Le grand emprunt de redressement national de 100 milliards d’euros Suite

Cette proposition a été faite sur ce blog le 25 avril dernier. La France a les moyens de remettre d’aplomb  son système de santé, sans en laisser le soin aux institutions européennes pour au moins deux raisons : 

– Les Français ont le devoir civique de prêter l’argent  qui dort dans leurs tirelires du Livret A.      

– « La fraude sociale, c’est 30 milliards d’euros par an » d’après Charles Prats, ancien magistrat de la Délégation nationale de la lutte contre la fraude, aujourd’hui délégué de l’APM : il estime que 2,5 millions d’individus « fantômes » bénéficieraient de 30 milliards de prestations sociales indues.         

    Il  y a donc du grain à moudre !

JPR    MCRV

Le Vaccin de SANOFI, la polémique

Le Vaccin de SANOFI

Vaccin ou pas vaccin « bien commun » ou pas, disponible pour tous chez Sanofi ou pas ?

Une belle polémique s’est engagée à ce sujet, comme on les aime chez nous.

Le Figaro du 15 mai 2020

En première page :

« VACCIN »

« Le Président de SANOFI répond aux attaques contre le laboratoire »

(page 11) »

« Macron et Philippe blâment Sanofi…

Serge Weinberg « Parler de préférence donnée aux Etats-Unis est absurde »

Le contenu de cette interview est intéressant, avec quelques éléments de la défense  du Président actuel de SANOFI, mais on aurait aimé en savoir plus.

            L’épidémie actuelle a mis le doigt, en tout cas pour l’opinion publique, sur l’extrême dépendance de la France vis-à-vis de la Chine et de l’Inde en ce qui concerne les substances nécessaires à la fabrication des médicaments, sinon aux médicaments eux-mêmes.

            Il se trouve que SANOFI a participé activement à cette course de la rentabilité maxima des capitaux qui a soumis notre pays à un grave péril de santé.

      Il faut aller plus loin dans les questions : faire le point des relations pharmaceutiques qu’elle entretient avec la Chine en ce qui concerne la liste des médicaments et des substances pharmaceutiques les plus sensibles, stratégiquement  parlant, pour notre pays.

            Il convient de rappeler que le patron actuel de SANOFi fait partie de cette cohorte d’anciens énarques partisans de la « mondialisation heureuse », lesquels, après avoir fourbi leur carnet d’adresse en passant par un Cabinet ministériel, se sont lancés à la conquête d’une petite fortune personnelle.

            N’est-il pas par ailleurs un des amis du Président actuel qu’il aurait aidé, il y a quelques années, à entrer dans une grande banque d’affaires française ?       

   Jean Pierre Renaud

La Parole de la France ? Petit résumé historique

La Parole de la France ?

Guerres d’Indochine et guerre d’Algérie

Guerre d’Indochine

Petit résumé historique

En annexe, des extraits de texte de Stanley Karnow (1984)

En bref

Extraits de texte

III

B

« VIETNAM »

Stanley Karnow

(Presses de la Cité- 1984)

 Ce livre est intéressant parce qu’il s’agit de l’analyse et de la réflexion d’un journaliste étranger sur le long conflit indochinois, d’abord français, puis américain et d’une analyse documentée sur les tenants et aboutissants de la première guerre d’Indochine (1945-1954), et son déroulement, qui seule retiendra ici notre attention.   

            Il convient de noter qu’il ne s’agit donc pas d’un reportage de guerre.

            Après son service dans l’US Army de 1943 à 1946, Stanley Karnow fut journaliste à Paris et l’époux de Claude Sarraute (1948-1955). A partir de 1959, il couvrit la guerre d’Algérie. 

Avant-propos

            « Les racines de ce livre remontent au début des années 1950, à Paris, où je commençais ma carrière professionnelle de journaliste. La France soutenue par les Etats Unis, luttait alors contre le Viet Minh, mouvement dirigé par les communistes, pour maintenir sa domination en Indochine. En écrivant sur le côté français de la guerre, je me familiarisai bientôt avec les noms  et les lieux du Vietnam, mais je ne m’imaginais guère qu’il ferait  plus tard  partie de ma propre expérience. En 1959, je fus chargé de « couvrir » l’Extrême Orient, et cette région qui comprenait le Vietnam devint mon secteur pour plus de deux décennies. Je me suis rendu tout récemment au Vietnam en 1981 pour sept semaines, le plus long séjour autorisé pour un correspondant américain depuis que les communistes ont étendu leur emprise sur l’ensemble du pays en 1975.

            On a écrit sur le Vietnam maints excellents livres, portant pour la plupart sur des épisodes spécifiques de la guerre que les Américains y livrèrent ou sur des périodes récentes de son histoire. J’ai considéré que je possédais peut-être la perspective nécessaire pour dresser un panorama qui, tout en s’attachant principalement à l’intervention américaine, décrirait et analyserait aussi en détail les origines du conflit contemporain. L’histoire est en effet une succession ininterrompue de causes et d’effets – passé, présent et avenir inéluctables… La péninsule du Sud-Est asiatique, que les Français appelèrent Indochine, et qui comprend le Vietnam, le Cambodge et le Laos, fut un champ de batailles pendant des siècles – et le demeure aujourd’hui encore. ..

            J’ai entrepris ce livre sans avoir de cause à plaider… » (p,8)

Chapitre II

La piété et le pouvoir

            L’auteur retrace un passé fait de religion et de goût des richesses, les débuts de la conquête française en Cochinchine avec les aventures missionnaires en Cochinchine de Pigneau de Béhaine au siècle de Louis XVI et ses ambitions d’y construire un « empire chrétien ». Il y croyait d’autant plus qu’il avait contribué à l’installation de l’Empereur Gia Long à Hué.

            L’auteur relève qu’à cette époque existait déjà une rivalité entre les Trinh au Nord et les Nguyen au Sud, et que le christianisme n’y était pas vraiment le bienvenu en raison des craintes de déstabilisation qu’il faisait peser sur le confucianisme et sur le culte de l’Empereur. Les persécutions reprirent en Annam comme en Chine ou au Japon à la même époque, et ce fut une des raisons avancées souvent pour intervenir dans les affaires d’Asie. Ce fut le cas en 1859 avec le fait accompli de la Marine française en Cochinchine, alors que Napoléon III n’y était pas opposé, sur l’avis d’une Commission Spéciale d’après laquelle une expédition pouvait être justifiée « par la force des choses qui pousse les nations occidentales vers l’Extrême Orient » (p,48)

J’ai souligné cette phrase parce qu’elle propose une explication pseudo-scientifique de l’impérialisme, « force des choses » ici, ou « les évènements ont marché » comme le déclarait le ministre des Colonies Lebon, à la fin du dix-neuvième siècle.

