« Collectif républicain » ou « collectif communautaire » … Faute de collectif républicain !

« Collectif » républicain ou « collectif » communautaire ?

Islam de France, laïcité, voile, quartiers sensibles…

Ou

Faute de collectif républicain, le champ libre est laissé aux communautarismes !

            Sommes-nous encore à l’âge des « nuances de la laïcité », selon un propos récent de Monsieur Guérini, Délégué général  des Marcheurs ?

            Je ne le pense pas du tout.

L’absence d’un « collectif républicain »

         Une grande partie des problèmes que la France rencontre dans certains quartiers sensibles est liée à la carence d’un « collectif républicain » qu’elle n’a pas su mettre en œuvre depuis plusieurs dizaines d’années, laissant dans la pratique les mains libres à toutes sortes d’initiatives communautaires des groupes de pression.

         Une polémique est à nouveau déclenchée sur le port du voile, signe religieux, culturel, social, ou politique, selon les opinions des uns et des autres, mais il est évident que ce problème, s’il y a un problème, est lié à un mal-être de certaines de nos banlieues, sorte de terreau religieux, culturel, social, et politique de l’expansion de ce signe vestimentaire, et ne constitue donc qu’un des symptômes d’un problème de fond qui n’a jamais été correctement traité.

          Depuis de trop longues années, les gouvernements ne prennent pas toutes les décisions qui sont nécessaires à la défense de la laïcité, de même d’ailleurs que, de leur côté,  les institutions civiles laïques – elles se réveillent peut-être – qui n’ont plus la fougue de leurs ancêtres, tout autant que les institutions chrétiennes qui ne défendent pas toujours et avec assez de conviction le message fort de « ce qui est à César est à César, et ce qui est à Dieu est à Dieu », avec le corollaire de la liberté de conscience des chrétiens.

         Les lecteurs de mon blog savent que ces thèmes de réflexion ont fait l’objet de nombreuses chroniques depuis 2010, le premier, le 1/05/2010 à propos du livre « La loi du ghetto » de Luc Bronner, actuel directeur de la rédaction du Monde, et la dernière, le 9/04/2018, à propos des propositions de Jean Louis Borloo.

         J’avais fait des propositions concrètes de réforme pour associer les habitants de ces quartiers à la gestion municipale, les faire bénéficier d’un tissu d’initiatives sécuritaires, culturelles, économiques et sociales pour faciliter une meilleure intégration dans la République.

            J’ai été sensibilisé très tôt par la problématique des quartiers sensibles, à la suite d’une campagne électorale dans le Pays de Montbéliard à l’époque de Monsieur Boulloche, un vieux Pays encore marqué par une cohabitation difficile entre catholiques (« les immigrés »)  et protestants.

            L’existence de quartiers sensibles en gestation dans les banlieues de ma ville natale m’avait beaucoup frappé, et j’avais, quelques années plus tard, dans les années 1980, pris l’initiative d’aller à l’Assemblée nationale pour en alerter le député socialiste de Montbéliard, ancien suppléant de M. Boulloche.

            A Paris, et dans l’exercice des fonctions assumées à la Préfecture de Paris, j’avais à plusieurs reprises alerté une des Adjointes influentes de Chirac, chargée de l’emploi et de la formation sur le même sujet.

            Je prêchais incontestablement dans le désert, alors qu’à partir des années 1990,  de plus en plus de quartiers sensibles mitaient nos banlieues.

            A l’origine de cette évolution, il est évident qu’un des premiers facteurs a été l’absence de contrôle des flux migratoires officiels ou clandestins, sans que la France se donne les moyens d’intégrer ces nouvelles populations, et le mouvement continue, avec un nombre de plus important de musulmans, compte tenu des origines géographiques de ces flux.

            Les guerres de religion qui embrasent le Moyen Orient depuis des dizaines d’années ont trouvé un écho en France, récemment avec Daech,  et  commencé à  influencer un prosélytisme de l’islam qui n’est pas toujours pacifique, comme  il l’était il y a trente ans, c’est-à-dire un prosélytisme de conquête avec l’objectif d’imposer la charia, c’est-à-dire la fusion entre le religieux et le civil.

            Politiques et médias parlent d’Islam de France, mais il n’existe pas, ou pas encore, s’il doit exister un jour, compte- tenu du désordre doctrinaire et organisationnel dans lequel baigne aujourd’hui le monde musulman français, entre courants religieux, nombreux, entre Coran, hadiths, ou imams liés souvent aux racines géographiques d’une partie de la population immigrée, et pourquoi ne pas le dire, aux sources de financement étrangères, officielles ou clandestines, appartenant au sunnisme ou au chiisme, avec leurs variantes.

            Le Maroc a eu longtemps de l’influence dans ce domaine.

            Sur le blog du 7 novembre 2012,  j’ai proposé un compte-rendu de l’enquête de John.R. Bowen « L’Islam à la Française », qui avait le mérite de décrire le monde musulman tel qu’il existait dans notre pays, dans ses composantes : il était difficile d’en conclure qu’il existait effectivement un Islam de France, au-delà d’une sorte de fiction irénique.

            Selon une des formules de Robert Desnos : L’islam de France : « ça n’existe pas, ça n’existe pas ! », en tout cas pas encore !

            Nombreux sont les  quartiers sensibles qui échappent aujourd’hui à la République, et qui échappent  de moins en moins à la volonté de certains courants islamistes de les soumettre à la charia, d’autant plus facilement qu’ils tissent une toile d’araignée d’aide sociale, de soutien collectif que la République n’a pas su leur apporter, le collectif sécuritaire, culturel, social, scolaire, économique dont ils avaient besoin.

            Jean Louis Borloo avait réussi à faire injecter des milliards dans la rénovation nécessaire du bâtiment dans ces quartiers, mais sans traiter le volet du « collectif républicain », ce qu’il a ensuite proposé de faire après l’élection du nouveau Président, mais avec le refus « idéologique » de ce dernier, sous le prétexte des « deux hommes blancs », alors que Borloo avait à la fois fait à nouveau le bon diagnostic et les bonnes propositions de solutions après la consultation des acteurs de ce terrain sensible.

            Quelques-unes des mesures Blanquer en faveur des écoles primaires de ces quartiers vont dans le bon sens.

            Nous en sommes là, et voile ou pas voile, laïcité « en nuances » ou pas, le respect de la laïcité passe par la reconquête républicaine des quartiers sensibles, c’est-à-dire par l’injection massive de culture républicaine et d’esprit collectif républicain.

            Comment une femme habitant ces quartiers peut-elle, sans risque, s’afficher publiquement sans voile, alors que des musulmans extrémistes tentent de contrôler la vie sociale, comme ils le font par exemple en Iran ?

            Comment faire revenir certains quartiers dans la République, sans reprendre le contrôle « collectif » de leur vie culturelle et sociale ? Alors que les « collectifs » d’origine, religieux, culturels, et sociaux, sont encore très prégnants ?

       Jean Pierre Renaud

Le Questionnaire Citoyen – Questions N°2 – La justice française ?

Le soupçon légitime sur l’indépendance de la Justice !

En raison d’une « instruction » judiciaire quasiment ouverte à tous !

        Récemment, et une fois de plus, la justice française a été accusée de parti-pris politique, mais une fois de plus, les médias et notre belle intelligentsia n’ont pas soulevé les raisons légitimes du soupçon :

        Un secret de l’instruction « bidon » comme l’affaire Fillon l’a démontré, le secret des sources venant opportunément au secours de cette violation quasi-habituelle du secret de l’instruction par certains magistrats, certains policiers, les avocats souvent, de même que les citoyens incriminés…

        Je rappelle que sur ce blog j’ai dénoncé cette violation du principe constitutionnel de séparation des pouvoirs, – après des primaires légalement autorisées – quelles que puissent être les interprétations des uns et des autres sur les « infractions » dénoncées, car le respect de ce principe est une des clés de la bonne santé de notre République.

       Il est évident que ce soupçon demeurera aussi justifié, tant que le Parquet restera sous les « ordres » des Gardes des Sceaux, c’est-à-dire des gouvernements, quelles que puissent être les belles déclarations quant au distinguo entre directives collectives et individuelles, au cas par cas.

       Tous les initiés savent que beaucoup de parquetiers informent leur hiérarchie sur les affaires sensibles qu’ils traitent, le  plus souvent sur demande d’ailleurs des parquets généraux ou du Cabinet du Ministre de la Justice.

         Dans  la capitale, et compte tenu des institutions locales, un Préfet de Police dont dépend la Police judiciaire, le Procureur de Paris n’a pas le privilège d’être souvent le premier informé.

         L’élection de Macron n’a rien changé.

         Tout au long de ma carrière publique, j’ai toujours été frappé par la servilité quasi-généralisée dont souffrait la haute administration.

Une justice prétorienne de proximité à créer !

     Une suggestion enfin, qui simplifiera le fonctionnement de notre justice, l’institution d’une vraie justice de proximité, pas nécessairement professionnelle, dotée d’un pouvoir de sanction immédiate des infractions les plus courantes de la vie sociale.

Manifestants à visages découverts ou à visages masqués !

Une nouvelle sanction légale est nécessaire !

        Les mœurs de la société actuelle sont très complaisantes avec l’habitude que de très nombreuses personnes ont prises d’échanger des photos, notamment des selfies, sur toutes sortes de réseaux sociaux.

      Ces images circulent en abondance et en boucle un peu partout.

      Ayons une justice moderne, bien de son temps, et adaptons-la au temps présent, en l’autorisant à publier la photo de manifestants violents et casseurs, arrêtés lors de manifestations.

     Enfin, en ce qui concerne les Avocats, nombreux sont les Français qui se posent la question de leur rémunération – qui les paie ? – quand ils prennent la défense de terroristes, ennemis de notre pays, incarcérés à l’étranger ou en  France ?

     Un peu plus de transparence financière nous ferait sans doute du bien !

Jean Pierre Renaud et Marie Christine Renaud-Varin

Humeur du jour – 2019 : le destin Kurde ! Honneur perdu ? Parole trahie ?

Humeur du jour

2019 : le destin Kurde !

Honneur perdu ?

La parole de la France à nouveau trahie ?

Comme en Indochine, en 1954, après Dien Bien Phu, et Genève,  à la fin de la première guerre d’Indochine !

Comme en Algérie, en 1962, après les Accords d’Evian avec le FLN !

Chacun pourra toujours rechercher toutes les bonnes ou mauvaises raisons de ces trahisons, mais je crois qu’elles trouvent le plus souvent leur origine dans l’ignorance, l’aveuglement, l’incompétence, souvent par la constance de forfanteries politiques très françaises, c’est-à-dire « les yeux plus gros que le ventre ».

            Tout au long de son histoire, la politique coloniale française en Afrique en a été émaillée.

            Quand je vois Bernard Henry-Lévy faire le beau à la télévision, et que sur ses conseils, entre autres, Sarkozy et Cameron, nous ont emmené faire la guerre en Libye,  chasser un dictateur, c’est vrai, mais au prix de l’alimentation en  hommes et en armement, des groupuscules  islamistes qui, depuis, ont prospéré au Sahel, il y de quoi s’interroger.

             Ajouterai-je que la Constitution, dans sa rédaction actuelle, donne tout pouvoir au Président de la République pour mettre le doigt sur la gâchette, sans autorisation préalable du Parlement, sorte de libre cours ouvert aux forfanteries politiques françaises !

            Et pendant ce temps-là, la Turquie est toujours membre de l’OTAN,  l’ONU aux abonnés absents, et l’Union européenne en déshérence …

            Jean Pierre Renaud

« Et Si »… Marion avait fait le bon diagnostic médical ?

« Amener dans un avenir commun des Français issus de courants variés de la droite »

 Le Figaro Magazine du 7 septembre 2019, Interview exclusive (pages 73 à 75)

       La droite française n’est pas morte, mais elle a le plus grand mal à résoudre ses contradictions et à exister, prise entre des Marcheurs gloutons et enjôleurs et un Rassemblement National de plus en plus attractif, faute de proposer aux Français un cap et une remise en ordre tous azimuts  de notre République.

            Au fur et à mesure des années et depuis plusieurs dizaines d’années, le Front National, rebaptisé Rassemblement National, fait son nid, et n’a pas beaucoup de peine à le faire, grâce à la publicité permanente que lui font ses adversaires politiques, « au loup ! au loup ! », et à l’immobilisme prolongé des pouvoirs publics pour répondre aux inquiétudes réelles des Français sur une immigration officielle « supposée » et clandestine qui continue à déstabiliser notre vivre ensemble (regroupement familial à géométrie variable, mariages forcés, droit du sol, droit d’asile…)

        Par ailleurs et de concert avec l’Europe, notre pays met en œuvre une politique étrangère laxiste mettant en cause la sauvegarde de notre économie nationale, avec le démantèlement progressif de nos atouts industriels.

            A chaque élection nationale, il est évident que le Front National est présenté comme le bouc émissaire rêvé des anciennes gauche et droite, faute de proposer aux électeurs des programmes de réforme sérieux.

            Le président actuel fait tout ce qu’il faut pour faire le vide entre son mouvement et le Rassemblement national, avec la conviction que c’est la recette magique pour durer, sauf si les droites actuelles divisées ou ennemies étaient capables de mettre sur pied une coalition capable de gouverner.

            Tel semble être le message que porte Marion Maréchal, en dehors des partis classiques, mais avec le soutien de certains d’entre eux.

         En cas de succès, les gens qui sont le plus opposés aux ambitions du Rassemblement national auraient réussi à faire entrer le « loup » supposé et rêvé dans la « bergerie républicaine ».

