Guerre d’Algérie

Avant d’analyser l’article du Figaro :

 – « 1954-1962 Comment l’opinion publique a basculé » de Jacques de Saint Victor, je  rappelle deux de mes chroniques à verser au dossier des Accords d’Évian 1962

Un petit rappel de documentation :

  • Évian 1962 « Carnets de Robert Buron » ( blog eh-tique-media-tique@over-blog.com du 16/06/2018)

Avec quelques extraits

– Réflexions d’un « amateur » d’histoire coloniale

Histoire, science sociale ? Qu’est-ce à dire ? (blog du 25/05/2016)

&

Les quatre « Bascules »

  « 1954-1962 Comment l’opinion publique a basculé » Article de Jacques de Saint Victor

Grâce à un livre comme « L’idée coloniale en France de 1871 à 1962 » de Raoul Girardet ?

 Rien n’est moins sûr.

Le Figaro du 3 mars 2022, « L’EVENEMENT LITTERAIRE », pages 2 et 3

            Le texte de cet article est susceptible d’appeler toutes sortes de commentaires de la part d’un lecteur qui s’est plongé dans l’analyse de l’histoire coloniale et postcoloniale (voir le blog).

            « Comment l’opinion publique a basculé » ?

            « … Il n’est pas simple de saisir ce basculement en peu d’années mais quelques livres permettent de mieux l’appréhender, en particulier un ouvrage classique comme celui de Raoul Girardet L’Idée coloniale en France… » (p,2)

-1-L’histoire quantitative :

« pas simple » en effet, à partir du moment où le lecteur reste cantonné dans un ensemble de présupposés ou de postulats qui faisaient l’impasse sur la représentativité des idées dans l’opinion publique de l’époque coloniale, puis dans celle postcoloniale, c’est-à-dire l’histoire quantitative, la seule qui permettait de mesurer, notamment dans la presse, l’écho qu’elle y trouvait, quasiment le seul vecteur mesurable, avant l’arrivée des sondages dans les années 39-45.

Nombreux furent les chercheurs qui, dans leurs écrits, ont confondu les idées de certaines élites, avec celles de l’opinion publique, encore rurale jusqu’en 1939, de même que les politiques qui défendaient notre politique coloniale, alors qu’il s’agissait, sauf exception, de groupes de pression politiques, économiques, ou religieux.

L’historien Raoul Girardet s’inscrivait dans cette lignée traditionnelle, alors qu’avec la Guerre froide, les chars soviétiques n’étaient qu’à deux cents kilomètres de la Franche Comté et  du Territoire de Belfort, ce qui n’a pas empêché le soldat Chevènement d’être, avec Mitterrand,  dans les années 1970, l’un des inspirateurs d’un Programme Commun avec le Parti Communiste, affilié à l’URSS, après le début de la Guerre Froide en 1947 jusqu’en 1989.

La réédition de l’ouvrage s’est honorée d’une préface de l’ancien grand élu du Territoire de Belfort.

A l’occasion de la fameuse Exposition Coloniale de 1931, Lyautey avait mis sérieusement en doute la popularité de « l’Idée Coloniale ».

Revenant à l’Algérie, l’historien Ageron fut un des rares à faire entrer en ligne de compte les premiers sondages sur la connaissance que les français pouvaient avoir de l’outre-mer, ce qui n’a pas été le cas de Raoul Girardet, comme je l’ai souligné dans une de mes chroniques du 25/05/2016, intitulée « L’histoire coloniale est-elle une histoire comme les autres ? »

Au cours de mes recherches personnelles dans la presse locale, il apparaissait que les colonies n’occupaient, Fachoda ou guerres, qu’une place négligeable.

  • 2 – La « bascule » grâce aux soldats du contingent et à leur face à face avec les réalités algériennes la réalité de l’opinion publique

La grande majorité d’entre d’eux débarquaient en Algérie dans un univers humain qui n’était pas la France, mis à part ceux qui étaient affectés dans les villes côtières. Un autre monde ! J’en ai témoigné dans mes écrits d’ancien appelé du contingent dans les années 1959-1960, et commenté dans la chronique que j’ai publiée sur « Les carnets politiques de la guerre d’Algérie » par Robert Buron, ancien ministre du Général de Gaulle et signataire des accords d’Evian » (1985) ( blog du 16/06/2018).

Plus qu’un dépaysement, une terre étrangère et un bled indescriptible !

Ils découvraient que « L’Algérie n’était pas la France » !

Témoignages et expériences d’appelés des réalités algériennes bien loin des  discours des groupes de pression officiels ou non.

  • 3 – La « bascule » grâce à la fin des groupes politiques franco-algériens « charnière » à  Alger et à Paris :

Avec la guerre et de Gaulle, pouvait être constatée, la perte d’influence des groupes politiques « charnière » qui avaient fait la pluie et le beau temps dans l’Algérie encore coloniale, le plus souvent de tonalité radical-socialiste. Ils étaient capables de faire ou de défaire les majorités sous la Quatrième République, voire les affiliations politiques des ministres et Présidents du Conseil .

A ma connaissance, il n’existe pas  encore d’étude sérieuse sur le sujet, sur le rôle des francs-maçons et de la communauté sépharade algérienne ancrée dans ce pays.

Ne conviendrait-il pas, sous bénéfice d’inventaire de classer les circonscriptions politiques algériennes dans la catégorie des circonscriptions acquises à tel ou tel courant politique compte tenu de son électorat, à la droite ou à la gauche, avec des postulants bien placés dans les appareils politiques ? Dans la filiation des « bourgs pourris » anglais, et dans une continuité historique qui ne dit pas son nom encore chez nous.

René Mayer, par exemple, homme politique brillant, connu pour sa réussite internationale en Europe, fut député de Constantine entre 1946 et 1955, et Conseiller Général de Constantine au cours de la même période.

  • 4 – Une « bascule » résultant du contexte historique de la Guerre Froide

Après 1945, le contexte historique international avait complètement « basculé », aussi bien au Maghreb que sur la planète, avec en 1947, les deux Blocs,  et le réveil nationaliste du Tiers Monde.

Avec l’arrivée de de Gaulle au pouvoir en 1958, treize ans après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, et onze ans après la rupture avec le Parti Communiste Français (1947), et le début de la Guerre Froide, les cartes politiques de la France étaient complètement rebattues.

Les enjeux de puissance entre les affaires dites « impériales » et notre défense sur le continent, n’étaient plus du tout les mêmes, et le Général de Gaulle était bien placé pour les mesurer, compte tenu de sa longue expérience militaire et de sa connaissance du passé stratégique du théâtre européen.

L’armée française professionnelle avait mené une guerre désespérée et désespérante en Indochine contre l’adversaire communiste Viet-Minh : elle y avait perdu son âme et beaucoup des siens, et les officiers et sous-officiers survivants étaient chargés à présent de lutter contre le FLN.

Ils ne pouvaient manquer de puiser dans leur expérience indochinoise les éléments d’une nouvelle guerre coloniale, la lutte de contre-insurrection communiste, alors qu’il s’agissait d’une insurrection avant tout nationale, et qu’il fallait rechercher comme au Maroc ou en Tunisie une issue nationale. Ce fut une des grandes erreurs stratégiques dues à l’aveuglement des gouvernements de la Quatrième République.

Dans les années 1950-1960, les conférences de l’intellectuel anticommuniste Georges Sauge à l’Ecole Militaire en furent un des symboles.

Jean Pierre Renaud      Tous droits réservés

L’Algérie et la France ! Un conseil postcolonial !

      En déclarant à Alger, que la colonisation était « un crime contre l’humanité », notre Président a semé un grand trouble chez nous.

        Il ne faut surtout pas, comme ce fut le cas il y a quelques années, que le Président actuel de l’Algérie vienne se faire hospitaliser dans un de nos établissements hospitaliers réservés aux victimes de la guerre ou du terrorisme.

       Imaginez la catastrophe que cela causerait s’il y perdait la vie (ou passait l’arme à gauche)(1) ! On accuserait la France d’un nouveau « crime contre l’humanité », un de plus !

Jean Pierre Renaud

  1. Source www.defense. Gouv.fr Ministère des Armées mise à jour du 17/06/15 ( Passer….ou « mourir »)

Propagande postcoloniale contre propagande coloniale ? – En esquisse de conclusion

Propagande postcoloniale contre propagande coloniale ?

En esquisse de conclusion

De quelle histoire s’agit-il ?

Une histoire postcoloniale à la dérive ?

            Il n’est pas toujours facile de comprendre les phases d’évolution de l’écriture de l’histoire, et de savoir s’il s’agit véritablement d’une « science », tant elle est, et a toujours été, traversée par des remises en cause et des controverses fondées ou non, compte tenu de l’importance de ses enjeux.

            Dans les cas examinés, il n’est pas illégitime de se poser la question des fins poursuivies par leurs auteurs, sur leurs buts idéologiques, politiques, ou médiatiques, en vue de conquérir un nouveau marché « ethnique » ou non, puisqu’il s’agit aussi de cela.

            Est- ce que ce type de thèse historique postcoloniale est représentatif des courants historiques qui traversent aujourd’hui notre société ? Est-ce qu’ils ont fait l’objet d’une évaluation de leur contenu scientifique et de leurs effets dans l’enseignement, les universités ou l’opinion publique ? Je n’en sais rien !

            L’histoire de France a longtemps tenté de proposer la lecture d’un passé commun et d’un vivre ensemble commun, fondés sur des valeurs qui, au cours des siècles et au fur et à mesure des crises, ont fait partie intégrante de notre passé national, la liberté, l’égalité, et la fraternité, avec ses ombres et ses lumières.

            Ombres et lumières, oui, comme le soulignait dans le cas de l’Afrique, le grand lettré et sage africain Hampâté Bâ, très bon connaisseur de  la tradition africaine et très bon analyste de la France coloniale, lequel notait que  l’histoire de cette époque avait connu à la fois une face diurne et une face nocturne.

         Face à l’histoire frappée d’un sceau universitaire, et depuis plusieurs dizaines d’années, l’histoire médiatique, pour ne pas dire politique, connait le plein succès, et lui fait concurrence. Elle explose avec les réseaux sociaux, alors que l’Université elle-même n’a jamais été à l’écart des grands conflits d’interprétation du passé et de l’avenir.

        Dans les cas d’écriture historique analysée, le discours fait plus que confiner avec la propagande ou le marché, qu’il soit politique, médiatique, ou ethnique.

         Histoire « scientifique » et roman historique ? Roman national, colonial, ou postcolonial, comment s’y reconnaître ?

            Ces productions littéraires soulèvent de très nombreuses questions de « scientificité » que nous avons examinées successivement, relativement aux sources, aux méthodes quantitatives d’évaluation des vecteurs de culture et de leurs effets, et donc aux interprétations possibles, compte tenu d’une représentativité supposée et non démontrée.

            Ajoutons qu’en filigrane de tous ces discours idéologiques apparait souvent un fil rouge conducteur, celui de l’Algérie érigée comme le symbole de toute la colonisation française, avec en arrière plan la guerre d’Algérie  : le Président actuel s’est cru autorisé, et comme par hasard, lors d’une visite « électorale » à Alger, à faire la déclaration que l’on sait sur les crimes de la colonisation.

            Le courant idéologique et historique en question ne rassemble évidemment pas l’ensemble de la classe des historiens vivants, mais c’est lui qui semble faire le « buzz », selon le mot et les modes du jour.

            Est-ce qu’en définitive, et comparés à ces œuvres, les romans historiques ne font pas preuve d’une plus grande rigueur historique que ces « produits » de la catégorie d’histoire postcoloniale que j’ai critiquée ?

            A la fin de ses nombreux romans historiques sur notre très lointain passé, le XIIème ou le XIIIème siècle, Jean d’Aillon, propose une petite rubrique intitulée «  Le vrai du faux », une rubrique qui pourrait sans doute être nourrie par des chercheurs en histoire dont l’ambition serait de « déconstruire » ce nouveau roman postcolonial, puisqu’il  s’agit de cela.

            Dans son livre « Le lecteur de cadavres » (Le Livre de Poche) dans la Chine du XIIIème siècle, un autre auteur, Antonio Garrido, délivre un message tout à fait intéressant de rigueur en vue d’exploiter les sources de la Chine du XIIIème.

            Reconnaissons que la dernière matière citée ne soutient peut-être pas la comparaison avec celle des images coloniales dont il a été question … et que les romans historiques cités échappent à l’actualité encore vivante de l’époque postcoloniale.

      Le roman historique d’Antonio Garrido s’appuie sur une recherche très fouillée d’archives datant du XIIIème siècle, à la fois sur l’état de la Chine ancienne et sur l’état de la médecine légale de l’époque, avec la lecture du traité de médecine légale en cinq volumes du Chinois Xi Yuan Ji, publié en 1247, un document qui a fait l’objet de nombreuses traductions.

        L’auteur s’intéressait à la médecine légale, et c’est à l’occasion d’un congrès, l’Indian Congress of Forensic Medicine and Technology, à New Delhi, en 2007, qu’il découvrit son sujet à l’occasion d’une conférence.

Est-ce que les auteurs des écrits postcoloniaux critiqués ont fait preuve des mêmes précautions de rigueur méthodologique dans la consultation des sources historiques, le dénombrement des données recueillies, leur interprétation, le discours « scientifique » qu’ils en ont tiré.

            Nombre de leurs exposés, remarques, ou appréciations mériteraient de figurer dans une rubrique « Vrai ou Faux », ou de façon plus précise « Faux ou à Vérifier ».

         Ces livres diffusent une nouvelle propagande postcoloniale autrement plus efficace que celle de la période coloniale, une propagande d’autant plus pernicieuse, ou perverse qu’elle tend à accréditer un discours idéologique pernicieux pour la collectivité nationale.

           Un seul rappel pour terminer, un des propos de l’historienne Lemaire, relatif aux affiches, et à leur effet sur l’inconscient collectif des français :

        « Le discours fut véhiculé par des médias touchant des millions d’individus, permettant de répandre et d’enraciner le mythe d’une colonisation « bienfaisante et bienfaitrice », et surtout légitime, dans l’inconscient collectif. Il suffit pour s’en convaincre d’imaginer combien les français pouvaient être sollicités, interpellés par un article, une émission  radiophonique, une  affiche aux dessins exotiques et aux couleurs chatoyantes, ou encore comment ils pouvaient être marqués par une visite à un stand colonial lors d’une exposition… » « Culture Coloniale – Fixation d’une appartenance (1914-1925)- « Propager ; l’Agence générale des colonies» (p, 137)

        L’inconscient collectif, qu’est-ce à dire ? Combien d’affiches année après année ? Combien de postes de radio par année ? N’oublions pas que nous sommes au mieux en 1925.

       Je n’aurai pas la cruauté de rappeler la sorte de  vrai faux en écriture d’histoire, celui du riz indochinois, que j’ai déjà évoqué, sous le titre « Du riz dans  les assiettes, de l’Empire dans les esprits ». (CI,p,82)

       En résumé, il s’agit d’une manipulation des sources consultées, d’une manipulation des interprétations proposées comme des sentences historiques, c’est-à-dire d’un travail de désinformation historique  frappée du coin de diplômes universitaires.

        Je rappelle 1) que le contenu des travaux du Colloque savant de janvier 1993 ne conduisaient pas aux conclusions tirées par ces chercheurs,

          2) que le contenu du livre Images et Colonies ne conduisait pas non plus aux conclusions tirées par les mêmes chercheurs, outre le fait qu’il soulevait déjà en tant que telle, la question capitale de sa représentativité comme échantillon de situations coloniales très variables, de même que celle de ses effets supposés sur la culture coloniale des Français et des Françaises, non évalués,

      3) que le contenu des livres successifs publiés par cette équipe de chercheurs exprime un discours évident et tonitruant de propagande postcoloniale, fondé sur des analyses historiques très fragiles.

        Peut-être conviendrait-il de regretter qu’une telle recherche aboutisse à ce gâchis de sources historiques relatives à un passé colonial qui méritait plus de sérieux et d’objectivité.

        Dans l’ambiance actuelle, encore plus que dans un récent passé, il est évident que ce type de sujet est de nature très sensible, en même temps que d’une extrême complexité, notamment avec l’émergence d’un islam radical, un mouvement de mondialisation sauvage qui se poursuit depuis des dizaines d’années, l’arrivée de flux d’immigration étrangère que la France n’a jamais connus dans son passé, qu’il contribue à l’enrichissement d’un terreau favorable à toutes les subversions imaginables.

          Dans un tel contexte, l’écriture d’une histoire scolaire ouverte sur le monde, qui tienne compte du pluralisme démographique, religieux et culturel qui existe aujourd’hui chez nous est un véritable challenge, d’autant plus redoutable à relever sur des territoires où vivent des Français et des Françaises d’origine immigrée, quand l’on sait que leurs peuples d’origine africaine constituent encore un patchwork religieux et culturel inextricable.

Jean Pierre Renaud   –  Tous droits réservés

Carnets Buron – 5 – 1960-1961 « Avec ou malgré l’armée »

Carnets Buron – 5 – 1960-1961

II

AVEC OU MALGRE L’ARMEE

Janvier 1960- Mars 1961 (p,113)

 « Dimanche 31 janvier 1960

        Quelle semaine ! Elle m’a épuisé nerveusement et je reste incapable encore de discerner les sentiments qui dominent en moi. Ai-je été d’abord sensible au ton du discours qu’a prononcé le général de Gaulle vendredi aux conséquences heureuses qu’il achève d’avoir ? Suis-je surtout frappé, dix- huit mois après le 13 mai, par l’écart persistant entre les conceptions de la majorité des officiers généraux et supérieurs, de nombreux fonctionnaires et de plusieurs ministres d’une part et de celles du chef de l’Etat pour autant que je puisse être sûr de les connaître, ou celles – simpliste et claire – de l’opinion métropolitaine dans son ensemble ?

        L’abcès qui mûrissait depuis longtemps déjà parait avoir crevé… Il fallait inévitablement en arriver là !

       Sera-t-il vidé, nettoyé … et cicatrisera-t-il enfin ?

      Au fond de moi-même j’en doute. Je reste agacé ou déçu selon le cas, écœuré parfois de l’attitude adoptée par tant de responsables dans cette semaine douloureuse.

      Du côté des  militaires, si je ne suis pas surpris du rôle joué par le sympathique Gracieux, tenté violemment par l’aventure, retenu – faiblement sans doute – par la raison, sensible  à l’influence de ses officiers liés avec tous les comploteurs et les fascisants d’Alger… rôle qu’il va payer cher sans doute, je suis plus inquiet du comportement du général Challe….

      L’Armée dans son  ensemble – ce que l’on appelle ainsi tout au moins – s’est laissée convaincre par le général Ely de ne pas prendre parti publiquement, de ne pas se laisser entraîner à un « prociamento » dont nul général à l’heure actuelle, ne parait en mesure de prendre la tête. Les colonels les plus dynamiques semblent avoir pensé un moment que le général de Gaulle pourrait être contraint de céder à leur pression….

         Le contact que j’ai eu mardi soir avec les deux délégués des colonels au bord de la rébellion m’a éclairé puis exaspéré mais surtout attristé……

      «  Intervenez auprès du général pour qu’il parle, sinon d’intégration, du moins d’Algérie française, car s’il ne rassure pas tout de suite, nous ne répondons plus de rien. »… Les deux officiers estimèrent bientôt qu’ils perdaient leur temps en voulant me convaincre de plaider leur thèse auprès du général de Gaulle…

      Du côté des civils, bien des déceptions aussi !

      La masse est pour de Gaulle parce qu’elle « en a marre » comme beaucoup l’expriment crûment qui comptent sur lui pour éviter un casse-tête dans l’immédiat et se débarrasser d’un cauchemar à terme.

       Mais parmi l’élite, que d’hésitations, que de défaillances ! (p,116)

     Robert Buron passe alors en revue l’état d’esprit assez nuancé de ses collègues ministres, et quant au général : « Je l’ai trouvé aux Conseils de lundi et mercredi, abattu, marqué. En fait, il n’était pas préparé à l’évènement, il ne l’attendait pas.

      Il avait confiance, sinon dans l’Armée, du moins dans son autorité sur elle ; il lui a fallu plusieurs jours pour retrouver son équilibre et sa volonté habituels. » (p118)

      Jeudi 10 mars

     « Où nous mène le prince de l’équivoque ?

       Rien de plus normal, les premiers remous de l’affaire des barricades apaisés, que sa décision « de prendre contact avec l’Armée au combat. »…

      Sur le plan de la solution algérienne, j’ai pour la première fois l’impression que le premier ministre commence à croire à la possibilité du « Cessez le feu »  et à en accepter le principe sans le compliquer de conditions impossibles.

      L’espoir renaissait dans mon esprit après l’inquiétude… quand vendredi dernier, Jean Mauriac accrédité à suivre le Président de la République dans ce que la presse appelle maintenant « la tournée des popotes »  résume les propos du général de Gaulle aux jeunes officiers par les trois phrases suivantes :

      1) la victoire complète de nos armes est indispensable ; elle sera longue à obtenir. »

      2) Il faudra des années pour que l’Algérie apaisée puisse se prononcer sur son sort. C’est vous qui obtiendrez l’apaisement et assurerez les transitions. »

      3) L’indépendance est inadmissible et impensable. La présence de la France sera maintenue à travers une formule que les algériens devront trouver eux-mêmes. »

     Je n’arrive pas à le croire. Pourtant, Mauriac en la circonstance  est vraiment la « source autorisée». Alors ?…

     Sans doute la troisième phrase va-t-elle en réalité dans le même sens que le discours du 16 septembre et marque la solution vraiment désirée par le Général qui n’est pas l’Algérie française d’hier. Mais les deux autres phrases, même si elles ont été dites pour faire passer la troisième, reculent pour des mois ou plutôt des années les chances de la paix…

     Hier, au Conseil des ministres, Michel Debré indique son intention  de faire procéder à des élections cantonales en Algérie à une date prochaine au scrutin de liste et dans le cadre de l’arrondissement….

    Le président de la République demande :

    Quelqu’un a-t-il une observation à faire ?

      Je lève la main : « Mon Général, je crains qu’il ne soit trop tôt pour procéder à de telles élections. Le dégel musulman ne me parait pas prochain, surtout – permettez-moi de vous le dire – compte tenu de la présentation par la presse de vos déclarations dans les mess d’officiers. (Je me retiens à temps d’employer l’expression « populaire », laquelle, employée par un collègue en audience particulière, a déclenché, parait-il l’ire du général.)

      – Vous lisez le Figaro, coupe avec colère le chef de l’Etat, je ne fais pas de « dé-cla-ra-tions » dans les mess. En face des officiers je donne des ordres ou des instructions. Ce que j’ai dit là-bas, M .Terrenoire l’a redit ici lundi soir. Rien d’autre ! »

      Je ne m’avoue pas vaincu, et je réplique assez vivement immédiatement contré par le premier ministre.

      Le général intervient à nouveau :

     « Ah ! Décidément vous les français, vous ne voulez pas considérer les problèmes ; vous écoutez uniquement vos passions ; les uns veulent l’Algérie française et voient tout dans cette optique. Les autres croient à l’indépendance et tournent tous les événements en faveur de leur thèse. ? Pauvre pays ! … », etc. «  (p122)

       Commentaire

       « Chemini, le 26/01/60 :

     Il fait beau, mais le temps a l’air de tourner. Quand il fait beau, j’ai assez d’activité, je recense, je visite des villages, je surveille mes chantiers. Pas de travail de bureau ou si peu !

    A Alger, les affaires ont l’air d’aller mal, mais elles ne provoquent aucun remous à notre échelon. La question d’Algérie est très compliquée… »  (p,149)

       Quelques réflexions :

       « Avec ou malgré l’Armée » : à partir de la mise en œuvre du plan Challe et de sa réussite militaire, je crois sans contestation possible, qu’il était évident que les cartes stratégiques de ce type de guerre semblaient redistribuées entre le Général et une grande partie des officiers qui s’étaient battus et croyaient encore à la possibilité d’une solution algérienne à la française.

       Beaucoup d’entre eux militaient pour la solution de « l’intégration », mais sans jamais en avoir défini le concept et ses conditions d’application. 

       De Gaulle n’avait pas été formaté pour ce type de guerre et n’avait pas fait l’expérience concrète des guerres subversives, sauf à dire que le gouvernement de la France Libre, la Résistance, proposaient quelques similitudes, à mon avis bien éloignées.

      Beaucoup de ses collègues officiers, plus jeunes, s’y étaient en revanche frottés en Indochine – beaucoup d’entre eux y étaient morts, car une promotion de Saint Cyr était morte au champ d’honneur chaque année de guerre –  estimaient qu’il leur fallait convaincre la population algérienne en mettant en concurrence intégration et indépendance.

      Sauf que je n’ai jamais bien su en quoi consistait l’intégration proposée !

      A mes yeux, c’était beaucoup trop tard, mais l’argument portait.

      De Gaulle, « le prince de l’équivoque » ? (p,119)

     Il est difficile de ne pas adhérer à ce type de question – constat, car au fur et à mesure du déroulement du conflit et de la négociation d’un cessez le feu, les esprits les mieux intentionnés avaient beaucoup de peine à interpréter les double-discours, les circonvolutions, les contradictions, les évolutions, sans savoir dans quelle direction le général avait en définitive décidé d’aller.

        Il est évident que beaucoup d’officiers étaient de plus en plus convaincus, au fur et à mesure de ses discours que le Général avait décidé d’abandonner l’Algérie : ils pensaient que son objectif essentiel était la mise au point de la bombe atomique, et donc la préservation temporaire de la zone d’essais du Sahara.

      Mercredi 11 mai (1960)

       Avec d’autres ministres, Robert Buron accompagnait le Général à Saint Nazaire pour le lancement de France, et il lui rendait compte de sa conversation du samedi précédent à Rabat avec Mohamed V.

        Ils abordèrent différents sujets :

      « Brusquement il revient à l’Algérie car cette conférence au sommet (entre les deux super-grands) lui apparaissait à la fois comme un moyen propre à favoriser l’issue qu’il recherche et comme une raison – voire un alibi pour « forcer » celle-ci.

      Il me dit : « Notre devoir maintenant c’est  d’assurer mieux encore notre unité nationale, c’est de mettre fin à la guerre d’Algérie qui nous affaiblit, c’est de nous doter nous-mêmes d’une force militaire suffisante…

     Je lui rappelle une déclaration qu’il m’avait faite cet hiver juste avant les barricades :

      « Si la situation internationale se tend, il faudra bien retirer progressivement l’Armée d’Alger, et par conséquent trouver un arrangement politique. » (p,126)

    Mercredi 15 juin

      « Le général de Gaulle a parlé hier. Allons, les souvenirs de la « tournée des popotes » s’évanouissent ! Ses prises de position ont été plus nettes encore que le 16 septembre et le 10 novembre. Le fil est renoué. Mais le GPRA sera-t-il plus sensible à cet appel qu’aux précédents ? » (p,126)

     Commentaire

      Contrairement à cette notation, les souvenirs de la tournée des popotes ne s’y étaient pas évanouis par miracle et continuaient à entretenir un grand malaise dans le milieu des officiers : ils se posaient la vraie question de la solution politique à proposer susceptible de ne pas trahir nos engagements.

      Première partie du 5

Carnets Buron – 3 – 1958 Effacement du régime

Carnets Buron – 3 – 1958

IV EFFACEMENT DU REGIME (p,66)

Février- Juin 1958

         « Mardi 11  février 1958

         Cette affaire de Sakiet Sidi Youssef est lourde de conséquences… Mais Sakiet est en cette Tunisie dont nous avons refusé, il y a quelques mois l’offre, présentée conjointement avec le Maroc, de s’entremettre pour rétablir la paix…

      Le Parlement est malade, empoisonné par la guerre d’Algérie et l’impossibilité d’y mettre fin par une victoire qui ne se dessine guère après quatre ans de combat ou par un compromis que les français d’Algérie ni même l’Armée ne veulent accepter parce qu’il aboutira tôt ou tard à une forme d’autonomie, puis d’indépendance…

        Faut-il chercher une solution ailleurs ? (p,67)

        Il s’agissait de faire appel au Général de Gaulle :

           « Pour le reste, je suis un peu surpris de voir des hommes, de tendance gauchiste parfois marquée, mettre leur dernier espoir dans le général de Gaulle. A quel point la IVème République les a-t-elle donc déçus ! » (p,68)

         Robert Buron accepte d’entrer en contact avec le général :

        Vendredi 21 février

      « Au moment où je descendais l’escalier qui m’avait conduit au cabinet du général de Gaulle, rue de Solferino, le colonel de Bonneval m’a rattrapé par la manche : « Comment l’avez-vous trouvé ? m’a-t-il-soufflé. En bonne forme, n’est-ce pas ? »

       « Oui, certes, j’ai trouvé mon interlocuteur en bien meilleur état physique que je l’imaginais.

      Il y a douze ans, je l’avais vu, pour la dernière fois, à la veille de sa démission  dans un couloir de l’Assemblée, mais de loin… A mesure que la conversation se prolongeait – elle a duré trois quarts d’heure – une autre image s’imposait à moi, inspirée par La Loi, le roman de Roger Vailland, celle de Don César, grand seigneur âgé, prisonnier d’un style  qui bien souvent lui dicte ses attitudes quotidiennes, cependant qu’en son for intérieur, ayant accepté de vieillir, il se sent presque complètement « désintéressé »…

        Le Général pour  sa part m’a tenu surtout des propos découragés, énoncés d’une voix lasse :

  • Il est trop tard… la situation ne peut pas être rétablie avant plusieurs années et je serai alors trop vieux. Il faut d’abord que les français aillent au fond du fossé avant de pouvoir remonter la pente…
  • Parler ! je ne dis pas non, mais à quoi bon dans la période actuelle ?
  •  Non pas pour nous, Général ! mais pour les jeunes et aussi pour que votre pensée soit connue clairement, à laquelle tant de Français peut-être se référeront demain.
  • Hum ! je réfléchirai mais voyez-vous, Monsieur Buron, il n’y a rien de bon à faire dans ce pays divisé entre les partis, les factions…

Le général balayait alors la situation et les perspectives des anciennes colonies :

      … Mais je vous le répète, monsieur Buron, ajoute-t-il, il est trop tard, ce n’est plus la France qui décidera de cette évolution comme il eut été possible il y a douze ans, ce sont les événements qui commanderont et, pour nous, je prévois l’avenir en noir… Oh ! je ne doute pas du destin de la France, mais nous devrons rester longtemps encore dans le tunnel avant de revoir le jour. ..

      Mes amis ont raison. Il peut être encore un élément essentiel du grand jeu politique qui se prépare.

     Mais comment compte-t-il jouer sa partie ? A-t-il vraiment envie de la jouer ?

     Bien fin qui peut le dire aujourd’hui ! » (p,71)

      Vendredi 28 février

       La presse annonce ce matin que de Gaulle va sans doute parler. Que s’est-il passé depuis la semaine dernière ?… Dans les djebels les combats augmentent en intensité et les pertes sont lourdes ; en métropole les agressions FLN se multiplient, visant principalement les agents de l’ordre… » (p,73)

     Mardi 11 mars

      Déjeuner avec l’ambassadeur des Etats-Unis Amaury Houghton chez un de ses collaborateurs…. La discussion s’engage enfin sur l’Algérie. A.Houghton m’interroge sur l’impossibilité où parait se trouver le Parlement français de définir une politique raisonnable et par conséquent libérale. Je réplique aussitôt :

          Une telle politique ne peut être majoritaire que si le Gouvernement qui le préconise accepte le soutien communiste. C’est ce qui la condamne par avance aux yeux de la droite… » (p,74)

         Dimanche 20 avril, 18 heures

        «  Je rédige ces notes en attendant les résultats du dépouillement qui se poursuit dans les dix communes du canton de Villaines la Juhel, où, Conseiller général, je suis soumis à réélection…

         Nous avons beaucoup parlé de la guerre d’Algérie…

       J’ai donc fait paraître dans Mayenne-Eclair, le journal mensuel du MRP du département, les lignes suivantes : « Le drame algérien nous paralyse sur le plan de la politique internationale ; il nous crée sur le plan intérieur les plus graves difficultés que le parti communiste exploite sans vergogne et qui risquent de bloquer le fonctionnement du régime »…Il y a les droits incontestables des européens installés de longue date en Algérie…il y a les méthodes abominables employées par les fellaghas à l’égard de leurs frères musulmans qui voulaient travailler avec nous dans la paix… mais il y aussi l’éveil des musulmans d’Afrique du Nord à la vie moderne et leur aspiration à l’affirmation politique.

         Je conclus : « Il faut maintenant sans tarder, par un changement de direction et par l’intervention de mesures libérales, provoquer une détente du climat actuel et faire renaître un minimum de confiance entre musulmans et européens. Alors l’heure de la négociation aura sonné… Je m’étais montré honnête et prudent.

        « Trop prudent », m’ont dit à ma grande surprise beaucoup d’électeurs et plus encore d’électrices…

        Mardi dernier, le Gouvernement Félix Gaillard a été renversé dans un climat lourd et déplaisant d’anti-américanisme forcené… (p,76)

       Jeudi 8 mai

      « J’ai passé sous silence dans mon article de Témoignage Chrétien la rencontre organisée par Mahroug, ce kabyle catholique replié à Rabat que m’a présenté mon ami C.S. il voulait me mettre en présence de trois dirigeants FLN provisoirement installés au Maroc… la discussion a été passionnante…. Mais ce qui m’a le plus impressionné c’est leur conviction profonde que le temps travaille pour eux et qu’ils n’ont aucun intérêt à chercher des compromis.  Plus tard une négociation  sérieuse interviendra, plus elle sera favorable et si aucune négociation n’intervient, eh bien notre victoire sera plus tardive… mais elle sera totale… » (p,80)

         Pflimlin est pressenti pour être Président du Conseil :

      « Pâle et  résolu, le Président désigné fait une courte déclaration de style défense républicaine : «  Il s’est trouvé à Alger des chefs militaires qui on pris une attitude d’insurrection contre la loi républicaine… »

       Mercredi 14 mai

     A 3 heures du matin, le résultat est a été proclamé : 273 voix pour ; 129 contre ; 134 abstentions…

     Jeudi 15 mai

     Hier soir à Dinard réunion du congrès MRP… A 17 heures, avant que je monte à la tribune, on me tend deux flashes de l’AFP. L’un annonce que de Gaulle après avoir expliqué « l’éloignement des peuples associés, le trouble de l’Armée…etc, par le fonctionnement du régime des partis, se déclare prêt à assumer les pouvoirs de la République. » (p,84)

     Commentaire

      A Paris, comme à Alger, le méli-mélo politique continuait. Aucune note de Buron sur le coup d’état du 13 mai à Alger, alors qu’il changeait complètement les données du problème algérien et facilitait le retour de de Gaulle au pouvoir. C’était en tout cas mon opinion, mais pas uniquement la mienne.

Dimanche 25 mai

     « Dans l’Ouest où je suis parti réfléchir et dormir quarante-huit heures, la femme de Roland Pré me joint par téléphone. Tour à tour, elle m’apprend que la Corse est passée aux mains d’un commando venu d’Alger et soutenu par des manifestants locaux, que la Chambre est convoquée pour demain, enfin que le général de Gaulle souhaite me rencontrer mardi matin, dès son arrivée à Paris…

        Mardi 27 mai

       « La radio de 7 h 30 annonce que le Général a regagné Colombey au petit jour… Il n’a plus besoin de me recevoir, ayant vu Pflimlin cette nuit à la Celle Saint Cloud, Pflimlin sans Guy Mollet qui, craignant les réactions de son parti, s’est décommandé à la dernière minute…

         Alors à midi, le tickler de l’Assemblée reproduit une déclaration venant de Colombey ; « J’ai entamé hier le processus régulier de formation d’un  Gouvernement républicain. » (p,93)

      La IVème République vient de disparaître. »

      Commentaire

Juin 1958 – Notre promotion sort de l’Ecole, trois mois de vacances avant notre incorporation à l’Ecole Militaire de Saint Maixent où nous devrons effectuer une instruction militaire de six mois plus approfondie que celle de la Préparation Militaire Supérieure à temps partiel que nous avons suivie pendant trois ans.

         A la sortie de Saint Maixent, en avant pour  la guerre d’Algérie !

      Il était évident que ce dénouement politique, au début imprévu, mais rapidement souhaité par beaucoup, changeait aussi notre donne : il nous posait de nombreuses questions sur notre avenir immédiat et sur notre carrière, pour autant que nous reviendrions vivants de la guerre d’Algérie.

       Le jour de notre « amphi-garnison », un charmant camarade de promotion, plus tard député et sénateur, m’annonça : « Renaud, le tirage au sort t’a désigné comme le mort de la promotion. »

          Robert Buron décrit dans ses notes les phases successives du processus de négociation avec le FLN, dont il fut un des premiers protagonistes, un processus qui prit beaucoup de temps, emprunta quelquefois des détours dignes d’un roman policier, mit beaucoup de temps (de 1958 à 1962) à déboucher dans une grande confusion sur un  résultat qui ne fut pas satisfaisant comme je l’ai écrit, dans son application concrète sur le terrain.

         Jean Pierre Renaud   –  Tous droits réservés

Carnets Buron – 4 – 1958-1959 Vers l’autodétermination

Carnets Buron – 4 – 1958-1959

DEUXIEME PARTIE

VERS L’AUTODETERMINATION

I – De Gaulle et le problème algérien (p,97)

Juin 1958-Décembre 1959

  « 2 juin 1958 A la suite d’un complot préparé de longue date, l’Assemblée a cédé dimanche dernier à la pression sur elle par moins d’un millier d’européens d’Algérie. L’appel à de Gaulle n’avait peut-être pas été prévu par les instigateurs du complot, il est dû sans doute à l’initiative de quelques chefs en situation fausse et désireux de canaliser le courant qui les emportait. Il reste que la partie a fait céder le tout… Partout dominent confusion et contradiction, contradiction surtout :…Dans cette confusion – et au milieu de ces contradictions – je me suis résolu à voter pour l’investiture… » (p,97)

         « Monsieur Buron, j’ai pensé à vous pour mon Gouvernement. J’en ai parlé tout à l’heure à M. Pflimlin. Acceptez-vous ?

     Mon Général, avant de vous répondre, je voudrais dissiper toute équivoque sur mes positions  personnelles et sur ce que je représente. Témoignage Chrétien vient de publier…

          Je sais, je sais, mais que vous représentiez ce que vous appelez la gauche, la gauche du MRP en tout cas, ne me gêne pas… au contraire…. Au revoir, Monsieur le Ministre ; nous aurons conseil de cabinet demain.

        Ministre une fois de plus, je sors de Matignon abasourdi et comme tant d’autres séduit, non sans me demander toutefois si je suis bien en accord avec moi-même ou si je viens d’être entraîné malgré moi… » (p99)

      Commentaire

      Vous noterez que Robert Buron n’évoque pas du tout l’épisode historique tant commenté du « Je vous ai compris » du Général, à Alger, le 4 juin 1958, lequel prenait donc le risque d’engager notre politique dans une ambiguïté qui a duré jusqu’au bout du processus de négociation avec le FLN.

         Sur le terrain, nous nous demandions ce que de Gaulle avait bien voulu dire, et la phrase prononcée a évidemment fait naître toutes sortes d’interprétations contradictoires.

         Dimanche 22 juin

       … La remise en ordre est loin d’être effectuée. Le Général s’en rend compte ; il agit lentement, par pressions successives… et par mutations.

       Vendredi 18 juillet

       Depuis dix jours réunions de Conseil et entretiens nombreux avec le général de Gaulle.

     Mercredi 9, c’était le premier conseil de cabinet après la désignation de Jacques Soustelle à l’Information. Le Président du Conseil l’ouvre en ces termes : Messieurs, voici enfin achevée la formation de ce gouvernement, pour autant que ces choses-là ne soient jamais achevées. Pour que l’Unité Nationale soit pleinement réalisée, il ne nous manque plus que Maurice Thorez, Pierre Poujade et Ferhat Abbas… Qui sait d’ailleurs si quelque jour ? …(p,102)

            Dimanche 31 août

      Quatre jours passés à Alger où je n’étais pas revenu depuis cette soirée chez Soustelle au Palais d’Eté en mars 1955. Que d’impressions à ordonner… »

            Buron n’aime pas Salan, le « chinois » et semble effectivement éprouver de grandes difficultés à apprécier la situation.

            « … A lire l’Echo d’Alger et ses confrères, il est clair que le monde tel qu’il est n’a pas d’existence substantielle ici où ne règne qu’une seul réalité : l’Algérie.

         La France leur apparait comme un pays fantasmagorique et lointain qu’on aime bien mais dont on s’exaspère que les habitants ne veuillent rien comprendre à ce qui se passe au sud de la Méditerranée. Quant au reste du monde, il s’exprime à travers quelques brèves dépêches d’agence… que personne n’a le courage ni l’envie de lire…

      L’après-midi, comme prévu, nous accueillons à Maison-Blanche le général de Gaulle en grand apparat… puis deux heures après, les officiels se pressent dans le patio du Palais d’Eté, attendant leur tour d’audience. » (p,105)

Commentaire

Situation militaire dans le douar des Béni-Oughlis (Journal de marche et des opérations du 28ème Bataillon de Chasseurs Alpins – 2ème semestre 1958 -1er semestre 1959) :   

        L’insécurité y est totale, avec des accrochages fréquents et meurtriers entre chasseurs alpins, rebelles des katibas de la Willaya III ou de l’OPA qui quadrille le douar.

       Faute de pouvoir contrôler militairement la partie du djebel au-delà de la crête de Chemini, en limite de la forêt d’Akfadou, une partie des villages a été évacuée, et une zone interdite instituée. Dans cette zone, la présence de tout être humain est présumée être celle d’un rebelle à éliminer.

        Parmi les épisodes les plus meurtriers :

  • le 20/08/1958 : embuscade, un officier et cinq chasseurs tués, neuf chasseurs blessés,
  • le 11/10/1958 : opération  dans la forêt d’Akfadou, un officier, quatre chasseurs et un harki tués,
  •  en janvier, février, mars, et avril 1959, accrochages à  Chemini, Tessira, Djenane, et dans la forêt d’Akfadou,
  • le 30/04/59 : accrochage avec une bande d’une cinquantaine de rebelles  armés de fusils mitrailleurs et d’armes de guerre, un mort chez les rebelles
  • le 7/06/59 : embuscade près de Takrietz, dans la vallée, avec une quarantaine de rebelles armés de deux fusils mitrailleurs et une dizaine de pistolets mitrailleurs,  trois chasseurs tués et deux blessés.
  •  Le 23 juillet 1959, en pleine nuit, l’opération Jumelles, démarre avec de très gros moyens : au bout de quelques mois, la situation a changé du tout au tout. J’ai la possibilité de me déplacer dans chaque village, avec quelques précautions bien sûr, accompagné le plus souvent d’un seul garde du corps, ancien rebelle rallié et homme remarquable.

            Fin octobre 1958 (p,109)

        « En définitive, je crois que j’avais raison ! la solution libérale en Algérie, que j’attends avec une telle impatience, de Gaulle l’apportera…

        De Gaulle a lancé un appel à la « paix des braves » dans sa dernière conférence de presse, mais :

            « D’où l’équivoque sur le sens profond de l’expression : « la paix des braves » dont la proclamation n’a fait sortir du maquis aucun mandataire chargé de négocier les conditions d’un abandon des armes.

          Mais si la déception est grande pour mes amis comme pour moi, l’espoir qui s’est allumé ne s’éteindra plus. En dépit d’immenses difficultés c’est bien vers la paix que nous allons. » (p,109)

      « Décembre 1959  

         Il y a plus d’un an que je n’ai rien noté dans ce cahier. La vie harassante de ministre en exercice ne me laisse aucun loisir pour écrire, pour réfléchir, pour méditer à propos de ce qui n’est pas en relation directe avec ma fonction ministérielle….

          Pourtant, la fin  de l’année approche et je veux essayer de faire le point sur les problèmes les plus importants… tout d’abord sur l’issue du drame algérien.
            Ce que pense le Chef de l’Etat, nul ne peut en douter maintenant. En prononçant le 16 septembre dernier le mot « autodétermination », il a enfin ouvert une voie dont la finalité est encore imprécise. Bien des alternatives peuvent s’offrir. Depuis la sécession, la rupture de tous liens entre l’Algérie et la France d’un côté, jusqu’à l’intégration, la fusion de l’autre, il y a une infinité de possibilités. Dans les mois, les années à venir, les événements commanderont, imposant tel choix sur tel point à tel moment. L’évolution au reste se poursuivra… mais un chemin est désormais tracé et je me sens soulagé après tant d’inquiétudes et d’hésitations

         Depuis août 1958, je suis retourné plusieurs fois en Algérie.

         J’ai vu la guerre dans ce bourg d’El Milia notamment où quelques dizaines de civils européens vivent avec 3 ou 4 000 musulmans sur 6 kilomètres carrés, protégés par plusieurs compagnies et de nombreuses batteries…. Oui, j’ai vu la guerre, mais si nous sommes réduits à ce point à la défensive, quelle chance avons-nous donc de la gagner ?

        J’ai senti les Européens inquiets et crispés, méfiants à l’égard du gouvernement, doutant d’eux-mêmes, malheureux avant tout.

          J’ai discuté avec Paul Delouvrier « le plus bel animal de sang que de Gaulle ait jamais pris au lasso », selon l’expression de Bloch-Lainé…

        Chez mon ami Chaulet enfin, j’ai rencontré des dirigeants FLN plus ou moins avoués, des kabyles pour la plupart ; parmi eux Ben Khedache, un des lieutenants de Ferhat Abbas, et que la Commission de sauvegarde venait de faire libérer après plusieurs années passés dans des camps ;…

         « C’était un spectacle éprouvant que celui de ces dignités blessées, étalées sous nos yeux comme autant d’ulcères à vif.

      L’indépendance pour tous ces hommes c’est d’abord cela et cela seulement ; retrouver et affirmer leur dignité d’hommes… » (p,112)

       Commentaire

Voix détonante,aussi ? Robert Buron concluait par le mot de la fin, la « dignité », en tout cas à mes yeux, mais il ne semblait pas connaître, ou en faisait semblant, l’état de la pacification de l’Algérie, après le déroulement du Plan Challe et des opérations successives qui avaient démantelé la rébellion.

       Dans mon livre sur la guerre d’Algérie, j’avais intitulé une de mes chroniques « Le Vide presque parfait » (d’après Lao Tseu) (page 121)

          « Un bruit insistant courait dans les popotes du secteur de Sidi Aïch depuis plusieurs semaines. On ne parlait plus que du rouleau compresseur depuis plusieurs semaines. On ne parlait plus que de « ça », un autre « ça » freudien ! Le rouleau compresseur de l’armée française allait passer sur la Kabylie, comme il venait de la faire dans l’Ouarsenis.

        La nouvelle était excitante. Elle laissait espérer une fin rapide de la guerre, et un retour non moins rapide des soldats du contingent en métropole. Personne ici ne souhaitait vraiment s’attarder en Algérie…

    Le 22 juillet, au cours d’une belle nuit de l’été 1959, l’opération démarra en Petite Kabylie.

       La nuit était  tombée depuis une heure environ, quand le lieutenant Marçot entendit le bruit d’un convoi monter vers le douar des Béni-Oughlis. Il empruntait une route qu’il connaissait dans le détail de ses épingles  à cheveu et de ses moindres virages entre Sidi Aïch et Aït Chemini. Une compagnie de Chasseurs Alpins y tenait le poste et contrôlait les premiers escarpements du massif du Djurdjura, le long de la vallée de la Soummam… Le convoi venait de franchir la crête, il le savait uniquement au bruit, mais chose tout à fait nouvelle, il apercevait les premiers véhicules tous feux allumés. Les camions militaires roulaient comme en plein jour et formaient un cordon lumineux interminable.

        Il n’avait jamais assisté à un tel spectacle ! La nuit tombée, on n’osait pas défier les rebelles. Un spectacle incroyable !

      La nuit était douce et le ciel étoilé…. Le grand cirque allait démarrer,  et le rouleau compresseur, tant attendu,  tout écraser chez les fels…

       En Kabylie et en Petite Kabylie, onze secteurs militaires étaient concernés par l’opération « Jumelles », dans un vaste périmètre allant de Tizi-Ouzou à Lafayette et à Bougie…

          Ce n’était pas sa guerre, et ce n’était pas non plus celle des troupes de son secteur…. La radio militaire l’informait du déroulement des opérations, mais surtout la radio popote des soldats qui rentraient des opérations… Cette guerre-là, il la vit un peu comme au cinéma… Les seigneurs de la guerre avaient fait irruption dans son douar. Ils venaient d’une autre planète…

       L’armée française ne savait plus pourquoi elle combattait. Elle combattait toujours le FLN mais dans quel but ? une Algérie française ? une Algérie autonome ? une Algérie algérienne, une Algérie indépendante ?…

       Le mauvais temps s’était solidement installé dans la vallée et dans la montagne. L’hiver arrivait…. Dans les apparences, rien n’avait changé. Les troupes d’élite campaient toujours dans le djebel. L’adversaire avait disparu, se cachait, en attendant qu’elles quittent les lieux. Après ses parties de crapahut, l’armée française avait en effet l’habitude de rentrer à la maison.

         Il suffisait d’être patient, mais cette fois-ci, il n’en était pas question. Les paras et les légionnaires allaient passer l’hiver dans le Djurdjura…

        Les fels s’étaient bien battus…. L’armée française avait gagné la partie sur le terrain. Elle n’avait plus d’adversaire militaire.

       Elle avait fait le vide, le vide presque parfait, car si beaucoup d’hommes avaient disparu, l’idée d’indépendance demeurait toujours vivante » (p134)

       Une voix détonante car si la déclaration qu’avait faite le Général le 16 septembre 1959 en faveur d’un processus d’autodétermination, le commandement militaire éprouvait un doute sur les choix du général.

        N’avait-il pas  déclaré au cours d’une tournée des popotes entre le 27 et 31 août « Moi vivant, le drapeau FLN ne flottera jamais sur l’Algérie », à l’occasion précisément de l’opération Jumelles, et de sa visite au PC de la cote 1621.

      Comme nous l’avons vu par ailleurs avec la réussite militaire du Plan Challe, il était évident que nombre de généraux, de colonels, de commandants, de capitaines et de lieutenants, estimaient que les cartes avaient été redistribuées.

         Et c’était effectivement tout le problème !

Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés

Carnets Buron – 1 – 1954-1956

Carnets Buron – 1-1954-1956

Première partie

I – Inconscience… 1954-1955 (page 9)

           2 novembre 1954, 5 heures du matin …

           « Voilà ce que je connaissais de l’Algérie en 1939. (c’est-à-dire pas grand-chose !)

         Durant la guerre, Alger a pris pour moi une valeur abstraite, sans lien avec son passé ou avec son avenir, ni sans doute simplement la réalité du moment…. L’armistice signé, l’Algérie a reculé dans l’ombre, loin du devant de la scène où je faisais mes premiers pas…

        Je me rappelle maintenant – avec quelque effort – la rébellion de 1945 et surtout la répression brutale qu’elle a entrainée, dénoncée discrètement par de rares hebdomadaires car la guerre n’était pas encore terminée…

      J’ai voté le statut de 1947 sans trouble de conscience et malgré les protestations de quelques radicaux et indépendants. Ma seule inquiétude concernait la complication du système imaginé et le caractère qui me paraissait quelques peu rétrograde de plusieurs de ses dispositions ; mais je n’étais pas un expert !

          Depuis que je siège dans les conseils du Gouvernement on a bien peu parlé de l’Algérie le mercredi matin ; à quatre reprises tout au plus en deux années – 1950 et 1951 – trois fois au sujet du renouvellement de la mission spéciale de six mois confiée à notre collègue Naegelen et la dernière pour commenter le résultat des élections.

           La presse, sinon le ministère de l’Intérieur, m’a appris qu’elles étaient scandaleusement truquées… Pierre Elain, mon colistier, parti soutenir la campagne de Ben Taïeb dans l’Algérois, en est revenu écœuré des mœurs administratives régnant en Algérie…

      En décembre 1951 je me suis arrêté à Alger. J’étais alors ministre de l’Information – en route vers Brazzaville. Invoquant ma fatigue supposée, le Gouverneur m’avait invité au dîner que des hauts fonctionnaires, corses pour la plupart et s’intéressant exclusivement aux problèmes concernant les Français d’Algérie dont la prospérité paraissait être le seul objectif proposé à leur administration.

      Les responsables de l’Information, de la Radio en particulier, étaient franchement réactionnaires, tous ces braves gens s’employant davantage à critiquer la politique de la métropole qu’à penser à l’évolution algérienne…

      J’aurais pu bénéficier davantage de ces contacts rapides, mais j’étais déjà très préoccupé de l’Afrique Noire et Alger n’était pour moi qu’une simple escale. Ainsi vont les choses !

      Et depuis ?

      Depuis, l’Algérie est sortie à nouveau de mon champ de conscience…

       Depuis la formation du Cabinet Mendès-France, le problème algérien a été évoqué en Conseil des ministres, parfois sur le plan économique, rarement sur le plan politique et François Mitterrand jusqu’à présent ne nous a rien appris de sensationnel à ce propos… (p,14,15)

       Evidemment, il faut convaincre les français d’Algérie ou leur forcer la main. Vichystes pendant la guerre, puis giraudistes et antigaullistes, ils refusent tout ce qui incarne la République en France et Mendès-France par-dessus tout. Pourtant, ils ont du cœur, et les jeunes ont fait plus que leur devoir pendant la campagne d’Italie. Le problème est de savoir les gouverner.

       Hélas, Pierre Mendès-France le saura-t-il, le pourra-t-il ? Radical de toujours, il a de vieilles amitiés avec les leaders algériens les plus conservateurs sur le plan économique et, quant à l’aile du RPF, de la majorité,  ce n’est pas elle qui soutiendra une politique courageuse et progressiste. » (p,16)

         Samedi 5 février, 6 heures du matin- 1954 (page 22)

       Fin du Gouvernement Mendès-France et fin sans doute de ma propre carrière ! Par 319 voix contre 278, nous venons d’être renversés. Je suis trop fatigué pour philosopher à ce sujet. Je peux seulement noter des impressions.

       Hier discours de Mitterrand, excellent quant à la forme, déplorable quant au fond, déplorable au sens propre du terme. Entendre Mendès et son ministre de l’Intérieur rivaliser de nationalisme cocardier pour tenter de retenir les éléments RPF ou indépendants qui nous avaient soutenus jusque-là, puis les voir en fin de compte, abandonnés même par les radicaux sympathisants et mes amis MRP qui, dans leur hâte de procéder à la mise à mort, ne se préoccupent même plus des motifs invoqués… C’était à pleurer.

       J’ai peine à penser que cette question algérienne ait l’importance que lui accorde la presse de gauche et qu’une nouvelle affaire indochinoise se prépare. Un Cabinet Mendès aurait dû, de toute façon, la traiter autrement que les cabinets Ramadier avant-hier ou encore hier Laniel n’ont traité la première…

     Mercredi 16 mars, dans l’avion vers Aoulef, Niamey et Garoua.

       Nous nous sommes arrêtés hier soir à Alger pour une courte escale de nuit. Ma femme m’accompagne dans cette tournée au Cameroun où nous nous rendons à l’invitation de Roland Pré que j’y ai nommé haut-commissaire il y a six mois…

       Dîner avec Jacques Soustelle, Gouverneur général :

       « Tout serait facile, dit-il, si les colons voulaient admettre qu’il est possible de gagner de l’argent sans pour autant exercer, à travers une administration docile, leur domination politique et sociale sur les musulmans et si les administrateurs venus de la métropole n’acceptaient trop vite les uns après les autres de fermer les yeux sur la vérité algérienne…

      Soustelle a compris tout de suite pourquoi le problème algérien n’était qu’incidemment policier et militaire et sa solution nécessairement politique. » (p,25)

         Mon commentaire

      Je faisais alors partie d’une des dernières promotions de l’Ecole Nationale de la France d’Outre-Mer, complètement inconsciente, sans doute trop optimiste, car elle croyait qu’elle était destinée à servir une Communauté franco-africaine encore à construire et à faire vivre.

      A titre personnel, je m’étais engagé dans cette voie universitaire sur le conseil d’un aumônier qui m’avait encouragé à aller servir l’Afrique.

      La façon catastrophique dont la IVème République gérait les dossiers de la décolonisation, et en premier lieu celui de l’Algérie, nous inquiétait beaucoup, et encore plus, la perspective d’effectuer un service militaire de presque trois ans en Algérie.

     Nous suivions donc avec la plus grande attention l’actualité politique du moment.

II – Prise de conscience 1956 (page 26)

      Jeudi 26 janvier

      … Diner chez les Ardant où je retrouve Bouabid, le ministre d’Etat chérifien …. Il m’expose les revendications immédiates de l’Istiqlal… Nous parlons de l’Algérie. Visiblement – et c’est naturel – il est en relations suivies avec les dirigeants des maquis algériens. Sans complexe, malgré la situation assez particulière du nouveau gouvernement chérifien, il défend les thèses des révoltés. Il n’imagine pas de solution autre qu’une République algérienne indépendante au sein d’une communauté interdépendante…

        Mercredi 8 février (p,27)

     Que de souvenirs se lèvent à l’occasion de la réception réservée à Guy Mollet avant-hier à Alger par les jeunes fascistes du cru, les colons venus de la Mitidja pour l’accueillir à leur manière, mais aussi les cheminots, les électriciens et les traminots ! Cet accueil, m’a confié tout à l’heure Alexandre Verret, qui dirige son Cabinet, a profondément ébranlé Guy et pesé sur sa décision…

     Robert Lacoste va partir pour l’Algérie. Je le plains. Que pourra-t-il y faire vraiment ?

     Mercredi 29 février (p,28)

     Le problème algérien domine la vie politique. Un véritable sentiment d’angoisse s’empare de tous les Français. Le régime se délite peu à peu. Comment agir ?

… Que nous sommes mal informés ! Je dis nous car mes collègues sauf exception paraissent partager mon sort à cet égard.

… En métropole, une large majorité de l’opinion, qui, devant l’hésitation du pouvoir, est sur le point de choisir les voies de l’indiscipline, de l’individualisme, de la spéculation et de la « combinazzione » aux divers échelons, parait cependant prête à suivre un gouvernement qui réagirait avec énergie et mobiliserait ce qui reste en France de ce sentiment national dont les français ne se déprennent pas sans regrets, enverrait deux ou trois classes au-delà de la Méditerranée et inonderait de troupes (pour reprendre l’expression de Mendès-France au sujet de la Tunisie) les trois départements algériens, rassurant non seulement les « colons » mais les musulmans fidèles dont 37 ont été assassinés par les fellaghas…

        Les lettres que m’envoient d’Algérie les jeunes mayennais, en particulier mes propres cousins, laissent l’impression qu’ils se sentent victimes de l’ignorance, de l’irréalisme et de la confusion intellectuelle de ceux qu’ils désignent de ce terme malheureusement imprécis « les chefs »…

      Que représente vraiment pour nous le maintien de l’Algérie dans la France ? » (p,31)

       Vendredi 16 mars (p,31)

      « Guy Mollet a recueilli une majorité écrasante… mais a-telle une signification pratique ? Comment usera-t-il de ces pouvoirs spéciaux que nous lui avons concédés, C’est l’essentiel du problème… »

        En somme si la plupart des élus ne veulent songer qu’à la politique intérieure et à la vie quotidienne du Parlement, les plus lucides se convainquent qu’il n’y a pas d’issue concevable au drame algérien et voient l’avenir en noir… »  (p,33)

Robert Buron est de plus en plus perplexe sur le dossier algérien.

      « Mais alors, où est mon devoir ? Les français ne semblent pas voir la situation telle qu’elle est là-bas – sauf certains peut-être, tels mes petits mayennais appelés ou rappelés.

       Faut-il tenter de leur ouvrir les yeux et comment y parvenir ? » (p,40)

       Mon commentaire

      A cette date, j’avais fait ma première expérience de l’Afrique au nord du Togo et au sud, pendant un stage de six mois. A Sansanné-Mango, j’y avais rencontré Robert Buron qui s’acquittait d’une mission parlementaire aux côtés d’un député communiste et d’un député radical-socialiste.

     J’avais participé en cours du dîner à une conversation très ouverte sur l’évolution du continent africain et sur la décolonisation annoncée, dans une optique de coopération ouverte avec les nouveaux Etats en gestation.

        Du fait du mandat international de tutelle que la France y exerçait encore, la République du Togo expérimentait en quelque sorte les outils institutionnels des nouveaux Etats indépendants.

     Comme j’en fis à nouveau l’’expérience ailleurs, en Algérie, ou à Madagascar, ça n’était pas la France !

        Jean Pierre Renaud  – Tous droits réservés

L’économie électorale pour les nuls! – La start-up Macron du nouveau marché! -Un vrai conte pour enfants!

La start-up Macron du nouveau marché !

Un vrai conte pour enfants !

            Le 8 mai 2016, le candidat Macron va fêter Jeanne d’Arc à Orléans.

            Avait-il entendu des voix, celle d’un « roi » qui croyait encore qu’il pourrait être le sauveur de la France, comme s’il pouvait être le lointain successeur du roi Charles VII ?

            Une fois son mouvement lancé, et ce nouveau marché défriché,  le fondateur de la nouvelle start-up politique, une « première », lance successivement ses appels de concours au soutien électoral.

            Le premier de la classe, pour qui ? A l’écouter ! Toujours dans le « grand oral » ?

            Il va à Alger à la rencontre de la dictature FLN, pour courtiser le vote des électeurs d’origine immigrée, en décrétant que la colonisation était un « crime contre l’humanité ».

            Une fois la première manche gagnée, il trace un parcours intelligent et bien balisé d’hommages aux groupes de pression dont il pense avoir besoin pour collecter d’autres concours de soutien électoral, à nouveau le vote des électeurs d’origine immigrée à Sarcelles, le « quartier sensible » cher à Strauss-Kahn, ou celui des juifs avec sa visite au musée de la Shoah.

        A son dernier grand meeting parisien, pourquoi ne pas regretter qu’il n’ait pas cru devoir déployer toute la brochette de la nomenclature politique qui le soutient, en même temps qu’elle est très largement responsable des succès électoraux du Front National ?

       Les médias ont d’ailleurs été d’une grande discrétion dans leurs images ou dans leurs comptes rendus sur la présence ou l’absence des nombreuses éminences politiques de gauche ou de droite du « système » dont la dénonciation fait la fortune électorale de cette nouvelle start-up, à la conquête d’un nouveau marché.

     J’aimerais simplement attirer les lecteurs sur les quelques-unes des chroniques que j’ai publiées sur le sujet et sur ce blog, depuis 2011, dont au moins deux étaient intitulées « Au loup, au loup, le Front National arrive ! »

      La faute à qui ? Dites-moi !

     Tout le problème pour cette start-up, cette fusée électorale, va être celui de son retour dans l’atmosphère sur ce nouveau marché politique, à voir le nombre des start-ups de toutes catégories qui jonchent les marchés.

&

Humeur Tique « Au loup ! Au loup ! » Le Front National arrive !

            « Cela fait des années qu’une coalition médiatico-politique fait le jeu du Front National en imposant aux Français et aux Françaises un régime de tabou de la parole, de silence, pour ne pas dire une sorte de terrorisme intellectuel et politique qui ne dit pas son nom.

            Interdit d’aborder les sujets qui fâchent, les immigrations du Sud et celles de l’Europe de l’Est, les demandeurs d’asile, l’acquisition de la nationalité et de la bi-nationalité, le fonctionnement libéral de l’Europe, etc…, sauf à se voir aussitôt accusé d’être un suppôt affiché ou clandestin de cette formation politique !

            Depuis des années, le Front National n’a donc pas eu besoin de dépenser beaucoup d’argent pour faire sa propagande, étant donné que ses nombreux adversaires, de bonne ou de mauvaise foi, faisaient à sa place, la propagande qui lui était nécessaire.

            Faute d’avoir eu le courage d’ouvrir tout grands ces dossiers et de leur apporter des réponses, les mêmes de cette coalition médiatico-politique voient effectivement le loup arriver dans une France en pleine crise morale, politique, économique, et sociale, sur le terrain favorable de toutes sortes de peurs, vraies ou fausses. » (8/10/2013)

Jean Pierre Renaud

La repentance postcoloniale avec le prix Goncourt Jérôme Ferrari

Réflexions d’un prix Goncourt sur une repentance « postcoloniale » qui ne dit pas son nom : la chronique de Jérôme Ferrari intitulée « Repentance et héritage » parue dans le journal La Croix, « La dernière page », le 4 avril 2016

Pourquoi ne pas proposer « Le sermon sur la chute de Rome » pour un prix d’histoire corse ?

            Je vous avouerai en tout premier lieu que le titre de cette chronique m’a surpris, étant donné qu’il s’agit d’un sujet polémique rebattu depuis de longues années, et que, a priori, il s’agit plus d’un sujet d’histoire que de philosophie, mais soit !

          Les deux concepts du titre mériteraient déjà d’être définis, car la repentance fait référence d’abord au monde religieux, le péché,  les «  filles repenties » des siècles passés, alors que le concept d’héritage a un sens ambivalent aussi bien matériel, avant tout, qu’intellectuel ou spirituel.

            J’avais lu dans un lointain passé quelques prix Goncourt dont le décor et l’intrigue se déroulaient dans les mondes coloniaux, « les Civilisés » de Claude Farrère, « Batouala » de René Maran, ou encore « La condition humaine » d’André Malraux, pour ne citer que ces quelques exemples.

                Lisant le contenu de cette chronique dont les références coloniales et postcoloniales à la fois annoncées,  « l’ampleur des crimes de la colonisation », et d’autres, sous-entendues, j’ai cru devoir faire une exception à la règle que je me suis depuis longtemps fixée de n’acheter aucun livre propulsé par les concurrences éditoriales dans le flot médiatique du moment.

              J’ai donc acheté le livre intitulé « Le sermon sur la chute de Rome », en me disant que j’allais y trouver réponse à mes questions sur les sources romanesques auxquelles avait pu faire appel notre philosophe, en tout cas coloniales ou postcoloniales, compte tenu des postulats posés par la chronique en question.

           Pourquoi pas, avant toute analyse, une remarque préalable, étant donné l’importance que les Corses  donnent à juste titre à leur culture et à leur histoire?

            A lire cette chronique et le texte du prix Goncourt,  et compte tenu des « origines » de l’auteur, certains lecteurs trouveront sans doute qu’il n’a pas été très charitable pour la famille corse qu’il met en scène, en lui faisant porter une lourde responsabilité coloniale, les « crimes  coloniaux », et les « mains trempées de sang ».

         Détrompez- vous, chers amis, les Corses des colonies françaises n’ont pas tous été des buveurs de sang !

       Le contenu –  Analysons brièvement le contenu de cette chronique dont l’intitulé annonce déjà le programme, la repentance, un terme à la mode dans certains milieux politico-médiatiques de chercheurs intoxiqués par la mode d’une nouvelle histoire de France autoflagellante, d’après laquelle notre pays aurait été historiquement une terre de péchés, au moins au temps de la colonisation.

       L’auteur écrit : « Quand a-t-on commencé à fustiger la « repentance ». Si ma mémoire est bonne, j’enseignais encore en Algérie quand je ne sais quel parlementaire avait eu l’idée géniale de parler du rôle positif de la colonisation ou plutôt – délicieux euphémisme – de la présence française… puisqu’on avait le choix qu’entre le repentir et la revendication cynique, mieux valait choisir cette dernière option, même si elle entrainait une relecture pour le moins hardie de notre histoire. Pourtant, à l’époque déjà, cette alternative ne me semblait pas du tout pertinente: j’étais pleinement conscient de l’ampleur des crimes de la décolonisation et je ne me promenais pas cependant dans Alger la tête recouverte d’un sac de cendres en suppliant les passants de me pardonner. »

        Eureka !  Pas de « sac de cendres » ! Pas besoin de se faire « pardonner », d’aller se confesser ! Mais de quoi ?

      Le romancier philosophe apaise ses états d’âme en faisant référence aux propos de Pierre Joxe, lequel explique que « c’est d’une certaine façon normal qu’un Français de 50 ans ou a fortiori plus jeune ne se sente aucune responsabilité dans le passé colonial de la France, dans les crimes qui ont été commis à cette époque dans différentes régions du monde. Mais d’un autre côté, c’est une illusion parce que l’histoire d’un peuple est globale. Elle est l’histoire des générations d’avant… Moi, je ne ressens pas une position d’accusateur. Je l’ai eu quand j’étais jeune, dans des mouvements étudiants anticolonialistes, j’étais accusateur, oui, de ceux qui étaient auteurs de crimes. A présent, je ne me sens héritier de cela, mais pas responsable, ni coupable. »

         « Assumer son héritage n’a rien à voir avec le repentir car il n’existe rien de tel qu’une responsabilité morale collective. »

           Il est bien dommage que le chroniqueur n’ait pas demandé à Pierre Joxe plus de précisions sur les conditions de son service militaire à Alger, dans les années qui ont précédé l’indépendance.

             Le chroniqueur poursuit, en sa qualité de professeur de philosophie, une comparaison audacieuse avec la situation de l’Allemagne : « En 1945, Karl Jaspers a donné un cours incroyablement lucide et courageux publié chez Minuit sous le titre «  La culpabilité allemande ». Il y distingue notamment la culpabilité juridique, qui concerne uniquement ceux qui se sont rendus coupables de crimes, de la culpabilité (1) politique, qui concerne un peuple tout entier, en tant que tel, y compris, Jaspers lui-même, bien qu’il ait été antinazi. »

            L’auteur précise dans une note de bas de page (1) : «  Dans le second cas, le terme de culpabilité n’a de sens que parce que le public auquel s’adresse Jaspers a connu le nazisme. Il ne convient bien sûr plus pour les générations suivantes et doit être remplacé par celui de responsabilité ou d’héritage. »

             Une comparaison audacieuse, pour ne pas dire une assimilation tout à fait suspecte, inacceptable entre les deux problématiques de l’Allemagne nazie et de la France coloniale.

             En référence implicite, ce type de réflexion « philosophique » confond naturellement le domaine algérien et le domaine colonial, une confusion qui arrange aussi le promoteur bien connu d’une soi-disant guerre des mémoires qui n’a jamais fait l’objet d’une validation scientifique.

          Je me suis demandé quels étaient les fondements du raisonnement philosophique proposé, quelles en étaient les sources ? Son passé familial, l’expérience d’un jeune professeur de philo à Alger à la fin du siècle passé, plus de trente ou quarante ans après les accords d’Evian, et quelques années après la deuxième guerre civile qui a ensanglanté l’Algérie ?

         Faute de mieux, j’ai analysé le contenu du roman « Le sermon sur la chute de Rome », un titre qui se propose de mettre le récit sous le patronage de Saint Augustin, dont la pensée, si j’ai bien compris, a nourri les études du romancier.

        Rien qu’à lire le titre, il y avait en effet de quoi toucher beaucoup de lecteurs, Rome, Saint Augustin, et la comparaison entre la chute d’un empire, colonial français, plutôt bref, qui eut beaucoup de mal à exister, même en Algérie, et celui de la Rome qui a duré plusieurs siècles.

            Une écriture allante, un roman qui entortille habilement l’histoire de deux jeunes corses autour du gros fil conducteur de la pensée augustinienne.

            Les deux « héros » en question, Mathieu et Libero, désertent leurs études, reviennent en Corse pour y tenir un bar, lequel devient très rapidement un refuge de beuveries et de débauches, avec ce qu’il faut de références coloniales, un père, Marcel,  qui fut à un moment donné de sa vie, fonctionnaire de l’Afrique coloniale, un oncle qui fut sous-officier colonial, avec inévitablement un séjour en Indochine, et « ses trafics abominables » (page 71), puis en Algérie, un autre parent officier, le capitaine André Degorce, qui fut également en Algérie (« la seule compagnie de ses mains trempées de sang » (p,145), une sœur, Aurélie qui fait évidemment des recherches archéologiques à Hippone, et qui connait Alger, avec pour finir l’émasculation de Pierre Emmanuel et l’assassinat du coupable, Virgile Ordioni, par Libero.

            Le roman n’est pas inintéressant, mais un lecteur qui dispose d’un minimum de culture coloniale ne peut s’empêcher de voir dans le fil de cette lecture qui se veut « augustinienne », le choix d’un décor, celui de la fin de l’empire colonial français, une intrigue truffée de ce qu’il faut d’ingrédients pseudo-historiques au gré de son fil idéologique, avec la question : que l’auteur de ce prix Goncourt connait-il de l’histoire coloniale française qui ne serait faite que de « crimes coloniaux » bien sûr, car la thèse idéologique qu’il défend est celle d’une France historiquement criminelle ?

            Le contenu du roman a au moins le mérite de faire référence à la multiplicité des relations coloniales qui existèrent entre la Corse et les colonies, et à leur rôle non négligeable, car les Corses y furent très présents pendant toute la période de l’empire.

            Décor de roman ou décor d’histoire ? Décor  de roman ou décor idéologique ? Pour l’inscrire dans un courant idéologique à la mode, même s’il commence à décliner, celui d’une histoire de France qui met en scène la célébration d’un culte victimaire, quel qu’il soit ?

            Au début de cette petite analyse, j’ai cité quelques-uns des prix Goncourt dont les auteurs avaient au moins le mérite d’une vraie expérience historique de témoins et d’acteurs.

         A la fin de son livre, l’auteur remercie les personnes qui lui ont apporté leur concours, notamment Jean-Alain Hauser : « Jean-Alain Hauser m’a permis de m’initier aux mystères conjoints de l’administration coloniale et des maladies tropicales dont jj me suis permis de déformer les symptômes en fonction de critères que je n’ose pas qualifier d’esthétiques ».

        Il convient de reconnaitre en effet que l’évocation de l’AOF coloniale est également toute en déformation.

      Et pourquoi ne pas conclure ces réflexions par celles-ci ?

1 – En dépit de tout ce que ces propagandistes racontent sur une France coupable de tous les maux de la terre, ils devraient se demander pourquoi tant d’Algériens et d’Algériennes sont venus se réfugier dans notre pays pendant la guerre islamiste des années 1990.

2- A voir tout autant beaucoup de jeunes algériens ou algériennes manifester leur désir ou leur volonté de venir dans notre pays, pourquoi ne pas se demander s’ils partagent aussi ce dégoût de l’histoire de notre pays ?

3- Le jour viendra, qui ne saurait beaucoup tarder, où les thuriféraires de ces mémoires tronquées et frelatées se trouveront discrédités, et où l’histoire rendra justice à tous ces citoyens de France qui se sont mis au service des habitants d’outre-mer, y compris pendant la guerre d’Algérie.

4- Enfin le vœu, si cela n’a pas déjà été fait, que le roman se voie couronner d’un Prix littéraire corse !!!

            Pour terminer, j’aimerais dire ma surprise, et sans être nécessairement bégueule,  de voir l’auteur en question publier une chronique hebdomadaire dans un journal comme La Croix, au risque d’y voir une recommandation faite aux bonnes paroisses de France de faire l’acquisition d’un ouvrage qui est aussi un hymne à la débauche.

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Guerre au Mali entre Paris et Alger: une très bonne nouvelle!

Le Monde du 23 mai 2014, page 8

 » Paris et Alger engagent un partenariat militaire

Les deux armées ont mené les premières opérations coordonnées au nord du Mali »

        A plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion de faire observer sur ce blog que la France avait engagé nos forces armées au Mali au début de l’année 2013 dans des conditions contestables à la fois sur le plan historique, international, et démocratique.

         Il était tout de même très étrange de voir la France intervenir au Sahel sans que l’Algérie ne soit pas, au prélable, sollicitée pour y être associée.