En 1993, j’ai publié chez L’Harmattan, un livre intitulé « Paris, un Etat dans l’Etat ».
Ce livre décrivait dans le détail les institutions parisiennes et montrait comment la Ville de Paris exerçait, sous de multiples formes, au sein même de l’Etat central, national, la puissance d’un autre Etat.
En 1997, dans un autre livre intitulé « La méthode Chirac », j’exposais la façon et les méthodes utilisées par Chirac pour faire de la Ville de Paris qu’il administrait sa plateforme de conquête du pouvoir présidentiel.
A l’époque, ma longue pratique des institutions parisiennes et de leurs relations ambiguës avec le pouvoir central occupé par la gauche ou la droite, apportait la preuve des multiples connivences politiques de gestion, que l’alternance de la droite et de la gauche au pouvoir, n’a jamais fait cesser.
J’ai décrit les grandes difficultés que le contrôle de légalité préfectoral des actes et délibérations de la ville et du département de Paris rencontraient pour être exécuté.
Une sorte de négociation qui ne disait pas son nom s’engageait sous l’épée de Damoclès du délai des deux mois de contestation légale possible, un délai qui arrangeait bien certaines affaires, d’autant plus que les services de contrôle étaient submergés par un flux incontrôlable d’actes et délibérations de toute nature.
A cette époque, le tribunal administratif était exceptionnellement saisi.
La juridiction administrative a été saisie de la piétonisation des voies sur berge, et c’est une bonne chose, car dans l’exercice de mes compétences d’alors, j’aurais effectivement proposé de saisir le Tribunal administratif pour annuler cette décision.
Est-ce que c’est le Préfet, représentant de l’Etat central qui a saisi la juridiction administrative ?
Comme je l’ai déjà écrit sur ce blog, comment admettre que la Ville de Paris opère une « privatisation » publique d’un domaine public qui n’est pas le sien, parce qu’il s’agit d’une voie de circulation d’intérêt national et régional, d’une voie de circulation capitale pour tout ce qui concerne la sécurité, l’économie, la santé, les loisirs et les échanges humains en général ?
Les élus de Paris oublieraient-ils l’exigence de solidarité citoyenne avec les habitants de banlieue ?
A mes yeux, cette piétonisation faisait litière de l’intérêt général, du bien commun national et régional, et dans la logique politique de cette équipe municipale, cette décision était clairement antisociale pour les habitants de banlieue.
Au fur et à mesure des évolutions politiques ou institutionnelles qui se sont produites à Paris, en Ile de France, ou dans le pays, une nouvelle forme d’Etat s’est développée : « Paris, un Etat Bobo dans un Etat Bobo », sous le signe de nouvelles connivences.
Depuis l’enquête publique en plein été 2011, j’ai manifesté à plusieurs reprises mon opposition à cette privatisation, laquelle constitue un véritable « fait accompli » juridique et politique.
Sommes-nous encore au Moyen Age ou au siècle des « blanchisseuses » de Paris ?
Il semblerait en tout cas que le « fait du prince » prospère toujours !
Jean Pierre Renaud
Petit post-scriptum : sans parenté avec le chanteur Renaud et son clip Les Bobos.