Laïcité et Laïcisme: les contextes historiques ont changé mais les principes de la loi de 1905 sont les mêmes !

Laïcité et Laïcisme ?

Le contexte historique des années 2020 n’a plus rien à voir avec celui de la loi de 1905 sur la laïcité!

Mais les principes restent les mêmes !

     Dans le Figaro du 9 décembre 2020 (page 18), Jean-Marie Rouart a proposé une analyse fort intéressante de la situation de la France face à l’islamisme, sous le titre :

« Le laïcisme est un rempart illusoire face à la volonté de conquête de l’islamisme »

            Je me suis exprimé à plusieurs reprises sur ce blog en faveur de la séparation des Eglises et de l’Etat et de la loi de 1905 sur la laïcité A mes yeux, et depuis longtemps, j’estime que cette loi est un gage de paix civile et de liberté de conscience dans un pays meurtri par des guerres de religion entre catholiques et protestants.

            Ma position est fondée à la fois sur ma connaissance de l’histoire de France, sur le passé de ma famille en Petite Vendée, dans le Haut Doubs, sur les connaissances acquises au cours de ma jeunesse dans un Pays de Montbéliard encore marqué par des fractures anciennes entre les deux mondes religieux protestants et catholiques – les mariages mixtes n’étaient pas toujours admis des deux bords – , et enfin par mon expérience préfectorale.

            J’ai toujours la même conviction, mais il est clair que le contexte historique a complètement changé à nouveau avec l’expansion démographique arabo-musulmane des vingt et  trente dernières années, amorcée, très tôt dans le Pays de Montbéliard avec le recrutement des usines Peugeot de Sochaux, puis la politique de regroupement familial initiée en 1976.

            Aujourd’hui, l’islam est installé dans le Pays de Montbéliard – il y a même une mosquée –  et les pouvoirs publics rencontrent le même type de problème que dans les autres régions françaises marquées par une forte implantation de l’islam. La communauté chrétienne fait face à une rude concurrence, compte tenu du prosélytisme de multiples réseaux d’influence et de pénétration officielle ou clandestine dans la population : cette nouvelle religion était encore inconnue dans le Pays de Montbéliard jusque dans les années 1970-1980.

            L’Eglise catholique s’y trouve aujourd’hui en position paradoxale d’évangélisation et de conversion missionnaire.

            Laïcité ne veut pas dire « laïcisme » le mot utilisé par Jean Marie Rouart dans sa tribune, mais mise en pratique du verbe évangélique «  ce qui est à César est à César, et ce qui est à Dieu à Dieu», séparation entre un gouvernement religieux et un gouvernement civil, liberté de conscience, c’est-à-dire tout le contraire de la loi de la charia musulmane qui entend tout gouverner, les âmes, les esprits et les corps.

            La France n’a sans doute pas conservé le souvenir des batailles homériques qui ont déchiré le pays à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, entre les bleus et les rouges, les instituteurs, « hussards de la République » étant à la pointe de ce combat, avec en arrière-plan un facteur trop oublié, l’influence d’une franc-maçonnerie très influente encore dans le halo théorique des Lumières.

Tout au long de la Troisième République, la plupart des ministres partageaient des fraternités franc-maçonnes. Les mêmes encourageaient les conquêtes coloniales sous la bannière « officielle » des « Lumières », de l’universalisme,  de la civilisation occidentale.

Sur mon blog, j’ai cité, entre autres, le cas de Lyautey qui, lors de son commandement à Fianarantsoa (1900-1902), avait dû affronter des pressions maçonnes pour ne pas licencier un commis indélicat : des maçons s’étaient déplacés de Tananarive pour effectuer une démarche…

La franc-maçonnerie était puissante dans l’administration coloniale.

Dans les pays musulmans, la charia est la règle du jeu à la fois religieuse et civile. Les autres religions y sont interdites, les chrétiens y sont persécutés… Le Pakistan en a encore donné un exemple récent en condamnant à la peine de mort une jeune femme qui s’était convertie au christianisme. Crime suprême !

Pourquoi pas une petite question aux musulmans de notre pays ?

 Y-sont-ils persécutés ?

Au début du 20ème siècle, Ata Türk avait introduit la laïcité dans la constitution turque, mais ce régime de séparation des pouvoirs révolutionnaire a fait long feu. Ne renaîtra-t-il pas un jour prochain des cendres du régime dictatorial d’Erdogan ? C’est assez probable.

Face à cette évolution, pour ne pas dire révolution, fort bien analysée dans le livre de Jérôme Fourquet « L’archipel », que faire ?

Premiere préoccupation : l’ordre public – Faire respecter la laïcité en France, c’est soumettre à l’ordre public républicain l’ensemble des religions, islam y compris, une prescription d’autant plus difficile à appliquer, compte tenu de ce qu’il faut bien appeler le désordre qui règne dans cette religion, avec la dispersion des écoles de pensée religieuse, des institutions, des organisations, qui se font concurrence et très souvent la guerre. Il y a quelques années j’avais proposé une lecture critique du livre d’enquête de John R. Bowen sur l’islam de France qui en faisait  état. (blog des 19/10/12 et 7/11/12)

Nous refusons donc de nous voir imposer des interdits religieux qui ont conduit et conduisent encore les peuples du Moyen Orient à s’entretuer depuis des dizaines d’années, des mots d’ordre, quand il ne s’agit pas d’appels au meurtre terroriste.

Faire respecter l’ordre public républicain exige aujourd’hui une grande vigilance et beaucoup de prudence, compte tenu de la variété des canaux d’influence directe ou indirecte empruntés par toutes les formes d’un islam radical très souvent et trop souvent financé par l’argent du Golfe.

Certains pays de cette région ne dédaignent pas d’utiliser l’arme de la religion pour élargir ou consolider leur influence, quitte à nous faire partager leurs conflits avec d’autres puissances musulmanes concurrentes et  souvent ennemies.

Nous avons mis des siècles à construire un modèle de civilisation aujourd’hui décrié par des ignorants, des agitateurs de tout poil, dont les mots d’ordre simplistes  s’appuient sur de fausses logiques, une inversion des règles de notre vivre ensemble : la victime devient le coupable, et le blanc par définition dans certaines écoles de propagande « décoloniale ». Dans le cas présent, est islamophobe le citoyen attaché à la préservation de notre état de droit républicain et laïc…

Pierre- André Taguieff a décrit dans un livre très universitaire toutes les caractéristiques de cette désinformation qui tente de mettre en pièces  détachées nos systèmes de pensée dans nos universités et dans une pseudo-culture populaire, la trop fameuse « cancel culture » venue des Etats Unis. Le titre de ce livre est « L’imposture décoloniale »   « Science imaginaire et pseudo-antiracisme ». »

Est-ce que le Président de la  République Française n’a pas donné du grain à moudre aux partisans de ces mauvaises et nouvelles causes du « décolonial », en parlant du « privilège blanc », et auparavant à l’occasion de la présentation des propositions Borloo pour les quartiers sensibles, en les  mettant en doute, puisque venant  de « deux hommes blancs » ?

L’Eglise de France

Le grand mérite de l’article de Jean-Marie Rouart est d’avoir mis le doigt sur un problème très sensible dans un pays marqué par une importante déchristianisation, face à un islam conquérant, mais au moins autant marqué par un scepticisme généralisé mâtiné de consommation immédiate.

Les mouvements laïcs de leur côté n’ont pas été à la pointe du combat pour la laïcité, ne serait-ce que dans nos écoles !

Car il ne suffit effectivement pas de  croire qu’il est suffisant de brandir le drapeau de la laïcité pour régler le problème.

Jean-Marie Rouart note :

« Car aucune société, si avancée soit elle, ne peut se passer longtemps du sacré. Seules les religions sont capables de donner une réponse à la question de la finalité de la vie…

Or, il faut l’avouer, le christianisme aujourd’hui, et le catholicisme en particulier, est atteint non seulement dans sa pratique religieuse mais dans son être même….

« Le christianisme va-t-il mourir ? »…

Ce n’est donc pas sans une grande pitié que l’on assiste en France, à cette lente désaffection vis-à-vis d’une Eglise qui a été la colonne vertébrale de notre société, plus encore de notre civilisation, depuis vingt siècles, l’inspiratrice de notre sensibilité, et qui règne encore dans tant de cœurs désolés et inquiets de son déclin… »

Dans un registre différent, Jérôme Fourquet, armé de toute une batterie d’indicateurs statistiques propose le même type de constat dans son livre « L’Archipel » : l’Eglise catholique aurait rejoint le chapelet d’îles que décrit le livre, une île de plus en plus déserte.

Dans la première partie « le grand basculement » l’auteur décrit la « dislocation de la matrice catholique, « le déclin de la pratique religieuse, « les maries s’en sont allées. »

Né dans une famille très impliquée dans la vie de la paroisse de Montbéliard, et impliqué moi-même dans les mouvements de jeunesse, profondément marqué par le souvenir d’une paroisse dynamique qui fut à la pointe des combats de la Résistance contre les Allemands, je ne retrouvais plus au fil des années la paroisse active telle que je l’avais connue dans ma jeunesse, lorsqu’il m’arrivait de rendre visite à ma famille.

Le mouvement de déchristianisation qui anémiait progressivement mon ancienne paroisse était frappant, en tout cas dans les signes officiels de la chrétienté. J’avais donc sollicité mon beau-frère afin qu’il puisse recueillir les statistiques des sacrements délivrés au fur et à mesure des années, entre 1970 et 2015.

Les courbes des quatre sacrements étaient éloquentes car elles démontraient la chute vertigineuse du catholicisme à Montbéliard.

            Pour l’illustrer ces quelques chiffres :

En 1970 : Mariages : 115 – Baptêmes : 365 – Communions : 106 – Professions de foi : 203

En 2015 : Mariages : 8 – Baptêmes : 35 – Communions : 24 – Professions de foi : 34

Jusque dans les années 1980, le nombre des mariages se situait entre 100 et 200 chaque année, mais entre 2000 et 2015, la chute est vertigineuse.

De 1970 à 1975, le nombre des baptêmes dépassait le chiffre de 300 par année, se situa entre 200 et 100 entre 1989 et 2001, puis chuta de 1992 à 2015.

Les communions enregistrèrent une chute identique, passant de plus de 199 en 1975, à moins 100 à partir de 2002.

Comment interpréter une telle évolution ? Dans une France encore couverte par son « blanc manteau d’églises », comme au Moyen Âge, ses cathédrales, ses monastères, les multiples signes du christianisme sur ses chemins et places ?

            « La fin de la matrice catholique » ?

            Question pertinente qui appelle sans doute des réponses documentées en observant les pratiques religieuses qui vivent encore dans beaucoup de nos provinces, mais il est exact que le champ des catholiques s’est rétréci, en ne conservant aujourd’hui que les chrétiens les plus convaincus : ne s’agirait-il pas encore du sel de la terre ?

 L’Eglise a manqué le virage missionnaire et évangélique qu’imposait l’évolution d’une société de plus en plus consumériste, habitée par l’éphémère et le goût du collectif festif comme savent le faire les églises évangéliques.

Le christianisme aurait tort de ne pas exalter la beauté de ses églises et de ses monastères, de ses chants et de ses cantiques, le grégorien par exemple, en renouant avec sa riche pompe liturgique d’images et de sons.

Afin de faire face à la poussée de l’islam, à ses initiatives débordantes, à ses collèges de missionnaires, il n’est pas certain que le resserrement de l’église catholique ne permette pas d’affirmer avec plus de clarté encore son message évangélique d’amour, de fraternité sous la bannière de croyants qui n’assassinent pas leur prochain « mécréant » ou non, et qui ne persécutent pas les musulmans comme le font les musulmans pour les chrétiens dans leur pays.

Le Pays de Montbéliard était sans doute un terrain culturel favorable à la déchristianisation,  compte tenu des luttes religieuses qui y avaient longtemps divisé les chrétiens.

Dans notre histoire récente, deux assassinats ont marqué la conscience nationale, l’assassinat des sept moines de Tibéhirine en Algérie en 1996, et l’assassinat du Père Hamel en France, en 2016

En 1994, une des années noires de l’Algérie, – l’armée française et la France n’y furent pour rien –  quatre sœurs et quatre prêtres ont été assassinés en Algérie.

Les chrétiens d’Orient qui vivent encore dans les pays musulmans n’y sont pas les bienvenus : très récemment, la Turquie a soutenu l’Azerbaïdjan pour chasser les chrétiens arméniens des terres de leurs ancêtres dans le Haut Karabach.

Dans notre pays, des groupes de pression religieux, idéologiques ou politiques nous rabattent les oreilles d’une islamophobie qui imprégnerait nos institutions… Une simple question : est-ce que les musulmans de France sont persécutés ? Non ! Et ils le savent bien, alors pourquoi ces manifestations ?

            L’Islam en France ?

            Compatible ou non avec la République Française ? « That is the question”? Pour transposer la question posée dans le Hamlet de Shakespeare : être ou ne pas être un musulman français républicain ?

            D’ores et déjà, la France compte de nombreux musulmans qui ont adopté notre modèle républicain, avec la séparation entre le religieux et le civil et la liberté de conscience.

Lors des conquêtes coloniales, notamment en Afrique du nord et en Afrique de l’Ouest, la France a combattu des chefs musulmans, notamment les Almamy Hadj Omar, Ahmadou, ou Samory, sauf que ce dernier était un Dioula converti, et que la France, en vue d’imposer son pouvoir, s’était intercalée dans les combats entre royaumes musulmans et royaumes animistes ou fétichistes : elle n’y combattait pas l’Islam.

La France coloniale laissait vivre côte à côte des populations de croyances différentes, sans imposer telle ou telle religion, et dans l’Afrique de l’Ouest, elle s’était accommodée avec les grandes confréries qui, prônaient un consensus de paix civile.

            Dirais-je qu’elle aurait d’ailleurs eu beaucoup de mal à imposer une loi  religieuse dans un immense continent, avec une myriade de peuples, de croyances et de cultures différentes ? A titre d’exemple, une soixantaine de peuples dans la nouvelle Côte d’Ivoire de la fin du XIXème siècle !

La véritable question posée est celle de savoir si l’Islam de France, au moins dans sa majorité, dans telle ou telle de ses nombreuses écoles de pensée est disposé à s’engager sur notre chemin de séparation des pouvoirs, un chemin que la France a mis beaucoup de temps à emprunter, faut-il le rappeler ?

L’Islam de France aura-t-il le courage d’ouvrir cette voie nouvelle ?

Nous le souhaitons et nous ne sommes pas les seuls.

Les négociations récentes sur une charte républicaine des imams, si elles aboutissent dans l’intérêt de toutes les parties prenantes est un signe encourageant.

En tout état de cause, la France n’acceptera pas de se voir imposer, et quoiqu’il en coûte, une charia, quelle qu’elle soit, venue de Turquie, du Maghreb ou du Moyen Orient !

Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés

Histoire ou Mémoire ? France-Algérie (1962-2021) Macron Stora

HISTOIRE ou MÉMOIRE ?

Le Figaro du 21 janvier 2021, pages 10 et 11, avec grande photo de Macron et de Stora dans les ors de la République, sous le titre:

« Macron veut réconcilier sans céder à la repentance »FRANCE – ALGÉRIE (1962 – 2021)

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Question : est-ce que les Français ne s’en « foutent » pas ?

Témoignage d’un ancien officier SAS du contingent en Algérie avec quelques extraits de texte

Le Président s’est lancé dans une opération politique de caractère dérisoire en confiant à  Benjamin Stora une mission impossible.

Qui est Monsieur Stora, un universitaire, un historien de l’Algérie, un mémorialiste, ou plutôt l’exemple bien connu des universitaires qui défendent des positions politiques ? Un historien qui passe de l’histoire à la mémoire, et qul se l’approprie ?

Aujourd’hui, « la mémoire juste », après « la guerre des mémoires » et les « mémoires qui saignent », alors qu’il n’a jamais eu le courage avec ses nombreux amis politiques de faire procéder à une enquête sérieuse sur la mémoire collective de la colonisation et de la guerre d’Algérie !

Macron aurait dit : « regarder l’histoire en face » et en même temps « construire une mémoire inclusive ». Est-il bien sérieux de mettre dans le même sac de raisonnement mémoire et histoire ? Il conviendra de demander aux philosophes ce que signifie l’adjectif à la mode « inclusive » et de l’expliquer aux citoyens.

Une commission, des propositions, un calendrier de commémorations bien calé pour les prochaines présidentielles !

Ne prend-t-on pas les Français pour des cons ?

Pour avoir toujours respecté le peuple algérien et avoir servi la France et l’Algérie, la solution ne consiste pas à continuer à enfiler des perles politiciennes et dérisoires,

  1. Ayez le courage de proposer aux citoyens le tableau statistique de la mémoire coloniale et algérienne des Français et des Françaises, tout en espérant que le même exercice d’honnêteté puisse être effectué en Algérie, avec les mêmes exigences de méthode statistique.

Les agitateurs patentés de notre histoire ont sans doute peur de constater que les citoyens ne sont pas concernés par le sujet.

  1. d’ouvrir toutes grandes les portes de l’information sur les relations fixées par de multiples accords diplomatiques, dont certains, me semble-t-il, datent encore des Accords d’Evian.

Dernière observation : la comparaison qui a été faite entre la Corée et l’Algérie manque de pertinence historique.

J’ai fait la critique de l’analyse que Lionel Babisz proposait dans le numéro 19 Année 2012 de la revue Cipango sous le titre « Japon- Corée, France-Algérie » : voir article du blog du 20/04/2016.

La critique de fond portait sur la pertinence d’une comparaison historique entre deux cas de contextes historiques très différents.

Pourquoi pas une petite chansonnette à la mode ancienne ?

« Tout le monde s’en foutait !

Tout le monde s’en foutait !

Tout le monde s’en fout !

Tout le monde s’en fout ! »

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Quelques extraits de mon témoignage

« Morts ou vivants, ils l’auraient dit ou ils diraient »

 « Guerre d’Algérie Années 1958-1959-1960 »

« Vallée de la Soummam » (p, 60)

« Le sourire hygiénique »

Année 1959

« …Guerre aseptisée, apprivoisée, empaquetée, niée et s’il n’y avait pas eu de temps en temps un cercueil revêtu du drapeau tricolore pour revenir sur la bonne terre de France, personne n’aurait cru, non personne, qu’on jouait avec la mort et la vie en Algérie.

Beaucoup de monde, beaucoup trop de monde en Algérie pour qu’il n’y en ait pas qui refusent d’aller au paradis, sans comprendre ce qui s’y passait, en dehors de ce que racontaient les gazettes

D’autant qu’avec le temps, il se trouvait de plus en plus de jeunes soldats aux yeux ouverts et aux oreilles propres.

D’autant plus que les bons petits français disposaient de l’antidote naturel à leur désir congénital de vanité et de gloire : ils s’adonnaient avec la même ferveur au plaisir masochiste de la mauvaise conscience.

D’autant plus que les intellectuels français en remettaient chaque jour une louche dans les gazettes.
       Belle et magnifique intelligentsia, abordant le problème algérien comme la peinture moderne : elle avait peur de manquer le train de l’histoire.

Les Algériens commettaient des crimes abominables et le cœur des vierges chantait la louange des terroristes angéliques. L’Armée commettait des crimes non moins abominables mais elle n’avait aucune excuse atténuante. Gorge et plumes déployées pour accuser toujours et toujours la France et encenser les rebelles, croisés des temps modernes.

Intellectuels croque-morts : l’évènement d’Algérie sorti tout armé de leur plume pour plaire à l’Histoire.

La France n’a pas perdu l’Algérie, mais notre jeunesse y a perdu son âme, ses rêves, dans un cul de sac.

La guerre d’Algérie nous a tous collé à la peau et nous colle encore à la peau : il y avait des salauds des deux côtés et des gens honnêtes dans les deux camps, mais pourquoi toujours condamner la France par avance ?

Etait-il vraiment insensé  d’imaginer amener les trois couleurs autrement qu’en laissant nos harkis et moghaznis se faire empaler et embrocher sur les places des villages ?

Ils étaient de plus en plus nombreux à goûter à la drogue du doute et à contaminer famille et amis.
       Mais avant que la grande noria tant souhaitée du retour vers la terre natale n’emporte leur contingent d’élus, que de fantasias, de nuits blanches, d’estropiés et de morts laissés sur le carreau, des deux côtés !

Ce jour-là, à l’aube d’un beau matin de Pâques, avec une mer d’huile bleutée et verte, un gros vaisseau pansu et blanc déversa sur les quais d’Alger la blanche sa cargaison habituelle de chair humaine.

Pendant toute la traversée, les petits gars du contingent s’en étaient donné à cœur- joie : les carafons de mascara n’avaient pas beaucoup de peine à chasser nausée et mal de mer, derviches tourneurs, danseuses du ventre, prémonition de gloire ou de mort, avec Sartre en prime.
      En avant toute, pour la fantasia, les nuits câlines et voluptueuses, les parfums d’oranger les plus délicats, et la mort à l’aube tout droit sortie du Petit Illustré. »

Jean Pierre Renaud   –  Tous droits réservés

Année 1960

« Morts ou vivants, ils l’auraient dit ou ils diraient » (page 94)

« …Le douar reprenait une vie normale, un café maure avait rouvert, même un cinéma, les écoles avaient rouvert leurs portes. Tout semblait dire : la pacification a réussi, on pouvait la toucher du doigt….

     Juste une illusion, car le mal était fait. L’histoire avait effectivement franchi ici un pas. Elle ne reviendrait pas en arrière.
     Notre merveilleuse intelligentsia avait vu juste, mais elle avait beaucoup contribué à ce qu’il en soit ainsi.

      Le sourire hygiénique de la pacification, des hommes et femmes pacifiés, avait remplacé le sourire hygiénique du lieutenant de la SAS.

       En dépit d’une certaine paix revenue, les généraux et les colonels n’étaient pas encore rassasiés : les grandes opérations étaient toujours un pur régal. Ils rêvaient toujours des campagnes des grands chefs de guerre, les Bonaparte, Rommel, ou Mac Arthur.
        Ils rêvaient   toujours de grand-messes militaires et de pompe liturgique et ne pouvaient plus se passer du bruissement des radios, boîtes à merveilles ou boîtes à malices. Le chant des radios, de rose à noir, de rouge à bleu, de Pélican à Colombe, de Thérèse à Monique, ou de tango vert à Balto jaune, flattait toujours leurs oreilles  Sans radio, le chef était mort.

        Grandes opérations utiles ou inutiles, là n’était pas la question. Que serait devenu l’art militaire, le seul, sans ces exercices de pure esthétique ? 

        Avec un peu de chances, le colonel aurait bien quelques morts ou prisonniers du camp d’en face à faire  valoir aux journalistes et à son commandement avant la fin de la journée, de quoi organiser plus tard une belle prise d’armes.

          Le colonel espérait rentrer tôt, car il avait un dîner chez le sous-préfet. La glace tintait déjà dans les verres, la table était fleurie, les femmes jolies. Les joues de la sous-préfète rosiraient lorsque le colonel raconterait les faits d’arme de la journée.

         Les petits gars du contingent avaient une obsession plus prosaïque, la quille, le calendrier et le blanc des jours que l’on voulait voir mangé le plus vite possible par le noir du stylo. Il fallait décidemment une bonne petite guerre pour que des hommes de vingt ans veuillent biffer d’un coup deux années de leur vie.

          Et des quilles, il y en avait de toutes les sortes, la petite maigrichonne ou la   malicieuse, la quille bijou portée en collier, celle qu’on accrochait en sautoir, celle qui pendait à la ceinture… On ne pensait plus qu’à ça. Elle envahissait tout…

          Manquaient à la parade les quilles revêtues de noir de ceux qui ne reviendraient jamais d’Algérie… »

Dernier commentaire : jusque dans les années 1939-1945, la grande majorité des Français n’était pas concernée par les colonies. Depuis les années 1980-1990, les Français ont souvent découvert ce passé colonial, du fait de deux facteurs majeurs, les flux d’immigration et l’activité débordante d’une multitude d’ONG.

          Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés 

Nihil obstat – Marie Christine

« L’archipel français » Jérôme Fourquet _ Notes de lecture 1

« L’archipel français » Jérôme Fourquet

« Naissance d’une nation multiple et divisée »

Notes de lecture (avec citations)

1

PROLOGUE

Pourquoi ce livre est intéressant ?

  1. 1-Tout d’abord parce qu’il nous fait réfléchir sur les destinées de la France à court, moyen et long terme.
  2. Parce qu’il nous apprend que, sur certains sujets, et pour être informé dans la République Française, il faut biaiser, emprunter des chemins détournés, indirects, ici les prénoms.

3 – Parce qu’il lève des tabous d’information et de connaissance.

Un ensemble de tabous intellectuels qui empêchent le citoyen français de connaître la situation de son pays, le qui est quoi, le qui vient d’où, le qui qui croit à quoi…

Il nous propose une bonne connaissance de composition de la population française bouleversée par l’importante immigration des trente dernières années, venant notamment des pays du Maghreb, des mouvements de population que la France s’interdit encore de recenser par origine sous le faux prétexte de l’interdiction des statistiques ethniques.

La France fait face à des revendications contradictoires émanant  de tout un ensemble de minorités agissantes, idéologiques et politiques, qui protestent contre les discriminations, tout en refusant de se faire compter.

A titre d’exemple, mais ils sont innombrables, à l’occasion de ma lecture critique du livre «  La Condition Noire » de l’historien Pap Ndiaye (blog du 6/05/2011), il était difficile de ne pas soulever 1) les faiblesses d’une démonstration statistique s’arrêtant dans les années 80, alors que la véritable progression des flux d’immigration est postérieure, 2) mais avant tout la  revendication contradictoire d’une visibilité politique en même temps qu’une invisibilité sociale, la revendication contradictoire d’une discrimination qui existerait alors qu’on refuse de voir compter les populations discriminées.

Le constat : la population d’origine immigrée représente un pourcentage relativement important au sein de l’ensemble national, sans commune mesure avec celui des années 80 et 90.

Il est évident qu’il s’agit d’un changement qui pèse sur notre destin, compte tenu du poids démographique et culturel qu’occupent la ou les communautés d’origine arabo- musulmane.

Comment ne pas être surpris que l’auteur de cette analyse fouillée sur notre « archipel » ait été dans l’obligation de recourir aux statistiques de l’état civil, notamment les prénoms pour identifier les mouvements démographiques importants qui ont affecté notre pays, surtout depuis les années 1990 ?

  1. Des chiffres et des lettres et pas seulement des lettres et des considérations sans pièces à conviction !

Les lecteurs de ce blog savent l’importance que j’attache dans les analyses des questions coloniales et postcoloniales, aux études quantitatives, et dans le cas de l’histoire en particulier, à l’histoire quantitative.

C’est sur ce terrain-là que j’ai critiqué les travaux du groupe de chercheurs de l’Achac, la  carence de l’histoire quantitative,  dans leur étude des images coloniales de la Troisième République notamment, carence de leur démonstration quantitative des vecteurs supposés de culture coloniale et des effets produits dans l’opinion publique. L’impasse qu’ils ont faite sur la presse, seul moyen massif d’information et de propagande coloniale, était manifeste.

La thèse que défend l’historien Benjamin Stora sur la mémoire coloniale est frappée de la même carence, alors que sa position de conseiller des princes lui donnait la possibilité de faire mesurer statistiquement par enquêtes et sondages ce qu’il en était vraiment du sujet.

Le livre du géo politologue Yves Lacoste « La Question post-coloniale » affiche le même type de méthode.

5 – « La Fracture coloniale » (2005) ou « Lignes de Fractures » dans « L’archipel français » (2019) ? page 251 à 301) ?

J’ai critiqué sur mon blog le discours pseudo-historique contenu dans le livre « La Fracture coloniale » publié par les trois historiens Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, et Sandrine Lemaire, de même que leurs autres ouvrages sur la Culture coloniale ou impériale, faute de pièces à conviction historiques et statistiques sur les phénomènes décrits.

L’enquête qui a été faite à Toulouse en 2003 sous l’égide de la Délégation Interministérielle à la Ville, n’a pas été validée dans sa représentativité statistique de la situation locale et nationale.

Dans le livre « Supercherie coloniale » (page 24), je proposais quelques illustrations de ce type de discours :

« « Retour du refoulé…. Qui font de la fracture coloniale une réalité subalterne impossible à ignorer (p,10)… la colonisation a imprégné en profondeur les sociétés des métropoles colonisatrices, à la fois dans la culture populaire et savante (ce que l’on nommera une culture coloniale (p,13. De ce champ de bataille mémoriel (p,23)… La banlieue est devenue un théâtre colonial… » (p,23)

Le livre de Jérôme Fourquet leur apporte une réponse avec un luxe de statistiques sur la situation de notre pays en 2019 : des fractures mais plus de « fracture coloniale » !

« Lignes de fractures » (p,251)

« Toulouse/Ozanam/Aulnay-sous-Bois : radiographies parcellaires du tissu sociologique français (p,251)

Le trafic de cannabis comme accélérateur de la sécession de certains quartiers (p,268)

L’école, plaque sensible et catalyseur de la fragmentation » (p,280)

«  Marginalisation des catholiques, sécession des élites, affranchissement culturel et idéologique de toute une partie des catégories populaires, montée en puissance de l’hétérogénéité ethnoculturelle du pays, régionalisme corse, tous ces phénomènes contribuent à l’archipelisation de la société française ce processus de fragmentation s’observe également à l’école et au sein du tissu urbain des métropoles comme dans celui des villes moyennes de province… » (p,251

« Aulnay : de part et d’autre de la frontière (p,260)

A l’instar de ce que l’on avait observé dans le cas toulousain, la carte par carroyage de la commune d’Aulnay- sous-Bois fait également apparaitre une fracture sociale très nette …

De part et d’autre de cette frontière, deux univers se font face : les quartiers des grands ensembles habités par une population paupérisée au nord versus les quartiers pavillonnaires habités par la classe moyenne et supérieure au centre et au sud de la ville. Ce clivage, inscrit dans l’urbanisme et la composition sociale, est aggravé par le niveau de délinquance et de criminalité très élevé qui frappe la partie nord de la ville… » (p,263)

Le trafic de cannabis comme accélérateur de la sécession de certains quartiers (p,268)

«… D’après les experts, ce qu’on pourrai appeler « l’interprofession du chichon » emploierait aujourd’hui pas moins de 200 000 personnes, ce qui est considérable et classe ce secteur d’activité parmi les premiers employeurs français – au même rang que la SNCF (200 000 salariés) mais devant EDF (160 000) ou Intermarché (130 000) la plupart de ces emplois sont localisés dans les quartiers sensibles et les banlieues, et dans ces territoires en difficulté, l’économie du cannabis assure un revenu à dix fois plus de personnes qu’Uber et autres compagnies de VTC (qui auraient créé 20 000 emplois selon une étude du cabinet BCG, qui  sont pourtant d’importants pourvoyeurs d’emplois pour les jeunes des quartiers…

Le chercheur Nacer Lalam estime que ce marché crée, tout bien pesé, 200 000 emplois répartis de la manière suivante : environ 110 000 détaillants et vendeurs de rue, 80 000 semi-grossistes, 8 000 grossistes et 1 000 têtes de réseaux… (p,274)

« Le faux-saunage du XXIème siècle (p,275)

«  Dans les territoires qui sont le plus concernés par ce trafic, cette activité criminelle occupe et fait vivre une part significative de la population locale. Toutes choses égales par ailleurs, on pourrait  établir ici un parallèle avec l’ampleur du faux saunage dans les bocages de l’Ouest au XVIIIème siècle…

Le deal a pris ses quartiers dans  toutes les villes de France… La couverture totale du territoire constitue un indice supplémentaire de l’ampleur et de la banalisation du cannabis dans la société française… »

« L’école, plaque sensible et catalyseur de la fragmentation… (p,280)

« Quand la fracture sociale s’invite à l’école…

« L’effet cartable » ou comment la compétition dope le prix de l’immobilier dans certains quartiers…

« Le développement du hors contrat comme symptôme de la sécession des élites…(p,284)

« Ségrégation ethnoculturelle : les black school à la française…(p,286)

« Choix des établissements scolaires et alyah  intérieure (p,289)

« Un enseignant sur sept constate régulièrement ou occasionnellement des atteintes à la laïcité. (p,295)

Le mot de la fin que j’ai souligné.

Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés

« L’archipel » Jérôme Fourquet

3

Conclusions

Une autre France hier, aujourd’hui et demain !

Quelle France ? Peur, espoir, ou pari ?

Au-delà des tableaux statistiques et de leur chronologie qui dépeignent l’évolution de la société française depuis plus de trente ans, les mots utilisés caractérisent le choc national que cela représente pour la France.

« Grand basculement », « archipelisation », « dislocation de la matrice catholique », « dislocation de la matrice culturelle commune », « métamorphoses qu’a connues la société française au cours des dernières décennies »…

« Métamorphoses » ? Le mot qui mesure cette phase historique ?

Il n’est pas inutile de rappeler la définition qu’en donnait Le Petit Robert :

« 1 Changement de forme, de nature ou de structure, si considérable que l’être ou la chose qui en est l’objet n’est plus reconnaissable » (p,1078)

Le livre de Jérôme Fourquet propose donc un diagnostic pertinent sur la situation actuelle de notre pays, sur les mutations profondes qui ont été les siennes au cours des  trente dernières années.

Cette description statistique faite sur la longue durée, et les commentaires qui l’accompagnent font apparaitre une France mondialisée, fracturée, plurielle, au point qu’il n’est pas impossible de se demander si certaines des conclusions tirées n’ont pas trop d’assurance, en accordant trop d’importance non pas aux flux démographiques mais en laissant dans l’ombre tout un ensemble de structures qui façonnent encore la nation française, fussent-elles en souffrance ? Les vraies fractures qui ne disent pas leur nom et qui s’inscrivent encore dans cette France ancienne des terroirs si bien décrite par Eugen Weber, avec les risques de tensions ou de sécessions que son nouveau potentiel recèle.

Le livre met en lumière et à juste titre la montée en puissance de la démographie arabo-musulmane, avec une conquête territoriale qui ne dit pas son nom, et le dynamisme concomitant d’une nouvelle religion en France dont la philosophie pose déjà des problèmes de compatibilité avec notre système de valeurs républicaines, notamment la séparation entre l’Eglise et l’Etat, qui n’existe pas dans les pays musulmans.

Le livre met bien en lumière aussi les problèmes de compatibilité que posent les règles civiles de la religion musulmane par rapport à notre droit civil, avec la constitution de noyaux insulaires d’endogamie résistants, les noyaux turcs constituant d’ores et déjà, des ferments d’instabilité dans la vie nationale, compte tenu des nouvelles initiatives impérialistes de la Turquie.

Dans l’état actuel de la société française, de sa composition et de ses fractures, et compte tenu du laxisme que nous manifestons sur le plan intérieur et sur le plan international en matière d’immigration, la France continue à emprunter un chemin semé d’embûches.

Notre destinée nationale prend de plus en plus la route d’un pari, lequel n’a rien de pascalien, dont les propos sur le Coran n’étaient pas particulièrement tendres, en fondant notre espoir sur le versant d’une sagesse musulmane qui pourrait et devrait animer les communautés musulmanes de France, celles qui emprunteraient la nouvelle voie de la liberté de conscience et de la séparation entre religion et pouvoir politique.

Dans l’état actuel des choses et des forces et faiblesses du pays, notre bien commun appelle :

 1) un moratoire de suspension au cas par cas de l’ensemble des mouvements migratoires, avec en premier ceux du Maghreb.

2) le respect strict de nos règles républicaines de laïcité dans tous les compartiments de notre vie publique, ce qui n’est pas toujours le cas.

Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés

Nos médias publics sont formidables !

Nos médias publics sont formidables !

Noël et Nouvel An

De chouettes vaccinations ! On vous bassine les oreilles sur les risques de la vaccination, sur toutes les précautions qu’il faut prendre pour le faire, en vous montrant en boucle les opérations, de très grandes aiguilles dans le bras… Qui en avait vu auparavant d’aussi grandes ?

            Les choses ont trainé, tout le monde s’en plaint, ou s’en défausse dans les sphères du pouvoir : n’aurait-il pas été plus simple de confier à l’armée la livraison et la distribution des vaccins, en faisant appel à un général du Train ?

            Au moins le chef de cette « guerre » aurait fait appel à un général compétent, ce qui fut moins évident dans le cas de Notre Dame de Paris !

L’Opéra de Paris  dans la « bataille de la diversité » ! Ouf ! Ce n’est pas encore la guerre !

            Quelles mouches ont piqué le nouveau directeur, le Défenseur des Droits, et l’historien chargés de nous dire si la France respecte dans ce haut lieu de l’art et de la culture française des règles équitables de diversité ?

            Qui l’a décidé ? Qui paie ? Le contribuable pour moitié !

            Je conclurais volontiers avec l’expression « Affaire conclue » dont la chaine publique France 2 arrose les téléspectateurs presque chaque jour, fêtes comprises : « l’affaire » est-elle déjà « conclue » ?

            Jean Pierre Renaud

Les Défis de la France de 2021 ?

 Au cours des vingt et trente dernières années, la France a changé en profondeur parce qu’elle a ouvert ses frontières à tous les vents sur le plan économique, mais tout autant sur les plans démographique et culturel.

            Chaque jour, les faux savants, les demi-savants, mais avant tout les ignorants, et très souvent les demi-habiles ou les cupides d’argent ou de notoriété, nous rabattent les oreilles de dé ou de post colonial, du dernier woke de service venu des Etats Unis, ou encore de diversité, reine de la terre et des cieux…Leur ambition à tous est de clouer notre pays au pilori pour mieux asseoir leurs fausses puissances.

            Trop, c’est trop, et cela suffit ! Arrêtez vos conneries ! Revenez sur le terrain, le terrain de la France et du bon sens !

            Je fais partie des Français qui ont incarné la diversité dans les années 60, ce qui était plutôt rare en France, dans une France qui ignorait quartiers sensibles, manifs pseudo-religieuses, propagande musulmane s’insinuant dans toutes les fentes de la culture, de la politique, et de la société.

            Je puis témoigner du bon accueil que ma famille fit à une jeune femme venue de la Grande Ile, alors qu’il n’en fut pas de même pour moi sur ses plateaux d’origine. J’eus l’occasion de recueillir le même type de témoignage au cours des années suivantes auprès de parents ou d’amis.

            On ne peut pas dire que dans ce pays, les relations humaines étaient radieuses entre ses communautés, notamment entre celles des plateaux et celles des côtes, sans évoquer les andevo, les anciens esclaves, pas plus qu’elles ne l’étaient au Togo, entre le Nord et le Sud, ou encore entre douars, et même entre clans en Algérie…

Deux documents récents doivent aider les Français à comprendre et  à situer les enjeux actuels et futurs de notre pays, le livre de Jérôme Fourquet « L’archipel » avec la montée en puissance incontestable de la population d’origine arabo-musulmane, et le livre de Pierre-André Taguieff « L’imposture décoloniale » avec le « postcolonial business » … plus austère.

En 2008, j’avais moi-même publié un livre sous le titre « Supercherie coloniale »

Pourquoi ne pas assaisonner enfin cette lecture avec celle de la chronique intitulée « L’Opéra de Paris rattrapé par la bataille sur la diversité » par Ariane Bavelier (Le Figaro du 31/12/2020) ?

Je publierai quelques réflexions sur cette « bataille » des ignorants et des manipulateurs, pour au moins une raison, un vrai goût pour le ballet que je découvris tardivement en raison de ma « diversité provinciale ».

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Humeur du jour- La sécurité de la France : imams, immigrés, loi sur la sécurité !

Humeur du Jour 

Novembre 2020

La sécurité de la France

Imams étrangers, flux d’immigrés, loi sur la sécurité !

Imams étrangers ? Renvoyons dans leur pays les imams qui refusent de signer une charte de neutralité politique ! En commençant par les 150 qui viennent d’une Turquie islamiste et hostile : en Turquie, le distinguo entre charia et régime politique n’existe pas !

            Les imams sont donc inévitablement les zélateurs de l’islamisme turc qui attaque les institutions républicaines.

Mettons fin à cette hypocrisie !

Flux d’Immigrés clandestins venus du Maghreb : en 2019, 100 000 personnes en situation  irrégulière  ont été interpellées par la police des frontières et 49 000 illégaux par la gendarmerie, des chiffres auxquels il conviendrait d’ajouter tous ceux qui sont passés entre les mailles du filet.

« Les Algériens représentaient 15 % du flux, les Albanais environ 10%, les Marocains autour de 8% et les Tunisiens tout autant » (Le Figaro du 20/11/20, page 12) : soit de l’ordre de 45 000 venus du Maghreb !

Les reconduites à la frontière ont été marginales, car l’on sait depuis de très nombreuses années que les pays d’origine refusent le plus souvent le retour chez eux de leurs ressortissants, d’autant mieux, qu’ils bénéficient comme l’Algérie d’anciens accords diplomatiques qu’il convient de remettre à plat !

La protection des forces de l’ordre: l’article 24 de la nouvelle loi sur les images proposait une solution contre laquelleles médias se sont insurgés en faisant valoir la menace que sa rédaction faisait peser sur la liberté de la presse.

Pourquoi les médias en vive concurrence avec les réseaux sociaux ne proposent-ils pas la bonne solution, afin d’éviter que l’on voie à chaque manifestation des images tournant en boucle montrant des manifestants insultant, narguant, ou provoquant les forces de l’ordre, à touche-touche ?

Jean Pierre Renaud

Humeur du jour- La sécurité de la France : imams, immigrés, loi sur la sécurité !

Humeur du Jour 

Novembre 2020

La sécurité de la France

Imams étrangers, flux d’immigrés, loi sur la sécurité !

Imams étrangers ? Renvoyons dans leur pays les imams qui refusent de signer une charte de neutralité politique ! En commençant par les 150 qui viennent d’une Turquie islamiste et hostile : en Turquie, le distinguo entre charia et régime politique n’existe pas !

            Les imams sont donc inévitablement les zélateurs de l’islamisme turc qui attaque les institutions républicaines.

Mettons fin à cette hypocrisie !

Flux d’Immigrés clandestins venus du Maghreb : en 2019, 100 000 personnes en situation  irrégulière  ont été interpellées par la police des frontières et 49 000 illégaux par la gendarmerie, des chiffres auxquels il conviendrait d’ajouter tous ceux qui sont passés entre les mailles du filet.

« Les Algériens représentaient 15 % du flux, les Albanais environ 10%, les Marocains autour de 8% et les Tunisiens tout autant » (Le Figaro du 20/11/20, page 12) : soit de l’ordre de 45 000 venus du Maghreb !

Les reconduites à la frontière ont été marginales, car l’on sait depuis de très nombreuses années que les pays d’origine refusent le plus souvent le retour chez eux de leurs ressortissants, d’autant mieux, qu’ils bénéficient comme l’Algérie d’anciens accords diplomatiques qu’il convient de remettre à plat !

La protection des forces de l’ordre: l’article 24 de la nouvelle loi sur les images proposait une solution contre laquelle les médias se sont insurgés en faisant valoir la menace que sa rédaction faisait peser sur la liberté de la presse.

Pourquoi les médias en vive concurrence avec les réseaux sociaux ne proposent-ils pas la bonne solution, afin d’éviter que l’on voie à chaque manifestation des images tournant en boucle montrant des manifestants insultant, narguant, ou provoquant les forces de l’ordre, à touche-touche ?

Jean Pierre Renaud

Relations entre la France et l’Algérie (1962-2020) – 4 – Mémoires fictives et mémoires dangereuses – Mediapart avec Stora, Jenni, et Ferrari

Les Relations entre la France et l’Algérie (1962-2020)

Vive l’Indépendance de la France !

Les Confidences du Président à Arthur Berdah, journal du Figaro du 6 novembre 2020, page 8, sous le titre « Islamisme : ce que Macron a en tête »

« Initiatives mémorielles… organisationnelles… politiques…cet impensé… »

« Ventre Saint Gris » ! Comme aurait juré Henri IV !

 Presque 60 ans plus tard !

Vive enfin l’Indépendance de la France !

4

Ci-après une chronique déjà publiée le 21/04/2017, toujours d’actualité, intitulée :

« Histoire, mémoire, roman, propagande, subversion ? »

Plus d’un demi-siècle plus tard !

Autour des « Raisins Verts » ?

Quatrième et dernier épisode

Mémoires « fictives » et « mémoires dangereuses » !

« L’histoire est un roman qui a été, le roman de l’histoire qui aurait pu être »

« Les Frères Goncourt »

Une suggestion de dissertation pour les élèves des deux professeurs Alexis Jenni et Jérôme Ferrari, au choix, entre « La chute de Rome » et « L’art de la guerre »

« Pour ou contre la lecture des Frères Goncourt d’après laquelle l’un ou l’autre des deux romans n’est qu’ « roman de l’histoire qui aurait pu être », c’est-à-dire la leur ? »

&

Au Club de Mediapart, Benjamin Stora et Alexis Jenni, dialoguent sur les « mémoires dangereuses »

« Le Club de Médiapart…

Les mémoires dangereuses. Extrait d’un dialogue

Extrait des mémoires dangereuses » (Ed Albin Michel, 2016), début du dialogue entre Alexis Jenni de « L’art français de la guerre » (Ed Gallimard) Prix Goncourt, 2011, et Benjamin Stora »

            Il s’agit d’un extrait tout à fait intéressant, parce que symbolique de la production d’un courant intellectuel qui tente encore de tenir un petit pan de l’opinion publique en haleine, pour tout ce qui touche aux pages les plus sombres de l’histoire de notre pays, tout en se défendant du contraire.

            Pourquoi ne pas dire dès le départ que ce type de discours incarne et diffuse une forme de perversion intellectuelle sur l’objet « mémoires » ?

            Rappelons succinctement quelles sont les Tables de la Loi du site Mediapart : une information de qualité, cultivant l’indépendance, la pertinence, et l’exclusivité.

Qualité ? Soit ! Indépendance ? Un site qui ne serait pas irrigué par une ancienne et continue idéologie tiers-mondiste, ce qui veut dire une forme subtile de « servilité » à une idéologie ? Pertinence ? Nous verrons. Exclusivité ? Il parait difficile d’appliquer ces principes au contenu de ce dialogue, pas uniquement en raison du goût des deux dialoguistes pour tous les médias.

Ce dialogue draine beaucoup des mots qu’aime utiliser Monsieur Benjamin Stora, en jouant sur les multiples facettes du mot « mémoires », aujourd’hui « dangereuses », hier en « guerre », de nos jours « communautaristes », et récemment avec la profession de foi d’un apôtre de la paix des mémoires, selon une chronique récente du journal La Croix.

« Le prisme de la guerre d’Algérie…. Une histoire qui a été longtemps occultée

C’est à si perdre, tant son discours est toujours aussi tonitruant, nourri d’affirmations et de certitudes répétées à satiété sur l’état de ces « mémoires », sans jamais, jusqu’à présent, et sauf erreur, avoir jamais donné la moindre mesure de cette guerre des mémoires. Monsieur Jenni parle de « guerre culturelle ».

Est-il pertinent de tenir un tel discours mémoriel sans avancer la moindre évaluation des phénomènes décrits ? Non !

            Les mots tonitruants ?

            Monsieur Stora abrite son discours sous le parapluie d’une « histoire du Sud » laquelle ferait l’objet d’un « déni », en évoquant l’existence de trois mémoires celles des rapatriés, des anciens appelés du contingent d’Algérie, et  des enfants ou petits-enfants issus de l’immigration algérienne.

            « Aujourd’hui, la mémoire de cette guerre fait retour, massivement, dans les sociétés, algérienne et française… »

            Il conviendrait d’expliquer par quelle voie cette « histoire » ou cette « mémoire » fait aujourd’hui retour massivement  chez les enfants ou petits-enfants nés après 1962.

            S’agit-il 1) de l’Algérie ou de l’Empire colonial ? 2) de l’opinion du mémorialiste, fils d’un rapatrié de Constantine, ou enfin de la mesure de ce retour massif de la mémoire de cette guerre?

            A lire ce dialogue, la guerre des idées ferait rage, « des affrontements mémoriels d’une grand violence symbolique », « Ce conflit mémoriel », « Cette bataille culturelle », en dépit du « déni », du « refoulement », de la « dénégation » de notre pays, toutes caractéristiques  abondamment décrites en chœur par les deux dialoguistes ?

            J’oserais écrire volontiers que ce type de discours ne correspond pas, jusqu’à preuve du contraire, à la situation historique actuelle de notre pays.

            J’oserais écrire une fois de plus que le peuple de France n’a jamais eu la fibre coloniale, que l’empire, sauf exception, n’a jamais été la préoccupation des Français, que la question coloniale a fait irruption dans notre histoire avec la guerre d’Algérie, et de nos jours, avec la présence d’une population d’origine immigrée largement nourrie par l’ancien domaine colonial.

J’oserais écrire qu’en 1962, la grande majorité des Français et des Françaises ont été contents de se débarrasser du dossier algérien, et qu’à ma connaissance, la France d’alors n’a pas accueilli joyeusement le flot des rapatriés venus d’Algérie, comme s’en rappelle sans doute l’actuel Président  de la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration.

            J’oserais écrire que ce type de discours mémoriel est étranger à celui de beaucoup des soldats, sous-officiers, officiers qui ont fait la guerre d’Algérie, faute pour le gouvernement de gauche de l’époque d’avoir su ménager une vraie voie d’évolution politique de l’Algérie.

            Beaucoup d’entre eux ont livré publiquement le fruit de leurs mémoires, et rien n’a été caché, le blanc comme le noir, comme dans toute guerre.

Deuxième partie

Non Messieurs Stora et Jenni, nous,  anciens soldats du contingent n’avons pas tous torturé, violé les femmes algériennes, fait partie d’une armée soi-disant « coloniale » !

            C’est un mensonge de dire que ces histoires ont fait l’objet d’un déni de la part des Français qui ont été tenus largement au courant de ce qui se passait en Algérie ou dans les autres colonies, pour le petit nombre que la chose concernait et intéressait, car il n’y en avait pas beaucoup.

            Dans la vallée de la Soummam, plus en état d’insécurité qu’à Alger, Oran, ou Constantine, dans les années 1959-1960, il m’est arrivé de pouvoir me procurer le journal Le Monde, lequel n’était pas spécialement tendre, et même honnête, à l’égard de notre action en Algérie.

            Ce type de discours est à mes yeux une forme beaucoup plus subtile et plus massive de propagande que ne l’a jamais été la propagande coloniale.

            L’historienne Sophie Dulucq a consacré une étude approfondie de l’écriture de l’histoire ou de l’historiographie à l’époque coloniale, et tout au long de son ouvrage, comme je l’ai signalé dans ma lecture critique sur ce blog, court un des nombreux fils conducteurs, à savoir la question de savoir si ses rédacteurs étaient soumis à une servilité à l’égard du ou des pouvoirs.

            Ma conclusion était on ne peut plus nuancée, en observant qu’il existait plusieurs sortes de servilité, notamment dans la catégorie idéologique, les quatre plus récentes étant le marxisme, le tiers-mondisme, le marché en monnaie sonnante et trébuchante, et la repentance- victimisation- assistance.

            Le discours mémoriel de Monsieur Stora relève d’au moins une des formes de cette servilité.

            Mais puisqu’il s’agit aussi d’histoire au moins autant que de mémoire, pourquoi ne rangerait-on pas les deux romans de Messieurs Jenni et Ferrari, couronnés tous deux par le prix Goncourt, dans la catégorie des romans historiques, avec deux auteurs qui, avec un réel talent d’écriture, réécrivent un pan de l’histoire de France ?

            Etrangement ces deux romanciers troussent leurs intrigues en mettant en scène une partie de notre histoire coloniale, d’abord celle de la guerre d’Algérie, en donnant vie ou parole à certains de leurs personnages qui émaillent leur récit d’exemples qui généralement ne font pas à honneur à notre pays.

            Seul problème, Monsieur Ferrari n’a connu de l’Algérie, sauf erreur, que celle récente des années 2003-2007, au cours de son expérience de professeur en Algérie pendant ces quelques années, et Monsieur Jenni, en effectuant ses propres recherches historiques en France comme il l’indique dans le dialogue :

            « J’ai écrit l’Art français de la guerre en me documentant par moi-même, mais après sa parution, j’avais été très frappé de réaliser l’ignorance extraordinaire des gens sur l’histoire coloniale en général : notre propre histoire nous est totalement méconnue. Je tombais des nues : moi qui ne suis pas historien du tout, je me suis rendu compte que tout ce que j’avais trouvé facilement était ignoré par le public – je n’étais pas chercheur, je n’avais pas fréquenté des bibliothèques universitaires pour trouver ce dont j’avais besoin pour écrire sur l’Algérie coloniale, j’ai seulement ramassé ce qui était accessible au grand public. Je me suis rendu compte de l’ignorance à l’égard de notre histoire, et aussi de l’ignorance à l’égard des autres, qui est encore plus profonde. »

            Est-ce que ces propos n’apporteraient pas la preuve de la thèse que j’essaie de défendre depuis quelques années, à savoir que la France n’a jamais été coloniale, que seule la guerre d’Algérie par son côté de sale guerre comme toutes les guerres subversives,  a fait découvrir à l’opinion publique, mais surtout aux familles des jeunes gens du contingent, un des domaines de cette histoire, où, comme par hasard, existait la seule communauté européenne.

            Ai-je besoin d’ajouter, comme je l’ai déjà écrit aussi, que dans beaucoup de situations algériennes, hormis la côte, tous mes camarades constataient que l’Algérie n’était pas la France ?

            Un mot encore sur le prix Goncourt et sur les pseudo-romans de guerre !

            Par un étrange concours de circonstances, et au début du siècle passé, à l’heure de la colonisation soi-disant triomphante, dans une France qui « baignait dans la culture coloniale », dixit le collectif Blanchard and Co, le même prix Goncourt, en tout cas dans son appellation, fut décerné à deux ouvrages qui dénonçaient à leur façon les dessous ou les à-côtés du « roman » colonial, Claude Farrère dans son livre « Les Civilisés » et plus tard René Maran, dans son livre « Batouala »

            Les deux auteurs mettaient leur talent au service de la France, en ne cachant pas grand-chose des conquêtes coloniales, et beaucoup de témoignages dénonçaient aussi la violence coloniale, mais beaucoup d’autres récits d’explorateurs, d’officiers et d’administrateurs décrivaient dans leurs carnets de route, sans servilité à l’ égard du pouvoir, les mondes qu’ils découvraient.

En est-il de même pour les deux bénéficiaires de ce prix, lesquels, un siècle plus tard, reconstruisent purement et simplement un pan de notre histoire coloniale, qui ne fut jamais véritablement nationale, sans avoir, semble-t-il, aucune expérience de la guerre, et guère plus des terres exotiques décrites ?

            A mes yeux, le prix Goncourt a couronné purement et simplement deux œuvres qui distillent ou diffusent un discours national de repentance ou d’autoflagellation.

            Dans un passé plus ou moins lointain, d’autres écrivains et romanciers ont obtenu le prix Goncourt en proposant des récits des guerres auxquelles ils avaient participé ou dont ils avaient été témoins, sans avoir besoin de faire appel plus de cinquante plus tard à leur imagination inventive et livresque, pour intéresser leurs lecteurs.

            Après la première guerre mondiale, Dorgelès, Genevoix seraient à citer,  ou Jules Roy, après la deuxième guerre mondiale.

En ce qui concerne les guerres de décolonisation, les récits de Lucien Bodard sur l’Indochine et l’Extrême Orient seraient à citer, et pour l’Algérie, « La grotte » du colonel Buis, très bon exemple de la problématique très compliquée des guerres coloniales que les deux auteurs décrivent dans leur « salon », sinon du haut ou du bas de leurs chaires d’enseignants.

            Non messieurs les romanciers, tous les soldats, tous les sous-officiers, tous les officiers d’une armée française qui ne fut pas coloniale, fusse du contingent ou de l’armée de métier n’ont pas été des tortionnaires ou des salauds !

            Dernières remarques : 1) ce dialogue ne se situe évidemment pas encore au niveau intellectuel du dialogue Camus-Char (Angers, 1951), et encore moins à ceux de Platon.

            2) Ou comme le déclarait en 2009, le Président actuel de l’AFP, Emmanuel Hoog : « Trop de mémoire tue l’histoire »

            3) Pourquoi ne pas recommander à ces romanciers de s’inspirer par exemple de la méthode d’écriture d’un excellent romancier historique, Jean d’Aillon, qui prend soin de conclure souvent ses ouvrages par une rubrique sur « Le vrai, le faux » ?

            Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Les Relations entre la France et l’Algérie (1962-2020) Mon message aux jeunes – Vive l’Indépendance de la France !

Les Relations entre la France et l’Algérie (1962-2020)

Mon message aux jeunes     

Vive l’Indépendance de la France !

3

A la suite de mon analyse critique du livre « La Question post-coloniale » d’Yves Lacoste (19/04/20, 21/09/20), et compte tenu de la place que l’auteur accordait à la Question Algérienne, je me proposais de publier le message ci-après.

Un message aux jeunes Français originaires d’Algérie… une bouteille à la mer Méditerranée …

Sous le sceau du Livre d’Ezéchiel Chapitre 18, versets 1 à 9 :

« Pourquoi dites-vous ce proverbe dans le pays d’Isaïe : Les pères ont mangé les raisins verts et les dents des enfants en ont été agacées ? »

         Il est difficile de ne pas lire le livre « La Question Post-coloniale » d’Yves Lacoste sans entendre le message permanent, le leitmotiv, que l’auteur adresse aux jeunes français d’origine algérienne : vous allez mieux comprendre pourquoi vous êtes venus chez nous, peuple colonialiste.

            Pourquoi cette parabole des Raisins Verts que j’ai déjà citée dans mes chroniques sur l’histoire post-coloniale ? Parce que l’histoire post-coloniale qu’on nous sert depuis des années, sur les deux rives, est fabriquée par des parents ou grands-parents qui ont le plus souvent mangé des Raisins Verts ?

            Sur notre rive, nous sommes encore sous les ordres du groupe de pression intellectuelle et politique d’une matrice maghrébine repentante, bien qu’elle s’en défende, ou partie prenante « intéressée ».

            Pour avoir servi la France et l’Algérie pendant la guerre 1954-1962, mon expérience n’est pas celle qui est le plus racontée : j’ai eu pour  garde du corps un type formidable, un ancien fel ; nous respections les fels que nous combattions, et l’armée que nous servions n’était pas « colonialiste », car nous étions tous engagés, armée du contingent et armée de métier, dans la transformation démocratique du pays.

            Nous avions engagé à nos côtés des Algériens et des Algériennes qui partageaient notre vision républicaine de l’Algérie. Elle n’était plus celle de l’Algérie colonialiste de papa : en 1962, le FLN a exterminé beaucoup d’entre eux, et continue de nos jours – presque 60 ans après – à les traiter comme des ennemis de la patrie, comme si certains membres du FLN et le mouvement lui-même avaient toujours été des modèles de cette guerre insurrectionnelle.

            Le livre d’Yves Lacoste a été publié en 2010, et le message qu’il veut délivrer n’est-il pas obsolète, compte tenu du soulèvement démocratique de la jeunesse algérienne, depuis le 22 février 2019 ?

Je puis témoigner que le message que nous portions dans les années 1958-1960 était celui de l’espoir, de la démocratie, des libertés, identique à celui qui vous anime aujourd’hui.

Est-ce qu’il vous arrive aussi de comparer vos espoirs à ceux qui furent les nôtres ? A ceux des jeunes d’une Algérie française défunte qui quittèrent une terre qu’ils considéraient comme natale ?

Aux jeunes Français d’origine métropolitaine qui, aujourd’hui, ont du mal à comprendre ce qui empêche d’avoir des relations normales avec votre pays d’origine, en levant tous les tabous démocratiques qui pèsent sur ces relations.

Je n’ai jamais aimé le propos de ceux qui cultivent la victimisation, la repentance, ou la réconciliation, avec qui et en quoi ? Je préfèrerais franchement que la jeunesse parle le langage de la vérité et de la bienveillance.

          Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés