La suppression de la taxe d’habitation: sans réforme d’ensemble des finances locales, une décision démagogique!

  Les lecteurs savent déjà ce que je pense de cette mauvaise décision, avec toutes les réserves qu’elle soulève quant à la liberté des collectivités locales, son calendrier de mise en œuvre, le risque qu’elle fait peser sur l’équilibre des finances locales, compte tenu du fait que c’est l’État qui va décider d’ouvrir ou de fermer le robinet de la « compensation », en cas de coup de Trafalgar sur les marchés financiers et donc sur la dette publique, alors qu’elle représente pas loin de 100% du PIB.

            A voir les mises au point successives du gouvernement, le flottement politique et technique qu’elle suscite au fur et à mesure de son échéance, on voit bien qu’il s’agit d’une mesure mal étudiée.

            Que penser alors d’un propos tenu par le maire actuel de Nice, ancien ministre ?

            « Comment un maire peut-il dire à ses administrés : « Surtout, je veux que vous continuiez à payer la taxe d’habitation » ?

             Ces élus de droite qui défendent la politique territoriale de Macron » Le Figaro du 29 juin 2018, page 8.

            Un seul commentaire : la France a effectivement du souci à se faire, un de plus, à voir la pertinence d’un tel jugement !

            Il a beau avoir été un champion du monde de moto !

             Jean Pierre Renaud

Une nouvelle ONG nous est née, le Conseil Constitutionnel de la Congrégation de la Compassion !

 Le Conseil Constitutionnel vient de prendre une décision qui fera date dans l’histoire de France en biffant d’un revers de main le « délit » de solidarité.

         Jusqu’alors,  les citoyens français aidant des migrants étrangers,  sans titre,  à pénétrer sur notre territoire violaient nos lois nationales, fusse pour des raisons humanitaires, lesquelles lois, jusqu’à preuve du contraire  avaient pour objectif la paix civile et le bien commun de la nation.

          Aujourd’hui, tout est permis !

            Une nouvelle ONG de plus, celle de la morale plus que celle du droit !

            Jean Pierre Renaud

Rappel d’actualité judiciaire avec la nouvelle évasion du repris de justice Redoine Faïd

Rappel d’actualité judiciaire avec la nouvelle évasion du repris de justice Redoine Faïd avec la chronique publiée le 20 juin 2016.

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La peste du XXIème siècle, le prurit d’une « com » à tout prix !

Avec l’ancien Président du Conseil Constitutionnel, « ils n’en mourraient pas tous, mais tous étaient frappés » !

Disait La Fontaine dans « Les animaux malades de la peste » ! Que de fables nouvelles ne trousserait il pas de nos jours, tant les sujets de dérision sont innombrables !

            Le prurit de la « com » qui démange tous ces personnages publics !

            Lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, Monsieur Debré nous avait habitué à plus de discrétion, à l’occasion de la Conférence clandestine du FLNC en Corse.  Ce fut motus et bouche cousue quant à son rôle !

            Il est vrai qu’à l’occasion de ses hautes fonctions juridictionnelles, l’homme rongeait son frein, en faisant de temps en temps des apparitions publiques à la télé, la plus éclatante, étant celle où, sur Canal Plus, il faisait la promotion d’un roman policier en compagnie d’un autre romancier, repris de justice, récemment réincarcéré.

            Pourquoi ce propos ? Parce que, tout au long des derniers mois, et au pas cadencé,  le sieur Debré s’est répandu sur tous les plateaux de radio, de télévision, dans tous les journaux, pour vanter son nouveau livre. Vous ne pouviez « zapper », comme on dit, sans qu’à chaque fois, vous ayez droit à sa « binette », à ses fausses confidences, et à ses sentences.

            Mon Dieu que cet homme a dû souffrir pendant de longues années, endurer le martyre avec son prurit de com, empêché de dire leur vérité à tous les personnages publics qu’il avait pu fréquenter.

            Le fils Debré est-il digne de l’«amer Michel » ? Est-il le vrai porteur du costume gaulliste dont il s’est affublé ? Rien n’est moins sûr !

             Victor Hugo écrivait dans Ruy Blas :

            « J’ai l’habit du laquais et vous en avez l’âme » : beau sujet d’interrogation et d’interprétation dans le cas de l’ancien président, aussi bien par rapport au gaullisme que par rapport à la com !

Jean Pierre Renaud

L’Afrique face à l’Aquarius : questions sur les « res nullius » ?

L’Afrique face à l’Aquarius : après le « res nullius » des terres, le « res nullius » des enfants, et tout autant le « res nullius » des ONG ?

            Lors du Congrès de Berlin sur le partage du continent africain dans les années 1884-1885, les gouvernements occidentaux du XIXème siècle raisonnaient de façon tout à fait hypocrite sur le principe d’une Afrique « res nullius », d’une Afrique n’appartenant donc à personne.

        AU XXIème siècle, les choses ont-elles changé, à voir le déroulement du feuilleton humanitaire de l’Aquarius ?

       Ces enfants, ces femmes et ces hommes n’appartiennent donc à aucune communauté humaine d’Afrique ?

          Les États Africains font preuve d’un silence assourdissant, alors qu’ils ont acquis leur indépendance il y a plus de cinquante années, laissant accroire que leurs enfants sont par définition apatrides, ainsi complices d’une régulation démographique inavouable.

        Assistance au lieu de responsabilité, ne s’agit-il pas de la maladie dont souffrent la plupart de ces États ?