L’auteur propose alors un résumé historique des interventions successives de la France avec les épisodes Garnier, Philastre, Rivière, puis la conquête elle-même avec l’expédition de Jules Ferry dans les années 1883-1885, sa démission, et l’opposition de Clemenceau.

Très tôt, quasiment dès le début, la présence française suscita une résistance de nature diverse, mais constante tout au long des dix-neuvième et vingtième siècles.

III

L’héritage du nationalisme vietnamien (p,59)

            « L’Indochine, comme son nom l’indique, fut le lieu où s’affrontèrent deux grandes civilisations d’Asie : celle de l’Inde et celle de Chine… La Chine laissa son empreinte sur le Vietnam, que la géographie isolait de la sphère d’influence indienne…. Si l’identité nationale est difficile à définir, deux éléments importants ont façonné le Vietnam au cours des siècles. Les Vietnamiens originels apportèrent avec eux de Chine leur économie de base, reposant sur la culture irriguée du riz. Cette forme de culture, qui dépend des aléas météorologiques et nécessite des systèmes d’irrigation complexes, réclame une coopération dans le travail. Les communautés vietnamiennes développèrent donc un puissant esprit collectif et, quoiqu’autonomes, les villages se mobilisaient comme autant de maillons d’une même chaine pour combattre les envahisseurs étrangers. Les guerres fréquentes que connut le pays apprirent aux Vietnamiens à se défendre eux-mêmes et en firent des guerriers. Des siècles plus tard, pendant la guerre d’Indochine, le Français Paul Mus mit en garde contre l’idée « commode » que les paysans vietnamiens n’étaient qu’une « masse passive », ne songeant qu’à son bol de riz quotidien et que des agents entretenaient dans la subversion par la terreur. En fait, leur attachement à  la nation s’était forgé  bien auparavant.

            Comme la plupart des nations, le Vietnam fait remonter sa création à des royaumes mythiques. Les Vietnamiens entretiennent cette mythologie dans le dessein de démontrer que leurs racines nationales sont aussi profondes que celles des Chinois, leurs rivaux ancestraux. » (p,61)

Le souvenir de la révolte de deux femmes ; Trieu Au, en 248 avant notre ère, et Trung Trac, en 40 après JC, et tout au long des siècles, les rapports sino-vietnamiens furent fréquemment des rapports « tumultueux » (p,62)

            L’auteur en rappelle les épisodes les plus éclatants au cours des siècles en même temps que les guerres civiles entre les Trinh au nord et les Nguyen au sud.

            L’auteur rappelle ce que disait Gallieni à la fin du XIXème siècle «  On ne… pacifie pas un pays… par la terreur. Après avoir surmonté leur peur initiale, les masses deviennent de plus en plus rebelles, l’amertume accumulée monte en réaction à l’usage de la force brutale. » (p,66)

            L’auteur montre bien dans quel contexte historique d’une très longue durée la France avait imposé sa volonté et rencontré dès le début une résistance multiforme, constante, et grandissante, au fur et à mesure des années et des épisodes que raconte l’auteur.

            L’auteur cite l’exemple d’un grand intellectuel vietnamien, Phan Chuh Trinh, pourchassé par les Français, et fondateur d’une organisation politique moderne, le Zuy Tan (Rénovation) : « Ainsi, Phan Chuh Trinh introduisit dans la lutte pour l’indépendance deux éléments nouveaux : un appareil relativement complexe pour mobiliser les courants favorables à la révolte, et des liaisons avec d’autres militants d’Asie…

Phan Chu Trinh…. Etait fils d’un riche propriétaire foncier rallié à l’Empereur dissident Ham Nghi. Mandarin, il fut ministre de la Cour impériale de Hué mais donna sa démission en 1905 pour suivre Phan Boi Chau au Japon. Là, leurs chemins se  séparèrent. Prévoyant la menace de l’impérialisme japonais, Phan Chu Trinh repoussa  la perspective d’une alliance avec le Japon et rejeta même l’idée d’une monarchie libérale qu’il jugeait rétrograde. De retour au Vietnam, il eut l’audace  d’adresser au Gouverneur français une lettre ouverte l’avertissant que le pays finirait par se soulever si les Vietnamiens ne pouvaient s’exprimer sur le plan politique, économique et social. « Les abus de pouvoir de l’administration coloniale violent les principes démocratiques que la France  a toujours défendu », écrivit-il, propos qui garderont toute leur valeur un demi-siècle plus tard. » (p,70)

Au milieu du XIXème siècle, quand ils étendirent leur domination sur tout le Vietnam, les Français avaient eu un choix à faire. Ils auraient pu poursuivre une politique d’ « association », comme les Britanniques en Inde, en gouvernant indirectement à travers les institutions indigènes…Les partisans de ces deux thèses s’affrontèrent tant que la France demeura au Vietnam, et ni les uns ni les autres ne virent leurs idées triompher dans la réalité.» (p,71)

Commentaire : trois remarques, la première sur l’écho mondial qu’eut la défaite de la Russie face au Japon, en 1905, un premier réveil de l’Asie, la deuxième, relative au propos tenu plus haut, la contradiction permanente d’une politique coloniale qui s’inscrivait officiellement et hypocritement dans un univers démocratique et universaliste alors que sur le terrain, les acteurs de terrain faisaient le contraire, et la troisième au choix qui fut fait d’un régime d’administration directe, comme ce fut le cas du Vietnam, un État séculaire.

       Toutes les explications sont possibles, mais mes préférences portent sur les suivantes : 1) L’ignorance et l’incompétence des milieux gouvernementaux qui étaient censés donner le « la » de la politique coloniale, laissant le soin aux « experts » d’opérer, avec le soutien tacite d’une opinion publique qui ne fut jamais « coloniale ». 2) Le plus souvent, les « experts » étaient soit les idéalistes de tout crin, souvent des « francs-maçons » qui poursuivaient leurs rêves d’un Occident civilisateur, mais souvent doublés, comme ce fut le cas en Indochine, de « frères » très actifs dans le monde financier et économique. 3) Dernière explication, et peut-être la plus importante, la vie en Indochine fut souvent un rêve pour les Européens qui s’y installèrent une fois les conditions réunies de vie urbaine de type européen, au tout début du siècle passé.

