III – Propagande postcoloniale contre propagande coloniale : le livre « Images et Colonies
I – Exploration Conquête Exotisme 1880-1914 (pages 15-72)
57 pages et 167 images
J’ai récapitulé ci-après le nom des auteurs et le titre des contributions qui figurent dans cette partie I
Anne Hugon : « Conquête et exploration en Afrique Noire »
(p,18 à 24 – 23 images) : I = oui – Ex = oui – Prop. = non
Philippe David : « Les cartes postales sur l’Afrique noire française » (p,24 à 26 – 6 images) : I = oui – Ex = oui – Prop.= non
Laurent Gervereau : « L’exotisme » (p,26 à 47 – 62 images ) : I = oui –
– Ex = oui – Prop. = non
Citons un extrait de texte d’autant plus intéressant que son auteur a été une des chevilles ouvrières de l’ouvrage pour la BDIC, aux côtés de l’Achac :
« Reprenant notre précédent essai de catégorisation, « nos cercles concentriques » de l’exotisme, nous débuterons par ce que l’on peut appeler le « fantasme exotique ».
Il est le fait, durant notre période (1880-1914) de la quasi-totalité des illustrations de presse et d’ouvrages (nous venons de le constater), il s’appuie sur trois axes ; la violence, l’exotisme, l’étrangeté. Ce sont ces trois termes qui se conjuguent dans ce qui fut appelé la « peinture d’histoire » ». (p,39)
Question : exotisme ou propagande ?
Lynne Thorton : « La Villa Abd-El-Tif et les peintres orientalistes français » (p,48,49 – 5 images) – I =oui – Ex = oui – Prop.= non
Cette communication est d’autant plus intéressante qu’elle met en lumière la richesse des images coloniales de l’Algérie et leur ancienneté que Monsieur Pierre-François Souyri a ignorées en esquissant une comparaison hardie entre la colonisation de la Corée et celle de l’Algérie. (voir blog du 20/08/15)
Françoise Raison-Jourde : « Images missionnaires et propagande coloniale » (p, 50 à 57- 16 images) : I – oui – ex = oui – Prop. = non
Cette contribution s’intéresse surtout au cas de Madagascar.
Nous sommes ici dans un domaine ambigu, sinon contradictoire, car paradoxalement et faute d’y mettre l’argent public nécessaire, les gouvernements laïcs de la Troisième République ne voyaient que des avantages à ce que les missions suppléent à leur défaillance.
L’auteure conclut : « Les images des lointains îlots de chrétienté et de leurs héroïques bergers atténuent la virulence de cet –épisode- et confortent la revendication d’éternité dans le temps d’universalité dans l’espace qui est propre au christianisme. » (p,57)
Yann Holo : « L’œuvre civilisatrice de l’image par l’image » (p, 58 à 65- 22 images) :I = oui – ex = oui – Prop. = oui, mais avec quels effets, aucun avant 1914, et après ?
L’auteur écrit en effet : « … jusqu’à la première guerre mondiale, la grande majorité des Français reste indifférente à l’Empire. » (p58)
L’auteur décrit les traits de ce type d’action, le « génie colonisateur », l’Evangile du Progrès », l’ « après-Sedan », « Le Parti colonial à la conquête de l’opinion » avec les trois pôles, le parlementaire, l’intellectuel, l’Union Coloniale, mais souligne :
« Malgré ses efforts, la question coloniale reste absente des programmes du primaire et du secondaire et c’est seulement dans les années 20 que l’étude des colonies progresse dans le cadre de l’enseignement de la morale et surtout de l’histoire géographie. … Avec une rhétorique manichéenne (p,62)
« L’image du bon Noir se substituant ensuite à celle du sauvage. » (p,62, 64)
« Le discours civilisateur, fondamentalement positiviste et raciste, traverse toute la période coloniale… En effet, les représentations des « bienfaits de la colonisation », des progrès techniques, apportés par le colonisateur dominent l’imagerie coloniale jusqu’aux indépendances. » (p, 65)
Commentaire : une sorte de survol de la période, quelque peu contradictoire.
Yves Galupeau : « L’Afrique en images dans les manuels élémentaires d’histoire (1880-1969) » (p, 66 à 70 – 12 images) :
I = oui – ex = oui – Prop. = non
Noter que la période étudiée va au-delà de cette première phase chronologique.
L’auteur propose un tableau statistique sous le titre « La conquête de l’Afrique : ventilation relative des images % » avec le découpage chronologique suivant : 1880-99 ; 1900-18 ; 1919-29 ; 1930-44 ; 1945-62 ; 1963-69. L’Algérie représente la part principale de ces images, plus de 70% entre 1880 et 1929.
L’auteur précise à la fin de son étude, en note 2 : « Pour la période ici retenue, l’analyse repose sur un corpus iconographique d’environ 1 300 images extraites de près de 250 manuels. » (p, 69)
L’auteur introduit son texte ainsi : « Contrairement à l’idée qu’on peut s’en faire en parcourant hâtivement quelques manuels anciens, l’iconographie des livres élémentaires d’histoire – et a fortiori celle inspirée, pendant près d’un siècle par les colonies françaises d’Afrique – ne se réduit nullement à la répétition indéfinie d’une poignée de stéréotypes. »
… « Une ample moisson de lauriers : tel est le premier bénéfice que les français semblent avoir retiré de l’aventure coloniale…Indéniablement, le légendaire colonial des manuels d’histoire est prioritairement un légendaire militaire….De ce point de vue, l’inflexion majeure, dans l’ensemble du corpus, correspond à l’exigence nouvelle, vers 1930, d’une version moins brutale, plus diplomatique de la conquête….Cette exaltation, sans nuance, de l’œuvre civile de la colonisation, s’inscrit dans le même contexte et la même chronologie….les élèves n’ont aperçu dans leurs livres d’histoire la face cachée de la domination coloniale. L’image qu’on leur proposait ainsi de l’univers colonial était assurément mythique voire onirique ; mais il n’est pas indifférent de noter que ce rêve n’était pas de pure domination et d’exclusion, mais de ressemblance et, en définitive, d’égalité, dès lors toutefois que le modèle fut la métropole. » (p,68)
« Gilles Manceron « Le missionnaire à barbe noire et l’enseignant laïque » (p,68-70- 8 images)– I = oui – Ex = ? – Prop. = ?
D’entrée de jeu, l’enseignant décrit le paradoxe de l’enseignement colonial : « N’est-il pas paradoxal que la grande période de construction de l’Empire colonial français, de 1880 à 1914, ait été à la fois, en politique intérieure française, une période d’affrontements intenses entre le parti clérical et le camp laïque, et en matière de politique coloniale, une période de consensus global entre les deux grands courants de l’opinion… Selon le mot de Gambetta, l’anticléricalisme ne devait pas être un article d’exportation. » (p,70)
J’écrirais volontiers faute de mieux, compte tenu du système de financement de la colonisation choisi par la France, le même self-suffering que celui des Anglais.
Commentaire : pas de quoi produire le miracle du fameux « bain colonial » !
III – Propagande postcoloniale contre propagande coloniale : le livre « Images et Colonies »
II – « Quand les Africains combattaient en France en 1914-1918 » (p, 72 à 96)
24 pages et 56 images
Question préalable : cette période a-t-elle sa place dans ce type d’exercice d’évaluation historique ?
Cela dit, et à cette occasion, les Français et les Françaises ont pu faire connaissance avec le monde noir, celui des tirailleurs africains, avec des contacts souvent sympathiques, à l’opposé de la condition qui était faite aux Noirs en Allemagne, et chez nos amis américains.
Ajouterais-je que beaucoup de ces tirailleurs, pour ceux qui furent de retour dans leur pays, des intermédiaires irremplaçables entre leurs peuples et l’administration coloniale et des interprètes influents.
Ne s’agirait-il pas d’un cas paradoxal de propagande coloniale positive ?
Hans-Jürgen Lüsebrink « Les troupes coloniales dans la guerre : présences, imaginaires et représentations » (p, 72 à 90 – 30 images)
I = oui – Ex = non – Prop. = ?
Question : quelle est la représentativité historique de cette période de guerre qui rend difficile toute comparaison dans les mouvements longs de l’histoire ?
Marc Michel « L’image du soldat noir » (p,86,90 – 11 images)
I = oui – Ex= non – Prop. = oui dans le sens opposé au discours Achac.
« L’imagerie du soldat noir de la Première Guerre mondiale a donc été abondante et variée. Elle témoigna d’une grande activité de la propagande, mais également d’un intérêt nouveau du public métropolitain envers les hommes de l’Empire. Cet intérêt fut beaucoup moins malsain que ne le laissent entendre les gloses ultérieures, une curiosité plus empreinte de bienveillance pour les hommes et d’admiration pour les combattants, que d’hostilité, mais évidemment un regard ambigu parce que profondément imprégné de condescendance raciale et très peu curieux, finalement des Africains pour eux-mêmes. Au total, une imagerie fonctionnelle, beaucoup plus que désintéressée. Rendons lui cependant cette justice, la condescendance raciale ne déboucha jamais sur la volonté de ségrégation raciale. » (p90)
Laure Barbizet Namer « Ombres et lumières portées sur les Africains Peintures, gravures, illustrations, cartes postales » (p,91à 96 – 16 images)
I = oui – Ex = oui – Prop. = ?
Rendons hommage tout d’abord à l’auteure pour son éclairage statistique, mais convient-il de rapprocher le chiffre ci-dessous de celui du million de documents cités par Pascal Blanchard ?
500 000 documents sur le million cité, soit la moitié sélectionnés pour la totalité de la période 1880-1962 ?
« A partir de la collection du musée d’histoire contemporaine qui regroupe 500 000 documents sur la Première guerre mondiale, on abordera les différents supports de ces images, puis les thèmes qui les traversent. » (p,91)
« Les supports – L’Africain est peu représenté sur les affiches…Pour en finir avec les chiffres, concluons par la sous-représentation évidente des coloniaux par rapport au corpus initial – ils ne sont présents que dans une image sur mille – alors que l’effectif des soldats provenant d’Afrique avoisinait 2% des effectifs. »
Venant d’’Afrique noire ou du Maghreb, que l’auteure évoque ensuite dans « Les Thèmes » ?
Josée Violette « De l’imaginaire à l’humain » (p,96 – 2 images) :I = oui – ex = non – Prop. = ?
Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés