Supercherie coloniale ».

Comment ne pas être surpris, comme je l’ai été, de voir un historien connu autant qu’apprécié, traiter longuement dans un livre de « L’idée coloniale en France de 1871 à 1962 », sans avoir fait procéder à une analyse statistique de la presse qui accréditerait l’influence effective de cette idée, tout au long de la période examinée ?

Il en est de même pour le cinéma. Dans le cas de la France, le cinéma colonial n’a pas beaucoup concerné l’Afrique noire, et les films diffusés avant 1939, n’ont pas été nombreux.t

En l’absence de chiffres comparables, il est donc difficile de faire des comparaisons !

Aliénation économique ou aliénation coloniale, selon le moment et le lieu ?

Autre remarque générale, liée au concept de situation coloniale, en matière d’entreprise, et donc de capitalisme colonial !

Il est difficile d’analyser une situation aliénée du travail, sans la rapporter à une autre situation aliénée du travail, dans le même continent à une étape comparable de développement, par exemple entre Indochine, Chine ou Inde, ou dans des étapes comparables de développement capitaliste, par exemple en France.

Pour reprendre une expression assez connue que nous trouverons plus loin : comment pouvait-on être coolie en Chine ?

Ordre colonial et truchement colonial

Dernière remarque générale, celle de la place et du rôle, au titre des acteurs et des groupes sociaux, ceux du truchement colonial, qu’on les appelle les lettrés, les évolués, ou les nègres blancs comme ce fut le cas en Afrique noire.

La dissertation intitulée « Ordre et maintien de l’ordre en situation coloniale » évoque le sujet, celui des intermédiaires, mais il est dommage que le texte n’ait pas été plus précis sur ce point, au lieu de perdre un peu le lecteur dans des considérations ou observations au demeurant intéressantes, mais en pratiquant une sorte de télescopage historique qui va des tournées de « maintien de l’ordre » des commandants de cercle aux fonctions des SAS, que j’ai bien connues, en passant au travail du renseignement et à l’évocation du rôle du célèbre Lawrence d’Arabie que l’auteur place gaiement dans une réflexion originale, mais crédible ? relative à une nouvelle stratégie fondée sur l’emploi des désordres dans les sociétés coloniales ?

Diable ! Lawrence d’Arabie revisité à ce point ? Dans quel type de société coloniale ?

Le texte était plutôt engageant au départ, en notant que le nouvel ordre colonial créait « un ordre colonial moins manichéen qu’il n’y parait. » (page126), s’il n’avait pas été un peu trop « tendance », au moins dans sa conclusion, en proposant un mot cher à certains chercheurs, l’impensé, ici, « l’impensée globale du désordre colonial. » (page 131)

Les pièges particuliers du puzzle historique

Dans la première partie, « Politiques et encadrement des sociétés en contexte colonial », les thèmes traités entrainent à l’évidence un grand risque de télescopage historique, de l’échec inévitable et peut-être programmé de la résolution du casse-tête, du fait de la variété des sujets et des époques, et à cet égard, il est possible de se poser la question de l’utilité de la pièce « Vichy » : où la mettre ?

Il manque peut-être à la pièce photographique du port de Tamatave, pour que le puzzle puisse fonctionner, un rapide état des communications à Madagascar,  à la date de 1895, c’est-à-dire le degré zéro.

Dans la deuxième partie du puzzle, « Acteurs, groupes sociaux, résistances et accommodements dans les sociétés coloniales », la pièce « Races et cultures d’entreprise. Travailler chez Denis Frères dans la Cochinchine des années 1930 » doit-elle se rapporter au concept moderne de culture d’entreprise, sans anachronisme ? Alors même que le concept d’analyse ne trouve pas toujours facilement, et même de nos jours, une application dans beaucoup de nos entreprises ?

