Humeur Tique: représentativité de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris et les TPE?

Humeur Tique : La représentativité de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris et les Très Petites Entreprises, les TPE ?

Représentativité de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris et TPE ?

Pour avoir une bonne information sur la vie de la puissante, trop puissante Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, il vaut mieux lire Le Parisien (7 janvier 2011- 2/3 de la page II), que la Tribune, journal d’information économique et financière (7 janvier 2011- un entrefilet page 13)

Dans le Parisien, une interview du tout nouveau président, M. Gailly, plus un article très intéressant, intitulé « Le petit commerce se rebiffe »

Dans la Tribune, un petit entrefilet sur le curriculum vitae un peu surprenant du nouveau président de la Chambre.

Pourquoi l’article du Parisien est intéressant ? Parce qu’il soulève des questions de fond qui n’ont jamais été réglées quant à l’organisation de la Chambre et à sa représentativité.

La Chambre fonctionne beaucoup plus comme un ministère, un groupe national de pression économique, financier, et aussi politique, que comme une chambre de commerce et d’industrie classique.

 Son organisation est éloignée des préoccupations du terrain, et les dernières élections montrent à la fois que cette institution est très loin d’être représentative de ses électeurs, avec un taux de participation électorale de 6,42% en 2010, au lieu de 10,5% en 2004, ce qui n’était déjà pas très brillant.

A comparer avec un taux national de participation de 17,2%, un taux qui n’est déjà pas très folichon, du minimum de 6,4% à Paris et dans la petite couronne, au maximum de 46,7%.

Est-ce qu’il est raisonnable d’estimer qu’une chambre de commerce et d’industrie importante –elle gère un budget de 551,4 millions d’euros – est vraiment représentative, alors que 93, 6 % de ses électeurs ne prennent pas part au scrutin ? La réponse est non !

 La majorité des sièges a été emportée par une coalition MEDEF-CGPME, mais les petites entreprises se sont rebiffées et ont gagné quelques sièges.

L’institution est donc de moins en moins adaptée dans ses structures et son fonctionnement à la situation actuelle des entreprises de l’Île de France, si elle l’a jamais été. Elle n’a jamais véritablement exprimé les aspirations des Très Petites Entreprises.

« L’Afrique noire française » « L’heure des indépendances » sous la direction de MM Ageron et Michel

« L’Afrique noire française »

« L’heure des indépendances »

Sous la direction de Charles-Robert  Ageron  et Marc Michel

Lecture

Volet 1

            Un pavé de près de 800 pages qui a la particularité de se présenter comme une réédition, dans l’année du cinquantenaire des indépendances :

« 1990,2010, ce livre est une réédition. Il reprend sous une forme condensée, les apports d’un colloque remontant à 1990, trente ans après les indépendances de treize pays africains « francophones ».

Après avoir rappelé le chemin éditorial de ce livre, nous bornerons notre commentaire de lecture à quelques-unes des pages qui ont retenu notre attention, et tout particulièrement à celles consacrées à l’indépendance de Madagascar, et au témoignage très intéressant, à tous points de vue, de M.Rabemananjara, ancien député à l’Assemblée Nationale.

L’ouvrage comprend sept parties :

1 La marche aux indépendances : le rôle des forces intérieures (21 à 221)

2 La France et les indépendances africaines (221 à 377)

3 Les indépendances vues d’Afrique (377 à 539)

4 L’environnement international (539 à 629)

5 L’Océan indien et l’indépendance de Madagascar (629 à 729)

En ce qui concerne la première partie consacrée au « rôle des forces intérieures », leur lecture me laisse assez dubitatif, sauf en ce qui concerne le rôle des élites du Sénégal et celui des partis politiques de l’ancienne AOF, mais ce dernier, tardif, puisque postérieur à 1945.

Et la réponse à ce doute figurerait sans doute dans le rapport général de la troisième partie, quant à l’ambigüité du mot et du concept d’indépendance, tels qu’ils étaient compris par les africains.