        L’auteur fait une observation d’une grande pertinence historique qui explique beaucoup de choses dans le fonctionnement colonial français, la contradiction existant très tôt entre les expériences métropolitaines que firent beaucoup d’étudiants et d’intellectuels venus des colonies et la vie coloniale.

       « Une expérience pénible  attendait les jeunes vietnamiens appartenant souvent à des familles riches, qui faisaient leurs études à Paris. Après avoir connu la liberté et l’esprit de camaraderie du quartier  Latin ; ils étaient à leur retour au Vietnam, tenus en suspicion par la police coloniale, qui confisquait leurs livres et leurs journaux. En outre, ils trouvaient rarement un emploi correspondant à leur  qualification et ne gagnaient jamais autant que leurs collègues français. Pis encore, les petits fonctionnaires français, pour qui les tous les Vietnamiens se ressemblaient, les humiliaient en utilisant lorsqu’ils leur parlaient le tutoiement réservé d’ordinaire aux domestiques et autres subalternes. Un  de ces étudiants, condamné dans les années 1930 pour agitation nationaliste, déclara au tribunal que c’était l’injustice des Français qui avait fait de lui un révolutionnaire. » (p,72)

       Quelques lignes plus loin, l’auteur donne un autre exemple de la contradiction qui plomba presque jusqu’à  la fin de la politique coloniale française, un exemple célèbre puisqu’il s’agit d’Ho Chi Minh, né en 1890.

       Karnow en déroule le portrait international, français, et vietnamien qui en dit long sur l’homme et le personnage politique, ses expériences de travail en mer (trois ans),  ses voyages aux Indes, à New York, à Londres, et ses six années de séjour en France où il rencontra le gratin socialiste, dont Léon Blum, participa au Congrès de Tours en 1920 en qualité de « représentant de l’Indochine », va à Moscou où il rencontre Staline et Trotski, va à Hong Kong, etc… jusqu’en 1941, date à laquelle il se glisse subrepticement au Vietnam, y rencontre Giap et Phan Van Dong pour y fonder le Vietminh.

       Pour qui a une petite idée de la culture internationale des ministres qui officièrent dans le domaine colonial, je serais tenté de dire qu’aucun d’entre eux, même Clémenceau, ne disposaient d’un tel bagage d’expérience internationale, d’autant plus qu’il avait acquis l’expérience du terrain français et de son élite politique socialiste.

IV

La guerre contre les Français

      « Le 2 septembre 1945, Hanoi s’éveilla parée pour la fête…il monta (Ho Chi Minh) à la tribune, il proclama l’indépendance du Vietnam en commençant par une phrase que la plupart de ceux qui l’écoutaient ne connaissaient pas : «  Tous les hommes sont nés égaux. Le Créateur nous a donné des droits inviolables : le droit de vivre, le droit d’être libre et le droit de réaliser notre bonheur. » (p,80)

            L’auteur décrit alors le contexte international de l’époque, les hésitations et interférences américaines  en Indochine dans la complexité du contexte de soutien aux armées nationalistes chinoises aux prises avec les communistes, dresse le portrait du général Giap, lequel avait fait des études sérieuses :

      « Trop ambitieux pour rester à Hué, il se rend à Hanoi, fréquente le lycée Albert Sarraut et passe une licence en droit. Il écrit des articles en français et en vietnamien, dans des journaux nationalistes et, pour joindre les deux bouts, enseigne l’histoire dans une école privée. L’un de ses anciens élèves raconte qu’il évoquait les batailles napoléoniennes « comme s’il était Napoléon en personne. Il devait déjà préparer sa carrière militaire »

   Giap fut incontestablement un grand chef de guerre et stratège, même si on est loin d’approuver les formes de son commandement révolutionnaire.

     L’auteur évoque le coup de force japonais du 9 mai 1945 qui mit hors-jeu le pouvoir ambigu de l’amiral Decoux, et ouvrit la porte au Vietminh, alors que Bao Dai, «l’indolent empereur fantoche était à la chasse…, et que «  Dans le nord du pays, déjà pauvre en temps normal, deux millions d’habitants sur une population de dix millions moururent de faim. » (p,87)

      « Pendant ce temps, le général de Gaulle procède à deux nominations illustrant sa détermination à rétablir la domination française. Il choisit comme haut-commissaire en Indochine l’amiral Thierry d’Argenlieu, personnage quasi médiéval qui quitta la marine après la guerre 14-18 pour entrer dans l’ordre des Carmes puis ôta temporairement sa bure pour rejoindre les Français libres. Arrogant et inflexible, d’Argenlieu a la même foi absolue que de Gaulle en la grandeur de la France, conviction qui l’opposera fatalement au Vietminh, dont la ferveur patriotique n’est pas moins grande. Comme chef militaire, de Gaulle désigne le général Leclerc, qui comprendra vite la nécessité d’une solution politique mais commencera par appliquer le conseil que lui donne le général Douglas Mac Arthur : « Faites venir des renforts, autant que vous pourrez. »(p,90)

      L’auteur décrit  un processus de négociation on ne peut plus ambigu entre la France et Ho Chi Minh aussi bien à Paris, à l’occasion de plusieurs conférences à Fontainebleau ou à Dalat, avec le blocage que constitua la question de la Cochinchine que la France tenta en vain d’isoler du processus  de négociation, qui trouva une conclusion provisoire dans l’affrontement militaire de la fin 1946 à Hanoi.

    La volatilité des gouvernements n’arrangeait pas les choses, de même que la présence encore ambiguë du Parti Communiste comme une des troisièmes forces, à côté de la SFIO et du MRP.

        Il n’empêche que le PC n’avait pas encore été sorti du jeu politique officiel, en 1947, début de la Guerre Froide.

