« Le fer à repasser » postcolonial ? Pourquoi pas?

Les mystères de l’histoire postcoloniale : « Le fer à repasser ou « l’inconscient collectif » colonial, dans le journal la Croix du 22 décembre 2015

            Au cours des années passées, j’avais constaté, avec une certaine curiosité et surprise, que des historiennes, tout à la fois coloniales et postcoloniales, plutôt connues dans leur monde savant, proposaient à leurs lecteurs de découvrir qu’une des clés de la compréhension d’une histoire coloniale, qui intéressait peu de monde, était l’existence d’un « inconscient collectif », colonial, qui logeait clandestinement dans les profondeurs de la conscience des Français et des Françaises.

           Dans  les livres qu’ils ont publiés, les chercheurs du collectif Blanchard ont, également, et à maintes occasions, fait appel à cet « outil » historique de nature magique pour convaincre le lecteur que la France, tout au long de la période coloniale, a été imprégnée, sans en avoir conscience, de l’idéologie coloniale, une véritable immersion dans le fameux « bain colonial ».

            Pourquoi ne pas rapprocher ce « bain colonial » du bain des reines de Madagascar, le fandroana, à l’issue duquel le bon peuple de la Grande Ile, était aspergé par l’eau lustrale de ce bain royal ?

            Il est superflu de rappeler aussi que l’historien Stora s’inscrit dans ce courant de pensée de la psy-histoire.

        Je désespérais d’avoir un jour la divine surprise, pour ne pas dire magique,  c’est-à-dire la preuve que cet inconscient collectif existait bien. 

        Eureka ! La lecture d’un des billets d’Alain Rémond, publié dans le journal la Croix, du 22 décembre dernier, intitulé « Le fer à repasser » m’a évidemment rassuré, sauf à indiquer que son auteur ne m’a pas encore communiqué les références de sa source, si ce sondage a été effectivement effectué.

         Il conviendrait de citer en entier le contenu de ce billet spirituel, mais je me contenterai de quelques citations :

         « C’est un chiffre qui donne le vertige. 23,8% des Français redoutent d’avoir un fer à repasser à Noël, selon un sondage tout ce qu’il y a de plus sérieux…. D’où vient cette peur irrationnelle du fer à repasser à Noël, qui depuis des siècles et des siècles, traumatise l’inconscient collectif des Français ? La peur du fer à repasser à Noël durera-t-elle jusqu’à la fin des temps, comme quoi le ciel et la terre  passeront, le fer à repasser ne passera pas ? Je pose juste la question. »

         Grâce au fer à repasser, faux plis et mauvais plis coloniaux ou postcoloniaux, ont donc du souci à se faire !!!

         L’occasion m’est donc donnée de publier le chapitre 9 du livre « Supercherie coloniale », intitulé « Le ça colonial ! L’inconscient collectif !… », afin d’apporter ma modeste contribution à ce débat digne des théosophies les plus  obscures.

        Il s’agit du livre que j’ai pris la peine de publier moi-même en 2008, compte tenu, entre autres, du refus très poli d’un grand éditeur de la place, féru d’histoire, lequel, en toute conscience, s’interdisait de mêler sa voix à l’agitation historique ou mémorielle, au choix, qui agitait la petite planète des chercheurs postcoloniaux.

        Compte tenu du nombre des visites qui ont fréquenté mon blog en 2015, plus de 3.400, pourquoi ne pas ouvrir la nouvelle année par cette première publication, la deuxième (une réédition), étant consacrée à la « mémoire collective » tout aussi introuvable dans les sondages de toute nature et de tout acabit qui tombent chaque jour sur nos tables, comme les balles à Gravelotte.

        En ce qui concerne « la guerre des mémoires » qui ravagerait notre pays, et qui concerne avant tout l’Algérie, l’IFOP a effectué une enquête sur la mémoire de la guerre d’Algérie, commanditée à la fois par la Fondation Jean Jaurès et par le journal Le Monde.

              Comme je m’en suis expliqué sur ce blog, le 17 novembre 2014, il s’agit d’une enquête méritoire, une première sur le sujet peut-être, mais dont une partie de la méthodologie statistique prête sérieusement à discussion.

            Les résultats de cette enquête ont été publiés dans Le Monde du 31 octobre 2014, sous le titre

               « Les passions s’apaisent sur la guerre d’Algérie 

Soixante ans après le début du conflit, l’IFOP a sondé les Français pour « Le Monde » et la Fondation Jean Jaurès »

          Comment ne pas rappeler à tous ces chercheurs qui mettent en avant le concept de mémoire dans le domaine de l’histoire coloniale et postcoloniale, en tout cas, qu’ils seraient bien inspirés de faire des enquêtes de mémoire statistiquement sérieuses, plutôt que d’avancer des théories sans preuves ?

           C’est une demande que j’ai souvent formulée, mais sans succès, et lorsqu’une enquête mémorielle a enfin été effectuée, comme celle relatée plus haut, son ambition portait sur la mémoire algérienne chère à Monsieur Stora et non à la mémoire coloniale dans son ensemble.

         La deuxième publication aura donc pour titre « La guerre des mémoires », un article que j’ai publié le 11 novembre 2007 sur le blog « Etudes coloniales »

       L’ancien directeur des journaux Le Monde et La Croix, Monsieur Frappat, vient de publier un article intitulé « Souvenirs longue portée » à la gloire de la thèse idéologico-mémo-historique que défend Monsieur Stora sur la ou les mémoires coloniales.

           Seul problème, mais de taille, il s’agit d’une thèse idéologique sans évaluation statistique, sans enquête mémorielle sérieuse, une thèse qui fait appel à toute une panoplie d’outils qui manquent incontestablement de pertinence scientifique.

         Je l’ai fait savoir par courrier au très honorable Monsieur Frappat.

         Au cours des prochaines semaines, je me propose donc de publier aussi  une lettre adressée aux Psy, docteurs en histoire coloniale ou post coloniale, une interprétation libre de la BD Bidu-Cauvin publiée dans Spirou et intitulée :

« Dites- moi tout »

Jean Pierre Renaud

2015 : les Ecolos Out ?

La COP 21 a été un succès, il faut le reconnaître, même s’il sera nécessaire d’être très attentif à la mise en œuvre de cet accord mondial.

            ll convient toutefois de noter que la conférence semble avoir mis entre parenthèses, un sujet tabou, facteur inévitable du réchauffement climatique : l’évolution de la démographie mondiale.

        Mais où sont passés les Ecolos au cours de cette COP 21?

       Disappeared,  José Bové ?

        Disappeared, Eva Joly ?

        Disappeared, Cécile Duflot ?

          « Nous nous sommes quelque peu fossilisés » a-t-elle confessé dans le Monde du 16 décembre dernier : dans quelle ère géologique ?

           A la trappe ! Alors même que Nicolas Hulot s’érigeait en conseiller technique du pouvoir politique, et que lui-même avait été le candidat écolo écarté par les Ecolos aux dernières élections présidentielles.

          Depuis plusieurs dizaines d’années, les Ecolos de France, toujours en dispute, en conciles, en petits cénacles de disputes d’égo, en train de se marier et de divorcer d’avec les socialistes, n’ont jamais réussi à fonder un véritable mouvement comparable à celui des Verts allemands.

       Avec deux conclusions :

       & L’écologie française aurait gagné à rester une grande association d’idées et de propositions, un groupe de pression efficace au sein de la société française, plutôt que de s’embourber dans des formations politiques sans avenir.

       & A tort ou à raison, mais plutôt à raison, les Français pensent que  de deux choses l’une, ou  les Ecolos adorent trop les joutes verbales interminables, ou les Ecolos adorent trop les prébendes que tel ou tel soutien politique du jour leur vaut.

      Dernier exemple, les appels du pied de Placé !

Jean Pierre Renaud

Tous nos voeux aux habitants d’une Grande Ile en souffrance, Madagascar ! 2016, l’année du renouveau ?

        Pour avoir noué des liens familiaux avec la Grande Ile, il y a plus de cinquante années,  et pour avoir observé attentivement l’évolution de ce pays, l’élite officielle ou les élites non officielles qui ont gouverné Madagascar, ont, trop souvent, cédé au goût de l’argent facile ou d’un pouvoir pris ou conservé par la force.

            Au mieux, il s’est agi de la fausse résolution de discussions byzantines politiques interminables qu’adorent  les malgaches, dans le cadre des combinaisons politiques changeantes  les plus improbables.

Ces élites ou pseudo-élites n’ont pas été dignes de leur pays.

            Madagascar a en effet connu, depuis plus de quarante ans, une évolution catastrophique et détestable, alors que ce pays bénéficie de beaucoup d’atouts humains et économiques, avec la chance d’avoir encore une élite, en partie encore saine, que beaucoup d’autres pays lui envieraient.

            Il y donc bien quelque chose de « pourri » dans ce beau pays, et je reconnais qu’il doit être difficile pour des citoyens malgaches honnêtes, dévoués à la chose publique, d’accepter de travailler aux côtés d’une autre élite trop souvent corrompue.

            Pourtant, et à voir les nombreux documentaires que diffuse souvent la télévision, entre autres,  le dernier sur « Echappées Belles France 5 », le 19 décembre 2015, sous le titre «  Madagascar, à la recherche d’un monde perdu », il est possible de se poser la bonne  question : de quel monde perdu s’agit-il ?

            2016 doit donc être l’année du renouveau, et pour une partie de cette élite intègre qui existe bien, d’assumer son devoir national, c’est à dire prendre en mains les destinées de ce pays pour la construction d’un monde malgache « nouveau ».

            C’est le vœu que nous formons !

Jean Pierre Renaud

La déchéance de nationalité : un débat typiquement français

         Je ne suis pas sûr que les citoyens y comprennent quoique ce soit dans ce débat.

            A gauche, on nous dit que cette mesure créera deux catégories de citoyens, mais n’est-ce pas déjà le cas pour tous les citoyens qui jouissent d’une double nationalité ? Avec les droits et obligations de deux nationalités ? Avec éventuellement deux passeports, deux cartes électorales, deux régimes d’assurances sociales, etc… ?

            Une situation de citoyen binational à géométrie variable pour chacun des pays d’origine, et sans doute en fonction de conventions internationales qu’il conviendrait peut-être de réviser ?

            Ce qui veut dire aussi que cette question se pose en effet en raison de conditions d’attribution de la nationalité française qu’il conviendrait de réexaminer au cas par cas.

            Afin d’éviter toute méprise sur ce sujet très complexe, pourquoi les pouvoirs publics ne rendraient pas publics, au cas par cas, pays par pays, le régime juridique qui est en vigueur ?

          Qu’en est-il par  exemple avec les pays de l’Union Européenne, les Etats-Unis, Israël, la Turquie, les pays du Maghreb, la Chine, le Mali ou le Sénégal ?

           Ceci dit il s’agit de toute façon d’une mesure symbolique, et il serait préférable de décider que les Français à nationalité simple ou double qui auraient porté les armes contre notre pays relèvent purement et simplement de la justice militaire.

Jean Pierre Renaud

« Comment peut-on être Français » dans la nouvelle « multinationale » France ?

« Comment peut-on être Français » dans la nouvelle  « multinationale » France ?

Nationalité, Bi-nationalité, Déchéance de la Nationalité Française : la France des faux-culs !

Etat d’urgence, djihad, libertés, sécurité, disputes constitutionnelles, juridiques,  politiques, toutes incompréhensibles pour le commun des mortels…

        Comment est-il possible de demander au Parlement de la République française de résoudre un problème, de lui apporter une solution, sans lui communiquer les données de ce problème, c’est-à-dire les statistiques officielles de la bi-nationalité dans notre pays ?

         Oui, mais ces chiffres sont tabous, et relèvent quasiment du  « secret défense » !

        M. Patrick Simon, socio-démographe à l’INED vient de déclarer dans le journal Le Monde :

        « Mais il n’existe ni fichier ni recensement des Français à double nationalité ».

           Au cours des dernières années, et sauf erreur, M. Goasguen a présidé une commission parlementaire sur le sujet, mais son rapport est resté top secret.

          Je persiste à penser que sur ces sujets d’intérêt national les gouvernements et leurs majorités, qu’ils soient de droite ou de gauche, prennent les Français pour des cons.

         La nouvelle « multinationale » France ne mériterait-elle pas encore plus d’attention, quant à la composition  de son capital, à son fonctionnement,  et à son contrôle, que les grandes multinationales capitalistiques du monde qui font la pluie et le beau temps dans le monde d’aujourd’hui ?

Jean Pierre Renaud

L’indépendance de la Corse et de la Martinique, pourquoi pas? Par réferendum!


            Depuis des dizaines et des dizaines d’années, la France entretient un dossier politique, économique et financier pourri, faute pour les gouvernements successifs de la République d’avoir eu le courage de poser clairement la question :

            Etes-vous pour l’indépendance de la Corse ?

            Etes-vous pour l’indépendance de la Martinique ?

            Qu’on en  finisse une bonne fois pour toutes de ces débats interminables qui frisent le plus souvent le chantage !

            L’indépendance de la Corse et de la Martinique, pourquoi pas ?

          Mais en toute clarté sur le plan des relations politiques, économiques et financières à établir avec ces nouvelles entités étrangères, afin de mettre un point final à une discussion de marchands de tapis au cours de laquelle nos nouveaux partenaires n’assumeraient pas la totalité des charges que leur imposerait cette nouvelle forme de leur Etat.

           Il serait dommage de ne pas rappeler l’épisode de la décolonisation des années 1958-1960, sous l’autorité du général de Gaulle, lequel disant à Sékou Touré, l’homme fort de la Guinée, « A prendre ou à laisser »

          Le 9 août 1958, sur Radio Dakar, Sékou Touré avait alors déclaré que « son amour propre pour la dignité de l’Afrique a été choquée ».

           Pour ceux ou celles qui ont la mémoire courte, rappelons  que Sékou Touré fut un des dictateurs sanguinaires de l’histoire africaine.

Jean Pierre Renaud

« Français et Africains ? » frederick Cooper Epilogue

« Français et Africains ? »

Frederick Cooper

Epilogue

            Les lecteurs qui ont eu le courage de lire le livre très fouillé de Frederick Cooper, ou mon analyse critique de la thèse qu’il défend sur la décolonisation de l’Afrique noire, ont peut-être eu l’impression d’être submergés par un débat qu’on a plutôt l’habitude de trouver dans des enceintes universitaires, avec des enjeux de droit public, de droit constitutionnel, de droit international propres à nourrir de belles joutes politico-juridiques.

            A lire le texte Cooper, le lecteur a pu aussi en tirer la conclusion que les débats qui ont animé la décolonisation sont restés dans un monde d’abstractions, même si ces abstractions pouvaient trop souvent cacher des intérêts très concrets.Premier détour de pensée avec une interprétation stratégique de la décolonisation : une propension naturelle à la décolonisation

         Pourquoi tout d’abord ne pas passer cette thèse savante au crible des grands concepts de la stratégie, tels que la position, la disposition, la situation, la propension des choses, tels que définis par Sun Tzu ou par Clausewitz, en éclairant ce type d’analyse par la lecture moderne des livres du sinologue François Jullien sur le même type de sujet, notamment le « Traité de l’efficacité » ?

         Dans le cas de la décolonisation, en faisant appel à la fois à des concepts stratégiques ou à des concepts chinois tels que « Le cours spontané des choses » (p,116), ou « L’eau est ce qui se rapproche le plus de la voie » (p,201), tout incline à penser que l’évolution historique des relations entre la France et l’Afrique noire ne pouvait guère être différente de ce qu’elle a été.

        Il existait une propension des choses à la décolonisation telle qu’elle s’est déroulée.

        Cette interprétation a déjà été esquissée dans ma lecture critique.Deuxième détour avec le « cours des choses », ou la « voie » réelle

            Concrètement, ce type de débat ne pouvait traduire les réalités du moment, l’état des relations humaines existant, sur le terrain, à tel ou tel moment, entre les Français et les Africains, en résumé, les situations coloniales de l’Afrique de l’ouest et de la métropole, pour ne pas parler de l’Algérie, des protectorats et autres colonies.

            Il s’est agi de palabres interminables tenus dans les hautes sphères des pouvoirs, incompréhensibles, aussi bien en France qu’en Afrique noire, pour l’immense majorité de leurs habitants.

            Dans les années 1950, la Maison de la France d’Outre- Mer,  à la Cité Internationale universitaire du boulevard Jourdan, accueillait la fine fleur des nouvelles élites africaines venues faire leurs études à Paris.

            Nombreux ont été les témoins, pour ne pas dire les spectateurs, qui ont pu assister à des assemblées générales successives, interminables, et houleuses, très politisées, au cours desquelles des étudiants africains se livraient à des joutes oratoires effrénées et passionnées.

       A tour de rôle, les orateurs stigmatisaient le colonialisme et encensaient le marxisme-léninisme ou le maoïsme. On sait ce qu’il en est advenu dans la plupart des anciennes colonies, une fois venus au pouvoir la plupart de ces étudiants.

       Pour ne citer qu’un exemple de rédemption coloniale, l’histoire malgache a connu un amiral rouge qui a tenté de faire une expérience de développement maoïste à la chinoise, une entreprise sans aucun lendemain.

      Le même dirigeant « révolutionnaire » coule encore des jours heureux dans une grande ville de la vieille Europe.

       Pour reprendre une expression à mon avis malheureuse que semble affectionner Mme Coquery-Vidrovitch, « history from below » (p,17),  « histoire vue d’en bas » (p,35), « vue par le bas » (p, 41), pour ne citer que quelques-unes des expressions tirées de son petit livre sur « Les enjeux politiques de l’histoire coloniale », je dirais volontiers que le livre de Frederick Cooper est le fruit d’une histoire d’en haut, une histoire des idées des grands lettrés de l’époque, aussi bien pour les Français que pour les Africains, ce que l’intéressé ne nie d’ailleurs pas.

         Dans un livre très intéressant, « La fin des terroirs », Eugen Weber proposait le même type de critique historique à l’encontre de la plupart des historiens qui ont étudié la France de la fin du dix-neuvième siècle, plus tournés vers le monde des villes, pour ne pas dire d’abord Paris, celui des minorités lettrées, que vers celui des campagnes encore arriérées de France.

      Dans la préface de ce dernier livre, Mona Ozouf note : 

        « … comment par exemple, un livre aussi informé que celui d’Antoine Prost sur l’enseignement, se demande- t-il, a-t- il pu faire l’impasse sur les obstacles que les langues minoritaires opposaient, sous la III° République encore, à l’alphabétisation de la France. » (p,V)

        Ce n’est qu’à la fin du dix-neuvième siècle, notamment grâce à l’école publique, puis avec la première guerre mondiale, que la France vit naître une certaine unité nationale.

       Dans un de leurs livres, « Culture coloniale », les chercheurs de l’école Blanchard ont eu l’impudence scientifique d’intituler une partie de leur ouvrage, tout approximatif : « 1 Imprégnation d’une culture (1871-1914) », un titre que leurs auteurs seraient bien en peine de justifier par une exploitation sérieuse des sources historiques de l’époque.

            En deçà ou au-delà, de ces très savantes palabres, comment parler des belles histoires de relations humaines qui ont existé entre Africains et Français tout au long de la période coloniale, car comme l’écrivait Hampâté Bâ, tout ne fut pas que blanc ou que noir dans cette histoire commune ?

            De belles histoires humaines dans les villes ou dans la brousse, très souvent, dans les commandements des cercles (les préfectures), dans l’armée, dans les écoles, dans les missions, dans les entreprises, dans les hôpitaux, les dispensaires, aussi bien dans la brousse que dans les nouvelles cités, etc …,

            Il faut avoir lu beaucoup de récits d’officiers, d’administrateurs de la première phase de l’exploration et de la conquête, ceux par exemple de Binger juché sur son bœuf pour traverser une Afrique occidentale encore à peine ouverte sur le monde extérieur, de Péroz sur le Niger dans l’empire de Samory ou dans le delta du Tonkin au contact de ses habitants, de Baratier lors de son expédition vers Fachoda, pour comprendre ce que fut cette histoire à hauteur d’homme et la qualité des relations humaines qui furent alors nouées.

            Au cours de la période de colonisation elle-même, les exemples de ces relations humaines furent innombrables.

            Pour reprendre un des mots préférés de Frederick Cooper, il existait à la base, de très multiples « connexions » humaines, de vraies relations d’affection entre êtres humains, et aussi, pourquoi ne pas le dire, de belles histoires d’amour.

            Je conclurais volontiers en écrivant que c’est l’existence de ce tissu très dense de bonnes relations humaines qui explique plus que tout le dénouement pacifique de ces relations coloniales avec l’Afrique de l’ouest, à l’exception du Cameroun, et de Madagascar, si on rattache cette grande île à l’Afrique.

            Comment expliquer autrement que les affreux commandants de cercle et chefs de subdivision, tous également colonialistes, bien sûr, aient pu survivre dans la brousse, même la nuit, dans des résidences grandes ouvertes, seulement protégés,  à quelque distance,  par un gendarme ou quelques gardes-cercles ?

            En ultime conclusion, il est effectivement possible de se poser une des questions que Frederick Cooper soulève dans son avant-propos :

       « Les lecteurs constateront peut-être également un certain « sénégalo-centrisme » (p,11), j’ajouterais, effectivement et sûrement, en même temps qu’un vrai penchant pour une histoire d’en haut, comme l’auteur en fait mention dans son avant-propos, à la page 10 :

      « Ce livre est une étude des élites politiques, des acteurs français et africains se confrontant mutuellement et tentant de mobiliser des partisans dans un contexte où les travailleurs, les agriculteurs et les étudiants, hommes et femmes votaient en nombres sans cesse croissants écrivaient des articles dans la presse africaine, et organisaient des meetings et des manifestations qui contestaient la nature du pouvoir politique. »

       Nous avons proposé aux lecteurs toute une panoplie de sources historiques qui relativisent beaucoup le propos.

       Dans quelle catégorie d’histoire classer le livre de Frederick Cooper ?

       L’auteur écrivait dans son avant-propos :

      « Ceci est un livre sur la politique, en un double sens. Premièrement, c’est un livre sur la politique en tant qu’art des individus et des organisations à amener les gens à faire des choses qu’ils ne voulaient pas, un livre qui montre comment l’entrée de gens différents dans le débat politique changea le cadre dans lequel la politique se déroulait. » (p,9)

          A lire cet ouvrage, il parait difficile d’y voir des gens « faire des choses qu’ils ne voulaient pas » et changer « le cadre dans lequel la politique se déroulait », alors que les situations coloniales, leurs acteurs de l’époque, et que le scénario de la décolonisation suivait imperturbablement son « cours ».

        Une lecture des faits et des idées ? Un essai historique d’interprétation des diplomaties constitutionnelles ? Une interprétation, ou même une exégèse, d’une histoire des relations internationales qui aurait pu tourner autrement ? En faisant l’impasse sur le contexte historique de l’époque, « d’en haut », et d’ « en  bas » ? Avec en plus, cet aveu de « sénagalocentrisme »

       Sommes-nous encore dans l’histoire ? Ou dans l’exégèse politique ?Troisième détour par les « voies » postcoloniales

       Pourquoi ne pas saisir en effet cette occasion pour s’interroger sur la pertinence scientifique et historique de certains discours postcoloniaux ?

      En ma qualité de chercheur historien, libre de toute allégeance, en tout cas, je m’y efforce, j’éprouve presque plus que de la réserve à l’endroit d’une certaine histoire postcoloniale tout à la fois idéologique, anachronique, et  donc non pertinente.

        Que les lecteurs ne se méprennent pas sur le sens de ma lecture critique ! Il ne s’agit pas de ranger la thèse très étoffée et très documentée de Frederick Cooper dans la catégorie de quelques-uns des livres qui sont proposés dans l’histoire postcoloniale, lesquels souffrent soit d’insuffisance ou même d’absence de sources solides, soit d’anachronisme, soit de préjugé idéologique, soit enfin de pertinence scientifique, par défaut d’évaluation des faits analysés, de leurs effets sur l’opinion  publique, ou encore des grandeurs financières ou économiques analysées.

         Donc, ni clés marxistes à découvrir dans ce type de thèse, ni clés d’idéologie humanitariste, d’autoflagellation nationale, laquelle aurait pris la place du marxisme !

        Comment qualifier autrement que d’histoire postcoloniale approximative, celle de l’équipe Blanchard and Co, à partir du moment où les recherches affichées n’accréditent pas un discours effectivement fondé sur des sources statistiques éprouvées ? Comme le savent les sémiologues, il est possible de faire tout dire aux images, et encore plus les historiens, quand elles sont sorties de leur contexte historique, et en ignorant leurs effets sur l’opinion.

       Pourquoi ne pas citer aussi une histoire théoriquement solide, scientifiquement prouvée par un luxe de corrélations et d’outils mathématiques, telle que celle racontée par Mme Huillery, mais avec un manque de pertinence scientifique de certains de ces outils de corrélation, mâtiné d’un fort soupçon de recherche idéologique ? Un soupçon d’autant plus fort que sa thèse enjambe un « trou noir » statistique d’une trentaine d’années,  en gros entre les années 1960 et 1990.

          Il n’est pas vrai en effet, comme l’écrit l’auteure, que la France ait été le fardeau de l’Afrique Occidentale Française, pour reprendre une de ses expressions de langage idéologique, car tel était son but, pourquoi ne pas l’écrire ?

       L’historien d’origine indienne,  Sanjay Subrahmanyam, notait dans son dernier livre « Leçons indiennes » que les maisons d’édition américaines recherchaient des produits qui plaisent au marché, et il est possible de se demander s’il n’en est pas de même dans notre pays.

       Comment ne pas citer certains « produits » d’édition riches en images coloniales, souvent mal interprétées, mal cadrées historiquement, et à leur diffusion et à leurs effets jamais évalués aux époques de leur diffusion?

       Je m’en suis expliqué longuement dans le livre « Supercherie coloniale ».

       Citons un seul exemple tiré du numéro de la revue « l’Histoire » intitulée « La fin des Empires coloniaux » (octobre décembre 2010), dans un article signé Jean Frémigaci et intitulé «  Madagascar : la grande révolte de 1947 » (pages 64 à 67). 

      Cette revue reproduit une photo intitulée «  Le travail forcé » (page 67)

      Avec pour commentaire : « La chaise à porteurs, instrument et symbole de la domination coloniale. Le travail forcé fut généralisé dans l’île entre 1916 et 1924 puis à nouveau pendant la Seconde Guerre mondiale (carte postale vers 1910). »

      On y voit coiffé du casque colonial blanc, un administrateur ou un officier  tout de blanc vêtu,  juché sur un filanzana, la chaise à quatre porteurs malgache qu’empruntait l’aristocratie de ce pays pour se déplacer, bien avant l’arrivée des Français, en signalant  qu’à l’époque de la conquête (1895- 1896), et encore longtemps plus tard, il n’existait dans la Grande Ile, ni pistes, ni routes, et encore moins de lignes de chemin de fer.

      Comment ne pas noter enfin pour apprécier toute la valeur de ce type de manipulation historique, qu’à la même époque, la  chaise à porteur ne faisait pas le déshonneur de l’Asie, pas plus d’ailleurs que les pousse-pousse que les responsables de cette revue ont d’ailleurs pu admirer ces dernières années sur la plus belle avenue du monde, nos Champs Elysées, ne font aujourd’hui le déshonneur de la France ?

       Le vent du large des historiens : pour conclure sur un mode détendu, une certaine pertinence historique nous viendrait, peut-être de nos jours de l’étranger, des rives du grand Ouest, ou de celles du continent indien, libre de toute attache liée aujourd’hui à un passé colonial ignoré de la grande majorité des Français et des anciens peuples colonisés, donc loin des explications franco-françaises fondées sur un « inconscient collectif », jamais sondé, (Coquery-Vidrovitch), ou sur une « mémoire collective », jamais mesurée, (Stora), des explications hypothéquées, soit par la guerre d’Algérie, soit par l’esprit de repentance .

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

A Paris, l’équipe Hidalgo met en pièces le droit à construire!

A Paris, l’équipe Hidalgo met en pièces le droit de construire : plus de parkings ! Le Parisien du 6 décembre 2016, Paris page III

« La mini-révolution des immeubles sans parking »

Ou la violation du Plan Local d’Urbanisme !

            Hier, Madame Hidalgo loue les catacombes à la société Airbnb qui taille des croupières dans le droit et la fiscalité des locations, y compris dans l’hôtellerie parisienne, en favorisant toutes les opérations de locations au noir.

             Aujourd’hui, la maire délivre des permis de construire qui ne sont plus astreints à l’obligation ancienne de construction de parkings, une règle tout à fait sage du Plan Local d’Urbanisme, donc en violant une disposition protectrice du bien vivre parisien.

          Le but était évidemment d’éviter que les habitants des immeubles nouvellement construits, fassent stationner leurs véhicules n’importe où, ce qui est déjà, et bien souvent le cas, avec à l’évidence une aggravation de cette pollution et de cette inégalité entre contribuables, si la Ville persévère dans cette mauvaise « voie ».

         Je cite :

          « Normalement » le PLU contraint les promoteurs à créer une place de stationnement par tranche de 100 m2 . « On sait, précise jan Brossat, que cette disposition est un frein à la construction…

       Reste que la Ville n’entend pas en rester là. »Nous allons modifier le PLU en début d’année au Conseil de Paris », prévient Jan Brossat, histoire d’officialiser la tendance. »

    Moralité : la Ville viole une bonne disposition de l’urbanisme parisien, avec une conception tout à fait curieuse de la vie démocratique, puisque d’après l’Adjoint Brossat, elle serait assurée de voir cette violation entérinée par le  Conseil de Paris.

    Vraiment, une bien curieuse conception à la fois du bien vivre à Paris et du bon droit qui y est applicable !

     Les élus parisiens donnent l’exemple de l’irresponsabilité publique, tout à la fois juridique et morale.           

   Jean Pierre Renaud

Elections communales… régionales: le théâtre d’ombres démocratiques

Elections communales, départementales, et aujourd’hui régionales : le théâtre d’ombres d’une Vème République en plein délabrement démocratique !

            La vie politique française vient d’atteindre le stade de l’absurdité, en transformant un scrutin régional en scrutin politique national, un vote de défiance, faute pour le Président de disposer d’une majorité au niveau national, et successivement aux trois niveaux de l’administration locale.

            Les électeurs y ont vu l’occasion de manifester leur colère, à l’endroit du pouvoir, et compte tenu de leur colère à l’égard du pouvoir, les électeurs ont choisi de le sanctionner.

            La Présidence actuelle a commencé à gouverner le pays sur la base d’un diagnostic erroné de la situation économique et sociale de la France en 2012,  puis mis en œuvre une stratégie flottante, et a manifesté une incapacité à voir en face les problèmes nés d’une immigration insuffisamment contrôlée, à tenter de faire réformer une Union européenne ouverte à tous les vents, sans aucune colonne vertébrale, et bien sûr incapable de porter le message politique de la puissance qui est la sienne, chaque pays continuant à agir de son côté…

            Les initiatives du Président dans le domaine de la politique étrangère de la France montrent qu’elle continue  à faire cavalier seul, comme si elle disposait d’une puissance militaire capable de faire valoir les soi-disant  responsabilités de justicier international qu’elle revendique.

            En dépit des gesticulations de com’ quotidiennes de notre Président, les dernières élections ont démontré, une fois de plus, qu’il ne disposait pas d’une majorité politique pour gouverner, avec la dernière gesticulation, qui ne trompait personne, celle de sa visite du porte-avions Charles de Gaulle.

        Dans un tel cas de figure, c’est-à-dire dans un régime démocratique de nature républicaine, la sagesse voudrait que le Président sollicite à nouveau la confiance du peuple.  

            Jean Pierre Renaud

Alerte sur notre enseignement! Le feu est dans la maison de la République!

   Dans les banlieues franciliennes, nos jeunes enseignants sont victimes de l’incurie du Ministère de l’Education Nationale, pour ne pas dire de tous les gouvernements successifs depuis de nombreuses années.

           Une jeune femme de notre entourage familial, motivée pour l’enseignement, vient de démissionner de l’Education Nationale, au début de la deuxième année d’exercice de son métier, dans une Zone d’Education Prioritaire d’Ile de France, pour ne pas dire au cœur des quartiers dits sensibles.

         Dans des classes de sixième et quatrième du Val de Marne, en  français, elle a fait l’amer constat que trop d’élèves ne savent ni lire, ni écrire en français, et qu’au surplus, on lui demande de faire la classe à des élèves difficiles, assez souvent mal élevés, en face desquels l’enseignement est un véritable combat, avec des classes qui comptent beaucoup trop d’élèves.

        Constat : nos jeunes enseignants ne sont pas recrutés pour affronter ce type de challenge scolaire, pour autant que des enseignants chevronnés puissent faire mieux qu’eux, dans cette sorte de jungle sociale.

       Les concours actuels sont inadaptés aux métiers concrètement  pratiqués.

       A écouter le témoignage de cette jeune femme qui avait choisi le métier d’enseigner à nos enfants, un beau métier, il est possible de mieux comprendre à quelle distance interplanétaire se situaient les discours savants sur le contenu des programmes, avec la grande controverse sur la place du grec ou du latin.

      On comprend beaucoup mieux aussi l’absence de communication de statistiques sur la pérennité des recrutements de la part de ce ministère.

     Mille millions de mille sabords ! Aurait-on entendu de la bouche du capitaine Haddock dans Tintin !

Jean Pierre et Marie Christine Renaud