Décision coloniale, qui décide ? Le cas du Maroc (années 1909-1912) avec Joseph Caillaux 2 et 3

DECISION COLONIALE, QUI DECIDE ?

Le CAS du MAROC des années 1909-1912 : avec Joseph Caillaux

2

        Les acteurs étrangers

     Quatre puissances étaient véritablement intéressées par le dossier marocain, la France tout d’abord, l’Espagne et la Grande Bretagne, et plus récemment l’Allemagne, avec l’ambition affichée du Kaiser, Guillaume II, de rattraper son « retard colonial », notamment en Afrique.

      En Europe, et face à l’Allemagne, la France avait noué des relations d’alliance avec la Russie, notamment sur le plan de la défense.

       Ses relations diplomatiques avec la Grande Bretagne restaient un brin ambiguës, tant ce pays avait pour constante attitude internationale de vouloir conserver sa liberté de manœuvre jusqu’au dernier moment.

       Il parait intéressant de dire un mot de deux représentants anglais et russe à Paris : Sir Francis Bertie, ambassadeur de Grande Bretagne et Iswolski, ambassadeur de Russie.

       Sir Francis Bertie : « Il m’amusait toujours de le voir. Je savourais son costume, ses allures. Le stick en bataille, la moustache au vent, le chapeau haut de forme campé de travers sur de beaux cheveux blancs bouclés, il marchait la tête haute, alerte, juvénile. Tenue tout à fait soignée… datant ! Saucissonné dans des jaquettes ou dans des vestons trop ajustés, portant la large cravate lavallière bleue à pois bleus… passée de mode, il ressuscitait les personnages de Dickens et de Thackeray.

     Mais, si l’aspect de l’homme faisait mes délices…. Si, tout compte fait, j’éprouvais une vive sympathie pour cet échappé des romans qui avaient enchanté ma jeunesse, je me sentais mal à l’aise vis-à-vis du diplomate.

       … – il était réactionnaire comme trente-six gendarmes -… Cette mentalité je crois l’avoir définie en appliquant à sir Francis Bertie un sobriquet. Je le dénommai à part moi The squire, le hobereau pour parler français….

        C’eut été perdre son temps que de lui montrer la transformation du monde, depuis cent ans ; perdre son temps de lui indiquer les dangers pour l’Europe, à commencer pour la Grande Bretagne, d’une conflagration qui pouvait ruiner, anéantir l’ancien continent au profit des Amériques…

       Après les paroles de bienvenue j’étale la carte de l’Afrique, je montre les ambitions allemandes. Je demande : « L’Angleterre consentira-t-elle à ce que l’Allemagne s’approprie les énormes territoires qu’elle convoite ?  – Mon cher, réplique Bertie, l’Angleterre laissera l’Allemagne prendre toutes les colonies qu’elle voudra pourvu que ce soient des colonies françaises. » Je rapporte textuellement la phrase, taillée à l’aune du squire. Je veux la tenir pour une boutade. » (p137,138)

      « La Russie, elle, avait une armée de terre magnifique sur le papier. Notre alliée ferait sans nul doute honneur à sa signature. Mais, était-elle prête ?

      Je n’eus pas besoin de convoquer le comte Iswolski ambassadeur de Russie pour lui poser la question. De lui-même il frappa à ma porte.

        A la différence de son collègue de Grande Bretagne, il n’était rien moins que plaisant à voir et à entretenir. Son aspect, ses allures, son langage, tout en lui trahissait une superbe dont il fallait se maitriser pour ne pas s’irriter.

       De belle stature, ne perdant pas un pouce de sa taille, vêtu avec la dernière élégance, le monocle vissé à l’œil, il était le spécimen le plus accompli, presque la caricature, du haut fonctionnaire tsariste. Chez lui comme chez la plupart de ses pareils, la suffisance dédaigneuse, incommensurable ! N’étaient-ils pas les serviteurs d’un grand souverain régissant un immense empire ?…

      Le comte roulait sans doute ces pensées dans sa tête, quand il entra il assit gravement sa morgue dans le fauteuil où, quelques jours plus tôt, le squire avait campé sa désinvolture dans mon cabinet avec l’attitude compassée, avec la démarche gourmée qui seyaient – il l’imaginait – au représentant de l’empereur de toutes les Russies.  (p140)

         … « Il me faut, monsieur le président, vous avertir que, quelles que soient nos dispositions d’esprit, nous ne sommes pas, à l’heure actuelle, en état de participer à une guerre européenne. »  (p,143)

       Ce qui était effectivement le cas après la mission  du général Dubail en Russie.

        Parmi les comparses officiels ou secrets de cette histoire figurait une  Mme M. de J…, amie, confidente du ministre des Affaires étrangères allemandes dont le récit ne révèle pas grand-chose, mais qui joua un rôle ambigu d’intermédiaire dans toute l’affaire

3

        Les scènes

      La situation internationale du Maroc avait fait déjà l’objet d’accords internationaux, en 1880, la Conférence de Madrid (huit signataires), en 1906, l’acte d’Algésiras (7/04/1906), des accords qui avaient placé le Maroc sous le régime commercial de la porte ouverte sur le plan international, avec les initiatives continues de la France pour y installer un protectorat, comme elle l’avait fait en Tunisie. Sur ses frontières, l’armée d’Algérie était à la manœuvre pour aider à la pacification d’un Maroc encore largement insoumis, gouverné par un sultan tout à la fois vénal et incompétent.

       Les gauches françaises, les Républicains et les Radicaux Socialistes avaient à peu près mis fin à leur « course au clocher », pour le partage de l’Afrique, mais les troupes coloniales n’avaient pas encore complètement terminé leurs opérations de pacification contre les résistances qu’elles rencontraient notamment en Côte d’Ivoire et sur les marges du Sahel.