Afin de pouvoir mesurer toute la relativité de la description, une citation :

« Ces derniers points montrent que « la culture d’entreprise », vue comme un ensemble de codes de reconnaissance dont l’assimilation est nécessaire pour faire partie  d’un groupe est ici biaisée par le rapport colonial. » (page 190)

Questions sur cette pièce du puzzle ? Un rapport colonial différent de celui qui existait dans la Chine voisine ? Différent également de celui qui existait encore dans beaucoup de nos entreprises à des époques de développement comparable en France, avec des salariés en condition aliénée, prolétaire, comparable, entre autres dans nos campagnes profondes, ou dans nos grands bassins industriels ?

Compte tenu de son importance et de sa grande influence, le  groupe de pression des compradors chinois, par ailleurs évoqué, dont la présence était antérieure à celle des Français, pourrait fournir une comparaison intéressante avec la hiérarchie raciale décrite.

Une pièce du puzzle colonial ou capitaliste ?

Dans les années 1930, et en France, il serait sans doute possible de trouver des exemples d’aliénation au travail, qu’il s’agisse des journaliers agricoles, travailleurs précaires,  embauchés à la fête de la Saint Jean, pour combien de temps ? Ou d’ouvriers ou ouvrières dans nos usines textiles ?

Dans la troisième partie, « Les pratiques culturelles dans les sociétés coloniales », quelques remarques sur une des pièces du puzzle, « La promotion sociale des indigènes au sein de la société coloniale à Madagascar, itinéraire du premier évêque malgache, Mg Ignace Ramarosandratana » (page 246)

Tout d’abord, et comme nous l’avons déjà indiqué plus haut, parmi les pièces du puzzle rapportées aux acteurs, une ou plusieurs pièces sont manquantes relatives au groupe de plus en plus nombreux des intermédiaires de la colonisation et du truchement colonial, les lettrés, les évolués, ou les acculturés.

Dans le cas particulier de l’évêque, l’auteur note dès le départ : « Dans tous les cas, c’est bien l’impasse de la politique d’assimilation qui se révèle » (page 246)

.Je serais tenté de dire tout d’abord, à la condition sine qua non qu’il y ait jamais eu, sauf dans les discours, une politique d’assimilation.

Une deuxième remarque relative à l’intitulé d’une partie de la pièce « Prêtre, une position dans la société coloniale » : n’était-ce pas aussi le cas dans une société qui a priori n’était pas coloniale, la société française des siècles passés ?

Et pourquoi ne pas ajouter qu’à notre époque, il continue à en être encore ainsi, et quelquefois, dans la grande île ?

Troisième remarque relative au contexte de la pièce du puzzle : avant même la conquête de Madagascar par la France, l’île a été un champ de compétition entre missions protestantes et catholiques, une compétition qui continue de nos jours, avec une incidence importante sur le fonctionnement du pouvoir politique, avec quelquefois dans les villages des plateaux la construction d’une église face à un temple.

Difficile donc de ne pas analyser ce facteur, comme la description en est faite, comme un des facteurs importants de la situation politique de l’époque, avec les positions sans doute inévitables de tergiversation ou de manipulation de la part d’une administration coloniale théoriquement férue de laïcité : s’agissait-il d’un enjeu de position sociale ou d’un enjeu du pouvoir colonial ?

Une dernière remarque relative au « Chapitre 7 Sociétés coloniales au miroir de la littérature L’exemple impérial français. »

Nous avons déjà évoqué plus haut la difficulté de l’évaluation à la fois des vecteurs et de l’effet produit sur l’opinion publique par la littérature, alors que les premiers sondages d’opinion publique n’ont eu lieu en France qu’à la veille de  la deuxième guerre mondiale.

Prudemment, l’auteur esquisse les termes d’une approche du sujet, à partir de sa définition, de son évolution, et de son contenu, à savoir s’il s’agit de littérature coloniale ou exotique, et c’est là une partie importante de la question.

Rôle de propagande coloniale ou de contre-propagande coloniale ? à voir le nombre de romans qui n’ont jamais rien caché des réalités coloniales.

