France 3 « Faut pas rêver » le 25/11/2011 – Madagascar: Découverte

France 3 « Faut pas rêver »

Le 25/11/2011

Madagascar : Découverte. Présentation : Tania Young. 2 heures

            Compte tenu du silence quasi-général de la presse sur la crise institutionnelle qui dévore les forces vives de Madagascar, à la suite du coup d’Etat, en 2009 du Président actuel de la HAT, il serait difficile de se plaindre de voir une de nos grandes chaines publiques consacrer deux heures d’émission à ce beau et grand pays.

            Les documentaires présentés ont permis de découvrir les beautés et les raretés d’un patrimoine naturel inégalable : la splendeur hautaine des forêts de baobabs, la profusion d’une forêt primaire mise en danger par la poursuite des cultures traditionnelles sur brûlis, et au moins autant sinon plus, les trafics mafieux de bois précieux, la richesse de la grande île en plantes médicinales ou rares de toute nature, un coup d’œil sur deux des richesses minières du pays, l’or ou le grenat vert, car il y en beaucoup d’autres…

            Le documentaire sur les Zafimaniri, les sculpteurs sur bois de la région d’Ambositra, était très intéressant, car leur travail artistique est remarquable.

            Je suis beaucoup plus hésitant sur les documentaires qui avaient sans doute le but de nous faire découvrir les mœurs et la culture de ce pays, car manifestement leur contenu faisait la part trop belle à l’étrangeté de certaines croyances traditionnelles de quelques-unes des régions de Madagascar, dont l’importance n’est sans doute pas, et  très vraisemblablement, celle que  l’émission lui accorde, le retournement des morts et le rite du « tromba », sorte de vaudou sakalave.

            Quant aux témoins de la modernité du pays, le film sur le petit train de Fianarantsoa à Manakara  en donne une image aimable, mais tout à fait désuète.

            Il est dommage que dans un exercice de découverte d’un pays comme celui-là, on ne consacre pas quelques minutes à un cadrage historique et géographique de type pédagogique : combien de françaises et de français savent que la superficie de la grande île est supérieure à celle de la France, et donc que la découverte proposée ne donne qu’un aperçu de ce grand pays ?

            Pourquoi enfin ne pas demander aux malgaches eux-mêmes comment ils nous auraient fait découvrir leur pays, et ce qu’ils auraient aimé nous montrer ? Ont-ils eux-mêmes apprécié le contenu de cette émission ?

Jean Pierre Renaud

A Madagascar, la mafia du bois, Arte du 25/10/2011

« Enquête en forêt tropicale »

A Madagascar, la mafia du bois !

Arte du 25/10/11

Un documentaire très intéressant pour tous ceux qui s’intéressent à Madagascar, en dépit de la grave crise de gouvernance politique et civique qui s’y déroule depuis plus de deux ans.

            Le documentaire montre bien les éléments et les étapes du trafic des bois précieux de Madagascar, entre les Etats Unis, l’Europe, et avant tout la Chine qui est au cœur de tous les trafics.

            On y voit les bois précieux du parc national de Masoala, bois de rose et ébène, pillés par les mafias internationales.

            Il sera sans doute difficile de lutter contre ces trafics tant que Madagascar n’aura pas retrouvé un pouvoir légitime capable de lutter contre ces trafics. La brève allusion à une rencontre entre le président « Hatif » (1) et un mafieux chinois, laisse un peu sur sa faim.

            Dommage que le commentaire, un  peu trop ingénu, fasse de l’espion écologique qu’est devenu un descendant de Bismarck, le héros de cette chasse au trafic de bois précieux, un héros avec des côtés de bande dessinée.

(1) Le président actuel de la Grande Ile parvenu au pouvoir par un coup d’Etat, cela fait  plus de deux ans

Jean Pierre Renaud

Vaudou: art, culture, religion, exotisme… une exposition de la fondation Cartier

Art, culture, religion, exotisme …?

VAUDOU : une exposition de la Fondation  Cartier pour l’art contemporain (5 avril – 25 septembre)

            Une certaine hésitation à aller voir cette exposition, et une certaine perplexité, pour ne pas dire, perplexité certaine, après l’avoir visitée.

            S’agit-il de beauté, d’art ? Ou d’objets étranges, de témoignages du culte vaudou, offrandes votives ou avatars des devins, des sorciers, des prêtres, des prêtresses vaudou, ou du dieu Legba ?

