La revue du 14 juillet 2010 et l’Europe en cachette

La revue du 14 juillet 2010

L’Europe en arrière-plan, plus que les « indépendances » !

            Je n’avais plus remis les pieds sur les Champs Elysées pour assister au défilé du 14 juillet depuis de longues années. Cette année, je voulais, donner la possibilité d’en faire voir, au moins un, à mes petits enfants.

            Je n’ai jamais été militariste, mais j’ai toujours respecté l’Armée, et j’ai regretté la suppression du service militaire par Chirac, un des rares outils qui existait pour brasser les Français issus de toutes les classes sociales, formidable instrument de prévention qui manque tant dans certains de nos quartiers.

            Je n’ai, jamais, et non plus, sous-estimé l’importance des forces armées dans les relations internationales.

            Vous dirai-je que j’ai été impressionné par la démonstration militaire à laquelle j’ai assisté ? Mais en même temps, je me suis une fois de plus interrogé sur notre capacité à soutenir un tel effort, surdimensionné par rapport à celui de nos voisins européens, anglais mis à part.

            C’est donc bien vers une armée européenne qu’il faut aller en donnant toute sa puissance aux accords de défense déjà passés en Europe.

L’Europe en cachette

            Il ne se passe pas une semaine, sans qu’un journal n’évoque le projet d’une nouvelle adhésion d’un pays à l’Union Européenne, le Monde du 28 juillet pour l’Islande, celui du 29 juillet pour la Turquie avec l’intervention tonitruante du Premier Ministre Britannique en faveur de l’entrée de la Turquie, ou enfin le Figaro du 12 août dernier, avec la décision qu’ont prise certains de nos partenaires d’accorder un passeport européen aux millions de leurs ressortissants qui n’habitent pas dans l’Union.

            Est-ce bien sérieux ? Quelle Europe voulons-nous ? Une Europe sans limite ?

            Le Monde du 28 juillet évoquait le dossier de l’Islande, mais sans nous éclairer sur les conséquences de son adhésion éventuelle sur la nature et le fonctionnement des institutions. L’Europe, nouveau « machin » international, pour reprendre un des mots de de Gaulle au sujet de l’ONU ? Une Europe qui n’est pas efficace à 27, et qui voguerait vers les 30 et plus ?

            Décidément, nos responsables politiques sont devenus fous : les Anglais auront réussi  à faire de l’Europe un grand marché libéral, mais alors, il faut repenser  les objectifs et tailler dans la machine administrative et politique qui parait déjà fonctionner comme une usine à gaz.

14 juillet 2010, Madagascar, les indépendances, et la Françafrique

« Les ambiguïtés d’un 14 juillet africain »

Editorial du Monde du 8 juillet 2010

La Françafrique ?

Madagascar : la Françafrique et le président « immature » !

            Dirais-je que, pour une fois, j’adhère complètement au contenu de cet éditorial, et notamment à sa conclusion :

            «  La France aurait gagné, au contraire, à saisir l’occasion du cinquantenaire pour affirmer sa rupture définitive avec le post-colonialisme et considérer ses anciennes possessions comme des partenaires et non comme des obligés. En un mot, normaliser sa relation avec l’Afrique. »

            La situation de Madagascar est à cet égard à la fois symbolique et caricaturale : une autorité soi-disant de transition (depuis février 2009) parvenue au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, et soutenue, qu’on le veuille ou non, par la France, au risque de compromettre définitivement les liens républicains qui auraient pu unir le destin des deux pays. Comment voulez-vous inspirer confiance aux jeunes malgaches ?

            Alors que penser de cette Françafrique, encore entre les mains d’un petit

club d’hommes étroitement liés par des intérêts politiques et économiques, grâce à l’entregent, en parallèle, d’anciens personnages politiques dont les intérêts sont entremêlés avec ceux bien concrets d’un petit club d’entreprises, qui considèrent encore que ces territoires font partie de leur chasse gardée !

            Une Françafrique ignorée par un Parlement aveugle et complice !

            Quel est l’intérêt économique de cette fameuse Françafrique, et quel est son coût politique ?

            Mais cher ami, et le prestige ? Et la grandeur de la France ?

            Mais nous ne sommes plus aux siècles de Louis XIV, de Napoléon, de Jules Ferry, ou même de de Gaulle !

            Et le prestige et la grandeur de la France feraient meilleur ménage, au vingt et unième siècle, avec la démocratie, la république, et les droits de l’homme !

            Et pourquoi la mascarade continue ? Parce qu’aujourd’hui comme hier, les Français ne sont pas concernés par les enjeux de la Françafrique, laissant ces jeux « futiles » de politique internationale à leurs politiques, et d’intérêts bien compris pour les autres, c’est d’ailleurs bien dommage.

            Et pour ceux qui, comme moi, ont une certaine culture de l’histoire coloniale, l’histoire de France se répète, et la politique française de l’outre mer, hier les colonies, aujourd’hui les « indépendances », est entre les mains d’un petit club d’hommes ou de femmes, et pas du tout entre celles des citoyens français, qui, comme hier, ont le tort de ne pas s’y intéresser.

Jean Pierre Renaud