Histoire et Mémoire? Histoire coloniale et Mémoire coloniale ? Mémoire collective et Inconscient Collectif

Histoire et Mémoire ?

Histoire coloniale et Mémoire coloniale ?

Mémoire Collective et Inconscient Collectif ?

Mémoire collective ou histoire « immédiate » ?

La France a-t-elle une « mémoire collective coloniale », de même qu’un « inconscient collectif colonial » ?

            Comme je l’ai déjà écrit, un courant contemporain d’historiens et de chercheurs a mis l’éclairage sur l’importance de la mémoire « historique », au risque d’entamer la confiance que l’on peut accorder aux recherches historiques les plus sérieuses, notamment en avançant l’idée ou le principe d’une mémoire collective « coloniale », et même d’un inconscient collectif « colonial ».

            J’ai traité ce sujet sur le blog à plusieurs reprises, notamment le 15 avril 2010, en résumant la leçon que proposait Maurice Halbwachs dans son livre « La mémoire collective », en relevant la critique de fond que suscitait le discours de l’historien Stora sur l’existence ou non d’une mémoire collective coloniale, de même que le discours tenu à la Mairie de Paris dans un colloque intitulé « Décolonisons les imaginaires ».

Dans un article publié sur le blog, le  15/04/2010, je m’attachais à :à définir ce qu’est la mémoire collective selon les critères d’Halbwachs, son véritable initiateur, ci-après (contribution 1) , à proposer au lecteur trois analyses concrètes de textes ou de situations évoquées par des historiens ou d’autres intellectuels, « La guerre des mémoires » de l’historien Stora, d’une part (contribution 2), et le colloque de la Mairie de Paris du 12/03/09 sous le titre « Décolonisons les imaginaires », d’autre part (contribution 3).             

1-  Histoire ou mémoire collective ?

Contribution 1  Le débat postcolonial avec l’éclairage Hallbwachs

            A lire articles ou livres de chercheurs, sociologues ou historiens, notre mémoire collective jouerait un rôle primordial dans l’approche et la compréhension de notre histoire coloniale.

            Une mémoire collective investie d’un rôle clé, quelques exemples :

            Premier exemple, le livre « La guerre des mémoires ».

             Citons des échantillons des textes dans lesquels il est fait référence à ce concept.

            « La guerre des mémoires n’a jamais cessé » (p.18), «  la fracture coloniale, c’est une réalité » (p.33), le « refoulement de la question coloniale » (p.32), « Pourtant la France a conservé dans sa mémoire collective jusqu’à aujourd’hui une culture d’empire qu’elle ne veut pas assumer (p.32), « les enfants d’immigrés sont porteurs de la mémoire anticoloniale très puissante de leurs pères » (p.40).

            Deuxième exemple, le livre « L’Europe face à son passé colonial »

            A la page 144, un historien note « une explosion mondiale des mémoires », et un autre écrit à la page 219 : «  La mémoire coloniale constitue depuis plusieurs années un sujet primordial dans le débat public français. »

            Troisième exemple, le livre « Petit précis de remise à niveau sur l’histoire africaine à l’usage du président Sarkozy ».

            Un historien illustre à plusieurs reprises le concept : « une vision largement partagée par nos concitoyens (p.113) », « ces stéréotypes », « cette façon de voir les Africains est bien présente dans la mentalité française (p.116) », « combien le discours de Dakar « colle » à une opinion majoritaire en France » (p.122), « au service de l’anéantissement de ces clichés et stéréotypes si profondément ancrés dans une certaine vision de l’Afrique. » (p.123)

            Quatrième exemple, le livre « Mémoire année zéro ».

            Brillant essai d’un auteur habile à manier les concepts de mémoire, d’histoire, et d’identité nationale, à donner le vertige intellectuel au lecteur, j’écrirais volontiers d’une excellente facture « ENA ».

            Dans cet essai riche en citations, références, jugements et perspectives,  l’auteur écrit : « A côté de l’histoire, la mémoire était un instrument commode et populaire. La mémoire est collective (1). Les souvenirs sont individuels. (p.24) » La note (1) de la page 39 renvoie au livre « La mémoire collective » de Maurice Halbwachs, sans autre plus de précision.

            A la même page 39, l’auteur écrit : « On le voit : notre mémoire collective est en crise… »

            L’auteur nous entraîne dans un exercice de haute voltige intellectuelle autour du concept de mémoire, sans attacher, semble-t-il, une grande importance à la définition stricte des concepts manipulés, notamment sans asseoir ses raisonnements sur la définition rigoureuse de la mémoire collective qu’en a proposée Halbwachs.

            A partir de quelle définition et quelle mesure, ces appréciations et assertions sont-elles formulées, donc sur quel fondement ? Telle est la question

A force de lire articles et livres portant sur l’histoire coloniale, sur le passé colonial de la France, je me suis posé la question de savoir ce qu’était cette fameuse mémoire collective, nouvelle panacée de certains intellectuels, comme nous l’avons vu.

            J’ai donc été à la rencontre de l’inventeur, sauf erreur, de la théorie de la mémoire collective, c’est-à-dire Maurice Halbwachs, et donc de son livre fondateur, comme certains disent de nos jours.

            Rien ne vaut en effet, même pour un historien amateur, d’aller à la source.

            Qu’est-ce que nous dit cet auteur ? Dans un ouvrage austère, mais très bien écrit, Halbwachs analyse tous les aspects de la mémoire collective et en décrit les conditions de base, c’est-à-dire : une mémoire collective qui ne peut être définie que par rapport à :

            un espace (lequel ?),

            un groupe déterminé (lequel ?),

            un temps historique (lequel ?).

             Le sociologue ne manque pas de préciser qu’une mémoire collective a une durée de vie limitée (laquelle ?).

            Les héritiers du grand sociologue ont été inévitablement confrontés à la mesure de cette fameuse mémoire collective, en proposant méthodes, et outils de mesure quantitative, au moyen d’enquêtes statistiques fiables.

            Le constat : dans les textes des livres cités, nous n’avons trouvé ni définition du concept, ni indication de sources d’enquêtes statistiques, qui pourraient accréditer le discours de ces chercheurs.

            Je conclurai donc en faisant appel à la sagesse du bon vieux Descartes, comment ne pas douter, en tout cas pour l’instant, du fondement de ces affirmations, tant qu’elles ne s’appuieront pas sur des démonstrations conceptuelles et statistiques ?

            Pourquoi ne pas se demander entre autres si la fameuse mémoire collective française n’est pas plutôt branchée sur l’Europe, allemande, anglaise ou italienne, plutôt que coloniale ? A démontrer !

            Quelques citations éclairantes pour finir :

            « C’est à l’intérieur de ces sociétés que se développent autant de mémoires collectives originales qui entretiennent pour quelque temps le souvenir d’évènements qui n’ont d’importance que pour elles, mais qui intéressent d’autant plus leurs membres qu’ils sont peu nombreux. »  (page 129)

            « La mémoire collective, au contraire, c’est le groupe vu du dedans, et pendant une période qui ne dépasse pas la durée moyenne de la vie humaine, qui lui est, le plus souvent, bien inférieure. » ( p,140)

            « Chaque groupe défini localement a sa mémoire propre, et une représentation du temps qui n’est qu’à lui. » (p, 163)

&

Mes recherches personnelles m’avaient conduit à m’interroger, notamment dans le  livre « Supercherie Coloniale » sur le discours mémoriel du collectif de chercheurs de l’équipe Blanchard, d’après lesquels la France de la Troisième République, puis de la Quatrième, aurait été imprégnée de culture coloniale puis impériale, plongée dans un « bain colonial », sans en avoir apporté les preuves scientifiques suffisantes, sans proposition d’une méthodologie de l’existence de la mémoire collective en question.

            Le chapitre IX de ce livre a résumé questions et critiques sous le titre «  Le ça colonial ! L’inconscient collectif ! Freud au cœur de l’histoire coloniale. Avec l’Algérie, l’alpha et l’oméga de la même histoire coloniale » (page 235 à 281)

Mes conclusions n’ont pas changé, faute pour les historiens et les mémorialistes de proposer une méthode scientifique de calcul qui permette effectivement d’y procéder :

  1. Comment parler de « mémoire collective » coloniale sous la Troisième République alors que l’instrument statistique des sondages n’a commencé à être utilisé en France, qu’après 1945 ? Et pour la période antérieure « coloniale » à partir de quels vecteurs de mémoire collective supposée ?
  2. Comment parler aussi d’un « inconscient collectif » colonial existant sous la Quatrième ou Cinquième République, sans s’être donné les moyens de le mesurer par des enquêtes d’opinion sérieuses, comme il est possible de le faire depuis de nombreuses années ?

A la condition sine qua non qu’on puisse scientifiquement l’ausculter et le mesurer ?

  1. Question : à partir des travaux de l’Observatoire B2V, et du livre « La mémoire entre sciences et société », la situation a-r-elle évolué avec les instruments statistiques nécessaires pour évaluer la mémoire collective du passé, ou encore l’inconscient collectif du même passé, grâce aux travaux de cet Observatoire ?      

Après avoir lu un article de Pascale Senk dans le Figaro du 20 mai 2019 sous le titre « Quand l’imaginaire collectif nous ébranle », et l’interview de Francis Eustache intitulée « La mémoire collective est en pleine expansion », ma curiosité a de nouveau été éveillée par ce sujet, et donc par ce livre.

Pascale Senk faisait référence à la publication d’un ouvrage collectif dirigé par Francis Eustache, intitulé « La mémoire, entre sciences et société » (Observatoire B2V des Mémoires- Le Pommier poche), avec la collaboration de six scientifiques, une psycho gérontologue, une neurologue, un spécialiste d’intelligence artificielle, un neurobiologiste, un historien, et un philosophe.

Ce livre de plus de 700 pages a évidemment un contenu austère pour un lecteur non spécialisé dans les disciplines traitées tout au long de très nombreux chapitres distribués dans cinq parties :  « Mémoire et oubli » (p,15 à 133) – « Mémoire et émotions » (p,133 à 277) – « Ma mémoire et les autres » (p,277 à 406) – « Les troubles de la mémoire : prévenir, accompagner »  (p,406 à 537) – « La mémoire du futur » (p, 537 à 671).

Le sous-titre de l’’article de Pascale Senk cadrait bien le sujet : « Catastrophes, attentats, faits divers… Face à l’actualité, notre vie psychique a aussi une dimension collective », de même que sa conclusion :

« Reste que de puissantes images nous imprègnent et constituent une autre forme d’imaginaire collectif se construisant en permanence : un héros donnant sa vie pour d’autres, des avions s’encastrant dans des buildings ou une cathédrale qui brûle. Combien de temps agiront-elles en chacun de nous, et pour les générations suivantes ? Nous l’ignorons. »

Dans l’interview de Francis Eustache, neuropsychologue de la mémoire humaine, et à la question : « Le Figaro – Pour vous qui travaillez sur la mémoire la notion d’inconscient collectif est-elle pertinente ?

Oui, car aujourd’hui les différentes disciplines étudiant la mémoire se rejoignent. Pendant longtemps, la psychologie et les neurosciences, d’une part, les sciences sociales, d’autre part, travaillaient de manière séparée. Aux premières l’étude de la mémoire individuelle, typique, ou malade ; aux secondes, la mémoire collective, avec un focus sur le fait que certains événements étaient occultés car ils n’avaient pas de signification sociale, mais finissaient par ressurgir. A Caen par exemple, les conséquences des bombardements alliés, ont longtemps été passées sous silence. Il a fallu soixante-dix-ans pour que l’on mentionne les victimes (25 000 victimes civiles). Mais les Normands qui avaient vécu cela avaient en fait deux mémoires : l’une familiale, beaucoup ayant perdu un ou plusieurs membres de leur famille sous ces bombardements ; l’autre collective, qui parlait de reconstruction et d’accueil des libérateurs. Différents types de mémoire peuvent donc cohabiter en chacun. »

  • Sont-elles transmissibles ?

« En tout cas, lorsqu’elles correspondent à des blessures indélébiles, leur récit saute souvent une génération…

Est-ce l’émotion qui « imprime » ces mémoires ?

Oui, quand l’histoire collective, rejoint un vécu personnel, cela crée une émotion surprenante qui nous dépasse. Nous cherchons à décrypter scientifiquement, par l’imagerie cérébrale, l’observation des neuro-cognitions et des enquêtes d’opinion par exemple, ces liens entre ces deux dimensions mnésiques. D’autant plus qu’avec les caisses de résonance que sont devenus les médias, les événements sont amplifiés. La mémoire collective est en pleine expansion.

Vous travaillez notamment sur la mémoire des attentats du 13 novembre 2015 … »

Pourquoi ne pas se demander si les deux concepts d’’inconscient collectif et de mémoire collective sont synonymes ?

Première partie  

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Le Questionnaire Citoyen – Questions N°2 – La justice française ?

Le soupçon légitime sur l’indépendance de la Justice !

En raison d’une « instruction » judiciaire quasiment ouverte à tous !

        Récemment, et une fois de plus, la justice française a été accusée de parti-pris politique, mais une fois de plus, les médias et notre belle intelligentsia n’ont pas soulevé les raisons légitimes du soupçon :

        Un secret de l’instruction « bidon » comme l’affaire Fillon l’a démontré, le secret des sources venant opportunément au secours de cette violation quasi-habituelle du secret de l’instruction par certains magistrats, certains policiers, les avocats souvent, de même que les citoyens incriminés…

        Je rappelle que sur ce blog j’ai dénoncé cette violation du principe constitutionnel de séparation des pouvoirs, – après des primaires légalement autorisées – quelles que puissent être les interprétations des uns et des autres sur les « infractions » dénoncées, car le respect de ce principe est une des clés de la bonne santé de notre République.

       Il est évident que ce soupçon demeurera aussi justifié, tant que le Parquet restera sous les « ordres » des Gardes des Sceaux, c’est-à-dire des gouvernements, quelles que puissent être les belles déclarations quant au distinguo entre directives collectives et individuelles, au cas par cas.

       Tous les initiés savent que beaucoup de parquetiers informent leur hiérarchie sur les affaires sensibles qu’ils traitent, le  plus souvent sur demande d’ailleurs des parquets généraux ou du Cabinet du Ministre de la Justice.

         Dans  la capitale, et compte tenu des institutions locales, un Préfet de Police dont dépend la Police judiciaire, le Procureur de Paris n’a pas le privilège d’être souvent le premier informé.

         L’élection de Macron n’a rien changé.

         Tout au long de ma carrière publique, j’ai toujours été frappé par la servilité quasi-généralisée dont souffrait la haute administration.

Une justice prétorienne de proximité à créer !

     Une suggestion enfin, qui simplifiera le fonctionnement de notre justice, l’institution d’une vraie justice de proximité, pas nécessairement professionnelle, dotée d’un pouvoir de sanction immédiate des infractions les plus courantes de la vie sociale.

Manifestants à visages découverts ou à visages masqués !

Une nouvelle sanction légale est nécessaire !

        Les mœurs de la société actuelle sont très complaisantes avec l’habitude que de très nombreuses personnes ont prises d’échanger des photos, notamment des selfies, sur toutes sortes de réseaux sociaux.

      Ces images circulent en abondance et en boucle un peu partout.

      Ayons une justice moderne, bien de son temps, et adaptons-la au temps présent, en l’autorisant à publier la photo de manifestants violents et casseurs, arrêtés lors de manifestations.

     Enfin, en ce qui concerne les Avocats, nombreux sont les Français qui se posent la question de leur rémunération – qui les paie ? – quand ils prennent la défense de terroristes, ennemis de notre pays, incarcérés à l’étranger ou en  France ?

     Un peu plus de transparence financière nous ferait sans doute du bien !

Jean Pierre Renaud et Marie Christine Renaud-Varin

« Et Si »… Marion avait fait le bon diagnostic médical ?

« Amener dans un avenir commun des Français issus de courants variés de la droite »

 Le Figaro Magazine du 7 septembre 2019, Interview exclusive (pages 73 à 75)

       La droite française n’est pas morte, mais elle a le plus grand mal à résoudre ses contradictions et à exister, prise entre des Marcheurs gloutons et enjôleurs et un Rassemblement National de plus en plus attractif, faute de proposer aux Français un cap et une remise en ordre tous azimuts  de notre République.

            Au fur et à mesure des années et depuis plusieurs dizaines d’années, le Front National, rebaptisé Rassemblement National, fait son nid, et n’a pas beaucoup de peine à le faire, grâce à la publicité permanente que lui font ses adversaires politiques, « au loup ! au loup ! », et à l’immobilisme prolongé des pouvoirs publics pour répondre aux inquiétudes réelles des Français sur une immigration officielle « supposée » et clandestine qui continue à déstabiliser notre vivre ensemble (regroupement familial à géométrie variable, mariages forcés, droit du sol, droit d’asile…)

        Par ailleurs et de concert avec l’Europe, notre pays met en œuvre une politique étrangère laxiste mettant en cause la sauvegarde de notre économie nationale, avec le démantèlement progressif de nos atouts industriels.

            A chaque élection nationale, il est évident que le Front National est présenté comme le bouc émissaire rêvé des anciennes gauche et droite, faute de proposer aux électeurs des programmes de réforme sérieux.

            Le président actuel fait tout ce qu’il faut pour faire le vide entre son mouvement et le Rassemblement national, avec la conviction que c’est la recette magique pour durer, sauf si les droites actuelles divisées ou ennemies étaient capables de mettre sur pied une coalition capable de gouverner.

            Tel semble être le message que porte Marion Maréchal, en dehors des partis classiques, mais avec le soutien de certains d’entre eux.

         En cas de succès, les gens qui sont le plus opposés aux ambitions du Rassemblement national auraient réussi à faire entrer le « loup » supposé et rêvé dans la « bergerie républicaine ».

Jean Pierre Renaud

Les Indigènes de la République et l’art africain de la Cour d’Abomey: deux pièces à verser au dossier

Avec Jean Clair : dans le livre « Terre natale » « Exercices de piété » (Gallimard-2019) où « Il évoque à nouveau son enfance en Mayenne, ses parents dont il dresse  des portraits émouvants, presque déchirants, la campagne des années quarante et cinquante qui a disparu comme les haies qui la scandaient, revenant ainsi à des thèmes dont ses lecteurs sont familiers. »

            Historien d’art, Jean Clair a été directeur du Musée national Picasso-Paris jusqu’en 2005.

            Il s’agit d’un livre austère, mystique, nourri de culture et de voyages, souvent décoiffant, lorsque l’auteur décrit la société actuelle par rapport à celle du passé de notre pays.

            Dans ses réflexions sur l’art, le lecteur ne peut évidemment pas manquer d’y voir la marque du sous-titre de ce livre « Exercices de piété ».

            Je propose quelques extraits de son texte qui font écho à quelques-unes de mes réflexions et publications sur deux sujets, la propagande du groupe de pression « Les Indigènes de la République » et la restitution d’objets d’art de l’Ouest Africain à  leurs pays d’origine, anciennement le Dahomey, aujourd’hui, le Bénin.

            En ce qui concerne, ce deuxième thème, le lecteur aura la possibilité de relier le propos « religieux » de l’auteur à la comparaison que fit un illustre hiérarque de l’association en question : ce dernier indiquait qu’en privant le Bénin du Trésor de la Cour de Béhanzin à Abomey, notre pays privait ses habitants d’une sorte d’équivalent de la basilique royale de Saint Denis.

Les Indigènes de la République

            Le blog de janvier 2017 a consacré de nombreuses pages au thème polémique des Indigènes de la République, notamment en citant de larges extraits du livre d’Eugen Weber « La fin des terroirs » dans lequel l’auteur décrit le passé de nos terroirs.