            Un mélange de croyances spirituelles et temporelles, de rites et de médecines traditionnelles,  qu’un européen a encore de la peine à comprendre.

            Que dire de cet alignement de « bocios », petits objets de culte, de divination, de sorcellerie, d’envoûtement,  couturés, ligotés, emmaillotés, cloués, transpercés ? Porteurs du bien et du mal ?

            Des objets plus étranges que beaux ! Et alignés en rang, comme dans une cour de caserne !

            Les Français ont sans doute de la peine à imaginer que quelquefois, dans leur entourage, des voisins prient leur « bocio » pour obtenir bonheur ou santé,  ou pour chasser le mauvais sort d’un ennemi, même s’ils ne doutent pas que d’autres, dits de bonne souche, ont le même type de croyances, ou de superstition, c’est selon.

            Toujours est-il que le véritable intérêt de cette exposition est moins l’art qu’elle est censée représenter que le témoignage d’une culture des côtes d’Afrique qui a vraisemblablement retrouvé de la couleur grâce au tourisme et aux nouvelles peurs du monde moderne.

Enfin, on peut s’interroger sur la référence choisie par l’exposition, celle d’une citation d’Hampâté Bâ :

« Salut à celui qui vient dénouer l’énigme des enlacements.

Chaque fois qu’on défait un nœud, on sort un Dieu. »

Le nœud qu’évoque le grand intellectuel et croyant africain n’est pas obligatoirement celui des « bocios ».

Jean Pierre Renaud

Edward.W. Said: Humanisme et Démocratie, notes de lecture

Humanisme et démocratie

Edward W.Said

Notes de lecture

            Les lecteurs du blog ont pu lire le commentaire de lecture que j’ai proposé sur le livre bien connu d’Edward W. Said, intitulé « L’orientalisme ». (blog du 20 octobre 2010)

            Ma lecture était stimulée par la thèse que soutiennent certains chercheurs, qui ont lu ou non cet ouvrage, d’après laquelle le regard de l’Occident sur l’Orient aurait été structuré par les écrits des écrivains orientalistes, et notamment leur récit de dépréciation des mondes orientaux. D’où l’impérialisme, le colonialisme, la supériorité de la civilisation occidentale, et tutti quanti !

Les conclusions de ma lecture ont heureusement été plus nuancées.

Ceci dit, l’œuvre de cet intellectuel au parcours original est incontestablement intéressante, car il possède à la fois une connaissance encyclopédique de la littérature occidentale et une culture, mais tout autant, une sensibilité orientale, qui lui donnent la possibilité de mettre complètement à plat nos références de la littérature occidentale.

Il me fallait donc aller plus loin en lisant un autre livre du même auteur « Humanisme et démocratie », et cette lecture est également intéressante, parce que l’ouvrage tente de répondre à au moins deux questions :

–       Les humanités de l’Occident, c’est-à-dire aussi l’humanisme, sont-ils les seuls à exister ?

–       Comment les textes représentent-ils la réalité ?

            L’auteur met évidemment en cause les « eurocentristes », et son combat rejoint celui des adversaires des « ethnocentristes », en relevant que l’humanisme n’appartient pas uniquement à l’Occident.

Il décrit donc le comportement et l’hygiène de vie intellectuelle de l’humaniste : « Pour l’humaniste contemporain, il est particulièrement opportun de cultiver cette conscience de la multiplicité des mondes et des relations complexes qui s’établissent entre les traditions, à savoir cette combinaison inévitable dont j’ai parlé et qui se produit entre l’appartenance et le détachement, la réception et la résistance. »(page 141)

            L’auteur préconise donc de décortiquer les textes, de les disséquer, d’aller toujours voir derrière le texte, le contexte, et beaucoup d’historiens sérieux retrouveraient sûrement, à travers la méthode d’analyse proposée, à travers la philologie, leur propre méthode d’analyse historique.

            « Nous sommes submergés par des représentations préétablies et réifiées du monde qui usurpent la conscience et préviennent l’exercice de la critique démocratique, et c’est au renversement et au démantèlement de ces objets aliénants que devrait se consacrer le travail intellectuel de l’humaniste, comme le dit si justement C.Wright Mills. » (page 133)

            L’œuvre d’Edward.W.Said s’inscrit dans la lignée de l’historicisme défendu par l’italien Vico au 18ème siècle, et dans celle du grand philologue allemand Auerbach, qu’il cite longuement.

Il fait un sort particulier à la citation ci-après de cet auteur :

            « La manière de considérer la vie de l’homme et de la société humaine est fondamentalement la même qu’il s’agisse du passé ou du présent. Si un changement intervient dans notre manière d’envisager l’histoire, il influera nécessairement, et très vite, sur l’idée que nous nous faisons des circonstances où nous vivons. Une fois qu’on a compris que les époques et les sociétés ne doivent pas être jugées selon quelque modèle idéal de ce qui serait désirable dans l’absolu, mais selon leurs propres normes ; une fois qu’on range parmi ces normes non plus seulement les facteurs naturels, tels que le climat et le sol, mais les facteurs intellectuels et historiques ; une fois que, en d’autres termes, on a pris conscience de l’action des forces historiques ainsi que de leur constante mobilité intérieure ; une fois qu’on a saisi l’unité que présente la vie de chaque époque, de sorte que chacun apparait comme un tout dont le caractère propre se reflète dans toutes ses manifestations ; une fois enfin, qu’on a acquis la conviction que les connaissances abstraites et générales ne permettent pas d’appréhender la signification des événements et que les documents qui les feront comprendre ne doivent pas être cherchés exclusivement dans les sphères élevées de la société ou dans les archives officielles, mais aussi dans l’art, dans l’économie, dans la civilisation matérielle intellectuelle, dans les profondeurs de la vie quotidienne et du peuple – parce que c’est là seulement qu’il est possible de saisir ce qui est propre à un temps, ce qui est marqué des forces qui l’ont animé intérieurement et ce qui est universellement valide en un sens à la fois plus concret et plus profond – alors on peut s’attendre que cette prise de conscience se répercutera aussi sur le présent, et que celui-là apparaîtra comme une réalité incomparable et unique, animée par des forces internes et en constante évolution. Autrement dit, le présent se révèlera comme un fragment d’histoire dont la profondeur quotidienne et toute la structure interne requerront notre intérêt aussi bien sous le rapport de leur genèse que des tendances de leur développement. » (Mimesis, page 439)

            Vaste et ambitieux programme donc que proposait Auerbach, et que l’auteur faisait sien !

            Beaucoup plus surprenante dans l’ouvrage est sa conclusion !

Elle porte sur trois combats, ceux auxquels  l’intellectuel engagé n’a jamais renoncé :

« le premier consiste à se protéger et à se prémunir contre l’oblitération du passé… » (page 243)

« Le deuxième combat est de constituer comme produit du travail intellectuel des champs de coexistence plutôt que des champs de bataille. » (page 244)

Et le troisième « Mon troisième exemple, et le plus proche de moi, est la lutte pour la Palestine, lutte qui, comme je l’ai toujours pensé, ne peut être simplement et réellement résolue par un redécoupage technique, qui est en fait une opération de gardiennage, de la géographie du pays accordant aux Palestiniens dépossédés le droit (telles que sont les choses) de vivre sur environ 20% de leurs terres, qui se trouveraient encore encerclées et sous la dépendance d’Israël…. Priver tout un peuple de sa terre et de son héritage ne peut jamais être considéré comme juste… » (page 246)

A lire attentivement ces textes, il est possible de se demander si certains groupes de chercheurs ne font pas fausse route en croyant s’abriter derrière un drapeau intellectuel qui n’est pas celui d’Edward.W.Said, car l’intéressé situe ses analyses bien au dessus de la mêlée Orient-Occident, si tant est qu’elle existe.

Jean Pierre Renaud

Nanosciences et ré-érotisation de la connaissance?

« La suite de l’histoire humaine dépendra de notre rapport avec la connaissance » Interview d’Etienne Klein, physicien au Commissariat à l’Energie Atomique

Journal La Tribune du 2 janvier 2011

            Une interview au contenu, au demeurant, intéressant, sur les relations qu’entretiennent les sociétés du monde, la nôtre évidemment comprise, avec les sciences. Le physicien note que les pays développés s’intéressent de moins en moins à la science, et qu’en France de moins en moins d’étudiants s’engagent dans les études scientifiques.

Vaste débat incontestablement que celui du rôle de la connaissance dans l’humanité, mais très curieusement, l’interview se termine sur une étrange évocation.

 Après avoir souligné l’importance de la mission capitale de transmission de la connaissance, l’auteur déclare :

            « Elle passe également par une ré-érotisation de l’acte de connaissance. Chacun doit pouvoir découvrir qu’on peut se faire plaisir avec la science, vibrer grâce à elle, car comprendre aide à mieux ressentir. »

            Comment ré-érotiser l’acte de la connaissance, sans jeu de mots, comment imaginer l’érotisme du nano-monde ? M.Klein va sans doute nous éclairer dans une autre interview, compte tenu de ses compétences éminentes en nanosciences, mais attention au réchauffement climatique !

Humour d’un « orientaliste » français: Pierre Loti

Humour d’un orientaliste français, Pierre Loti

« La mort de Philae)

 (FBFrançois Bourin Editeur, page 102)

« Le petit âne blanc et la vieille « cookesse » anglaise »

            Avant-propos

Je n’ai aucune idée des livres de Loti que lisent, encore, et peut-être, les jeunes générations, mais dans ma jeunesse l’auteur des « Pêcheurs d’Islande » nous était familier, plus que ses récits de voyage que j’ai découvert beaucoup plus tard.

Or Pierre Loti fut un grand voyageur, un voyageur infatigable, dans sa qualité d’officier de marine, à l’époque des conquêtes coloniales, mais aussi et tout autant, comme explorateur, pèlerin en quête des civilisations anciennes d’Asie ou du Moyen orient.

Un écrivain voyageur, car ses récits de voyage en Inde, dans la désert du Sinaï, et en Egypte, sont d’une très grande qualité littéraire, et ses reportages mêlent en permanence précisions géographiques, humaines, archéologiques, religieuses, souvent avec une belle écriture poétique.

Ce qui n’empêchait pas Loti de déplorer l’invasion touristique des Cook Limited, déjà, notamment dans la vallée du Nil !  

Et de manifester la même constance d’opinion anti-anglaise, alors partagée par beaucoup des officiers de la marine française.

Le lecteur trouvera ci-après un échantillon de l’humour de l’orientaliste Pierre Loti à l’occasion de son voyage en Egypte, en 1907, dont le titre pourrait être

 Le petit âne blanc et la vieille « cookesse » anglaise :

« Nous pensions en avoir fini avec les cooks et les cookesses du luncheon. Mais hélas ! nos chevaux, plus rapides que leurs ânes, les rattrapent au retour, parmi les blés verts d’Abydos (un temple), et un embarras dans le chemin étroit, une rencontre de chameaux chargés de luzerne, nous immobilise un instant, tous pêle-mêle. A me toucher, il y a un amour de petit âne blanc qui me regarde, et d’emblée nous nous comprenons, la sympathie jaillit réciproque. Une cookesse à lunettes le surmonte, oh ! la plus effroyable de toutes, osseuse et sévère ; par-dessus son complet de voyage, déjà rébarbatif, elle a mis un jersey pour tennis, qui accentue les angles, et sa personne semble incarner la responsability même du Royaume Uni. On trouverait d’ailleurs plus équitable, tant sont longues ses jambes dénudées de tout intérêt pour le touriste – que ce fût elle qui portât l’âne.

Il me regarde avec mélancolie, le pauvre petit blanc, dont les oreilles sans cesse remuent, et ses jolis yeux si fins, si observateurs de toutes choses, me disent à n’en pas douter :

–       Elle est bien vilaine, n’est-ce-pas ?

–       Mon Dieu, oui, mon pauvre petit bourricot. Mais songe un peu, fixée à ton dos comme elle est là, tu as au moins l’avantage de ne plus la voir.

Pourtant ma réflexion, bien que judicieuse, ne le console pas, et son regard me répond qu’il se sentirait plus fier de porter, comme ses camarades, un simple paquet de cannes à sucre. »

            Dans ce passage, comme dans beaucoup de ses récits de voyage, et après avoir visité le temple d’Abydos, Loti épingle les ravages que font déjà dans ces pays à civilisations anciennes, le déferlement des touristes de la Cook Limited anglaise, et les ravages de l’expansion occidentale.

Et pour la fin de la semaine, un peu d’humour turc!

De l’humour turc

« Sublimes paroles et idioties » de Nasr Eddin Hodja ( Phébus)

Un échantillon

            « On aimait bien embarrasser Nasr Eddin avec des questions oiseuses, ou carrément impossibles à trancher. Un jour, on lui demande :

–       Nasr Eddin, toi qui est versé dans les sciences et les mystères, dis-nous quel est le plus utile du soleil ou de la lune.

–       La lune, sans aucun doute. Elle éclaire quand il fait noir, alors que le soleil luit quand il fait jour. » (page 40)

L’Exposition « Angola Figures de pouvoir » au musée Dapper

« Angola Figures de pouvoir »

Musée Dapper à Paris

Une belle exposition à voir

            Une fois de plus, le musée Dapper nous donne à voir de magnifiques sculptures et objets, issus des civilisations africaines, ici essentiellement celle des Chokwe.

            Au XVème siècle, les Portugais entrèrent en contact, pour le commerce, avec le puissant royaume Chokwe situé au sud du fleuve Congo, et la traite négrière, puis la colonisation portugaise affaiblirent et perturbèrent gravement cette civilisation, pour ne pas dire plus.

            Les sculptures et les objets présentés en disent long sur la qualité de cette culture, sculptures et objets qui s’inscrivaient à la fois dans le pouvoir politique et dans le pouvoir religieux, notamment celui des ancêtres.

            Et c’est sans doute cette caractéristique qui nous donne l’image la plus étrange de leurs croyances, notamment le rôle important des objets culturels appelés « minkisi » ou « nkisi » : d’après la notice du musée, « les minkisi constituent des outils, des moyens activés par le nganga, l’officiant, pour interagir sur les mondes spirituel et physique auxquels appartiennent toutes les créatures vivantes. »

            A la fois donc une incomparable beauté de beaucoup de sujets et d’objets, et en même temps, à travers les figures et objets à but magique, une interrogation sur ce monde africain ignoré de beaucoup, alors qu’il nous est de plus en plus proche en France.

Jean Pierre Renaud

Exposition « Tous les bateaux du monde » au Musée National de la Marine

Une exposition formidable à voir au Musée de la Marine ! Jusqu’au 19 septembre 2010

« Tous les bateaux du monde »

La fabuleuse collection de l’amiral Pâris

            La présentation de l’exposition est d’un niveau exceptionnel : tout est d’une très grande qualité, textes, images et maquettes.

            C’est un marin aussi bien qu’un homme exceptionnel qui a rendu possible une telle exposition, l’amiral Pâris. Un officier de marine curieux de tout, comme il en exista tout au long du XIXème siècle, capable de faire trois tours du monde sur l’Astrolabe, la Favorite et l’Artemise, entre 1824 et 1840, de tout noter, tout dessiner, et de laisser un riche héritage sur les cultures marines de tous les continents et sur une ethnographie nautique mondiale dont il fut l’initiateur.

            Alors, on n’effectuait pas encore le Tour du Monde en 80 jours !

            Un trésor de plans, d’images, de croquis, d’aquarelles, et de maquettes.

            Mais derrière les bateaux, les hommes, les architectes et les marins des côtes d’Océanie, des Amériques, d’Asie, ou d’Afrique, avec toujours le même message, une égale intelligence humaine pour affronter la mer.

            Et comment ne pas oublier que la marine française compta dans ses rangs un nombre important d’officiers explorateurs et découvreurs de terres nouvelles, tout au long du XIXème siècle.

A la mémoire de Jean-Joseph Rabearivelo, grand poète malgache!

Jean-Joseph Rabearivelo s’est suicidé le 22 juin 1937, de tristesse et de désespoir. Il avait célébré sa future mort, et son retour vers sa terre natale, dans ces vers:

    Avec l’idée – oh! sans trembler – qu’un jour ma chair

   et mon front

   et mes os pourriront

   en ton sein, au mlilieu

   des restes innombrables

   et méconnaissables

   de mes aïeux

 Ce suicide signait à sa façon l’échec d’une colonisation française pleine de contradictions, aveugle, et bien incapable d’ouvrir les portes de la République Française à tous ses enfants de l’outre mer. Le grand poète n’en pouvait plus d’être déchiré entre deux mondes, celui de ses ancêtres et celui du colonisateur