Madagascar, 1937, la mort tragique du grand poète malgache Rabearivelo, ou Madagascar n’était pas la France!

« Eclats de vie coloniale : Madagascar »

En 1937, Madagascar n’était pas la France !

Non plus d’ailleurs que la société coloniale de l’époque !

1937 : mort tragique du grand poète malgache Rabearivelo

 Echec de la colonisation française !

            Robert Boudry a publié en 1958 aux Editions Présence Africaine, un petit livre intitulé « Jean-Joseph Rabearivelo et la mort », livre préfacé par Jean Amrouche.

            L’auteur avait eu accès aux milliers de pages des « Calepins Bleus », noircis par le poète.

            L’auteur avait fait carrière au Contrôle financier de Madagascar et fait partie de la petite minorité de Français de métropole qui avaient partagé les aspirations intellectuelles et civiques de la jeune élite malgache, faites d’un goût de la liberté et de l’indépendance.

            C’était donc en ami du poète que l’auteur évoquait sa mémoire. Il lui rendait un vibrant hommage, mais en situant sa vie tragique dans le contexte historique et colonial de l’époque, dans la capitale de Tananarive.

Et cette évocation est particulièrement intéressante parce qu’elle décrit la problématique des rapports entre la puissance coloniale et les « indigènes », c’est-à-dire les Malgaches, et plus précisément des relations entre la société coloniale et les Malgaches.

Car pour un lecteur des récits historiques de cette époque, il existait bien un phénomène de « société coloniale », dont le comportement différait singulièrement de la société française de métropole.

Jean Amrouche décrivait le  poète dans la préface de ce livre :

 « Jean-Joseph est moins exemplaire par ses réussites, fragmentaires et contestables, que par ses erreurs. Il n’était pas taillé pour la victoire, mais pour la défaite. Sa vitalité, son ardeur spasmodique et déréglée marquent sa profonde faiblesse, celle d’une conscience et d’une âme déroutée.

Il enfle la voix par désespoir, se voit grand homme, lui qui est petit comme Napoléon, et s’exalte jusqu’à se proclamer dieu pour lui-même : mesure démesurée de son incurable humiliation.

Tout recours efficace lui est interdit. Ni la voie française, ni la voix malgache dans les deux directions des ancêtres fabuleux et vers l’aval révolutionnaire, ne peuvent accueillir et porter ses pas d’homme sur un sol ferme.

Alors Jean-Joseph bascule sur sa couche, et nous tourne à jamais le dos. »

Le poète s’est en effet suicidé le 22 juin 1937 : il avait à peine trente-six ans.. Il laissait une veuve et cinq enfants.

Et comme le soulignait Jean Amrouche, voie française ou voie malgache, l’une ou l’autre, lui étaient définitivement fermées, et c’est à partir de ce constat que Robert Boudry propose sa biographie du poète, déplore ce « drame colonial », un « suicide d’intellectuel imputable au colonialisme »

« On touche ici au drame qui n’est pas seulement celui d’un individu mais d’un peuple. La culture occidentale, la soumission aux colonisateurs conduisent le poète à une impasse. Ceux qui font miroiter à ses yeux sa libération de sa condition de Malgache par la culture lui ferment en même temps toutes les portes et le relèguent dans une situation misérable. ..

Son sacrifice prend ainsi une valeur symbolique. Il signifie la révolte de l’intellectuel précurseur contre le destin qui lui est fait, à lui, homme de couleur et colonisé par le conquérant, et celle de n’importe quel colonisé qui se reconnait en lui. Il signifie aussi la protestation du peuple malgache et celle de tous les peuples colonisés contre le régime auquel ils sont soumis. » (page 83)

Je ne vais pas évoquer les talents du poète, car j’en serais mauvais juge, alors que et d’autres lecteurs, des amateurs de poésie et des critiques, en ont loué le génie.

A lire Boudry, il semble que l‘on soit en présence d’un monstre sacré de la poésie, à l’image de Gérard de Nerval ou de Baudelaire.

L’homme n’était pas un petit saint, c’est le moins que l’on puisse dire, sans avoir la possibilité de discerner dans sa vie de patachon, d’opiomane, et d’alcoolique, ce qu’il convenait d’attribuer à son drame personnel de poète et de malgache humilié ou à ses penchants personnels.