       « Ramadier dut aussi faire face à des pressions extérieures. Le général de Gaulle venait de mettre son immense prestige derrière un nouveau parti politique, le Rassemblement du Peuple Français, qui s’opposait fermement à l’abandon du Vietnam. L’opinion publique française était aussi sur une ligne ferme afin de retrouver la fierté nationale perdue dans la défaite de 1940. Les communistes français partageaient ce sentiment et Maurice Thorez, vice-président du Conseil du gouvernement Ramadier, contresigna une directive ordonnant une action militaire contre le Vietminh. La France fut ainsi entraînée dans la guerre par un régime socialiste trop instable pour faire front à ses adversaires conservateurs. » (p,96)

     Commentaire :  1) l’observation de la dernière phrase recoupe le constat historique que j’ai pu faire tout au long de la période des conquêtes coloniales et de la colonisation qui a suivi, la gauche étant le plus souvent aux premières loges de ces actions, le summum ayant été atteint en Algérie, avec l’engagement du contingent par la SFIO de Guy Mollet.

      2) « L’opinion publique française était aussi sur une ligne ferme… » :

    Question : est-ce que l’analyse de la presse de l’époque, des radios, ou les premiers sondages ont établi « l’état » en question de l’opinion publique française ?

       Commence alors la  véritable période de guerre, avec le renforcement militaire du Vietminh, l’aide de la Chine communiste sur les frontières du Tonkin, le guerre de Corée en juin 1950, l’internationalisation progressive du conflit, une aide de plus en plus importante des Etats-Unis.

     A peine sortie de la guerre, la France était bien incapable de soutenir un effort de guerre croissant, la « théorie des dominos », « l’endiguement du communisme », la reprise d’une stratégie obsolète de remise au pouvoir d’un Bao Dai qui avait bradé depuis longtemps son « mandat du ciel » »

      « De 1949 à 1950, Giap quadrupla le nombre de ses bataillons réguliers du Vietminh, qu’il porta à cent dix-sept. » (p,105)

       Le général de Lattre prend le commandement relance les opérations militaires, quadrille le delta par une grille de mille blockhaus, va plaider le soutien de Etats Unis, manifeste un talent incontestable pour tenter de rendre populaire la guerre d’Indochine. Il meurt avant d’avoir achevé la mission qu’il avait acceptée.

     « A la fin de 1952, le total des soldats français morts, blessés, capturés ou portés disparus depuis le commencement de la guerre, six ans plus tôt, s’élevait à plus de quatre-vingt-dix mille, et la France avait englouti dans la guerre deux fois ce qu’elle avait reçu des États Unis dans le cadre du plan Marshall. » (p,108)

       En 1952, Mendès France soulève la question capitale du choix qui se pose depuis le début de la guerre  entre le théâtre d’opérations indochinois et le théâtre d’opérations européen, mais sans résultat.

       La France est dans un engrenage à multiples facettes dont elle n’arrivera jamais à sortir avant la défaite de Dien Bien Phu, un choix du théâtre d’opération qui n’avait pas  fait l’unanimité au sein du commandement militaire du Corps expéditionnaire. (p,109)

     En quelques années, la guerre avait complètement changé de nature, avec une armée vietminh de réguliers bien équipée avec artillerie et génie, bien entraînée, pouvant facilement se réfugier dans un périmètre quasiment inviolable, dans les montagnes des frontières de Chine,  doublée par une guérilla de mieux en mieux implantée dans les deltas, et un contrôle idéologique de plus en plus efficace des villages et des villes. Ho Chi Minh et Giap avaient réussi à mettre en œuvre un des grands principes de guerre posé par Mao Tsé Tung, une armée révolutionnaire, « comme un poisson dans l’eau ».

Jean Pierre Renaud  – Tous droits réservés

La Parole de la France ? Les Héritages – Guerres d’Indochine et d’Algérie- III

La Parole de la France ?

L’Honneur du Soldat

Les Héritages

Guerre d’Indochine (1945-1954)

Guerre d’Algérie (1954- 1962)

III

Guerres d’Indochine et guerre d’Algérie

Guerre d’Indochine

Petit résumé historique

En annexe, des extraits de texte de Stanley Karnow (1984)

En bref

            Beaucoup de décideurs et d’acteurs français de la guerre d’Indochine, au niveau gouvernemental et indochinois, ignoraient tout, ou presque tout de la longue histoire de l’Indochine, de ses trois KY (Cochinchine, Annam, Tonkin), et de son passé impérial qui vit ces trois KY lutter à plusieurs reprises contre l’impérialisme chinois.

Colonisation française (1855-1954) et guerre d’Indochine ?

Le « moment colonial »

            Dans son livre « Histoire du  Vietnam contemporain » – « La nation résiliente », Pierre Brocheux, pose son analyse historique en parlant du « moment colonial » intervenu dans « un processus de longue durée », celui d’une histoire ancienne et complexe liée à la Chine, bousculée par une ouverture forcée à l’Occident, parallèle à celle de la Chine et du Japon.

            Le lecteur pourra se reporter, en ce qui concerne la France et le Japon,  à l’incident de Sakai, en 1868. (blog du 23/09/2011)

L’expression « moment colonial » me parait bien choisie, car l’on oublie souvent que la colonisation française n’a occupé, dans la plupart des cas, qu’un court espace de temps à l’échelle des siècles, de l’ordre de soixante à quatre-vingt années, de l’ordre de cinquante à soixante ans pour Madagascar ou la Côte d’Ivoire.

            Font exception, l’Indochine, si l’on tient compte de la première conquête de la Cochinchine, en 1855, l’Algérie en 1830, ou encore le Sénégal, avec Faidherbe, dans les années 1854 – 1865, sur les côtes, avec les Quatre communes. Il fallut attendre les années 1885 pour que la France mette la main complètement sur les deux autres Ky, l’Annam et le Tonkin           

1939-1945, embrouilles tous azimuts entre métropole, Indochine, Japon, Chine, Etats-Unis 

En 1945, l’Indochine française n’existait déjà plus.

Avant de rappeler brièvement la période 1945-1954, et pour comprendre le contexte historique des années 1945, il est important en effet de rappeler brièvement les événements qui ont marqué la période très confuse qu’a connue l’Indochine pendant  la Deuxième Guerre Mondiale.

    L’Indochine fut alors complètement coupée de la métropole, laissée à elle-même, alors qu’elle n’avait aucun moyen de défense pour résister au Japon, que la situation internationale était très fluctuante, incertaine et que l’Indochine ne pouvait que tenter de sauver les meubles.

     L’Indochine se trouvait dans une situation des communications avec la métropole qui ressemblait étrangement à celle de la période des conquêtes à la fin du XIXème siècle, à plus de 13 000 kilomètres de distance en face de la  puissance militaire du Japon, nouveau conquérant de l’Asie du Sud-Est.

     Le livre de Paul Rignac «  La désinformation autour de la fin de la l’Indochine française » nous livre beaucoup d’informations à ce sujet, même si le lecteur n’est pas obligé de partager toutes ses analyses.

    La citation d’un propos du général Catroux qui fut gouverneur général de  l’Indochine jusqu’au 21 juin 1940 propose déjà un bon éclairage résumé du sujet :

      « Quand on est battu, que l’on n’a pas d’avions, pas de DCA, pas de sous-marins, on s’efforce de garder son bien et on négocie. » (page 28)

       Il convient de rappeler deux choses, 1) le général Catroux fut le premier général à cinq étoiles à rallier le général de Gaulle, mais il fut déjà le témoin de la lutte ouverte qui  s’engagea en Indochine entre vrais ou faux pétainistes ou vrais ou faux gaullistes, avant que le régime de Vichy ne cède la place complètement au Reich, en 1942.  Nommé à ce poste le 23 août 1939, il fut limogé le 25 juin 1940 pour laisser la place à l’amiral Decoux.

      Le 30 août 1940, le gouvernement Pétain signait un accord avec le Japon qui élargissait les facilités militaires qu’avait déjà négociées le général Catroux.

      « En contrepartie, le Japon reconnait la souveraineté française sur l’Indochine et s’engage à respecter son intégrité territoriale. » (page 37)

    2) Le contexte historique qui fut celle du Corps expéditionnaire en 1945, ressemblait étrangement à celui des années 40 et 41, c’est-à-dire l’absence complète de moyens pour faire la guerre.

        Le récit très détaillé de cette période charnière par Paul Rignac décrit l’ambiance délétère et ambiguë qui agita les milieux politiques et militaires au moment de l’arrivée au pouvoir du Maréchal Pétain le 10 juillet 1940, à la suite de la démission de la Troisième République, et cela jusqu’au moment où l’Allemagne occupa la zone sud, un moment de vérité pour bon nombre de Français.

       Saint Exupéry décrit dans ses souvenirs le même type d’état d’âme qui imprégnait alors une grande partie des milieux dirigeants civils ou militaires, alors que les fractures furent d’autant plus vives qu’elles se  creusaient en métropole même, à Londres, et en Algérie, où le général Giraud conservait beaucoup de partisans.

       Sur le plan international, il convient de signaler les grandes dates qui modifièrent complètement les contextes historiques et stratégiques occidentaux et asiatiques.

       En Europe, avant de l’envahir, le 22 juin 1941, l’Allemagne avait signé un pacte de non-agression avec l’Union Soviétique, le23 août  1939.

       Dans le Pacifique, le Japon entrait en guerre avec les Etats Unis à Pearl Harbour, le 7 décembre 1941, alors qu’il avait signé un pacte de non-agression avec l’Union Soviétique, le 14 avril 1941.

      Cette dernière ne dénonça ce pacte que le 8 août 1945, alors que le Japon, après l’explosion de la bombe atomique d’Hiroshima, le 6 août 1945, était dans l’obligation de capituler

       Cette dénonciation de dernière heure permit à l’URSS de s’asseoir à la table des négociations de capitulation du Japon, avec la complicité du Président  Roosevelt, obsédé par ses convictions sur l’indépendance nécessaire des peuples colonisés, dont l’Indochine.

       Dans sa conquête de l’Asie et du Pacifique, le Japon s’empara de  Singapour, une des grandes bases stratégiques de la puissance coloniale anglaise en Asie, entre le 8 décembre 1941 et le 21 janvier 1942, et des Indes Néerlandaises au cours du même mois.

       Le rapport de forces a commencé à changer après la bataille navale de Midway, le 5 juin 1942, puis la reconquête successive et meurtrière des Iles du Pacifique par les Etats-Unis.

    Les rapports de forces ont également commencé à changer en Méditerranée avec le débarquement des forces alliées en Afrique du Nord, et sur le front soviétique,  avec la bataille de Stalingrad, entre le 23 août 1942 et le 2 février 1943.

     L’Indochine n’était donc partie prenante de ces conflits qu’indirectement, en raison de la place stratégique de plus en plus importante  qu’elle occupait pour le Japon, contraint au rétrécissement de sa défense stratégique.

        Elle restait donc une proie tentante pour une puissance militaire en déclin, sur la défensive, dont un des mots d’ordre avait toujours été « L’Asie aux Asiatiques », et c’est ce que fit la Japon avant sa capitulation.

      Après le coup de force du Japon le 9 mars 1945, celui-ci fit le nécessaire pour renforcer les moyens militaires du Viet Minh.

     Le Japon occupait l’Indochine, mais l’administration de l’amiral Decoux, vichyste, continuait à fonctionner sous le contrôle de l’armée japonaise, jusqu’en mars 1945 : elle laissait alors le pouvoir vacant, après avoir massacré plusieurs centaines de Français, notamment les soldats et officiers de la garnison de Lang Son.

            Concrètement, le Japon laissait le pouvoir au  Vietminh.

            « En quelques jours, la présence administrative et militaire est totalement anéantie…(page 9)

       Quoiqu’il en soit, une évidence s’impose : l’Indochine française n’est pas morte à Dien Bien Phu ou à Genève. Elle a cessé d’exister le 9 mars 1945 après le coup de force du Japon. » «  (page 11)

       Et pendant ce temps-là… le Parti Communiste Indochinois, c’est-à-dire le Viet Minh construisait son nid, renforçait son organisation politique, terroriste, et militaire, en Cochinchine, en Annam, et aux frontières de Chine et du Tonkin, alors qu’il était le seul à savoir où il allait et avec quels alliés, avec le souci d’éliminer la rivalité  de nationalistes indochinois mal organisés, avec la complicité bienveillante du Japon.

            Le Viet Minh avait une organisation communiste qui disposait alors de peu de moyens, mais il était le seul à avoir une doctrine, et des ramifications sur tout le territoire.

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L’héritage du nationalisme vietnamien (p,59) (Vietnam – Stanley Karnow-Presses de la Cité-1984))

            « L’Indochine, comme son nom l’indique, fut le lieu où s’affrontèrent deux grandes civilisations d’Asie : celle de l’Inde et celle de Chine… La Chine laissa son empreinte sur le Vietnam, que la géographie isolait de la sphère d’influence indienne…. Si l’identité nationale est difficile à définir, deux éléments importants ont façonné le Vietnam au cours des siècles. Les Vietnamiens originels apportèrent avec eux de Chine leur économie de base, reposant sur la culture irriguée du riz. Cette forme de culture, qui dépend des aléas météorologiques et nécessite des systèmes d’irrigation complexes, réclame une coopération dans le travail. Les communautés vietnamiennes développèrent donc un puissant esprit collectif et, quoiqu’autonomes, les villages se mobilisaient comme autant de maillons d’une même chaine pour combattre les envahisseurs étrangers. Les guerres fréquentes que connut le pays apprirent aux Vietnamiens à se défendre eux-mêmes et en firent des guerriers. Des siècles plus tard, pendant la guerre d’Indochine, le Français Paul Mus mit en garde contre l’idée « commode » que les paysans vietnamiens n’étaient qu’une « masse passive », ne songeant qu’à son bol de riz quotidien et que des agents entretenaient dans la subversion par la terreur. En fait, leur attachement à  la nation s’était forgé  bien auparavant.

            Comme la plupart des nations, le Vietnam fait remonter sa création à des royaumes mythiques. Les Vietnamiens entretiennent cette mythologie dans le dessein de démontrer que leurs racines nationales sont aussi profondes que celles des Chinois, leurs rivaux ancestraux. » (p,61)

Le souvenir de la révolte de deux femmes ; Trieu Au, en 248 avant notre ère, et Trung Trac, en 40 après JC, et tout au long des siècles, les rapports sino-vietnamiens furent fréquemment des rapports « tumultueux » (p,62)

            L’auteur en rappelle les épisodes les plus éclatants au cours des siècles en même temps que les guerres civiles entre les Trinh au nord et les Nguyen au sud :

            « La guerre civile entre Trinh et Nguyen se poursuivit pendant deux siècles. Tout comme les accords de Genève de 1954  divisèrent le Vietnam en deux le long du 17ème parallèle, les rivaux finirent par accepter une partition du pays suivant approximativement la même ligne. Ils convinrent également une trêve de circonstance, chacun espérant reprendre le combat dès qu’ils auraient recouvré des forces. » (p,66)

       L’auteur montre bien dans quel contexte historique d’une très longue histoire la France avait imposé sa volonté et rencontré dès le début une résistance multiforme, constante, et grandissante, au fur et à mesure des années et des épisodes que raconte l’auteur.

       « Au milieu du XIXème siècle, quand ils étendirent leur domination sur tout le Vietnam, les Français avaient eu un choix à faire. Ils auraient pu poursuivre une politique d’ « association », comme les Britanniques en Inde, en gouvernant indirectement à travers les institutions indigènes…Les partisans de ces deux thèses s’affrontèrent tant que la France demeura au Vietnam, et ni les uns ni les autres ne virent leurs idées triompher dans la réalité.

    Les Français gouvernèrent directement le Vietnam, comme les chiffres le montrent. En 1925, cinq mille britanniques administraient trois cents millions d’Indiens alors qu’il fallait autant de fonctionnaires aux Français pour gouverner une population dix fois plus petite. Cette même année, les salaires versés à l’administration coloniale engloutirent la moitié du budget des colonies françaises. » (p,71)

       L’Indochine n’est devenue une colonie à part entière qu’après la conquête du Tonkin, en 1885, avec les interférences traditionnelles de la Chine, l’Empereur d’Annam, Fils du Ciel, et Féal de l’Empereur de Chine, Fils du Ciel, continua longtemps à déposer chaque année son « tribut » de féal.

            En résumé, une longue histoire « nationale », avec quelques ingrédients principaux, la loi du « business » et l’ouverture forcée des ports d’Asie (opium et soie), l’impérialisme des nations occidentales, avec le rôle actif des Marines, ici la Marine française, l’expansion des missions chrétiennes qui commençaient à évangéliser l’Asie dans des conditions souvent très difficiles, avec le soutien de la même Marine, et au surplus un acteur trop souvent ignoré, le soutien d’une administration franc-maçonne : la conquête de la Cochinchine est un bon exemple de la collusion Marine- Missions- Affaires qui éclaire aussi certains aspects de la guerre d’Indochine, outre-mer le goupillon faisant bon ménage avec les francs-maçons.

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Les dates clés de la guerre d’Indochine

« 1945-1954 »

            Trois périodes sont distinguées par le général Gras et par l’historien Tertrais :

Général Gras : « La guerre larvée (1945-1946) (p,41) – « La guerre coloniale (1947-1950) (p,159) – « La guerre  contre le communisme » (1950-1954) (p,305)

            Hugues Tertrais : « Une guerre coloniale aux moindres frais » (1945-1948) (p,25) – « L’inflation des coûts et la redistribution des cartes » (1949 – 1951) (p,69) – «  La guerre d’Indochine ou comment s’en débarrasser »(1952-1954) (p,119)

            Sur la scène internationale :

            2 septembre 1945 : capitulation du Japon

            1947 : la Guerre Froide commence entre les Etats-Unis et l’URSS, et plus largement entre l’Occident et le monde soviétique, avec son « correspondant » sur le plan intérieur, le Parti Communiste : le 4 mai 1947, les ministres communistes sont révoqués, par le Président du Conseil, Paul Ramadier. C’est la fin de la gouvernance politique tripartite, SFIO, MRP, PC, mais la valse des gouvernements continue….

            1949 : Mao Tsé Toung prend le pouvoir en Chine : ébranlement de l’Indochine encore « coloniale »

            1951 : guerre de Corée avec la confrontation Etats-Unis – URSS,  à travers Chine et Corée : ébranlement de l’Asie du Sud Est

            1955 : Conférence de Bandoeng : les pays du Tiers Monde s’organisent : ébranlement des anciens empires coloniaux

            1956 : Nasser prend le pouvoir en Egypte : ébranlement à distance du Maghreb et de l’Algérie

            Sur la scène indochinoise :

            Le 11 mars 1945, le Vietnam indépendant est proclamé par l’Empereur Bao Dai : monté sur le trône en 1925, à l’âge de douze ans, Bao Dai n’avait fait le plus souvent que de la figuration impériale.