         La condition des paysans de France n’avait rien à envier à celle de beaucoup d’Indigènes des colonies françaises,  une comparaison historique chère à certains groupuscules politiques et multiculturels voués à la revendication, à la repentance, et à la réparation, le plus souvent en monnaie sonnante et trébuchante…

         « Monuments aux morts, griffés de haut en bas, au cœur du village, tables de marbre, dans la nef de l’église, entassant des noms dont personne ne se souviendrait plus. Les paysans avaient fourni la piétaille pour les charniers de la Première Guerre. Cela avait permis de réduire une classe sociale dont la nécessité n’était plus évidente. On se servirait d’eux, une dernière fois. Les masses rurales, jusqu’alors majoritaires, nécessaires à nourrir la nation, avaient été intégrées, du moins le voulait-on ainsi, dans une entité administrative qui leur assurerait la sécurité, la santé, l’éducation, l’armée, la  police, les juges, les gendarmes, les instituteurs. Mais ces communautés furent en réalité dépouillées de leurs droits communaux, prés communaux, droit de chasse et de pêcher, code forestier, privés de leur façon de vivre, de penser et de parler, et soumis finalement à des conventions et à des langues qui leur éraient étrangères, comme un conquérant l’impose à des colonisés. Les colonies de ruraux étaient là, clairsemées et isolés, prêtes pour une exploitation économique.

        Plus peut-être. Il  m’arrive de penser que la façon dont les petits paysans furent les premiers appelés au début de la guerre d’Algérie pour renforcer les effectifs de l’armée d’active, rappelant la façon dont on avait à sa fin enrôlé les harkis pour renforcer le contingent venu des villes. Les paysans de nos campagnes avaient été les derniers des colonisés, les idiots des Landes et les crétins des Alpes, les péquenots des patelins perdus, plus proches des indigènes, des autochtones d’outre-mer, des djebels de Kabylie ou des Marquises, que des gens des cités qui venaient l’été les visiter. On les laisserait tomber après coup, comme avait laissé tomber les supplétifs, pour achever de réduire, jusqu’à la faire disparaitre, une communauté rurale devenue inutile, et inassimilable. » (page 103)

            Quelle population aura connu une telle décimation ? Ils auront perdu jusqu’à leur nom. De « paysans », ils sont devenus des « agriculteurs ». Ou bien ailleurs, des « éleveurs ». Mais les paysans étaient à la fois et nécessairement des agriculteurs et des éleveurs. On les avait sommés de choisir, comme l’ouvrier à la chaine doit se spécialiser. Les deux mamelles se sont taries. Et les « pays » ont disparu…. » (page 107)

&

L’art de la Cour d’Abomey

&

« TERRE NATALE »

Jean Clair

XXIII

« La Débâcle » (page 373)

 L’art de la Cour d’Abomey

                        « … On a rempli les musées à mesure qu’on vidait les églises Mais le sanctuaire est un lieu qui a un sens, ordonné qu’il est à l’horizontale comme à la verticale, par des objets, statues ou peintures, disposés selon leur destination, chacun ayant sa valeur et son sens, du portail où sont les saints à l’autel où sont les dieux, du niveau où sont célébrés les Evangiles à celui où l’on se remémore les Epitres : un espace plein où rien n’est interchangeable, ne se soustrait ni ne s’ajoute, un parcours qui a son début et sa fin.

            Le musée et la collection, eux, ne nous livrent jamais que des matériaux errants, indifférents, qui ont perdu leur destination, leur pouvoir et leur sens. Sans attache, et sans fin. L’errance contre l’orance. » (page 387)

          J’ai fini par haïr les musées auxquels j’ai consacré ma vie ; ils illustrent trop bien l’échec de notre temps. A quoi bon constituer les collections d’art primitif, les quatre-vingt-dix mille objets ou plus venus d’Afrique ou d’ailleurs que conserve Branly et qu’on prétend aujourd’hui restituer ? Des œuvres d’art ? La notion était inconnue de ceux qui les façonnèrent : masques rituels, objets cérémoniels, c’étaient des instruments de culte, que les tribus détruisaient, que l’on brûlait, après qu’ils avaient servi. Seule la curiosité des Européens permit de les sauver, de les conserver, de les classer, de les inventorier et de les exposer.

        Les tribus africaines n’agissaient pas différemment des sociétés de la Grèce et de la Rome antiques, dont les prêtres enfouissaient dans des favissae, ou jetaient au feu, les objets qui encombraient les temples, mais qui n’en demeuraient pas moins la propriété des dieux, et non des œuvres d’art destinées à la satisfaction des hommes.

       Les musées nés de la modernité républicaine ne sont pas les fosses ni les bûchers des objets de culte où les conserver une fois que le culte a disparu. Tout au contraire prétendent-ils les sauver de l’invisibilité pour les offrir au regard des terrestres. Ce faisant, ils leur retirent leur pouvoir et leur sens.

       Plus courageux serait de restituer à l’église les sculptures, les retables qui n’ont jamais cessé d’avoir un sens et une vertu dans une société et dans une culture qui sont toujours les nôtres. Retirer une Piéta de l’autel pour lequel elle a  été conçue, et la raccrocher aux cimaises d’un musée, entre l’effigie d’un Roi et les figurants d’une bataille ; c’est priver l’image d’une puissance qui  la faisait participer du sacré et représenter les traits non seulement d’une personne, mais aussi de la force active qui était la sienne. Et finalement, au bout de quelque temps, c’est effacer au regard du visiteur de hasard ce qu’elle voulait si magnifiquement dire, selon une imagerie et des figures rigoureusement réglées – pour ne plus être qu’un jeu gratuit de formes, un néant visuel dans lequel l’art dit contemporain viendra puiser les raisons de sa fausse existence.

       Oserait-on faire chez nous ce que les Russes ont fait chez eux, quand le régime soviétique ayant disparu, on restitua aux orthodoxes les trésors dérobés après la Révolution dans le but de créer un musée des Religions et de l’Athéisme… ». ( page 397)

        « Inanis et vacua, informe et vide, sans forme et sans fond, c’est aussi une façon cavalière, en deux mots, de définir la nature de l’art dit contemporain, dans les derniers instants de son aventure. Dissolution, dislocation, disparition de toute forme visible, dispersion des limites, explosion des enveloppes, mais également refus du dicible, du mot, du sujet, de ce que dit l’image, et si précisément et si bellement, au-delà des incertitudes et des efforts des mots de la langue écrite et parlée.  Rien n’est sorti de cet art moderne et contemporain, qui prétendait annoncer le futur et lui donner son sens . Rien n’est sorti de lui que le tohu-bohu des musées sans forme et sans issue, et la rumeur des salles de vente hystérisées.

        Nous sommes à l’autre bout de l’histoire humaine non plus à sa genèse, dans ce désert de feu où brûlent les usuriers, les vendeurs, les marchands, tout empressés dans leur vie, à donner une valeur à des objets qui n’en avaient pas. Foires affolées où rien ne se vend que du vide, enchères où rien ne part qu’à des prix insensés. Titrisation du néant, usure de l’usurier qui perpétue l’illusion de l’art, en magicien funeste qu’il est, qui gesticule et qui crie, au-dessus du vide à présent béant… » (page 400)

       « En quel cercle de l’Enfer faudra-t-il les jeter, plus bas encore que le cercle où rôtissent les damnés de Dante ?

      La dévaluation des valeurs, Nietzsche n’aurait osé l’imaginer. Une dévaluation des valeurs autrement radicale que les dévaluations monétaires entrainées par la guerre, puisqu’il s’agit à travers la fiction nommé « art », de vendre de l’argent pour avoir plus d’argent. Car plus rien n’est une valeur, mais le signe d’un signe qui finit par ne plus rien signifier. Jeff Koons, Damien Hirst et les autres, à quoi bon nommer ces faux dieux, qui n’ont jamais  remplacé ceux que je craignais, que je priais et que j’aimais jadis, au moment de quitter une terre natale, devenue terre vaine aujourd’hui. » (page 401)

Commentaire : à lire ce texte sans concession et pour la définition de l’art en général aussi bien que celle de l’art contemporain, peut-être ne sommes-nous pas beaucoup moins loin de l’art africain que l’on ne pourrait le penser ?

     Eloigné de ses terres d’origine et de ses croyances, quel sens peut avoir l’art africain que les occidentaux ont mis à la mode, un art africain que la société moderne a placé comme catégorie de l’art contemporain décrite par l’auteur, avec tout ce que cela a entrainé  sur le plan de la spéculation et de la mode ?

       Pour avoir traité à maintes reprises sur ce blog de sujets d’histoire coloniale ou postcoloniale et des controverses qui agitaient encore l’histoire postcoloniale  sur les héritages blancs ou noirs, vrais ou supposés, il n’est pas interdit de penser que les revendications portant sur la restitution d’objets d’art africain (voir blog d’octobre 2016), notamment dans le cas d’Abomey, sonnent comme le symbole d’un colonialisme qui a réussi tardivement, et dans ce cas-là, à revêtir un costume africain.

          Jean Pierre Renaud  – Tous droits réservés

« Haro sur les « premiers de la classe  » ! Sur l’ENA ou sur l’ENARCHIE » ?

Sous le patronage de Messieurs Macron et Chevènement !

            Dans un bel élan démagogique, et pour apaiser les « gilets jaunes », le Président s’est mis en tête de mettre par terre le système de sélection de notre élite nationale par concours, avec « en tête » la suppression de l’ENA.

            Sur le blog du 25 avril 2019, je me suis exprimé sur le sujet : partant de ma longue expérience administrative, je concluais en faveur d’un retour aux sources, une école du service public et pour le service public, et non plus une école du pouvoir telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. J’avais pu enregistrer les premières dérives de cette grande école au Ministère de l’Intérieur.

            Le 11 septembre 2019, sur LCP, et au cours d’un intéressant documentaire sur l’ENA, l’ancienne directrice de l’institution, Mme Loiseau a tenu un discours tout à fait surprenant : elle a fait valoir la nécessité de la réformer, tout en conservant à l’ENA son rôle  actuel de sélection des membres des grands corps (Conseil d’Etat, Cour des Comptes, Inspection des Finances), en indiquant qu’elle en voyait d’autant plus la nécessité, face au risque du Front National.

       Mme Loiseau avait sans doute oublié le corps judiciaire.

      Mauvaise conscience d’un Président ? Repentance ? A l’égard de qui ? Pour lui-même, en « premier de la classe » qui n’a pas encore su faire apprécier sa gouvernance technocratique, venue d’un « Ciel » français et mondialiste ? Une gouvernance changeante et imprévisible, avide de se raccrocher désespérément au terrain ?

       Heureusement pour notre  Président, un ancien « premier de la classe » le franc-comtois Jean-Pierre Chevènement est venu récemment à son secours en déclarant :

       « J’entends déjà (et encore) s’exprimer les critiques : les Français n’aimeraient pas l’image du « premier de la classe » que donne le président de la République. Préfèreraient-ils avoir, à sa place, le dernier de la classe ? »

      Un beau sujet pour un « Œil du Vingt Heures » de notre chaine publique, France 2 : interroger les citoyens du Territoire de Belfort pour savoir si le bilan politique et économique d’un « premier de la classe » qui s’est illustré par une belle longévité à Belfort, un bilan utile sur deux plans, d’une part, l’immigration et l’Islam dans les quartiers sensibles du territoire, d’autre part, la belle entreprise Alstom, que l’ardent « souverainisme » de son maire, député, sénateur, et ministre, n’a pas fait échapper au capital étranger.

    Jean Pierre Renaud

« Le soleil ne se lève plus à l’Est » Bernard Bajolet « Mémoires d’Orient d’un ambassadeur peu diplomate »

« Le soleil ne se lève plus à l’Est »

Bernard Bajolet

« Mémoires d’Orient d’un ambassadeur peu diplomate » (Plon-2018)

 Une lecture intéressante, mais comme l’indique la mention ci-dessus,  dérangeante.

            Un livre qui n’est pas toujours facile à lire, compte tenu  principalement de la problématique inextricable des pays où le mémorialiste a exercé ses responsabilités, et de l’importance des relations très personnelles que l’auteur décrit, donc de la couleur très personnelle de ses mémoires.

            A lire ce document, je me suis souvent demandé si la France n’aurait pas dû choisir des officiers plutôt que des diplomates pour la représenter, compte tenu du risque permanent que ses représentants courent dans ces pays (voitures blindées et attentats) : est-ce encore la place des diplomates, avec du James Bond en filigrane ?

      Autre remarque relative à la déontologie ancienne qui imprégnait le corps diplomatique : les temps ont effectivement bien changé quant au devoir de réserve de la fonction publique.

    Il est vrai que l’édition compte maintenant de nombreux exemples de récits qui s’en dispensent, et qu’au cours des dernières années, un ancien Président s’est adonné à un genre nouveau, celui de confessions presque quotidiennes.

     Dernière remarque : je ne suis pas sûr que la lecture de cette chronique puisse nous éclairer sur le contenu et les objectifs de la politique étrangère du  pays dans tous les pays cités (Algérie, Syrie, Bosnie, Jordanie, Irak, Afghanistan) et puisse-nous convaincre de l’intérêt que peut avoir la France à entretenir le réseau diplomatique dans sa configuration actuelle, et avec le flux nouveau de tweets ou communications en tout genre entre chefs d’Etat.

     Le  moment ne serait-il pas enfin venu de mutualiser avec l’Union Européenne nos représentations diplomatiques ?

Jean Pierre Renaud

    PS : j’ai déjà évoqué le livre en question sur le blog du  8/07/2019 à propos de l’Algérie

Foutaises ou Fictions historiques : les nouveaux explorateurs de Namibie ?

Foutaises ou Fictions historiques ?

« La Namibie dans le sillage des explorateurs »

Le Figaro Magazine des 28 et 29 juin 2019 (pages 91 à 99)

« Après Omaanda, Sonop, la seconde adresse namibienne d’Arnaud Zannier ouvrira le 5 juillet à l’extrémité sud du pays. Entre déserts et canyons, ce campement d’explorateur hors du temps incarne le rêve d’un esthète du XXième siècle, amoureux de l’Afrique australe et de la vie sauvage. »

            La rédactrice de ce reportage n’y va pas avec le dos de la cuillère pour encenser le créateur de ce nouveau lodge en Namibie, non plus qu’en troussant avec talent un récit imagé de sa découverte de la Namibie, avec de belles photos…

            Le titre de ce reportage est-il justifié ? « La Namibie dans le sillage des explorateurs » ?

        Est-ce qu’il s’agit vraiment d’ « Un voyage dans le temps guidé par l’histoire des premiers explorateurs anglais » ?

         Rappelons qu’au dix-neuvième siècle les côtes de Namibie furent au dix-neuvième siècle un enjeu colonial entre anglais et hollandais, et que les premiers à explorer cette contrée furent les missionnaires anglais de la puissante London Missionnary Society, les missionnaires allemands et finnois, puis les Afrikaners d’Afrique du Sud. Ces derniers ouvrirent la voie à la conquête coloniale allemande du Sud-Ouest Africain qui fut d’une grande violence, notamment avec le génocide des Hereros. A la fin de la première guerre mondiale, l’Afrique du Sud reçut un mandat international de tutelle de l’ancienne colonie allemande en sa qualité de Dominion de la Couronne britannique (statut de 1910), un dominion qui pratiqua le régime de l’apartheid.

        Ce rappel historique utile nous projette évidemment assez loin du reportage qui précise :

            « Il veut appliquer au monde de l’hôtellerie sa vision des choses : un décor authentique et un service attentif mais naturel… une philosophie qu’il résume souvent avec une citation de Léonard de Vinci : « La simplicité est la sophistication suprême »…

       Du Cambodge à la Namibie : En 2016, l’actrice Angelina Jolie séjourne à Phum Baitang durant le tournage de son film « D’abord, ils ont tué mon père ». Elle évoque auprès d’Arnaud le travail de ses amis Marlice et Rudie Van Vuuren, très investis dans la restauration de la vie sauvage en Namibie… Elle avait raison : j’en suis tombé amoureux… Ce que j’aime, c’est faire vivre la culture locale, tout en respectant le lieu et l’environnement. Je ne veux surtout pas imposer un modèle qu’on retrouvera ensuite dans chaque pays…

        Un poste d’observation idéal

      Sonop n’est pas un hôtel, c’est un voyage dans le temps, guidé par l’histoire des premiers explorateurs anglais du début du XXème siècle… »

          « Un campement d’explorateur hors du temps » ?

        Ne sommes-nous pas ici en pleine fiction ? Complètement en dehors du champ des descriptions multiples de campements qu’en ont faites les explorateurs de l’Afrique du dix-neuvième siècle ?

          Je recommanderais volontiers la lecture, entre autres, car il y en a eu des centaines d’autres,  du récit de l’exploration que fit Sir Samuel W. Baker, en 1861, en compagnie de son épouse vers les sources du Nil « Le Lac Albert » (Paris Hachette 1872), afin de se mettre « Dans la peau d’un explorateur » (page 97) à la fin du dix-neuvième siècle.

         « Voyage dans le temps » ? Vraiment ?

       En lisant que le lodge en question était « Meublé avec de véritables antiquités (plus de 500 pour l’ensemble du lodge » (page 97), je n’ai pas pu m’empêcher d’évoquer les récits de la vie coloniale anglaise officielle des « clubs », qui jalonnèrent l’histoire coloniale anglaise, avec l’exemple du récit « Une histoire birmane » de George Orwell. (1926, à Kyaut-hada, en Haute Birmanie. (1)

      « Dans chacune des villes de l’Inde, le Club européen est la citadelle spirituelle, le siège de la puissance anglaise, le nirvana où les fonctionnaires et les nababs indigènes rêvent en vain de pénétrer. » (p,23)

    A  lire la description de ce merveilleux lodge, la question peut se poser de savoir si son décor intérieur ne rappelle pas trop celui des « clubs » anglais de l’histoire coloniale.

       Ceci dit, et pour avoir, il y a une vingtaine d’années, effectué avec mon épouse, un voyage de découverte dans ce pays, il s’agit d’une belle région à visiter, notamment le désert du Namib, en notant qu’à cette époque, nous avions beaucoup plus vu de traces anciennes de la présence germanique que de la britannique.

        Enfin, dernière remarque, heureusement le Figaro Magazine ne publie pas que des articles, récits, ou reportages respirant à haute dose ce type de fiction.

            Jean Pierre Renaud

  1. Référence à l’analyse intitulée « Images des sociétés coloniales des années 1900-1930 » sur le blog eh-tique-media-tique@overblog.com du 20/06/2016

« Votre » télévision publique ? S’agit-il bien de votre télévision publique ?

 Pourquoi « votre » ? Chaque jour, « vos » journalistes annoncent « votre » journal, « votre » feuilleton, « votre » film…

            « Votre » ? En est-on sûr si l’on tente d’évaluer le contenu et la qualité du produit télévisé public qui nous est servi chaque jour, à la lumière de quelques critères :

La représentativité ?

       L’information délivrée est-elle représentative du monde et de la France actuelle, compte tenu de la place qui est faite aux faits divers farcis d’émotions,  par rapport à celle qui est donnée à l’information ?

            Pour ne citer que France 2 ou France 3, et les informations des journaux, avec de plus en plus de « décryptages », les journalistes oublient le plus souvent de proposer un cadrage de représentativité statistique du sujet traité.

            Encore plus quand il s’agit de télévision « trottoir » comme dans « Ma Rue » !

La transparence médiatique ?

            Le moment n’est-il pas venu pour la télévision publique d’ouvrir ses lucarnes afin de dire qui fait quoi et avec qui, entre les journalistes eux-mêmes et les ou leurs sociétés de production, les échelles de rémunération, les relations entre communicants et journalistes, entre les chaînes et les agences de communication ou de publicité … Que d’ « Histoires Secrètes «  à venir sur la 2 !  

La pédagogie citoyenne ?

            Je ne suis évidemment pas un critique spécialisé, pas plus sans doute qu’un téléspectateur représentatif, mais comment ne pas être surpris par l’importance des jeux d’argent qui jalonnent les programmes, des films violents, des émissions qui correspondent à des sortes de rentes « quasi-perpétuelles » pour leurs acteurs officiels ou cachés ?

         Comment expliquer la place quotidienne – même le dimanche ! – qui est faite à l’émission « Affaire Conclue », et ce goût des brocantes, alors que leur mode semble dépassée dans nos provinces ?

            En comparaison, et à l’occasion des dernières élections européennes, nos chaines publiques ont-elles fait le nécessaire pour en expliquer les enjeux, et une fois les élections passées, expliquer le rôle respectif de la Commission européenne, de sa Présidente et des Commissaires, de l’Assemblée  Européenne, de l’Exécutif européen, du qui fait quoi et avec qui ? Ou encore des pouvoirs respectifs de l’Union et des Etats membres, etc…

      Est-ce qu’il n’aurait pas été intéressant de proposer un calendrier régulier de chroniques spécialisées et d’ateliers-débats dans le but que les institutions de l’Union ne restent pas étrangères aux citoyens?

            Cela fait des années que j’estime que nos chaines publiques n’accordent pas une place suffisante à la pédagogie citoyenne et civique : pourquoi ne pas ouvrir quotidiennement une rubrique citoyenne ?

            Jean Pierre Renaud

France et Algérie – L’ « absurde » colonial – A l’ombre d’Albert Camus

France et Algérie

L’« absurde » colonial !

A l’ombre d’Albert Camus

 France et Algérie

L’« absurde » colonial !

A l’ombre d’Albert Camus

 J’ai lu avec beaucoup d’intérêt les pages que Monsieur Bajolet, ancien ambassadeur à Alger,  de 2006 à 2008, a consacrées à l’Algérie dans le livre « Le soleil ne se lève plus à l’Est ».

Le diplomate avait eu une première expérience de ce pays en qualité de premier secrétaire d’ambassade entre 1975 et 1978.

            Cette lecture soulève un certain nombre de bonnes questions, en même temps qu’elle laisse beaucoup d’entre  elles sans réponses :

            « Lors de notre entretien du 7 novembre 2006, Jacques Chirac, pourtant très populaire en Algérie, ne m’avait pas fait un tableau encourageant des relations franco-algériennes : « Elles sont foiroteuses, m’avait-il dit. Le peuple est beaucoup plus francophile que les dirigeants, qui sous-estiment ce sentiment. Je l’ai senti quand je suis allé en Algérie. Il y a des signes qui ne trompent pas. » (p,328)

            « Ma longue histoire avec l’Algérie

        Jacques Chirac avait raison. Trente ans plus tôt, lors de mon premier séjour en Algérie, j’avais déjà été frappé par la gentillesse des Algériens, qui m’accueillaient chez eux en famille dans toutes les régions du pays. Certains d’entre eux avaient pris les armes contre la France entre 1954 et 1962. Ils avaient peut-être tué des Français, sans doute aussi perdu des proches. Ils avaient défendu leurs libertés. Mais ils n’en voulaient pas à la France et encore moins aux Français. J’avais sillonné ce magnifique pays dans tous les sens. Jamais je ne vis de haine dans les regards ni entendis le moindre propos revanchard. (p,329)

      Contraste saisissant avec les relations officielles qui, elles, étaient glaciales, voire inexistantes. L’ambassadeur Guy de Commines, n’était jamais reçu par le président de l’époque, Houari Boumediene…

         Celui-ci ne voyait pas plus le ministre des Affaires étrangères, à l’époque Abdelaziz Bouteflika, qui ne passait quasiment jamais à son bureau. Le malheureux de Commines devait se rabattre sur les fonctionnaires du ministère. » (p,329)

       « L’Algérie, trente ans après mon premier séjour (p, 336)

         Lorsque je pris mes fonctions d’ambassadeur à Alger en décembre 2006, je fus immédiatement frappé par la profondeur d’un traumatisme que les « années noires », comme on les appelait pudiquement, avaient causé dans l’ensemble de la population… La lutte fratricide qui avait déchiré les familles elles-mêmes, ce sang, ces horreurs, les soupçons illustrés par le questionnement du « qui tue qui ? », le peuple algérien n’en voulait plus à aucun prix.

       Ainsi, l’Algérie que je retrouvais était en convalescence, ses blessures encore à vif. Je débarquais à l’aéroport tout neuf et pris l’autoroute, elle aussi récente, qui le reliait à la capitale : le pays avait développé ses infrastructures. De part et d’autre, je constatai l’extension de la ville : la population avait doublé depuis mon premier séjour. En revanche, à Alger, du métro, il n’y avait toujours que les bouches, construites depuis plusieurs décennies, sans doute pour faire patienter les Algérois. » (p,336)

        L’auteur décrit alors les ambiguïtés de la situation de l’Algérie, la corruption, en négatif, et, en positif,  les progrès de l’éducation avec un taux d’alphabétisation de 96 % et plus de 1 million d’étudiants à l’université, alors qu’en 1962 on ne comptait que huit cents étudiants algériens.

        « A ma surprise, la langue française, en dépit de la violente campagne d’arabisation de Boumediene puis de l’influence des chaines de télévision du Golfe, manifestait une résilience remarquable…. Je remarquai également la difficulté que les Algériens continuaient d’éprouver pour assumer un héritage autre que celui lié à la culture arabo-islamique. » (p,339)

       « Comme c’était le cas dans les années 1970, les Algériens avaient tendance à attribuer leurs retards et leurs échecs à la France coloniale. La question de la mémoire restait aussi vivace qu’à l’époque de Boumediene. Il y avait à cela deux raisons ; le groupe au pouvoir avait le sentiment que la France n’était pas au bout  du chemin ; il avait besoin, pour conforter une légitimité discutable, de continuer à s’appuyer sur la geste fondatrice du FLN…

      « Les difficultés que rencontrèrent les autorités algériennes de la période postcoloniale pour gouverner leur pays trouvaient donc en partie leur origine dans une conception absolue de la colonisation de la part de la France qui contrastait avec l’approche pleine de sagesse que Lyautey avait fait prévaloir au Maroc. Le contexte, il est vrai, y était différent : le Maroc disposait depuis plusieurs siècles d’un pouvoir monarchique déjà solidement établi, et la période du protectorat y avait été nettement plus courte (1912-1956).

      Pour autant, ce legs, ou plutôt cette absence de legs, ne suffit pas à excuser les échecs de l’Algérie indépendante. L’accaparement du pouvoir et des richesses par un petit groupe, la perte du sens de l’intérêt général, la prévalence des intérêts particuliers à tous les niveaux y ont leur part.

      Les Algériens, en tout cas les dirigeants au pouvoir lors de mon deuxième séjour, dont certains étaient nés français (à commencer par le Président) tendaient à regarder la France comme une sorte de mère indigne, qui les avait maltraités et qu’ils avaient rejetée, tout en gardant pour elle un fonds d’affection (souvent dissimulé), sans savoir, s’ils souhaitaient la voir davantage présente, mais dont ils exigeaient en tout cas une relation préférentielle, sinon quasi exclusive : la France les avait fait souffrir, et parce qu’elle les avait fait souffrir, pendant si longtemps, elle leur devait plus.

         La France ne pouvait et ne peut répondre à leur attente, car, si, pour les Algériens, même ceux qui lui sont les plus hostiles, elle reste la référence, il n’en est pas de même pour elle vis-à-vis de l’Algérie : les Français ont tourné la page et, face aux enjeux mondiaux et européens, l’Algérie tient une place certes non négligeable dans leurs cœurs et leurs esprits, mais relative. Du coup, les Algériens ressentent cette différence de perception comme un humiliation supplémentaire, que certains d’entre eux ne sont pas loin de croire délibérée.

       La charge historique et émotionnelle des relations franco-algériennes demeure donc réelle sur la rive sud de la Méditerranée, du moins en attendant que les nouvelles générations prennent la relève. Dans ces conditions, le meilleur parti n’est-il pas de faire un atout de cette dimension affective ? Force est cependant de reconnaître que celle-ci a plutôt été jusqu’à présent un handicap. Depuis l’indépendance de l’Algérie, elle n’a cessé de soumettre les relations entre Paris et Alger des mouvements oscillatoires de grande ampleur.» (p,341, 342)

      L’auteur relate alors les initiatives d’ordre divers qu’il prit ou fit pendre à Chirac, Sarkozy, et Hollande, pour tenter d’apaiser ce contentieux mémoriel, notamment la visite cordiale de Sarkozy en juillet 2007.

     « Le président Bouteflika

        Pendant mon séjour, j’avais établi une relation chaleureuse avec Abdelaziz Bouteflika qui me recevait souvent pendant de longues heures… Lors de notre premier entretien, en décembre 2006, je lui fis part du message « d’amitié, d’estime et d’affection » que le président Chirac m’avait chargé de lui transmettre…  » (p,349)

     « Avant de quitter Alger, en juillet 2008, j’écrivis pour le Quai d’Orsay une note de réflexion. « L’Algérie, constatais-je, est comme frappée d’une sorte de malédiction : elle a tous les atouts pour réussir dont certains, comme la richesse du sous-sol, peuvent faire envie à ses voisins. Mais, elle n’arrive pas à en tirer parti, car cette même richesse est gaspillée ou accaparée, quasiment depuis l’indépendance, par une nomenclature indéboulonnable et qui se renouvelle par cooptation, tandis que le peuple, habitué aux (très relatives) facilités de l’Etat providence et éloigné de la culture de l’effort qui permettrait au pays de décoller, n’attend lui-même que la distribution d’une partie de la manne, qu’on lui accorde chichement quand il faut. » (p,354)

Commentaire

         Il est toujours difficile de refaire l’histoire, d’autant plus pour un modeste acteur du terrain, officier SAS du contingent dans la belle vallée de la Soummam, en 1959-1960, alors que ce sont les récits mémoriels, quelle que soit leur authenticité, qui mènent encore le bal.

       Beaucoup d’eau  a coulé sous les ponts depuis, et mes jugements sur ce beau pays que j’ai « fréquenté », et aimé aussi, n’ont pas vraiment changé, en dépit de la lecture de ce témoignage diplomatique.

       La France a été dans l’incapacité de répondre au mieux et dans l’honneur, aux légitimes revendications d’indépendance de son peuple, et la fin du conflit, en 1962, avec les accords d’Evian a été un échec de plus.

     Etait-il possible d’ouvrir une voie légitime avec les chefs des six willayas qui avaient une représentativité « légitime » ? Je n’en sais rien. Est-ce que le crédo d’une armée française dite de pacification, d’après lequel la poursuite de l’effort de démocratisation entrepris en Algérie était susceptible de déboucher sur une autre Algérie indépendante, mais en étroite association avec la France ? Je n’en sais rien non plus.

      Avant mon départ, j’avais moi-même  fait élire les conseils municipaux des trois communes de ma SAS.

      Pour la plupart des soldats du contingent qui foulaient pour la première ou la dernière fois (« la quille ! ») le sol des djebels : 1) l’Algérie n’était pas la France, 2) ils faisaient ou avaient fait, en ce qui concerne ceux qui en étaient revenus vivants, tout simplement leur devoir au service de l’Algérie  et de la France.

      De Gaulle mit fin à ce conflit meurtrier dans des conditions discutables, mais existait-t-il alors une autre solution ? Il mettait fin au mythe d’une France coloniale, en tout cas de celle de la petite élite politique, économique, ou religieuse qui caressait toujours, hypocritement ou non, et en dépit de l’évolution du monde, le rêve colonial on ne peut plus ambigu, d’une assimilation possible.

      Dans beaucoup de mes écrits, j’ai eu l’occasion d’affirmer que la France, celle du peuple,  n’avait jamais été « coloniale ».

      Après l’indépendance de l’Algérie, la nomenclature FLN a toujours cru,1) que le pétrole suffirait à calmer le jeu politique et social, et comme souvent dans les affaires internationales, 2) que la condamnation à perpétuité d’une France colonialiste, coupable de tous les péchés du monde, « l’ennemi rêvé » suffirait également à calmer le jeu.

      Pour qui connait un peu l’histoire, les régimes autoritaires en grande difficulté ont toujours choisi de détourner l’attention de leur peuple vers un ennemi héréditaire.

      Je dirais volontiers à la jeunesse d’Algérie qu’il y a bien longtemps que la France, sauf dans quelques cas, a fait son deuil de leur pays, et qu’elle a souvent de la peine à comprendre leurs attentes.

       Avant de débarquer en Algérie, j’avais eu la chance de fréquenter les livres d’Albert Camus, enfant de l’Algérie coloniale, et je ne pouvais manquer d’y trouver le symbole de l’absurdité coloniale, cette absurdité longuement décrite dans ses œuvres.

      Je dirais volontiers à la jeunesse d’Algérie, ne vous laissez pas bourrer le crâne ! La jeunesse française, celle dont je fis partie, nourrissait les mêmes espoirs que ceux qui sont les vôtres hier et aujourd’hui, sauf à savoir s’il ne s’agissait pas du même  « Mythe de Sisyphe ».

            Jean Pierre Renaud    Tous droits réservés

L’incendie de Notre Dame de Paris, de la récup’ tous azimuts !

     L’incendie de Notre Dame de Paris a suscité une multitude de réactions issues de tous les milieux de France et du monde, allant des chrétiens et chrétiennes les plus humbles aux puissances actuelles du jour.

            Dans le langage actuel, on dirait que beaucoup ont tout simplement fait de la récup’ religieuse, médiatique ou politique.

            A observer les initiatives prises par les pouvoirs publics dans une période politique très sensible, il n’est pas interdit de s’interroger sur la mission qui est confiée à l’Etat, maître des lieux, des lieux saints voués au peuple de Dieu.

« Sacrée » récup’ ou récup’ « sacrée » ?

Avec en prime les cinq étoiles d’un général !

Ma propre analyse : il s’agit à mes yeux d’une violation détournée de la loi de 1905 sur la laïcité de la République Française !

Jean Pierre Renaud