Son ami Boudry écrivait :  

« Enfant particulièrement précoce sous ce climat tropical, les récits de ses bonnes fortunes et de ses orgies, tiennent une grande place dans son Journal. Il passe des nuits à boire du vin rouge et du rhum – il ne peut pas se payer mieux – et il rentre ivre chez lui. Il se sent ainsi plus près des conquérants, ce qui n’est guère flatteur pour ceux-ci. Un jour de 1933, il note :

« Ai joué comme un forcené jusqu’au matin. Ai bu comme le sable la mer. A minuit, tout ce que j’avais sur moi était brûlé après une apparence éphémère de chance… rentré aussitôt pour prendre tout ce que nous avions, ma femme et moi, d’argent liquide… J’ai tout perdu encore et ce sont des Chinois et des Indiens qui m’ont eu… Rentré seulement à 4 h 15, rond et saoul comme la lune… » (page 49)

Le poète Rabearivelo souffrait tout à la fois de ne pas voir ses talents de poète et d’homme de lettres reconnus par les conquérants, mais tout autant des conditions humiliantes dans laquelle l’administration coloniale tenait les Malgaches, outre le fait que les mœurs de la société coloniale étaient tout à fait détestables.

Humiliation d’autant plus sensible qu’il appartenait à la caste andriana (noble) de Zanadralambo, et que l’administration coloniale le traitait comme un indigène.

 En dépit de ses talents reconnus, elle refusait de lui faire une place dans l’administration. A l’occasion de l’exposition coloniale de 1937, à la préparation de laquelle il avait collaboré, le gouverneur Cayla n’avait pas cru bon de le convier à faire le voyage de Paris, son souhait le plus cher.

L’auteur cite une anecdote qui en dit long, très ou trop long, sur la mentalité de la société coloniale :

« Je me rappelle à ce propos qu’un jour l’autorité militaire avait convié les personnalités de Tananarive à la distribution des prix offerts aux enfants de troupe malgaches. Quelles ne furent pas la stupeur et la gêne des assistants d’entendre appeler sur l’estrade, non pas Rakoute ou Ranaive, mais des numéros martricules, sans état civil, ni personnalité. » (page82)

L’auteur écrivait : « Sa culture, son érudition mêmes sont considérables et il en conçoit un orgueil légitime, quand il se compare aux Malgaches et aux Européens qui l’entourent. Il s’intitule « un lettré de couleur fou de langue française et brûlant de garder sa personnalité…

Il réalise cette gageure de faire à Madagascar le métier d’homme de lettres se tenant au courant de toute l’actualité française » (page 46)

Et de publier ses poèmes dans des revues françaises, et de nouer des relations épistolaires avec des écrivains ou poètes français, notamment son ami Fagus, poète aujourd’hui peu connu.

« Il se heurte à tout instant à une contradiction vitale qu’il ne peut résoudre parce que cette société, par sa structure même, ne lui permet pas de le faire. Sa solitude, c’est le champ de bataille qui se livre en lui.

En dépit de sa culture occidentale, Rabearivelo demeure profondément malgache et il souffre de voir la culture de son peuple méprisée. Constamment son atavisme se rebelle et ranime le conflit. Plus il avancera en âge, et plus cet atavisme l’emportera sur sa formation française, d’autant plus d’ailleurs que la société européenne demeure fermée à une véritable assimilation. » (page 58)

Et quelle société européenne ? Une société assez largement dépravée, telle que la décrit l’auteur, et dont l’ancien magistrat de Madagascar, et poète, Camo a brossé de son côté la décadence dans le petit livre intitulé « Madame de la Rombière ».

Boudry écrivait : « Fondée sur l’appât du gain, sur une morale de l’argent facile et sur la supériorité du conquérant, la société européenne est composée d’éléments hétéroclites qui se renouvellent sans cesse et ne s’appuient sur aucune tradition. Aventuriers par vocation, par le hasard des circonstances ou malgré eux, la plupart des Européens occupent dans la hiérarchie sociale, du fait même de leur transplantation, une situation supérieure à celle que leur conféreraient leurs mérites dans la métropole, tandis que les Malgaches destinés à figurer localement dans les hauts postes sont condamnés à ne remplir que des fonctions subalternes ». (page 24)

Et pour illustrer cette situation, seulement mille deux cents Malgaches jouissaient alors de la citoyenneté française sur une population de quatre millions d’habitants !

            Grand poète, poète incompris et méprisé par la société coloniale, mais au moins autant poète en permanence habité par l’image de la mort.

            Incontestablement, il s’est complu à évoquer la mort, sa mort, et celle de son ami Fagus, très tôt convaincu qu’il était destiné à connaitre une mort violente, trouvant souvent l’inspiration dans l’évocation de la mort.

            Rabearivelo inscrivait souvent sa poésie dans un des versets de Musset :  « Les chants désespérés sont chants les plus beaux », et sa propre mort :

            « Avec l’idée – oh ! sans trembler – qu’un jour ma chair

            et mon front

            et mes os pourriront

            en ton sein, au mieux

            des restes innombrables

            et méconnaissables

            de mes aïeux »

            Car la culture malgache accorde une place capitale au culte des ancêtres !

Et pour terminer le bref commentaire de ce petit livre, indiquons que le poète Rabearivelo eut l’occasion, avant sa mort, de collaborer à une revue à laquelle collaborait également Jacques Rabemananjara. Ce dernier eut la chance de partir en France, et donc de ne pas périr étouffé dans cette ambiance mortifère de l’époque, le Rabemananjara, futur député du RDM, accusé d’avoir comploté contre la France, lors de l’insurrection malgache de 1947.

Le même Robert Boudry vint au procès pour témoigner en faveur des trois députés accusés et condamnés par la « justice » française  de la grande île.

Et pour raccorder la destinée du poète Rabearivelo, dans le contexte colonial de l’époque, avec l’actuelle situation de son pays, comment ne pas y voir certaines similitudes troublantes ?

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: Arabie Saoudite et Maroc: deux bonnes nouvelles!

Humeur Tique : Arabie Saoudite et Maroc, deux bonnes nouvelles dans l’actualité de ces deux grands pays musulmans !

A Ryad, en Arabie Saoudite, les femmes bravent les autorités politiques et religieuses : considérées comme mineures par la loi, elles n’ont pas le droit de prendre le volant de leurs voitures.

            Elles ont donc décidé de braver cette loi rétrograde en prenant le volant.

Un point marqué contre la condition inégalitaire à laquelle elles sont soumises !

&

A Rabat, au Maroc, Mohammed VI, le roi, vient de décider de proposer à son peuple la mise en place d’une monarchie de type parlementaire.

Il pourrait s’agir bien d’une véritable révolution politique.

Edward.W. Said: Humanisme et Démocratie, notes de lecture

Humanisme et démocratie

Edward W.Said

Notes de lecture

            Les lecteurs du blog ont pu lire le commentaire de lecture que j’ai proposé sur le livre bien connu d’Edward W. Said, intitulé « L’orientalisme ». (blog du 20 octobre 2010)

            Ma lecture était stimulée par la thèse que soutiennent certains chercheurs, qui ont lu ou non cet ouvrage, d’après laquelle le regard de l’Occident sur l’Orient aurait été structuré par les écrits des écrivains orientalistes, et notamment leur récit de dépréciation des mondes orientaux. D’où l’impérialisme, le colonialisme, la supériorité de la civilisation occidentale, et tutti quanti !

Les conclusions de ma lecture ont heureusement été plus nuancées.

Ceci dit, l’œuvre de cet intellectuel au parcours original est incontestablement intéressante, car il possède à la fois une connaissance encyclopédique de la littérature occidentale et une culture, mais tout autant, une sensibilité orientale, qui lui donnent la possibilité de mettre complètement à plat nos références de la littérature occidentale.

Il me fallait donc aller plus loin en lisant un autre livre du même auteur « Humanisme et démocratie », et cette lecture est également intéressante, parce que l’ouvrage tente de répondre à au moins deux questions :

–       Les humanités de l’Occident, c’est-à-dire aussi l’humanisme, sont-ils les seuls à exister ?

–       Comment les textes représentent-ils la réalité ?

            L’auteur met évidemment en cause les « eurocentristes », et son combat rejoint celui des adversaires des « ethnocentristes », en relevant que l’humanisme n’appartient pas uniquement à l’Occident.

Il décrit donc le comportement et l’hygiène de vie intellectuelle de l’humaniste : « Pour l’humaniste contemporain, il est particulièrement opportun de cultiver cette conscience de la multiplicité des mondes et des relations complexes qui s’établissent entre les traditions, à savoir cette combinaison inévitable dont j’ai parlé et qui se produit entre l’appartenance et le détachement, la réception et la résistance. »(page 141)

            L’auteur préconise donc de décortiquer les textes, de les disséquer, d’aller toujours voir derrière le texte, le contexte, et beaucoup d’historiens sérieux retrouveraient sûrement, à travers la méthode d’analyse proposée, à travers la philologie, leur propre méthode d’analyse historique.

            « Nous sommes submergés par des représentations préétablies et réifiées du monde qui usurpent la conscience et préviennent l’exercice de la critique démocratique, et c’est au renversement et au démantèlement de ces objets aliénants que devrait se consacrer le travail intellectuel de l’humaniste, comme le dit si justement C.Wright Mills. » (page 133)

            L’œuvre d’Edward.W.Said s’inscrit dans la lignée de l’historicisme défendu par l’italien Vico au 18ème siècle, et dans celle du grand philologue allemand Auerbach, qu’il cite longuement.

Il fait un sort particulier à la citation ci-après de cet auteur :

            « La manière de considérer la vie de l’homme et de la société humaine est fondamentalement la même qu’il s’agisse du passé ou du présent. Si un changement intervient dans notre manière d’envisager l’histoire, il influera nécessairement, et très vite, sur l’idée que nous nous faisons des circonstances où nous vivons. Une fois qu’on a compris que les époques et les sociétés ne doivent pas être jugées selon quelque modèle idéal de ce qui serait désirable dans l’absolu, mais selon leurs propres normes ; une fois qu’on range parmi ces normes non plus seulement les facteurs naturels, tels que le climat et le sol, mais les facteurs intellectuels et historiques ; une fois que, en d’autres termes, on a pris conscience de l’action des forces historiques ainsi que de leur constante mobilité intérieure ; une fois qu’on a saisi l’unité que présente la vie de chaque époque, de sorte que chacun apparait comme un tout dont le caractère propre se reflète dans toutes ses manifestations ; une fois enfin, qu’on a acquis la conviction que les connaissances abstraites et générales ne permettent pas d’appréhender la signification des événements et que les documents qui les feront comprendre ne doivent pas être cherchés exclusivement dans les sphères élevées de la société ou dans les archives officielles, mais aussi dans l’art, dans l’économie, dans la civilisation matérielle intellectuelle, dans les profondeurs de la vie quotidienne et du peuple – parce que c’est là seulement qu’il est possible de saisir ce qui est propre à un temps, ce qui est marqué des forces qui l’ont animé intérieurement et ce qui est universellement valide en un sens à la fois plus concret et plus profond – alors on peut s’attendre que cette prise de conscience se répercutera aussi sur le présent, et que celui-là apparaîtra comme une réalité incomparable et unique, animée par des forces internes et en constante évolution. Autrement dit, le présent se révèlera comme un fragment d’histoire dont la profondeur quotidienne et toute la structure interne requerront notre intérêt aussi bien sous le rapport de leur genèse que des tendances de leur développement. » (Mimesis, page 439)

            Vaste et ambitieux programme donc que proposait Auerbach, et que l’auteur faisait sien !

            Beaucoup plus surprenante dans l’ouvrage est sa conclusion !

Elle porte sur trois combats, ceux auxquels  l’intellectuel engagé n’a jamais renoncé :

« le premier consiste à se protéger et à se prémunir contre l’oblitération du passé… » (page 243)

« Le deuxième combat est de constituer comme produit du travail intellectuel des champs de coexistence plutôt que des champs de bataille. » (page 244)

Et le troisième « Mon troisième exemple, et le plus proche de moi, est la lutte pour la Palestine, lutte qui, comme je l’ai toujours pensé, ne peut être simplement et réellement résolue par un redécoupage technique, qui est en fait une opération de gardiennage, de la géographie du pays accordant aux Palestiniens dépossédés le droit (telles que sont les choses) de vivre sur environ 20% de leurs terres, qui se trouveraient encore encerclées et sous la dépendance d’Israël…. Priver tout un peuple de sa terre et de son héritage ne peut jamais être considéré comme juste… » (page 246)

A lire attentivement ces textes, il est possible de se demander si certains groupes de chercheurs ne font pas fausse route en croyant s’abriter derrière un drapeau intellectuel qui n’est pas celui d’Edward.W.Said, car l’intéressé situe ses analyses bien au dessus de la mêlée Orient-Occident, si tant est qu’elle existe.

Jean Pierre Renaud

Le film « Pina », sur la grande chorégraphe Pina Bausch !

Encore dans les salles ou en DVD

Un documentaire de Wilm Wenders « en trois dimensions » tourné en hommage à la grande chorégraphe Pina Bausch, récemment disparue.

Ce film montre parfaitement une chorégraphie qui lui appartenait en propre, c’est-à-dire dérangeante d’une certaine chorégraphie trop facilement académique.

Sa chorégraphie a bousculé beaucoup des conventions de la danse.

On est loin du ballet blanc des tutus, des entrechats, des pointes et des sauts de ballerines habillées tout de blanc qui ont effectivement caractérisé cette forme de ballet, si bien représentée dans les peintures de Degas

Sa danse à elle est, en effet, arrimée à la vie quotidienne, à la ville industrielle de Wuppertal, à ses usines  gigantesques, mais tout autant à la terre que le corps épouse, à l’eau qui lui coule dessus, à l’arbre qu’il étreint, aussi bien qu’aux gens de tous les jours.

Une chorégraphie qui déroule toutes les formes de la beauté des vies ordinaires, souvent faites de tristesse et de désespoir, et toujours très strictement servie par des danseurs et des danseuses qui expriment, dans la totale liberté de leurs corps, les rêves ou les désespoirs de Pina Bausch.

Des files de danseurs qui se suivent à la queue leu leu sur la crête d’une ancienne mine abandonnée et régénérée,  comme habités par je ne sais quelle douleur, méditation, prière, ou tristesse, ces allées et venues de danseurs et de danseuses entre les chaises, avec, et sur les chaises du café Muller…

C’est à partir de l’interview et de la danse d’au moins trois danseurs ou danseuses que le cinéaste fait revivre la danse de Pina Bausch, ses scènes dansées, au café, dans le décor d’une usine géante, en pleine nature, ou dans une ancienne mine reconfigurée par la verdure…

Le public parisien avait pu faire connaissance et apprécier les œuvres de la chorégraphe au Théâtre de la Ville, dans les années 80.

Une occasion pour les néophytes de faire aussi connaissance

1) avec la danse de Pina Bausch,

2)  avec le cinéma en trois dimensions !

Avec ma «  concubine préférée »

Humeur Tique: le Canard Enchaîné du 8 juin 2011 a proposé une énigme à ses lecteurs

A l’attention des lecteurs-citoyens qui n’ont pas eu accès aux informations d’un milieu médiatico – politique qui n’existerait pas ?

            En haut de la première page :

A gauche : « L’audience de DSK à New York a duré 4 minutes… »

A droite : « … Douche comprise ? »

Clé de cette énigme : il s’agirait d’un autre homme politique ? S’adresser au courrier des lecteurs du Canard

Suicide ou nouvelle naissance d’une autre Europe, au lieu de celle du fait accompli!

Suicide ou nouvelle naissance d’une autre Europe ?

Les Echos, Radio Classique… : aujourd’hui, une Europe en catimini, celle du fait accompli !

Est-ce que nos dirigeants ne sont pas devenus fous ? Ont-ils encore les pieds sur terre ?

Un cas très concret de connivence du milieu « médiatico-politique » pour ceux qui douteraient encore de son existence !

            L’Europe des 27 est dans un triste état : faillite de l’Irlande, de la Grèce et du Portugal, une Espagne en pleine tourmente, de grandes difficultés à harmoniser la politique européenne avec celle de certains pays de l’Europe de l’Est, intervention massive de fonds européens en vue de stopper la débâcle actuelle, jusqu’où…

            Le traité de Nice de la cohabitation française Jospin Chirac (2001) n’a pas fini de produire ses effets destructeurs sur le destin de l’Europe, un élargissement politique tout à fait prématuré, dépourvu de garanties institutionnelles et économiques, et l’on voudrait encore faire grossir encore l’Union, sans une complète remise à plat, alors qu’elle se trouve en situation de plein désarroi ?

            Et les journaux, de semaine en semaine, de mois en mois, d’année en année, de distiller la petite musique d’une prochaine adhésion de la Croatie ou de la Serbie, sans jamais expliquer aux lecteurs-citoyens les enjeux et les coûts de ces nouvelles adhésions.

Prenons l’exemple du journal Les Echos, que d’aucuns considèrent comme un journal de référence dans son domaine.

Le 30 mai 2011, il publie dans sa page 6, un article intitulé : « La Serbie pourrait devenir membre de l’UE en 2014 », et dans un encart, un autre article intitulé « La Croatie proche de l’Union Européenne », c’est-à-dire en 2013.

Sans approfondir le sujet !

Et dans son journal économique et financier du matin du 10 juin 2011, Radio Classique traitait brièvement de l’adhésion de la Croatie, comme un fait déjà acquis !

Cette radio s’est bien gardée d’analyser les conséquences de ces deux adhésions éventuelles sur la structure des institutions européennes (commissaires, députés, services nouveaux, etc..) et sur le coût de ces nouvelles adhésions dans les programmes de l’Union.

Alors que l’Union Européenne, telle qu’elle est actuellement, ne fonctionne pas bien ! Qu’elle n’a pas encore réussi  à régler ses graves déséquilibres internes  à la fois politiques, économiques et financiers !

M.Trichet propose la création d’un ministère des finances européen, mais n’aurait-il pas été préférable de le créer auparavant ?

            A ce train-là, l’Europe va  inéluctablement  vers le gouffre, c’est-à-dire son suicide !

            Alors ne serait-il pas temps que des responsables politiques européens sérieux se mettent autour d’une table, ils y sont d’ailleurs très souvent, pour proposer des institutions européennes viables qui tiennent compte de la situation des pays de l’Union, c’est-à-dire, et sans langue de bois, une Union Européenne à géométrie variable, comme cela a déjà été proposé à de multiples reprises dans le passé.

            En définitive, un seul mot d’ordre : aucune nouvelle adhésion à l’Union Européenne, avant une remise à plat complète des institutions !

Jean Pierre Renaud

Une petite dose de protectionnisme pour la France et pour l’Europe, pourquoi pas ?

Une petite dose de protectionnisme pour la France et pour l’Europe, pourquoi pas ?

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Et un cas d’école à proposer aux bonnes écoles liées aux Chambres de Commerce et d’Industrie de France, aux HEC et ESSEC : protectionnisme contre libéralisme, qui du devenir de notre gastronomie et de nos produits du terroir à moyen et long terme ?

Du savoir-faire de nos Meilleurs Ouvriers de France ? Voir l’excellente émission de France 3 du 6 juin 2011, intitulée « Meilleurs ouvriers de France : le rêve de toute une vie »

Le tabou du protectionnisme de l’Europe

Le tabou du protectionnisme de l’Europe : mettons fin à ce tabou ! Comme si le libre-échange devait être l’ultima ratio de notre politique économique !

Car les marchés, les marchés, n’ont pas toujours raison, encore moins quand ils ne sont pas régulés !

Tabou et Mythe du Protectionnisme

Les Mythes, anciens et nouveaux mythes économiques : faut-il avoir peur du protectionnisme ?

Les leçons du livre de Paul Bairoch « Mythes et paradoxes de l’histoire économique »

            Il n’est jamais inutile, sur le plan intellectuel, de se méfier des idées reçues, dans le domaine de l’histoire coloniale, qui m’est assez familière, comme dans l’histoire économique.

            Dans l’histoire coloniale, le grand historien Henri Brunschwig a toujours manifesté une grande indépendance à l’égard des idées reçues, et l’un de ses livres, « Mythes et réalités de l’impérialisme colonial français (1871-1914) », a proposé des réflexions stimulantes sur le sujet, mais un autre grand historien, Paul Bairoch, en a proposé également d’autres, non moins stimulantes, dans le domaine de l’économie mondiale, avec son livre « Mythes et paradoxes de l’histoire économique »

             Paul Bairoch dénonce dans ce livre 20 mythes d’histoire économique. Son analyse porte sur les 19ème et 20ème siècles, au cours desquels il démontre

notamment que le développement économique de l’Occident n’a pas été celui du libre-échange.

            Le blog reviendra ultérieurement sur d’autres mythes d’histoire économique qui concernent l’histoire coloniale.

            L’actualité politique met à nouveau le projecteur sur le protectionnisme, et il n’est donc pas mauvais de revenir sur le contenu de ce livre.

            Face au libéralisme mondial, et tout autant européen, celui des institutions européennes actuelles, qui déferle sur notre vieux monde, il parait légitime de s’interroger sur notre capacité d’adaptation et sur la légitimité de la mise en défense de notre économie, de notre société, et de notre genre de vie.

            Dans un contexte ultra-libéral, quel avenir pour les produits de notre terroir au sens large, immatériel et matériel, nos produits, le savoir-faire de nos « Meilleurs Ouvriers de France », et notre gastronomie ?

Il n’est peut-être pas trop tard pour dire : pas n’importe quel libre-échange, et en tout cas pas à n’importe quel prix !

            Les 30 priorités que le Parti socialiste a retenues pour les élections présidentielles de 2012 font d’ailleurs une petite place à cette préoccupation protectionniste dans quatre de ses priorités.

            Le blog du 6 avril 2011 a évoqué les questions que cette problématique socialiste posait déjà sur le plan européen.

            Ce que nous dit Paul Baroch dans son livre est que la croyance d’après laquelle le libre-échange aurait été la panacée du développement économique de l’Occident est une idée reçue :

            « La vérité est que, dans l’histoire, le libre-échange est l’exception et le protectionnisme la règle » (page 31), « avec un océan de protectionnisme cernant quelques ilots libéraux » (page 34)

            Au 19ème  siècle, le libéralisme des échanges n’a véritablement triomphé que pendant la courte période 1860-1879.

            L’historien note à la suite d’un examen détaillé: « Il est donc très difficile de parler, comme on le fait souvent, d’un âge d’or du libre-échange entre 1815 et 1960. » (page 65)

            D’après le même historien, c’est grâce à ses barrières douanières que le Royaume Uni a acquis son avance technologique qui en a fait la première puissance du monde dans la deuxième moitié du 19ème siècle.

Et en ce qui concerne les Etats Unis : « La réussite des Etats Unis est encore plus nette au cours des  périodes protectionnistes. » (page 79)

Paul Bairoch conclut donc que le paradoxe de l’histoire économique est celui de l’absence de lois économiques et intitule une de ses conclusions :   

« Le vainqueur est celui qui ne joue pas le jeu » (page 231), une conclusion à la fois défrisante et démoralisante, mais dans toute guerre économique, masquée ou ouverte, est-ce que la morale a sa place ?

            Vous ne pensez pas que l’actualité du commerce mondial fait des braves petits européens les brebis qu’on aime tondre, face à la puissance cachée de la Chine et à celle soi-disant ouverte et transparente des Etats-Unis qui savent utiliser à merveille les discriminations qualitatives, à l’abri du roi-dollar ?

            Ceci dit, le monde examiné par Paul Bairoch n’est plus notre monde, de plus en plus mondialisé et connecté, mais je serais d’avis qu’un peu de politique protectionniste dans les secteurs économiques qui nous sont chers, en particulier pour les produits de notre terroir et le savoir-faire de nos Meilleurs Ouvriers de France  assurerait mieux l’avenir de la France que le libéralisme un peu  trop échevelé que met en œuvre notre belle Europe.

Jean Pierre Renaud   –   Tous droits réservés

Humeur Tique: Tapie et l’arbitrage de trois éminents juristes, le Foot, le Fric, et toujours le Fric! l

Humeur Tique : Tapie, le Foot : Avidité en France : le Fric, et toujours le Fric !

A Paris et plus modestement, dans l’Ouest !

Affaire Tapie, l’arbitrage, l’avidité d’une « certaine » élite sociale à Paris

« Un tribunal à 1 million d’euros »

            Le Monde du 31 mai 2011 vient de publier deux pages excellentes sur l’affaire Tapie dont le règlement récent par arbitrage fait scandale. (Pages 10 et 11 sous la rubrique « L’œil du Monde »)

            Sur les deux pages de textes, de chiffres et de graphiques, le plus intéressant sur l’état de la morale publique d’une partie de notre élite est incontestablement l’article de fin de page 2 intitulé « Un tribunal à 1 million d’euros »

            Lorsqu’on sait que ce tribunal était composé de trois éminents juristes, sans doute à la retraite, M.Mazeaud, ancien magistrat et ancien président de notre Conseil Constitutionnel, et fidèle « compagnon » gaulliste, de M. Bredin qui, outre ses talents d’avocat et de plume, a été Vice-Président du Mouvement des Radicaux de Gauche » dont fit également partie M.Tapie, et enfin, un ancien Président de Cour d’Appel.

            300 000 euros par arbitre, qui dit mieux ? Au titre du service de la République Française ?

            Comment ne pas être étonné que le fric pourrisse lentement notre société ?

            Et le commentaire d’un ancien bâtonnier de l’ordre des avocats, intitulé « Le mauvais procès fait à Christine Lagarde – La mise en cause de la ministre surprend », avec en vérité, un ardent plaidoyer en faveur de « Trois éminents juristes sont traités comme des valets, feignant de rendre justice pour répondre aux ordres reçus », parait bien dérisoire ! (Le Monde du 3/06/11, page 17, Débats Décryptages)

Avidité d’une « certaine » élite du sport de l’ouest

Qui gagne combien ? Le salaire mensuel de 350 métiers

Ouest France Dimanche du 29//11/11

            A consulter ces tableaux précis et complets pour 350 métiers, on comprend mieux ce qui attire certains jeunes vers le football !

            Et on comprend mieux les facteurs qui structurent la société française actuelle en profondeur !

            Les tableaux indiquent le salaire de début de carrière et le salaire moyen au bout de 10 ans.

            Sans avoir la prétention de proposer une comparaison représentative du sujet, donnons quelques exemples de salaires moyens au bout de 10 ans : 2 250 euros pour un éleveur, 2 150 pour un analyste programmeur, 2 000 pour un mécanicien auto,  1 500 euros pour un cuisinier salarié,  2 300 euros pour une infirmière à domicile, et 6 500 euros pour un médecin généraliste et, 1 860 euros pour un professeur des écoles.

Et en comparaison, 10 000 euros pour un footballeur de Ligue 2 (équipes de l’ouest), et 30 000 euros pour un footballeur de Ligue 1 (équipes de l’ouest).

            Alors me direz-vous, la durée de vie professionnelle n’est pas la même, mais quand même !

Humeur Tique: affaire DSK, les trois leçons; « la fin du moi » Le Monde du 28 mai 2011

Humeur Tique : le Monde et ses décryptages (28 mai 2011, page 21)

« Trois leçons de l’affaire DSK » :

En résumé, « Le retour du différend transatlantique », « L’hypocrisie française », « L’exigence de la parité » ;

Il n’est pas assuré que cette affaire illustre bien une différence d’appréciation du dossier entre les Etats Unis et la France, et il parait tout de même difficile d’écrire :

« Dans le système judiciaire américain comme dans le système de santé, l’argent fait la différence. »

Comme si ce n’était pas le cas en France, et de plus en plus ? Quelles sont les parties à un procès qui sont capables de se payer des bataillons d’avocat, comme c’est actuellement le cas, en ce qui concerne certain procès qui s’éternise ?

Médecine à deux ou trois vitesses, cela n’existerait pas dans notre pays ?

Quant au constat sur l’hypocrisie française, tout à fait d’accord, mais est-ce que les journalistes sont aujourd’hui empêchés de faire de l’investigation, de l’information contradictoire, plutôt que de l’opinion ?

 Et dans le cas présent, point n’était besoin de faire appel aux sources de Wikileaks, dont le libre accès a été précisément défendu par l’auteur de la chronique !

Quant au troisième constat, sur l’exigence de la parité », ce troisième constat ressemble fort à une conclusion du « botter en touche » !

« La fin du moi »

            Incontestablement un article joliment troussé, mais troublant.

            Par référence au « moi haïssable » de Pascal ? Mais alors il y aurait de quoi être effectivement troublé, car ce que l’on peut reprocher à une partie de notre haut personnel politique, c’est précisément de manquer d’amour propre !

            Allons donc sur le moi des psys, et peut-être du ça aussi, puisque l’auteur évoque plus loin la transgression de Ségolène, et fait l’heureux constat  d’un nous que Martine Aubry incarnerait.

            Comment ne pas goûter l’écriture du passage relatif au fameux pacte de Marrakech qui aurait donc bien existé, alors que le Parti socialiste organisait des primaires « démocratiques » ?

            « Ce qu’on a appelé le « pacte de Marrakech » était fait pour résister à la fragilité des êtres : si l’un était empêché, l’autre prenait aussitôt le relais, car il en allait de la survie de l’espèce. »

            Diable ! Au-delà du « Moi » des hommes, la survie de l’espèce ?

            Sans doute à mal lire ce texte, on peut tout de même se demander si cette chronique ne fait pas de la pub à Martine !

Le film « La femme de l’année » avec Katharine Hepburn et Spencer Tracy

Une comédie pétillante de George Stevens, produite par Joseph L.Mankiewicz (1942)

Salles d’art et d’essai ou DVD

A Paris, entre autres, les salles Mac Mahon, Lincoln, et Saint Lazare Pasquier

Un vieux film produit il y a presque soixante ans, mais qui n’a quasiment pris aucune ride, dans son thème, ses dialogues, et ses magnifiques acteurs !   Un film drôle, spirituel, traitant de la cause féminine et de la difficulté des femmes à sortir des 3 K allemands, Kinder, Küche, et Kirche, même lorsqu’on jouit des talents exceptionnels de la grande journaliste Hepburn.

            Je comparerais volontiers cette œuvre aux grandes comédies de Molière, L’Ecole des Femmes par exemple, venues d’un autre temps, mais toujours aussi vraies et vivantes.

 Car le film nous raconte avec beaucoup de brio et d’esprit, ce qui ne gâte rien, les amours mouvementées de deux journalistesl’une, Hepburn, grande journaliste internationale, célèbre dans son métier, électrique et complètement « accro », l’autre Tracy, journaliste chroniqueur des sports, très loin des turbulences de la vie nationale et internationale, un gros brin pépère sur les bords.

Comme l’indique le titre « La femme de l’année »,  il s’agit d’une récompense décernée par les  mouvements féministes américains  à celles qui se sont illustrées dans la défense de la cause des femmes, comme ce fut le cas de la célèbre journaliste.

Le problème est que, par amour, la brillante journaliste se croit obligée de rejoindre piteusement, au petit matin, au retour d’un voyage, le domicile conjugal pour tenter de regagner l’amour de son mari, en préparant un petit déjeuner plein de gags , étant donné qu’elle n’a jamais abordé ce domaine privilégié de la compétence féminine « ancillaire ».

 Il serait dommage de ne pas voir une œuvre aussi jubilatoire, un vrai régal spirituel et aussi un ardent témoignage en faveur de la liberté des femmes. Avec une actrice merveilleuse de fraicheur, de talent, et d’émotion.

Cela nous change vraiment de beaucoup d’autres petits films à l’eau de rose !  

Jean Pierre Renaud