Années 1990-1995: mélange des genres au journal Le Monde? Déjà? Et aussi connivence politique?

Mémoire vive

            Martin  Hirsch vient de signer un livre intéressant sur le mélange des genres, un sujet ambitieux sur lequel il n’est pas toujours facile de proposer des solutions, d’autant plus qu’il s’agit d’une tradition culturelle qui parait bien ancrée dans notre pays.

            En disant quelques bonnes et saines vérités sur l’ancienne gestion du journal,  M.Fottorino, dans un éditorial du 4 novembre dernier, vient de mettre le feu aux poudres dans le « microcosme » des médias parisiens, et l’ancien patron de ce grand journal de pousser des cris d’orfraie au sujet du contenu de l’éditorial en question.

Rappellerai-je à ce sujet que, dans les années 80-90, ce quotidien a adopté une position plutôt bienveillante, « respectueuse », comme je l’avais indiqué à un des correspondants du journal, à l’égard de la gestion du maire de Paris, alors que l’ancien patron du journal avait exercé des responsabilités importantes dans l’information politique de l’époque. A sa décharge, il serait possible de dire que l’opposition socialiste d’alors, au sein du Conseil de Paris, qui comprenait quelques-uns des grands éléphants socialistes de la même époque, n’a pas vraiment fait preuve, non plus, d’une grande « combativité » ou « agressivité » à l’égard de la gestion Chirac, plus tard épinglée dans quelques domaines.

Mélange des genres ou connivence, lorsqu‘un journaliste du Monde est également appointé, dans les années 1990-1995, par « Paris Le Journal », le journal du maire, que beaucoup dénonçaient à juste titre comme l’organe de propagande politique du maire ? Vous vous rappelez peut-être sa pseudo-signature dans le grand quotidien, alors que la vraie demeurait cachée dans le petit journal du maire ?

Alors, souhaitons que la nouvelle troïka, dont les penchants politiques vont notoirement vers la gauche, respecte l’indépendance du journal, mais ça n’est pas gagné !

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: Editorial du Monde (4/11/10) « Ecrire une nouvelle page » Eric Fottorino

  Ecrire une nouvelle page ? Tout à fait d’accord avec cet éditorial qui a attiré les imprécations de l’ancien patron du journal : « allégations scandaleuses…tout cela est scandaleusement inouï » : Voire !

            « Echec économique et financier… écarts éditoriaux… péchés d’orgueil… » toutes expressions et appréciations qui sonnent juste aux oreilles de beaucoup de fidèles lecteurs du journal !

            Beaucoup plus de réserve et d’hésitation pour adhérer pleinement à la nouvelle structure capitalistique de la nouvelle troïka, ou nouveau triumvirat au choix !

N’a-t-on pas toutes bonnes raisons de craindre que les trois nouveaux compères capitalistes ne réincarnent  un triumvirat ancien, à l’image des trois  généraux de la Rome antique, les Pompée, Crassus, et César. (années 60 à 53) ?

Et dernière observation, est-ce que le journal ne souffre pas, tout comme la politique française, d’avoir les yeux plus gros que le ventre ? Vouloir être le quotidien d’une grande puissance, alors que nous ne sommes plus qu’une puissance moyenne ?

Humeur Tique : Côte d’Ivoire, les élections ; immigration, reconduites à la frontière ; la retraite à 60 ans et le Conseil Economique et Social

Côte d’Ivoire, les élections :

            Bravo pour ces élections ! Un tour de force après cinq années de tergiversations du gouvernement !

            Indépendante en 1960, il y a donc 50 ans, la Côte d’Ivoire était une des colonies les plus prospères de l’Afrique occidentale. Elle avait été une création pure et simple du pouvoir colonial (ou colonialiste, c’est selon) de l’époque (décret du 10 mars 1893), aucune route, aucun port, aucune école, une cinquantaine de peuples, de tribus, ou d’ethnies, (selon vos affinités idéologiques), dont un royaume Baoulé prospère et bien organisé. Chacune de ces entités avait sa propre langue que ne comprenait pas l’entité voisine.

            La prospérité passée n’est pas encore de retour : le Monde du 5 novembre titre en dernière page : « Dans la tente des résultats », car comme l’indique cette lettre d’Afrique signée Jean-Philippe Rémy « 3 600 villages de Côte d’Ivoire ne disposent d’aucune structure, pas même une école, pour organiser le scrutin. »

Immigration, les chiffres de reconduite à la frontière

(le Monde du 5/11/10, page 2)

            21 384 reconduites à la frontière depuis janvier, chiffre publié par le ministère de l’immigration et de l’identité nationale, dont plus de 13 000 ont concerné des ressortissants roumains ou bulgares.

            A quel usage ? Interne ? A destination de l’opinion publique française ?

            Des chiffres fiables ? Pas sûr ! Car une partie des reconduits d’origine roumaine ou bulgare sont déjà de retour dans notre pays, ou le seront bientôt !

             Autant dire que ces statistiques sont à la fois inexactes et obsolètes.

La retraite à 60 ans et le rôle du Conseil Economique et Social.

            Le lecteur voudra sûrement  connaître le rôle qu’a joué notre troisième chambre économique et sociale dans la gestion du dossier de la retraite à 60 ans : nous lui ferons connaître la réponse à cette question que nous avons posée au Conseil.

Le Postcolonial? Un nouveau mythe historique? Le livre « Le colonialisme en question » de M.Cooper

Le Postcolonial ? Nouveau mythe historique ?

Le colonialisme en question

Théorie, connaissance, histoire

Frederick Cooper

(2005)

&

Notes de lecture d’un « colonialiste »

&

Un nouveau mythe de l’histoire coloniale ?

Pour transposer un des termes de l’historien colonial Henri Brunschwig

&

Un colonialisme ambigu, flottant ?

&

Comme je l’ai indiqué sur le blog du 13 octobre 2010, j’ai fait appel aux lumières d’un vieil ami d’études qui a effectué toute sa carrière en Afrique et en Asie. Il apportera donc sa contribution à ce travail de lecture.

Le colonialisme

Lecture 1 : le thème lui-même

            Une première impression générale de vertige intellectuel, en présence d’une accumulation de réflexions et de sources historiographiques qui couvrent tout le spectre de l’histoire de la colonisation, ou plutôt des colonisations qui se sont déployées à travers les siècles et les continents.

            Et donc une première ambiguïté pour un esprit français plus familier avec le sens moderne du terme colonialisme (mot apparu dans les années 1910) au sens du Larousse de l’année 1936 « nom sous lequel les socialistes désignent, en le condamnant, l’expansion coloniale, qu’ils considèrent comme une forme d’impérialisme issu du mécanisme capitaliste », donc la source marxiste en filigrane, que celui de colonisation au sens le plus large de son histoire séculaire.

            Car, ainsi que le relevait déjà, en 1956, le sociologue et anthropologue Balandier dans son introduction de la Revue « Le Tiers Monde » (n°27), les relations inégales sont anciennes, « les centres de domination ont changé, mais non le phénomène ».

Et de décrire la colonisation comme « la manifestation historique la plus ancienne et la plus répandue des relations entre sociétés inégales quant aux forces matérielles dont elles disposent ». (page 21 de la Revue)

Et l’historien Mallet de noter que « Le système colonial aujourd’hui stigmatisé sous le nom de « colonialisme » a étendu son emprise pendant plus d’un siècle sur un bon tiers du globe ». (page 35)

Donc, de quoi parle-t-on ?

 A la lecture du livre, il semble bien que cela soit plus du colonialisme à la « sauce » anglaise, c’est-à-dire la colonisation, que du colonialisme à la « sauce » française, mais nous constaterons que ce type d’ambiguïté conceptuelle marque fortement les analyses de l’historien..

Par ailleurs, la lecture de la revue citée plus haut, fait bien apparaître que ce domaine de recherche a été, plus qu’exploré, par les équipes de chercheurs français de cette époque, alors que l’historiographie très abondante de l’auteur passe quasiment sous silence celle d’origine française..

Une trentaine de sources, sauf erreur, sur près de six cents citées !

Et peut-être les historiens et chercheurs qui écrivent volontiers sur le « déni » de l’histoire coloniale française seraient surpris de constater que l’historiographie coloniale souffrait de la même marginalité dans l’historiographie française.

Il convient toutefois de signaler que l’auteur attache une attention toute particulière à Balandier, et nous consacrerons ultérieurement une chronique à ce numéro de la fameuse Revue « Le Tiers Monde ». Le lecteur constatera alors que cette revue a abordé beaucoup des thèmes qui nourrissent la réflexion de l’historien américain.

Nous évoquerons également la thèse du polémologue Bouthoul qui dit des choses plutôt sensées sur les mêmes sujets.

Dans son analyse, l’auteur fait un sort particulier à deux territoires, Haïti avec son histoire révolutionnaire de début du XIXème siècle, et l’AOF, avec ses mouvements de grève postérieurs à la deuxième guerre mondiale : je ne suis pas sûr que ces exemples historiques aient la valeur explicative que l’historien leur attribue, comme nous l’indiquerons plus loin.

Rappelons le cheminement de l’historien :

1ère Partie : Etudes coloniales et interdisciplinaires

Questions coloniales, trajectoires historiques

Essor, déclin et renouveau des études coloniales, 1951-2001

2ème Partie : Trois concepts en question : l’identité, la globalisation, la modernisation

3ème Partie : Les possibilités de l’histoire

Etats, empires et imaginaires politiques

Syndicats, politique et fin de l’empire en Afrique française

&

L’objet de ce livre est très ambitieux :

Il est difficile à définir, tant les questions qu’il soulève dans le temps, l’’espace, et l’objet lui-même des recherches, sont innombrables.

Si j’ai bien compris l’ambition de l’auteur, il s’agirait de faire la récapitulation des thèses postcoloniales qui ont été effectuées sur le sujet, des problèmes d’interprétation intellectuelle, au sens large, qu’elles soulèvent, et donc de proposer un certain nombre d’éclairages, d’outils d’analyse (les trois concepts cités), destinés à mieux cerner et saisir le « colonialisme ».

L’auteur note en préalable : « Refuser de considérer le colonial comme une dimension nettement délimitée, dissociable de l’histoire européenne constitue un défi important pour l’analyse historique «  (page 10)

Et plus loin : « Ce serait toutefois aujourd’hui au tour des domaines interdisciplinaires des études coloniales et postcoloniales de prendre un nouveau départ, et notamment d’adopter une pratique plus rigoureuse. Or, si elles ont fait connaître à un large public transcontinental la place du colonialisme dans l’histoire mondiale, la majorité de ces études attribuent cependant à un colonialisme générique – situé quelque part entre 1492 et les années 1970 – le rôle décisif dans la construction du moment postcolonial, dans lequel on peut condamner des distinctions et une exploitation injustes et célébrer la prolifération des hybridations culturelles. » (page 22)

Le contenu d’un tel ouvrage ne facilite, ni la lecture, ni son résumé, éventuellement critique.

Notre méthode de présentation des notes de lecture :

Nous nous proposons de publier successivement, sur les différents sujets traités par l’auteur, des notes de lecture composées de trois éléments : un résumé rapide du discours de l’historien, les questions posées, et l’éclairage (si possible) d’un témoin « colonialiste » de cette histoire postcoloniale.

Premier éclairage du témoin « colonialiste »

« Le colonialisme a d’abord été le mauvais visage de la colonisation. Puis, il s’est substitué totalement au mot « colonisation ». Braudel le reconnaît en qualifiant du terme « colonialisme » l’expansion européenne depuis le XVIème siècle.

C’est peut-être une période de temps un peu longue, puisque le mot date du début du XXème siècle (1902). Il serait sans doute préférable de ne l’utiliser que pour la période de 1880 à 1960, période qui va de l’ « impérialisme colonial » à la « décolonisation ».

Le projecteur n’est mis que sur le cas français et britannique, et dans une moindre mesure, et de façon anecdotique sur le cas belge. Le mot est relativement neutre, quand il est utilisé par les historiens britanniques. En France, il donne automatiquement une couleur négative à ce qu’il recouvre.

Si l’on tient à ces observations, on fera l’impasse sur les acteurs autres qu’’Européens (Russie, Etats Unis, Japon…voire Chine, Egypte, Ethiopie… ) et sur les continents autres que l’Afrique et l’Asie.

Il faut enfin garder à l’esprit que le mot « colonialisme » sert à condamner à la fois des événements dans une période donnée (le moment colonial) et un type de relations, celui entre colonisés et colonisateurs (la « situation coloniale »). »

M.A

                Et pourquoi ne pas citer, à titre de conclusion déjà provisoire, et sûrement provocatrice, le stratège Sun Tzu, en le paraphrasant légèrement, et si

« Le fin du fin, lorsqu’on dispose ses troupes, était de ne pas présenter une forme susceptible d’être définie clairement… » ? (Points faibles et points forts)

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: la Serbie dans l’Union européenne? La transparence démocratique?

Humeur Tique : adhésion de la Serbie à l’Union européenne ?

Le Monde du 27 octobre page 9

Transparence et effets institutionnels et financiers du processus ?

            Trois journalistes du journal apportent leur contribution à la rédaction de l’article.

            Ils nous expliquent :

 « la Serbie a accompli un pas en avant crucial sur la longue route vers l’Union européenne (UE), lundi… La Serbie espère une adhésion en 2015 ou 2016. »

            Est-ce que ce serait trop demander à un grand journal d’information de nous expliquer comment cette adhésion va être « entérinée » par les citoyens d’Europe, et comment notre belle Europe va fonctionner concrètement avec cette nouvelle adhésion, en plus d’autres déjà annoncées ?

            A trois belles plumes, il ne devrait pas être trop difficile d’éclairer notre lanterne citoyenne !

Incidence institutionnelle (un commissaire de plus ?, un service linguistique supplémentaire ?), et financière du processus d’adhésion ?

            Je n’ai pas souvenir que le Monde ait jamais, jusqu’à présent, abordé ce sujet, chaque fois qu’il nous annonce une nouvelle adhésion à venir, alors que le bon fonctionnement de la démocratie européenne le recommanderait vivement.

Le film « Un homme qui crie » de Mahamat-Salah-Haroun

Un bon film, à voir par tous ceux qui s’intéressent à l’histoire et au destin de l’Afrique d’aujourd’hui.

            L’histoire d’un père, maître-nageur dans un hôtel de luxe de N’Djamena (Tchad) et de son fils, pris dans les mailles du filet de la guerre, de la corruption qui touche la conscription militaire, et qui voit son fils partir vers le front.

            Et ce merveilleux side-car qui nous fait découvrir les rues de la capitale, puis le désert, avec la course folle de l’urgence vitale, lorsque le père décide de se rendre sur le front pour rapatrier son fils gravement blessé, lequel meurt dans ses bras, le long du fleuve Chari sans doute.

            Une course de side-car digne de l’anthologie du cinéma !

            Un film qui ressemble au versant africain du film de Claire Denis et d’Isabelle Huppert, intitulé « White Metal » et qui se passait au Cameroun, que nous avons brièvement commenté, il y a quelques mois.

Le versant africain, car le défaut de ce type de film est qu’on ne nous explique  jamais de quelle guerre il s’agit, qui est contre qui, et pourquoi ? La guerre comme nouveau décor africain ! Avec des guerres toujours anonymes, qui ne veulent pas dire leur nom ?

Avec le risque de laisser penser aux spectateurs que chaque pays d’Afrique se voit confronté avec sa ou ses guerres, ce qui est le cas du Tchad.

J’ai vu ce beau film un dimanche après-midi dans un cinéma d’art et d’essai, et vous avouerai-je que j’ai été très surpris de constater que le public ne semblait compter aucune personne venue, semble-t-il, de ce qu’on a coutume d’appeler aujourd’hui la diversité française.

Jean Pierre Renaud

Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle- Acte III: 1965-1989, le règne des partis uniques

« Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle

Acte III : 1965-1989, le règne des partis uniques »

France 5 du 24 octobre 2010

            Une rétrospective et un balayage historiques de bonne qualité sur cette période cruciale de l’Afrique qui vit effectivement la prise de pouvoir par des partis uniques et des dictateurs. Mais quid du Maghreb ?

            Avec toutes les horreurs de toutes les guerres, et pourquoi ne pas le dire, à l’exemple de beaucoup d’autres pays du monde, de tous les continents, y compris d’Europe, pour ne citer que l’exemple le plus récent du Kosovo !

            Comme je l’ai déjà noté dans une chronique précédente, et comme cela a été répété par différents interlocuteurs, il est impossible d’examiner cette période africaine, en oubliant la guerre froide entre l’Est et l’Ouest.

            Au cœur de ce dossier, la capacité ou l’incapacité des nouveaux Etats, issus d’un découpage territorial colonial, souvent artificiel, à assurer la continuité de l’Etat colonial: pouvait-il en être autrement ?

Et si oui, pourquoi le documentaire n’a pas abordé le sujet ? Ou peut-être n’ai-je pas été assez attentif ? Ou peut-être s’agissait-il d’un sujet tabou ? Celui des ethnies naturelles ou suscitées par le pouvoir colonial, des (fausses) fractures ethniques et des (vraies) fractures coloniales ?

            Une seule mention à ce sujet, le reportage  du Monde intitulé « De l’autre côté du fleuve » (page 3, le 27 octobre 2010), et le texte intitulé « L’unité nationale à l’épreuve des tensions ethniques », je précise entre maures, peuls, wolofs,soninké, et plus précisément entre populations qui étaient, à l’origine, soit nomades, soit sédentaires.

Tous les historiens de bonne foi pourront témoigner de l’existence très ancienne de ce problème et de ces tensions, comparables à toutes celles qui ont traditionnellement opposé les nomades du désert ou du Sahel (plus à l’Est, souvent des Touaregs) et les paysans sédentaires

            Le parti unique a incontestablement constitué une réponse institutionnelle à la situation née des indépendances, et à ce type de situation, et en cas de carence vraie ou fausse, l’armée, seul corps institutionnel capable d’assurer l’ordre public.

            En ce qui concerne le Sénégal, je ne crois pas avoir entendu évoquer non plus la rébellion de Casamance.

            Les extraits de discours de plusieurs « chefs » des Etats d’alors, qui ont été diffusés étaient très intéressants, car ils en disaient long sur leur talent oratoire de leaders politiques ou militaires, qu’ils aient été de vrais ou de faux révolutionnaires !

Heureusement, le documentaire s’est achevé sur une note optimiste, avec l’intervention d’une femme, responsable politique du Kenya, laquelle témoignait de son action en faveur d’un passage à la démocratie, action qui fut couronnée de succès.

Dernière question : est-ce que l’Afrique de cette époque troublée a compté des territoires qui ont échappé à la solution du parti unique ?

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: la danse de Saint Guy des candidats premiers ministrables, Président du Conseil Constitutionnel et ancien « braqueur »

Humeur Tique : la danse de Saint Guy des candidats premiers ministrables et de leurs écuries, le Président du Conseil Constitutionnel en compagnie d’un ancien « braqueur »

Humeur Tique : danse de Saint Guy des candidats premiers ministrables et bonne « com »

Font sans doute partie des citoyens classés dans la catégorie des imbéciles, ceux qui sont très surpris, pour ne pas dire plus, par la danse de Saint Guy des nombreux candidats aux fonctions de Premier Ministre et de leurs écuries !

            Alors oui, il est possible aujourd’hui d’être candidat ou de faire mousser sa candidature par une bonne âme, et en tout cas une bonne « com » ? Le conseiller social sortant du Président donne donc sa bénédiction, toute apostolique, et par avance, à son candidat ? Tout comme le Secrétaire général de l’Elysée ! Et tellement d’autres !

            Serait-ce en définitive la bonne « com » qui ferait de nos jours nos premiers ministres ? La République « com »?

Humeur Tique : Président du Conseil Constitutionnel et ancien « braqueur »

        Si vous avez l’habitude de « zapper » un peu sur les informations télévisées du soir, vous avez peut-être vu au Grand Journal de Canal Plus du 25 octobre, le Président du Conseil Constitutionnel assis en compagnie d’un homme qualifié d’ »ancien braqueur ».

Un peu surpris non ? Est-ce bien le rôle du président d’une des plus hautes institutions françaises de prendre part à un journal télévisé dans cet équipage ? Vous avez dit :

–  Mélange des genres ?

– Décidément, vous n’avez pas l’esprit large !

Ceux qui n’ont pas la mémoire courte se rappellent que le même homme politique, ministre de l’Intérieur, avait prêté son concours à l’organisation d’une conférence de presse clandestine du FLNC.

Humeur Tique: la Justice et la République des « petits pois »

Humeur Tique : des juges « petits pois » à l’engrais ?

Justice et République : les « petits pois » à l’engrais !

Les juges  « petits pois » (d’après l’aimable appellation de petits légumes du Président) sont grassement rémunérés en contrepartie des astreintes professionnelles que la République leur impose  le samedi ou le dimanche..

Les magistrats (e) reçoivent la modeste somme de 46 euros par journée d’astreinte (samedi ou dimanche), pour des journées d’au minimum 10 heures de travail.

Donc de l’ordre d’un peu plus de 4 euros de l’heure de travail !

A quand la délocalisation de nos magistrats dans la République Populaire de Chine ?

Ou celle de beaucoup de conseillers de nos princes qui n’ont pas toujours les mêmes exigences de service public !

Propagande coloniale, vous avez dit propagande coloniale? Le Petit Journal et son supplément illustré de 1906

Un coup de périscope historique sur la propagande coloniale en 1906

Le Petit Journal Militaire, Maritime, et Colonial

Supplément illustré du Petit Journal paraissant toutes les semaines – 3ème année

Abonnement (un an, 6 francs, soit 21 euros#) ou vente au numéro (10 centimes, soit 36 c d’euro #)

            Un groupe de chercheurs, bien introduit dans les médias, diffuse un discours d’après lequel la propagande coloniale aurait inondé la France, « matraqué » le cerveau des Français, entre 1871 et 1962.

Quoi de mieux que d’analyser un des outils de la propagande coloniale supposée, celle du supplément d’un journal, le Petit Journal, dont le tirage frisait alors avec le million de numéros ? 

 A cette époque, la presse provinciale faisait d’ailleurs jeu égal avec la presse parisienne.

Le titre du supplément est assez clair sur son contenu, trois thèmes, le militaire, le maritime et le colonial.

Chaque supplément  hebdomadaire comprenait 15 pages, dont une de publicité, et une ou deux consacrées aux mouvements de personnel militaire ou maritime parus au Journal Officiel, donc une douzaine de pages utiles à d’autres informations.

Les suppléments étaient abondamment illustrés de croquis, de photos et de cartes.

            En ce qui concerne l’année 1906, les thèmes d’information dominants portent sur l’actualité des armées française et étrangères, avec un accent sur l’armée allemande, les nouveaux armements, les marines et leurs navires, les plans de défense français, et accessoirement sur les colonies.

Les 52 numéros du supplément ont consacré de l’ordre de 13% de leurs colonnes aux colonies, avec quelques numéros exceptionnels, notamment le numéro 110, celui concernant la Conférence d’Algésiras au Maroc.

Les informations coloniales traitées sont très variées : officiers tués, agitation en AOF, en Mauritanie, ou à Madagascar, folie de l’Empereur d’Annam, assistance médicale en AOF, Exposition coloniale de Marseille et musique malgache, Tchad et portage, budget général de l’AOF, mission de Brazza au Congo, avec aussi des informations sur les colonies étrangères, notamment une histoire de corruption étrange dans les colonies allemandes.

Une citation intéressante sur la relation entre exposition coloniale de Marseille et convictions coloniales du personnel gouvernemental, à l’occasion de la visite à Marseille et de son exposition, ville coloniale par excellence, du Président de la République :

« Une réception d’autant plus enthousiaste… qu’elle marque la fin d’une sorte de défaveur dont leur magnifique Exposition coloniale a semblé être l’objet jusqu’à présent de la part du personnel gouvernemental. » (numéro 146)

A la lecture des suppléments, il parait difficile de dire que le Petit Journal bourrait le crâne de ses lecteurs. Il ne leur cachait pas la vérité sur l’actualité coloniale, aussi bien les troubles, les réalisations, que les problèmes rencontrés.

Citons à cet égard les informations sur les abus du système de « portage » au Tchad, ou l’enquête de Brazza sur les exactions coloniales au Congo.

Le contenu lui-même des articles était d’une grande neutralité sur les différents sujets. Rien de triomphant ou de dithyrambique en faveur de la cause coloniale !

Nous aurons l’occasion de revenir sur certains des sujets abordés dans le courant de l’année.

Jean Pierre Renaud