Echos du blog février, mars 2021: les empires coloniaux, Said, Cooper, Singaverelou, Hâmpâté Bâ

ECHOS du BLOG

Février 2021

Mars 2021

            Merci aux lecteurs et aux lectrices qui, depuis plus de dix années ont eu la curiosité peut-être malsaine de consulter mon blog, un blog qui n’appartient à aucune chapelle, à aucune engeance idéologique ou politique, un blog qui n’hésite pas à être dérangeant dans l’ambiance médiatique délétère du jour qui donne trop souvent une prime au fric, à l’incompétence, et à la manipulation.

            Je me suis toujours efforcé de publier des chroniques qui sortent des ornières du jour sur notre passé colonial ou postcolonial ou sur des actualités qui méritaient un commentaire, en tout cas à mes yeux.

            Les statistiques du mois de février donnent un exemple  des travaux de documentation  et d’information que j’ai effectués au fil des années.

Les analyses que j’ai proposées pour les livres d’Edward Said (« L’orientalisme » – « Culture et Impérialisme », blog du 1/12/2011-) continuent à être bien fréquentées, alors qu’elles datent d’une dizaine d’années.

L’analyse comparative des deux empires coloniaux du Royaume Uni et de France (XIXème et XXème siècles)  a été beaucoup consultée depuis la date de sa publication en 2016, plus de 10 000 pages à ce jour.

Les analyses proposées sur les sociétés coloniales dans la perspective de l’agrégation  d’histoire ont été bien consultées depuis 2013,  de même que les articles sur la laïcité ou la propagande postcoloniale.

Au mois de février 2013, la chronique que j’avais proposée sur le témoignage de Mme Bidault, diplomate – première femme à être entrée dans le corps diplomatique avant 1945 – épouse de Georges Bidault, homme bien connu de la Résistance et de la 4ème République, a encore été consultée.                            

Mme Bidault y proposait un excellent témoignage sur la « culture coloniale » des dirigeants politiques des Troisième et Quatrième Républiques, leur ignorance ou leur désintérêt, avec le cas tout à fait caractéristique du général de Gaulle que ses origines, et sa formation militaire avaient formaté pour la priorité donnée aux théâtres d’opérations européen..

En ma qualité d’ancien officier SAS pendant la guerre d’Algérie, il m’est arrivé de publier quelques témoignages ou réactions en notant que cette guerre fut dans chaque région et selon les époques une guerre qui mettait avant tout en cause les officiers du terrain trop souvent laissés à eux-mêmes.         

Le livre « La Grotte » du général Buis, dont j’ai rendu compte, illustrait fort bien la problématique de cette guerre, un compte-rendu encore bien consulté.

Je dirai simplement et à nouveau qu’il faut laisser la parole à de vrais historiens sur les deux rives, et non à des mémorialistes.

Un choix mal assuré sur notre rive, mais encore moins sur l’autre rive.

Enfin, au mois de mars, l’analyse critique que j’ai proposée en 2015 des livres de l’historien américain Frederick Cooper « Le colonialisme en question » (2005) et « Français et Africains ? » a été bien consultée (2014), de même que l’analyse proposée du chapitre 9 du même auteur « Conflits, réformes et décolonisation » dans le livre publié sous la direction de Pierre Singaravelou   « Les empires coloniaux ».

L’auteur donnait trop d’importance, quant à leur représentativité, à une catégorie de la population de l’Afrique de l’Ouest, celle liée aux chemins de fer.

Pourquoi ne pas rappeler aussi qu’Hampâté Bâ proposait un classement de la population africaine qui rapprochait les habitants du Sénégal des blancs ?

Jean Pierre Renaud

La loi sur le séparatisme : Courage ! Fuyons !

A suivre les étapes politiques d’élaboration de cette nouvelle loi dont l’objectif serait de lutter  contre l’islamisme radical, sans le dire, le citoyen voit clairement que le gouvernement fait tout pour éviter de se voir accuser d’islamophobie, comme si le peuple de France avait peur d’appeler un chat un chat : ne s’agirait-il pas plutôt de la classe politique ?.

            Le pouvoir fait tout pour ajouter un chapitre à la loi de 1905 qui a apaisé les querelles religieuses, un chapitre qui serait nécessaire à la paix civile, en imposant des règles nouvelles aux vieilles religions de France, afin de masquer ses objectifs de contrôle d’une religion nouvelle qui est loin de s’accommoder de la loi de 1905, en raison notamment des désordres et des guerres intestines qui ensanglantent les pays de l’islam depuis des dizaines d’années et d’une doctrine qui confond délibérément pouvoir et religion.

            Au cours des années qui ont précédé la loi de 1905, ministres, députés et sénateurs, ne se sont pas privés de délivrer des messages clairs de dénonciation et de détestation des cléricaux et inversement, les hussards de la République occupant les premières loges dans ce combat pour la laïcité, aux côtés des partis de gauche et des loges maçonniques.

            Ce combat s’inscrivait dans un contexte religieux national, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui avec l’islamisme.

            Au moins, les hommes politiques de la fin du 19ème et du début du 20ème manifestaient un plus grand courage !

Notre classe politique manquerait-elle de « cou…es » ?

Jean Pierre Renaud

« L’imposture décoloniale » Pierre-Henri Taguieff (2020) – « Supercherie coloniale » Jean Pierre Renaud (2008)

« L’imposture décoloniale » (2020)

Pierre-André Taguieff

Une analyse du « cadre institutionnel public et privé » de la production du discours postcolonial !

&

« Supercherie coloniale » (2008)

Jean Pierre Renaud

Une analyse d’un « produit » postcolonial » !

   Comment ne pas saluer au départ le courage d’un universitaire qui ose dire la vérité, alors que son milieu préfère le plus souvent le silence, le botté en touche, la servilité, pour ne pas dire la peur, la grande peur des enseignants ?

           Cet état d’esprit ne me surprend pas,car tout au long de ma carrière de haut fonctionnaire,  j’ai été frappé par un des traits dominants du service public, la servilité, c’est-à-dire surtout, pas de vagues !

            Cette attitude d’extrême prudence, pour user d’un terme modéré, s’explique en partie par le contexte de violence actuelle, un climat de fausses revendications mémorielles portées par des groupes de pression idéologiques, et souvent par l’attitude de nombreux parents.

Tout au long des dix dernières années, j’ai proposé sur mon blog une lecture critique du discours de propagande postcoloniale développé par l’historien Blanchard et par ses deux collègues Bancel et Lemaire.

J’ai démonté pièce par pièce un discours pseudo-historique caractérisé par une carence d’analyse quantitative des vecteurs de culture coloniale supposés et de leurs effets sur l’opinion publique et la mémoire collective des Français sous la Troisième République.

L’historien avait soutenu, en 1994, une thèse de doctorat intitulée « Nationalisme et Colonialisme Idéologie coloniale Discours sur l’Afrique et les Africains de la droite nationaliste française des années 30 à la Révolution Nationale »

Je notais dans mon livre que la recherche historique en question était très limitée dans le temps et dans le champ idéologique choisi, et qu’elle ne s’était pas intéressée au dossier des images coloniales.

Qui plus est l’analyse de la presse dans son champ chronologique et géographique ne proposait pas plus de matériau historique solide et convaincant !

La source historique était en réalité à rechercher dans les Actes du Colloque savant de 1993 sur le thème « Images et Colonies » dont il fut un de ses secrétaires, et dont il s’appropria purement et simplement le matériau, sans trop d’opposition universitaire, pourquoi ne pas le dire ?

Mme Coquery-Vidrovitch faisait simplement remarquer que Monsieur Blanchard incarnait sans doute une catégorie nouvelle d’historien, « l’historien entrepreneur ».

L’intéressé a rapidement démontré en effet son savoir-faire tous azimuts avec l’association ACHAC, quasiment son enfant et avec l’agence privée de communication « Les bâtisseurs de mémoire », une appellation fort bien choisie compte tenu des talents démontrés pour habiller les mémoires coloniales et postcoloniales.

Pierre-André Taguieff vient de livrer son analyse sur le cadre institutionnel public- privé, et universitaire qui a laissé libre cours à des discours pseudo-historiques ayant contribué à semer le trouble, pour ne pas dire plus dans l’opinion publique, sans contestation du monde scientifique et universitaire. Ces discours ont donc prospéré, avec liaisons sulfureuses entre institutions, mélange des genres entre sciences et fausses sciences, entre public et privé, entre sciences et politique….

Dans la deuxième partie de l’ouvrage intitulée « France : postcolonial business et endoctrinement décolonial » (page 135 à 263), l’auteur propose une lecture critique sans fard du sujet :

Page 142 : « Instrument d’autopromotion de ses membres, l’ACHAC est aussi adossée à une entreprise dont Pascal Blanchard est le codirecteur, l’agence de communication «  Les Bâtisseurs de mémoire » (« Conseil, communication, histoire ») qui se propose de « promouvoir le passé historique, publicitaire et patrimonial des grande marques », dont les productions et les finalités posent effectivement question au milieu académique. Ces usages commerciaux devraient être totalement étrangers au monde de la recherche. »

Jean Pierre Renaud     –   Tous droits réservés

La Grande Peur des Enseignants

  Les médias paraissent découvrir la situation de nos écoles depuis l’assassinat de Serge Paty le 16 octobre 2020, et depuis, les enquêtes se succèdent pour identifier les problèmes, et éventuellement les solutions.

Les problèmes sont très nombreux, mais les actualités nous ont fait mettre le doigt sur les enjeux de laïcité, de neutralité de l’enseignement, à partir du moment où une partie de la population conteste, enfants et parents y compris, les missions de l’école publique républicaine.

Menaces, pressions, messages sur les réseaux sociaux, refus d’engagement des syndicats, frilosité de notre administration, pour ne pas dire abandon ou refus de mission, aveuglement des pouvoirs publics, trop de facteurs ébranlent les fondations de cet édifice républicain de formation aux libertés.

On peut comprendre la peur de beaucoup d’enseignants d’assumer les risques et de faire face, mais ne faut-il pas attirer l’attention sur une face trop méconnue du problème, celle d’une intoxication intellectuelle, historique, idéologique dont souffre une partie du corps enseignant, notamment d’histoire géographie, une adhésion souvent militante aux courants du décolonial, du postcolonial, à la victimisation des peuples colonisés et à leurs descendants…

Dans les années 1880-1890, l’esclavage existait encore en Afrique noire et à Madagascar, et des roitelets esclavagistes approvisionnaient encore l’esclavage du Moyen Orient.

