Commémoration « internationale » du centenaire du 11 novembre 2018 – Emotion, Mémoire, Histoire, Oubli

Commémoration  « internationale » du centenaire du 11 novembre 1918, le 11 novembre 2018.

Emotion, Mémoire, Histoire, Oubli

Une émotion légitime

 Une émotion légitime en souvenir de tous les sacrifices des Français et des Françaises, morts ou blessés dans toutes les villes et tous les villages de France, et de leurs familles.

     Une émotion d’autant plus forte que dans ma propre famille paternelle quatre frères furent en même temps sur le front, qu’un de mes oncles y mourut la veille de ses vingt ans, que le deuxième y fut gazé et resta handicapé toute sa vie, que le troisième en revint mutilé, et que mon père, le quatrième, y fut blessé au cours d’un service militaire qui dura six années (1913-1919).

       En dépit de ce douloureux passé, et comme je l’ai déjà rappelé sur ce blog, je suis depuis plus de quarante ans favorable à plus d’union entre mon pays et l’Allemagne, alors que dans ma famille de Franche Comté nous avons été envahis trois fois d’abord par les Prussiens, puis les Allemands, en 1870, en 1914, et en 1939.

      J’ai regretté toutefois que le Président actuel ait cru bon, à cette occasion, et tout au long de sa tournée mémorielle, de mélanger les genres entre politique politicienne et commémoration de notre passé.

        Peut-être aurait-il fallu aussi mieux célébrer et honorer  les sacrifices des nations qui ont aidé notre pays à vaincre les Allemands, et à cet égard, je ne suis pas sûr que ces cérémonies aient fait une part de mémoire et d’histoire équitable à tous ces sacrifices alliés, en comparaison avec la réconciliation franco-allemande initiée par De Gaulle et Adenauer.

        C’est sans doute une raison des humeurs justifiées du Président Trump à l’endroit du type de commémoration choisie, car les nations alliées de la France n’ont pas été assez mises à l’honneur.

         La composition de cette liste en surprendra plus d’un de nos jours : Etats Unis, Grande Bretagne avec ses anciens Dominions d’Australie, de Nouvelle Zélande, et du Canada, Italie, Roumanie, Serbie, Belgique, Grèce, Portugal, Monténégro.

       Pourquoi ne pas être enfin surpris par la présence au premier rang de la cérémonie officielle de l’Arc de Triomphe du prince héritier du Roi du Maroc (15 ans) ? Une raison protocolaire ?

Jean Pierre Renaud

Commémoration du 11 novembre 2018 – III -France, Allemagne et Algérie

III

Commémoration du 11 novembre 2018

Armistice du 11 novembre 1918 et Accords d’Evian du 18 mars 1962 : France, Allemagne et Algérie ?

Pourquoi un tel rapprochement, alors que les deux événements ne sont évidemment pas comparables,  sur le plan historique, compte tenu de leurs enjeux, des parties concernées et du nombre de victimes ?

        Une raison avant tout personnelle, mais que d’autres français, et sans doute d’autres algériens partagent aussi, celle de l’incompréhension.

     A cette occasion, je voudrais revenir sur l’histoire de mon pays, et précisément sur la guerre d’Algérie dont le souvenir est encore exploité par tout un ensemble de groupes de pression animés par un esprit de vengeance, de repentance, de victimes en quête de réparation sonnante et trébuchante…. Plus de soixante ans après la fin de cette guerre !

      Qui sont les responsables de cette situation ? A mes yeux, le FLN qui gouverne ce pays depuis son indépendance et qui n’a jamais su ou pu trouver le chef d’État (homme ou femme) capable d’assumer cette réconciliation. (De Gaulle et Adenauer 22/01/1963- moins de vingt ans après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale)

     La dictature du FLN algérien, le champion des haines recuites, a besoin d’un ennemi héréditaire pour continuer à exister, une recette historique assez connue et mondialement pratiquée.

      Comment expliquer en effet une telle situation entre nos deux pays ? Des facteurs de religion, de culture, de traditions, ou plus simplement le besoin de cultiver toujours le même adversaire, pour consolider l’autorité politique toujours fragile d’une nomenklatura dont beaucoup soupçonnent l’intégrité ?

      Le moment est  venu de procéder à une enquête sérieuse sur la mémoire collective de notre peuple, afin de savoir ce qu’il a conservé de ces guerres, et dire le vrai ou le faux en particulier sur cette guerre d’Algérie.

       Je proposerais volontiers :

       1°) que les classes terminales de nos collèges et lycées soient conviés à faire une dissertation sur le sujet suivant :

        Depuis la fin de la guerre d’Algérie, la France et l’Algérie n’ont pas encore trouvé un chemin de réconciliation : quelles en sont à votre avis les raisons, culturelles, politiques… ?

       2°) que les pouvoirs publics lancent une grande enquête publique, comme on sait en faire, sur l’existence et le contenu a) d’une mémoire de la guerre d’Algérie qui existerait encore en France très vivace,

     b) d’une mémoire coloniale qui infuserait encore dans l’opinion publique.

      Certaines voix postcoloniales ont cru bon de comparer la guerre d’Algérie à la guerre franco-allemande, évidemment dans tous les attributs dont le nazisme a su faire profiter le peuple français.

      Puis-je témoigner, aux côtés de très nombreux soldats du contingent ou de carrière, que la plupart d’entre nous ont alors œuvré pour que l’Algérie connaisse un sort meilleur que celui qu’ils découvraient, le constat que l’Algérie n’était pas la France ?

     Les comparaisons proposées entre la France des années 1954-1962 et la France des années 1939-1945 sont la plupart du temps outrancières ou hors de propos, alors que toute guerre n’a jamais été à l’abri de saloperies et de violences dans les deux camps.

      Dans l’un de mes livres consacré à ce conflit, je concluais chacune de mes chroniques de guerre avec une rubrique intitulée :

      « Morts ou vivants, ils auraient dit ou ils diraient » et dans l’une d’entre elles, j’écrivais :

       «  Le douar reprenait une vie normale, il y avait un café maure, et même un cinéma. Les écoles avaient rouvert leurs portes. Tout semblait dire : la pacification a réussi, on pouvait la toucher du doigt. Déjà on voyait colonel et sous-préfet, colonelle et sous-préfète, venir en touristes admirer les beaux paysages du douar.

      Juste une illusion, car le mal était fait. L’histoire avait effectivement franchi ici un pas elle ne reviendrait pas en arrière.

    Notre merveilleuse intelligentsia avait vu juste, mais elle avait beaucoup contribué pour qu’il en soit ainsi.

      Le sourire hygiénique de la pacification avait remplacé le sourire hygiénique du lieutenant de la SAS. » (page 94)

       Dans une des lettres que m’adressa, l’ancien lieutenant de Chasseurs Alpins, ancien normalien,  et comme moi, ancien élève de l’Ecole Militaire de Saint Maixent au titre du contingent, Georges Durand, concluait :

       « Quel dommage que la violence ait gâché notre présence, notre départ et notre absence ! La paix ne refleurira-t-elle jamais dans les oueds envahis par les lauriers roses s’éveillant sous la caresse des doigts de l’aurore, pareils à ceux d’où nous revenions au petit matin soulagés d’une nuit d’embuscade vaine. »

      Georges Durand crapahuta avant moi, et comme moi, dans le djebel de Petite Kabylie, en surplomb de la belle vallée de la Soummam dans les années 1958-1959.

       Avec Albert Camus en point final, dans son livre algérien « La peste » :

      « Le soleil de la peste éteignait toutes les couleurs, et faisait fuir toute joie.

         C’est une idée qui peut faire rire, mais la seule façon de lutter contre la peste, c’est l’honnêteté. »

                  Jean Pierre Renaud

Les gilets jaunes du 24 novembre 2018 : journée imprévisible, gouvernement imprévisible, peuple, populisme, technocratie politique

Les gilets jaunes du 24 novembre 2018 

Une journée imprévisible face à un gouvernement imprévisible !

Peuple français, populisme français ou les limites d’une technocratie politique?

            Le peuple français est mécontent, mais ce n’est pas grâce au « décryptage » cher à nos médias, le plus souvent « entre soi », qu’on en saura plus.

           Deux choses au moins paraissent claires : 1) ce n’est pas en mettant de l’huile sur le feu et non de l’eau, comme le fait quotidiennement l’actuel ministre de l’Intérieur, que la colère risque de s’apaiser.

          2) personne ne comprend la politique de la transition énergétique, sauf à comprendre que l’augmentation  des taxes n’est pas affectée au financement de cette transition nécessaire, mais difficile.

          Jean Pierre Renaud

Radicalisme islamique et islam de France – La condamnation à mort pour blasphème de la chrétienne pakistanaise Asia Bibi

Radicalisme islamique et Islam de France

La condamnation à mort pour blasphème de la chrétienne pakistanaise Asia Bibi

            Les bonnes âmes de France vouées au multiculturalisme et au relativisme vont sûrement trouver quelques excuses au radicalisme qui sévit au Pakistan !

            Rappelons que la religion chrétienne n’est pas la bienvenue dans beaucoup de pays musulmans, sinon tous, et que les chrétiens y sont soit persécutés soit proscrits.

            Au cours de la période de colonisation française, et dans les pays musulmans, la cohabitation fut une solution pour asseoir une certaine paix civile.

      De nos jours et en métropole  avec la présence d’une population immigrée d’origine musulmane relativement importante, cette cohabitation pose des problèmes, beaucoup de problèmes, notamment en raison de la république laïque et des initiatives répétées de groupes de pression musulmans en vue d’imposer un vivre ensemble qui ne correspond pas à celui qui est le nôtre. Pourquoi oublierait-on le tragique passé de nos guerres religieuses fratricides d’il y a plusieurs siècles ?

       La séparation entre les Eglises et l’Etat étant notre assurance collective de paix civile, il convient tout à la fois de la défendre et de dénoncer les tentatives permanentes de détournement des mots et des faits, lesquelles tendent à faire croire que l’islam est chez nous stigmatisé, que l’opinion publique est abusée en permanence par la généralisation de cas particuliers.

         L’islam radical est toujours prêt à crier au loup, au loup, à la violation de l’état de droit, de mise en épingle de cas particuliers…

      Le cas de cette jeune femme pakistanaise est symbolique du fossé qui nous sépare des états nourris par leur islam radical, mais entend-on beaucoup de voix dans l’islam de France pour dénoncer cette radicalité ? Dans la plupart des pays musulmans sévit une guerre des religions entre mouvances, et nous aurions tort de vouloir nous en préserver ?         

             Jean Pierre Renaud

« Chiens jaunes » ou « Gilets jaunes » ? Les gilets du porte-avion Charles de Gaulle: le bon cap pour Macron?

« Chiens jaunes » ou « Gilets jaunes » ?

Les gilets du porte-avions Charles de Gaulle : le bon cap pour Macron ?

             Le Président a-t-il fait le bon choix pour expliquer aux Français quel était le bon cap ?

            Les « chiens jaunes » guident les avions au sol, les « verts » sont les techniciens avions, les « rouges » s’occupent du carburant des avions, les « rouges à bandes noires » sont en charge de l’armement, les « hommes en blanc » sont en charge du verrouillage des avions sur la catapulte.

            La vision d’images montrant des « chiens jaunes » risque d’introduire une fâcheuse confusion dans la conduite au sol du 17 novembre 2018 !

           Jean Pierre Renaud

Elections européennes 2019 – 1951-2018: d’Eisenhower à Trump, l’Europe existe-t-elle ? Elle ?

Elections européennes 2019

1951 – 2018 ?

D’Eisenhower à Trump, l’Europe existe-t-elle ?

  Très récemment, Trump, le Président volcanique, a reproché à l’Union Européenne, et à juste titre à mes yeux,  son manque de volonté à assumer sa propre défense, s’en remettant comme dans un long passé aux bons soins du peuple américain : une sorte de protectorat qui ne dit pas son nom !

            Dans le perspective des élections européennes, il est intéressant de rappeler les constats que l’ancien Président des Etats Unis Eisenhower effectuait lors de sa prise de fonctions à la tête de l’OTAN en 1951, et après qu’il fut élu à la Présidence, en 1952.

            Rappelons qu’après avoir fait l’Ecole militaire de West Point, Eisenhower fit une longue carrière militaire qui, pendant la Deuxième Guerre mondiale,  le conduisit à prendre le Commandement des deux débarquements alliés d’Italie et de France, en Normandie, dont les succès aboutirent, en 1945, à la défaite allemande.

            Après sa retraite, de 1948 à 1951, il présida aux destinées de l’Université de Columbia, date à laquelle il fut rappelé en service pour exercer les responsabilités de Commandant en Chef de l’OTAN, l’alliance de défense occidentale  qu’imposa la guerre froide, face à l’URSS.

            En 1952, il fut sollicité pour être candidat à la Présidence et fut élu Président.

        Rappelons qu’en juin 1950, la guerre de Corée avait éclaté, une nouvelle guerre qui changeait complètement la donne entre le monde communiste et l’Occident.

            Les quelques extraits de textes rédigés par Eisenhower sont tirés du livre de Kervin McCann intitulé « Un Général sans képi » (Robert Laffont 1952).

            En janvier 1951, il débarquait en Europe pour prendre un commandement suprême sans armée.

            Il entreprit un long et très minutieux voyage d’inspection qui lui permit de constater que tout était à faire :

            « Notre espoir, continua-t-il, repose toujours sur la construction d’un édifice pacifique, lui-même fondé sur la compréhension et la tolérance, seules bases solides de la paix. Nous en devons jamais désespérer de parvenir à bâtir cet édifice… De toutes nos forces, nous nous appliquons à ériger un mur de sécurité pour le monde libre, derrière lequel puissent vivre et se développer de libres institutions. Ce mur, nous devrons le maintenir en place, en attendant que l’impérialisme communiste meure des maux inhérents à sa nature. »

            Après avoir passé en revue l’incapacité et la répugnance de l’Europe à lutter contre une guerre d’agression, il résuma sa position personnelle en trois points :

            « A vous, peuple d’Amérique, je répète, comme je l’ai fait devant le Congrès et le Président, ma conviction que : primo, la sauvegarde d’une libre Amérique exige notre participation à la défense de l’Europe Occidentale. Secundo, la réussite est possible moyennant l’unité d’esprit et d’action, la tâche est réalisable. Tertio, si le transfert en Europe d’unités de notre armée est essentiel, notre contribution particulière la plus importante devrait être dans le domaine des munitions et de l’équipement… » (p,219)

            Il écrivait à un ami : « … Vu sous l’angle purement militaire, la chute, par force ou subversion, aux mains des communistes, du formidable système industriel de l’Europe Occidentale, y compris la masse énorme d’ouvriers spécialisés, serait pour nous une effroyable catastrophe. Si le continent eurasien devenait un bloc compact de peuples et d’industries communiste, aucune mesure militaire de notre part ne pourrait plus protéger l’Afrique…(p,223).