Jean Pierre Renaud

Les Indigènes de la République et l’art africain de la Cour d’Abomey: deux pièces à verser au dossier

Avec Jean Clair : dans le livre « Terre natale » « Exercices de piété » (Gallimard-2019) où « Il évoque à nouveau son enfance en Mayenne, ses parents dont il dresse  des portraits émouvants, presque déchirants, la campagne des années quarante et cinquante qui a disparu comme les haies qui la scandaient, revenant ainsi à des thèmes dont ses lecteurs sont familiers. »

            Historien d’art, Jean Clair a été directeur du Musée national Picasso-Paris jusqu’en 2005.

            Il s’agit d’un livre austère, mystique, nourri de culture et de voyages, souvent décoiffant, lorsque l’auteur décrit la société actuelle par rapport à celle du passé de notre pays.

            Dans ses réflexions sur l’art, le lecteur ne peut évidemment pas manquer d’y voir la marque du sous-titre de ce livre « Exercices de piété ».

            Je propose quelques extraits de son texte qui font écho à quelques-unes de mes réflexions et publications sur deux sujets, la propagande du groupe de pression « Les Indigènes de la République » et la restitution d’objets d’art de l’Ouest Africain à  leurs pays d’origine, anciennement le Dahomey, aujourd’hui, le Bénin.

            En ce qui concerne, ce deuxième thème, le lecteur aura la possibilité de relier le propos « religieux » de l’auteur à la comparaison que fit un illustre hiérarque de l’association en question : ce dernier indiquait qu’en privant le Bénin du Trésor de la Cour de Béhanzin à Abomey, notre pays privait ses habitants d’une sorte d’équivalent de la basilique royale de Saint Denis.

Les Indigènes de la République

            Le blog de janvier 2017 a consacré de nombreuses pages au thème polémique des Indigènes de la République, notamment en citant de larges extraits du livre d’Eugen Weber « La fin des terroirs » dans lequel l’auteur décrit le passé de nos terroirs.

         La condition des paysans de France n’avait rien à envier à celle de beaucoup d’Indigènes des colonies françaises,  une comparaison historique chère à certains groupuscules politiques et multiculturels voués à la revendication, à la repentance, et à la réparation, le plus souvent en monnaie sonnante et trébuchante…

         « Monuments aux morts, griffés de haut en bas, au cœur du village, tables de marbre, dans la nef de l’église, entassant des noms dont personne ne se souviendrait plus. Les paysans avaient fourni la piétaille pour les charniers de la Première Guerre. Cela avait permis de réduire une classe sociale dont la nécessité n’était plus évidente. On se servirait d’eux, une dernière fois. Les masses rurales, jusqu’alors majoritaires, nécessaires à nourrir la nation, avaient été intégrées, du moins le voulait-on ainsi, dans une entité administrative qui leur assurerait la sécurité, la santé, l’éducation, l’armée, la  police, les juges, les gendarmes, les instituteurs. Mais ces communautés furent en réalité dépouillées de leurs droits communaux, prés communaux, droit de chasse et de pêcher, code forestier, privés de leur façon de vivre, de penser et de parler, et soumis finalement à des conventions et à des langues qui leur éraient étrangères, comme un conquérant l’impose à des colonisés. Les colonies de ruraux étaient là, clairsemées et isolés, prêtes pour une exploitation économique.

        Plus peut-être. Il  m’arrive de penser que la façon dont les petits paysans furent les premiers appelés au début de la guerre d’Algérie pour renforcer les effectifs de l’armée d’active, rappelant la façon dont on avait à sa fin enrôlé les harkis pour renforcer le contingent venu des villes. Les paysans de nos campagnes avaient été les derniers des colonisés, les idiots des Landes et les crétins des Alpes, les péquenots des patelins perdus, plus proches des indigènes, des autochtones d’outre-mer, des djebels de Kabylie ou des Marquises, que des gens des cités qui venaient l’été les visiter. On les laisserait tomber après coup, comme avait laissé tomber les supplétifs, pour achever de réduire, jusqu’à la faire disparaitre, une communauté rurale devenue inutile, et inassimilable. » (page 103)

            Quelle population aura connu une telle décimation ? Ils auront perdu jusqu’à leur nom. De « paysans », ils sont devenus des « agriculteurs ». Ou bien ailleurs, des « éleveurs ». Mais les paysans étaient à la fois et nécessairement des agriculteurs et des éleveurs. On les avait sommés de choisir, comme l’ouvrier à la chaine doit se spécialiser. Les deux mamelles se sont taries. Et les « pays » ont disparu…. » (page 107)

&

L’art de la Cour d’Abomey

&

« TERRE NATALE »

Jean Clair

XXIII

« La Débâcle » (page 373)

 L’art de la Cour d’Abomey

                        « … On a rempli les musées à mesure qu’on vidait les églises Mais le sanctuaire est un lieu qui a un sens, ordonné qu’il est à l’horizontale comme à la verticale, par des objets, statues ou peintures, disposés selon leur destination, chacun ayant sa valeur et son sens, du portail où sont les saints à l’autel où sont les dieux, du niveau où sont célébrés les Evangiles à celui où l’on se remémore les Epitres : un espace plein où rien n’est interchangeable, ne se soustrait ni ne s’ajoute, un parcours qui a son début et sa fin.

            Le musée et la collection, eux, ne nous livrent jamais que des matériaux errants, indifférents, qui ont perdu leur destination, leur pouvoir et leur sens. Sans attache, et sans fin. L’errance contre l’orance. » (page 387)

          J’ai fini par haïr les musées auxquels j’ai consacré ma vie ; ils illustrent trop bien l’échec de notre temps. A quoi bon constituer les collections d’art primitif, les quatre-vingt-dix mille objets ou plus venus d’Afrique ou d’ailleurs que conserve Branly et qu’on prétend aujourd’hui restituer ? Des œuvres d’art ? La notion était inconnue de ceux qui les façonnèrent : masques rituels, objets cérémoniels, c’étaient des instruments de culte, que les tribus détruisaient, que l’on brûlait, après qu’ils avaient servi. Seule la curiosité des Européens permit de les sauver, de les conserver, de les classer, de les inventorier et de les exposer.

        Les tribus africaines n’agissaient pas différemment des sociétés de la Grèce et de la Rome antiques, dont les prêtres enfouissaient dans des favissae, ou jetaient au feu, les objets qui encombraient les temples, mais qui n’en demeuraient pas moins la propriété des dieux, et non des œuvres d’art destinées à la satisfaction des hommes.

       Les musées nés de la modernité républicaine ne sont pas les fosses ni les bûchers des objets de culte où les conserver une fois que le culte a disparu. Tout au contraire prétendent-ils les sauver de l’invisibilité pour les offrir au regard des terrestres. Ce faisant, ils leur retirent leur pouvoir et leur sens.

       Plus courageux serait de restituer à l’église les sculptures, les retables qui n’ont jamais cessé d’avoir un sens et une vertu dans une société et dans une culture qui sont toujours les nôtres. Retirer une Piéta de l’autel pour lequel elle a  été conçue, et la raccrocher aux cimaises d’un musée, entre l’effigie d’un Roi et les figurants d’une bataille ; c’est priver l’image d’une puissance qui  la faisait participer du sacré et représenter les traits non seulement d’une personne, mais aussi de la force active qui était la sienne. Et finalement, au bout de quelque temps, c’est effacer au regard du visiteur de hasard ce qu’elle voulait si magnifiquement dire, selon une imagerie et des figures rigoureusement réglées – pour ne plus être qu’un jeu gratuit de formes, un néant visuel dans lequel l’art dit contemporain viendra puiser les raisons de sa fausse existence.

       Oserait-on faire chez nous ce que les Russes ont fait chez eux, quand le régime soviétique ayant disparu, on restitua aux orthodoxes les trésors dérobés après la Révolution dans le but de créer un musée des Religions et de l’Athéisme… ». ( page 397)

        « Inanis et vacua, informe et vide, sans forme et sans fond, c’est aussi une façon cavalière, en deux mots, de définir la nature de l’art dit contemporain, dans les derniers instants de son aventure. Dissolution, dislocation, disparition de toute forme visible, dispersion des limites, explosion des enveloppes, mais également refus du dicible, du mot, du sujet, de ce que dit l’image, et si précisément et si bellement, au-delà des incertitudes et des efforts des mots de la langue écrite et parlée.  Rien n’est sorti de cet art moderne et contemporain, qui prétendait annoncer le futur et lui donner son sens . Rien n’est sorti de lui que le tohu-bohu des musées sans forme et sans issue, et la rumeur des salles de vente hystérisées.

        Nous sommes à l’autre bout de l’histoire humaine non plus à sa genèse, dans ce désert de feu où brûlent les usuriers, les vendeurs, les marchands, tout empressés dans leur vie, à donner une valeur à des objets qui n’en avaient pas. Foires affolées où rien ne se vend que du vide, enchères où rien ne part qu’à des prix insensés. Titrisation du néant, usure de l’usurier qui perpétue l’illusion de l’art, en magicien funeste qu’il est, qui gesticule et qui crie, au-dessus du vide à présent béant… » (page 400)

       « En quel cercle de l’Enfer faudra-t-il les jeter, plus bas encore que le cercle où rôtissent les damnés de Dante ?

      La dévaluation des valeurs, Nietzsche n’aurait osé l’imaginer. Une dévaluation des valeurs autrement radicale que les dévaluations monétaires entrainées par la guerre, puisqu’il s’agit à travers la fiction nommé « art », de vendre de l’argent pour avoir plus d’argent. Car plus rien n’est une valeur, mais le signe d’un signe qui finit par ne plus rien signifier. Jeff Koons, Damien Hirst et les autres, à quoi bon nommer ces faux dieux, qui n’ont jamais  remplacé ceux que je craignais, que je priais et que j’aimais jadis, au moment de quitter une terre natale, devenue terre vaine aujourd’hui. » (page 401)

Commentaire : à lire ce texte sans concession et pour la définition de l’art en général aussi bien que celle de l’art contemporain, peut-être ne sommes-nous pas beaucoup moins loin de l’art africain que l’on ne pourrait le penser ?

     Eloigné de ses terres d’origine et de ses croyances, quel sens peut avoir l’art africain que les occidentaux ont mis à la mode, un art africain que la société moderne a placé comme catégorie de l’art contemporain décrite par l’auteur, avec tout ce que cela a entrainé  sur le plan de la spéculation et de la mode ?

       Pour avoir traité à maintes reprises sur ce blog de sujets d’histoire coloniale ou postcoloniale et des controverses qui agitaient encore l’histoire postcoloniale  sur les héritages blancs ou noirs, vrais ou supposés, il n’est pas interdit de penser que les revendications portant sur la restitution d’objets d’art africain (voir blog d’octobre 2016), notamment dans le cas d’Abomey, sonnent comme le symbole d’un colonialisme qui a réussi tardivement, et dans ce cas-là, à revêtir un costume africain.

          Jean Pierre Renaud  – Tous droits réservés

La Méthode Chirac et la Méthode Macron – A grands traits !

En 1997, j’ai publié le livre « La méthode Chirac » « De la Mairie de Paris à l’Elysée » qui décrivait la méthode de conquête du pouvoir de l’ancien Président.

        L’appellation de « méthode » a été souvent utilisée par les médias pour qualifier et comparer la gouvernance politique des Présidents qui se sont succédé à l’Elysée.

      Dans son numéro des 7 et 8 septembre 2019,  Le Figaro titrait en première page :

           « Proximité, dialogue : la nouvelle méthode Macron » 

       Sans avoir besoin de  procéder à  une analyse approfondie de la « méthode Macron », un gouffre sépare la manière de gouverner des deux Présidents : Chirac avait un passé politique connu et était le chef d’un parti politique  que les Français identifiaient.

       Ce qui n’est évidemment pas le cas de Macron, venu du « nulle part » d’une intelligentsia non encore identifiée par la grâce de l’affaire Fillon lancée par le Parquet Financier de Paris, intervention du pouvoir judiciaire qui a ébranlé les colonnes du temple républicain, sous les auspices de la République exemplaire que nous avons appris à connaître.

         Après un long passé politique, ses premières classes en Corrèze, sa conquête du parti gaulliste et de la Ville de Paris, en 1979, Chirac n’avait nul besoin de jouer la « proximité » ou d’afficher une volonté de « dialogue », car son ancrage dans le paysage politique, aujourd’hui les « territoires », était solide.

      Comme je l’ai indiqué dans ce livre et dans la synthèse de ma conclusion, la capitale a été au cœur d’un système de pouvoir démocratique « apparent »  mais en réalité, de pouvoir absolu sur les institutions récentes de la démocratie locale parisienne.

      Paris devint la plateforme politique d’un candidat permanent à la magistrature suprême, qu’il mit dix-huit années à conquérir, après maintes trahisons.

       Il a su utiliser tous les atouts qu’une capitale comme Paris mettait à la disposition d’un chef de parti politique, le Maire de Paris disposant de tous les leviers que lui donnait des institutions, dont beaucoup d’entre elles étaient et sont encore celles d’un État dans l’État. (1)

      Chirac a su magnifiquement en user en mettant en place un système de communication efficace et continu qui le faisait apparaître comme le grand maire qu’attendait Paris, le modèle proposé à la France pour devenir son Président.

       Il est évident que comparé à Chirac, Macron « rame » et ne peut que « ramer » comme chef d’un  parti qui n’a pas de doctrine, des « Marcheurs sans boussole » selon le titre d’un éditorial pertinent de Vincent Trémolet de Villers dans le Figaro du 9 septembre 2019.

      Chirac avait installé son personnage dans le halo d’un gaullisme encore vivant, fusse avec les ambiguïtés inévitables liées à sa durée. Je vous avouerai que j’ai toujours eu beaucoup de peine à entendre son propos « Chers compagnons », comme à la belle période du Général de Gaulle.

       Non seulement le Président actuel est venu d’un « nulle part » politique, mais a tout fait, depuis son élection pour court-circuiter les partis politiques en donnant la préférence à la méthode du débauchage, plutôt que de dialogue et de recherche d’un consensus minimum sur un programme de gouvernement républicain.

       De leur côté, les corps intermédiaires ont été ignorés, le Président actuel donnant la préférence à une gouvernance technocratique, et à l’occasion de la crise des gilets jaunes, au Grand Débat, confiant dans l’efficacité de la parole politique d’un « Premier de la Classe ».

       Faute d’ancrage sur le terrain, la vraie boussole de notre Président et de ses Marcheurs est sans doute constituée par la consultation d’une batterie d’algorithmes dont les résultats inspirent ses prises de décision.

         A la différence du Président actuel, Chirac avait le style et l’image d’un acteur de cinéma, et  connaissant à fond les faiblesses humaines, il ne s’était jamais mis en tête de vouloir ériger une République exemplaire, mais sans aucun doute le Président actuel le surpasse en volubilité et en dialectique de la parole.

     N’a-t-on pas un peu, et en effet, l’impression que le Président actuel est toujours en train de passer un Grand Oral de concours ?

Jean Pierre Renaud

  1. « Paris un Etat dans l’Etat »

« Haro sur les « premiers de la classe  » ! Sur l’ENA ou sur l’ENARCHIE » ?

Sous le patronage de Messieurs Macron et Chevènement !

            Dans un bel élan démagogique, et pour apaiser les « gilets jaunes », le Président s’est mis en tête de mettre par terre le système de sélection de notre élite nationale par concours, avec « en tête » la suppression de l’ENA.

            Sur le blog du 25 avril 2019, je me suis exprimé sur le sujet : partant de ma longue expérience administrative, je concluais en faveur d’un retour aux sources, une école du service public et pour le service public, et non plus une école du pouvoir telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. J’avais pu enregistrer les premières dérives de cette grande école au Ministère de l’Intérieur.

            Le 11 septembre 2019, sur LCP, et au cours d’un intéressant documentaire sur l’ENA, l’ancienne directrice de l’institution, Mme Loiseau a tenu un discours tout à fait surprenant : elle a fait valoir la nécessité de la réformer, tout en conservant à l’ENA son rôle  actuel de sélection des membres des grands corps (Conseil d’Etat, Cour des Comptes, Inspection des Finances), en indiquant qu’elle en voyait d’autant plus la nécessité, face au risque du Front National.

       Mme Loiseau avait sans doute oublié le corps judiciaire.

      Mauvaise conscience d’un Président ? Repentance ? A l’égard de qui ? Pour lui-même, en « premier de la classe » qui n’a pas encore su faire apprécier sa gouvernance technocratique, venue d’un « Ciel » français et mondialiste ? Une gouvernance changeante et imprévisible, avide de se raccrocher désespérément au terrain ?

       Heureusement pour notre  Président, un ancien « premier de la classe » le franc-comtois Jean-Pierre Chevènement est venu récemment à son secours en déclarant :

       « J’entends déjà (et encore) s’exprimer les critiques : les Français n’aimeraient pas l’image du « premier de la classe » que donne le président de la République. Préfèreraient-ils avoir, à sa place, le dernier de la classe ? »

      Un beau sujet pour un « Œil du Vingt Heures » de notre chaine publique, France 2 : interroger les citoyens du Territoire de Belfort pour savoir si le bilan politique et économique d’un « premier de la classe » qui s’est illustré par une belle longévité à Belfort, un bilan utile sur deux plans, d’une part, l’immigration et l’Islam dans les quartiers sensibles du territoire, d’autre part, la belle entreprise Alstom, que l’ardent « souverainisme » de son maire, député, sénateur, et ministre, n’a pas fait échapper au capital étranger.

    Jean Pierre Renaud

« Le soleil ne se lève plus à l’Est » Bernard Bajolet « Mémoires d’Orient d’un ambassadeur peu diplomate »

« Le soleil ne se lève plus à l’Est »

Bernard Bajolet

« Mémoires d’Orient d’un ambassadeur peu diplomate » (Plon-2018)

 Une lecture intéressante, mais comme l’indique la mention ci-dessus,  dérangeante.

            Un livre qui n’est pas toujours facile à lire, compte tenu  principalement de la problématique inextricable des pays où le mémorialiste a exercé ses responsabilités, et de l’importance des relations très personnelles que l’auteur décrit, donc de la couleur très personnelle de ses mémoires.

            A lire ce document, je me suis souvent demandé si la France n’aurait pas dû choisir des officiers plutôt que des diplomates pour la représenter, compte tenu du risque permanent que ses représentants courent dans ces pays (voitures blindées et attentats) : est-ce encore la place des diplomates, avec du James Bond en filigrane ?

      Autre remarque relative à la déontologie ancienne qui imprégnait le corps diplomatique : les temps ont effectivement bien changé quant au devoir de réserve de la fonction publique.

    Il est vrai que l’édition compte maintenant de nombreux exemples de récits qui s’en dispensent, et qu’au cours des dernières années, un ancien Président s’est adonné à un genre nouveau, celui de confessions presque quotidiennes.

     Dernière remarque : je ne suis pas sûr que la lecture de cette chronique puisse nous éclairer sur le contenu et les objectifs de la politique étrangère du  pays dans tous les pays cités (Algérie, Syrie, Bosnie, Jordanie, Irak, Afghanistan) et puisse-nous convaincre de l’intérêt que peut avoir la France à entretenir le réseau diplomatique dans sa configuration actuelle, et avec le flux nouveau de tweets ou communications en tout genre entre chefs d’Etat.

     Le  moment ne serait-il pas enfin venu de mutualiser avec l’Union Européenne nos représentations diplomatiques ?

Jean Pierre Renaud

    PS : j’ai déjà évoqué le livre en question sur le blog du  8/07/2019 à propos de l’Algérie

France-Albanie, le Foot, le Couac des hymnes nationaux du 7 septembre 2019 ?

En « Live » comme Monsieur Delahousse !

M6 a bien  des excuses, étant donné qu’il était difficile, un de savoir où était l’Albanie, deux s’il s’agissait d’une équipe nationale ou d’une équipe de réfugiés !

De janvier à avril 2019, demandes de protection déposées :

 3 068 = soit plus de 32,2 % par rapport à la même période en 2018 !

Source Ofpra

« Votre » télévision publique ? S’agit-il bien de votre télévision publique ?

 Pourquoi « votre » ? Chaque jour, « vos » journalistes annoncent « votre » journal, « votre » feuilleton, « votre » film…

            « Votre » ? En est-on sûr si l’on tente d’évaluer le contenu et la qualité du produit télévisé public qui nous est servi chaque jour, à la lumière de quelques critères :

La représentativité ?

       L’information délivrée est-elle représentative du monde et de la France actuelle, compte tenu de la place qui est faite aux faits divers farcis d’émotions,  par rapport à celle qui est donnée à l’information ?

            Pour ne citer que France 2 ou France 3, et les informations des journaux, avec de plus en plus de « décryptages », les journalistes oublient le plus souvent de proposer un cadrage de représentativité statistique du sujet traité.

            Encore plus quand il s’agit de télévision « trottoir » comme dans « Ma Rue » !

La transparence médiatique ?

            Le moment n’est-il pas venu pour la télévision publique d’ouvrir ses lucarnes afin de dire qui fait quoi et avec qui, entre les journalistes eux-mêmes et les ou leurs sociétés de production, les échelles de rémunération, les relations entre communicants et journalistes, entre les chaînes et les agences de communication ou de publicité … Que d’ « Histoires Secrètes «  à venir sur la 2 !  

La pédagogie citoyenne ?

            Je ne suis évidemment pas un critique spécialisé, pas plus sans doute qu’un téléspectateur représentatif, mais comment ne pas être surpris par l’importance des jeux d’argent qui jalonnent les programmes, des films violents, des émissions qui correspondent à des sortes de rentes « quasi-perpétuelles » pour leurs acteurs officiels ou cachés ?

         Comment expliquer la place quotidienne – même le dimanche ! – qui est faite à l’émission « Affaire Conclue », et ce goût des brocantes, alors que leur mode semble dépassée dans nos provinces ?

            En comparaison, et à l’occasion des dernières élections européennes, nos chaines publiques ont-elles fait le nécessaire pour en expliquer les enjeux, et une fois les élections passées, expliquer le rôle respectif de la Commission européenne, de sa Présidente et des Commissaires, de l’Assemblée  Européenne, de l’Exécutif européen, du qui fait quoi et avec qui ? Ou encore des pouvoirs respectifs de l’Union et des Etats membres, etc…

      Est-ce qu’il n’aurait pas été intéressant de proposer un calendrier régulier de chroniques spécialisées et d’ateliers-débats dans le but que les institutions de l’Union ne restent pas étrangères aux citoyens?

            Cela fait des années que j’estime que nos chaines publiques n’accordent pas une place suffisante à la pédagogie citoyenne et civique : pourquoi ne pas ouvrir quotidiennement une rubrique citoyenne ?

            Jean Pierre Renaud