      Le 25 août 1945, coup de théâtre, Bao Dai renonce au trône et laisse la place le 2 septembre, à la République démocratique du Vietnam, présidée par Ho Chi Minh ; il devient conseiller suprême de son gouvernement.

     Le 17 août 1945, l’amiral Thierry d’Argenlieu est nommé Haut-Commissaire, et le général Leclerc est désigné comme Commandant du Corps expéditionnaire : de Gaulle leur a confié la mission de rétablir la position de la France en Indochine. Les premiers détachements français débarquent en Indochine en octobre 1945.

       Leclerc atterrit en Cochinchine le 5 octobre 1945. Il en repartira le 18 juillet 1946, moins d’un an après.

      De Gaulle avait tout d’abord porté son choix sur Duy Tân, le 11ème  souverain des Nguyen en Annam (1899-1945), lequel s’était illustré en animant l’opposition nationaliste entre 1906-1916, ce qui lui valut d’être exilé par les autorités coloniales. Il refit surface au cours de la deuxième guerre mondiale en ralliant de Gaulle. Il  mourut dans un accident aérien.

    Le Général avait choisi un des « Fils du Ciel », ancien réfractaire à la colonisation française, pour reprendre le flambeau en Indochine.

     Le général Salan est nommé délégué militaire en Indochine du nord, avec la mission de faire partir du territoire les armées chinoises qui s’y sont installées. Salan a l’expérience de l’Asie.

      Comment ne pas noter que le général fit appel à un des généraux les plus prestigieux de la Deuxième Guerre mondiale, et que d’ores et déjà, Salan, un des fidèles de Leclerc, est de la partie avec un commandement important et sensible ?

      2 septembre 1945, Ho Chi Minh déclare l’indépendance du Vietnam à Hanoi.

       20 janvier 1946, le  général de Gaulle  démissionne de ses fonctions de chef du gouvernement provisoire

            6 mars 1946, signature d’un accord Ho Chi Minh-Sainteny : l’espoir d’une solution pacifique.

            3 avril 1946, signature d’un accord de coopération entre le général Salan, et le  général Giap, deux des acteurs majeurs de la guerre qui commence.

   6 juillet 1946, ouverture de la Conférence de Fontainebleau entre le gouvernement français et le Viet Minh, en présence d’Ho Chi Minh.

            12 septembre 1946 : échec de la conférence, les désaccords portant sur le statut de la Cochinchine et sur les nouvelles institutions à mettre en place, la France cherchant à maintenir, sous une forme ou sous une autre, son contrôle sur l’Indochine, notamment sur la Cochinchine, et sur les protectorats du Cambodge et du Laos.

      Le Corps expéditionnaire part à la reconquête de l’Indochine, contrôle les principales villes du pays et les grands axes, mais en parallèle, au cœur des rizières ou de la jungle, le Viet Minh commence à quadriller les villages, le cœur de ce pays, et contribue à créer un climat général d’insécurité.

       Janvier 1947 : le général Leclerc revient faire une inspection en Indochine et fait le constat que la solution ne peut qu’être politique. Il meurt quelques mois plus tard dans un accident d’avion, le 28/09/1947.

       Lors de son commandement (1945- 1946), les négociations avec Ho Chi Minh partaient du même constat.

            5 mars 1947 : Bollaert est nommé Haut-Commissaire et tente à nouveau de mettre en œuvre une solution de remise du pouvoir à Bao Dai.

            16 mai 1949 : le Président Queuille  envoie le général Revers faire une inspection en Indochine,  lequel préconise la recherche d’une solution politique.

            Le rapport secret en question fait l’objet d’une diffusion sous le manteau aussi bien dans les milieux dits autorisés que chez nos adversaires : le scandale Revers.

      25 mai 1950 : début de violentes attaques du Viet Minh sur la RC4, entre Cao Bang et Lang Son, la route coloniale qui longe la frontière de Chine et traverse une zone géographique et stratégique qui constituera le quadrilatère du commandement Viet Minh.

       Lors de la conquête du Tonkin, à la fin du dix-neuvième siècle, le Colonel Gallieni et le Commandant Lyautey avaient eu mailles à partir avec des bandes de pirates chinois et annamites dans les mêmes Hautes Régions, habitées par des minorités ethniques. Ils avaient réussi à pacifier ces Hautes Régions grâce à la collaboration du maréchal Sou, gouverneur du Kouang-Si.

      10 octobre 1950 : l’évacuation du poste de Cao Bang est un désastre. Les deux colonnes, l’une partie de Cao Bang, l’autre de Dong Khé, sont anéanties par le Viet Minh.

     6 décembre 1950 : le général de Lattre est nommé haut-commissaire et commandant en chef en Indochine.

      La France fait à nouveau appel à un des généraux glorieux de la Deuxième Guerre Mondiale.

      La France change de guerre, ou plutôt est dans l’obligation de changer de guerre dans le nouveau contexte international communiste : elle obtient le soutien des Etats Unis.

      La guerre devient une des guerres de la guerre froide entre les Etats Unis et l’URSS, par puissances interposées, la Chine communiste devenant un des alliés majeurs du Viet Minh.

     Lors d’une Conférence de presse, le 22 juin 1951, de Gaulle avait déclaré qu’il existait quatre solutions militaires :

    « Là-bas, il y a quatre solutions militaires possibles. On peut s’en aller. On peut se limiter à tenir quelques môles. Ce sont là des solutions de défaite. Quant à moi, je ne les accepte pas. Alors il en reste deux autres : ou bien celle qui est actuellement pratiquée, et qui consiste à sauver l’essentiel, non sans grands efforts et lourdes pertes, hélas ! mais qui ne tranche pas décidément la question. Pour que la question soit tranchée, il y a deux choses à faire et qui sont liées entre elles, envoyer des forces nouvelles au point de vue des effectifs et du point de vue matériel. C’est cela qu’a visé le général Koenig (-dans une interview, y envoyer le contingent-.) dans l’hypothèse où on voudrait et où on pourrait coûte que coûte en finir. » (Gérard Fleury- La guerre en Indochine-Le Grand Livre du Mois-2000- p, 461)

      De Lattre mène une guerre  de mouvements à partir de la chaine de postes fortifiés qu’il fait implanter sur tout le pourtour du delta du Tonkin, la zone la plus peuplée.

            18 décembre 1951, de Lattre, gravement malade, quitte l’Indochine, et passe le pouvoir à Salan : à peine un an de commandement, et la perte de son fils Bernard dans un combat du delta.

            Les grandes opérations militaires se  succèdent, le Viet Minh dispose de plus en plus de divisions bien entrainées et bien équipées par les Chinois, en même temps qu’il noyaute systématiquement les villages de l’ensemble de la péninsule.

            A l’instigation de René Mayer, la piastre, vecteur de toutes les spéculations et manipulations dans les deux camps, est dévaluée le            11mai 1953. Le cours de change entre franc et piastre avait été fixé en 1945 à un niveau tel qu’il nourrissait un important trafic de change entre la métropole et l’Indochine, de même que sur certaines places financières.

            La carrière politique et privée de René Mayer méritera d’être évoquée, car le personnage était intelligent et influent : il avait plusieurs cordes à son arc, la finance, le parti radical, ses attaches européennes et algériennes : il fut un des grands élus de l’Algérie française, à Sétif et à Alger.

            Sous les ordres du général Navarre, le commandement français crut pouvoir emporter cette guerre en piégeant les divisions Viet Minh autour de la cuvette de Dien Bien Phu, une vielle idée stratégique des commandements français, celle qui consistait à obliger l’adversaire à accepter le combat dans les conditions d’une guerre moderne.

            La sous-estimation complète des capacités stratégiques de Giap et des renforts chinois, de même que le choix d’une cuvette, conduisirent au désastre de Dien Bien Phu en 1954.

Municipales Paris 2020 – Impressions – L’émission politique FR3 du 10 mars 2020

Municipales Paris 2020

Impressions

L’émission politique FR3 du 10 mars 2020

Je vous avouerai que j’ai calé à partir de la discussion on ne peut plus confuse qui portait sur le logement à Paris.

          Mes impressions :

            Une interrogation sur le niveau politique des candidats qui sollicitent les suffrages parisiens, d’autant plus, lorsqu’on connait l’état de santé des partis politiques qui soutiennent ces candidats ou candidates, à l’exemple d’un parti comme le PS qui n’existe plus, ou, de celui des Marcheurs encore dans les limbes.

            Amateurisme, pour beaucoup d’entre eux, sûrement, avec ce gros brin de démagogie qui a submergé la majorité des discours et des promesses électorales.

            Dans cette enceinte « politique », tout de même, la présence incongrue de Mme Buzyn, la voix douce d’une bonne sœur presqu’égarée de son couvent…

             En finale, la question de savoir, si battue, Mme Hidalgo ira se refaire une santé en Espagne, et en cas de nouvel échec, fera un retour surprise dans la capitale de la France ?

          Jean Pierre Renaud

Les sites de messagerie « cannibale » : l’exemple municipal de Paris !

La démocratie face aux sites de messagerie : l’exemple de Paris et de son site de messagerie municipale non démocratique !

            La Ville de Paris a mis à la disposition des citoyens et des usagers un site d’information bien documenté, coloré, imagé, et efficace, et un site de  messagerie est à la disposition des citoyens et usagers pour adresser leurs  questions ou leurs messages aux élus ou aux services : le site accuse réception des questions  et des messages reçus avec un numéro, un code et une date de réception.

        Seule difficulté, son caractère non démocratique, étant donné qu’il dépossède l’expéditeur du contenu du message adressé !

       La Mairie de Paris imite les grandes sociétés capitalistes qui s’approprient le plus souvent les messages qui leur sont destinés sur les sites de messagerie mis à la disposition des clients éventuels.

         Il est exact que d’autres institutions publiques font de même, tels qu’Arte ou le ministère de la Culture, alors que d’autres ont mis en place des sites de messagerie démocratique, telles que la Préfecture de Police, celle du Val d’Oise, ou de la Sarthe, ou dans le domaine municipal, Montbéliard ou Mériel sur Oise, pour ne citer que les exemples que j’ai pu relever.

       Comme la Ville de Paris, la chaine publique et binationale ARTE ne laisse pas plus aux téléspectateurs ou téléspectatrices qui lui adressent des messages la propriété de leurs messages.

            Jean Pierre Renaud

          Le 16 décembre 2019, j’ai déjà évoqué ce grave incident de maintien de l’ordre à l’occasion du dimanche sans voiture du   22 septembre 2019,  une violation de la légalité. J’avais adressé successivement au moins quatre messages dont j’ai conservé les accusés datés de réception, sans obtenir aucune réponse à la question posée sur le qui faisait quoi et avec quelles instructions municipales afin d’interdire aux véhicules d’entrer dans la capitale : dans le cas  d’espèce, il s’agissait d’un médecin

Paris, les élections municipales 2020, la problématique politique et institutionnelle

Élections municipales 2020

Éclairage de la problématique institutionnelle et politique parisienne
Rappel de mon analyse du 15 janvier 2020 à toutes fins de réflexion utile

« Paris 2020 »

« Paris, un autre État dans l’État »

Avec le clin d’œil littéraire de Miguel de Cervantès et de Jean de La Fontaine

Avec un clin d’œil chinois et stratégique : « La propension des choses » de François Jullien »

Le Coronavirus chinois et les tabous de l’information

Porte-avions et fusées nucléaires contre hygiène publique !

Les limites de la dictature et de l’explosion démographique chinoises !

Questions :

  1. L’agriculture chinoise a-t-elle dépassé le stade d’une tradition millénaire qui avait su exploiter au maximum les atouts des engrais fécaux, avec toutes les conséquences que cela avait sur les épidémies, la mortalité, et sur l’air de ses villages et de ses cités ?
  2. L’explosion démographique a conduit la Chine à construire des villes nouvelles, « gigantesques », dans des conditions d’exceptionnelle efficacité, mais n’a-t-elle pas négligé de traiter en parallèle le problème d’hygiène publique « gigantesque » que cela posait en matière d’assainissement ?
  3. La Chine communiste n’a-t-elle pas sacrifié l’hygiène publique à une nouvelle volonté d’hégémonie impérialiste fondée sur une puissance militaire de plus en plus menaçante ?

 Jean Pierre Renaud

Nota Bene : dans les années 1950, le grand géographe tropical Pierre Gourou notait que dans la Chine rurale, encore, un quart de la mortalité était causée par le manque d’hygiène.