Au Dahomey, aujourd’hui Bénin, le roi Béhanzin que Monsieur TIn, professeur et chef des Indigènes de la République, a comparé à nos rois de France, la cité royale d’Abomey valant celle de Saint Denis, était non seulement un esclavagiste patenté mais un roi sacrificateur d’esclaves.

Les roitelets du voisinage furent bien contents qu’on les en débarrasse.

Afin d’éclairer les débats actuels de « la faute à qui », à propos du malaise et du métier difficile de nos professeurs, le témoignage d’un géo politologue connu pour ses positions tiers-mondistes, Yves Lacoste.

Dans un gros livre intitulé « La Question post-coloniale » ( 2010) il déroule une longue analyse critique de notre passé colonial, tout en épinglant quelques-uns des excès d’une partie des intellectuels post-coloniaux à la mode :

Dans le chapitre deuxième, l’auteur souligne « L’importance des représentations géopolitiques dans la question post-coloniale » (p,63 à 123)

A la page, revenant  aux « jeunes » des « grands ensembles », un sujet dont il fut un des spécialistes, il évoque à nouveau une lutte de pouvoirs avec la police, en distinguant le positif et le négatif… :

« Mais ils expriment leurs insatisfactions et leurs inquiétudes par une hostilité croissante à l’encontre du pays et de la société où l’immigration de leurs grands-parents, il y a plusieurs décennies, les a fait naître. La justification de cette hostilité se fonde sur des représentations historiques qui, dans les milieux intellectuels, font de nos jours consensus dans la mesure où celles-ci réprouvent la colonisation depuis que les empires coloniaux ont disparu. Or, pour bien marquer leur différence, les jeunes intellectuels « issus de l’immigration » proclament que le colonialisme continue d’exister en France. » (page 65)

L’auteur analyse alors :

            « La diffusion de représentations accusatrices du colonialisme (page 66)

            « … Pour schématiser, on peut dire que, malgré les effets de « l’absentéisme scolaire », un certain nombre de ces jeunes vont au collège et qu’ils s’intéressent particulièrement, même de façon brouillonne et agressive, à ce que disent les professeurs d’histoire-géographie sur la colonisation et la traite des esclaves en effet, depuis une dizaine d’années, les programmes scolaires prescrivent qu’un certain nombre d’heures d’enseignement soient consacrées à ces problèmes qui sont aussi de plus en plus présents dans les manuels. Les enseignants en font d’autant plus état que cela les intéresse personnellement et passionne les élèves il n’en reste pas moins que, dans ces quartiers ou à proximité, la tâche des professeurs – qui sont de plus en plus des femmes – est encore plus difficile qu’ailleurs. » (page 66)

            Commentaire : cette analyse concerne les « grands ensembles », mais elle montre le rôle important des professeurs d’histoire géographie très souvent séduits par une culture multiculturelle de gauche très influente dans l’ensemble de notre système scolaire. Il fut un temps où il s’agissait de la culture marxiste, mais faute de marxisme, on s’est rabattu sur une autre thématique à la mode, d’autant plus facilement que l’ouverture des frontières a fait sauter beaucoup de frontières culturelles, et misé sur la générosité et l’idéalisme de la jeunesse, comme de tout temps.

Il serait sans doute possible de mettre au défi scientifique les animateurs et propagandistes de cette lecture de notre histoire de mesurer le même type de « représentations » dans les livres des 3ème et 4ème Républiques, images, nombre de pages, et lignes de texte, en tenant compte évidemment des contextes historiques correspondants, en l’absence notamment des images télévisées et de celles des réseaux sociaux.

            «  Un consensus de rejet de la colonisation depuis qu’elle a disparu.

            « Tout cela est la conséquence du développement relativement récent du vaste courant d’idées qui stigmatise la colonisation. Les quelques tentatives maladroites pour faire admettre qu’il n’y eut pas que des atrocités dans les colonies et que tout n’y fut pas constamment aussi épouvantable, suscitent de la part de certains (nouveaux venus en la matière) un surcroit d’accusations indignées et de publications vengeresses. » (page 67)

Questions : sur un sujet aussi sensible et polémique, le lecteur aurait aimé avoir plus de précisions sur les constats soulignés.

            « Consensus » : quelle évaluation ? « Vaste courant d’idées » : quelle évaluation ? « Publications vengeresses » ? Lesquelles ? Fusse en renvoi !

            Quel intellectuel aura le courage de contester les témoignages d’Hampâté Bâ dans ses nombreux livres, dont l’un de grande sagesse –« Kaidara », avec sa vision capitale des deux versants de la colonisation, la diurne et la nocturne ?

Comme le contenu du gros livre d’histoire VII de l’UNESCO sur « L’Afrique sous domination coloniale » ?

            L’histoire de l’impérialisme n’a jamais eu, ni frontière, ni époque : il s’est inscrit dans ce que la philosophie chinoise, a dénommé « le cours des choses ».

De nos jours, comme par le passé, les « spécialistes », dénomment un certain de type de domination par l’expression gentillette de « soft power », mais le « hard power » n’est jamais loin, le totalitarisme, comme c’est le cas en Chine, en Corée du Nord, en Turquie, en Algérie …

            Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés

Histoires secrètes ? Leçons d’histoire ?

Le virus poursuit inexorablement sa course en dépit de toutes les déclarations cacophoniques des jours qui se suivent, mais heureusement nos ministres trouvent toujours le temps de parler, parler, et même d’écrire !

            En pleine crise sanitaire, économique, financière, et sécuritaire, en dépit des lourdes charges qui pèsent sur leurs épaules, les ministres Le Maire, à l’Economie et aux Finances, et  et Darmanin, à l’Intérieur, ont trouvé le temps d’écrire des bouquins…

            Miracle de la plume et de l’édition, mais tout autant de la nouvelle Com’ qui envahit tout !

Vous faut-il une preuve de plus que ce ne sont pas les politiques qui nous gouvernent mais leurs cabinets, c’est-à-dire toujours et toujours, la bureaucratie politique parisienne ?

            Ils trouvent le temps d’écrire ?

            Hollande avait trouvé le bon secret, des mémoires « in vivo »,  y compris des «  histoires secrètes » grâce aux plumes des deux détectives infatigables du Monde qui l’ont accompagné dans une gestion mémorable, puis des mémoires « ex vivo », en obtenant un bon succès de librairie dont le Parti Socialiste en pleine déroute a dû être jaloux …

            Avec Le Maire et Darmanin, plus besoin de faire appel aux deux détectives infatigables du journal le Monde !

            Comme dirait peut-être Delahousse et  beaucoup d’autres, là, on est vraiment dans le « live » ! Secret !

            L’autre soir, Stephane Bern a présenté son émission des Victoires de la Musique en « live » a-t-il dit ! La langue française ne ferait-elle pas partie de notre « patrimoine » à défendre au moins autant que nos vieilles pierres ?

          Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Plan de relance et Défense de l’Europe ? Le Figaro du 22c février 2021

Plan de relance et  Défense de l’Europe ?

Le Figaro du 22 février 2O21, première page et page 5 « International »

 Le Plan de relance de la France ?

Il est tout de même curieux que le gouvernement n’ait pas encore envisagé de lancer un grand emprunt public, comme on avait su le faire dans le passé, en mobilisant l’épargne des Français avec des objectifs de relance économique et sociale proposés par nos régions.

            Lors de la première vague du virus, en avril 2020, nous avions avancé l’idée avec mon épouse d’un emprunt public à 10 ans rémunéré à 2%.

            Pourquoi tout attendre toujours de l’Europe ?

La Défense de l’Europe ?

Comme à son habitude et avec sa compétence habituelle, Madame Lasserre fait le point sur les projets de défense européenne en recensant les difficultés rencontrées pour faire émerger une Europe de la Défense : diversité des points de vue de la part des vingt-sept pays notamment face à l’Otan et les Etats-Unis, position négative de l’Allemagne sur des interventions à l’étranger, « soupçon permanent «  des partenaires de la France en ce qui concerne les ambitions exactes de notre pays.

            J’ajouterais la sempiternelle arrogance de la France, sans doute poussée à l’extrême aujourd’hui avec un Président qui laisse croire qu’il suffit de répéter –je suis le plus intelligent – pour convaincre les peuples.

            Il est évident que la France n’a pas choisi la meilleure voie pour faire avancer une Europe de la Défense, pour autant qu’elle soit possible avec les institutions actuelles, les attributions de son exécutif : les interventions répétées du Président, en continuité avec celles de ses prédécesseurs, notamment Sarkozy en Libye, Hollande au Mali n’ont pas balisé un chemin de confiance avec nos partenaires ; le fait accompli d’Hollande en 2013, j’envoie les Mirages à Bamako,  – je sollicite ensuite nos amis européens pour nous soutenir militairement -, et le même type de démarche continue de nos jours, cahin-caha…

            Quand on a la chance d’avoir une petite culture historique, il est évident que la passé colonial de la France la place dans une position ambiguë, et qu’elle n’est pas la mieux placée pour intervenir dans cette région du monde.

            La situation actuelle de notre pays ressemble étrangement à celle de la Troisième République, aggravée par la réforme constitutionnelle de 2008 qui a donné encore plus de pouvoirs au Président, un blanc-seing pour engager la France dans de nouvelles guerres, en disposant d’une armée de métier dévouée et compétente : cela ne vous rappelle pas les grandes conquêtes coloniales de la Troisième République et les guerres de décolonisation d’Indochine et d’Algérie, avec le bémol du contingent en 1956, en Algérie ?

            L’Europe de la Défense dont on peut rêver sera celle des mers, de l’espace, des frontières, et du renseignement, car elle s’inscrira dans un tout autre cadre que celui du passé.

            Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés

« NOUS PAYSANS » France 2 du 23 février 2021

Un bon documentaire historique sur les révolutions successives qui ont bouleversé les campagnes françaises à partir du début du vingtième siècle.

            Sur mon blog, j’ai consacré quelques pages à la lecture critique de l’ouvrage d’Eugen Weber, intitulé « La fin des terroirs -1870-1914 », un ouvrage qui avait le grand mérite de décrire le monde paysan ultra-majoritaire de l’époque, bien loin des aventures coloniales extérieures de la France.

            Le documentaire montre bien les sauts historiques imposés à notre paysannerie, le rôle des femmes pendant la Première Guerre Mondiale et l’ébranlement du monde rural causé par la boucherie de ce conflit, puis les bouleversements causés par la Deuxième Guerre Mondiale, la mobilisation, et enfin les révolutions technologiques qui ont modifié complètement la vie paysanne, avec l’exode rural qui a vidé et déstabilisé nos campagnes.

            Deux remarques, la première relative au contenu du film, la distinction faite entre la modernité des années 1918-1939 et celle des années postérieures à 1945, ne m’est pas apparue toujours bien claire, alors que, sauf erreur, la révolution des campagnes françaises a plutôt été celle de la deuxième période.

            La deuxième, la crise viticole du Languedoc en 1907 ?

            Peut-être ai-je mal entendu ou compris, mais il est tout à fait étrange de ne pas avoir souligné qu’une de ses causes premières était celle de l’importation des vins algériens ? Monsieur Stora vous aurait sans doute bien documenté sur le sujet.

            Enfin, et pour me répéter au sujet de la supposée condition des « Indigènes de la République », les téléspectateurs ont pu constater que la paysannerie décrite partageait un sort très comparable à celui des indigènes des colonies.

Jean Pierre Renaud   –  Tous droits réservés

Retour à la proportionnelle avec Bayrou, un sujet du passé et non de l’avenir

Retour à la proportionnelle à l’Assemblée Nationale ?

Cà n’est vraiment pas un sujet pour la France du jour et de l’avenir !

  Rappelons pour tous ceux qui ont la mémoire courte ou une culture lacunaire que le scrutin majoritaire à deux tours pour les élections législatives n’est pas venu en France par hasard : de Gaulle l’a installé afin de mettre un terme à l’instabilité gouvernementale qui avait pour principale origine les partis charnières, radicaux ou centristes. Ils faisaient la pluie et le beau temps sous la Quatrième République, avec pour résultat la valse des gouvernements face aux défis du monde, et notamment la décolonisation.

            La proportionnelle a le grave inconvénient démocratique de donner le pouvoir de désignation des candidats aux appareils politiques centraux.

            Il est donc évident que la proposition Bayrou s’inscrit dans ce retour au passé. Ce projet sonne étrangement dans la bouche d’un homme politique qui a la prétention d’ouvrir la page d’un nouvel avenir au pays, en sa qualité de Haut-Commissaire au Plan.

            Ce projet risquerait évidemment d’avoir un effet de déstabilisation dévastateur dans une France aux prises avec une nouvelle crise comparable à toutes celles que le pays a déjà connues.

            Les pouvoirs de l’Assemblée nationale sont aujourd’hui déstabilisés par plusieurs facteurs, 1) le rôle des médias et des réseaux sociaux, 2) une conception très monarchique de l’exercice du pouvoir présidentiel tel qu’inscrit dans notre Constitution, 3) une inadaptation de nos institutions au monde actuel, entre Europe, République centralisée, et vitalité de nos régions.

            Le citoyen qui a suivi toujours avec la plus grande attention l’évolution politique de la France a toujours eu beaucoup de peine à s’y retrouver dans les méandres du centrisme.

            Le MODEM devrait se féliciter de compter autant de députés à l’Assemblée Nationale grâce au soutien « supplétif » dont s’est assuré Macron, sans avoir eu besoin d’une proportionnelle, d’autant plus que grâce au débauchage politique pratiqué, le nouveau Président a réalisé une autre forme de proportionnelle !

            Jean Pierre Renaud

Mutualité bancaire ou Mutualité boursicoteuse ? Natixis

Mutualité bancaire ou Mutualité boursicoteuse ?

NATIXIS, L’EMPRUNT RUSSE Du Siècle !

2006 = 19,55 euros & 2021 = 4 euros

Le Figaro Economie du 10/02/21 (page 26)

BPCE « Le groupe mutualiste sort NATIXIS de Bourse… »

BPCE « Le groupe mutualiste sort NATIXIS de Bourse… »

         A gauche sur la page,  Laurent Mignon Président du Directoire de BPCE :

         «  Le prix que nous proposons reflète bien la valeur de Natixis et offre une prime significative pour les actionnaires »

A la fin de l’article : « Les investisseurs de la première heure ayant conservé leurs titres Natixis risquent d’être amers. De fait, la banque a été introduite fin 2006 à 19,55 euros. Présentée alors comme un placement de « père de famille », elle avait été souscrite par plus de 2,8 millions de particuliers, le plus souvent clients des réseaux Caisses d’Epargne et Banque Populaire. « Le monde a changé en 2009 », a expliqué Laurent Mignon pour justifier l’écart de prix »

Est-ce que c’est mieux que le sort des emprunts russes qui ont ruiné beaucoup de petits épargnants français avant la Première Guerre Mondiale, Non !

Il s’agit d’un véritable abus de confiance de la part des Caisses d’Epargne, alors que beaucoup de ces épargnants ignorants de la Bourse, avaient été incités à faire ce placement par leurs « CONSEILLERS » des Caisses auxquels ils faisaient précisément confiance ! Un « placement de père de famille » ?

Il y a longtemps que les gens bien informés savent que la dénomination « mutualiste » est une tromperie !

Jean Pierre Renaud

Laïcité et Laïcisme: les contextes historiques ont changé mais les principes de la loi de 1905 sont les mêmes !

Laïcité et Laïcisme ?

Le contexte historique des années 2020 n’a plus rien à voir avec celui de la loi de 1905 sur la laïcité!

Mais les principes restent les mêmes !

     Dans le Figaro du 9 décembre 2020 (page 18), Jean-Marie Rouart a proposé une analyse fort intéressante de la situation de la France face à l’islamisme, sous le titre :

« Le laïcisme est un rempart illusoire face à la volonté de conquête de l’islamisme »

            Je me suis exprimé à plusieurs reprises sur ce blog en faveur de la séparation des Eglises et de l’Etat et de la loi de 1905 sur la laïcité A mes yeux, et depuis longtemps, j’estime que cette loi est un gage de paix civile et de liberté de conscience dans un pays meurtri par des guerres de religion entre catholiques et protestants.

            Ma position est fondée à la fois sur ma connaissance de l’histoire de France, sur le passé de ma famille en Petite Vendée, dans le Haut Doubs, sur les connaissances acquises au cours de ma jeunesse dans un Pays de Montbéliard encore marqué par des fractures anciennes entre les deux mondes religieux protestants et catholiques – les mariages mixtes n’étaient pas toujours admis des deux bords – , et enfin par mon expérience préfectorale.

            J’ai toujours la même conviction, mais il est clair que le contexte historique a complètement changé à nouveau avec l’expansion démographique arabo-musulmane des vingt et  trente dernières années, amorcée, très tôt dans le Pays de Montbéliard avec le recrutement des usines Peugeot de Sochaux, puis la politique de regroupement familial initiée en 1976.

            Aujourd’hui, l’islam est installé dans le Pays de Montbéliard – il y a même une mosquée –  et les pouvoirs publics rencontrent le même type de problème que dans les autres régions françaises marquées par une forte implantation de l’islam. La communauté chrétienne fait face à une rude concurrence, compte tenu du prosélytisme de multiples réseaux d’influence et de pénétration officielle ou clandestine dans la population : cette nouvelle religion était encore inconnue dans le Pays de Montbéliard jusque dans les années 1970-1980.

            L’Eglise catholique s’y trouve aujourd’hui en position paradoxale d’évangélisation et de conversion missionnaire.

            Laïcité ne veut pas dire « laïcisme » le mot utilisé par Jean Marie Rouart dans sa tribune, mais mise en pratique du verbe évangélique «  ce qui est à César est à César, et ce qui est à Dieu à Dieu», séparation entre un gouvernement religieux et un gouvernement civil, liberté de conscience, c’est-à-dire tout le contraire de la loi de la charia musulmane qui entend tout gouverner, les âmes, les esprits et les corps.

            La France n’a sans doute pas conservé le souvenir des batailles homériques qui ont déchiré le pays à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, entre les bleus et les rouges, les instituteurs, « hussards de la République » étant à la pointe de ce combat, avec en arrière-plan un facteur trop oublié, l’influence d’une franc-maçonnerie très influente encore dans le halo théorique des Lumières.

Tout au long de la Troisième République, la plupart des ministres partageaient des fraternités franc-maçonnes. Les mêmes encourageaient les conquêtes coloniales sous la bannière « officielle » des « Lumières », de l’universalisme,  de la civilisation occidentale.

Sur mon blog, j’ai cité, entre autres, le cas de Lyautey qui, lors de son commandement à Fianarantsoa (1900-1902), avait dû affronter des pressions maçonnes pour ne pas licencier un commis indélicat : des maçons s’étaient déplacés de Tananarive pour effectuer une démarche…

La franc-maçonnerie était puissante dans l’administration coloniale.

Dans les pays musulmans, la charia est la règle du jeu à la fois religieuse et civile. Les autres religions y sont interdites, les chrétiens y sont persécutés… Le Pakistan en a encore donné un exemple récent en condamnant à la peine de mort une jeune femme qui s’était convertie au christianisme. Crime suprême !

Pourquoi pas une petite question aux musulmans de notre pays ?

 Y-sont-ils persécutés ?

Au début du 20ème siècle, Ata Türk avait introduit la laïcité dans la constitution turque, mais ce régime de séparation des pouvoirs révolutionnaire a fait long feu. Ne renaîtra-t-il pas un jour prochain des cendres du régime dictatorial d’Erdogan ? C’est assez probable.

Face à cette évolution, pour ne pas dire révolution, fort bien analysée dans le livre de Jérôme Fourquet « L’archipel », que faire ?

Premiere préoccupation : l’ordre public – Faire respecter la laïcité en France, c’est soumettre à l’ordre public républicain l’ensemble des religions, islam y compris, une prescription d’autant plus difficile à appliquer, compte tenu de ce qu’il faut bien appeler le désordre qui règne dans cette religion, avec la dispersion des écoles de pensée religieuse, des institutions, des organisations, qui se font concurrence et très souvent la guerre. Il y a quelques années j’avais proposé une lecture critique du livre d’enquête de John R. Bowen sur l’islam de France qui en faisait  état. (blog des 19/10/12 et 7/11/12)

Nous refusons donc de nous voir imposer des interdits religieux qui ont conduit et conduisent encore les peuples du Moyen Orient à s’entretuer depuis des dizaines d’années, des mots d’ordre, quand il ne s’agit pas d’appels au meurtre terroriste.

Faire respecter l’ordre public républicain exige aujourd’hui une grande vigilance et beaucoup de prudence, compte tenu de la variété des canaux d’influence directe ou indirecte empruntés par toutes les formes d’un islam radical très souvent et trop souvent financé par l’argent du Golfe.

Certains pays de cette région ne dédaignent pas d’utiliser l’arme de la religion pour élargir ou consolider leur influence, quitte à nous faire partager leurs conflits avec d’autres puissances musulmanes concurrentes et  souvent ennemies.

Nous avons mis des siècles à construire un modèle de civilisation aujourd’hui décrié par des ignorants, des agitateurs de tout poil, dont les mots d’ordre simplistes  s’appuient sur de fausses logiques, une inversion des règles de notre vivre ensemble : la victime devient le coupable, et le blanc par définition dans certaines écoles de propagande « décoloniale ». Dans le cas présent, est islamophobe le citoyen attaché à la préservation de notre état de droit républicain et laïc…

Pierre- André Taguieff a décrit dans un livre très universitaire toutes les caractéristiques de cette désinformation qui tente de mettre en pièces  détachées nos systèmes de pensée dans nos universités et dans une pseudo-culture populaire, la trop fameuse « cancel culture » venue des Etats Unis. Le titre de ce livre est « L’imposture décoloniale »   « Science imaginaire et pseudo-antiracisme ». »

Est-ce que le Président de la  République Française n’a pas donné du grain à moudre aux partisans de ces mauvaises et nouvelles causes du « décolonial », en parlant du « privilège blanc », et auparavant à l’occasion de la présentation des propositions Borloo pour les quartiers sensibles, en les  mettant en doute, puisque venant  de « deux hommes blancs » ?

L’Eglise de France

Le grand mérite de l’article de Jean-Marie Rouart est d’avoir mis le doigt sur un problème très sensible dans un pays marqué par une importante déchristianisation, face à un islam conquérant, mais au moins autant marqué par un scepticisme généralisé mâtiné de consommation immédiate.

Les mouvements laïcs de leur côté n’ont pas été à la pointe du combat pour la laïcité, ne serait-ce que dans nos écoles !

Car il ne suffit effectivement pas de  croire qu’il est suffisant de brandir le drapeau de la laïcité pour régler le problème.

Jean-Marie Rouart note :

« Car aucune société, si avancée soit elle, ne peut se passer longtemps du sacré. Seules les religions sont capables de donner une réponse à la question de la finalité de la vie…

Or, il faut l’avouer, le christianisme aujourd’hui, et le catholicisme en particulier, est atteint non seulement dans sa pratique religieuse mais dans son être même….

« Le christianisme va-t-il mourir ? »…

Ce n’est donc pas sans une grande pitié que l’on assiste en France, à cette lente désaffection vis-à-vis d’une Eglise qui a été la colonne vertébrale de notre société, plus encore de notre civilisation, depuis vingt siècles, l’inspiratrice de notre sensibilité, et qui règne encore dans tant de cœurs désolés et inquiets de son déclin… »

Dans un registre différent, Jérôme Fourquet, armé de toute une batterie d’indicateurs statistiques propose le même type de constat dans son livre « L’Archipel » : l’Eglise catholique aurait rejoint le chapelet d’îles que décrit le livre, une île de plus en plus déserte.

Dans la première partie « le grand basculement » l’auteur décrit la « dislocation de la matrice catholique, « le déclin de la pratique religieuse, « les maries s’en sont allées. »

Né dans une famille très impliquée dans la vie de la paroisse de Montbéliard, et impliqué moi-même dans les mouvements de jeunesse, profondément marqué par le souvenir d’une paroisse dynamique qui fut à la pointe des combats de la Résistance contre les Allemands, je ne retrouvais plus au fil des années la paroisse active telle que je l’avais connue dans ma jeunesse, lorsqu’il m’arrivait de rendre visite à ma famille.

Le mouvement de déchristianisation qui anémiait progressivement mon ancienne paroisse était frappant, en tout cas dans les signes officiels de la chrétienté. J’avais donc sollicité mon beau-frère afin qu’il puisse recueillir les statistiques des sacrements délivrés au fur et à mesure des années, entre 1970 et 2015.

Les courbes des quatre sacrements étaient éloquentes car elles démontraient la chute vertigineuse du catholicisme à Montbéliard.

            Pour l’illustrer ces quelques chiffres :

En 1970 : Mariages : 115 – Baptêmes : 365 – Communions : 106 – Professions de foi : 203

En 2015 : Mariages : 8 – Baptêmes : 35 – Communions : 24 – Professions de foi : 34

Jusque dans les années 1980, le nombre des mariages se situait entre 100 et 200 chaque année, mais entre 2000 et 2015, la chute est vertigineuse.

De 1970 à 1975, le nombre des baptêmes dépassait le chiffre de 300 par année, se situa entre 200 et 100 entre 1989 et 2001, puis chuta de 1992 à 2015.

Les communions enregistrèrent une chute identique, passant de plus de 199 en 1975, à moins 100 à partir de 2002.

Comment interpréter une telle évolution ? Dans une France encore couverte par son « blanc manteau d’églises », comme au Moyen Âge, ses cathédrales, ses monastères, les multiples signes du christianisme sur ses chemins et places ?

            « La fin de la matrice catholique » ?

            Question pertinente qui appelle sans doute des réponses documentées en observant les pratiques religieuses qui vivent encore dans beaucoup de nos provinces, mais il est exact que le champ des catholiques s’est rétréci, en ne conservant aujourd’hui que les chrétiens les plus convaincus : ne s’agirait-il pas encore du sel de la terre ?

 L’Eglise a manqué le virage missionnaire et évangélique qu’imposait l’évolution d’une société de plus en plus consumériste, habitée par l’éphémère et le goût du collectif festif comme savent le faire les églises évangéliques.

Le christianisme aurait tort de ne pas exalter la beauté de ses églises et de ses monastères, de ses chants et de ses cantiques, le grégorien par exemple, en renouant avec sa riche pompe liturgique d’images et de sons.

Afin de faire face à la poussée de l’islam, à ses initiatives débordantes, à ses collèges de missionnaires, il n’est pas certain que le resserrement de l’église catholique ne permette pas d’affirmer avec plus de clarté encore son message évangélique d’amour, de fraternité sous la bannière de croyants qui n’assassinent pas leur prochain « mécréant » ou non, et qui ne persécutent pas les musulmans comme le font les musulmans pour les chrétiens dans leur pays.

Le Pays de Montbéliard était sans doute un terrain culturel favorable à la déchristianisation,  compte tenu des luttes religieuses qui y avaient longtemps divisé les chrétiens.

Dans notre histoire récente, deux assassinats ont marqué la conscience nationale, l’assassinat des sept moines de Tibéhirine en Algérie en 1996, et l’assassinat du Père Hamel en France, en 2016

En 1994, une des années noires de l’Algérie, – l’armée française et la France n’y furent pour rien –  quatre sœurs et quatre prêtres ont été assassinés en Algérie.

Les chrétiens d’Orient qui vivent encore dans les pays musulmans n’y sont pas les bienvenus : très récemment, la Turquie a soutenu l’Azerbaïdjan pour chasser les chrétiens arméniens des terres de leurs ancêtres dans le Haut Karabach.

Dans notre pays, des groupes de pression religieux, idéologiques ou politiques nous rabattent les oreilles d’une islamophobie qui imprégnerait nos institutions… Une simple question : est-ce que les musulmans de France sont persécutés ? Non ! Et ils le savent bien, alors pourquoi ces manifestations ?

            L’Islam en France ?

            Compatible ou non avec la République Française ? « That is the question”? Pour transposer la question posée dans le Hamlet de Shakespeare : être ou ne pas être un musulman français républicain ?

            D’ores et déjà, la France compte de nombreux musulmans qui ont adopté notre modèle républicain, avec la séparation entre le religieux et le civil et la liberté de conscience.

Lors des conquêtes coloniales, notamment en Afrique du nord et en Afrique de l’Ouest, la France a combattu des chefs musulmans, notamment les Almamy Hadj Omar, Ahmadou, ou Samory, sauf que ce dernier était un Dioula converti, et que la France, en vue d’imposer son pouvoir, s’était intercalée dans les combats entre royaumes musulmans et royaumes animistes ou fétichistes : elle n’y combattait pas l’Islam.

La France coloniale laissait vivre côte à côte des populations de croyances différentes, sans imposer telle ou telle religion, et dans l’Afrique de l’Ouest, elle s’était accommodée avec les grandes confréries qui, prônaient un consensus de paix civile.

            Dirais-je qu’elle aurait d’ailleurs eu beaucoup de mal à imposer une loi  religieuse dans un immense continent, avec une myriade de peuples, de croyances et de cultures différentes ? A titre d’exemple, une soixantaine de peuples dans la nouvelle Côte d’Ivoire de la fin du XIXème siècle !

La véritable question posée est celle de savoir si l’Islam de France, au moins dans sa majorité, dans telle ou telle de ses nombreuses écoles de pensée est disposé à s’engager sur notre chemin de séparation des pouvoirs, un chemin que la France a mis beaucoup de temps à emprunter, faut-il le rappeler ?

L’Islam de France aura-t-il le courage d’ouvrir cette voie nouvelle ?

Nous le souhaitons et nous ne sommes pas les seuls.

Les négociations récentes sur une charte républicaine des imams, si elles aboutissent dans l’intérêt de toutes les parties prenantes est un signe encourageant.

En tout état de cause, la France n’acceptera pas de se voir imposer, et quoiqu’il en coûte, une charia, quelle qu’elle soit, venue de Turquie, du Maghreb ou du Moyen Orient !

Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés