L’Allemagne d’Hitler et la Russie de Poutine !
Une enfance dans la guerre
Mon message de Noël !
Pour la liberté, la démocratie, et pour la France !
Presque chaque jour des images de guerre en Ukraine, bombardements, assassinats, perpétrés sous de faux prétextes par un revenant du KGB…
Une enfance à Montbéliard dans les années 1939-1945, les privations, les abris, le froid, chaque jour, le claquement des bottes des Boches sur la chaussée, leur « Ahi Aiho » (phonétique), notre évacuation en Suisse à l’automne 1944, le front s’étant arrêté à quelques dizaines de kilomètres…
Après la Libération et mon retour au pays, mon séjour dans le premier camp de la jeunesse européenne à la Lorelei en Allemagne, sur le Rhin.
Au cours des derniers mois, deux faits m’ont incité à me replonger dans l’histoire de la Résistance dans mon Pays, 1) la commémoration de la Mémoire des Justes, ces Français qui ont pris tous les risques pour sauver des juifs de la déportation et des camps d’extermination, 2) l’usurpation par les Marcheurs du Président actuel du titre Historique du CNR, le Conseil National de la Résistance, pour refonder un parti qui n’existe pas.
Honte à ces gens-là qui font joujou avec tous ces hommes, et toutes ces femmes très nombreuses qui ont donné leur vie pour la France, morts fusillés, décapités, déportés dans les Camps de la Mort.
Je pense en particulier à ces jeunes de seize ans qui se sont sacrifiés pour notre pays : je citerai les dernières phrases du dernier message que l’un d’entre eux adressa à ses parents, Henri Fertet .
Noël 1942 Noël 2022
Je viens de me replonger dans les quelques livres que j’avais sur la Résistance dans le Pays de Montbéliard pour me remémorer les bribes de souvenir que j’avais conservés des années 43-44, sur les quelques résistants que j’avais fréquentés sans le savoir.
Le premier souvenir était celui de la messe de Noël 1942 dont je ne n’ai compris bien sûr que plus tard la signification patriotique et historique, après la guerre. Je n’étais alors qu’un petit enfant de chœur.
Je cite un extrait du récit qu’en fit Yves Calais, un responsable militant de la JEC que j’ai connu :
« Noël à Montbéliard »
Dans la crèche, l’Enfant Jésus portait l’étoile jaune
« Noël 1942, il y a cinquante ans. La messe de minuit, en raison du couvre-feu, a été anticipée à 18 heures. La nuit est tombée, la nuit du dur hiver 1942, sous le régime d’occupation de la zone interdite, une nuit lourde de menaces. Des soldats allemands en uniforme sont présents.
Après le chant de l’Évangile de la Nativité, les enfants de chœur descendent en procession jusqu’à la crèche du fond de l’église, à droite en entrant. Celui qui porte l’Enfant Jésus dans ses mains est plus grave que d’habitude.
Sur les langes de l’Enfant Jésus, on a cousu l’étoile de David à six branches noire sur fond jaune, marquée du mot juif en lettres gothiques. Dans la crèche, Marie et Joseph, de la lignée de David, portent aussi l’étoile jaune marquée en noir du mot juif.
Tout le monde avait compris.
En effet depuis le 7 juin, tous les juifs, nos camarades de collège, leurs parents et grands-parents étaient tenu de porter « de façon apparente sur le côté gauche, une étoile jaune avec le mot juif écrit en noir » ; et pour cela, ils avaient même dû remettre un coupon textile de leur carte de rationnement….
Il y avait un homme, l’abbé Flory, curé de la paroisse catholique, à Montbéliard. Il y avait autour de lui une équipe de vicaires et de paroissiens pour qui il était impossible d’accepter l’Allemagne nazie.
Ils avaient pris la mesure de la situation et du caractère insupportable de la persécution antisémite à laquelle collaborait le gouvernement français : à travers une atteinte au respect des juifs, une atteinte au respect de Dieu qui avait conclu une alliance avec Abraham et Moïse, et au respect de Jésus né de la lignée de David et tout autant au respect de tous les hommes… Cette solidarité contre le nazisme devait aboutir, en 1943, 1944, à des arrestations et à des déportations parmi lesquelles celles de trois prêtres : le père Schwander, chef de la Résistance, mourut dans un camp. Juifs persécutés et résistants, ceux qui y croyaient et ceux qui n’y croyaient pas, connurent les mêmes camps de la mort… »
(Yves Calais La Croix- L’Evénement, 23 décembre 1992)
Un autre prêtre, l’abbé Kammerer, l’un de mes aumôniers au Collège fut déporté à Dachau ; Revenu vivant, il publia en 1995 le récit de sa déportation dans un livre intitulé « La baraque des prêtres à Dachau ».
49 résistants furent fusillés à Montbéliard, en ville ou dans les environs.. Parmi eux figuraient Robert Cuenot, séminariste, ami de l’un de mes frères, et Frédéric Ohlgiesser, que je me souvenais avoir rencontré à vélo dans le bois d’Allondans avec mon frère Michel.
Un autre livre « La Résistance dans le pays de Montbéliard, de Michel Bonnot, décrivait l’histoire du Maquis d’Ecot et son anéantissement par les Allemands entre le 6 juin et 8 juillet 1944.
Bilan : quatre-vingt déportés, fusillés, ou tués.
Un autre livre, récent, intitulé « 500 Combattants de la Libération » 1940-1945 » par Jean Christophe Notin.
Il s’agit d’un répertoire photographique et nominatif avec chaque fois une petite légende qui récapitule quelques traits du Combattant, avec son âge, et le plus souvent son dernier message avant la mort.
Le livre honore de très nombreuses femmes.
Quelques exemples de Combattants et Combattantes, fusillés ou déportés :
1942 : Méras Rouen « Plus tard, écrit-il à sa femme, fais-lui comprendre que je lui ai laissé un héritage assez beau. Plus tard, Hélène, 5 ans, saura que son père, instituteur, marcha vers le poteau en récitant du Verlaine, cria « Vive Dieu, vive la France » et périt fusillé, le 6 juin 1942. » Joseph Méras. 27 ans
Gironde, 1942. Ses parents n’ont pas fui l’Italie fasciste pour qu’elle accepte une France vendue aux nazis ! A 19 ans, elle se fait donc embaucher comme femme de ménage pour recueillir du renseignement chez l’ennemi. Trahie, elle sera déportée à Auschwitz. Et n’en reviendra pas. Aurore Pica
Grelot. Attendre dans le noir, le froid et la faim. « Le seul réconfort à tous ces supplices (j’oubliais les coups de nerf de bœuf que j’ai reçu à la Gestapo), c’est la certitude de la victoire (car bien qu’au secret, on réussit à avoir quelques nouvelles) et l’héroïsme des camarades qui partent à la mort en chantant. La France peut être fière d’avoir de tels enfants. J’espère que la patrie reconnaissante saura récompenser votre sacrifice, qui est celui de tant de familles, et qu’elle saura reconstruire tous les foyers détruits par la barbarie impérialiste » Pierre Grelot, fusillé le 8 février 1943, 19 ans.
Dernier exemple, Henri Fertet, 16 ans, fusillé à la Citadelle de Besançon, le 26 septembre 1943
Dans la lettre qu’il adressa à ses parents avant sa mort :
« A Monsieur Fertet Besançon-Velotte – Doubs
« Chers parents,…ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que je n’en doute pas, vous voudrez bien encore le garder par amour pour moi… Pendant ces 87 jours de cellule, votre amour m’a manqué plus que vos colis… Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement nos plus proches parents et amis ; dites leur ma confiance dans la France éternelle…Je meurs pour ma patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. Non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête… Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée. Mais c’est parce j’ai un petit crayon. Je n’ai pas peur de la mort ; j’ai la conscience tellement tranquille…
Adieu, la mort m’appelle, je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C’est quand même dur de mourir. Mille baisers.
Vive la France.
Un condamné à mort de 16 ans
Henri Fertet
Il était né dans le pays de Montbéliard à Seloncourt, le 27 octobre 1926. Son père était instituteur.
Au soir d’une longue vie, j’ai toujours aimé et servi la France avec ses ombres et ses lumières. Je regrette que la France soit autant bafouée aujourd’hui, et qu’on ait un peu trop oublié les sacrifices de ces hommes et de ces femmes qui sont morts pour la France !
Jean Pierre Renaud Tous droits réservés