            L’effort matériel de l’Amérique, devrait à mon avis, être limité dans le temps ; je tiens pour une erreur de pouvoir prédire et fixer cette limite, pour l’instant, quant à son exact degré. Si j’ignore pour combien de temps encore les forces d’occupation devront rester en Allemagne, je dirais cependant ceci : si dans dix ans, toutes les troupes américaines stationnées en Europe ne sont pas rentrées dans leurs foyers, alors, c’est que le projet actuel a échoué…(p,225)

Eisenhower ne sous-estimait pas toutes les difficultés qu’il fallait surmonter pour arriver à un système de défense européenne commun, et en juin 1951, il déclara :

            « C’est un lieu commun que, entre associés, chaque fois qu’il faut donner toute la mesure de sa force, l’unité est la première nécessité. Sans elle, les efforts perdent de leur puissance pratique, et finalement de leur caractère décisif. Ce fait est particulièrement vrai pour l’Europe. On ne saurait trop insister sur les bienfaits qu’apporterait, en ces années de crise et de tension, aux nations du Pacte Atlantique, l’existence d’une unité profonde entre elles.

            Mais dans cette partie du monde, l’Histoire, les coutumes, la langue et les préjugés se liguent pour empêcher les peuples de se fondre. Le progrès en ce sens a été, et reste, entravé par tout un entrelacs de barrières douanières, compliquées d’accords bilatéraux, de cartels multilatéraux, de pénuries locales et de monstruosités économiques. Et c’est tragique ! Des hommes libres menacés par le spectre de l’esclavage politique, se débattent, paralysés par des chaines artificiellement forgées par eux-mêmes et qu’eux seuls pourraient faire tomber ! C’est là une tâche qui met au défi les efforts des hommes d’Etat les plus sages, des meilleurs économistes, des plus brillants diplomates… L’Europe ne pourra atteindre le sommet de sa puissance matérielle à laquelle elle aurait droit grâce aux talents et au courage de ses peuples, tant qu’elle restera démembrée par des frontières territoriales….

            Son unité réalisée, poursuivit-il, l’Europe pourrait édifier une sécurité suffisante et, en même temps, continuer à pousser en avant ce progrès qui  est la marque distinctive de la civilisation occidentale… Et cela signifierait très vite qu’elle ne dépendrait plus de l’aide américaine…(p,242) »

            Entre 1951 et 2018, la situation de l’Europe occidentale a-t-elle véritablement changé par rapport aux Etats Unis ?

            L’Europe s’est dotée d’une panoplie d’instruments politiques, financiers, et économiques, qui lui donnent de nouveaux moyens de puissance, mais elle n’a pas réussi encore à se doter d’un véritable gouvernement européen groupant les pays décidés à partager les mêmes ambitions, pour ne pas dire le même idéal.

            Toutes choses étant égales par ailleurs, et à situations historiques différentes, les prédictions et souhaits d’Eisenhower n’ont pas encore été  complètement réalisées presque 70 ans plus tard, notamment en ce qui concerne notre défense européenne.

            Il faut toutefois rappeler que c’est grâce à des chefs d’Etat comme Eisenhower que la menace communiste a pu être non seulement contenue, mais s’est écroulée en 1989, alors que de belles âmes intellectuelles ou politiques communistes ou marxistes continuaient à se faire les thuriféraires du paradis de l’homme nouveau !

            Jean Pierre Renaud

Le Monde du « nouveau monde » avec le contrôle capitalistique de l’étranger : Millésime 2018!

Le Monde du « nouveau monde » avec le contrôle capitalistique de l’étranger !

2018, le millésime du journal de référence de l’étranger !

Les journalistes du Monde nous prennent pour des innocents. En dépit de toutes les barrières juridiques qu’ils croient avoir posées pour garantir leur liberté d’écriture, qui les croira ?

Il n’est pas besoin d’avoir lu, et dans un tout autre genre, l’article du Canard  « Un sujet pénétrant » (7/11/11), en commentaire d’une rubrique récente et tout à fait surprenante du Monde sur la pénétration : « Pas celle d’un milliardaire tchèque dans le capital du Monde. »…

Ou encore les chroniques des deux détectives infatigables D et D de ce journal nouveau de référence (on viole le secret de l’instruction judiciaire en invoquant la protection du secret des sources)…

Pour être convaincu du contraire !

D’autant plus, si l’on en croit à nouveau le Canard et sa chronique « Un ami du Kremlin met un pied dans la porte du « Monde » !

Jean Pierre Renaud

Où va la France ? Macron, quelle stratégie ?

Où va la France ?

Quelle stratégie pour la France du XXIème siècle ?

Macron, quelle stratégie ?

            Entre feu de paille politique, France réformée, « transformée », ou déformée ?

            16 mois après son élection et une grande agitation réformatrice désordonnée – on touche à tout – « en même temps », la question se pose de savoir si le nouveau Président a une stratégie, et si au-delà du « miraculeux » concours de circonstances de son élection, nous sommes gouvernés par un homme qui déploie une vraie stratégie politique et économique avec une vraie hiérarchie d’objectifs.

            Nombreux sont les citoyens qui se posent cette question.

            Le Président du « monde nouveau » a-t-il une stratégie ?

            Rien n’est moins sûr à découvrir presque chaque jour la succession souvent approximative ou contradictoire des décisions gouvernementales découlant du tout « en même temps », un gouvernement du «  touche à tout en même temps », dénué de toute vision à long terme.

            L’opinion publique est de plus en plus déboussolée, car le nouveau Président n’a pas affiché jusqu’à présent de stratégie claire, avec une hiérarchie des objectifs qu’il propose à la France.

        Où va la France de Macron ? Proposer la mise en œuvre d’une politique de l’offre, c’est-à-dire favorable aux entreprises, au travail, c’est mieux que d’avoir voulu comme Hollande engager à contretemps une politique de la demande, mais ce n’est sûrement pas un programme susceptible d’entrainer l’enthousiasme les Français et les Françaises.

        La dernière élection présidentielle était l’occasion d’un moment de vérité pour le pays, à la fois sur le plan national et sur le plan international :

  • Au plan national, un endettement excessif et dangereux, un appareil étatique et local obsolète, une fiscalité écrasante, l’abandon de trop de quartiers sensibles par la République, faute de volonté politique et de souci du bien commun avec le contrôle nécessaire des flux d’immigration…
  • Au plan international, une politique étrangère animée par la volonté d’être toujours la grande puissance d’un lointain passé, sans tenir compte des moyens du pays et des nouveaux rapports de force entre grandes puissances, avec la vision encore actuelle d’une mondialisation heureuse, alors que la seule voie de notre puissance nationale passe à la fois par une Union européenne renforcée, et la définition d’une stratégie française de puissance indirecte, celle que les gens des médias appellent le « soft power ».

            Face aux défis actuels, le pays aurait besoin d’un nouveau Mendès-France et non d’une sorte de version moderne  de Monsieur Queuille !

            Il y une vingtaine d’années, j’avais publié à compte d’auteur, un petit livre consacré aux stratégies indirectes.

            De nos jours et compte tenu de l’évolution du monde, Russie, Chine, Islam, Europe, les conceptions anciennes de la puissance française sont de plus en plus obsolètes et la stratégie de notre pays devrait avoir l’ambition de reposer sur trois piliers, le militaire dans le cadre de l’Union européenne, l’économique des niches françaises, et enfin le culturel, c’est-à-dire le développement d’une action culturelle tous azimut conforme à nos traditions les mieux assurées.

Je conclurais volontiers mon propos en citant une des phrases clés du jeune philosophe François-Xavier Bellamy :

        «  L’essentiel n’est pas d’avancer mais de savoir où l’on va », car il ne suffit pas d’avoir pour seul mot à la bouche la « transformation », de plus en plus équivalente de destruction du collectif français.

        Dans son livre « Demeure », le jeune philosophe pose les bonnes questions.

         Les « demeurés » ne sont peut-être pas où l’on pense !

        Jean Pierre Renaud

« Drôle de testament à Beauvau » – « Mare aux Canards » La politique de l’autruche et ses parades nuptiales

Dans la « Mare » : ambiance et confiance à bord !

« Mare aux Canards », page 2 du 10/10/18

Canard ou non ?

« Drôle de testament à Beauvau »

« SYMPA jusqu’au bout avec ses amis politiques, Gérard Collomb. Lors de la passation des pouvoirs, le 3 octobre ; dans la cour de Beauvau, il a lancé une véritable grenade dégoupillée :

«          Si j’ai un message à faire passer, – je suis allé dans tous ces quartiers, des quartiers nord de Marseille au Mirail à Toulouse (et) à ceux de la Couronne parisienne : Corbeil, Aulnay, Sevran – c’est que la situation est très dégradée, et le terme de « reconquête républicaine » prend là tout son sens parce que, aujourd’hui, dans ces quartiers, c’est la loi du plus fort qui s’impose, celle des narcotrafiquants et des islamistes radicaux, qui a pris la place de la République. Aujourd’hui, on vit côte à côte, je crains que demain on vive face à face.

       Boum ! Badaboum !

       En reprenant tout haut la teneur des rapports de police, l’ex-ministre de l’Intérieur, met dans l’embarras tout l’exécutif. Et renvoie le fameux plan Banlieues, lancé en mai sous l’égide de Macron et de Borloo, à son inefficience. Nul doute que son successeur à Beauvau se sentira également encouragé dans sa tâche.

        Collomb pourra toujours dire qu’il est mal compris : son testament politique est en fait une sévère autocritique. »

                          Les « Quartiers », quels quartiers !

         Toujours la politique de l’autruche ! Seul petit problème, la saison des amours de l’autruche est déjà passée, et il conviendra d’attendre l’année prochaine pour qu’à l’exemple des autruches elles-mêmes, nous puissions assister aux parades nuptiales des hommes blancs ou noirs fêtant le retour de la République dans leurs quartiers !

           Ceux qui ont eu la chance d’assister à ces ballets, à ces parades nuptiales toutes en couleurs, le tournoiement des autruches, à faire pâlir d’envie les derviches tourneurs, en ont conservé un souvenir ébloui !

            Jean Pierre Renaud

Décision coloniale, qui décide ? Le cas du Maroc (années 1909-1912) Avec les Mémoires de Joseph Caillaux

DECISION COLONIALE, QUI DECIDE ?

Le CAS du MAROC des années 1909-1912 : avec Joseph Caillaux

« MES MEMOIRES »

Tome 2

Mes audaces. Agadir…

1909-1912

Joseph Caillaux

Plon 1943

Lecture critique

La date de cette parution peut surprendre, c’est-à-dire en pleine époque d’une France occupée par les Allemands.

            La lecture de ces mémoires m’a donné l’occasion de faire connaissance avec son auteur, un des hommes politiques les plus brillants de la Troisième République, mais surtout de réviser un certain nombre de connaissances que j’avais acquises grâce à la lecture passée du livre d’Henri Brunschwig, « La colonisation française » et de son chapitre VII « Le Maroc et les interférences de politique étrangère. »

            La lecture du tome II m’a surtout permis de voir comment fonctionnait un gouvernement de la Troisième République quelques années avant la Grande Guerre, à la fois sur le plan de la politique intérieure et sur celui de la politique étrangère et coloniale : qui prenait la décision ?

            Ces mémoires illustrent parfaitement la conception de la politique étrangère que pouvaient avoir alors les puissances coloniales à l’égard des terres qu’ils s’estimaient en « droit » de conquérir.

            Rappelons que Caillaux fit partie de cette caste politique – les Jaurès, Briand, Barthou, Clemenceau, Poincaré – qui gouverna alors la France. En sa qualité d’Inspecteur des Finances, il manifesta en permanence de l’intérêt pour les questions financières (voir l’impôt sur le revenu), et fit tout d‘abord partie du groupe des Républicains (la gauche) qui furent le fer de lance des conquêtes coloniales, puis de celui des radicaux socialistes.

            Caillaux fut un Président du Conseil éphémère, comme le furent beaucoup de ses prédécesseurs et successeurs au cours de la Troisième République, moins de six mois entre le 27 juin 1911 et le 14 janvier 1912.

            Son passage fut essentiellement marqué par l’affaire d’Agadir et les initiatives concurrentes de la France et de l’Allemagne pour dominer le Maroc, avec l’enjeu parallèle du Congo, par une intervention française du type « fait accompli » à Casablanca et à Fez, et en réplique, le positionnement de la canonnière Panther à Agadir.

            Brunschwig écrit, en parlant du Kaiser :

            « Il espérait la cession du Congo Français » … « des conversations réunirent, en dehors du quai d’Orsay, le conseiller d’ambassade von Lankert et Caillaux à Paris, l’agent personnel de Caillaux Fondère et le ministre des affaires étrangères Kiderlen-Waachter à Berlin. Pendant un mois, entre le 15 juillet et le 15 août, on fut à deux doigts de la guerre. » (p,252)

Cette situation donne déjà une petite idée du fonctionnement concret de la diplomatie française « en  dehors du quai d’’Orsay » avec un « agent personnel ».

            Indiquons que ces mémoires constituent un plaidoyer pro domo de Caillaux, une justification de la politique qu’il a menée avec l’Allemagne, de l’accusation qui lui a été constamment faite d’être un pacifiste, prélude, plus tard,  d’une accusation de haute trahison qui lui valut d’être traduit après la guerre devant la Haute Cour.

          Il sortit de ce procès avec honneur.

            Nous verrons plus loin les arguments que Caillaux développait pour justifier ses positions.

            Il n’est pas superflu de préciser que Caillaux faisait partie d’une nouvelle génération d’hommes politiques qui succédaient à celle d’une partie des Républicains que le Panama avait dévorés, c’est-à-dire très largement corrompus.

            Le scandale du Panama s’était soldé, en 1888 par une ardoise de 1,4 milliard de francs or, soit 5,4 milliards d’euros 2015, pour 850 000 souscripteurs, dont beaucoup étaient des petits épargnants rentiers.

            Puis intervint, en 1894, l’affaire Dreyfus qui « coupa la France en deux » (La Troisième République, Jacques Bainville, p, 203).

           La France parlementaire était en gros divisée en deux camps politiques, le camp politique de la revanche, avec le retour de l’Alsace Lorraine au pays et des alliances avec la Russie et l’Angleterre, afin de contrer la puissance allemande, et le camp politique de ceux qu’on appelait les pacifistes, Jaurès, Briand, et Caillaux, lesquels recherchaient l’apaisement et la négociation.

          Avant d’esquisser mes observations sur les acteurs du scénario Caillaux, sur la scène française et internationale où se jouait ce scénario, et sur ses résultats, échec ou succès, il convient de reconnaitre que l’homme politique avait une belle écriture, notamment lorsqu’il l’exerçait pour faire le portrait des acteurs qu’il appréciait, mais surtout ceux qu’il détestait.

        Ces portraits dénotent aussi beaucoup de condescendance à l’égard de ses collègues

        Les acteurs

         Les acteurs politiques – A lire ce deuxième tome des mémoires, les acteurs du scénario Caillaux constituaient un petit cercle d’hommes, et rarement de femmes, qui se sont fréquentés, croisés, combattus, pendant de longues années, tout en faisant souvent partie du même petit monde politique parisien républicain, radical, ou socialiste du début du vingtième siècle.

      A côté des ministres en vue, Caillaux évoque quelques figures surprenantes, le couple Herbette Conti : « L’administration est conduite par le sous-directeur des Affaires politiques et par le chef de cabinet du ministre, tous deux nationalistes aussi ardents qu’inconsidérés. »

      Il s’agissait d’Herbette le chef de cabinet du ministre des Affaires Etrangères de Selves – les Allemands l’avaient surnommé Herr Bête – (p149), Caillaux n’hésitant pas à dresser le portrait peu flatteur du ministre :

       « Je me suis montré quant à présent aussi réservé que possible dans mes appréciations sur M de Selves. Je voudrais continuer. Je n’ai pas le droit de lui en vouloir de sa faiblesse intellectuelle qui  le fait prisonnier de son entourage – car on entend bien que toutes les puérilités qu’il débitait lui étaient serinées par les Herbette et tutti quanti. Je l’avais choisi sachant sa médiocrité, ne me doutant naturellement pas du degré qu’elle atteignait. Peu importe ! J’étais averti. J’aurais dû voir plus clair. «  (p,203)

        Il s’agissait du ministre des Affaires Etrangères !

       Il faut reconnaître que l’auteur, à l’exception de de Freycinet, et encore, dresse des portraits très acides d’autres acteurs de cette scène, ministres ou ambassadeurs.

        Il trace un  portrait élogieux de M.de Freycinet, avec toutefois un coup de pied de l’âne final, qui lui parut sans doute d’autant plus justifié qu’il contribua à satisfaire les ambitions de son petit-cousin de Selves, le ministre cité plus haut :

        « … L’occasion m’est donnée de tracer un léger croquis de lui. Je manquerai d’autant moins de la saisir que M.de Freycinet fut jusqu’à la fin de sa vie un des grands personnages de la République.

        Il en imposait par son passé, par sa merveilleuse intelligence, par son exquise aménité qui se mariait avec un aristocratisme de bon aloi. « Allez donc causer avec M.de Freycinet, » disaient les anciens aux jeunes ministres tels que moi, tels que Barthou, quand les circonstances nous mettaient aux prises avec une question difficile de gouvernement ou d’administration. Et nous allions solliciter dans un hôtel de la rue de la Faisanderie les éclaircissements qu’avec une lucidité incomparable distribuait, d’une voix fluette, un vieillard au profil de camée, tout grêle et tout blanc – la souris blanche fut son surnom.- « Le cerveau de cet homme est un filtre, « disait de lui Gambetta. Le tribun avait raison. Il avait non moins raison hélas ! quand il ajoutait : « Toutes les eaux en sortent pures mais infécondes. » A M.de Freycinet, comme à d’autres, plus qu’à tous autres, le caractère faisait défaut. » (p,47)

          Ou de la façon de choisir ses ministres, toujours de Selves, puis Klotz :

      «  Tout bien pesé, je me résignai : de Selves au Quai d’Orsay, moi dans un grand ministère politique, ailleurs des collaborateurs appropriés à leur tâche, ayant tous de la valeur. Une seule exception : Klotz aux Finances, Klotz dont il ne me venait pas à l’esprit de mettre la probité en doute mais que je savais un médiocre.

        Pourquoi, ayant cette opinion de lui, me suis-je assuré de sa collaboration ? D’abord parce que je n’avais guère l’embarras du choix. Le Parlement était presque aussi pauvre en financiers d’État qu’en diplomates… ». (p,80)

      Dans cette galerie de portraits, Caillaux fait un sort à Berteaux qu’il choisit comme ministre de la Guerre, alors que de Selves détenait le Quai d’Orsay, le couple ministériel qui est à la manœuvre dans les affaires marocaines, dont Caillaux dénonce le rôle dans le fait accompli de Fez, une intervention française qui ouvre une nouvelle fois le dossier du Maroc avec l’Allemagne.

       « Possesseur d’une énorme fortune, sachant largement dépenser, Berteaux disposait d’une immense clientèle. Son empressement à rendre service, son exquise bonté lui valaient d’autres amitiés, plus précieuses celles-là puisque désintéressées. Il conquérait jusqu’à ceux qu’horripilait sa passion de démagogie. Car cet homme d’une réelle valeur avait une tare : il était foncièrement démagogue. Je dis « foncièrement ». Je suis en effet convaincu qu’il n’entrait pas de calcul dans les attitudes de Berteaux…

         Ce n’est guère qu’en 1911 que les barrières tombèrent devant lui. Il sentit alors avec l’extrême finesse dont il était doué qu’il ne désarmerait les hostilités, qu’il ne parviendrait aux très, très hautes situations dont il rêvait que s’il inscrivait à son actif un geste national… voire nationaliste. Pourquoi pas ? il ne répugnait pas entièrement au nationalisme qui cousine avec la démagogie. Or voici que surgit l’histoire de Fez. Elle offre une occasion exceptionnelle de prendre une posture éclatante. Comment hésiterait-il ? «  (p, 65,66)

        Caillaux évoque à plusieurs reprises le personnage politique de Briand, en même temps autant admiratif que contempteur.

       « Il était certainement de bonne foi quand il jugeait que notre parti abusait de sa force vis-à-vis de ses adversaires. Mais, quelles que fussent les exagérations auxquelles il se complaisait en paroles, il était trop intelligent pour ne pas comprendre que le temps seul pouvait modérer l’âpreté des luttes entre hommes de gauche et gens de droite, que collaborer discrètement à cette œuvre de longue haleine par des conseils de calme distribués à propos était tout ce qu’un gouvernement pouvait faire.

        Il serait entré dans ses vues, il n’aurait pas brandi « l’apaisement » s’il n’y avait trouvé un moyen de transformer le régime et du même coup, d’asseoir son hégémonie personnelle. C’est ici que l’analyse à laquelle je procède devient délicate…

        Fondre tous les Français en un seul et immense parti selon l’expression exacte de Jaurès avec pour toute bannière « l’apaisement », se placer à la tête du pays, assurer la permanence de son autorité et la compacité de l’amalgame formé en instituant – ce fut sa grande trouvaille – la dictature des journaux sous son contrôle à lui, Briand, tel fut sa politique… l’entreprise avorta …

       Mais cela est une histoire qui sera contée tout à l’heure. Ce qu’il me faut expliquer de suite c’est comment le Président du Conseil de 1909 parvint à mettre sur pied l’extraordinaire combinaison qu’il avait, selon toutes probabilités, méditée depuis longtemps, comment il arriva à cartelliser la presse de Paris. » (p,23,24,25)

        Nous reviendrons plus loin sur le rôle de la presse à la veille de la Grande Guerre, car il s’agit d’un sujet qui ne me parait pas avoir encore assez attiré l’attention des historiens, au cours de cette période, notamment dans le domaine colonial, alors qu’il s’agissait d’un des rares vecteurs d’information ou désinformation qu’il était possible de mesurer.

        J’ai déjà eu l’occasion dans quelques-uns de mes écrits de faire le constat de cette carence historique notoire pour tout ce qui touche à l’histoire coloniale de la Troisième et Quatrième République.

       Les pages consacrées à Tardieu, une figure de la Troisième République valent le détour de lecture.

       « M.Hébrard, le directeur du Temps, vint plaider auprès de moi la cause de M.André Tardieu. Attaché au cabinet de Waldeck-Rousseau qui était lié avec les siens, nommé tout jeune inspecteur général adjoint des services administratifs du ministère de l’Intérieur, devenu par la suite inspecteur général titulaire, M.Tardieu rédigeait la bulletin de politique extérieure du Temps. Cumul critiquable, admissible cependant… à la rigueur ! Ce qui n’était pas tolérable c’est que M.Tardieu prétendit participer à des affaires internationales et qu’il soutint ou qu’il attaquât les ministres des Affaires étrangères suivant qu’ils secondaient ou qu’ils se refusaient à servir les intérêts pécuniaires de ses amis…. Ce que, en revanche, je relevais, c’était la position que M.Tardieu avait prise dans l’affaire de la N’Goko-Sangha. Il avait accepté, lui inspecteur général des services administratifs, de se faire contre l’Etat l’avocat stipendié de la Compagnie devant le tribunal arbitral constitué pour décider si la société concessionnaire avait droit à indemnité et pour en fixer le montant aux dépens du Trésor. Arrivant au ministère de l’Intérieur, je jugeai que je ne pouvais laisser passer sans sanction une incorrection – c’est le moins qu’on puisse dire – dont, si elle restait impunie, d’autres fonctionnaires pourraient s’autoriser pour en commettre de semblables.

       M.Hébrard défendit très vivement son collaborateur… Il me fit valoir le profit que je retirerais du concours dévoué que le rédacteur de la politique étrangère dans le plus grand journal de la République ne manquerait pas de me prêter…

         M.Hébrard fit valoir que ses deux prédécesseurs ne s’étaient pas formalisés de cette situation, M.M.Briand et Monis.

      « Je souris. Je consentis le geste de générosité qui m’était demandé. » (p,107,108)

      Caillaux semble découvrir à cette occasion le rôle secret que joue Tardieu dans les négociations engagées sur le Maroc.

       Tardieu était un brillant sujet, et le mélange des genres qu’il pratiquait ne l’empêchera pas de faire une belle carrière politique après la Première guerre mondiale.

    Dans la chronique que j’ai consacrée à la problématique « Subversion et pouvoir », le lecteur a pu constater que le lobby des médias fonctionne toujours aussi bien.

        Jean Pierre Renaud   –   Tous droits réservés