« Le choc des décolonisations » – « Le fiasco des décolonisations » -Pierre Vermeren Première Partie

Le choc des décolonisations

Première Partie

I « Le fiasco des décolonisations » (p,15)

          L’auteur brosse l’évolution historique de la décolonisation des anciennes colonies françaises et conclut au fiasco, pourquoi pas ?

          Mais pouvait-il en être autrement en Afrique noire, compte tenu de l’état de l’ensemble de ses structures en 1960, comme évoqué plus haut ?

       Tout tourne en effet autour du diagnostic qu’il était alors possible de porter sur la situation de ces pays, leurs situations coloniales, sujet sur lequel j’ai publié quelques chroniques.

        Il m’est arrivé de citer les analyses du géographe Richard-Molard sur une  Afrique de l’Ouest qu’il connaissait, son immensité, sa diversité, son éparpillement humain, une sorte d’anarchie qui ne disait pas son nom.

     La France mit en place une sorte de superstructure bureaucratique, artificielle, un Etat colonial, qui ne tenait pas bien compte des réalités ethniques, et qui ne pouvait en tenir compte, mais était-il possible de faire autrement ?

     D’où « La balkanisation de l’Afrique française » (p,48) et ses dérives à partir des années 1960 :

     « La colonisation a vécu, discrètement poussée par une France qui veut tourner la page, et se débarrasser de la question coloniale à l’ONU. Mais ses dirigeants comptent bien garder une marge de manœuvre et de puissance au sein de chaque territoire. En Afrique, les utopies fédéralistes se sont évaporées face aux séductions de l’Etat-nation et des privilèges qu’il confère (gouvernement, palais et ministères, limousines et indemnités, capitale, représentations diplomatiques et onusienne, aide internationale…) Partout, l’heure est à la construction de l’Etat et de sa bureaucratie militaro-administrative. » (p,49)

         Il est évident que, faute pour ce type d’Etat de pouvoir s’adosser à une structure de cohésion religieuse, idéologique, ou monarchique, à un vécu collectif fait de croyances et de mythes communs, le potentiel de dérives autoritaires ou dictatoriales, favorisé par la mosaïque de ses peuples, était élevé.

       L’auteur montre bien comment ce type d’adossement a  pu fonctionner au Maroc, et je continue à penser qu’il aurait pu en être aussi ainsi avec la monarchie malgache et l’empire d’Annam, faute pour la France d’avoir, toujours et partout, voulu répéter son modèle centralisé de gouvernance.

      Rappelons par ailleurs que jusqu’en 1945, la politique coloniale de l’avant FIDES était fondée sur le principe de l’autofinancement colonial, comme celle des Anglais, et qu’en 1960, le nombre des acculturés, c’est-à-dire celui des élites locales, était très faible.

      Les Etats coloniaux ne constituaient pas ce qu’on appelait des Etats-nations, compte tenu de la faiblesse des facteurs de cohésion religieuse et culturelle, économique et  sociale, pour autant d’ailleurs que l’Europe, l’Asie, les Amériques ou l’Union Soviétique puissent exhiber de leur côté ce type d’Etat.

      Comparativement, est-il possible de donner la date à laquelle la France elle-même devint un véritable Etat Nation ?

     « L’armée, pilier de l’Etat postcolonial » (p, 58)

      Le « modèle colonial » ?

     « Car au-delà de l’aspect institutionnel, le modèle colonial s’impose dans les têtes et dans les corps. L’armée incarne l’autorité et la souveraineté dont se réclame le nouvel Etat indépendant…. L’aspect mimétique est majeur dans cet avènement, car l’adoption du modèle militaire se fait toujours sur le mode l’armée coloniale (formation, uniforme, grade, commandement, armement…. L’«interopérabilité » reste la norme avec l’ancienne armée coloniale. » (p,59)

« …le modèle colonial s’impose dans les têtes et dans les corps » ? C’est peut-être beaucoup dire ! Faute d’autre chose !

       Peu de temps après les indépendances, les élites de ces nouveaux Etats mirent leurs pays sous le régime du parti unique, même au Sénégal, avec Senghor, un catholique, alors que le Sénégal vivait sous l’ombrelle de cohésion religieuse de la Confrérie des Mourides. L’auteur écrit : « Chef d’un régime présidentiel à poigne, nous verrons que Senghor demeure un chef d’Etat atypique » : j’ajouterais dans une situation postcoloniale et ancienne situation coloniale également atypique, l’ancienneté de la colonisation, l’existence des quatre communes de plein exercice, une bureaucratie puissante, celle de l’ancienne AOF, un Etat relié au monde extérieur, etc… (p,55)

      L’auteur note plus loin ; « L’exception sénégalaise, un allié modéré dans la guerre froide… un cas unique dans le pré carré » (p,75)

       Le Sénégal n’est pas représentatif des autres Etats d’Afrique noire.

      Les partis uniques s’adossèrent d’abord aux syndicats qui constituaient, lors de l’indépendance, une des rares structures socio-écomico-politiques de niveau national.

       L’auteur évoque des situations coloniales différentes de celles de l’Afrique noire, celles du Maghreb, hors Algérie, où l’évolution put s’appuyer sur d’autres points d’appui que les syndicats ou l’armée, notamment au Maroc, que l’auteur connait bien.

       Face à ces partis uniques d’abord à base syndicale, l’armée constituait le seul contre-pouvoir, et ce sont les élites militaires qui s’emparèrent rapidement du pouvoir, dans un contexte de guerre froide (Chapitre IV « Sous le couvercle de la guerre froide » (p,63) , de la Françafrique (« Naissance de la France-Afrique ou Françafrique » (p, 68)…le bras armé d’Elf Aquitaine (arrosant les partis politiques), d’un clientélisme socio-culturel très prégnant en Afrique, le tout débouchant avec Mitterrand sur les mirages de la Conférence de la Baule (1990). (Chapitre V Depuis La Baule, liberté des élites, silence et violence pour les peuples. (p,83) « Est-ce un faux semblant ou un tournant ? (p,84)… « Un quart de siècle après La Baule, la marche forcée vers la démocratie n’a pas eu lieu. » (p,84)

     L’auteur note à propos des dérives de la Françafrique : « Cet aspect financier est essentiel dans le discrédit de la Françafrique depuis la fin de la guerre. » (p,72)… le Gabon « pivot des intérêts mafieux » (p,73)

     Un de mes vieux camarades de promotion, bon connaisseur des relations entretenues à cette époque entre la France et ses anciennes colonies, me faisait récemment remarquer qu’il y a eu, historiquement, plusieurs formes de Françafrique.

    A la page 63, l’auteur écrit :

     « Sans que l’opinion française ne le réalise vraiment, les conflits de décolonisation de la France sont devenu des conflits de guerre froide…. Puis l’Algérie devient à son tour un conflit secondaire de guerre froide, surtout après Suez en 1956, même si les choses sont indirectes… Pour les officiers français de retour d’Indochine après Diên Biên Phu, le FLN est une organisation « communiste. » (p,63,64)

     L’auteur cite le rôle de la stratégie contre-insurrectionnelle alors mise en œuvre, et souligne le rôle de l’officier David Galula dans la définition de ce type de stratégie. Comme je l’ai écrit ailleurs sur ce blog, 1) le capitaine Galula n’a jamais servi en Indochine, mais il fréquenta le continent chinois pendant plusieurs années, les premières années de la révolution communiste, 2) Galula n’a pas été un des concepteurs les plus importants de cette doctrine, et le mérite qui lui est attribué est sans doute dû au fait que son épouse fut une journaliste américaine bien  introduite.

      « Jusqu’en 1989, l’ancien empire colonial est un des champs clos de la guerre froide » (p,64)

       « La France devient le premier acteur de la guerre froide en Afrique ».(p,66)

        La description de cette évolution aurait été encore plus intéressante avec une comparaison avec la décolonisation britannique, ou d’autres, qu’il serait difficile de qualifier de décolonisation heureuse, voir la guerre de Malaisie, le désastre de la séparation de l’Inde musulmane de l’Inde hindouiste, l’apartheid de l’Afrique du Sud…

      L’auteur consacre de bonnes pages aux suites de la guerre d’Algérie : « Le brutal désengagement de la France en Algérie » (le chaos) p,40,41), « Règlements de compte et chasse aux harkis » (p, 42), « Le temps des colonels » (p,43)

       Sont également intéressantes les pages consacrées à la deuxième guerre civile de l’Algérie dans les années 1992-2000, (page 89), , 96,97) « La « décennie noire » d’Algérie plante un nouveau décor au sud de la Méditerranée » (p, 96,97) avec ses 200.000 morts.

    Une information intéressante, car la même chape de plomb du FLN règne sur cet épisode aussi dramatique que sur la guerre d’Algérie, une première guerre civile qui ne disait pas son nom non plus.

     « La lutte contre l’islamisme, nouvelle martingale de l’autoritarisme dans le monde arabe » (p,87)

       Enfin, et pour couronner le tout, l’auteur décrit les effets négatifs de la mondialisation libérale sur ces nouveaux Etats. (p,90) : « Après quinze ans de mondialisation marchande (1995-2005), les dégâts humains en Afrique et au Moyen Orient ont été parfois dramatiques  au sortir de la guerre froide, et les populations restent loin de la classe moyenne mondiale. » (p,95)                                 

        L’auteur conclut son tour d’horizon par le « génocide rwandais » et les « guerres du Congo » (6 millions de morts et 4 millions de personnes déplacées (1994-2003) (p, 101), qui durent encore.

Jean Pierre Renaud

Suffrage universel ? Morale politique et transparence ? Qu’est-ce à dire ?

Un Parti Socialiste défait, un Modem Fantôme, une France-Algérie complice !

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Valeurs ! Valeurs ! Valeurs !

La morale politique ? Que vaut-elle ?

            Le Président, le Premier Ministre, les Ministres, les Secrétaires d’Etat !

            Je regardais une photographie du dernier Conseil des Ministres à l’Elysée, avec près de quarante éminences politiques de gauche, un peu trop sans doute, et je me posais la question de savoir combien d’entre eux avaient soutenu officiellement le candidat socialiste des primaires présidentielles ? Sans rien savoir évidemment de ce qui s’est passé dans le secret des isoloirs.

         Peu à ma connaissance ! Sans évoquer le cas des députés et sénateurs !

            Sans doute, les deux détectives infatigables D et D du journal Le Monde  nous en diront plus sur le sujet un de ces jours prochains, compte tenu du talent qu’ils ont su déployer récemment pour violer le « secret » d’une instruction à charge !

      Alors que c’est le Parti Socialiste qui a lancé la folie des primaires présidentielles, en 2012, sans prendre aucune garantie constitutionnelle sur leur déroulement, un scrutin où n’importe qui peut voter pour n’importe qui !

     A mes yeux, le comble de cette farce démocratique, sous le faux drapeau des « valeurs », fut l’aveu dérisoire d’un Président, – j’ai voté pour Macron au premier tour – !

      Un exercice du pouvoir qui en dit long sur les valeurs républicaines et démocratiques que ces gens-là sont censés porter !

Bayrou et son Modem fantôme !

      Le Modem Fantôme, combien de militants inscrits, combien d’élus ?

        Le Modem Fantôme vient de parasiter l’amerrissage de la fusée Macron.

        C’est grave, docteur ?

Un black-out politico-médiatique complice entre France et Algérie !

Des élections législatives ont eu lieu en Algérie.

763 771 électeurs étaient inscrits dans les 186 bureaux de vote ouverts dans les consulats algériens de France.

Silence complet sur le déroulement et les résultats de ces élections dans les médias de notre pays l

Silence on tourne ! En pleine complicité de la sphère médiatico-politique !

          Jean Pierre Renaud

Curiosité de lectures et information des lecteurs


            Over-blog produit chaque mois des statistiques sur le nombre des visites, des pages vues, et des pages les plus visitées.

            Ces informations m’ont permis, en très gros, de voir quels étaient les sujets qui suscitaient le plus de curiosité de la part de mes « visiteurs » ou lecteurs, mais sans rien savoir des motifs de ces consultations.

            Quelques-unes de mes constations au cours des années 2011- 2017 :

        Ont connu de nombreuses visites, mes lectures critiques des œuvres d’Edward Saïd, mes analyses des « sociétés coloniales » et de leur concept historique, et plus récemment mon analyse comparative entre les deux empires coloniaux anglais et français, plus de 1 500 pages les plus visitées en 2016, et 1 907, entre le 1er janvier et le 1er mai 2017.

        Je serais évidemment heureux de connaître les raisons de cette curiosité :  Simple curiosité ? Recherche universitaire ? Culture historique… ?

         D’autres chroniques, en fonction des critères statistiques d’over-blog ont suscité moins de curiosité : mon analyse critique de la thèse historique d’Elise Huillery, que j’ai considérée comme « décalée » sur l’AOF, et plus récemment, celles du livre de Sophie Dulucq sur « Ecrire l’histoire de l’Afrique à l’époque coloniale », dont les analyses nuancées posent la question toute simple de la « servilité » intellectuelle en matière d’histoire.

         Selon les mêmes critères statistiques, ma lecture critique de « La Fin des terroirs » d’Eugen Weber, ne parait pas avoir attiré beaucoup d’attention, alors qu’il s’agit d’une œuvre qui apporte la démonstration d’une relative proximité entre les indigènes des colonies et les indigènes de France jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle, pour reprendre l’appellation d’un certain mouvement politique.

        Il en a été de même pour ma lecture critique du livre de Frederick Cooper « Le colonialisme en question », un livre intéressant, mais dans un registre d’analyse par trop irénique à mes yeux.

      Dans les semaines à venir, je me propose de publier mon analyse critique du livre de Pierre Vermeren, « Le choc des décolonisations », en indiquant que je partage une bonne partie de ses analyses, notamment celle du rôle « idéologique » important dans la France actuelle de la matrice intellectuelle d’Algérie et du Maghreb.

Jean Pierre Renaud

L’économie électorale pour les nuls! – La start-up Macron du nouveau marché! -Un vrai conte pour enfants!

La start-up Macron du nouveau marché !

Un vrai conte pour enfants !

            Le 8 mai 2016, le candidat Macron va fêter Jeanne d’Arc à Orléans.

            Avait-il entendu des voix, celle d’un « roi » qui croyait encore qu’il pourrait être le sauveur de la France, comme s’il pouvait être le lointain successeur du roi Charles VII ?

            Une fois son mouvement lancé, et ce nouveau marché défriché,  le fondateur de la nouvelle start-up politique, une « première », lance successivement ses appels de concours au soutien électoral.

            Le premier de la classe, pour qui ? A l’écouter ! Toujours dans le « grand oral » ?

            Il va à Alger à la rencontre de la dictature FLN, pour courtiser le vote des électeurs d’origine immigrée, en décrétant que la colonisation était un « crime contre l’humanité ».

            Une fois la première manche gagnée, il trace un parcours intelligent et bien balisé d’hommages aux groupes de pression dont il pense avoir besoin pour collecter d’autres concours de soutien électoral, à nouveau le vote des électeurs d’origine immigrée à Sarcelles, le « quartier sensible » cher à Strauss-Kahn, ou celui des juifs avec sa visite au musée de la Shoah.

        A son dernier grand meeting parisien, pourquoi ne pas regretter qu’il n’ait pas cru devoir déployer toute la brochette de la nomenclature politique qui le soutient, en même temps qu’elle est très largement responsable des succès électoraux du Front National ?

       Les médias ont d’ailleurs été d’une grande discrétion dans leurs images ou dans leurs comptes rendus sur la présence ou l’absence des nombreuses éminences politiques de gauche ou de droite du « système » dont la dénonciation fait la fortune électorale de cette nouvelle start-up, à la conquête d’un nouveau marché.

     J’aimerais simplement attirer les lecteurs sur les quelques-unes des chroniques que j’ai publiées sur le sujet et sur ce blog, depuis 2011, dont au moins deux étaient intitulées « Au loup, au loup, le Front National arrive ! »

      La faute à qui ? Dites-moi !

     Tout le problème pour cette start-up, cette fusée électorale, va être celui de son retour dans l’atmosphère sur ce nouveau marché politique, à voir le nombre des start-ups de toutes catégories qui jonchent les marchés.

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Humeur Tique « Au loup ! Au loup ! » Le Front National arrive !

            « Cela fait des années qu’une coalition médiatico-politique fait le jeu du Front National en imposant aux Français et aux Françaises un régime de tabou de la parole, de silence, pour ne pas dire une sorte de terrorisme intellectuel et politique qui ne dit pas son nom.

            Interdit d’aborder les sujets qui fâchent, les immigrations du Sud et celles de l’Europe de l’Est, les demandeurs d’asile, l’acquisition de la nationalité et de la bi-nationalité, le fonctionnement libéral de l’Europe, etc…, sauf à se voir aussitôt accusé d’être un suppôt affiché ou clandestin de cette formation politique !

            Depuis des années, le Front National n’a donc pas eu besoin de dépenser beaucoup d’argent pour faire sa propagande, étant donné que ses nombreux adversaires, de bonne ou de mauvaise foi, faisaient à sa place, la propagande qui lui était nécessaire.

            Faute d’avoir eu le courage d’ouvrir tout grands ces dossiers et de leur apporter des réponses, les mêmes de cette coalition médiatico-politique voient effectivement le loup arriver dans une France en pleine crise morale, politique, économique, et sociale, sur le terrain favorable de toutes sortes de peurs, vraies ou fausses. » (8/10/2013)

Jean Pierre Renaud

Présidentielles 2017, entre France gauche caviar et France rétrograde, le troisième tour !

Présidentielles 2017 : le deuxième et le troisième tour !

Entre un candidat de la France gauche-caviar et une candidate de la France rétrograde, beaucoup de Français et de Françaises voteront blanc ou s’abstiendront !

Ils prendront rendez-vous pour le troisième tour des élections législatives de la France républicaine !

            Les lecteurs de ce blog connaissent l’opinion très critique que j’ai formulée à maintes reprises sur le processus des primaires, cette  nouvelle mode venue des Etats Unis, une mode lancée en 2011 par le think tank socialiste Terra Nova.

        Le 25 janvier 2012, j’ai exprimé longuement les raisons de cette opposition, et j’ai à nouveau commenté de façon négative cette nouvelle mode en vogue, à onze reprises, en 2011, 2012, 2013, 2016, et 2017.

          Deux réflexions : il est tout de même étrange qu’un candidat, pur produit du fameux « système » dénoncé, ait pu sortir les marrons du  feu, et mis par terre les partis politiques dont l’existence et le rôle sont reconnus par la Constitution, avec toutefois, dans son processus, l’interférence du troisième pouvoir, le judiciaire, et du quatrième pouvoir, le médiatique.

         Les électeurs et les électrices de France qui ne se reconnaissent pas dans la France de ces deux candidats n’auront donc d’autre choix que de porter au pouvoir l’Assemblée Nationale de leur raison et de leur cœur.

        Jean Pierre Renaud

Histoire, mémoire, roman, propagande, subversion ? Avec le Club Médiapart Quatrième épisode: « Mémoires dangereuses »

Histoire, mémoire, roman, propagande, subversion ?

Plus d’un demi-siècle plus tard !

Autour des « raisins verts » ?

Quatre chroniques sur la guerre d’Algérie et les accords d’Evian

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Quatrième et dernier épisode

Mémoires « fictives » et « mémoires dangereuses » !

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« L’histoire est un roman qui a été, le roman de l’histoire qui aurait pu être »

« Les Frères Goncourt »

Une suggestion de dissertation pour les élèves des deux professeurs Alexis Jenni et Jérôme Ferrari, au choix, entre « La chute de Rome » et « L’art de la guerre »

« Pour ou contre la lecture des Frères Goncourt d’après laquelle l’un ou l’autre des deux romans n’est qu’ « roman de l’histoire qui aurait pu être », c’est-à-dire la leur ? »

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Quatrième épisode

Mémoires « fictives » et « mémoires dangereuses » !

Au Club de Mediapart, Benjamin Stora et Albert Jenni, dialoguent sur les « mémoires dangereuses »

     « Le Club de Médiapart…

        Les mémoires dangereuses. Extrait d’un dialogue

Extrait des mémoires dangereuses » (Ed Albin Michel, 2016), début du dialogue entre Alexis Jenni de « L’art français de la guerre » (Ed Gallimard) Prix Goncourt, 2011, et Benjamin Stora »

            Il s’agit d’un extrait tout à fait intéressant, parce que symbolique de la production d’un courant intellectuel qui tente encore de tenir un petit pan de l’opinion publique en haleine, pour tout ce qui touche aux pages les plus sombres de l’histoire de notre pays, tout en se défendant du contraire.

            Pourquoi ne pas dire dès le départ que ce type de discours incarne et diffuse une forme de perversion intellectuelle sur l’objet « mémoires » ?

            Rappelons succinctement quelles sont les Tables de la Loi du site Mediapart : une information de qualité, cultivant l’indépendance, la pertinence, et l’exclusivité.

      Qualité ? Soit ! Indépendance ? Un site qui ne serait pas irrigué par une ancienne et continue idéologie tiers-mondiste, ce qui veut dire une forme subtile de « servilité » à une idéologie ? Pertinence ? Nous verrons. Exclusivité ? Il parait difficile d’appliquer ces principes au contenu de ce dialogue, pas uniquement en raison du goût des deux dialoguistes pour tous les médias.

      Ce dialogue draine beaucoup des mots qu’aime utiliser Monsieur Benjamin Stora, en jouant sur les multiples facettes du mot « mémoires », aujourd’hui « dangereuses », hier en « guerre », de nos jours « communautaristes », et récemment avec la profession de foi d’un apôtre de la paix des mémoires, selon une chronique récente du journal La Croix.

      « Le prisme de la guerre d’Algérie…. Une histoire qui a été longtemps occultée

       C’est à si perdre, tant son discours est toujours aussi tonitruant, nourri d’affirmations et de certitudes répétées à satiété sur l’état de ces « mémoires », sans jamais, jusqu’à présent, et sauf erreur, avoir jamais donné la moindre mesure de cette guerre des mémoires. Monsieur Jenni parle de « guerre culturelle ».

      Est-il pertinent de tenir un tel discours mémoriel sans avancer la moindre évaluation des phénomènes décrits ? Non !

            Les mots tonitruants ?

            Monsieur Stora abrite son discours sous le parapluie d’une « histoire du Sud » laquelle ferait l’objet d’un « déni », en évoquant l’existence de trois mémoires celles des rapatriés, des anciens appelés du contingent d’Algérie, et  des enfants ou petits-enfants issus de l’immigration algérienne.

            « Aujourd’hui, la mémoire de cette guerre fait retour, massivement, dans les sociétés, algérienne et française… »

            Il conviendrait d’expliquer par quelle voie cette « histoire » ou cette « mémoire » fait aujourd’hui retour massivement  chez les enfants ou petits-enfants nés après 1962.

            S’agit-il 1) de l’Algérie ou de l’Empire colonial ? 2) de l’opinion du mémorialiste, fils d’un rapatrié de Constantine, ou enfin de la mesure de ce retour massif de la mémoire de cette guerre?

            A lire ce dialogue, la guerre des idées ferait rage, « des affrontements mémoriels d’une grand violence symbolique », « Ce conflit mémoriel », « Cette bataille culturelle », en dépit du « déni », du « refoulement », de la « dénégation » de notre pays, toutes caractéristiques abondamment décrites en chœur par les deux dialoguistes ?

            J’oserais écrire volontiers que ce type de discours ne correspond pas, jusqu’à preuve du contraire, à la situation historique actuelle de notre pays.

            J’oserais écrire une fois de plus que le peuple de France n’a jamais eu la fibre coloniale, que l’empire, sauf exception, n’a jamais été la préoccupation des Français, que la question coloniale a fait irruption dans notre histoire avec la guerre d’Algérie, et de nos jours, avec la présence d’une population d’origine immigrée largement nourrie par l’ancien domaine colonial.

     J’oserais écrire qu’en 1962, la grande majorité des Français et des Françaises ont été contents de se débarrasser du dossier algérien, et qu’à ma connaissance, la France d’alors n’a pas accueilli joyeusement le flot des rapatriés venus d’Algérie, comme s’en rappelle sans doute l’actuel Président  de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration.

            J’oserais écrire que ce type de discours mémoriel est étranger à celui de beaucoup des soldats, sous-officiers, officiers qui ont fait la guerre d’Algérie, faute pour le gouvernement de gauche de l’époque d’avoir su ménager une vraie voie d’évolution politique de l’Algérie.

            Beaucoup d’entre eux ont livré publiquement le fruit de leurs mémoires, et rien n’a été caché, le blanc comme le noir, comme dans toute guerre.

    Jean Pierre Renaud – Première partie

« Mémoires dangereuses » Deuxième partie Club Mediapart

Deuxième partie

        Non Messieurs Stora et Jenni, nous,  anciens soldats du contingent n’avons pas tous torturé, violé les femmes algériennes, fait partie d’une armée soi-disant « coloniale » !

            C’est un mensonge de dire que ces histoires ont fait l’objet d’un déni de la part des Français qui ont été tenus largement au courant de ce qui se passait en Algérie ou dans les autres colonies, pour le petit nombre que la chose concernait et intéressait, car il n’y en avait pas beaucoup.

            Dans la vallée de la Soummam, plus en état d’insécurité qu’à Alger, Oran, ou Constantine, dans les années 1959-1960, il m’est arrivé de pouvoir me procurer le journal Le Monde, lequel n’était pas spécialement tendre, et même honnête, à l’égard de notre action en Algérie.

            Ce type de discours est à mes yeux une forme beaucoup plus subtile et plus massive de propagande que ne l’a jamais été la propagande coloniale.

            L’historienne Sophie Dulucq a consacré une étude approfondie de l’écriture de l’histoire ou de l’historiographie à l’époque coloniale, et tout au long de son ouvrage, comme je l’ai signalé dans ma lecture critique sur ce blog, court un des nombreux fils conducteurs, à savoir la question de savoir si ses rédacteurs étaient soumis à une servilité à l’égard du ou des pouvoirs.

            Ma conclusion était on ne peut plus nuancée, en observant qu’il existait plusieurs sortes de servilité, notamment dans la catégorie idéologique, les quatre plus récentes étant le marxisme, le tiers-mondisme, le marché en monnaie sonnante et trébuchante, et la repentance- victimisation- assistance.

            Le discours mémoriel de Monsieur Stora relève d’au moins une des formes de cette servilité.

            Mais puisqu’il s’agit aussi d’histoire au moins autant que de mémoire, pourquoi ne rangerait-on pas les deux romans de Messieurs Jenni et Ferrari, couronnés tous deux par le prix Goncourt, dans la catégorie des romans historiques, avec deux auteurs qui, avec un réel talent d’écriture, réécrivent un pan de l’histoire de France ?

            Etrangement ces deux romanciers troussent leurs intrigues en mettant en scène une partie de notre histoire coloniale, d’abord celle de la guerre d’Algérie, en donnant vie ou parole à certains de leurs personnages qui émaillent leur récit d’exemples qui généralement ne font pas à honneur à notre pays.

            Seul problème, Monsieur Ferrari n’a connu de l’Algérie, sauf erreur, que celle récente des années 2003-2007, au cours de son expérience de professeur en Algérie pendant ces quelques années, et Monsieur Jenni, en effectuant ses propres recherches historiques en France comme il l’indique dans le dialogue :

            « J’ai écrit l’Art français de la guerre en me documentant par moi-même, mais après sa parution, j’avais été très frappé de réaliser l’ignorance extraordinaire des gens sur l’histoire coloniale en général : notre propre histoire nous est totalement méconnue. Je tombais des nues : moi qui ne suis pas historien du tout, je me suis rendu compte que tout ce que j’avais trouvé facilement était ignoré par le public – je n’étais pas chercheur, je n’avais pas fréquenté des bibliothèques universitaires pour trouver ce dont j’avais besoin pour écrire sur l’Algérie coloniale, j’ai seulement ramassé ce qui était accessible au grand public. Je me suis rendu compte de l’ignorance à l’égard de notre histoire, et aussi de l’ignorance à l’égard des autres, qui est encore plus profonde. »

            Est-ce que ces propos n’apporteraient pas la preuve de la thèse que j’essaie de défendre depuis quelques années, à savoir que la France n’a jamais été coloniale, que seule la guerre d’Algérie par son côté de sale guerre comme toutes les guerres subversives,  a fait découvrir à l’opinion publique, mais surtout aux familles des jeunes gens du contingent, un des domaines de cette histoire, où, comme par hasard, existait la seule communauté européenne.

            Ai-je besoin d’ajouter, comme je l’ai déjà écrit aussi, que dans beaucoup de situations algériennes, hormis la côte, tous mes camarades constataient que l’Algérie n’était pas la France ?

            Un mot encore sur le prix Goncourt et sur les pseudo-romans de guerre !

            Par un étrange concours de circonstances, et au début du siècle passé, à l’heure de la colonisation soi-disant triomphante, dans une France qui « baignait dans la culture coloniale », dixit le collectif Blanchard and Co, le même prix Goncourt, en tout cas dans son appellation, fut décerné à deux ouvrages qui dénonçaient à leur façon les dessous ou les à-côtés du « roman » colonial, Claude Farrère dans son livre « Les Civilisés » et plus tard René Maran, dans son livre « Batouala »

            Les deux auteurs mettaient leur talent au service de la France, en ne cachant pas grand-chose des conquêtes coloniales, et beaucoup de témoignages dénonçaient aussi la violence coloniale, mais beaucoup d’autres récits d’explorateurs, d’officiers et d’administrateurs décrivaient dans leurs carnets de route, sans servilité à l’égard du pouvoir, les mondes qu’ils découvraient.

       En est-il de même pour les deux bénéficiaires de ce prix, lesquels, un siècle plus tard, reconstruisent purement et simplement un pan de notre histoire coloniale, qui ne fut jamais véritablement nationale, sans avoir, semble-t-il, aucune expérience de la guerre, et guère plus des terres exotiques décrites ?

            A mes yeux, le prix Goncourt a couronné purement et simplement deux œuvres qui distillent ou diffusent un discours national de repentance ou d’autoflagellation.

            Dans un passé plus ou moins lointain, d’autres écrivains et romanciers ont obtenu le prix Goncourt en proposant des récits des guerres auxquelles ils avaient participé ou dont ils avaient été témoins, sans avoir besoin de faire appel plus de cinquante plus tard à leur imagination inventive et livresque, pour intéresser leurs lecteurs.

            Après la première guerre mondiale, Dorgelès, Genevoix seraient à citer,  ou Jules Roy, après la deuxième guerre mondiale.

        En ce qui concerne les guerres de décolonisation, les récits de Lucien Bodard sur l’Indochine et l’Extrême Orient seraient à citer, et pour l’Algérie, « La grotte » du colonel Buis, très bon exemple de la problématique très compliquée des guerres coloniales que les deux auteurs décrivent dans leur « salon », sinon du haut ou du bas de leurs chaires d’enseignants.

            Non messieurs les romanciers, tous les soldats, tous les sous-officiers, tous les officiers d’une armée française qui ne fut pas coloniale, fusse du contingent ou de l’armée de métier n’ont pas été des tortionnaires ou des salauds !

            Dernières remarques : 1) ce dialogue ne se situe évidemment pas encore au niveau intellectuel du dialogue Camus-Char (Angers, 1951), et encore moins à ceux de Platon.

            2) Ou comme le déclarait en 2009, le Président actuel de l’AFP, Emmanuel Hoog : « Trop de mémoire tue l’histoire »

            3) Pourquoi ne pas recommander à ces romanciers de s’inspirer par exemple de la méthode d’écriture d’un excellent romancier historique, Jean d’Aillon, qui prend soin de conclure souvent ses ouvrages par une rubrique sur « Le vrai, le faux » ?

            Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Sondages, transparence, pertinence statistique ou manipulation politique

Le sujet est important, étant donné le rôle que lui accordent la plupart des acteurs du grand jeu électoral des prochaines présidentielles.

            Le 13 avril dernier France 2 a publié un documentaire très fouillé sur les « Secrets des sondages », leur problématique, la pertinence statistique, sinon scientifique qu’il convient de leur accorder.

            Conclusion, une grande méfiance sur les résultats publiés de ces vagues successives de sondages électoraux !

            Résumons : les instituts, nombreux, partent de résultats bruts d’opinions recueillies auprès d’électeurs ou d’électrices, de plus en plus par internet, que chaque institut corrige selon ses méthodes propres qui sont considérées comme des « secrets de fabrication » de l’entreprise.

      Si j’ai bien compris les dires du secrétaire général de la Commission de contrôle des sondages, il s’agirait d’informations non communicables à la Commission.

            Le documentaire expliquait qu’à partir des chiffres bruts, il existait une fourchette pouvant varier de 0 à 5%, une fourchette d’autant plus significative quand on l’applique aux résultats publiés actuellement par les instituts de sondage, en ce qui concerne les élections présidentielles.

        Conclusion : la transparence démocratique exigerait :

        1) que les instituts publient les résultats bruts,

        2) qu’ils publient leurs fourchettes de probabilité,

        3) qu’ils donnent le nom des commanditaires,

        4) que la Commission de Contrôle (Judiciaire) des sondages (9 juges, dont 3 de la Cour de Cassation, 3 du Conseil d’Etat, 3 de la Cour des Comptes)   exige de leur part que ces obligations d’information démocratique soient respectées.

         Jean Pierre Renaud

        Post scriptum : les lecteurs intéressés par le sujet pourront consulter la petite analyse que j’ai publiée le 29 janvier 2015, à propos d’une enquête IFOP effectuée par La Fondation Jean Jaurès en collaboration avec le journal Le Monde sur la mémoire de la guerre d’Algérie.

       Ma conclusion était celle d’une « suspicion légitime sur les résultats. »

Les initiatives judiciaires dans le processus des présidentielles 2017 ? Qu’en penser ?

La chronique de Pascal Perrineau, professeur des Universités à Sciences Po, chercheur au Cevipof

« Présidentielle : l’élection de tous les bouleversements »

Le Figaro du 12 avril 2017 (page 15)

            Une simple citation qui éclaire le débat qu’il est nécessaire d’ouvrir sur les relations entre suffrage universel et justice :

             « … Cette élection est  aussi radicalement différente des précédentes, dans la mesure où l’acteur judiciaire s’est invité au cœur même de la campagne et a imposé largement son agenda aux médias et aux candidats. Cet « interventionnisme judiciaire » a  rendu plus difficile l’émergence de débats autour d’enjeux structurants. Il a transformé, pour la première fois, la campagne en une véritable « série télévisée » avec son lot de révélations, de coups tordus et de rebondissements permanents… »

         Nombreux sont ceux qui se posent la question de savoir si les juges financiers n’ont pas joué avec le feu, l’avenir le dira, afin de servir les intérêts de tel ou tel candidat proche de la gauche caviar.

         Toujours est-il que la prochaine assemblée nationale, si elle est issue d’un processus démocratique « normal », serait bien avisée, un d’encadrer les primaires par une loi, deux de verrouiller le secret de l’instruction, un secret de Polichinelle pour tous ceux qui savent comment le violer, et « je dirais même plus », pour les deux détectives infatigables D et D du journal de « référence», trois, d’instituer un délai de neutralité judiciaire lorsque la période du suffrage universel est effectivement engagée.

Jean Pierre Renaud

4 candidats sur 11, ou la Sainte Enarchie !

Les Enarques des présidentielles 2017, véritable expression du « système » français : 4 sur 11 !

Pas mal, non ?

            Les prochaines présidentielles agitent depuis des mois une opinion publique en plein doute, compte tenu du flottement généralisé  des institutions de la République, face au chômage, à la crise européenne, et aux vagues de la mondialisation.

            Rassurez-vous, bonnes gens : au sein de nos institutions, il existe au moins un ilot de stabilité, la sainte Enarchie.

            Car, que voit-on sur la palette médiatique des onze candidats ? Quatre anciens élèves de l’Ecole Nationale d’Administration, d’une Ecole dont la mission  est théoriquement celle de l’apprentissage du service du pays, au lieu d’être une école du pouvoir !

            Cela en dit long, beaucoup plus long, que tous les commentaires, savants ou non, des experts en tout genre sur la vraie galaxie politico-médiatique qui gouverne la France.

            Il est juste de reconnaître que ces beaux messieurs ont parfaitement compris le fonctionnement de la com ‘moderne, au point de lancer leurs candidatures comme de nouvelles marques de lessive.

Jean Pierre Renaud