Le rapporteur écrit :

« L’idée et le mot donc se banalisent à partir de 1958, même si le contenu en reste relativement flou. Une observation linguistique d’abord : peu de partis politiques ou de personnalités politiques ont, semble-t-il, à partir des textes que j’ai vu traduits en langue indigène, utilisé le mot « indépendance ». (page 383)

« Ce balbutiement au niveau des concepts sur lesquels il y aura peut-être des choses à dire lors de la discussion me semble témoigner de cette chose dont nous avons un tout petit peu discuté hier, c’est-à-dire la capacité non seulement d’adaptation, mais aussi d’invention de la part des sociétés africaines. » (page 384)

Et l’analyse du rôle des « acteurs africains » n’est pas toujours très éclairante, d’autant plus quand le rapporteur général précise :

« Comment savoir ce que pense, à cette époque, l’homme de la rue ? Comment mesurer l’opinion publique ? » (page 389)

Effectivement, et pour avoir navigué, dans les années 1956, au nord du Togo, territoire sous mandat de l’ONU, et promis à l’indépendance, il n’y avait tout d’abord pas de rues, et les journalistes auraient été bien en peine de dire ce que pensaient les Ngan-Gan (animistes) ou les Tyokossi (musulmans) de l’indépendance, sauf en interrogeant leurs féticheurs, leurs marabouts, ou leurs chefs, qui faisaient concrètement la pluie et le beau temps, et qui constituaient leur véritable horizon social ou culturel, beaucoup plus que les commandants de cercle.

A noter qu’a cette époque encore, les Ngan-Gan (cercle de Sansanné-Mango) vivaient nus : les hommes portaient un étui pénien et les femmes une décoration de feuilles vertes. Il est loin d’être assuré du reste que « l’ethnie » en question n’ait pas craint, avec « l’indépendance » de se retrouver sous la domination de leurs puissants voisins.

Un monde séparait par ailleurs la mentalité des gens de la côte et des gens de la brousse.

En 1990 (époque de ce colloque), il aurait été encore possible de réaliser un important travail d’interview de tous les intermédiaires cités plus haut ; peut-être le travail a-t-il été fait, mais les rapports n’en parlent pas, alors que c’est tout le problème posé par la problématique de l’opinion publique villes- brousse des années 1950, pour autant qu’il ait eu quelque chose qui ressemblât à une opinion publique de brousse.

A se demander donc si ces réflexions de type « historique » ne reconstruisent pas une histoire qui n’a jamais existé ?

Le même problème d’analyse et d’évaluation de l’opinion publique française à l’égard des colonies se posait, dans un contexte d’information qui n’avait naturellement rien à voir avec celui des colonies, avant l’arrivée des sondages d’opinion, c’est-à-dire juste avant 1939.

Et pour rassurer les sceptiques sur ce magnifique sujet de l’opinion publique dont on peut dire tout et n’importe quoi, je signale que beaucoup d’historiens ont évoqué l’évolution de l’opinion publique française, jusqu’aux sondages analysés entre autres par M.Ageron, sans jamais avoir pris le soin d’exécuter un travail d’analyse statistique de tous les supports culturels qui ont existé et qui sont encore disponibles, afin de déterminer si oui ou non, les « médias » de l’époque (et avant les sondages) accordaient de l’importance aux colonies, à la fois dans la place accordée (statistiquement) et dans le contenu de leurs messages.

Le livre ne fait pas état des réflexions tout à fait pertinentes faites à ce sujet par un des co-directeurs de l’ouvrage, précisément M.Ageron, dans la Revue Française d’Histoire d’Outre-Mer, numéro du premier trimestre 1990, l’année du colloque, intitulé : «  Les colonies devant l’opinion publique française (1919-1939 ».

L’historien s’interrogeait sur la capacité que l’on avait de pouvoir évaluer l’opinion publique, avant les années 1938, 1939, dates des premiers sondages en France, en reconnaissant la difficulté de la tâche, et observait :

« Mais l’historien de la période contemporaine ne peut renoncer pour autant à tenter de connaître, par des méthodes plus empiriques, cette opinion publique, à condition de bien mesurer les limites de son entreprise. Qui s’intéresse à cette « préhistoire » de l’opinion, celle qui précède l’ère des sondages, doit être parfaitement conscient du champ de cette recherche. » (RFOM, page 31)

Comme je l’ai indiqué dans le livre « Supercherie Coloniale »,  les historiens du sujet ne paraissent pas être encore sortis de cet âge de la « préhistoire », plus de vingt ans après, et des ouvrages d’histoire coloniale ou postcoloniale à la mode dissertent à loisir sur la culture coloniale, une opinion publique « imprégnée » de colonial, sans jamais s’être attachés à évaluer sérieusement cette fameuse opinion publique, en procédant à des travaux d’évaluation statistiques sérieux sur les vecteurs de l’opinion publique de l’époque, et en particulier sur la presse.

Quant à l’échec des fédérations, le rapporteur écrit :

«  Quoi qu’il en soit, l’échec des fédérations primaires  est incontestablement un échec du RDA, parti majoritaire en AOF et qui était né pour rassembler l’Afrique. C’est aussi et surtout un échec de la décolonisation française en Afrique noire. La France seule, à l’instar de ce que firent les Anglais en Nigéria, pouvait maintenir l’unité des fédérations qu’elle avait créée de toutes pièces et qui étaient néanmoins devenues des réalités politiques, économiques, et culturelles. » (page 456)

Il parait tout de même difficile de comparer l’AOF à la Nigéria, eu égard, aussi bien, à leurs ressources comparées et à la configuration géographique des deux territoires, outre un « héritage colonial »  très différent.

Une contribution souligne plus loin le manque d’intérêt stratégique de l’Afrique de l’ouest (page 543)

Est-ce que la France se serait opposée à la volonté de Senghor et d’Houphouët – Boigny s’ils avaient eu la volonté de maintenir la fédération ?

Et dans l’histoire de cette région d’Afrique, est-ce que les grands Almamys que furent Ahmadou,  à Ségou, et Samory, à Bissandougou, ne rencontrèrent pas le même type de difficultés pour agréger à leurs empires musulmans des royaumes malinké ou bambara ?

La quatrième partie consacrée à « L’environnement international », contient une contribution intéressante de M.Pervillé, de laquelle il résulte que  le FLN  n’a jamais été panafricaniste, et que les députés africains, dans leur grande majorité, ont toujours manifesté une certaine prudence, pour ne pas dire réserve, à l’égard  de la guerre d’Algérie.

La semaine prochaine, le volet 2 de cette lecture sera consacré à Madagascar

Jean Pierre Renaud

Oran, le souvenir de l’Algérie Française: « Un balcon sur la mer », le film de Nicole Garcia

J’hésitais à aller voir ce film dédié à une certaine nostalgie de l’Algérie Française, bien éloignée des souvenirs que beaucoup de soldats appelés du contingent ont conservé du bled ou du djebel où ils ont servi, qui ne ressemblent pas du tout à ceux qui hantent encore beaucoup de Français ou Françaises d’Algérie, qui y sont nés, ou leurs descendants.

L’intrigue est simple, celle de la rencontre, en Provence, entre deux adultes, déjà mûrs, dont la famille avait été rapatriée en 1962 : l’homme éprouve un choc émotif, en étant convaincu qu’il vient de retrouver la petite fille qu’il avait aimée à Oran.

Donc une belle histoire d’amour d’enfance algérienne avec une intrigue qui se déroule sur un arrière-plan d’affaires immobilières malheureusement confus.

L’histoire en elle-même est intéressante, étant donné qu’elle nous donne l’image émouvante de ces Français et Françaises d’Algérie, attachés à leur terre de naissance, vivant dans leurs souvenirs toujours vivants.

Mais en ce qui me concerne, et lors de mon séjour de vingt et un mois dans le djebel, et alors que j’ai été un grand lecteur de Camus, j’ai eu le sentiment d’être beaucoup plus proche du décor de La Peste que de celui des Noces, à Tipaza, semblable aux quelques aperçus d’images du film.

Et pour illustrer cette appréciation, je me permettrais de rappeler, tout d’abord, un extrait d’Albert Camus, dans La Peste, une des vignettes que j’avais choisies pour introduire le récit de mes propres souvenirs dans un des djebels de la Soummam :

« Le soleil de la peste éteignait toutes les couleurs et faisait fuir toute joie. »

« C’est une idée qui peut faire rire, mais la seule façon de lutter contre la peste, c’est l’honnêteté. »

Pourquoi ne pas citer un autre extrait du même auteur, les premières phrases de « Noces à Tipaza », qui éclairent une autre face de l’âme, celle du film, la nostalgie de cette Algérie française ?

« Au printemps, Tipaza est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierre. »

Mais pour dire la vérité, les descriptions d’Oran faites, dans un autre contexte, par le même auteur, ne sont pas toujours des plus romantiques, et c’est le moins qu’on puisse dire…

Jean Pierre Renaud

Election présidentielle 2012, Stratégies, Directe ou Indirecte?

Quelles stratégies pour l’élection présidentielle 2012 ?

Le direct ou l’indirect ?

            Et puisque les partis politiques et tout autant les médias ne pensent plus qu’à ça, esquissons quelques réflexions sur la problématique des stratégies des candidats à cette élection.

            Il faut d’abord revenir aux enseignements de la stratégie militaire, ceux des Sun Tzu, Clausewitz, et Liddell Hart, pour ne citer que les principaux.

Deux adversaires positionnent leurs forces sur une ligne d’attente, et tentent de l’emporter, soit à la suite d’un affrontement direct, une bataille d’extermination, soit à la suite d’une manœuvre indirecte de contournement qui démoralise l’ennemi, précisément en dehors de cette ligne d’attente, là où l’adversaire est faible.

Les occidentaux ont très souvent mis en œuvre des stratégies de guerre directe,  alors que les Asiatiques (fidèles aux enseignements de Sun Tzu) ont très souvent donné la préférence au détour, au leurre, à l’usure, à la démoralisation.

En Occident, les Anglais ont incontestablement été des familiers des stratégies indirectes.

Dans son livre « Carnage et Culture », Victor Davis Hanson a proposé des analyses très intéressantes, et fort bien documentées, sur le penchant qu’on toujours eu les civilisations occidentales pour l’affrontement direct, en face.

Que faut-il en tirer dans le cas d’une élection présidentielle ?

Cette élection se joue sur une ligne d’attente entre un candidat et les électeurs, et tout le problème d’un candidat ou d’une candidate va être de savoir à quel moment il faut sortir de sa propre ligne d’attente, c’est-à-dire être candidat, et donc en position d’affronter concurrents de droite ou de gauche (à la condition  d’avoir un projet politique).

Tant qu’un candidat potentiel ne s’est pas porté candidat officiel, il bénéficie d’une sorte de protection indirecte : on le ménage, on ne le craint pas, on essaie de le faire sortir du bois.

Mais à un moment donné, le candidat, non déclaré, qui a des chances de l’emporter, est dans l’obligation d’afficher son ambition, et tout change alors dans le positionnement des forces sociales, culturelles et politiques, amies, ennemies, ou neutres.

Il est donc évident que dans ce jeu stratégique les chances des différents candidats sont inégales et que ceux qui ont découvert leur jeu très tôt, souvent les seconds couteaux, ont peu de chances d’aller jusqu’au bout, à la fois par insuffisance de notoriété et par usure prématurée de leurs forces, tant ils ont été les premiers à subir l’épreuve du feu, c’est-à-dire du direct.

La stratégie politique indirecte n’intéresse donc véritablement que les poids lourds de la politique, ceux qui peuvent prendre le temps de déclarer leur candidature, et donc de passer à l’action directe au moment qu’ils estiment être le plus opportun, le plus efficace politiquement.

Dans l’histoire électorale récente, Giscard en 1981, et Balladur, en 1995, bons candidats de l’indirect, ont laissé échapper leur chance de réussite, en tardant à passer à la confrontation directe, car à un moment donné, il faut passer au direct.

Mais me direz-vous, Présidents ou Premiers Ministres sortants et candidats, peuvent éviter de passer au direct le plus longtemps possible, si le camp de leurs adversaires est très divisé, et c’est vrai !

Et dans ce grand jeu du direct et de l’indirect, toute la question est de savoir quel poids peut avoir le programme politique par rapport au poids du candidat, à son capital image, compte tenu de la difficulté qu’il y a aujourd’hui à définir un programme dit de gauche ou dit de droite, d’où le risque de donner une prime indirecte aux hommes ou aux femmes, et donc, non aux idées.

Et en ce qui concerne l’élection présidentielle 2012, elle risque bien de se jouer par le détour de la mondialisation, entre FMI et G20, si l’« imam caché » auquel rêvent certains socialistes, décidait de se présenter à cette élection.

La situation stratégique politique actuelle parait être très volatile, aussi bien sur le plan national qu’international, et dans son état actuel, elle préfigurerait des recompositions politiques attendues ou inattendues.

Jean Pierre Renaud

Ce type d’analyse avait été effectué dans un essai qui avait intéressé le général Gambiez, publié sous le titre « Chemins Obliques ou Stratégies Indirectes » Editions JPR- 1998

Humeur Tique: Parti socialiste et Machine infernale à perdre?

La Machine infernale du Parti Socialiste, une machine à perdre, pour le choix d’un candidat aux présidentielles!

            A peine la dernière élection présidentielle passée, les socialistes se sont mis au travail, non pas pour mettre au point un programme à proposer aux Français, mais  une machine électorale compliquée de désignation électorale de leur futur candidat aux présidentielles.

Curieuse démarche politique de la part d’un parti qui nous avait habitué, traditionnellement, et conformément à sa vocation, à mettre la priorité sur les idées, et non sur les hommes, ou les femmes !

On ne parlait que de ça, et on ne parle plus que de cela ! Qui va l’emporter, non pas du projet socialiste, ou des projets concurrents, mais de x, y, ou z, et de tous ceux à venir qui solliciteront les suffrages des militants ainsi que ceux de  tous les français qui sont vivement encouragés à y associer leur vote.

Cela devient fatigant, très fatigant, et les médias associés aux candidats les font passer en boucle sur leurs canaux, ardents à gonfler cette bulle politico-mediatique artificielle, et peut être parisienne.

Les socialistes ont donc mis au point une belle machine infernale, toute neuve, qui va permettre aux différents candidats, il y en a bien eu un d’annoncé chaque mois de s’entretuer et d’affaiblir les chances de leur formation politique, au point d’oublier qu’ils en défendent le même programme.

Le Parti Socialiste a donc perdu sa vocation d’apporteur d’idées, de justice sociale et de progrès, et comme la droite, il s’est mis en quête d’un homme ou d’une femme qui se propose d’être le sauveur  de la patrie!

Ce grand parti n’a, en plus, pas le courage politique de désigner lui-même son champion !

Ce texte a été rédigé avant l’épisode Valls et 35 heures de Madame Aubry

Nanosciences et ré-érotisation de la connaissance?

« La suite de l’histoire humaine dépendra de notre rapport avec la connaissance » Interview d’Etienne Klein, physicien au Commissariat à l’Energie Atomique

Journal La Tribune du 2 janvier 2011

            Une interview au contenu, au demeurant, intéressant, sur les relations qu’entretiennent les sociétés du monde, la nôtre évidemment comprise, avec les sciences. Le physicien note que les pays développés s’intéressent de moins en moins à la science, et qu’en France de moins en moins d’étudiants s’engagent dans les études scientifiques.

Vaste débat incontestablement que celui du rôle de la connaissance dans l’humanité, mais très curieusement, l’interview se termine sur une étrange évocation.

 Après avoir souligné l’importance de la mission capitale de transmission de la connaissance, l’auteur déclare :

            « Elle passe également par une ré-érotisation de l’acte de connaissance. Chacun doit pouvoir découvrir qu’on peut se faire plaisir avec la science, vibrer grâce à elle, car comprendre aide à mieux ressentir. »

            Comment ré-érotiser l’acte de la connaissance, sans jeu de mots, comment imaginer l’érotisme du nano-monde ? M.Klein va sans doute nous éclairer dans une autre interview, compte tenu de ses compétences éminentes en nanosciences, mais attention au réchauffement climatique !

Humeur Tique: Françafrique « cachée » : Gbagbo et Coquery-Vidrovitch

Humeur Tique : la Françafrique « cachée » : Gbagbo et Coquery-Vidrovitch, ou les « Enjeux politiques de l’histoire coloniale » ou postcoloniale ?

            Les lecteurs du journal le Monde savent qu’ils trouveront toujours une information intéressante au détour d’un article, d’une tribune, ou d’une page.

Et tel fut le cas, avec le « Décryptages Débats.du 28 décembre, page 16, en lisant un article de M.Bouquet, professeur de géographie politique à l’Université Bordeaux III,  intitulé :

« L’université française et ses tyrans

« Gbagbo et ses amis en sont issus»

Avec l’extrait suivant : « La liste est longue, mais on peut faire court. Laurent Gbagbo a soutenu sa thèse de doctorat d’histoire à la Sorbonne avec une grande – et progressiste – historienne française qu’il a d’ailleurs décorée il y a quelques semaines en souvenir de cette collaboration. »

C’était, sauf erreur, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le 7 août dernier, Madame la Professeur émérite fut alors faite Commandeur de l’Ordre ivoirien, diable ! C’est le cas de le dire !

La Françafrique n’est donc pas toujours là où on l’attend, car il est tout de même difficile de dire que M.Gbagbo pouvait être, déjà au mois d’août dernier, un modèle pour la jeune démocratie africaine, alors que le processus de l’élection présidentielle était difficilement engagé.

Il est vrai, et comme nous l’avons dit sur le blog du 3 décembre dernier, que Lang a fait beaucoup mieux, en assistant à un des meetings électoraux de Gbagbo, mais les initiés comprendront mieux le sens du titre cité plus haut d’une des dernières œuvres d’histoire de Mme Coquery-Vidrovitch. Ce livre a fait l’objet d’une lecture critique sur le blog du 28 mars 2010.

La « grande – et progressiste – historienne française » aurait – t- elle trouvé à Abidjan, du  nouveau grain à moudre, en rapport avec notre  «inconscient collectif » (page 168 du livre cité),  une magnifique occasion de briser le « tabou  français » de « la « non-décolonisation » de la société française » (page 166), ou d’avoir enfin une chance historique d’ouvrir une nouvelle page du « postcolonial » à la Françafricaine ?

Mosquées du père Noël, Prière dans la rue, et Prêchi-Prêcha de Libé, Edito du 22/12/10

     Un éditorial intitulé « Préjugés » : voire !

            L’éditorial rend compte d’une enquête faite par Libé sur la prière musulmane dans la rue :

 « Voici le résultat de notre enquête : il existe des prières publiques dans une vingtaine d’endroits en France ; elles durent en général moins d’une heure, pas toutes les semaines… Ces prières sont le résultat d’un manque de place dans les lieux de culte… Comment résoudre le problème ? En construisant des mosquées. Cet effort conférera à cette religion, qui fait partie du paysage français depuis des lustres, les moyens légitimes d’exercer la liberté de culte qui figure dans notre Constitution. La laïcité ne consiste pas à s’attaquer à telle ou telle religion comme on brandissait jadis l’épée des croisés. Songerait-on par exemple, à interdire les processions catholiques ? La laïcité – la vraie – consiste à garantir la neutralité de l’Etat et à organiser la tolérance envers les cultes reconnus, qui ont droit de cité aux termes de la tradition républicaine. Il serait bon de s’en souvenir »

J’ai envie de dire: tout est tendancieux dans ces propos, approximatif, peut-être même pervers, parce qu’ils contribuent à entretenir le feu d’un nouveau cléricalisme d’insinuation, celui du grignotage républicain de la laïcité.

Que de questions ! Il est dommage que Libé, le journal incontestablement le plus attentif aux humeurs sociales  des Français n’ait pas prêté plus d’attention à ce fait de société et de religion, depuis que le phénomène de la prière dans la rue s’est manifesté, en particulier dans la capitale, dans des arrondissements chers aux éléphants du parti socialiste, les Jospin, Vaillant et Delanoë.

Et ajoutons que cette enquête très approfondie n’apporte aucune réponse chronologique : une vingtaine depuis quand ?

Il fallait donc que Mme Le Pen mette le doigt sur un point encore sensible de notre belle République, pour que les médias et les politiques découvrent, en toute hypocrisie, le phénomène.

Rappelons tout d’abord qu’à la base de notre droit public, il s’agit bien d’une occupation non autorisée du domaine public, alors faire le rapprochement avec certaines de nos processions chrétiennes, ancrées dans notre vieille tradition chrétienne, multiséculaire, paraît tout à fait incongru.

« En construisant des mosquées », mais que propose précisément et à  ce sujet cet édito ? 

Suggère-t-il de leur accorder un financement public ? Dans le respect de « la neutralité de l’Etat » ? En contradiction avec le principe de la Séparation de l’Eglise et de l’Etat, que nos ancêtres ont eu beaucoup de mal à faire accepter par la société française en 1905 ? Un retour en arrière donc ! Ou peut-être un appel au financement des mosquées par les lecteurs de Libé ? Ou par les élus et militants socialistes ?

Mes origines familiales m’ont rendu particulièrement sensible au respect de la laïcité. Certains de mes ancêtres, originaires de ce qu’on appelait alors « la Petite Vendée » (le plateau de Maîche) ont lutté contre la séparation des Eglises et de l’Etat, alors que leurs descendants se sont toujours bien trouvés de cette nouvelle laïcité républicaine, d’apaisement.

Il est bien dommage qu’une partie de la gauche ait oublié ce grand principe de paix civique et sociale !

Et les discours de grands élus socialistes des arrondissements populaires de la capitale, le maire du XVIII° arrondissement et le maire de Paris, rapportés dans le même journal, sont-ils crédibles ?

 Vaillant, le maire du XVIII° arrondissement (depuis 1995)  aurait déclaré : « je suis un vrai laïc tolérant vis-à-vis des religions », et Delanoë (maire de la capitale depuis 2001) : « Paris compte des centaines d’églises, mais le culte musulman… les jours de fête religieuse, se pratique trop souvent dans la rue. Je n’accepte pas cette inégalité, et je revendique mon choix de contribuer à la corriger. »

Des centaines d’églises à Paris ? Delanoë les a-t-il bien comptées ?

 Ces grands élus socialistes ont des responsabilités politiques à Paris, souvent depuis plus de trente ans, et pour quel résultat ?

Jean Pierre Renaud

Humour d’un « orientaliste » français: Pierre Loti

Humour d’un orientaliste français, Pierre Loti

« La mort de Philae)

 (FBFrançois Bourin Editeur, page 102)

« Le petit âne blanc et la vieille « cookesse » anglaise »

            Avant-propos

Je n’ai aucune idée des livres de Loti que lisent, encore, et peut-être, les jeunes générations, mais dans ma jeunesse l’auteur des « Pêcheurs d’Islande » nous était familier, plus que ses récits de voyage que j’ai découvert beaucoup plus tard.

Or Pierre Loti fut un grand voyageur, un voyageur infatigable, dans sa qualité d’officier de marine, à l’époque des conquêtes coloniales, mais aussi et tout autant, comme explorateur, pèlerin en quête des civilisations anciennes d’Asie ou du Moyen orient.

Un écrivain voyageur, car ses récits de voyage en Inde, dans la désert du Sinaï, et en Egypte, sont d’une très grande qualité littéraire, et ses reportages mêlent en permanence précisions géographiques, humaines, archéologiques, religieuses, souvent avec une belle écriture poétique.

Ce qui n’empêchait pas Loti de déplorer l’invasion touristique des Cook Limited, déjà, notamment dans la vallée du Nil !  

Et de manifester la même constance d’opinion anti-anglaise, alors partagée par beaucoup des officiers de la marine française.

Le lecteur trouvera ci-après un échantillon de l’humour de l’orientaliste Pierre Loti à l’occasion de son voyage en Egypte, en 1907, dont le titre pourrait être

 Le petit âne blanc et la vieille « cookesse » anglaise :

« Nous pensions en avoir fini avec les cooks et les cookesses du luncheon. Mais hélas ! nos chevaux, plus rapides que leurs ânes, les rattrapent au retour, parmi les blés verts d’Abydos (un temple), et un embarras dans le chemin étroit, une rencontre de chameaux chargés de luzerne, nous immobilise un instant, tous pêle-mêle. A me toucher, il y a un amour de petit âne blanc qui me regarde, et d’emblée nous nous comprenons, la sympathie jaillit réciproque. Une cookesse à lunettes le surmonte, oh ! la plus effroyable de toutes, osseuse et sévère ; par-dessus son complet de voyage, déjà rébarbatif, elle a mis un jersey pour tennis, qui accentue les angles, et sa personne semble incarner la responsability même du Royaume Uni. On trouverait d’ailleurs plus équitable, tant sont longues ses jambes dénudées de tout intérêt pour le touriste – que ce fût elle qui portât l’âne.

Il me regarde avec mélancolie, le pauvre petit blanc, dont les oreilles sans cesse remuent, et ses jolis yeux si fins, si observateurs de toutes choses, me disent à n’en pas douter :

–       Elle est bien vilaine, n’est-ce-pas ?

–       Mon Dieu, oui, mon pauvre petit bourricot. Mais songe un peu, fixée à ton dos comme elle est là, tu as au moins l’avantage de ne plus la voir.

Pourtant ma réflexion, bien que judicieuse, ne le console pas, et son regard me répond qu’il se sentirait plus fier de porter, comme ses camarades, un simple paquet de cannes à sucre. »

            Dans ce passage, comme dans beaucoup de ses récits de voyage, et après avoir visité le temple d’Abydos, Loti épingle les ravages que font déjà dans ces pays à civilisations anciennes, le déferlement des touristes de la Cook Limited anglaise, et les ravages de l’expansion occidentale.

Deux cadeaux pour les fêtes de fin d’année, le film « Narcisse noir » et l’humour de Loti, « orientaliste » français.

Deux cadeaux pour les fêtes de fin d’année : dans le « noir », le film « Le Narcisse Noir » de Michael Powel, avec la belle Deborah Kerr, dans l’Himalaya, et dans le « blanc », l’humour d’un « orientaliste » français, Pierre Loti : « Petit âne blanc et vieille « cookesse » anglaise en Egypte ».

Le film « Le Narcisse noir » de Michael Powel et la belle Deborah Kerr, bonne sœur dans l’Himalaya (1947)

            Un film magique dans tous les sens du terme !

C’est l’histoire d’un groupe de cinq sœurs d’une congrégation anglicane implantée dans les Indes, encore anglaises, qui confie à l’une d’entre elles, Deborah Kerr,  la responsabilité d’installer un nouveau couvent dans une forteresse plantée sur des falaises vertigineuses d’un contrefort de  l’Himalaya. Un riche maharadja a décidé de la confier aux bonnes sœurs, à charge pour elles, de créer une école et un dispensaire au profit de ses sujets.

Installation étrange dans un  ancien harem qui a conservé quelques gravures licencieuses, vie dans une forteresse inaccessible et agitée en permanence par des vents puissants et bruyants, cohabitation éprouvante avec un monde indien mystérieux, plein de religiosité et de croyances incompréhensibles, des nonnes dont la vocation vacille au contact de leur nouvelle vie, et de cet anglais, sans doute le résident de l’époque, qui vient régulièrement les défier par sa sensualité, son animalité, tout en les aidant à s’installer..

Une ambiance entêtante entretenue par le parfum obsédant du fameux « Narcisse noir », « un parfum obsédant qui affole les sœurs d’un couvent britannique », dixit le Canard Enchaîné.

La mission des cinq sœurs se conclut par un échec, avec un épisode digne d’Hitchcock, dont Powel fut, à un moment donné, le collaborateur.

Un film intéressant à un tout autre titre, celui de l’histoire coloniale des Indes anglaises en particulier, et de l’histoire coloniale en général.

Le film fait bien ressortir la sorte d’incommunicabilité coloniale qui existait entre deux mondes de croyances et de raisonnements différents, l’univers indien et l’univers britannique. Il montre également toute l’ambigüité de ces missions religieuses dont l’ambition était de porter la bonne nouvelle dans des milieux qui n’étaient pas toujours à même de l’accueillir.

Ce film nous plonge dans les Indes coloniales, magnifiques personnages et magnifiques paysages ! Laissez-vous porter par la magie de ce film en technicolor, sans vous poser trop de questions pour savoir si ces images ont été filmées en studio ou non, tellement on se croirait sur un des contreforts de l’Himalaya.

Jean Pierre Renaud

A noter le commentaire élogieux du Canard Enchaîné, lequel n’a souvent pas mauvais goût dans le domaine du cinéma :

« Ce drame sensuel kitsch et somptueux… est un bijou qui scintille d’extravagance, d’humour et de puissance sensuelle. »