      Les limites de la carte coloniale étaient à peu près fixées. Des accords avaient été passés avec les autres puissances coloniales, en appliquant la « règle du jeu » diplomatique tout à fait formelle dite des reconnaissances de « papiers », d’après lesquels, tel ou tel chef, ou roi, reconnaissant sa situation de « protégé » de telle ou telle puissance coloniale.

      Un mot sur le Congo, un territoire immense que les occidentaux avaient encore beaucoup de mal à connaître et dont les superstructures coloniales étaient encore en voie d’établissement, en tout cas du côté français.

     Il n’en était pas de même du Congo Belge qui connaissait déjà un développement foudroyant, facilité par la découverte d’immenses gisements de minerai.

      J’ai évoqué dans une autre chronique le Congo Belge des années 30 avec le concours du géographe Jacques Weuleursse dans son livre  « Noirs et Blancs ».

     La situation économique et financière du pays n’était pas mauvaise. L’épargne française avait beaucoup contribué à financer les infrastructures de la Russie, beaucoup plus d’ailleurs que celles du domaine colonial, les fameux emprunts russes qui ruinèrent après la guerre de 14-18 beaucoup de petits épargnants, comme l’avait fait avant guerre le scandale du Panama.

      Le pays sortait d’une phase politique relativement violente née de l’affaire Dreyfus et de la loi de Séparation de l’Église et de l’État (1905), et de façon tout à fait curieuse pour certains, avec une droite beaucoup plus soucieuse de la ligne bleue des Vosges que des côtes marocaines ou congolaises, avec le souci numéro Un de pouvoir affronter l’Allemagne, si nécessaire.

        A plusieurs reprises, il m’est arrivé d’ écrire que les conquêtes coloniales de la Troisième République étaient le fruit d’une alliance entre le sabre des troupes coloniales, et le goupillon de la franc-maçonnerie, car pour la droite parlementaire, l’objectif premier restait celui de la restitution de l’Alsace Lorraine, une province qui parlait aux français, ce qi n’était pas le cas des colonies en général, ou du Congo en particulier, puisque dans le cas du Maroc, le Congo était devenu un enjeu du dossier marocain franco-allemand.

      Il serait honnête d’y ajouter un troisième « larron », les Églises chrétiennes missionnaires en quête d’évangélisation des nouveaux peuples dominés, dans certaines contrées lointaines.

        En 1911, la France n’était pas prête à affronter l’armée allemande, et c’est un des éléments de justification importante que Caillaux fait valoir dans ses Mémoires pour justifier sa politique avec l’Allemagne, une politique que ses adversaires ont qualifiée de pacifiste.

          « Je n’avais pas besoin de causer longtemps avec le ministre de la Guerre M.Messimy, dont je veux dire tout de suite qu’il fut un collaborateur admirable, pour constater qu’il y avait deux lacunes on ne peut plus graves dans l’équipement de la défense nationale : le haut commandement n’était pas organisé, nous n’avions pas d’artillerie lourde. » (p,123)

        Caillaux inscrivait sa conception de la politique européenne dans un registre politique tout à fait respectable, et sans doute encore très prématuré pour son époque :

         « Je suis, j’ai toujours été, je serai toujours, non seulement de par ma doctrine mais de par ma réflexion, l’adversaire déterminé des guerres européennes que je juge monstrueuses dans le temps où nous sommes. L’incidente qui clôt ma phrase suffit à indiquer que je n’obéis pas en me décidant ainsi à une sentimentalité débile. Ceux qui savent ou qui sauront ma vie, ceux qui me liront, ceux mêmes qui ne me connaîtraient que par les attaques de mes adversaires, accorderont que la pusillanimité n’est pas précisément mon fait…

       Il y avait chance, me disais-je, en rassemblant mes idées, pour qu’une grande guerre sonnât le glas – le premier glas – de l’ancien continent, chance pour que, réparant peut-être certaines des violences internationales du passé, elle ne causât d’autres génératrices de luttes nouvelles, chance pour que l’Europe, s’épuisant… » . (p 11,112)

       A la lecture de ses Mémoires, son auteur donne effectivement, au-delà de toute rhétorique, des arguments très concrets de l’impréparation de la France sur le plan militaire, des arguments qui ont peut-être été validés par des spécialistes de l’histoire militaire, mais je n’en sais rien.

       « Le haut commandement, l’artillerie lourde, et le concours extérieur » :

     « Ainsi j’en viens à constater dans ce mois de juillet 1911 que notre commandement n’est pas organisé, que nous n’avons pas d’artillerie lourde, que nous ne pouvons compter sur aucun concours sérieux de l’extérieur ». (p,145)

         La dernière justification a déjà été évoquée plus haut, car les spécialistes estimaient qu’il fallait encore au moins deux ans pour que l’armée russe soit en état d’apporter un concours sérieux à la France.

      Il n’a sans doute pas suffi de remplacer le titulaire du haut commandement par Joffre, un général issu de la matrice coloniale, car le Joffre en question renvoya dans leur foyer plusieurs dizaines de généraux une fois la guerre engagée.

         Jean Pierre Renaud   –  Tous droits réservés

Décision coloniale, qui décide ? Maroc (années 1909-1912)- avec Joseph Caillaux – 4 – le scénario

DECISION COLONIALE, QUI DECIDE ?

Le CAS du MAROC des années 1909-1912 : avec Joseph Caillaux

4

             Le scénario

           Le scénario, c’est-à-dire le canevas de cette histoire échappait en fait à Caillaux, un Président du Conseil éphémère de quelques mois.