Est abordée également la question capitale du regard, avec la transposition du « Comment peut-on être Persan ? Ou comment peut-on être Français », entre civilisés, non civilisés, décivilisés… ?

Quel regard ? Celui du colonisateur ou celui du colonisé ? Le regard inversé du colonisateur, comme ce fut de plus en plus, et semble-t-il, le cas ?

En guise de conclusion d’analyse de ce puzzle historique, nous ferons nôtre le « Pour ne pas conclure » de l’auteur de cette pièce du puzzle :

«  Avec l’Histoire, la littérature en général, et coloniale en particulier, entretient des liens que l’on pourrait qualifier de dangereusement séduisants. Dangereux parce qu’elle n’est pas une duplication des faits historiques, dont elle est en quelque sorte décrochée, par le temps et par les sujets. Séduisants parce que l’on peut y lire l’histoire des projections des écrivains sur cette histoire, avec illusions, rêves, mensonges et témoignages. Souvent caricaturée, la littérature coloniale mérite d’être interrogée de façon renouvelée, comme c’est le cas aujourd’hui, pour la redécouvrir dans toute sa complexité qui témoigne des sociétés qu’elle s’attache à décrire. »

Histoire des idées ou histoire des faits, histoire des lettres ou histoire des chiffres ?

Vaste chantier aussi excitant sans doute sur le plan intellectuel que celui du puzzle dont la recherche de lien logique est proposée aux candidats comme exercice de préparation!

Jean Pierre Renaud

PS : dans les semaines qui viennent, nous proposerons à nos lecteurs et  à nos lectrices, car j’espère qu’il y en a, deux textes consacrés à Charles Péguy, et à Clio,le premier, avec pour thème « l’histoire ou les histoires », le deuxième, avec pour thème « l’Orient ou les Orients » vus par le grand peintre Gustave Courbet.

Les sociétés coloniales – CAPES et AGREGATION -HISTOIRE

Les sociétés coloniales

CAPES ET AGREGATION HISTOIRE, le sujet !

Les sociétés coloniales : Afrique, Antilles, Asie (1850-1950)

            Beau sujet, vaste sujet, ambitieux et passionnant sujet, mais on ne peut plus difficile à analyser, puis à synthétiser !

            Tout d’abord de quoi s’agit-il ? De quelle société coloniale ? La société d’origine européenne ? La société indigène ? La société coloniale juxtaposée, ségréguée, ou mixée ?

            Des sociétés qu’il est possible de comparer entre elles, quel que soit leur continent, l’origine de leur population européenne, et leur chronologie ? En tenant compte des dynamiques démographiques ou économiques internes ?

            En disposant des instruments nécessaires à l’évaluation statistique de l’ensemble des facteurs de société étudiés, qu’il s’agisse des rapports de force des populations en cause, entre acteurs économiques, notamment dans les sociétés qui ont bénéficié ou souffert d’un développement de type capitaliste ?

            Car, à la lecture de beaucoup de recherches d’histoire coloniale, il manque souvent un travail d’évaluation statistique solide qui les ferait échapper à une histoire de type idéologique.

            Les sociétés en question sont-elles le fruit de l’expansion des religions chrétiennes ou musulmanes, ou de la mise en application de la théorie de Lénine, d’après laquelle l’impérialisme serait « le stade suprême du capitalisme » ?

            Ou tout simplement le résultat de l’esprit d’aventure, de la recherche du lucre, ou quelquefois de la curiosité de certains de ses acteurs ?

            Ou encore le produit d’une émigration blanche, le plus souvent d’origine anglo-saxonne, dans le cas de grandes colonies d’Amérique, du Pacifique, ou d’Afrique, due à des famines ou encouragée par le gouvernement britannique ? Sans minimiser aussi les migrations de type chinois ou indien.

            Ou le résultat de la supériorité technologique de l’Occident à ce moment de son histoire, avec toutes les nouvelles technologies qui ont déferlé sur le monde à partir de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, une explication qui en vaut beaucoup d’autres, et qui s’inscrirait bien dans la philosophie taoïste chinoise du cours des choses ?

            L’énumération de tous ces facteurs montre l’ampleur de la tâche qu’il convient d’assumer lorsqu’on nourrit l’ambition d’analyser les sociétés coloniales de trois continents au moins, pendant un siècle de bouleversements, avec notamment les deux grandes fractures chronologiques de la première et de la deuxième guerre mondiale.

            Et au plus près de chaque cas de figure étudié, car il est difficile d’échapper à la méthode d’analyse par cas, comment évaluer dans une société coloniale, son immobilisme ou son mouvement, le rôle qu’a pu jouer le capitalisme, s’il existait, le pouvoir colonial, ou tout simplement les sociétés indigènes elles-mêmes ?

            Beaucoup de sociétés indigènes furent longtemps des sociétés closes que la colonisation ne fit qu’effleurer, et souvent aussi, le véritable ordre colonial ne fut pas celui des administrateurs coloniaux, mais celui des chefs traditionnels, assistés de leurs lettrés musulmans ou de leurs sorciers.

            Mes réflexions actuelles sur un sujet aussi complexe, mais tout aussi passionnant, me conduisent à penser qu’il est le domaine de toutes les interprétations possibles,  souvent d’ailleurs idéologiques, comme l’ont déjà montré de nombreux travaux historiques faits sur le sujet, car dans l’ambiance du monde actuel, de sa mondialisation rapide, des échanges importants de population, chaque ancienne société coloniale est en quête de proposer son propre « roman national », à l’exemple des nations qui les ont colonisées.

            Il est beaucoup plus facile de brandir des mots qui claquent au vent comme des drapeaux que de s’attacher à examiner, cas par cas, à l’anglaise, chacune des sociétés coloniales.

             Puisqu’il s’agit de la préparation à un concours toujours prestigieux, j’ai eu la curiosité de lire et analyser deux documents publiés sur le sujet,  le commentaire préparatoire du jury d’agrégation (MM Cassan, Carroué, et Badel), et l’introduction Klein-Laux d’un ouvrage intitulé « Les sociétés coloniales à l’âge des Empires. »(1)

            Dans leur cadrage méthodologique, les deux textes accordent une  importance tout à fait justifiée aux analyses Balandier centrées sur « la situation coloniale », un concept qui compliquera inévitablement les travaux d’analyse et de comparaison des sociétés coloniales, quel que soit leur « moment colonial », concept évidemment clé dans toute analyse historique.

            Dans l’introduction citée, les auteurs utilisent à plusieurs reprises (pages 7,10 ou 11) le mot « colons», un mot très ambigu, car dans les colonies françaises, en tout cas, le « colon » a été une denrée plutôt rare : rien à voir par exemple avec les migrations britanniques de colons vers l’Afrique du Sud, la Rhodésie, ou le Kenya par exemple, pour ne pas citer celles de l’Amérique du Nord, de l’Australie, ou de la Nouvelle Zélande.

            De même que  l’appréciation «  la facilité avec laquelle la société coloniale se reproduisit » (page8) parait plutôt optimiste, car des blocs importants de population africaine restèrent imperméables aux influences coloniales jusque dans les années 1950.

            En ce qui concerne l’esclavage domestique, rappelons qu’il ne fut supprimé dans les « royaumes » de « l’indirect rule » de la colonie de Nigeria, qu’en 1940. (H.Grimal De l’Empire britannique au Commonwealth, page 175)

            D’autres concepts d’analyse sont tout à fait pertinents, les notions de « bricolage empirique » ou de « hiérarchies raciales », en n’omettant pas toutefois le fait que dans beaucoup de sociétés africaines, en tout cas, il existait bien déjà une « hiérarchie raciale ».

            Sur le concept de « modernité », il est possible d’être plus hésitant, sauf à lui donner un contenu précis, celui des nouvelles technologies, par exemple, celles de la santé, de l’enseignement, ou des communications, et à cet égard il est difficile de ne pas considérer la date de 1850 comme un peu théorique, car c’est la révolution des technologies des communications, de l’armement, et de la médecine, qui expliquent sans doute le mieux, tout au long du demi-siècle, la naissance des nouvelles sociétés coloniales proposées à l’examen. (voir The Tools of Empire Headrick)

            Le texte de commentaire du jury insiste à juste titre sur « la perspective comparatiste », une perspective difficile à saisir, ainsi que sur le concept clé de Balandier, celui de « situation coloniale », une sorte de mise en garde qui est de nature à éviter des dérapages de type chronologique qui s’accorderaient mal avec  un tel exercice de méthode historique.

            J’aimerais terminer ce petit texte en faisant un sort à une phrase de l’introduction Klein-Laux, à savoir : « Ainsi, par exemple, l’invention de l’ethnie permet au colonisateur de se doter d’une arme de  gestion particulièrement efficace. » (page 11)

            Les auteurs font leur cette thèse à la mode de nos jours, mais il suffit de lire de nombreux récits d’explorateurs, d’officiers, ou d’administrateurs pour admettre, pour ne parler que de l’Afrique noire, qu’il existait une myriade d’ethnies ou de peuples, et tout autant de dialectes.

            L’africaniste Delafosse se trompait donc en identifiant des ethnies par exemple dans la toute nouvelle Côte d’Ivoire ? Dans le nord du Togo, dans les années qui ont précédé son indépendance, la France, pays mandataire de l’ONU, aurait construit de toutes pièces les ethnies qui le peuplaient (Tyokossi, Kokomba, ou Gourma, etc… ?

            Question : pure invention des Blancs, les Bétés ou les Baoulés …? Les Peuhls, les Malinkés, les Bambaras, les Senoufos, ou les Mossi … ? Les Ewé ou les Kabré …? Les Fangs, les Bamilékés, les Pahouins ou les Djingués… ? Les Mérinas, les Tsimihety, les Antandroy, ou les Vezo… ? Les Annamites ou les Thos, les Mans, ou les Nungs… ? Ces dernières ethnies ou peuples font encore l’objet d’un classement dans une catégorie des « minorités ethniques » par le régime communiste du Vietnam.

Et enfin, il suffit de lire dans la plupart des journaux des reportages sur les nombreuses guerres qui ont agité, ou agitent encore, le continent africain, pour rencontrer, au détour d’une phrase ou d’un paragraphe, le mot ou le qualificatif ethnique.

Henri Brunschwig était-il un affreux colonialiste en utilisant l’adjectif « ethnique » en analysant le cas des très nombreux « collaborateurs » des colonisateurs ?

«  L’enquête aurait été décevante si elle ne nous avait conduit, une fois de plus, à une mise en garde pour l’appréciation de ces gens : ils ne sont absolument pas comparables aux « collaborateurs » de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Ils n’étaient pas et ne pouvaient pas être qualifiés de « traitres » pour la bonne raison que les sentiments de solidarité raciale ou nationale n’existaient pas au-delà de la vigoureuse conscience ethnique. » (page 155 « Noirs et Blancs dans l’Afrique Noire Française, Flammarion).

Alors faut-il vraiment ergoter sur les mots pour identifier les peuples, les tribus, les sociétés, et peut-être être à la mode ?

Pour terminer, je forme le souhait qu’au terme des travaux de préparation de l’agrégation de l’année 2012-2013, les connaissances aient bien progressé sur le sujet, et peut-être qu’une méthode d’analyse historique de ces sujets difficiles ait pu faire ses preuves.

L’enjeu est en tout cas de belle taille, car les sources disponibles sont à manier avec précaution, d’autant plus grande que de nos jours, l’historiographie coloniale semble prendre quelquefois la place de l’histoire.

Jean Pierre Renaud

(1)    Ultérieurement, nous nous proposons de communiquer nos réflexions sur certaines des communications qui figurent dans ce livre.