         Le méli-mélo migratoire ancien et actuel en est l’illustration permanente, avec la montée en puissance d’un cinquième pouvoir, au-delà de celui de la presse, le quatrième, celui des ONG internationales ou nationales, les nouveaux États qui dictent le droit international et sa morale : à titre d’exemples de budgets, 500 millions de dollars pour MSF et Greenpeace, 800 millions de dollars pour Oxfam et Care, plus d’un milliard de dollars pour WWF, et plus de 2 milliards de dollars pour WorldVision, soit plus que le budget de l’Otan. (Source Ch.Reveillard)

       Le Président Trump aura tous les défauts que l’on veut, mais au moins aura-t-il eu le mérite d’obliger les puissances européennes à prendre leurs responsabilités, – s’il n’y a pas de volte-face – trop contentes jusqu’à présent de vivre à l’abri du parapluie militaire américain, et donc pour parler clair, d’être des pays assistés à vie, sans avoir le courage d’assumer leurs propres responsabilités.

       L’arrivée d’un Trump au pouvoir, sur une face, et de l’autre une crise migratoire très confuse entre réfugiés et migrants, mettent en évidence un consensus qui ne dit pas son nom sur une gouvernance de l’assistance et de l’irresponsabilité politique, qu’il s’agisse de l’Union Européenne ou de l’Union Africaine.

        Aux lecteurs intéressés, je recommanderais volontiers de lire le livre de Gaston Bouthoul, sociologue et polémologue intitulé « La surpopulation », lequel décrivait en 1964 ce qui allait se passer avec l’explosion démographique des pays africains.

          Une seule citation pour illustrer son analyse :

       « Prenons donc le cas de l’Algérie. Une seule comparaison suffit à nous donner la clé de toutes ces difficultés. En 1830, l’Algérie nourrissait environ un million d’habitants, la France une trentaine. En 1960, la France avait atteint 45 millions d’habitants et l’Algérie environ treize. Autrement dit si, entre 1830 et 1950, la population française avait augmenté dans la même proportion que l’algérienne, la France aurait aujourd’hui plus de quatre cents millions d’habitants. On peut imaginer la bonne humeur qui règnerait, s’il en était ainsi sur le territoire de la République. » (page 83, Petite Bibliothèque Payot)

           Jean Pierre Renaud

« Une Union Confédérale France Allemagne » de 2011 à 2018 !

Une Union Confédérale France Allemagne

Le 28 novembre 2011, sur ce blog, je préconisais d’aller vers une Union Confédérale franco-allemande avec un rappel ci-après

Jacques Julliard, dans une longue chronique « Populisme, Europe et démocratie » (Figaro du 4/06/18), intitule son dernier paragraphe : « Une Europe à deux ? »

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L’article du 28 novembre 2011

La France et l’Allemagne : pourquoi ne pas aller plus loin dans la coordination, c’est-à-dire une union confédérale ?

« En écho de l’interview de M.Schaüble, ministre allemand des finances (Le Monde des 13 et 14/11/2011) : « les crises sont une chance », « On constate qu’une politique monétaire commune et le Pacte de stabilité et de croissance ne suffisent pas », favorable à une « vraie révolution » en Europe, c’est-à-dire une union renforcée.

            Je suis né dans une région de l’est de la France qui a connu trois invasions allemandes, pendant la guerre de 1870, la première guerre mondiale, et la deuxième guerre mondiale.

            Je suis né dans une famille dont le grand-père a connu la guerre de 1870, dont le père a effectué six années de service militaire entre 1913-1919, et a été blessé à plusieurs reprises, avec un premier frère revenu mutilé par la guerre, un deuxième revenu avec un handicap de respiration par inhalation de  gaz toxique, et un troisième, le dernier, tué, à la veille de ses vingt ans.

            Frères et sœurs, nous avons subi l’occupation allemande, l’exode et la peur, assisté à des rafles, souffert de la faim, vu défiler chaque jour, en chantant, les soldats bottés de la garnison allemande…

            Avant et après le débarquement, les plus âgés ont suivi, grâce à l’écoute clandestine de la radio suisse, radio Sottens,  le déroulement de la guerre sur tous les continents.

          Et compris, après la guerre, certaines des actions de résistance auxquelles se sont associés quelques membres de notre famille.

        Et en dépit de toutes ces morts, souffrances, et blessures, je ne crois pas avoir entendu des paroles de haine contre les Allemands, ou comme à la mode du jour, une demande ardente d’actes de repentance (est-ce que, par hasard, ce mot vous dirait quelque chose ?).

        Depuis plusieurs années, et en ce qui me concerne, je pense qu’il faut aller beaucoup plus loin dans l’action commune de nos deux pays, au-delà des conseils périodiques franco-allemands.

         Dans chacun de nos deux conseils des ministres, il faut créer un embryon de pouvoir confédéral, y nommer un ministre naturellement bilingue, ministre à part entière, qui serait chargé de faire avancer des propositions de politique confédérale, au quotidien, comme au moyen et au long terme. »

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         Dans sa chronique du 4 juin dernier, Jacques Julliard propose d’adopter le même chemin d’union en intitulant ses dernières réflexions « Une Europe à deux ? »

       Il est vrai qu’à voir la pusillanimité dont font preuve nos dirigeants politiques depuis trente ou quarante ans, dans l’incapacité d’amarrer notre civilisation à des institutions qui tiennent la route, et avant qu’il ne soit trop tard, il faut reprendre l’initiative, comme avaient su le faire le Chancelier Adenauer et le Général de Gaulle, alors que les cendres du deuxième conflit mondial étaient encore chaudes, pour ne pas dire très chaudes.

          Jean Pierre Renaud

Le « Comme j’aime » du Président ou comment je vais faire maigrir les quartiers sensibles !

 « Que deux mâles blancs  ne vivant pas dans ces quartiers s’échangent l’un un rapport, l’autre disant « on m’a remis un plan », ce n’est pas vrai. Cela ne marche plus comme ça… »

Elysée, le 22 mai 2018

Ou comment cela va « marcher » ?

Propos de chef « visage pâle » face à des  « tribus » de peaux rouges ? Dans le grand Ouest Élyséen ?

           La méthode Macron contre un unième Plan à la Borloo ? Pourquoi pas ? Au risque grave de susciter un manque de confiance de la part de nos concitoyens et concitoyennes ?

             Dans la situation actuelle du pays, la ou les décisions annoncées ne sont en effet pas à la hauteur des enjeux auxquels la France doit faire face, c’est-à-dire un séparatisme légitimement dénoncé sur le plan républicain, la consolidation d’une contresociété agissante, tout le contraire de ce qui a constitué les fondements de la démocratie républicaine française.

          La réponse d’un Président aurait mérité une mise en scène comme les aime notre Président et avec comme contenu, l’annonce d’un An 1 de la République dans ces quartiers laissés à l’abandon.

         Le Commandant en chef, sans uniforme, aurait été bien inspiré d’inscrire sa méthode dans une stratégie, un programme ou un plan pluriannuel annoncé, avec un volet rural et un volet urbain, en l’adossant à un financement budgétaire assuré, et en nommant deux généraux en civil, motivés et compétents, aux ordres du Premier Ministre, chargés d’animer et de mettre en œuvre ces décisions sur le terrain, l’un pour le terrain urbain, l’autre pour le terrain rural.

          Pourquoi ne pas s’être inspiré de la décision stratégique qu’avait prise le Général de Gaulle en 1963, en créant une Délégation à l’Aménagement du Territoire dont l’action de longue durée a été efficace ?

         Dans ce type de décision capitale, la confiance est tout aussi capitale.

Sans programmation ciblée en moyens et en objectifs à cinq années, dans un premier temps, la confiance n’existera pas :

  • En termes de moyens, il faut assurer un financement régulier assuré par exemple par des redevances sur les « jeux du cirque »  modernes (grands événements sportifs, culturels ou festifs,  réseaux sociaux,  Française  des Jeux, Lotos, PMU, avec un écrêtement éthique des gros lots, etc…

–    En termes d’objectifs, il faut aussi clairement les afficher,

  1. avec en territoire urbain, en numéro 1 la sécurité tous azimuts des quartiers, avec  la scolarisation, la culture, la formation et l’emploi,
  2. avec en territoire rural  la garantie de services publics de qualité égale à ceux des agglomérations, c’est-à-dire avec une compensation des fonds publics correspondants et nécessaires.

       Une anecdote littéraire, historique, et ethnologique pour terminer : face à cette réunion style sciences-po, dans un salon doré de l’Elysée, le Président ne ressemblerait-il pas à l’anthropologue Nigel Barley, lequel dans un de ses récits ethnologiques (1) décrivait ses observations sur les échanges entre le blanc qu’il était et la tribu des Dowayo, au nord du Cameroun, l’objet de ces dernières n’étant en réalité que son propre personnage observé et joué par les membres de cette tribu ?

                Jean  Pierre Renaud

  1. « Un anthropologue en déroute » Petite bibliothèque Payot

Propagande postcoloniale contre propagande coloniale ? – En esquisse de conclusion

Propagande postcoloniale contre propagande coloniale ?

En esquisse de conclusion

De quelle histoire s’agit-il ?

Une histoire postcoloniale à la dérive ?

            Il n’est pas toujours facile de comprendre les phases d’évolution de l’écriture de l’histoire, et de savoir s’il s’agit véritablement d’une « science », tant elle est, et a toujours été, traversée par des remises en cause et des controverses fondées ou non, compte tenu de l’importance de ses enjeux.

            Dans les cas examinés, il n’est pas illégitime de se poser la question des fins poursuivies par leurs auteurs, sur leurs buts idéologiques, politiques, ou médiatiques, en vue de conquérir un nouveau marché « ethnique » ou non, puisqu’il s’agit aussi de cela.

            Est- ce que ce type de thèse historique postcoloniale est représentatif des courants historiques qui traversent aujourd’hui notre société ? Est-ce qu’ils ont fait l’objet d’une évaluation de leur contenu scientifique et de leurs effets dans l’enseignement, les universités ou l’opinion publique ? Je n’en sais rien !

            L’histoire de France a longtemps tenté de proposer la lecture d’un passé commun et d’un vivre ensemble commun, fondés sur des valeurs qui, au cours des siècles et au fur et à mesure des crises, ont fait partie intégrante de notre passé national, la liberté, l’égalité, et la fraternité, avec ses ombres et ses lumières.

            Ombres et lumières, oui, comme le soulignait dans le cas de l’Afrique, le grand lettré et sage africain Hampâté Bâ, très bon connaisseur de  la tradition africaine et très bon analyste de la France coloniale, lequel notait que  l’histoire de cette époque avait connu à la fois une face diurne et une face nocturne.

         Face à l’histoire frappée d’un sceau universitaire, et depuis plusieurs dizaines d’années, l’histoire médiatique, pour ne pas dire politique, connait le plein succès, et lui fait concurrence. Elle explose avec les réseaux sociaux, alors que l’Université elle-même n’a jamais été à l’écart des grands conflits d’interprétation du passé et de l’avenir.

        Dans les cas d’écriture historique analysée, le discours fait plus que confiner avec la propagande ou le marché, qu’il soit politique, médiatique, ou ethnique.

         Histoire « scientifique » et roman historique ? Roman national, colonial, ou postcolonial, comment s’y reconnaître ?

            Ces productions littéraires soulèvent de très nombreuses questions de « scientificité » que nous avons examinées successivement, relativement aux sources, aux méthodes quantitatives d’évaluation des vecteurs de culture et de leurs effets, et donc aux interprétations possibles, compte tenu d’une représentativité supposée et non démontrée.

            Ajoutons qu’en filigrane de tous ces discours idéologiques apparait souvent un fil rouge conducteur, celui de l’Algérie érigée comme le symbole de toute la colonisation française, avec en arrière plan la guerre d’Algérie  : le Président actuel s’est cru autorisé, et comme par hasard, lors d’une visite « électorale » à Alger, à faire la déclaration que l’on sait sur les crimes de la colonisation.

            Le courant idéologique et historique en question ne rassemble évidemment pas l’ensemble de la classe des historiens vivants, mais c’est lui qui semble faire le « buzz », selon le mot et les modes du jour.

            Est-ce qu’en définitive, et comparés à ces œuvres, les romans historiques ne font pas preuve d’une plus grande rigueur historique que ces « produits » de la catégorie d’histoire postcoloniale que j’ai critiquée ?

            A la fin de ses nombreux romans historiques sur notre très lointain passé, le XIIème ou le XIIIème siècle, Jean d’Aillon, propose une petite rubrique intitulée «  Le vrai du faux », une rubrique qui pourrait sans doute être nourrie par des chercheurs en histoire dont l’ambition serait de « déconstruire » ce nouveau roman postcolonial, puisqu’il  s’agit de cela.

            Dans son livre « Le lecteur de cadavres » (Le Livre de Poche) dans la Chine du XIIIème siècle, un autre auteur, Antonio Garrido, délivre un message tout à fait intéressant de rigueur en vue d’exploiter les sources de la Chine du XIIIème.

            Reconnaissons que la dernière matière citée ne soutient peut-être pas la comparaison avec celle des images coloniales dont il a été question … et que les romans historiques cités échappent à l’actualité encore vivante de l’époque postcoloniale.

      Le roman historique d’Antonio Garrido s’appuie sur une recherche très fouillée d’archives datant du XIIIème siècle, à la fois sur l’état de la Chine ancienne et sur l’état de la médecine légale de l’époque, avec la lecture du traité de médecine légale en cinq volumes du Chinois Xi Yuan Ji, publié en 1247, un document qui a fait l’objet de nombreuses traductions.

        L’auteur s’intéressait à la médecine légale, et c’est à l’occasion d’un congrès, l’Indian Congress of Forensic Medicine and Technology, à New Delhi, en 2007, qu’il découvrit son sujet à l’occasion d’une conférence.

Est-ce que les auteurs des écrits postcoloniaux critiqués ont fait preuve des mêmes précautions de rigueur méthodologique dans la consultation des sources historiques, le dénombrement des données recueillies, leur interprétation, le discours « scientifique » qu’ils en ont tiré.

            Nombre de leurs exposés, remarques, ou appréciations mériteraient de figurer dans une rubrique « Vrai ou Faux », ou de façon plus précise « Faux ou à Vérifier ».

         Ces livres diffusent une nouvelle propagande postcoloniale autrement plus efficace que celle de la période coloniale, une propagande d’autant plus pernicieuse, ou perverse qu’elle tend à accréditer un discours idéologique pernicieux pour la collectivité nationale.

           Un seul rappel pour terminer, un des propos de l’historienne Lemaire, relatif aux affiches, et à leur effet sur l’inconscient collectif des français :

        « Le discours fut véhiculé par des médias touchant des millions d’individus, permettant de répandre et d’enraciner le mythe d’une colonisation « bienfaisante et bienfaitrice », et surtout légitime, dans l’inconscient collectif. Il suffit pour s’en convaincre d’imaginer combien les français pouvaient être sollicités, interpellés par un article, une émission  radiophonique, une  affiche aux dessins exotiques et aux couleurs chatoyantes, ou encore comment ils pouvaient être marqués par une visite à un stand colonial lors d’une exposition… » « Culture Coloniale – Fixation d’une appartenance (1914-1925)- « Propager ; l’Agence générale des colonies» (p, 137)

        L’inconscient collectif, qu’est-ce à dire ? Combien d’affiches année après année ? Combien de postes de radio par année ? N’oublions pas que nous sommes au mieux en 1925.

       Je n’aurai pas la cruauté de rappeler la sorte de  vrai faux en écriture d’histoire, celui du riz indochinois, que j’ai déjà évoqué, sous le titre « Du riz dans  les assiettes, de l’Empire dans les esprits ». (CI,p,82)

       En résumé, il s’agit d’une manipulation des sources consultées, d’une manipulation des interprétations proposées comme des sentences historiques, c’est-à-dire d’un travail de désinformation historique  frappée du coin de diplômes universitaires.

        Je rappelle 1) que le contenu des travaux du Colloque savant de janvier 1993 ne conduisaient pas aux conclusions tirées par ces chercheurs,

          2) que le contenu du livre Images et Colonies ne conduisait pas non plus aux conclusions tirées par les mêmes chercheurs, outre le fait qu’il soulevait déjà en tant que telle, la question capitale de sa représentativité comme échantillon de situations coloniales très variables, de même que celle de ses effets supposés sur la culture coloniale des Français et des Françaises, non évalués,

      3) que le contenu des livres successifs publiés par cette équipe de chercheurs exprime un discours évident et tonitruant de propagande postcoloniale, fondé sur des analyses historiques très fragiles.

        Peut-être conviendrait-il de regretter qu’une telle recherche aboutisse à ce gâchis de sources historiques relatives à un passé colonial qui méritait plus de sérieux et d’objectivité.

        Dans l’ambiance actuelle, encore plus que dans un récent passé, il est évident que ce type de sujet est de nature très sensible, en même temps que d’une extrême complexité, notamment avec l’émergence d’un islam radical, un mouvement de mondialisation sauvage qui se poursuit depuis des dizaines d’années, l’arrivée de flux d’immigration étrangère que la France n’a jamais connus dans son passé, qu’il contribue à l’enrichissement d’un terreau favorable à toutes les subversions imaginables.

          Dans un tel contexte, l’écriture d’une histoire scolaire ouverte sur le monde, qui tienne compte du pluralisme démographique, religieux et culturel qui existe aujourd’hui chez nous est un véritable challenge, d’autant plus redoutable à relever sur des territoires où vivent des Français et des Françaises d’origine immigrée, quand l’on sait que leurs peuples d’origine africaine constituent encore un patchwork religieux et culturel inextricable.

Jean Pierre Renaud   –  Tous droits réservés

Agit-prop postcoloniale contre propagande coloniale ? 3 – Les Expositions coloniales

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 Les Expositions coloniales, exhibitions, zoos

           Les auteurs des contributions concernées dans la série de ces ouvrages s’en sont donné incontestablement à cœur joie, mais quel crédit historique à accorder à ces discours ? Réalités ou mythes d’écriture ?

         Emphase, exagération, mystification ?

        Résumons quelques-unes des questions et critiques.

      Il aurait été sans doute utile de donner le cadre historique des manifestations proposées, l’identité de leurs organisateurs, publics ou privés, les périodes concernées, ce qui n’a pas été le cas. S’agissait-il d’un phénomène français ou européen ?

      Les rédacteurs ont été quasiment hypnotisés par la grande Exposition Coloniale de 1931 et par le parfum idéologique subtil des exhibitions d’indigènes.

         Un langage savant, un peu bouffi ? : « Cette culture coloniale se constitue par strates. Dans ce processus, les expositions universelles sont des dates structurantes, celle de 1889, particulièrement… (CC,p,9)

       1931 ou l’acmé de la culture coloniale

        « La croisade coloniale devient avec l’exposition comme Jeanne d’Arc, Napoléon, Clovis et la révolution française, une brique supplémentaire dans l’édifice national. Sauf qu’elle se construit en même temps qu’elle s’énonce… » (CC,p,87) 

Qu’est-ce à dire ?

        Dans le livre La République coloniale, les auteurs écrivent :

    « et la multiplication des expositions universelles ou coloniales. Ces dernières fonctionnent comme de véritables lieux de sociabilité coloniale au sein de la République. »  (RC, p,99)

       « Lieux de sociabilité coloniale » ? Qu’est-ce à dire ?

         Les auteurs font évidemment un sort aux exhibitions d’indigènes, nus ou habillés, un des tops de l’histoire postcoloniale, symbole du racisme et de l’exploitation des êtres humains.

       « Ces exhibitions ethnologiques vulgarisaient donc l’axiome de l’inégalité des races humaines et justifiaient en partie la domination associée à la colonisation.
     L’impact social de ces spectacles fut dès lors immense, d’autant qu’ils se combinaient avec une médiatisation omniprésente qui imprégnait profondément l’imaginaire des Français. » (CC, p,89)

Sauf que dans le même livre et dans les pages précédentes, p,58 et 59,  un des auteurs écrit :

            « Elles portent en elles le rapport de domination coloniale, même si celui-ci s’applique également, toujours au travers des exhibitions humaines, aux Bretons ou aux Auvergnats, populations considérées par la France centralisée comme des populations « ethniques » encore à civiliser. » (CC,p,58, 59)

           Mais alors Bécassine au recto, et Banania au verso » ?

        Philippe David a fait un gros travail de recherche sur la reconstitution historique des expositions de «  Villages noirs » qui étaient présentés dans des tournées de spectacle en métropole, et la conclusion de ce travail n’était pas la stigmatisation, mais la curiosité et la découverte.

       J’ai publié sur ce blog une longue analyse du livre d’Eugen Weber intitulé « La fin des terroirs » qui relève qu’effectivement les fameux indigènes d’Afrique ou d’ailleurs, existaient alors aussi en métropole.

      Ajouterais-je que les récits des explorateurs et des premiers administrateurs coloniaux donnent des exemples de rencontres avec les peuples africains qui éprouvaient le même type de curiosité à l’égard des premiers blancs qu’ils rencontraient, qu’ils paraient de qualités souvent étranges.

         Je me souviens entre autres d’avoir lu le récit de ce type de rencontre que fit l’africaniste Delafosse, dans les années 1900, dans une peuplade de Côte d’Ivoire, où ils furent observés comme des bêtes sauvages par tout un village dans leur paillote de passage.

        Sur la côte d’Annam, dans la baie de Tourane, dans les années 1880, le médecin de marine Hocquart racontait un épisode du même genre.

            L’« Exposition coloniale internationale de 1931 » ?

      Effet éphémère ou durable de cette Exposition sur l’opinion publique ? Telle est la question à laquelle il faut répondre.

    Notons tout d’abord que, dans son discours, le collectif de chercheurs n’a pas peur des contradictions en n’hésitant pas, dans une page, à affirmer que les expositions ont été des dates structurantes (CC,p,13), tout en indiquant plus loin dans une contribution consacrée spécialement à l’exposition de 1931 :

       « Si l’Exposition coloniale internationale de 1931 est aujourd’hui absente de la mémoire collective des Français, il faut voir dans cet oubli les effets d’un refoulement plus large de l’histoire coloniale qu’il reste à régler. » (CC, p210)

       Et le tour est joué ! Une certaine histoire postcoloniale retombe sur ses pieds, en invoquant un « refoulement », une « mémoire collective » que personne n’a mesurée, et mesurée encore de nos jours.

        L’historien Charles-Robert Ageron a donné une appréciation historique sur cet événement :

       « En 1997, l’historien Ageron a proposé dans un des tomes de la collection « Les Lieux de mémoire », une lecture nuancée de l’événement.

        Dans le livre Images et Colonies, il s’était interrogé sur le point de savoir si le mythe après le choc de la défaite de 1940 : « L’Empire devint la dernière carte de la France, le suprême recours, et beaucoup de Français naguère indifférents ou sceptiques se persuadèrent que l’Empire restait la seule porte ouverte sur l’avenir.» (IC,p,109)

        Une conclusion qui avait donc un caractère très conjoncturel….

      Lyautey, le chef d’orchestre de la manifestation grandiose, partageait ces conclusions. Et l’historien de préciser : « Aux élections de 1932, on vérifia que rien n’était changé : il n’y eut que dix députés pour parler des colonies dans leur profession de foi… »

         Il ajoutait plus loin :

    « Mais d’après le témoignage de tous les mentors du parti colonial, l’historien doit répéter que l’Exposition de 1931 a échoué à constituer une mentalité coloniale : elle n’a point imprégné durablement la mémoire collective ou l’imaginaire social des Français. »

       Question : les députés manquaient-ils donc à ce point de culture coloniale, devenue impériale ? (Chap III – Expositions, page 83 à 107, Sup Col)

JPR  – TDR

Agit-prop postcoloniale contre propagande coloniale ? 4 – Les Affiches

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Les Affiches et la Publicité

         De belles affiches oui ! Mais combien, avec quel tirage et quel affichage selon les années ?

         Mes enquêtes (entre autres à la BNF) démontrent que le corpus examiné et considéré comme source historique quantitative et qualitative représentative, ne l’est pas.

         Vaste sujet ! Dont les éléments ont fait l’objet d’une grande évolution entre 1880 et 1945, puis d’une véritable révolution, après la deuxième guerre mondiale, avec la prolifération des photos et des images télévisées.

          Inutile donc de préciser qu’avant toute appréciation sur l’importance de la publicité comme vecteur d’une propagande coloniale, les chercheurs devraient tout d’abord quantifier l’évolution de ces supports : combien d’affiches éditées en 1900 ou en 1930, quel  a été leur tirage, leur affichage en termes de panneaux… ? et tenter de mesurer leur influence par rapport aux autres vecteurs d’information.

       Outre le fait qu’il parait difficile d’interpréter une affiche, la rhétorique utilisée dans ses signifiés et ses signifiants, comme le précisent les sémiologues, les messages adressés, en descendant tout simplement d’une chaire d’histoire quand il y en a une … ?

     Ce grand flou méthodologique leur permet d’avancer les hypothèses historiques les plus audacieuses, pour ne pas dire les plus sottes…

        Est-il possible de défendre l’idée d’après laquelle la publicité commerciale a été un  des facteurs de la constitution d’une culture coloniale française, aux côtés des livres scolaires, des journaux, des expositions et des cartes postales coloniales, et du cinéma lui-même ? Et si oui, à partir de quelles preuves et de quelle démonstration de statistique historique ? 

            Dans le livre Culture Coloniale, une historienne écrit :

          « Le discours fut véhiculé par des médias touchant des millions d’individus, permettant de répandre et d’enraciner le mythe d’une colonisation « bienfaisante et bienfaitrice », et surtout légitime, dans l’inconscient collectif. » (CC, p,143)

        J’ai souligné quelques mots importants.

        Les sources 

        Le Colloque de janvier 1993 :

         Deux communications y furent faites, l’une sous le titre « Africains et colonisation dans l’affiche politique française » (C,p,61), par le conservateur Gervereau, la deuxième par l’historien Debost, sous le titre « La publicité lave plus blanc » C,p,97), historien qui avait été associé à la préparation de l’exposition Négripub de 1987, à la bibliothèque Forney.

        Le conservateur Gervereau faisait observer qu’avant 1914, l’affichage politique était totalement textuel, et que pour la période postérieure : « L’Afrique demeure ainsi, dans l’ensemble, un thème marginal dans l’affichage politique hexagonal. »(C,p,66)

       Dont acte !

      L’historien Debost évoquait la gigantesque campagne publicitaire du projet colonial (C,p,97), mais il est précisé en note 2, à la même page, et cette note est capitale pour la suite de l’examen :

     « Toutes les affiches présentées dans cette communication peuvent se retrouver dans l’ouvrage qui vient d’être publié « Négripub, l’image des Noirs dans la publicité » ou dans le catalogue de l’exposition édité en 1987. »

          Afin d’examiner sérieusement si la thèse défendue tenait la route historique, je me suis rendu à la BDIC de Nanterre, à la BNF, et je me suis procuré le catalogue de l’exposition Négripub de 1987, et les résultats de mon enquête contredisent la thèse défendue par ce collectif de chercheurs.

       A la BNF, aucune statistique n’est disponible. Ni inventaire, ni recensement, et la matière est difficile, compte tenu de la très grande diversité des images déposées, et de la grande incertitude qui pèse sur la fiabilité des dépôts par les éditeurs.

       Toujours est-il que nous avons procédé à un pointage des cahiers d’enregistrement du dépôt légal, cahiers microfilmés, pour un certain nombre d’années  de référence, en mettant en regard le nombre d’affiches de Négripub et celui des microfilms du dépôt légal.

      En voici les résultats :

      Année – Négripub- BNF          Année – Négripub –  BNF

     1900           0                8            1930             3             1242

     1910           6               55            1931            5               573

     1925           6             101            1938            0               721  

     Quant à l’interprétation des affiches, je laisse le soin aux lecteurs intéressés de se reporter aux quelques pages que je lui ai consacrée dans mon livre, une interprétation qui laisse loin derrière elle toute appréciation historique et sémiologique de son sujet.

         Nombreux furent les participants à ce Colloque savant de 1993 qui posèrent d’ailleurs la question de l’interprétation historique des images.

(Chap VI Affiches, pages 145 à 168, Sup Col)

JPR  – TDR

Agit-prop postcoloniale contre propagande coloniale ? 5 – La propagande coloniale, le coeur de cible historique ! contre la propagande

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La propagande coloniale, le cœur de cible historique !

Cette chronique fait la synthèse de l’ensemble de mes analyses sur la propagande coloniale et n’échappe évidemment pas à certaines répétitions.

Premier éclairage :

         Compte tenu de l’importance qui est accordée à ce vecteur de culture coloniale ou impériale par ce collectif de chercheurs, dans la « manipulation » supposée ou non de l’opinion publique, il convient de s’attarder sur le sujet.

         Il en vaut d’autant plus la peine qu’il serait très intéressant de pouvoir comparer les deux types de propagande, la « coloniale »  et la « postcoloniale ».

Nous touchons ici à un domaine sensible puisqu’il fait référence à une entreprise de propagande politique qui a trouvé maintes références dans les régimes totalitaires, qu’il s’agisse des dictatures communistes, fascistes ou nazies.

            Certains ministres des colonies et des gouvernements  de gauche comme de droite, qui se sont succédé entre les deux guerres, n’ont en tout cas pas eu peur du mot, en tentant de faire une propagande qui se voulait efficace en faveur de la cause coloniale, une propagande coloniale qu’ils défendaient publiquement.

            Est-ce que cette propagande eut du succès, compte tenu des moyens mis en œuvre, c’est une question qui méritait d’être posée et de recevoir une réponse historique ?

            Constatons en tout cas que les Français n’étaient naturellement pas convaincus de l’intérêt des colonies, puisqu’il était nécessaire de leur inculquer, par le moyen de la propagande, une mentalité coloniale qu’ils n’avaient pas.

            Il est donc très important d’analyser avec beaucoup de rigueur et de précision la propagande coloniale, et je dois dire dès le départ que le discours de l’historienne Lemaire sur la propagande coloniale, proposée comme la spécialiste de ce domaine historique dans les livres analysés, suscite beaucoup de questions et de doutes, sinon de dénégation de ma part.

            La première sur l’absence des références des sources qu’elle a consultées, entre autres au Centre des Archives d’Outre-Mer à Aix. Quant à la thèse qu’elle a faite à ce sujet, à l’Institut Universitaire de Florence que je n’ai pas trouvée.

            Nous examinerons les autres questions au fur et à mesure de l’analyse.

Un discours carré, catégorique, tonitruant sur la propagande coloniale

            Dans l’ouvrage Culture coloniale, et sous le titre Propager : l’Agence générale des colonies, l’historienne caractérise la puissance et l’efficacité des actions de propagande par un florilège d’expressions, et naturellement de jugements « soulignés » :

            L’Agence : « une machine à informer et à séduire » (CC,p,138)… , et l’Agence des colonies fut chargée de faire l’« éducation coloniale » des Français (CC,p,139) … L’Agence : « chef d’orchestre »…La force de l’Agence fut de s’imposer, dès l’entre-deux guerres, comme l’épicentre de l’information coloniale… Au cœur de l’idéologie coloniale en métropole, il n’y avait dès lors que peu ou pas de contre discours, carl’Agence « inondait », gérait et générait son propre discours en s’assurant la maîtrise de sa production et des relais de diffusion. » (CC,p,140).

            « Le discours  était ainsi uniformisé grâce à un réseau structuré et multiple, capable de toucher toutes les strates de la société et l’ensemble des Français…L’Agence a ainsi tissé une toile où tous se sont retrouvés dans le credo colonial à « prêcher leur foi » dans l’empire. Une fois établie, cettstructure servait à manipuler l’opinion par une panoplie de supports variés, allant de l’objet du quotidien au plus insolite, mais surtout en utilisant le pouvoir de la presse et des images, en grossissant, minorant, occultantvalorisant certains faits. En effet, la propagande ne se limite pas au martèlement d’un discours de promotion d’une idéologie déterminée, mais s’étend à la sélection des informations, à leur tri, à leur hiérarchisation, à leur mise en perspective de même qu’à leur rédaction et à leur accompagnement iconographique ou sonore. (CC,p,140)

Le lecteur doit se rappeler que cette analyse se rapporte à la période retenue par l’ouvrage, c’est-à-dire 1871-1931, et aura la possibilité plus loin de juger du sérieux de cette analyse.

            L’auteure utilise des expressions fortes pour qualifier cette propagande : «  tissé une toile », « manipuler l’opinion », « martèlement d’un discours ».

Autres affirmations :

            « La force de l’Agence résidait exactement dans ce « brouillage des ondes » –omissions partielles ou totales -une grille de lecture édulcorée, imposant une vision qui, pour les métropolitains, rendait impossible d’aborder l’autre côté du miroir. (CC,p,144)

            Français, vous avez un empire : un mythe pérenne

            L’omniprésence de l’Agence, dans le temps, dans l’espace, dans les supports, dans les relais, permet de concevoir la création d’un espace mental basé sur des éléments disponibles au sein de la société et qui ont permis que fonctionne la fiction : supériorité de la culture occidentale, de la civilisation, du système économique, détention des clés du progrès. » (CC,p,144)

Et en conclusion  de l’analyse de cette formidable machine de propagande, omniprésente :

            « Ainsi la légitimité de l’ordre colonial était-elle parfaitement intériorisée. Elle se mesure encore actuellement à travers les mêmes images, les mêmes discours tenus sur des pays du « tiers monde » ou » en voie de développement »  ou  « les moins avancés ». »

            Ouf ! Nous avons encore échappé pour le moment, à la crise des banlieues et aux indigènes de la République ! Ceci dit, ce type de propos ne fleure-t-il pas le langage des propagandes communiste, fasciste,  ou nazie ?

            Histoire ou littérature, mémoire ou idéologie ? L’historienne a-t-elle tiré des cartons d’archives du Centre des Archives d’Outre-Mer des exemples concrets de la manipulation dénoncée, outre le fait qu’elle n’apporte aucune démonstration d’une « intériorisation » réussie.

            Dans l’ouvrage suivant, consacré à la Culture impériale, fixée à la période 1931-1961, nous retrouvons le même type de discours. Notons en passant que l’Empire a disparu des institutions en 1945.

            Sous le titre :

             « Promouvoir : fabriquer du colonial

            C’est la raison pour laquelle l’apogée colonial des années 1930 se traduit par une véritable promotion de l’idée impériale menée par la République, via son agence de propagande officielle, et largement relayée au sein de la société par le monde scolaire ou d’autres acteurs, en particulier la presse et le cinéma. » (CI,p,45)

            L’historienne note :

            « Car ce qui fabrique et surtout inscrit durablement la culture impériale, ce sont les moyens mis en œuvre pour banaliser cet Empire, en le rendant omniprésent et quotidien. » (CI,p,47)

            « La stratégie consistait donc à frapper en premier lieu les imaginations puis d’inculquer, à la fois de manière subtile et très systématique, le contenu de son idéologie. » (CI,p,48)

            Le lecteur notera que je n’ai trouvé aux Archives d’Aix en Provence aucune trace de stratégie dans les cartons d’archives de la fameuse Agence. En ce qui concerne la propagande coloniale d’une presse subventionnée, nous reviendrons plus loin sur le sujet avec des chiffres précis.

            Pourquoi ne pas avoir rappelé que cette fameuse action de propagande, magistralement menée par l’agence des colonies, fut interrompue entre 1934 et 1937, c’est à dire supprimée pendant ces trois années ?

            L’historienne a fait paraître une deuxième contribution dans le même livre, intitulée « Manipuler : à la conquête des goûts », dans laquelle elle fait un sort particulier au riz, analyse qui fera l’objet de notre contrepoint final.

            Dans un livre ultérieur intitulé l’Illusion coloniale, paru en 2006, l’historienne poursuit dans la même veine littéraire, « La fabrique de l’opinion » (IlC,p,70) :

            « Mais c’est principalement à partir de 1919, lorsque l’Office est réorganisé en Agence générale des colonies et que des agences territoriales la soutiendront dans cette action, que la propagande officielle trouve toute son efficacité. Organisme tentaculaire, au centre de la création et de la diffusion du mythe, la République promeut, grâce à lui, l’idéologie coloniale à une échelle jamais atteinte auparavant. »

            L’historienne n’hésite pas à écrire plus haut qu’à compter de 1899, jusqu’à  la perte de l’empire colonial en 1962, la France a toujours disposé de cet organisme, ce qui est faux, comme nous l’avons relevé plus haut.

            Plus loin :

            « La conquête du public

            Chargée de faire leur « éducation coloniale », l’Agence générale des colonies a pour objectif d’inciter le public à intégrer la notion d’empire dans son système de pensée mais aussi dans sa vie quotidienne. L’Etat cherchait à ancrer la conviction que le domaine outre-mer ne faisait qu’un avec la métropole, constituant une part intégrante de la nation rebaptisée la « Plus Grande France »…Utilisant une multitude de relais…l’Agence est capable de toucher les Français dans leur imaginaire comme dans leur quotidien (IlC,p,72)

            Séduire les enfants 

            Les slogans de l’Empire :

            Sans s’en rendre réellement compte, soumis à un discours uniforme et omniprésent, les Français, y compris ceux qui se sentent peu concernés par l’Empire, sont pénétrés de cette mission et de ses slogans : enseigner, soigner, administrer, bâtir. » (IlC,p,78)

Le lecteur aura noté la précision du propos « y compris ceux qui se sentent peu concernés par l’Empire ».  Qu’est-ce à dire ? A partir de quelle preuve ?

JPR  – TDR