            « Le gouvernement qui se constitue à la fin de juin 1911 devait être enveloppé dans la tourmente à laquelle le nom d’Agadir est attaché. » (Caillaux,p,73)

        « Au mois de juillet 1911, l’Allemagne, pour signifier qu’elle maintenait ses revendications sur le Maroc, envoyait une canonnière devant Agadir. C’était la répétition de l’affaire de Tanger, une provocation ou un coup de sonde, peut-être une sommation à la France d’avoir à rompre avec l’Angleterre. Pourtant, le gouvernement allemand laissait entrevoir un arrangement. Renonçant à disputer le protectorat du Maroc à la France, il demandait une compensation coloniale et suggérait la cession à son bénéfice d’une partie du Congo. Un refus pouvait entraîner la guerre. Bien que l’Angleterre s’élevât contre une répartition de territoires faite en Afrique, sans son aveu, Joseph Caillaux consentit à traiter. Bien conduite par l’ambassadeur Jules Cambon, la négociation aboutit à une concession minime, que les nationalistes allemands trouvèrent dérisoire. La France, s’écriait un de leurs chefs, nous donne dix milliards de mouches tsé-tsé. » (Bainville, p,273)

          « En elle-même, pourtant la transaction n’était pas honteuse. Avec d’autres que les Allemands, elle eut été raisonnable. La France en 1904, n’avait-elle pas abandonné à l’Angleterre ses droits en Egypte et à Terre Neuve ? Le Congo, bien que Savorgnan de Brazza s’y fût illustré, comptait moins sans doute que la terre des pharaons où Napoléon s’était illustré. Bien peu de Français savaient même où trouver sur la mappemonde le « bec de canard. » (Bainville,p,274)

          Le lecteur est invité à voir dans cette affaire une des caractéristiques de la façon dont se déroulait le processus de décision en matière coloniale, pour autant qu’il n’en ait pas été de même dans les autres affaires de l’État, c’est-à-dire « le fait accompli » de certains acteurs du scénario.

         Ajouterai-je que les mots utilisés par l’historien ressortent du langage des affaires, des ventes ou d’acquisition de propriétaires fonciers, et qu’au surplus la remarque sur le « bec de canard », c’est-à-dire l’ignorance des Français sur « leurs » colonies, me parait assez bien représenter la dose de « culture coloniale » dont ils étaient « infectés » si l’on devait prendre au sérieux les discours du collectif Blanchard and Co.

         Ce fut le cas en Cochinchine avec le vice-amiral Rigault de Genouilly, au Tonkin avec Jules Ferry, au Soudan (Mali), avec  Archinard, et à Madagascar avec de Mahy.

         « Fait accompli », plus engrenage, comme le montre bien l’histoire d’Agadir et du traité du 4 novembre 1911.

         Les faits : le bombardement de Casablanca, l’expédition de Fez avec quelques européens pris en otage :

        « L’expédition pouvait-elle être évitée ? … Je n’étais pas complètement informé…. Mais la ville de Fez était-elle menacée ? (p,64)

         Les ministres de la Guerre et des Affaires étrangères, qui prirent à eux seuls (on le verra) la grave décision, avaient sans doute hâte de délivrer les Européens enfermés à Fez, mais des préoccupations personnelles ne furent pas – je le crains bien – étrangères à leur détermination. » (p,65)

        J’ai consacré tout un ouvrage de recherches historiques à l’étude des communications politiques et militaires, en même temps que matérielles, avec leur évolution sur les différents théâtres d’opérations coloniales, pour tenter de comprendre et démontrer le fonctionnement des conquêtes coloniales, afin de déterminer quel avaient été les rôles respectifs des gouvernements et des officiers, compte tenu de la difficulté intrinsèque d’interprétation du concept de mise en œuvre de la liberté de manœuvre, au-delà de l’évolution des moyens de communication entre la métropole et les théâtres d’opérations coloniales. 

       Dans le cas du Maroc, ce ne sont pas les conditions d’information respective du pouvoir politique et de l’exécutant militaire qui sont de  nature à expliquer  Fez et Agadir, mais bien le fait accompli politique des deux ministres de la Guerre et des Affaires étrangères, Berteaux et de Selves, les deux personnages déjà évoqués plus haut.

        Caillaux décrit très précisément comment cette affaire de rivalité coloniale entre la France et l’Allemagne se déroula, avec ses négociations parallèles, les manœuvres en tout genre, pour aboutir à un accord, le traité du 4 novembre 1911.

       Etaient stipulées l’égalité douanière entre les signataires, la reconnaissance du protectorat de la France sur le Maroc, la cession d’une partie du nouveau Congo français à l’Allemagne, afin de lui permettre d’avoir un accès à la mer pour le nouveau Cameroun allemand, séparant donc le Gabon du Congo.

        La carrière politique de Caillaux fut alors fragilisée, alors qu’il avait voulu aboutir à un accord qui donne la Maroc à la France, en même temps que sauvegarder la paix, mais l’assassinat du directeur du Figaro par son épouse le 16 mars 1914, l’écarta définitivement de la scène politique française.

                A la différence du Kaiser, Guillaume II : « Moi, je voulais délibérément, bien plus obstinément que lui, la paix, mais je voulais non moins fermement le Maroc pour la France. » (p,111)

       Jean Pierre Renaud    –   Tous droits réservés

Décision coloniale, qui décide ? Le cas du Maroc (années 1909-1912) – 5 – Fin – Les enseignements, la presse, avec Joseph Caillaux

DÉCISION COLONIALE, QUI DÉCIDE ?

Le CAS du MAROC des années 1909-1912 : avec Joseph Caillaux

5 – Fin

         Les enseignements

               A travers cet épisode colonial, et il y en a eu beaucoup, le lecteur aura déjà pu se faire une idée précise du fonctionnement d’un des gouvernements de la République française, sous la Troisième République, quelques années seulement avant la déflagration mondiale des années 1914-1918, la façon dont les affaires les plus graves étaient concrètement traitées, mais tout autant la façon dont la France officielle, celles de l’élite politique et de sa presse, abordait et traitait les problèmes coloniaux.

        Un mot sur la presse et sur son rôle :

       Tout d’abord, et une fois de plus, comment ne pas noter que l’histoire coloniale et postcoloniale souffre encore d’une grave carence d’analyse de la presse et de son rôle dans le domaine colonial.

       Les quelques lignes que Caillaux lui consacre dans ses Mémoires en montre pourtant le rôle et l’importance.

        A propos de Briand :

         « … Ce qu’il me faut expliquer de suite c’est comment le président du Conseil de 1909 parvint à mettre sur pied l’extraordinaire combinaison qu’il avait, selon toutes probabilités, méditée depuis longtemps, comment il arriva à cartelliser la presse de Paris.

          Il fut servi par les circonstances dont sa merveilleuse habileté sut tirer un parti prodigieux. J’ai montré dans un  manuscrit qui me fut  dérobé et dans des productions diverses, l’orientation que les maîtres des grands organes avaient tendance à donner depuis 1905 ou 1906 à leurs feuilles. J’ai indiqué pour quelles raisons ces puissants seigneurs faisaient de plus en plus grise mine aux gauches.

         C’est à l’heure actuelle…., un lieu commun pour les hommes politiques de constater l’effacement, dans les grandes villes du monde et surtout à Paris, des journaux de parti devant les grands journaux d’information. Le grand journal d’information, qui tire à plusieurs centaines de mille exemplaires, représente une grosse affaire. C’est une vaste firme étayée sur des millions. Ceux qui la dirigent ou qui la soutiennent appartiennent nécessairement aux classes riches, toujours disposées en France, à se rebeller quand leurs intérêts sont en cause…. Que leur importait la dissolution des congrégations, la séparation de l’Eglise et de l’Etat ?

       Tout changea du jour où cette partie de leur programme étant épuisé, au moins momentanément, les partis de gauche se prirent à aborder les réformes sociales et où se profila à l’horizon l’ombre de l’impôt sur le revenu…

        J’avais tenté de me rapprocher du plus considérable des directeurs de journaux, de M.Brunau-Varilla, « principal actionnaire » du Matin. J’eus beau multiplier les prévenances, les politesses, écouter patiemment, faire semblant d’approuver les calembredaines que débitait ce curieux homme, supérieur dans la conduite de ses affaires… j’aperçus que je me heurtais à un mur….

        « Tout ce que vous voudrez… pourvu que vous renonciez à l’impôt sur le revenu et à toutes mécaniques du même genre si parfaitement désobligeantes pour les multimillionnaires, surtout quand ils ont pêché leurs écus dans la grande eau trouble du Panama. »

       Car M. Bruneau-Varilla était un « panamiste », tout comme son rival à l’époque, son compère plus tard, M.Letellier propriétaire du Journal. » (p25,26,27) … ils avaient réalisé des fortunes colossales.

         Menacés de poursuites lorsque croula l’entreprise ; l’un et l’autre eurent l’idée de mettre à l’abri leurs personnes et leurs biens en s’embarquant sur des vaisseaux de ligne du journalisme qu’ils achetèrent, qu’ils affrétèrent à grand frais….

        Lorsqu’il se fut écoulé à peu près dix années après ces scandales, nos hommes jugèrent que la prescription leur était acquise. Ils s’émancipèrent. Letellier découvrit et exploita une nouvelle arme de bénéfices. Il hospitalisa dans les colonnes du Journal des annonces sur la nature desquelles mieux vaut ne pas insister…

         Bruneau-Varilla poursuivit, lui, tout autres buts, des buts grandioses. Il aspirait à « régner sur la France ». Clemenceau qui le harcelait d’épigrammes, l’appelait « l’empereur ». Toutes choses remises au point, le principal actionnaire du Matin voulait donner vie à de grands projets qu’il roulait dans sa tête. Il entendait surtout que les gouvernements brûlassent de l’encens à ses pieds et ne contrecarrassent aucune de ses idées maîtresses – sous un masque républicain, il était un parfait réactionnaire, réactionnaire social – il va de soi. – Des origines de sa fortune il ne s’embarrassait pas. «  (p28,29)

       Avec le Matin et le Petit Parisien, « Briand se trouva commander aux deux plus puissants journaux d’information. «  (p,30)

        Question : plus d’un siècle plus tard, les choses ont-elles réellement changé ?

            Presse et opinion publique ?

         L’auteur évoque à un moment donné l’opinion publique ;

      A propos du Congo,  Caillaux note « L’opinion est nerveuse », « elle regimbe », « elle s’insurge », (p,171), sans donner plus de précision sur la source qui lui permet d’affirmer qu’il s’agit bien de l’état de l’opinion publique.

      A propos de la négociation du traité, Caillaux note : « …l’opinion est incertaine. Elle a été offensée par le geste d’Agadir. Elle se demande si l’Allemagne a reçu la leçon qu’elle méritait. » (p172)

       De même écrit-il plus loin : « La masse du public français comprend que, s’il ne faut pas prendre au pied de la lettre les paroles de Maximilien Harden, adversaire passionné du Kaiser, l’échec de l’Allemagne n’en est pas moins patent. » (173)

        Comment prendre pour de l’argent comptant historique ce type de propos ? Je serais tenté d’écrire, l’opinion, le public, la masse  ont bon dos !

      L’état d’esprit colonial des hommes de gouvernement ? Impérialistes de tous les temps ou d’une époque déterminée ?

          A lire ce type de document, de témoignage, il est frappant de constater l’état d’esprit colonial qu’un de leurs éminents représentants exprime dans le langage même qu’il utilise :

        A cette lecture, on en tire en effet la conclusion, qu’en tout cas pour l’Afrique, les gouvernements occidentaux en décidaient comme s’il s’était agi de terres sans maîtres, qu’il s’agisse du Maroc ou du Congo.

       Caillaux note : « Le 4 novembre 1911 le traité est signé. La paix est maintenue. Le Maroc est à la France. Nous ne perdons que des bribes de possessions, acquises diplomatiquement de l’Allemagne elle-même moins de vingt ans auparavant (1895).

        Oublieuse de la lourde rançon que nous avons payée à l’Angleterre pour avoir les mains libres dans l’empire chérifien… » (p,172) 

          Plus loin, à propos de l’Italie, Caillaux note encore :

       « Attentive à l’accroissement considérable de forces dont bénéficiait la France réglant à son avantage la question marocaine, l’Italie résolut à la fin de septembre 1911 de s’approprier la Tripolitaine.

     «  Nous avions dès le 29 décembre 1900, écrit à nos voisins notre désintéressement sur Tripoli en échange de leur désintéressement sur Fez. Nous étions donc tenus non seulement à ne pas nous opposer à l’entreprise italienne mais à la considérer avec bienveillance. Le cabinet que je présidais n’y manqua pas. » (p,196)

        J’ai souligné les quelques mots qui marquent la tonalité du langage de domination occidentale qui avait cours à  l’époque considérée.

         N’étant pas un historien professionnel, je n’ai pas connaissance de recherches ou de travaux portant sur l’état d’esprit, les mentalités des « impérialistes » à chacune des époques impérialistes qu’a connues l’histoire du monde, mais il s’agit d’un des points qui m’ont le plus surpris dans la lecture des mémoires de Caillaux.

       Caillaux concluait :

        « Ainsi, tout était en bonne voie. Le haut-commandement avait été organisé. La rigoureuse observation de la neutralité belge était prescrite. La violation des traités par l’Allemagne n’en était pas moins prévue et l’état-major agençait, agencerait à coup sûr nos plans en conséquence. Enfin, l’armée était à la veille de posséder les premiers éléments d’une artillerie moderne.

       Ayant assuré la paix du monde, acquis le Maroc pour la France, amélioré l’institution militaire – le tout en sept mois, – le gouvernement de juin 1911 pouvait disparaître. 

         J’ai  décrit les phases diverses de l’affaire d’Agadir en pleine objectivité. C’est la même objectivité que j’ai apportée à mesurer les périls que faisaient courir à la France les graves lacunes dans l’organisation de sa Défense nationale auxquels mes collègues et moi-même mîmes un terme.

      Je ne conserverai pas plus longtemps l’entière sérénité dont je ne me suis pas départi quant à présent. … » (p,215)

        Les  « ragots » !

        « Ils ne voulaient pas admettre, oublieux du traité de février 1909, qu’un agrément quelconque, même limité à l’Afrique, fût passé avec nos voisins d’outre-Rhin. Ils ne pouvaient surtout digérer la phrase que j’avais prononcée à la tribune de la Chambre où je déclarais que la France et l’Allemagne « devaient être désireuses de s’accorder pour le plus grand profit de la civilisation dans le monde. » (p,216)

          Fin d’évocation de la situation coloniale du Maroc et du fonctionnement politique de son « règlement » au tout début du vingtième siècle.

          Jean Pierre Renaud    –   Tous droits réservés

France 2005 et France 2018 ? Les « choses » ont-elles changé ?

Extrait de mes archives personnelles à titre exceptionnel :

Jean Pierre Renaud                                  Le 17 août 2005

A Monsieur Méhaignerie

Président de la Commission des Finances à l’Assemblée Nationale

Copie au journal Le Parisien et à François Bayrou

Référence : vos interventions publiques sur la chiraquie et la politique du gouvernement, notamment votre interview dans le Parisien du 16 juillet

         Monsieur le Président,

         J’ai partagé un de vos moments politiques, lorsqu’au CDP, dans les années 1972 et 1973, je collaborais à la rédaction de dossiers politiques pour les élections législatives de 1973. Centriste de cœur et d’idées, j’ai quitté la barque parce que je la trouvais trop amarrée au bateau Chirac.

         Il vous a donc fallu plus de trente ans pour découvrir la chiraquie !

         Je voudrais que vous m’indiquiez de quoi vous pouvez être politiquement fier, à la fois dans votre propre bilan national et dans celui de Chirac que vous avez toujours soutenu en fidèle « supplétif » politique.

Alors que la France n’a jamais été dans un aussi mauvais état ! Endettement public et social catastrophique ! Déficit extérieur record ! Coupure profonde entre le pays légal, dont vous êtes un éminent et fidèle représentant, et le pays réel. D’abord la funeste cohabitation que Chirac a entretenue jusqu’au bout, alors qu’il s’est toujours prétendu l’héritier du général ! Ensuite, et avec Raffarin, le gouvernement du bla-bla. Une représentation nationale discréditée, mais qui n’a pas eu le courage politique d’aller vers le suffrage universel !

         Votre entrée dans l’UMP n’a même pas permis de faire avancer l’Europe. Vous avez ratifié un traité de Nice détestable qui a profilé une Europe à géométrie variable, et vous avez approuvé un projet de constitution flottant et illisible. Pouvez-vous me dire quelle a été la valeur ajoutée européenne des centristes que vous prétendez représenter ?

         Quant à la fameuse réforme de l’Etat dont l’UMP se gausse en permanence, qu’avez-vous fait de concret à ce sujet, alors que des ministères ne servent à rien, que la France dispose d’une pléthore de préfectures et de sous-préfectures, que les structures locales se superposent et s’ajoutent au fil des années. Alors qu’il ne se passe pas un jour, et j’exagère à peine, sans qu’un ministre, ou un sous ministre, n’annoncent la création d’un comité, d’un observatoire, ou d’une délégation qui n’existaient pas auparavant. Alors que  la première décision que prend le gouvernement, dès que surgit un problème nouveau, est de faire voter une loi nouvelle ! Est-ce cela la réforme de l’Etat ?

         Et enfin, ce qui est plus grave, la corruption politique dont vous avez été partie prenante au CDS, fait peser un soupçon permanent sur le désintéressement des responsables politiques, et sur le premier d’entre eux qui s’accroche au pouvoir.

Il est clair que la France que vous allez léguer à nos enfants et à nos petits enfants n’est pas de nature à susciter l’enthousiasme de la jeunesse et à l’encourager à s’engager dans la politique. Le symbole de votre France, c’est votre fidèle ami, le commissaire français à Bruxelles, le serviteur d’une France corrompue du passé !

Veuillez agréer, monsieur le Président, l’expression de ma considération distinguée,

La France de 2018 ?

Aujourd’hui, les « choses » de la France ont-elles vraiment changé ? Non !

Elles se sont aggravées… une Union  Européenne en déroute, compte tenu d’un élargissement aventureux, d’une mondialisation libérale sans contrepoids, d’une montée de l’Islam liée à une immigration incontrôlée, et enfin d’une dette publique très menaçante pour notre avenir.

        Le centrisme ? Il s’est largement marginalisé face à une aspiration populaire de plus en plus soucieuse d’identité et de racines, qui l’éloigne des petites combinaisons de compromis.

Avec l’élection surprise de Macron, et avec un MODEM miraculé, un certain centrisme a repris des couleurs, pour combien de temps encore dans un état toujours « supplétif » ?

Le patron du MODEM a choisi Pau au lieu de Strasbourg ou de Bruxelles, et on ne l’a même pas vu dans ses Pyrénées natales se mesurer aux ours !

A suivre l’actualité au jour le jour, le débordement de la com’ politique en tout genre, je serais tenté de penser

1° que nous vivons un feu de paille politique,

2° que le centrisme mi-figue mi-raisin du ni-ni, c’est fini !

Jean Pierre Renaud

La prochaine BD à paraître: « Emmanuel et Brigitte en bateau… »

        Pour les lecteurs  les plus fidèles, après :

                   Emmanuel à Orléans avec Jeanne d’Arc,

                  L’enfant du miracle sous les ailes du Canard et sous la houlette  de la  Justice,

                  Emmanuel et Brigitte au Louvre,

                  Emmanuel au Parthénon,

                  Emmanuel et Brigitte à Versailles

                  Emmanuel et Brigitte à Washington,

                  Emmanuel et Brigitte au Taj Mahal,

                  Emmanuel et Brigitte à Brégançon,

                  Emmanuel et Brigitte dans les Iles…

                 Pour les plus anciens d’entre nous, il flotterait comme un parfum de Spirou ou de Tintin dans le beau royaume de France.

                Jean Pierre Renaud

La générosité des Français et des Françaises – La déduction des 66% d’impôt, un véritable business pour les agences de Com; – Un scandale

La générosité des Français et des Françaises

La déduction de 66 % d’impôt, un véritable business pour les agences de Com’

Un scandale !

            Ils sont nombreux dans notre pays les citoyens ou les citoyennes, compte tenu du croisement licite ou illicite des fichiers des donateurs, ou de l’exploitation des annuaires, à recevoir, en cours d’année, mais surtout en fin d’année, et en cascade, des courriers qui sollicitent leur générosité. 

         En ce qui me concerne, et alors que je ne suis pas imposable à la fortune,j’ai reçu en fin d’année dernière plus d’une cinquantaine de courriers avec timbres illustrés avec nom et adresse, photos en couleurs de fleurs ou de paysages, plaquettes, journaux, calendriers, ou stylos…

          La Fondation de France elle-même ne donne pas véritablement le bon exemple à ce sujet.

          A la rentrée de septembre, la valse des courriers est en pleine reprise.

        On vous sollicite pour toutes sortes de causes fondées ou non, en faisant bien sûr valoir que vos dons ne vous coûteront pas grand-chose, compte tenu de la déduction fiscale généreuse de 66%.

        Il peut s’agir tout autant d’aider des associations d’handicapés, l’enfance en danger, la protection des sans-abris, que des associations d’aide à l’élevage des chèvres au Bénin, ou à la protection des éléphants en Afrique.

       A l’ombre de ces appels à la générosité, les boites de com’ font leur miel en proposant leur prêt à porter, textes, illustrations, objets, avec envoi, rappel, encaissement des dons…

        En 2017, le ministère des Finances  a chiffré le coût des 66% à 1 milliard 400 millions d’euros, ce qui représente en gros, et sur la base d’un coût indicatif moyen de 10% à 20%, selon les bénéficiaires vertueux ou non, une manne de 140 à 280 millions d’euros pour les agences de com’.

        Pas mal, non ?

       Il conviendrait donc de mettre fin à cette gabegie de fonds publics, de ne pas agréer n’importe quoi, de contrôler les dépenses en fixant des plafonds de coûts de gestion et de communication,  ce qui ne parait pas être encore le cas.

         Il convient en effet de garantir que la générosité des Français et des Françaises est bien placée, c’est-à-dire qu’elle n’aille pas aider à financer des associations ou fondations du type de celle dont le titre est « Elevages sans frontière », avec une carte photo de deux belles chèvres. 

          Comment ne pas en souligner aussi certains effets pervers quant au rôle de certaines ONG sur deux plans ?

  • Leur humanité affichée sur les réseaux sociaux constitue à l’évidence un facteur d’appel d’air pour des flux de migrants, justifiés ou non.
  • L’efficacité de certaines ONG dans le domaine médical ou paramédical constitue un encouragement pour une partie des élites médicales des pays aidés de venir s’installer en Europe, au détriment de la santé publique de leurs pays.

         L’actualité récente a accordé une juste place aux propositions Borloo pour réussir la réintégration des quartiers sensibles dans la République Française, et c’est bien, mais les citoyens informés ne peuvent que constater qu’il existe une contradiction politique fondamentale et typiquement française, à savoir une générosité internationale pour l’aide au développement ou pour des interventions militaires au Sahel ou ailleurs, et la négligence dont souffrent beaucoup de nos territoires urbains ou ruraux délaissés.

         Jean Pierre Renaud

        Post Scriptum : à titre documentaire, nous venons de recevoir  un appel de fonds d’une fondation de recherche.

    Le contenu : lettres, plus une pochette en carton contenant un stylo couleurs, 12 timbres en notre nom, plus 18 timbres de relations sociales, avec 10 feuillets décorés, un agenda des dates de vie, 3 belles cartes en couleurs avec enveloppes. Fin d’inventaire.

La transition énergétique : problématiques et orientations

     Sur LCP Public Sénat, le 3 septembre, une excellente émission intitulée : « En quête d’énergie renouvelable » et  « Droit de suite » introduite par un documentaire fort intéressant. La discussion qui a suivi fut un peu confuse et mit en évidence les difficultés de toute nature qui empêchaient et empêchent encore notre pays de choisir un cap clair.

            Pour résumer et synthétiser cette discussion, indiquons que jusqu’à présent le pays a fait plus confiance aux grosses machines industrielles, aux mastodontes, de type centralisé sur le modèle d’Areva ou d’EDF, aux initiatives du pouvoir central politique et économique, qu’aux pouvoirs locaux, aux citoyens de base déjà actifs sur le créneau des énergies renouvelables.

            Dans l’histoire économique de notre pays, l’establishment politique et économique s’est souvent lancé, grâce à son armée d’ ingénieurs compétents, dans de grandes aventures industrielles, tel le Flandre ou le Concorde, réalisations brillantes mais sans lendemain.

            En ce qui concerne les énergies renouvelables, le même establishment a continué à préférer les projets des centres de pouvoir aux projets issus de la base citoyenne.

            L’écologie politique n’a pas échappé à ce travers.

            Conclusion : il faut remettre dans le bon sens le processus d’évolution et de révolution énergétique et donner la parole et l’action aux citoyens, aux initiatives locales, en soumettant idées et projets à une Agence de la transition énergétique, dotée de moyens d’évaluation de ces idées et de ces projets, en même temps que de moyens financiers qu’elle accordera aux projets.

            Les solutions sont multiples et sont capables de renforcer localement les gros moyens que la puissance publique met à la disposition des citoyens.

            On voit bien qu’à l’heure actuelle c’est loin d’être le cas !

            Jean Pierre Renaud

Droit pénal, incivilités, réseaux sociaux : créer une peine médiatique de l’image !

  A suivre l’actualité française au fur et à mesure du développement des réseaux sociaux, de leur grande influence bienfaisante ou malfaisante, et de la croissance continue des incivilités en tout genre qui polluent notre vivre ensemble, il parait évident que la justice ne dispose pas des sanctions adaptées à cette évolution.

      Pourquoi ne pas adapter le dispositif pénal en s’appuyant précisément sur les réseaux sociaux, c’est-à-dire créer un canal médiatique d’État capable de diffuser messages de sanctions et images des contrevenants à la loi ?

       A titre d’exemple, un rapport récent de la RATP fait état de la progression importante et inquiétante des incivilités constatées sur son réseau de transport.

        De nombreux services publics font état de la même évolution, hôpitaux, pompiers, policiers et gendarmes…

     Allons-nous toujours accepter, sans réagir, cette évolution, sans user à l’égard de ces nouveaux délinquants des armes qu’ils utilisent souvent eux-mêmes pour glorifier leurs exploits ?

       Il convient donc d’instituer cette nouvelle sanction dans notre droit pénal.    

         Jean Pierre Renaud

L’Islam de France

 Les 19 octobre et 7 novembre 2012, j’ai proposé un commentaire du livre d’enquête fort intéressant de John R.Bowen intitulé « L’Islam à la française » (2010).

         Le livre en question montrait toute la complexité, sinon le désordre de l’Islam à la française, désordre de doctrine et de fonctionnement, emprise de plus en plus grande des réseaux sociaux de propagande, une religion fracturée par de multiples influences et rivalités souvent inspirées de l’étranger.

          Je ne sais pas si la religion musulmane trouvera enfin chez nous la place qui pourrait être la sienne, compte tenu des difficultés de toute nature qu’elle rencontre en raison de ses très nombreuses divisions, ses guerres de religion,  la nature théocratique de ses doctrines religieuses incluant le domaine civil dans son champ de compétence religieux, et depuis quelques années, enfin la poussée multiforme et croissante de l’Islam radical.

       Il convient de conserver à l’esprit aussi que dans la plupart des pays musulmans, la seule religion autorisée est celle du Coran, et que les autres, celles des « mécréants » sont interdites, et leurs fidèles souvent persécutés.

       Le ou la musulmane qui se  convertissent à une autre religion sont condamnés pour apostasie.

        Face à cette situation, les églises chrétiennes, et notamment l’église catholique adopte des positions de compréhension, pour ne pas dire de grande tolérance, en oubliant quelquefois de défendre ses propres valeurs religieuses, et je pense personnellement que c’est une erreur.

       L’Islam de France ne trouvera la place qu’il mérite chez nous que s’il accepte de respecter les lignes rouges ci-après :

  • Respecter la liberté de conscience de tout un chacun, et les libertés des citoyens et citoyennes qui sont le fruit de plusieurs siècles de combat,
  • Respecter le précepte de l’Evangile d’après lequel, ce qui est à Dieu, est à Dieu, et ce qui est à César, est à César, un précepte que nous avons mis également des siècles à appliquer.

       Beaucoup d’eau a déjà coulé sous les ponts depuis 2010, mais le livre de John R. Bowen a conservé toute son actualité, car il montrait bien l’espèce d’anarchie de doctrine et de pratique qui existait dans le monde musulman français, en même temps que la toute-puissance, déjà, d’internet et des réseaux sociaux.

      Huit ans plus tard, dans son livre «  Les revenants », David Thomson» propose une analyse anthropologique de la fraction des musulmans de France, souvent jeunes, fascinés par l’appel de la guerre du djihad menée par Daech en Irak et en Syrie :

          « Ils étaient partis faire le jihad, ils sont de retour en France ».

       En ce qui concerne ceux qui ont survécu, mais avec une grande interrogation sur leur état d’esprit actuel !

       Alors de grâce, que l’on ne nous lance pas, par aveuglement ou par propagande,  les anathèmes archi connus d’islamophobie, faute d’avoir le courage d’énoncer les vrais problèmes de l’Islam et de proposer des solutions !

       Alors de grâce, ayons le courage d’aborder la question encore tabou, même pour les églises, de la réciprocité entre religions !

        Il est tout de même curieux, pour ne pas dire choquant qu’on nous accuse d’islamophobie, alors que dans les pays musulmans seule la religion musulmane a droit de cité, et que quelques-uns de ces pays financent officiellement ou non l’expansion de l’islam en France.

        Jean Pierre Renaud

« Mariage focé d’une élue: sa famille devant le tribunal » Des femmes « marchandises »

« Mariage forcé d’une  élue : sa famille devant le tribunal »

« Son père ses oncles et son frère auraient tenté de la marier de force en Algérie. Une pratique loin d’être isolée »

Le Figaro du 2/08/2018, page 8

Des femmes « marchandises »

         Une histoire que l’on peut raconter comme une histoire d’amour courante ou que l’on peut raconter comme un épisode de plus de mariages forcés de jeunes femmes françaises d’origine maghrébine ou africaine !

        L’Algérie est indépendante depuis 1962, soit depuis plus de cinquante ans, et les femmes de Kabylie,  Grande ou Petite, bénéficiaient alors d’une grande liberté, et en ce qui concerne celles de religion musulmane, le voile n’’existait pas.

        Nombreuses ont par ailleurs été les femmes algériennes qui ont milité à la fois pour l’indépendance de leur pays et pour une Algérie démocratique.

      Cette affaire est d’autant plus symbolique et inquiétante, que la jeune promise exerce un mandat électoral au sein du Conseil Départemental de l’Indre-et-Loire, à Tours.

        Qu’une famille d’origine immigrée algérienne, en supposant qu’elle soit française, ait le culot de se lancer dans une telle aventure en dit peut-être plus long que tout autre épisode sur les difficultés que notre pays rencontre pour faire adhérer quelques-unes des fractions de la population qui vit en France, à notre système républicain, laïc, et démocratique !

      Les spécialistes du sujet savent que ce type d’épisode n’est pas rare en France, et que dans un certain nombre de cas, il s’agit tout simplement de la marchandisation du mariage par le biais de la nationalité. Dans le cas présent, il pourrait s’agir aussi d’un cas supplémentaire d’islamisation de notre pays.

        L’histoire du monde montre que les femmes ont longtemps été considérées comme des marchandises, et c’est encore souvent le cas dans de nombreux pays. En 2013, et sur ce blog, (voir mon article sur « Les branches esseulées »), j’ai évoqué le cas des femmes vietnamiennes achetées par des Chinois célibataires, mais certains pays d’Afrique continuent à voir des hommes riches acheter, une deuxième, voire une troisième épouse.

        En Afrique noire, la coutume des dots a favorisé ce type de « marchandisation ».

         Ayons l’honnêteté de reconnaitre que, même en France, les femmes ont mis longtemps à se voir reconnaître des droits et libertés à égalité avec les hommes, et que cette inégalité a encore laissé des traces profondes dans notre société.

       Dans un passé qui n’est pas trop éloigné, beaucoup de familles  négociaient le mariage de leurs enfants en tenant compte d’un risque de mésalliance sociale, financière, ou encore religieuse.

        Plus récemment et sur ce blog, j’ai rapporté le cas d’un couple du Pays de Montbéliard des années 1960,  dont le mari, catholique,  avait quasiment fait l’objet d’un  bannissement de la part du clergé local et de sa famille, en raison de son choix d’une épouse  de religion protestante.

       Quel que soit l’angle d’analyse de l’autre cas de mariage forcé, la véritable cassure nationale éventuelle serait celle du refus de la laïcité française, fondée tardivement au début du  XXème siècle sur le précepte évangélique : « Rends à César ce qui est à César et à Dieu, ce qui est à Dieu ».

       Notre pays a effectivement rencontré beaucoup de difficultés pour  sortir de son régime théocratique, et aujourd’hui encore des tentatives existent pour revenir à ce type de passé.

           Jean Pierre Renaud – (M.C.Imprimatur)