Exposition « La Fabrique des images » Musée du Quai Branly-16/02/2010 -17/07/2010-Notes de visite

Exposition « La Fabrique des images »

Chers amis, allez-y ! Mais dès l’entrée de ce beau musée, ne vous trompez pas de chemin !

             Une première affiche sollicite en effet votre attention de « chaland » intitulée, « Sexe, mort et sacrifice », et il faut donc aller un peu plus loin, pour trouver le bon chemin, le bon panneau de l’exposition.

            Une exposition très intéressante sur la variété des images, leur beauté,  leur étrangeté aussi, et leur signification supposée, venant de nombreuses civilisations de notre monde actuel ou passé.

            Laissez vous séduire par ces images, même s’il n’est pas toujours aisé de suivre les distinctions savantes de l’anthropologue qui a conçu cette exposition, entre les quatre visions du monde, animée, objective, subdivisée, et enchevêtrée !

            En ce qui nous concerne, mon épouse et moi,  il nous a semblé plus facile de distinguer deux formes d’expression culturelle, la première, s’inscrivant dans la continuité et la fusion des mondes de la nature animée et inanimée, du monde surnaturel et naturel, du monde animal, végétal, ou humain, et la deuxième, prenant ses distances avec ces mondes toujours étranges, une vision objective supposée.

            Le titre lui-même de l’exposition, avec le concept de « fabrique » suscite des interrogations : fabrique matérielle ou fabrique spirituelle, c’est-à-dire expression d’une certaine conception du monde, mais alors, il s’agit d’interprétations sujettes effectivement à beaucoup de questions. Et quelquefois tout autant quant au mélange des chronologies.

 Le 3 avril 2010

Humeur Tique: tempête Xinthia, Elus, Préfets, Gouvernement

 Les pauvres Préfets cloués au pilori! Peut-être ont-ils manqué de savoir-faire politique et humain, mais leurs ministres ont-ils disparu? Ont-ils donné des instructions à leurs Préfets, qui dans le régime actuel, ont encore plus qu’avant, le petit doigt sur la couture du pantalon? Plus de com!

  Et les élus, munis de beaucoup de pouvoirs, ont-ils également disparu? Les députés, les sénateurs, les conseillers régionaux et généraux, et tous les Présidents?

  Plus de com aussi?

  Décidément, dans quelle République sommes-nous? Les responsables ont disparu!

Immigration: Le monde du 30 mars 2010, politiques et médias cachent la vérité aux Français

Immigration- Décryptage- Vérité sur l’immigration

  Au sujet de la rubrique du Monde (page analyses décryptages du 23 mars 2010) intitulée « Sociologie souverainiste » signée Laetitia Van Eeckhout, sur le livre de Mme Tribalat, intitulé « Les yeux grands fermés. l’immigration en France »

 Une chronique intéressante, mais dont le titre pointe, dès l’abord, une orientation idéologique, qu’on le veuille ou non.

  Pourquoi sociologue, alors que Mme Tribalat est une démographe de métier? Et pourquoi aussi cet adjectif « souverainiste », lequel appartient, mais sauf erreur, à un monde politique récent?

   Utilisation d’autant plus étrange que c’est une loi proposée par un souverainiste malheureux, Chevènement, du 11 mai 1998, (p,49 du livre), qui a élargi le concept de regroupement familial à l’existence de « liens personnels ou familiaux en France », une expression très vague qui fait effectivement problème dans son application.

   Le livre de la démographe est utile parce qu’il apporte la démonstration 1) que les pouvoirs publics ont non seulement une connaissance très insuffisante du dossier de l’immigration, 2)mais qu’une complicité du silence, gauche-droite, existe bien sur ce sujet sensible, 3) qu’il faut aller piocher dans des études étrangères pour avoir une opinion sur les effets positifs ou négatifs de l’immigration, et que dans un tel domaine, les conclusions sont, pour le moins très nuancées, 4) que d’ores et déjà un certain nombre de nos cités compte une majorité de Français d’origine immigrée de première ou de deuxième génération.

