Le 18ème Rendez-Vous de l’Histoire » Blois 2015 Les Empires

« Le 18ème Rendez-Vous de l’Histoire » Blois 2015 »

« Les EMPIRES »

Exit le « colonialisme » ?

            Les lecteurs de ce blog ont eu de multiples occasions de fréquenter mes chroniques consacrées au thème des empires, notamment coloniaux,  tout particulièrement anglais et français des 19° et 20°siècles.

            A lire le programme de ces nouveaux rendez-vous, publié par le journal Le Monde,  son contenu appelle l’attention sur au moins deux points intéressants :

            1 – Le thème des empires coloniaux a quasiment disparu, et c’est sans doute le résultat du travail d’un des courants dominant actuellement le sujet.

          Les empires coloniaux des 19° et 20° siècles ne feraient tout simplement partie que de l’histoire globale des empires de la planète.

            2- L’histoire coloniale et postcoloniale française a quasiment disparu des écrans historiques de Blois.

           Aurait-t-elle perdu sa crédibilité, en tant que telle, au sein de la communauté internationale des historiens ?

            Ne s’agirait-il pas du simple constat que le regard des historiens coloniaux ou postcoloniaux  français est, et a été, le plus souvent par trop franco-français ?

Jean Pierre Renaud

Voir ma première lecture critique du livre « Les empires coloniaux » sous la direction de Pierre Sangaravelou du 12 février 2015

La FNACA et les harkis: des questions dérangeantes !

LA FNACA et les harkis : des questions dérangeantes !

              Dans son dernier numéro, le numéro 539, page 7, le « Seul journal des Anciens Combattants en Algérie – Maroc- Tunisie (1952-1962) » interviewe « Pierre Daum (écrivain) avec ce texte de présentation :

              « La plupart des harkis n’ont pas été massacrés et sont restés en Algérie où ils ont fait l’objet d’une relégation sociale qui les maintient aujourd’hui encore dans une situation sociale et économique très difficile… »

             Tous les anciens de la guerre d’Algérie savent que le massacre des harkis et des moghaznis après le cessez le feu en 1962 est une des pages noires de la fin du conflit, page noire aussi bien pour la France qui en a abandonné beaucoup, et pour l’Algérie qui en a laissé massacrer beaucoup !

             La publicité que donne le mensuel des Anciens d’Algérie à un ouvrage qui minimise, qu’on le veuille ou non, les crimes commis à cette époque, sonne de façon tout à fait étrange, pour ne pas dire malsaine.

           S’agit-il du travail d’un historien ? Qui le dira ? Est-ce le rôle du mensuel en question de rouvrir ce dossier douloureux ? Je dis non.

             Cet interview pourrait laisser entendre que la FNACA, en accord avec cet auteur, estimerait qu’il vaut mieux une mort sociale et civile qu’une vraie mort, dans la chaine des massacres qui ont eu lieu alors en Algérie ?

          Enfin, en quoi la FNACA s’honore-t-elle de faire la courte échelle à ce type d’« écriture » ?

             Jean Pierre Renaud, ancien officier SAS du « contingent » en Algérie (Soummam- années 1959-1960)

           PS : avec l’espoir de recruter de nouveaux adhérents ?

« Français et Africains ? » Frederick Cooper – Lecture 3

« Français et Africains ? »

Frederick Cooper

&

3

Chapitre V – Reconstruire ou réformer la France ? (page 229 à 293)

« La loi-cadre et le fédéralisme africain 1956-1957 »

                               « Reconstruire ou réformer la France », rien de moins ? Sommes-nous encore dans l’histoire de notre pays ?

              Après les hors d’œuvre jusqu’à la page 229, le plat principal !

               Un très long chapitre  qui ne manque pas d’ambition ! Démontrer que les nouveaux députés africains auraient pu « reconstruire ou réformer la France ? » ?

              Notons dès le départ que le gouvernement de l’époque fit appel à la voie réglementaire plutôt que constitutionnelle pour réformer.

            L’introduction de ce chapitre est à citer in extenso parce qu’elle marque bien l’esprit dans lequel cette analyse a été effectuée :

           « La loi-cadre est généralement considérée comme un tournant dans l’histoire de l’Afrique française. Pour certains intellectuels africains d’aujourd’hui, elle marque le moment qui scella le sort de l’Afrique. L’Afrique fut balkanisée, dit à l’époque Senghor. Le système de gouvernement territorialement délimité inscrit dans le droit allait devenir le point de départ des Etats indépendants de l’ancienne Afrique française. Au cours des cinquante dernières années, ces Etats ont accumulé un palmarès profondément inquiétant au niveau des problèmes qui préoccupaient les acteurs politiques africains en 1956 : les élections démocratiques, l’égalité, les droits, le développement économique, l’éducation. Mais pour les Africains de cette époque, la loi-cadre constituait une victoire. Elle satisfaisait leurs plus importantes revendications politiques de la décennie écoulée : le suffrage universel, le collège unique et des assemblées territoriales dotées d’un réel pouvoir. Elle rendait les assemblées élues dans chaque territoire responsables du budget et de la fonction publique, rompant ainsi avec les tendances centralisatrices du gouvernement français.

             La loi-cadre n’était pas destinée à créer des Etats-nations… » (p,229)

             « Possibilités, dangers et coûts d’une Union réformée » (p,231)

            Nous remarquerons simplement que l’Afrique précoloniale était encore plus « balkanisée » et que le constat du « Au cours des cinquante dernières années, ces Etats ont accumulé un palmarès profondément inquiétant » mériterait d’être nuancé.

              Le débat politique et juridique relaté par l’auteur entre Etat-Nation ou Etat multiculturel parait se situer à des années-lumière de la réalité des sociétés coloniales des années 1945-1955, sauf à admettre qu’il valait par hypothèse pour les zones côtières d’Afrique, et en particulier pour celles du Sénégal, de Guinée, de Côte d’Ivoire, et du Dahomey.

           A des années-lumière aussi des réalités des relations financières existant alors entre la métropole et les colonies, c’est-à-dire tout simplement une question de gros sous pour le contribuable français, mais cette question n’avait absolument rien de nouveau.

            « Des arguments inconciliables visant à sortir de l’impasse la réforme de l’Union française furent avancés au début de 1956. La France pouvait poursuivre la logique intégrative de la citoyenneté, mais il faudrait alors en affronter les coûts… Quels pouvoirs pouvait-on déléguer aux territoires africains pour amener leurs dirigeants à revoir à la baisse leurs demandes d’équivalence sociale avec la population métropolitaine, et à quels pouvoirs la France était-elle prête à renoncer pour se mettre à l’abri de telles demandes ? «  (p,235)

           En ce qui concerne les coûts, lire la phrase : « L’une des charges les plus élevées était le coût de la fonction publique. » (p239)

        « Territorialiser l’empire »

             L’auteur formule ainsi sa pensée :

           « Les diverses formes de politique – reposant sur les idiomes locaux, sur les liens religieux ou sur un internationalisme radical (où) qui émergeaient dans les villes et les campagnes de l’AOF (comme dans les villes et campagnes françaises ? ) méritent des recherches plus approfondies (effectivement), mais les fonctionnaires de Dakar et de Paris accordaient le plus souvent leur attention aux gens qu’ils comprenaient le mieux : les représentants élus à Dakar ou à Paris (affiliés à des partis français, dont la SFIO)), les dirigeants de partis, les syndicalistes (organisations affiliées aux métropolitaines dont la CGT, affiliée elle-même au parti communiste), les écrivains. » (p235,236)

          J’ai mis entre parenthèses quelques-unes des multiples questions posées.

            Les débats faisaient ressortir toutes les contradictions liées aux effets politiques et financiers de la citoyenneté, selon la définition arrêtée, à la nature des liens qui continueraient à exister entre la France et les nouveaux Etats, à l’inégalité de ressources existant entre ces nouveaux Etats, plus le contexte international, plus l’existence d’autres territoires à statuts différents, plus la guerre d’Algérie que l’auteur évoque, comme il le fera pour l’Europe en voie de constitution…

        Mars 1956, le socialiste Guy Mollet est au pouvoir, et il se fait donner les pleins pouvoirs par l’Assemblée Nationale, une autorisation législative qui va lui permettre de légiférer pour l’outre-mer, sans passer par un processus constitutionnel.

           Le projet de loi cadre, celui de la loi dite Defferre, fut voté en Commission de la France d’Outre-Mer par 28 oui, 10 non, et 4 abstentions. L’Assemblée de l’Union Française le vota par 124 voix contre 1, et l’Assemblée Nationale elle-même par 477 voix contre 99.

            Au cours de la discussion à l’Assemblée Nationale, Pierre-Henry Teitgen, ancien ministre et membre influent du MRP, exprima avec beaucoup de clarté les enjeux du scrutin :

         « Le problème, fondamentalement, était que la métropole n’était pas prête à accepter toutes les conséquences de l’assimilation. Pourquoi ne pas avoir le courage de le dire ? Autrefois, l’assimilation signifiait ; « Soyez comme nous tous, des citoyens de la République une et indivisible, avec les mêmes droits que nous-mêmes : vous aurez de ce fait immédiatement satisfaction, vous obtiendrez par ce moyen dignité, liberté, indépendance et autonomie. » Félix Kir l’interrompit : « L’assimilation n’est pas demandée par les territoires d’outre-mer. Ils préfèrent la fédération. »

          Mais désormais, poursuivit Teitgen, l’assimilation avait pris un autre sens :                 

       « Quand vous parlez assimilation à nos compatriotes des territoires d’outre-mer, ils entendent d’abord et principalement l’assimilation économique, sociale, et des niveaux de vie. Et si vous leur dites que la France veut réaliser dans l’outre-mer l’assimilation, ils vous répondent : alors accordez nous immédiatement l’égalité des salaires, l’égalité dans la législation du travail, dans le bénéfice de la sécurité sociale, l’égalité dans les allocations familiales, en bref, l’égalité des niveaux de vie… Quelles en seraient les conséquences ? Il faudrait pour atteindre ce but, que la totalité des Français consente à un abaissement de 25% à 30% de leur niveau de vie au profit de nos compatriotes des territoires d’outre-mer ? » Cela,  les citoyens de la France métropolitaine ne l’accepteraient  pas. Il fallait « tourner la page. » (p,248,249)

            Il importait donc de se concentrer sur les autres revendications venant de l’outre-mer.

« La mise en œuvre de la loi-cadre et le débat sur le fédéralisme. » (p,253)  

            Le débat revint donc sur la question de savoir s’il était possible de mettre sur pied une fédération, qu’il s’agisse des relations nouvelles entre la France et les territoires d’outre-mer, ou de celles encore existant en AOF, celle dont traite avant tout l’auteur.

            Je ne suis pas sûr que le propos de l’auteur « Le débat sur le fédéralisme avait gagné le public africain alors que la loi-cadre était en discussion à Paris. » ait été vérifié et évalué, ou qu’il puisse l’avoir été.

            Senghor avait été partisan d’une solution fédérale entre la France et l’Afrique noire, et parallèlement entre les anciennes colonies d’Afrique noire ? Il l’avait exprimé dans la jolie formule de « solidarité verticale » et de « solidarité horizontale ».

          Houphouët-Boigny (ministre de Guy Mollet) appelait de ses vœux :

            « Un système fédéral assez souple. Donnons au monde cet exemple d’un rassemblement de races et de peuples et de religions diverses bâtissant dans la fraternité une maison commune » (p,254)

       L’auteur note à juste titre : «  Le malaise apparaissait au grand jour ; il devait s’avérer être autant un conflit entre politiciens africains qu’un conflit entre Dakar et Paris . » (p,255)

            Effectivement, car Houphouët-Boigny était partisan d’une relation directe avec la France et regardait tout autant ce qui se passait en Gold-Coast, l’actuel Ghana, sur la voie de l’indépendance.

            Derrière les grands mots et les belles déclarations, la préoccupation des gros sous réapparaissait dans tous les camps, comme le note d’ailleurs l’auteur : « En coulisses, le ministre (Teitgen) continuait à parler de l’importance des coûts de personnel – 66% du budget au Dahomey, 43 % en Côte d’Ivoire-… «  (p256)

        A Sékou Touré, Defferre répondait qu’il fallait « laisser les contribuables africains payer les factures…(p,259)

            « Finalement, le gouvernement fut autorisé à procéder par décrets assez proches de ce qu’il voulait. Il avait concédé le pouvoir réel aux territoires et s’était délesté de certaines de ses charges associées à un empire de citoyens, en particulier d’un fonctionnariat revendiquant le droit à l’égalité des salaires et des prestations. «  (p,261)

            « Réseau français ou unité africaine : les controverses syndicales » (p,262)

            L’auteur connait bien le contexte syndical du Sénégal et de l’AOF, de cette partie évoluée de la population qui fut le fer de lance de toutes les revendications citées plus haut, des organisations syndicales qui furent affiliées à leurs parrains métropolitains jusqu’en 1955, principalement avec la CGT « sœur jumelle » du Parti Communiste français.

            Comment analyser cette phase historique en biffant l’arrière-plan de la guerre froide entre l’Est et l’Ouest ?

Les syndicats d’AOF, seulement autorisés en 1945, constituaient les seules organisations disposant d’une assiette territoriale comparable à celle de l’administration coloniale, l’Etat colonial d’alors, et c’est la raison pour laquelle les premiers dirigeants africains eurent pour première préoccupation d’en faire des alliés, pour ne pas dire de les contrôler. Le syndicaliste Sékou Touré en fut le prototype.

             Syndicalisme africain ou nationalisme en  gestation ?

«  L’Afrique occidentale française : « balkanisation ou fédéralisme ? » (p,267)

La façon dont l’auteur formule sa question est tout à fait étrange sur le plan historique :

       « Je vais examiner ici une question d’imagination politique : comment, dans ce nouveau paysage politique, les élites politiques imaginaient-elles les relations entre le territoire, l’Afrique Occidentale française et l’Union française ? » (p,268)

       « Imagination politique » de l’auteur ? Trop d’imagination peut-être !

         La situation évoluait en permanence avec des vrais enjeux qui n’étaient pas toujours clairs ou affichés :

          « Face au risque d’une fragmentation territoriale, Senghor disait maintenant qu’il devait y avoir deux niveaux de fédération : l’un situé en Afrique de l’Ouest, l’autre constitué par la République française. Ensuite viendrait l’Union française, reconfigurée en confédération. » (p,268)

        Senghor, au titre du Sénégal ?

           « Ces luttes ne furent pas simplement celles de partis manœuvrant pour s’approprier le pouvoir ou de juristes tentant de définir des institutions. Elles posaient la question de la localisation de l’appartenance collective, du sentiment de communalité : où, en Afrique, trouvait-on une nation, ou le potentiel de construire une nation ? Et comment traduire de telles visions en programmes politiques ? » (p,269)

« appartenance collective » ? «  sentiment de communalité » ? Je serais tenté de dire que les préoccupations des partenaires étaient beaucoup plus terre à terre.

            Comment en effet trouver et proposer des dénominateurs communs dans une Afrique profondément marquée par ses traditions religieuses et culturelles multiples, ce patchwork que j’ai déjà évoqué, lequel continue à animer la vie de l’Afrique noire actuelle, pour ne pas dire ses tensions ?

       J’écrirais volontiers que les observateurs de l’époque auraient sans doute été bien en peine de trouver beaucoup de traces indiscutables de nations susceptibles de servir d’assise à ces nouveaux Etats, en ajoutant que la mention que fait l’auteur des « journaux africains » qui «  ne cessaient de réclamer une révision constitutionnelle. » (p,269), avaient de petits tirages et une audience souvent limitée au public des évolués des côtes.

         Il était nécessaire de ramener les discussions ésotériques ou faussement angéliques aux réalités du terrain, comme le rappelait le haut-commissaire de l’AOF:

       « Le haut-commissaire de l’AOF, Gaston Cusin tint à s’assurer que les politiciens africains mesuraient bien la responsabilité associée à leur nouveau pouvoir. Rappelant au Grand Conseil que plus de 50% des budgets correspondaient à des coûts de personnel, il  qualifia ces dépenses de « fardeau insupportable pour nos budgets » L’AOF devait freiner l’accroissement des dépenses de personnel. Ainsi est offerte aux territoires la latitude d’organiser leur fonction publique selon leurs conceptions et suivant leurs moyens » Cet effort reposait sur « l’africanisation de la fonction publique. » (p,270)

        Le lecteur pourra peut-être trouver qu’à la longue ce débat devient lancinant, puisqu’en définitive, et quoiqu’on dise ou écrive, la question principale était celle de savoir : qui paierait ?

        Le mot « indépendance » commença à faire surface tardivement, notamment avec la création, en 1957, du Parti Africain de l’Indépendance.

      « Comment maintenir l’attrait de l’unité africaine en l’absence d’accord fondamental sur la manière ou la nécessité d’unir les territoires de l’AOF, sauf à travers leur participation commune aux institutions de l’Union  française?

        Une telle pensée avait sa cohérence, sa spécificité, et sa stratégie. C’est seulement rétrospectivement, après que les imaginations politiques se sont rétrécies et engagées sur la voie des Etats territoriaux, nationaux, qu’elle apparait irréaliste. Les dirigeants africains avaient à gouverner des sociétés pauvres et socialement fragmentées, dotées de minuscules élites incertaines de leur soutien au sein d’un électorat nouvellement créé.» (p,276)

         La lecture du texte ci-dessus suffit à éclairer le supposé rétrécissement des imaginations politiques.

        Les belles phrases de Senghor ne suffisaient pas à faire avancer les solutions concrètes :

       « La combinaison de l’économiquement inégal et du culturellement différent, martelait Senghor, en 1956, était l’avenir de l’Afrique : « Toutes les grandes civilisations furent de métissage culturel et biologique. » Les Africains ne parlaient de leur négritude « que pour ne pas venir les mains vides au rendez-vous de l’Union. » Mais pas n’importe quelle Union… » (p,277)

       Pourquoi ne pas noter que, dix ans après sa création, cette Union n’existait pas vraiment ? Est-ce que l’Afrique de l’Ouest comptait dans l’opinion publique française ? Comment pouvait-elle peser comme enjeu économique, compte tenu de son poids marginal dans l’économie française ?

        « Les avantages de l’Europe et le coût de l’empire : l’Eurafrique, 1956-1957 »

       Comme le note d’ailleurs l’auteur, la donne avait également changé sur le plan européen :

« l’époque de la loi-cadre, la question eurafricaine entrait dans une phase nouvelle. La France était profondément impliquée dans des négociations qui allaient aboutir au traité de Rome en 1957 et au Marché Commun européen. » (p,279)

Les idées technocratiques de Pierre Moussa sur l’Eurafrique constituaient une nouvelle tentative d’esquiver les véritables enjeux des intérêts mutuels de la France et des territoires africains, dont une des ambitions était d’associer nos partenaires européens au financement du FIDES, c’est-à-dire le partage du « fardeau » de l’Afrique noire.

        Les discussions sur tel ou tel type de relation institutionnelle entre la métropole et les territoires africains se poursuivaient en palabres du genre africain, alors que les jeux étaient faits depuis longtemps, j’ai envie de dire dès le début de la colonisation de l’Afrique noire ou d’autres territoires, imagination à l’œuvre ou non.

       «  Evaluant les possibilités et les inconvénients d’une intégration plus étroite avec leurs voisins européens et les anciennes colonies africaines, les dirigeants français tentaient d’atteindre ces deux objectifs. Ils ne réussirent pas à convaincre leurs partenaires européens des avantages qu’offrait l’intégration de l’Afrique dans les institutions européennes. Et si la plupart des dirigeants africains estimaient encore qu’ils avaient quelque chose à gagner de la France – voire de l’Europe -, jamais la question de savoir si la France avait quelque chose à gagner de l’Afrique ne s’était posée avec autant de clarté. » (p,286)

        Il n’est pas démontré qu’il ait fallu attendre 1957 pour faire un tel constat, et que les véritables objectifs  des dirigeants français aient été ceux-ci-dessus énoncés, mais dans le paragraphe ci-dessus le mot qui compte est celui de « gagner ».

        Comment ne pas constater que plus de 60 ans après, les pays de l’Union Européenne manifestent la même réticence à s’engager dans des opérations militaires que la France se croit obligée d’engager en Afrique ?

      « Statut personnel et territorialisation » (p,286)

      L’auteur fait le constat,  qu’en 1956, la question des statuts personnels et de l’existence d’un état civil restait entière :

          «  Si l’intégration des collectivités était complexe et incertaine, celle des individus dans l’espace de l’Union française était une autre affaire »

Encore plus incertaine !

« Seule « une petite minorité d’évolués » utilisaient l’état civil. » (p,286)

      « Conclusion » (p,291)

            Après son très  long parcours d’analyse, l’auteur résume sa pensée :

         «  Les enjeux du débat constitutionnel étaient profonds, comme ils l’avaient été lorsqu’il débuta, plus d’une décennie auparavant. A chaque phase de ce débat, il y eut consensus sur la nécessité de préserver une forme ou une autre de communauté franco-africaine. Mais la doter d’institutions, voire d’un nom, restait constamment hors de portée des politiciens. Le problème n’était pas – contrairement à ce que dit souvent la littérature sur la politique coloniale française – celui d’une confrontation entre un colonialisme français obstiné et un nationalisme africain véhément. Le débat se situait entre les deux. Si l’on poussait le principe de l’équivalence des citoyens à sa conclusion logique, alors le cauchemar d’Herriot se réaliserait : la politique française serait dominée par les électeurs d’outre-mer, tandis que la charge liée à l’égalisation, dans un espace caractérisé par une extrême inégalité économique, les salaires des fonctionnaires, les niveaux d’éducation et des services de santé, et les possibilités d’emplois productifs serait supérieure à ce que les contribuables métropolitains pourraient supporter. A l’autre extrême, l’indépendance présentait de multiples risques – persistance de la pauvreté et de la faiblesse politique, voire recolonisation par les Etats Unis, l’Union soviétique ou la Communauté économique européenne. » ( p,292)

           Pour avoir suivi comme témoin et comme acteur modeste le déroulement de ce cycle historique des négociations, je ne suis pas sûr que de part et d’autre on se soit fait beaucoup d’illusion sur la suite des événements, c’est-à-dire la décolonisation des indépendances, encore moins, compte tenu du déroulement de la guerre d’Algérie, et du mouvement généralisé des indépendances des mondes coloniaux.

          Pour me résumer, j’écrirais volontiers que les débats très sophistiqués que décrit l’auteur intéressaient peu de monde aussi bien en France qu’en Afrique de l’Ouest.

        Au moins, la Grande Bretagne, compte tenu de son système colonial du chacun chez soi et du chacun pour soi, n’eut pas les mêmes états d’âme que la France, empêtrée dans ses discours d’assimilation toute théorique et d’égalité.

        Houphouët-Boigny, voisin de la Gold Coast, devenue le Ghana indépendant en mars 1957, avait une vision plus réaliste des évolutions possibles, lorsqu’il déclarait :      « Nous avons besoin de la France pour notre émancipation humaine et sociale, la France a besoin de nous pour assurer la permanence de sa grandeur, de son génie dans le Monde. » (p,293)

        Effectivement la « grandeur » mais à quel prix ?

        Car dans l’ombre de toutes ces savantes discussions, et sans le dire clairement, la France poursuivait ses rêves de grandeur, comme aujourd’hui encore, avec ses interventions militaires en Afrique.

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

La gauche au pouvoir: Cartel 1924-1926 et Présidence Hollande 2012-2015

1924-1926

« La faillite du Cartel »

« Leçon d’histoire pour une gauche au pouvoir »

Jean-Noël Jeanneney

Points 1981

&

2012-2015

Trois années de Présidence de gauche

&

« Faillite » ou non ?

Ou « Fin de stage » ?

            Une journaliste du journal Le Monde vient de publier un petit livre dont le contenu parait correspondre au  jugement politique, partagé par beaucoup de Français, sur l’amateurisme de la Présidence Hollande, lesquels n’ont pas attendu la fin du soi-disant « stage ».

       Le Parti Socialiste est arrivé au pouvoir avec un catalogue de soixante mesures qui ne correspondaient pas du tout à l’état du pays.

       Le Président aurait donc découvert  tardivement, après avoir fait de longues classes politiques, avec Mitterrand, puis comme Premier Secrétaire du PS, que l’économie et l’entreprise étaient au cœur de la lutte contre le cancer du chômage !

        En 1981, Jean-Noël Jeanneney, l’historien de gauche bien connu, mettait en garde, dans sa mise à jour du livre, la gauche revenue au pouvoir, sur l’échec du Cartel des gauches qui était arrivé au pouvoir en 1924, sans avoir fait le bon diagnostic sur l’état de la France et sur les solutions, c’est-à-dire le même amateurisme.

        Comme quoi l’histoire se répète, à cette différence près que le régime constitutionnel n’est plus du tout le même, et qu’il permet au Président de se maintenir au pouvoir, alors qu’il parait bien, au gré des consultations électorales successives, qu’il ne disposerait pas du soutien majoritaire des Français.

Jean Pierre Renaud

Petit exercice de critique historique ? Avec la revue Cipango

Petit exercice de critique historique ?
Ou la « contextualisation » du fait colonial ?
Cipango Cahiers d’études japonaises
Le Japon et le fait colonial  I
L’Asie du Sud-Est colonial Années 1880-1920
Année 2011

            Au fil des pages, et avant d’être en mesure de commenter les deux tomes tout à fait intéressants consacrés à l’ambitieux sujet traité, j’ai noté dans le chapitre intitulé « Critiquer le colonialisme dans le Japon d’avant 1945 » de Pierre-François Souyri, Université de Genève, une sorte de curiosité d’écriture d’histoire postcoloniale, un mélange tout à fait étrange entre histoire et prise de position politique.

            « Mais il faut quand même contextualiser le discours de Yanagi et, même si l’homme n’était pas exempt de défauts, il n’en a pas moins contribué à faire connaître une céramique largement mésestimée. Après tout, où sont les esthètes français capables de monter en Algérie un musée des arts populaires algériens ? » (page 209)

            « Contextualisons » donc un tel discours :

            Convient-il de rappeler qu’en Extrême Orient,  l’Ecole d’Extrême Orient a été créée en 1898, et installée à Hanoï en 1900, que l’Ecole Nationale des Beaux- Arts d’Alger a été créée en 1888, et la villa Abd-El-Tif en 1906, pour ne pas citer encore la création de l’Académie Malgache en  1902 ?

Jean Pierre Renaud

« Français et Africains? » Un livre de Frederick Cooper, avec Catherine Simon, dans Le Monde, sous le titre  » Citoyens de deuxième zone: le cas africain »

A propos du livre de M.Frederick Cooper intitulé « Français et Africains ?
Etre citoyen au temps de la décolonisation »
et de la critique élogieuse de la journaliste du Monde Catherine Simon,dans le journal Le Monde des 25 et 26 décembre 2014, page 23.
Titre de l’article : « Citoyens de deuxième zone : le cas africain »
« Entre 1945 et 1960, le concept de « citoyenneté » a été au cœur des questions qui agitaient les élites de l’Afrique coloniale française. Un passionnant essai de Frederick Cooper les met en lumière »

En marge : « La plupart des représentants africains n’étaient pas des nationalistes et moins encore, des indépendantistes (ou des révolutionnaires). Les débats n’en furent pas moins vifs et douloureux »

&

Avec en ombre chinoise et contraire, la thèse de Mme Huillery sur le même territoire, d’après laquelle, l’homme blanc aurait été le fardeau de l’homme noir en Afrique Occidentale Française.

&

La journaliste conclut sa lecture ainsi :

« Récit magistral, Français et africains ? met en lumière, comme rarement, les acteurs africains de notre histoire française. »

&

Après avoir lu cet ouvrage, je serais tenté d’écrire :
« Citoyens de deuxième zone : le cas africain »
Ou Français, nouveaux citoyens de deuxième zone en Europe ?

&

Comme je l’ai fait longuement sur ce blog pour l’analyse critique d’un ouvrage du même auteur intitulé « Le colonialisme en question », je me propose d’annoter ce livre et de publier ma propre lecture critique d’ici quelques mois, mais le contenu du texte même de l’éloge Simon suscite d’ores et déjà quelques réflexions de cadrage de cet objet d’histoire.

Première remarque : la question de citoyenneté fit débat, bien avant 1945, peut-être plus d’ailleurs dans les colonies, et plus particulièrement chez leurs « évolués », alors qu’en métropole, le même débat n’intéressait qu’un petit nombre de spécialistes du monde politique ou économique.

Comment dissocier en effet ce concept de citoyenneté avec celui d’assimilation, une ambition coloniale ambiguë que la France n’a jamais été capable de mettre en œuvre dans ses colonies, tellement cette ambition était éloignée de toute réalité coloniale et métropolitaine ?

Il s’agissait donc d’un vieux débat, d’un très vieux débat !

Deuxième remarque : les élites africaines, mais il serait plus juste d’écrire les minorités d’ « évolués » d’Afrique noire, n’ont été, sauf exception, ni nationalistes, ni indépendantistes, ni révolutionnaires.

Pourquoi cette absence de revendication ? Très sommairement, on pourrait répondre, par absence de sentiment national dans des colonies caractérisées encore par un patchwork religieux et culturel que la colonisation n’avait pas encore réussi à unifier en profondeur.

Avant même que le Mali ne devienne indépendant, est-ce que Modibo Keita n’avait pas déjà compris que seule la solution du parti unique apportait la garantie de survie d’un Etat qui n’était pas national, en tout cas pas encore.

Quelle conception de la citoyenneté avait donc M.Modibo Keita, et quelques-uns de ses collègues qui se sont empressés de gouverner avec des partis uniques : une citoyenneté de quelle zone, première ou seconde zone ?

Troisième remarque : à l’arrière- plan ou au premier plan de la discussion constitutionnelle et juridique qui a occupé des parlementaires ou conseillers de la métropole, avec en face d’eux, les parlementaires africains les plus « évolués » qu’étaient Senghor ou Houphouët- Boigny, il y avait au moins deux revendications qui faisaient problème, une représentation au sein des institutions de la République Française qui ne fasse pas de la France « la colonie de ses colonies », l’expression qu’avait utilisée le Président Herriot, d’une part, et d’autre part le coût financier pour la métropole d’une égalité sociale, c’est-à-dire des avantages sociaux, accordée aux nouveaux citoyens de l’Union Française.

Rappelons que le général de Gaulle avait utilisé le même type d’argument en ce qui concerne l’intégration de l’Algérie dans les institutions françaises.

Le problème du coût – Une deuxième revendication portait tout autant, sinon plus, sur les droits sociaux, avec l’incidence très lourde que la satisfaction d’une telle revendication avait sur les finances de la France, donc une solution impossible à mettre en œuvre.

Le groupe des « évolués », partisan de cette égalité sociale, exerçait une pression d’autant plus forte qu’il était constitué majoritairement de fonctionnaires et de salariés qui bénéficiaient déjà d’avantages sociaux, une minorité au sein des populations locales, notamment au Sénégal, terrain d’analyse privilégié par M.Cooper.

Quatrième remarque : la phrase « quand les premières fissures apparurent dans l’édifice impérial de la France », ne correspond pas plus aux réalités historiques de l’époque coloniale.

J’ai par exemple souvenir d’un texte de l’africaniste Delafosse où ce dernier, dans les années 1900-1920, évoquant un attentat qui venait de se produire en Indochine, ne cachait pas qu’il pourrait y en avoir un jour dans d’autres colonies.

Pour ne citer qu’un autre exemple, mais ils seraient nombreux, le gouverneur général d’Indochine Varenne évoquait déjà, et bien avant 1945, les perspectives d’évolution de l’Empire qui n’étaient pas obligatoirement celles de l’assimilation et de la citoyenneté.

Cinquième remarque : qu’entendait-on par « citoyenneté » ?

Est-ce que l’appellation de « citoyen de seconde zone » est appropriée pour caractériser l’analyse juridique et historique que propose l’historien ?

Rien n’est moins sûr, car sa démonstration vise à faire apparaître la complexité du débat constitutionnel engagé en 1945, avec une superposition et une juxtaposition de statuts politiques ou personnels qui rendaient quasiment toute solution standard et cohérente impossible.

Sixième remarque : cette analyse de type historique fait quasiment l’impasse sur l’histoire de la France, avant et après 1945, et sur l’histoire des sociétés coloniales de l’Afrique de l’ouest, une fois la conquête à peu près achevée.

Septième et dernière remarque : l’ouvrage de M.Cooper fait une impasse complète sur le volet des relations économiques et financières entre l’Afrique noire et la France, ce qui est bien dommage.

Pourquoi ne pas penser en effet, et c’est tout le sens de la critique que j’ai faite de la thèse Huillery sur ce blog, que la balance financière entre l’Afrique noire et la France n’était pas si mauvaise ou détestable pour les Africains, puisque les nouveaux dirigeants de ces pays auraient bien voulu continuer, comme avant, avec cette fois tous les droits et avantages de la citoyenneté politique et sociale.

Pour en terminer provisoirement avec cette première lecture, il conviendra de répondre à quatre questions :

La première : Africains de seconde zone ou Français de seconde zone en Europe ? Compte tenu du gouffre qui séparait les niveaux de vie de la métropole et de l’AOF, puisqu’il s’agissait d’abord de cela, même après le désastre que fut la Deuxième Guerre mondiale pour le pays.

La deuxième : la thèse de Frederick Cooper d’après laquelle les deux partenaires de cette négociation, Africains et Français, auraient eu le choix des solutions constitutionnelles et institutionnelles, est-elle pertinente sur le plan historique ?

La troisième : dans quel registre d’histoire s’inscrit ce type d’analyse, histoire centrée ou décentrée, histoire globale ou sectorielle, connectée ou déconnectée …, pour user de termes aujourd’hui à la mode ?

La quatrième : est-ce qu’en 1945, la situation d’une France détruite et ruinée par la guerre n’attestait pas du fait que ce type de débat passait largement au- dessus des préoccupations des Français ?

Nous poserons en définitive la question de savoir s’il ne s’agit pas d’une histoire hors sol, hors temps historique, c’est-à-dire d’une histoire insuffisamment « connectée ».

Jean Pierre Renaud

« Situations coloniales », avec le regard de voyageurs romanciers et géographes – 4ème Partie

« Situations coloniales » d’Afrique ou d’Asie, avec le regard de voyageurs romanciers et géographes

Années 1905- 1931

La 3ème Partie a été publiée le 2 juin 2015

4ème Partie

II – Les scènes coloniales

« Noirs et Blancs » A travers l’Afrique nouvelle –De Dakar au Cap de Jacques Weulersse (1931)

A la différence des récits précédents, œuvres romanesques ou reportages de presse, ce dernier reportage était le fruit d’un travail de spécialiste, d’un esprit formé à l’observation, celle d’un géographe.

Avec Jacques Weulersse, nous parcourons les scènes de l’Afrique coloniale des années 30, et nous en découvrons à la fois l’extrême variété, les inégalités phénoménales de richesse et de développement qui existaient déjà entre le Soudan français, la Nigéria du nord avec la grande ville qu’était déjà Kano à plus de mille kilomètres de la côte, et l’explosion minière, industrielle, et urbaine qui affectait l’Afrique centrale belge et sud-africaine, déjà un autre monde.

Jacques Weulersse donnait également la parole aux acteurs de la scène coloniale française, anglaise ou belge, et ces conversations illustraient clairement les conceptions très différentes des colonisateurs.

Au Soudan 17 février, faute d’autres acteurs, le géographe rencontrait inévitablement un « Commandant », à l’exemple d’un de ses prédécesseurs, Albert Londres.

Le géographe décrivait les écoles et les routes et faisait écho au propos du « Commandant » :

« Vous passez ici ; vous avez votre auto, les routes sont bonnes, larges et sûres. Aux Arrêts, vous parlez savamment politique ou économie, droit de vote, écoles, arachides ; coton, voies ferrées, mise en valeur, rendements à l’hectare, amélioration du cheptel et le reste. Mais tout cela n’est qu’un placage d’Europe. Le vrai Soudan, vous venez de le voir. Votre impeccable chauffeur et mon digne interprète, tous deux j’en suis sûr, bien qu’ils ne l’avoueraient pour rien au monde, sont là-bas dans la foule qui délire au son des tambours. Ce n’est pas en vingt ans que l’on change l’âme d’un peuple. Allez, la vieille Afrique Noire demeure, et pour longtemps encore. Terre légendaire des sortilèges meurtriers et des charmes irrésistibles, elle garde bien son peuple. » (p,23)

La forêtà Bouaké, 23 février, en Côte d’Ivoire, le propos d’un industriel, l’un des premiers d’une espèce plutôt rare :

« Trois camps de partenaires : les colons blancs, les chefs noirs, et les pauvres diables de nègres ; un arbitre : l’administration ; et pour théâtre, l’obscure forêt, l’étincelante lagune, ou la brousse, tour à tour marais verdoyant ou savane poudreuse…. »

A titre d’’exemple, la production d’arachide, ou ce qui se passait :

« Vient la récolte : le chef à nouveau sert d’intermédiaire. La tentation est trop forte : il se mue en trafiquant ; c’est lui qui vend la récolte, empoche l’argent. Bien peu en revient au malheureux cultivateur, qui n’ose se plaindre : n’est-ce pas pour la « part du Blanc » qu’il a travaillé ? Et la « part du Blanc » fut- elle jamais payée ? Quant aux chefs, s’ils sont habiles, ils peuvent bientôt « gagner camion ». Comme l’appétit vient en mangeant, les voilà tout prêts à recommencer de plus belle l’année suivante, à exiger de leurs « sujets » de nouveaux et plus lourds travaux, toujours sous le même terrible prétexte : « ordre du Commandant », « part du Blanc ».

La production augmente, les affaires marchent, le « Commandant » reçoit de l’avancement, et nos journaux coloniaux triomphent ; mais, par un singulier retour des choses, c’est bien une sorte de servage économique que nous rétablissons, le servage que nous étions venus abolir…(p,28)

Le géographe passait sur « LA CÔTE DES ESCLAVES », par Porto Novo, pour se rendre en Nigéria, la grande colonie anglaise, une cité côtière anémique comparée à la grande cité de Lagos qu’il décrivait :

« Voici maintenant le large pont qui enjambe la lagune et unit Lagos à ses annexes : Ido terminus de la voie ferrée ; Ebutte- Meta sur la terre ferme, avec ses usines et ses grands ateliers ; Agapa le port en eau profonde. Plus un seul Blanc ici : du maigre mendiant assis dans la poussière et absorbé par le soin de sa vermine, au gros marchand roulant auto, absorbé par ses affaires, tout est nègre 100 p.100. Et pour la première fois, je vois se dessiner l’image d’une cité noire, non plus d’une cité du passé comme Abomey ou Tombouctou, mais d’une métropole de l’avenir, où le Noir maître de ses destinées, aurait adopté notre civilisation à son génie propre, à son climat, à son pays. » (p,57)

Le géographe se rendait alors à Kano la grande capitale d’un des Etats musulmans du nord de la colonie, en passant par Ibadan, où il faisait partager ses conversations sur la colonisation anglaise comparée à la française, dans le chapitre intitulé « Ibadan et la colonisation anglaise »

15 heures, Ibadan. – Mr B…, haut fonctionnaire anglais m’emmène dans sa voiture à travers la ville… la découverte de la ville, la cité anglaise, la cité indigène :

« A l’autre bout de la cité indigène, champ de courses, golf, terrains de cricket et de tennis, sports sacrés de la race que l’Anglais emporte religieusement partout avec lui, comme le Romain ses dieux tutélaires, pour y sacrifier journellement en tous lieux… Tout ce qu’Ibadan compte de hauts fonctionnaires est là, jambes, bras et têtes nues malgré l’ardeur du soleil – mais 5 heures ont sonné !-… »

A la même heure à Porto Novo, Abidjan, Bamako. – Sur la véranda, devant les grands verres d’apéritifs, cancans, médisances et théories vont leur train ; l’on parle, l’on discute, l’on s’échauffe… On parle des voisins, des rivaux, des anglais : « Ce sont de grands enfants… Ils n’ont point de cerveaux, des muscles seulement… « (p,63)

Kano ou les Emirats musulmans, 29 mars

« Kano, capitale de l’émirat du même nom, et terminus du chemin de fer, à plus de 1 100 kilomètres de Lagos, bien que faisant partie de la Nigéria anglaise, possède un « Campement français ». C’est par là que passent les fonctionnaires de notre colonie du Niger : Zinder est à quelques heures d’auto de Kano lui-même, par les trains express, n’est qu’à quarante- deux heures de Lagos. C’est donc un voyage facile, comparé à celui qu’il faudrait faire à l’intérieur du Dahomey. Le gouvernement anglais nous a même permis des transports militaires, et c’est l’autorité militaire française qui dirige le « Camp ». – Entre des murs bas, une vaste cour sans arbres, brûlée de soleil ; tout autour, de pauvres bâtisses en banco » (boue et boue séchée), une série d’alvéoles monacales ; pour tout mobilier, un lit de sangle, une table, une chaise, le tout boiteux ; une porte qui ne ferme pas ; sol de terre battue, couverture de tôle ondulée, qui crisse et ferraille sans fin sous les serres de vautours sans nombre ; et 40 ° de chaleur la nuit comme le jour, car les matériaux et le style choisis réalisent à merveille l’idéal du « four à soleil ».

A quelque distance, de larges avenues, de gais bungalows, des arbres, de l’ombre de la fraicheur : c’est le quartier des officiels anglais. » (p,70)

Kano, dimanche de Pâques…

« Mais Tombouctou, n’est plus que l’ombre d’un grand nom ; Marrakech, Tripoli et Khartoum ont perdu leur mystère : Kano reste elle-même. Grâce à son isolement et de par la politique anglaise ; elle a gardé ses lois, ses rites et sa puissance ; son émir règne sur plus de 2 millions de sujets, et ses fauves murailles en interdisent encore le séjour à tout infidèle.

Kano est une des forteresses de l’Islam… » (p,72)

Le géographe décrivait cette immense cité, son marché, son quartier aristocratique, la ville indigène et rapportait la conversation qu’il avait eue avec le « District Officer », adjoint au Résident :

« Notre politique ici fut simple, extraordinairement simple : ne pas toucher aux organismes indigènes, les laisser faire, disparaître derrière eux, suggérer plutôt qu’ordonner ; faire administrer, mais ne pas administrer nous-même. Economie d’hommes et d’argent : la province de Kano possède plus de 2 300 000 habitants et vous pouvez compter les fonctionnaires anglais presque sur vos doigts… Surtout, nous avons rejeté le mythe dangereux de l’assimilation. Nous nous refusons à apprendre notre langue aux indigènes… Nous nous refusons à en faire des singes d’européens…. Ici, nous avons été des conservateurs, et pourtant regardez, ajouta-t-il en m’entrainant vers la véranda, nous avons créé cela. »

Sous mes yeux, au cœur du Soudan, c’est le calme confortable du quartier officiel, une grande gare de marchandises encombrée de wagons, tout un quartier commerçant avec ses factoreries, ses entrepôts et ses camions. »

Commentaire et parenthèse historique :

Un premier commentaire entre la scène coloniale de la Nigéria du nord et le Soudan ou le Niger français de la même époque : aucune des capitales de ces deux colonies, Bamako ou Niamey, ne soutenait la comparaison avec Kano, aussi bien dans leur rayonnement culturel que dans la modernité qui était à présent celle de la capitale de l’émirat.

Un deuxième commentaire : la gestion de l’émirat de Kano illustrait bien le modèle de gestion indirecte, l’« l’indirect rule » que prônait Lugard, et que nous avons déjà analysé dans d’autres textes.

Une parenthèse historique que nous renvoyons en fin d’analyse sur la situation étrange de ce fameux « Camp » de transit français vers Zinder, le témoin historique, pour ne pas dire l’échec d’une politique coloniale qui avait l’ambition de tracer une ligne continue entre le Niger et le Tchad, qu’un accord franco-anglais de 1890 avait entériné, c’est-à-dire l’impossibilité pour la France de disposer d’une ligne de communication sécurisée et viable entre les deux territoires.

Dans le livre « Confessions d’un officier des troupes coloniales » (chapitres 22 et 23), que nous avons consacré au colonel Péroz, nous avons analysé longuement ce type de sujet, car cet officier fut un des grands acteurs de cet épisode de notre histoire coloniale.

Le géographe en Afrique Centrale

L’Afrique basculait dans un autre monde, celui d’un capitalisme cosmopolite et sauvage, une sorte de répétition du premier âge du capitalisme européen de la fin du dix-neuvième siècle.

C’est sans doute dans la deuxième partie du voyage que se marquait véritablement la coupure, le fossé qui existait entre le stade de développement de l’Afrique de l’ouest et celui de l’Afrique centrale et du sud, car le lecteur entrait alors dans un autre monde, celui d’un capitalisme sauvage, cosmopolite qui faisait surgir de terre cités nouvelles, usines, mais aussi des « camps » de travail.

Le géographe passait tout d’abord par le chantier du Congo Océan, toujours en cours, et ne pouvait que confirmer les observations d’Albert Londres :

Le Directeur du chantier :

« Que voulez-vous ! Nous sommes ici les maîtres. Il faut tirer quelque chose de ce pays ; ou bien l’abandonner, en plaquant sur toute l’A.E.F un grand écriteau avec « Pays à vendre ou à louer ».

Pourquoi travailler ici ? Vous souvenez-vous de Tacite dépeignant les horreurs de la forêt Hercynienne avec ses marais infranchissables, son silence et sa sinistre horreur qui glaçait les légions ? C’est là que s’élèvent Berlin et l’Allée des Tilleuls, « Unter den Linden », dont je vous parlais tout à l’heure…

Cela vaut-il les cadavres que nous accumulons ? Je ne veux point juger. Le portage aussi en a semé pas mal tout le long des pistes africaines. Et ce qu’il y avait avant notre arrivée ne valait pas mieux : guerres, razzias, famine chronique, anthropophagie, et par-dessus tout cela, la terreur sans nom des superstitions et des féticheurs. Il n’y a pas bien longtemps encore, dans un poste voisin, cinq de nos miliciens ont été proprement tués et mangés par ces bons sauvages. » (p,107)

Le géographe plongeait alors dans le nouvel univers de l’industrie minière et de l’explosion urbaine du Kassaï.

A Tchikapa« une vraie ville », au Kassaï, il faisait alors connaissance avec la toute-puissance de la Forminière et ses mines de diamant.

« Une lourde croupe herbeuse vient mourir au confluent. En face, sur la hauteur, les baraques de la « Forminière » – Société internationale forestière et minière du Congo – type achevé de ces puissantes organisations capitalistes qui ont fait le Congo Belge. Tout le long de la grande allée de manguiers s’échelonnent les maisons des agents blancs, vastes, solides, entourées de jardins. Plus bas, massifs, les bureaux puis les ateliers, les magasins, l’atelier de piquage des diamants, et tout en bas, au bord du fleuve, la Centrale électrique. Sur l’autre rive, les campements des travailleurs indigènes, où s’allument déjà les feux du soir. Devant ma porte, c’est un défilé de boys, d’ouvriers, de camions, de voitures.

L’ingénieur qui me pilotera demain sourit de mon étonnement. N’est-ce point là un spectacle un peu imprévu, au cœur de l’Afrique Centrale, en cette province ignorée qui s’appelle le Kassaï ?…Travailler dans de pareilles conditions suppose une masse de capitaux extraordinaire ; et pour les attirer, des conditions extraordinaires elles aussi, des privilèges quasi régaliens. Ici, la Forminière est presque souveraine. Nul ne peut entrer sur son territoire sans une autorisation écrite ; elle a ses frontières, sa flotte, ses routes, son chemin de fer, sa main d’œuvre, j’allais presque dire ses sujets.

Tout lui appartient, depuis le champ d’aviation sur lequel vous avez atterri jusqu’à l’assiette dans laquelle on vous servira tout à l’heure ; jusqu’au bœuf même que vous y mangerez. Car il a fallu créer des fermes pour nourrir tout le personnel : songez que la compagnie emploie plus de 15 000 Noirs, et plus de 200 agents européens. Le vieux Léopold n’a pas craint de faire appel à l’étranger : les capitaux sont américains, et les hommes de toutes les nationalités….

De Tchikapa à la frontière portugaise de l’Angola, sur plus de 100 kilomètres, s’étend le domaine de la Forminière… » (p,116,117)

A Kamina, au Katanga, autre province du Congo Belge, où règne une autre puissance capitaliste, l’Union Minière.

A travers le Katanga, au pays du cuivre

Dilolo, 29 mai

Sur le chantier du « Leokadi », la nouvelle ligne de chemin de fer Elisabethville-Lobito, en Angola portugaise, sur la côte atlantique :

« Vous avez vu la ville de Dilolo-Gare, me dit A…, directeur des travaux, ses résidences, ses bureaux, sa Centrale électrique, sa glacière, son hôpital, ses avenues, ses jardins, son potager. Il y a moins de trois mois, jour pour jour, c’était la forêt et le marécage, sauvages comme aux premiers jours du monde.

« Regardez la gare : il y a vingt- cinq jours seulement que le premier coup de pioche fut donné.

  • Sur le Congo Océan, quelle est la vitesse d’avancement de la ligne ?
  • Au Mayombé, il y a des tunnels à creuser. Mais du Côté Brazzaville – Mindouli, l’on compte bien 25, 30 kilomètres par an.
  • Ici nous faisons déjà du 30 km par mois et nous espérons faire mieux…

-Les méthodes belges, dis-je…

  • Le Katanga entre dans la civilisation en 1900, avec la création du fameux C.S.K. « Comité Spécial du Katanga _ auquel le Roi-Souverain abandonnait pour dix ans tous ses droits avec des pouvoirs illimités sur tout le territoire. C’était une tâche d’Empire confiée audacieusement à des particuliers : ils découvrirent le cuivre.

C’est alors, en 1906, que Léopold conçut et mit sur pied, coup sur coup, les trois grandes sociétés qui ont fait le Congo Belge : la B.C.K (Chemin de fer du Bas-Congo- Katanga), l’U.M.H.R. (Union Minière du Haut Katanga) et la Forminière… « (p,145)

Commentaire les propos rapportés sont un raccourci de deux histoires coloniales comparées, mais un raccourci un peu rapide qui fait l’impasse sur les origines du fameux Congo Belge, sur les ressources et communications naturelles comparées des deux Congo, français et belge, mais la tonalité générale n’est pas dénuée de fondement.

Au Katanga ; à Elisabethville, 4 juin, le propos de son hôte, un compatriote :

« La capitale du Katanga : un vaste damier régulier d’avenues poudreuses s’allongent dans la brousse ; des bungalows bas, au milieu de jardins poussiéreux, sous un ciel d’un bleu sombre, net de toute brumes. Des banques, des magasins de luxe aux somptueuses vitrines, de larges cafés, des autos innombrables, des bâtiments qui sortent de terre, des gens qui se hâtent malgré le soleil, des femmes en toilette claire, et dans l’air sec, l’on ne sait quelle ardeur, quelle fièvre d’action…

C’est du Sud immédiat, de l’Union Sud-Africaine et de la Rhodésie, que vinrent les capitaux et les hommes, l’audace et l’expérience.

Dans toute l’Afrique australe, la colonisation s’est faite « northwards » ; après Kimberley, Joh’burg ; après Joh’burg, la Rhodesia ; après la Rhodesia, le Katanga. Si paradoxal que ce soit, d’ici le plus court chemin vers l’Europe passe encore par Cape Town, à cinq jours de rail et à 22° de latitude de plus vers le pôle…

Pourtant, E’ville reste encore la cité-champignon, création commune de toutes les races, unis seulement par la fièvre de la fortune et l’orgueil du succès. En 1910, il n’y avait ici que la savane, les moustiques et les tsétsés ; en 1910, il n’y avait pas soixante Blancs dans le Katanga ; aujourd’hui, nous sommes plus de 8 000…

La création soudaine d’une gigantesque industrie dans un pays reculé, peuplé de primitifs, pose d’angoissants problèmes. La question de la main d’œuvre prime toutes les autres… il faut à tout prix du travail noir, et chaque jour davantage. Mais le recrutement intense – vous l’avez vu se développer le long de toutes les pistes – dissocie la vie indigène ; les villages se désagrègent, les antiques coutumes périssent…

Et, par une singulière contradiction, au moment où l’on impose aux Noirs l’effrayant fardeau de notre civilisation matérielle, on les prétend incapables de participer jamais à notre civilisation morale… » (p,161)

Commentaire : en parcourant ces extraits de textes, le lecteur aura déjà pu prendre la mesure des écarts de « modernité » qui pouvaient exister dans l’Afrique des années 30, avec la naissance d’un nouveau monde en Afrique centrale, des villes sorties de terre et de la forêt, la création de voies de communication routières ou ferrées, tout en constatant aussi que le choc de cette nouvelle colonisation bouleversait complètement les sociétés traditionnelles, en même temps qu’il s’accompagnait de nouvelles formes d’esclavage.

Et le géographe de prendre le train pour aller d’Elisabethville à Johannesburg :

Johannesburg, 22 juin

« Hier au soir le soleil se couchait sauvage et splendide, sur les solitudes violettes du Kalahari : il se lève aujourd’hui, sombre et comme ennuyé de naître dans une atmosphère de fumées et de poussières, au milieu de monstrueux buildings. Le long des rues, trop étroites déjà, les gratte-ciel en ciment se pressent, s’escaladent les uns les autres. Ecrasés sous leur masse, de vieilles maisons surannées, à un ou deux étages, aux balcons de fer forgé, aux murs de brique, aux toits à pignons, répliques coloniales des cottages anglais, disparaissent presque, vestiges précaires d’un temps révolu, d’un autre monde, d’il y a vingt ans ! Partout, aux portes des buildings, aux fenêtres des « bureaux », sur les panneaux-réclame, flamboient les mots fatidiques : « Mines », « Or », « Diamants ». Pour la première fois, voici donc matérialisés ces noms fameux, symboles de fabuleuses richesses : « De Beers », « Crown-Mines », « Langstate Estate », « East-Rand », « Randfontein », « Jagersfontein » »… Et vivante image de la cité, l’affiche du « Cinquantenaire » dresse sur les murs son accumulation de gratte-ciels géants sur fond rouge, commeson ciel à cette heure, avec l’orgueilleuse devise : « Fifty years ago bare veldt, now world –famous ».

Johannesbourg est la vraie capitale de l’Union….

« Joh’burg, me dit mon hôte, est devenue une ville, mais elle a gardé l’âme qu’elle avait quand je l’ai connue, l’âme d’un camp de chercheurs d’or, avec son égoïsme sacré, et sa loi d’airain envers les faibles. Sous vos yeux trois cités, trois castes. Ici, les riches, les maîtres ; là, les ouvriers blancs ; et enfin, là-bas, les Noirs « (p,177)

En 1922, les ouvriers blancs se sont révoltés contre les riches, mais :

  • Une telle masse de main-d’œuvre à vil prix était une menace constante pour les travailleurs blancs, qui jouissent ici de salaires exorbitants, inconnus même en Amérique. On inventa alors la « Barrière de couleur », la « Colour Bar ». C’est une règle qui réserve aux ouvriers blancs, et aux blancs seuls, tous les travaux qualifiés. » (p,178)

Dans les pages qui suivent, Jacques Weuleursse faisait une description apocalyptique du système de main d’œuvre confié à la W.N.LA, la « Watersrand Native Labour Association » qui avait le monopole du recrutement des Noirs, de leur confinement dans des camps de travail, les « compound-prisons », de leur misère, et des ravages de la « détribalisation ».

Le géographe consacrait alors quelques pages, une sorte de contre-point,à la situation du Lessouto (Bassoutouland) qui avait réussi à conserver ses coutumes, grâce notamment à l’influence de missionnaires, et où, à la différence de l’UnionSud-africaine, les Blancs n’étaient pas les maîtres.

Le reportage se terminait à Durban, capitale du Natal, un des quatre territoires de l’Union, un Etat qui comptait un nombre important d’Indiens (175 000).

Le géographe visitait la ville et notait, comme ailleurs dans l’Union, que la ségrégation imprégnait toute la société,notamment la ségrégation urbaine :

  • Mais derrière la colline, sur le versant qui regarde l’Afrique, c’est l’envers du bonheur. De sinistres baraques en ciment nu alignent leurs étages d’alvéoles… les compounds nègres… » (p,231)

Le récit du reportage s’achevait avec l’évocation de Gandhi :

« Et comment oublier que c’est sur cette terre, en cette ville, que résonna pour la première fois la voix qui devait ébranler l’Inde… » (p, 237)

« Une histoire birmane » de George Orwell (1926)

Il s’agit d’un roman qui n’a rien à voir avec les romans d’aventure de Rudyard Kipling, tels que « Kim » ou« Le livre de la jungle » qui plongent le lecteur dans l’univers féerique de l’Empire des Indes, c’est-à-dire l’Inde elle-même, à la découverte de ce continent, de ses mœurs et religions, et naturellement à la gloire de l’impérialisme britannique.

Le récit d’Orwell se déroule dans une colonie subordonnée des Indes, celle de Birmanie, et plus précisément en Haute Birmanie, et prend pour décor la vie coloniale d’un des postes de cette région, celui de Kyaut-hada, mais plus précisément celle de son « Club » qu’animait un petit cercle d’européens fonctionnaires ou chefs d’entreprise, moins de dix.

L’auteur y décrivait l’envers du décor colonial anglais, dont le Club était l’élément essentiel et qui s’était toujours gardé jusque-là d’accueillir un membre birman.

« Dans chacune des villes de l’Inde, le Club européen est la citadelle spirituelle, le siège de la puissance anglaise, le nirvana où les fonctionnaires et les nababs indigènes rêvent de pénétrer. Le Club de Kyaut-hada était le plus fermé de tous, car il était pratiquement le seul en Birmanie à pouvoir s’enorgueillir de n’avoir jamais admis un Oriental parmi ses membres. » (p,23)

Tout dans un Club respirait l’air de l’Empire britannique, le bâtiment avec son bar, ses salles de réunion, ses journaux anglais, son rythme de vie collective à partir de la fin de l’après-midi, un environnement soigneusement entretenu de terrains de tennis ou de golf, au cœur d’un quartier résidentiel jalousement préservé le long d’un « maiden ».

C’est l’histoire d’un marchand de bois, Flory, qui voudrait faire entrer au Club, « le véritable centre de la ville » (p,231) son ami le docteur birman Veraswami, « ce sale petit nègre de docteur » (p,31), mais qui rencontre toutes sortes de difficultés pour y réussir, un complot ourdi par un rival birman du médecin, U Po Kyin, et l’opposition farouche des autres membres du Club.

Au cours du récit, Flory faisait part à son ami médecin du dégoût qu’il éprouvait à l’endroit de l’Empire britannique : « L’empire des Indes est un despotisme qui a le vol pour finalité » (p,91)

« C’était le monde renversé, car l’Anglais se montrait violemment antianglais et l’Indien, farouchement loyaliste. » (p,53) …« Nous sommes des voleurs » (p,53… « Mais nous ne civilisons pas les Birmans : nous ne faisons que les contaminer. » (p,59)

Flory, entretenait une petite maîtresse birmane qu’il avait achetée à ses parents.

Arrive de façon tout à fait inattendue la nièce d’un couple du Club, Elisabeth, qui devient rapidement un enjeu mortel pour Flory : comment se débarrasser de la petite maîtresse ? Comment ensuite rivaliser avec un bel officier de cavalerie anglais, Verral, venu occuper un poste dans la police militaire du lieu, et fils de pair, excusez du peu, et donc classé immédiatement comme « L’Honorable » Verrall.

Un autre personnage figurait aussi comme un rival potentiel, le Commissaire Adjoint Macgrégor.

Le fonctionnaire birman subordonné U Po Kyin voulait à tout prix écarter le docteur de son chemin et entrer dans ce fameux Club. Il continua à ourdir son complot contre le médecin, et réussit à monter de toutes pièces une révolte indigène au cours de laquelle Flory joua un rôle héroïque qui ne suffit toutefois pas à lui faire gagner le cœur d’Elisabeth.

Il finit par se suicider.

Ce roman est intéressant parce qu’il met en scène des personnages dans une sorte d’alcôve coloniale, pour ne pas dire une serre coloniale où il fait effectivement très chaud, ce « Club » de la Haute Birmanie strictement fermé, raciste, et typiquement anglais.

Une sorte de modèle réduit de la société coloniale britannique !

Jean Pierre Renaud

PS: Les tribulations coloniales de la France entre Niger et Tchad

Avec le colonel Péroz (années 1900-1901), dans « Confessions d’un officier des troupes coloniales » (Chapitre 22,« Le colonel à la tête du 3ème Territoire Niger Tchad (1900-1901) », page 267)

Dans les extraits de texte tirés du voyage du géographe Weulersse, et à l’occasion de son passage dans l’Emirat de Kano, au nord de la Nigéria, et à Kano même, nous avons noté la particularité de l’existence d’un camp de transit le « Camp » qui accueillait les fonctionnaires français en route pour Zinder, dans la colonie française du Niger.

Cette situation illustrait parfaitement la sorte de curiosité coloniale que l’expansion coloniale de la France entre Niger et Tchad avait créée dans ce territoire colonial, mieux desservi par la ligne de chemin de fer Lagos Kano que par les pistes qui reliaient la capitale de la colonie du Niger, Niamey, à la capitale du Tchad, Fort Lamy.

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Esclavage et colonisation, mémoire ou histoire, pourquoi ne pas tout mélanger?

Esclavage et colonisation, mémoire ou histoire, pourquoi ne pas tout mélanger ?

Réparations et repentance ?

Les pérégrinations du roi Hollande dans les Caraïbes, ses multiples déclarations, associées au remue-ménage causé par la réforme du collège sur les programmes d’histoire ont une fois de plus provoqué beaucoup de réactions dans les milieux politiques, médiatiques, et intellectuels.

Guillaume Goubert dans la Croix du 12 mai 2015, intitulait son éditorial :

« Repentance et fierté

Les examens de conscience sur la colonisation ou la traite négrière suscitent de vives réactions »

De son côté, Le Monde du 14 mai 2015, publiait une chronique relative à la réforme du programme du collège (page 7), avec un premier article, « Le programme d’histoire idéal n’existe pas » et un deuxième article, « Des historiens dénoncent lacunes et manque de cohérence », dans lequel le journal donnait la parole à M.Nora, lequel déclarait :

« Il faudrait faire en sorte que « les enfants de France aient de bonnes raisons de se sentir français », plaide-t-il, en déplorant « un penchant à l’exagération dans le masochisme national et colonial. »

Puis à M. Winorcka en rappelant sa mise en garde, dans le Journal du Dimanche, contre le risque de transformer l’histoire en morale. « Indigènes de la République, Vendéens, anciens combattants, Arméniens, descendants d’esclaves… tous ces groupes revendiquent leur place dans l’histoire. Le danger est de transformer l’histoire en histoire des victimes. »

Evoquons successivement les deux sujets de l’esclavage et de la colonisation.

Les esclavages, au pluriel

M.Hollande a été inaugurer un musée sur l’esclavage en Guadeloupe. Très bien ! Mais qu’il le veuille ou non, ou le souhaite-il peut-être, cette commémoration faite à coup de grosses trompettes, pourrait laisser croire aux ignorants, que la France a joué un rôle majeur dans la traite des esclaves des Caraïbes et des côtes américaines, en faisant l’impasse sur les traites de marque anglo-saxonne beaucoup plus importantes.

Une France toujours au premier rang pour commémorer les destinées tragiques de toutes les victimes, la seule à l’assumer, dans le cas des Caraïbes ?

L’histoire ferait ainsi l’impasse sur tous les autres flux de la traite négrière, ceux dirigés vers les pays de l’est arabe et musulman, et en premier lieu sur ceux qui ont nourri ce trafic humain, c’est-à-dire ceux d’origine africaine elle-même ?

Il n’est pas besoin d’avoir beaucoup lu de récits sur l’état du continent africain, notamment dans ses territoires de l’ouest pour savoir que beaucoup de ses émirs, Almamy, et rois, avaient l’habitude de procéder souvent à des razzias d’esclaves destinés à alimenter leurs armées, leur cour, ou la traite négrière elle-même.

Pourquoi ne pas rappeler qu’à la fin du dix-neuvième siècle, et pour la seule Afrique de l’Ouest, devenue « provisoirement » française, les Almamy Samory et Ahmadou, ainsi que le roi Béhanzin d’Abomey, étaient des esclavagistes, ce dernier, à quelques encablures du fameux port de Ouidah, commémoré de nos jours comme un des hauts lieux de mémoire de l’esclavage ?

Pourquoi ne pas rappeler aussi qu’une fois les conquêtes faites, la France a supprimé l’esclavage qui sévissait dans ses nouvelles colonies, dans des conditions qui n’ont pas toujours été satisfaisantes, compte tenu de toutes les difficultés d’application de ces mesures, liées à la fois à la culture des sociétés africaines et à leur pauvreté ?

Qui, en France, de nos jours sait par exemple, que c’est Gallieni qui a supprimé en 1896 l’esclavage à Madagascar ?

Alors, oui, il est nécessaire de rappeler la mémoire de cette traite abominable, mais en ne laissant pas dans l’ombre, les responsabilités des différents « partenaires », au risque de laisser croire, peut-être à juste titre, que derrière ce débat se cache l’épineuse et insoluble question des réparations financières, doublée d’une sempiternelle demande d’assistance que justifierait ce passé.

Lors de son passage en Guadeloupe, le Président a tenu des propos fort imprudents en ce qui concerne un vieux contentieux avec Haïti, qu’il a d’ailleurs aussitôt démenti en faisant une escale dans cette île.

Rappelons le compte rendu qu’en a fait le journal Le Monde, le 12 mai 2015, dans l’article intitulé : « Hollande aux Antilles, c’est Noël en mai »

Le 14 mai, le même journal titrait en première page « Haïti – Hollande reconnait la « dette morale » de la France », mais le compte-rendu du même journal notait « Des propos du chef de l’Etat avaient laissé espérer aux Haïtiens des réparations financières »

« Des manifestants affichaient une pancarte indiquant leurs exigences : « Argent oui, morale non »,

Le journal intitulait d’ailleurs une partie de sa chronique :

« Gaffe d’envergure »

Le journal Ouest France du 12 mai 2015, proposait sa lecture de l’escale du Président à Cuba (page 2) :

« Sauf qu’en réalité, personne n’a attendu le conquistador Hollande, escorté par sept ministres et une escouade de dirigeants d’entreprises (Accor, GDG Suez…), François Hollande est donc plutôt en mission de rattrapage. Il n’empêche, sa prétention à damer le pion aux Occidentaux agace : « Cuba c’est un très petit marché. Un pays de 11,5 millions d’habitants, la moitié de l’Ohio » minorait, hier, à Paris, Stefen Selig, le sous- secrétaire d’Etat américain au commerce. »

Colonisation et repentance

Il s’agit très largement d’un débat « pourri » pour tout un ensemble de raisons, avec au moins quatre principales :

Première raison principale : l’histoire de l’Algérie, avec la ou les mémoires de la guerre d’Algérie !

A lire ou à écouter certains historiens, intellectuels, ou politiques, l’histoire de la colonisation se résumerait à celle de l’Algérie, et encore plus à celle de la guerre d’Algérie.

Un historien de l’Algérie, aujourd’hui très bien en cour, développe ce type de discours ambigu.

Une nouvelle propagande qui pourrait laisser croire que dans cette guerre, tout était noir du côté français, et tout était blanc du côté rebelle, que les « saloperies », pour ne pas dire les crimes de guerre, n’ont été commises que dans un camp, ce qui est évidemment faux.

Pour avoir servi la France en Algérie, comme officier du contingent dans les SAS, je regrette depuis longtemps que les Accords d’Evian qui ont scellé l’indépendance de l’Algérie aient stipulé que toutes les exactions commises pendant ce conflit seraient amnistiées.

A la vérité, des crimes de guerre ont été commis dans les deux camps et si ladite repentance devait se manifester elle devrait l’être par tous ceux qui, au service de la France, ou au service du FLN, en ont été les auteurs.

Beaucoup de ceux qui ont servi la France en Algérie n’ont pas commis de crime de guerre, le seul crime dont il serait possible de les accuser est celui d’avoir servi la France.

En serait-il de même dans l’autre camp avec les attentats et l’assassinat en particulier des membres du MNA, les vendettas de clans, ou enfin l’assassinat de nos harkis ?

Deuxième raison principale, et en dépit de ceux ou celles qui racontent, le plus souvent « d’en haut » (autre façon d’exprimer l’ethnocentrisme blanc), avec un parti pris idéologique ou politique, et au dire des « témoins » dits d’« en bas », la colonisation n’a pas non plus été, ou tout noire, ou tout blanche, mais mélangée, mixte, avec des ombres mais aussi des lumières.

Je ne citerai à ce sujet que le seul témoignage d’Hampâté Bâ, ce grand lettré d’une Afrique occidentale, anciennement française :

« Une entreprise de colonisation n’est jamais une entreprise philanthropique, sinon en paroles… Mais, comme il est dit dans le conte Kaïdara, toute chose a nécessairement une face diurne et une face nocturne. Rien, en ce bas monde, n’est jamais mauvais de A jusqu’à Z et la colonisation eut aussi des aspects positifs, qui ne nous étaient peut-être pas destinés à l’origine mais dont nous avons hérité et qu’il nous appartient d’utiliser au mieux. Parmi eux, je citerai surtout l’héritage de la langue du colonisateur en tant qu’instrument précieux de communication entre ethnies qui ne parlaient pas la même langue et moyen d’ouverture sur le monde extérieur – à condition de ne pas laisser mourir les langues locales, qui sont le véhicule de notre culture et de notre identité. » (« Amkoullel, l’enfant peul » Babel, page 492).

En ce qui concerne l’analyse récente des problématiques de citoyenneté par Frederick Cooper, un historien « d’en haut », parce qu’appartenant au monde occidental, tend à démontrer qu’en 1945, les « évolués », politiques ou syndicalistes du monde africain aspiraient à la citoyenneté française, en dépit de tous les « méfaits » de la colonisation.

Il est notoire qu’avant, mais tardivement, surtout après les indépendances, les intellectuels des nouveaux Etats d’Afrique noire se sont efforcés, avec plus ou moins de succès, d’écrire ou de réécrire leur roman national, à l’exemple de ce que la France a su faire pour son propre roman national, mais avec beaucoup plus de difficulté dans les contrées où la source principale des histoires ou de l’histoire reposait sur les épaules des griots, c’est-à-dire des traditions orales.

Troisième raison principale, une ignorance béante de l’histoire coloniale aussi bien de la part des citoyens de la plupart des anciens pays colonisés, de leurs descendants en France, que des Français eux-mêmes !

C’est la raison pour laquelle il est possible de nos jours de dire ou d’écrire n’importe quoi, et cette ignorance fait le lit d’une nouvelle propagande postcoloniale qui est d’autant plus efficace qu’elle nourrit le cahier de doléances permamentes de certains partis politiques de métropole ou d’outre-mer.

Un ou plusieurs courants de chercheurs, plus ou moins pertinents, avec l’appui d’intellectuels ou de politiques, surfent de nos jours sur la mauvaise conscience, un humanitarisme sympathique qui est venu fort opportunément se substituer au marxisme, des adeptes affichés ou clandestins de la fameuse repentance nationale.

Ils feraient bien d’aller porter la bonne parole dans le monde anglo-saxon, russe, ou chinois…

Quatrième raison principale : des enjeux électoraux ou financiers trop souvent cachés, aussi bien dans nos outre-mer actuels que dans certaines banlieues françaises.

A lire les journaux ou à regarder la télévision, le dernier voyage du Président Hollande a été un modèle de propagande électorale, déjà pour 2017, mais ses prédécesseurs ne faisaient pas mal non plus dans le genre.

Les électeurs auraient sans doute été intéressés par un reportage circonstancié et fouillé sur les paradis fiscaux et mondains de certains outre-mer français, entre autres ceux des îles Saint Martin et Saint Barthélemy, « Saint Barth » pour les intimes !

Ajoutons qu’à l’arrière-plan de beaucoup de revendications « hallucinées », se profilent souvent des questions de gros sous, et en ce qui concerne certains acteurs des outre-mer français anciens, une demande d’assistance permanente qui trouverait sa justification dans les péchés coloniaux de la France.

Jean Pierre Renaud

Quel pastis autour du programme d’histoire des collèges!

Quel pastis autour du programme d’histoire des collèges !

Il est vivement recommandé à tous les beaux esprits, animés le plus souvent d’arrière-pensées idéologiques, politiques, et au mieux humanitaires, de se remettre en mémoire historique quelques éléments d’information.

Pourquoi ne pas rappeler qu’en ce qui concerne les durées, la durée du « colonialisme » fut relativement courte, de l’ordre de 50 à 80 ans, par rapport à la longue histoire de la France et de l’Afrique ?

Dans Histoire générale de l’Afrique (UNESCO) Tome VII « L’Afrique sous domination coloniale », 1880-1935, l’historien ghanéen A.Adu Boahen utilisait le mot d’interlude :

« En conclusion donc, bien que le colonialisme ait été sans aucun doute un simple chapitre dans une longue histoire, un épisode ou un interlude (1) dans les expériences multiples des peuples d’Afrique, qui n’a duré nulle part plus de quatre-vingt ans, il s’est agi d’une phase extrêmement importante du point de vue politique, économique, et même social. Il a marqué une nette coupure dans l’histoire de l’Afrique ; le développement ultérieur de celle-ci, et donc de son histoire, a été et continuera à être très influencé par l’impact du colonialisme. Il prendra un cours différent de celui qu’il aurait suivi si cet interlude n’avait pas existé. » (page 864)

Ne serait-il pas utile aussi de relire un des passages du livre d’Herbert Lüthy (2) dans « A l’heure du clocher » pour remettre à l’heure les pendules historiques et mémorielles d’une France qui n’a jamais été aussi « colonialiste » qu’aujourd’hui, aux dires des thuriféraires de cette nouvelle propagande postcoloniale :

« Telle était à peu près le rôle de l’Empire dans l’historiographie populaire : une agitation obscurément suspecte dans l’arrière-boutique de la république. Le peuple n’avait rien à voir avec ces machinations du Comité des Forges, de la Haute Finance, des Congrégations et de la caste militaire, enragés à reconstruire outre-mer les bastilles qu’il avait rasées dans la mère patrie. » (page 141)

J’ajouterai à cette liste la franc-maçonnerie.

  1. (1) Au Petit Robert 1973 : interlude, « Petit intermède dans un programme dramatique… courte pièce exécutée entre deux autres plus importantes.
  2. Herbert Lüthy, journaliste suisse, séjourna à Paris entre 1946 et 1958

Jean Pierre Renaud

Empires coloniaux France Grande Bretagne: réactions de lecteurs ou lectrices ?

Empires coloniaux France Grande Bretagne: les comparaisons historiques sur mon blog;

Qu’en pensent lecteurs ou lectrices,assez nombreux qui les ont consultées? Je n’en sais rien, car je n’ai enregistré aucune réaction positive ou négative.

J’avais fait le même constat en ce qui concerne mes chroniques consultées plus de deux mille fois sur les « sociétés coloniales »

De la part d’un chercheur « franc-tireur »