   Ne pensez-vous pas que les politiques ont le devoir de dire la vérité au pays, avant qu’il ne soit trop tard? Croyez-vous que la situation actuelle de nos » ghettos » urbains puisse s’améliorer, si cette conspiration du silence se perpétue, et si les mêmes politiques ne décident pas enfin de mettre de gros moyens pour remettre ces « ghettos » au niveau de la société française?

  Alors, et en ce qui me concerne, toujours rebelle aux utopies en isme, hier le capitalisme, le libéralisme, le marxisme, le communisme, et aujourd’hui à la mode, le mondialisme, l’immigrationisme, ou le souverainisme.

  Un peu de bon sens! Nos sociétés manquent cruellement de repères. Croyez-vous que les nouvelles utopies seront vos nouvelles boussoles?

Humeur Tique : Chirac, système Chirac, Tron, héritier naturel de la Chiraquie

Humeur Tique, le nouveau ministre de la Fonction Publique, héritier « naturel » du « système Chirac » (voir Chapitre 6, page 81) du livre « La méthode Chirac – Jean Pierre Renaud – 1997)

Cela fait tout de même dix huit ans, d’après le Canard Enchaîné, que cet héritier naturel du système Chirac, rallié un temps au Grand Avatar de la Chiraquie, que le nouveau ministre bénéficie d’un avantage aussi naturel qu’un logement social à bon prix. Il y a là de quoi mettre un peu d’argent de côté!

Est-ce qu’un tel sujet politique est bien désigné pour être l’interlocuteur des représentants des fonctionnaires, et sans doute le héraut d’une déontologie républicaine, au service de l’intérêt général?

On peut en douter.

Et quoiqu »en disent certains aujourd’hui, le système Chirac a connu effectivement de beaux jours! Et aujourd’hui encore, certains de ses héritiers naturels!

Clin d’oeil cinéma: « White Material »

« White Material » avec Isabelle Huppert, Claire Denis et Marie Ndaye

Enchaînons « tout de go », « one woman show » de la grande Isabelle Huppert, mais au fait, pourquoi ce titre en anglais? 

Le journaliste de Libé en a peut être livré la clé, en évoquant « un truc de Blancs », mais parlons d’abord du film, avant de donner, un tout petit peu, la parole aux journalistes spécialisés du cinéma.

Isabelle Huppert fait exploser ce film, c’est certain: obstinée, déterminée, elle veut à tout prix sauver sa récolte de café dans sa plantation d’un pays tropical, dans un contexte de violence et de guerre civile qui fait rage. Piste rouge, forêt et caféiers verts, de belles montagnes bleutées à l’horizon, un monde noir à la fois inquiétant et indéchiffrable, et à la fin, le déchaînement meurtrier d’enfants-soldats. La belle Isabelle corse un peu son histoire en accueillant un chef rebelle blessé dans sa belle plantation.

Son fils, un peu fou, puis très fou, son ancien mari, font très pâle figure dans le récit. Ils n’existent pas ou plus.

Dans Libé (24/03/10), le journaliste spécialisé conclut son analyse en écrivant:  « Son White Material n’est pas un truc de Blancs. C’est une perle noire. »

Dans Le Monde (24/03/10), le journaliste spécialisé parle de « l’éviction du corps blanc par le continent noir »,  d’une actrice Huppert qui  « maraboute le cinéma français »,etc…, et je vous avouerai qu’ici,  il me semble me retrouver, un peu mieux, en pays de connaissance.

Dans son interview à l’AFCAE, Isabelle Huppert répond à un moment donné:

 » White Material » n’est pas un film politiquement correct. Il montre des enfants-soldats, donc des enfants-bourreaux »

Et je conclurai sur cette dernière phrase.

Je ne suis pas sûr qu’un spectateur, non averti, ne soit pas submergé par cette violence qui fait peur. 

Dommage enfin que le récit s’inscrive  dans un « nulle part » géographique et historique, même s’il s’agit peut-être de la « bulle d’opacité flottante » qu’évoque Libé.

Paris, le Grand Paris, le rôle de l’Etat

Que propose M.Huchon, l’ancien et nouveau président de la région Ile de France pour le Grand Paris?

Le nouveau président refuse le Grand Paris proposé par l’Etat; très bien!

Mais que propose-t-il exactement à la place?

Pour avoir longtemps servi l’Etat dans l’administration préfectorale parisienne, je ne vois pas comment ce type de projet peut voir le jour sans une très forte implication, et donc sans un premier rôle donné à l’Etat.(1)

Or, sans Grand Paris, pas de solidarité dans notre région, pas de solution en profondeur pour les trois priorités que sont les transports, le logement, et avant tout, et enfin, un vrai programme de suppression des « ghettos » urbains d’Ile de France. (1) « La Méthode Chirac » (1997)

Le livre « Enjeux politiques de l’histoire coloniale » Catherine Coquery-Vidrovitch Notes de lecture critique

« Il n’ y a pas de petite querelle » – Amadou Hampâté Bâ

ou la querelle des deux lézards

            Un sujet difficile, bien difficile, qu’annonce tout naturellement l’introduction.

            L’auteur y déclare tout de go que l’histoire de la colonisation et de l’esclavage colonial français doit être incluse dans notre patrimoine historique et culturel commun, et je ne vois pas en quoi la contredire sur ce point, sauf à se poser une première question sur le tabou qui existerait à ce sujet, et d’autres questions sur la série de concepts qu’elle enchaîne, plus complexes les uns que les autres, la repentancel’identité nationale, les lois mémoriellesle télescopage du savoir et des mémoiresles controverses supposées scientifiques,… on mélange histoire et mémoire :         

            « Finalement, il s’agit de comprendre à quel point « l’identité nationale » plurielle, inclut aussi le colonial. »

             Dès l’introduction, l’auteur assigne donc une vaste ambition à sa réflexion qui parait dépasser assez largement le champ scientifique de l’histoire coloniale proprement dite.

            En ce qui concerne le chapitre 1, rien à dire de particulier, sur la richesse de l’historiographie coloniale, d’abord européenne, et aujourd’hui africaine, sauf à se poser deux questions, la première relative au véritable sens d’une histoire dite « d’en bas », la deuxième du pourquoi de notre ignorance supposée de cette histoire.

            L’auteur écrit : « Or cette histoire coloniale, héritée, fut oubliée, comme effacée par la décolonisation. Ce fut un déni. Pourquoi ? (p.20)

            Arrêtons nous un instant sur cette appréciation, car elle court, sous des vocables différents tout au long de l’ouvrage, amnésie – faut-il plutôt parler de refoulé, (p.53), silence, tabou,  une histoire de la colonisation française.. à peine connue de la très grande majorité des jeunes français… et de la plupart de leurs aînés (p.63)… la colonisation a été oubliée (p.110).

            J’ajouterais volontiers, ignorance sans doute au moins égale de la part des jeunes africains.

            Dans un numéro n°165 (2007) de la revue Cultures Sud, l’auteur avait déjà esquissé un certain nombre de réflexions sous le titre « L’historien, la mémoire et le politique. Autour de la résurgence de la « question coloniale », certaines d’entre elles soulevant ma perplexité

            Je ne suis pas sûr qu’une enquête sérieuse confirme un des propos de l’historienne :

            « Pour les jeunes descendant des colonisés et des colonisateurs – qui n’ont pas vécu cette histoire mais qui l’ont entendu raconter par leurs grands-parents et aujourd’hui par des hommes politiques de tout bord – le vécu a disparu ; la mémoire en est doublement reconstruite : par la transmission des récits et par la façon dont ces récits sont compris. » (p,53)

            Une remarque à ce sujet : est-ce que, vraiment, beaucoup de petits enfants ont eu cette « chance » ?

            Et plus loin, le même auteur écrit :

            « Rajoutez à cela la mémoire coloniale officielle, structurante de la mentalité de plusieurs générations de Français durant la période coloniale, comme en témoigne le fameux petit Lavisse, manuel d’histoire élémentaire plus que centenaire participant de la construction volontaire de la nation… » (p,53)

            Une mémoire coloniale officielle tellement structurante que la même historienne se complait à regretter, à longueur de pages, le déni dont souffrirait notre histoire coloniale.

            Pourquoi avancer le Petit Lavisse à tout bout de champ, alors que ce livre ne consacrait que quelques pages aux fameuses colonies, en fin d’ouvrage, donc en fin de cycle scolaire ? Et pourquoi ne pas accréditer la thèse en question,  en faisant état, un état « scientifique » d’une enquête sérieuse sur cette fameuse mémoire ?

            Alors pourquoi ce constat ? Il est possible, comme le fait volontiers l’auteur, de proposer une explication qui viendrait de l’inconscient collectif de la France.

            Le texte abonde de termes qui en relèvent : l’impensé hérité (p.134), les stéréotypes raciaux (149) cet impensé français (154), le passé refoulé du métissage (146), l’état d’esprit de beaucoup de nos concitoyens, pour lesquels le fait colonial apparaît si incroyable qu’il en est indicible (156), la société française en reste aujourd’hui imprégnée (165)

            Dans mon livre « Supercherie coloniale », j’avais d’ailleurs consacré un chapitre à cette clé supposée de l’histoire de la France actuelle, le chapitre IX, page 229,  intitulé « Le ça colonial ! ».(1)

            Le lecteur a donc le choix entre des explications de type rationnel ou irrationnel, mais je dois signaler que déjà en 1993, à un colloque intitulé « Images et colonies », l’auteur avait déjà avancé une argumentation fondée sur l’inconscient collectif, laquelle ne semble pas mieux établie seize ans plus tard.

            Et pourquoi ne pas s’interroger à ce sujet : sommes-nous encore dans le champ de l’histoire ?

            D’autres explications viennent naturellement à l’esprit : tout d’abord, le peu d’intérêt que les Français, et même leurs gouvernements, ont porté aux colonies et donc à leur histoire. Brunschwig, Marseille, et Ageron, parmi beaucoup d’autres, l’ont relevé dans leurs écrits.

            Comment ne pas citer les exemples cités par Marseille dans son livre « Empire colonial et capitalisme français » : en 1936, l’ignorance de Blum sur l’Afrique du Nord,  les témoignages du démocrate chrétien Buron et du socialiste Verdier sur l’indifférence des gouvernements à l’égard des dossiers coloniaux, après 1945 ? (p.300, 302)

            Comment en effet ne pas être surpris par les analyses et conclusions de Marseille, selon lequel les colonies (pour beaucoup l’Algérie, qui n’était d’ailleurs pas une colonie) ont eu une certaine importance économique et financière pour la France, mais pendant une courte période, alors que l’Empire laissait largement les Français indifférents ?

            Le port du Havre avait par exemple un important trafic colonial, mais il était orienté en grande partie vers l’Europe du Nord.

            L’ouvrage collectif, intitulé « L’esprit économique impérial », a montré récemment que ce dernier n’était pas très « ardent ». (voir mon analyse dans le blog Etudes Coloniales – année 2008)

            Est-il nécessaire d’invoquer un impensé, un refoulé, un inconscient collectif pour expliquer que l’histoire coloniale n’a jamais eu les faveurs de l’Université, qu’elle n’a été qu’un appendice non constitutif de l’histoire française (p.103) ?

            L’Université se serait tenue à l’écart d’un sujet national majeur ?

            Bien sûr que non !

            Les économistes sont depuis longtemps familiarisés avec le concept de marginal, et le constat d’après lequel notre histoire coloniale n’a toujours été que marginale ne doit rien au hasard, à je ne sais quel déni (rationnel) ou tabou (irrationnel) !

            Le postcolonial à la française (chapitre 3) Après l’impensé français, le post colonial à la française, pourquoi pas ? Mais l’histoire coloniale serait alors hors jeu ? Les historiens ont-ils eu besoin jusqu’à présent de changer les noms de baptême de la période étudiée, Antiquité, Moyen Age, ou Révolution, en fonction de l’évolution de leurs travaux de recherche ? Avec pour certains d’entre eux, tel Goubert, le refus de travailler sur une histoire moderne, dont il était partie prenante.

            Est-ce que cette appellation d’origine anglo-saxonne ne serait pas motivée par un choix de cible historique beaucoup plus culturelle qu’économique, plus idéologique qu’historique, et en définitive beaucoup plus anachronique qu’on voudrait le faire croire ? L’auteur note à ce propos « le rôle joué par l’histoire coloniale dans la construction de la notion d’«identité nationale » (p.86) : rôle de l’histoire coloniale ou des études postcoloniales ?

            Comment faire parler les documents (p.97) ? Si l’on s’abstrait d’une analyse chronologique rigoureuse et de leur évaluation dans un contexte historique déterminé ? L’auteur suggère également une pratique du double regard (p.85), mais faudrait-il encore qu’elle ait été toujours possible, compte tenu de la difficulté qui a longtemps existé pour recueillir les récits de la tradition africaine, et qui demeure encore.

            Dans ce chapitre consacré au postcolonial, l’auteur évoque, à titre de démonstration, un des livres que j’ai analysé page par page, ligne par ligne, intitulé « Culture coloniale » (1871-1931), ouvrage dans lequel l’auteur a publié une contribution dont le titre était « Vendre : le mythe économique impérial » (p.163). Cette contribution s’inscrivait dans la partie intitulée « Fixation d’une appartenance ».

            L’auteur semble prendre une certaine distance avec cet ouvrage en écrivant ici : «  une histoire « postcoloniale en train de s’écrire. Cette histoire consiste à analyser les traces laissées par le fait colonial dans la société et l’imaginaire français. Les premiers à aborder ce sujet, à partir de 2003, ont donné au fruit de leur travail le titre un peu trompeur de « culture coloniale », qui laisserait croire que « tout est colonial » dans la culture française, ce qui n’est évidemment pas le cas… » (p.96)

             Dont acte, mais presque tout dans cet ouvrage au titre « trompeur » soulève questions et objections, quant à la méthode de travail, au choix des indicateurs, à leur évaluation, et à leurs effets. N’encombrons pas le lecteur de citations et d’affirmations non vérifiées, non mesurées, mais un des auteurs évoque le « bain colonial » : comment est-il possible d’utiliser un tel terme, alors que les recherches faites sur les vecteurs d’une culture coloniale supposée, ont été à la fois partielles, différentes selon les contextes historiques, et jamais évaluées dans leur contenu et leurs effets ? L’auteur en question s’est d’ailleurs attaché dans ses recherches à un champ historique limité à la fois sur le plan chronologique (post 1945), géographique et thématique.

            Est-ce que le postcolonial ne souffrirait pas par hasard et précisément de l’usage de la nouvelle méthode, la démarche de « va–et–vient » (p.87), préconisée par l’auteur, et qui dans les références choisies projette une vision moderne, d’ailleurs souvent littéraire, sur notre passé national et colonial ?

            Des traces ? Pourquoi pas ? Mais il conviendrait tout d’abord de les identifier au prix d’enquêtes d’opinions et de mémoires sérieuses qui n’ont pas été faites jusqu’à présent.

            Mais venons-en à la contribution de l’auteur (dans le livre « Culture coloniale ») : le texte en tant que tel est intéressant, mais en tant que juriste et économiste, il m’a laissé sur ma faim et voici pourquoi :

            Sur le titre rien à dire, et sur l’adhésion qu’elle semble donner aux analyses Marseille, mais certaines expressions et appréciations, pour ne pas dire jugements, font problème, car l’auteur n’a pas apporté la démonstration de ses propos : le mythe enraciné (p.168), la société française consommait donc colonial dans tous les domaines que celui-ci relève de la banque ou de la vie quotidienne. (p.174),  cette belle harmonie entre milieux d’affaires et expansionnistes coloniaux n’allait pas résister à la seconde guerre mondiale. Elle oeuvra néanmoins suffisamment auparavant pour construire dans la mémoire française une culture coloniale aussi tenace que mythifiée où la place du mythe économique était dominant. (p.175)

            Histoire économique ou littérature historique ? Plutôt une préférence pour la deuxième expression. Il ne suffit pas de noter que les Français buvaient du thé (d’Indochine avant 1931 ?), et du vin (d’Algérie),  mangeaient du riz (d’Indochine ?) pour conclure au rôle de causalité coloniale de ces faits, qu’il se soit agi de la mémoire des Français de l’époque, ou qu’il s’agisse de la mémoire française d’aujourd’hui.

            Je n’y ai donc pas relevé une trace identifiée et évaluée des traces évoquées par l’auteur, d’autant moins que le texte en question s’inscrivait dans la période 1871-1931.

            Question ? Ne s’agirait-il pas en proposant un concept nouveau de faire de l’anachronisme sans le dire, par une voie détournée, étant donné qu’une grande partie de la réflexion tente d’expliquer pourquoi l’actualité française est troublée par des querelles de mémoire, plutôt que d’histoire ?

            Quelques mots enfin sur ce même postcolonial à la française : l’auteur récuse l’existence des ethnies, mais doit-on accuser Amadou Hampâté Bâ d’avoir été un « collabo », pour faire référence à un rapprochement soi-disant historique qui a la faveur de certains historiens africains ( voir Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy, p,199), une occupation française à la mode nazie, lorsqu’il évoque les douze ethnies qui étaient présentes à Djenné :

            « Douze ethnies vivaient alors à Djenné…(Amkoullel-p.369) »,

            Ou encore dans un autre domaine cité par l’auteur :

            « Face nocturne et face diurne,… il faut accepter de reconnaître que l’époque coloniale a pu aussi laisser des apports positifs, ne serait-ce entre autres, que l’héritage d’une langue de communication universelle grâce à laquelle nous pouvons échanger avec des ethnies voisines comme avec les nations du monde… (Oui, mon Commandant, p. 334).

            Pourquoi en effet le jugement péremptoire de l’auteur de ce livre à ce sujet ? :

            «  peser le pour et le contre, en distinguant les aspects estimés positifs de ceux estimés négatifs de la colonisation est inepte en histoire (p.136) »

            Alors double regard ? Regard d’en bas ? Qui a raison d’Amadou Hampâté Bâ ou de l’auteur ?

            Un mot enfin sur le rôle que l’auteur prête aux anciens cadres coloniaux, dont je fis très brièvement partie, dans la vie nationale postcoloniale : je ne voudrais pas être trop négatif à ce sujet, mais il ne pouvait être, et ne fut que marginal, encore plus que l’histoire coloniale elle-même. (p,99)

            Comment penser sérieusement qu’ils aient pu avoir une grande influence sur l’histoire de la France postcoloniale?

            J’ajouterai, de façon toute accessoire, et pour avoir été à un moment donné, au cœur de ce processus administratif, que, contrairement à ce qu’écrit l’auteur, en choisissant la carrière préfectorale, où ils ont bénéficié d’un accès prioritaire, (p.100) ce ne fut pas le cas, mais l’évocation de ces faits est bien dérisoire en regard des enjeux ici traités. Et dans quel champ historique, l’auteur inscrit-il ce type de réflexion ?

                        Pour utiliser une expression qu’aime bien un de mes enfants, je serais tenté de dire : quelle embrouille historique !

            Personnellement, je paraphraserais volontiers le slogan « liberté pour l’histoire » en écrivant « liberté pour le bon sens », et pour « le doute scientifique » prôné par l’auteur, car on voit bien que ce discours s’inscrit à l’ombre des problèmes de l’immigration.

            Alors pourquoi ne pas reconnaître une bonne fois pour toutes que l’histoire coloniale a toujours été marginale dans nos écoles et nos universités, et qu’elle ne redevient d’actualité, sans intervention d’un inconscient collectif que personne n’a réussi jusqu’à présent à identifier et à évaluer sur le plan scientifique ?

            Ce n’est pas l’imaginaire colonial de la France qui est à l’œuvre, sauf à le prouver autrement que par des discours, mais l’imaginaire d’un courant de chercheurs qui peine à prouver quoique ce soit sur ce plan historique, sauf à proposer aujourd’hui le nouveau concept de fracture coloniale qui a beaucoup plus à voir avec une fracture sociale née de l’immigration postérieure aux années 1970.

            Alors dans cette confusion mémorielle, historique, et conceptuelle, je ne suis pas sûr du tout que ce livre aide  beaucoup les Français à y voir plus clair dans notre histoire coloniale, et à vider une querelle, petite ou grande.

            Et encore moins les enfants ou petits enfants de parents immigrés, pour ceux d’entre eux qui sont quelquefois déchirés entre deux cultures ou deux pays d’origine, à mieux gérer leur vécu quotidien. En bref, un discours idéologique plus qu’historique, sans fondement intellectuel, et sans démonstration concrète et actuelle au moyen d’enquêtes statistiques sérieuses sur notre mémoire coloniale.

(1) Supercherie Coloniale – Mémoires d’Hommes- 2008)

Jean Pierre Renaud, le 13 janvier 2010

Humeur Tique: un emploi sur deux à supprimer et trente neuf ministres

Une contradiction politique
Le nouveau gouvernement Fillon compte 39 ministres ou sous-ministres. Est-ce qu’il n’y en  a pas 19 de trop? Comment expliquer aux Français que l’Etat doit faire des économies, ne remplacer qu’un emploi sur deux, en continuant de faire comme s’il ne se passait rien au niveau gouvernemental?
Qui prendra l’initiative de chiffrer le coût de fonctionnement annuel complet de nos gouvernements?
Personnel, locaux, frais de déplacement, de fonctionnement, médiatiques, automobiles, informatiques,etc…
 Mais peut-être nos parlementaires ou la Cour des Comptes ont-ils déjà ces calculs en mains!  

Humeur Tique: un emploi sur deux à supprimer et trente neuf ministres

Une contradiction politique
Le nouveau gouvernement Fillon compte 39 ministres ou sous-ministres. Est-ce qu’il n’y en  a pas 19 de trop? Comment expliquer aux Français que l’Etat doit faire des économies, ne remplacer qu’un emploi sur deux, en continuant de faire comme s’il ne se passait rien au niveau gouvernemental?
Qui prendra l’initiative de chiffrer le coût de fonctionnement annuel complet de nos gouvernements?
Personnel, locaux, frais de déplacement, de fonctionnement, médiatiques, automobiles, informatiques,etc…
 Mais peut-être nos parlementaires ou la Cour des Comptes ont-ils déjà ces calculs en mains!  

Humeur Tique – Elections régionales

Humeur Tique
Un appel à témoins
Connaissez-vous une région dont les candidats ont proposé d’inscrire, en toute priorité, un programme massif de transformation des « quartiers sensibles » des grandes villes ou de certaines de leurs  banlieues?
En Ile de France, je n’ai rien trouvé de tel dans les programmes des candidats.

Double jeu des partis politiques
N’avez-vous pas été frappé, si vous avez accordé une petite attention aux élections régionales, que les partis, de gauche ou de droite, ont continuellement joué sur les deux plans, régional et national? Alors, pour qui votait-on? Pour des élus d’une région ou pour ou contre le govrenement actuel?
Au moins un constat: les Français n’ont pas l’air de savoir ce qu’on fabrique dans un conseil régional!

Immigration et Front National
Pourquoi cacher la vérité aux Français? Quand le Monde du 4 décembre 2009 écrit « si l’immigration s’est stabilisée », l’analyse s’arrête à la surface des choses. Beaucoup de Français, ni racistes, ni nationalistes, vivent ces mouvements démographiques d’une toute autre façon. Il est évident qu’un tel taux « formel » ne rend pas compte du bouleversement réel, du choc culturel,  que l’immigration a causé dans beaucoup de nos cités.
Et ce choc culturel traduit un ensemble de mouvements  démographiques successifs, auto-entretenus, officiels et clandestins, légaux ou illégaux.