Le film « Un homme qui crie » de Mahamat-Salah-Haroun

Un bon film, à voir par tous ceux qui s’intéressent à l’histoire et au destin de l’Afrique d’aujourd’hui.

            L’histoire d’un père, maître-nageur dans un hôtel de luxe de N’Djamena (Tchad) et de son fils, pris dans les mailles du filet de la guerre, de la corruption qui touche la conscription militaire, et qui voit son fils partir vers le front.

            Et ce merveilleux side-car qui nous fait découvrir les rues de la capitale, puis le désert, avec la course folle de l’urgence vitale, lorsque le père décide de se rendre sur le front pour rapatrier son fils gravement blessé, lequel meurt dans ses bras, le long du fleuve Chari sans doute.

            Une course de side-car digne de l’anthologie du cinéma !

            Un film qui ressemble au versant africain du film de Claire Denis et d’Isabelle Huppert, intitulé « White Metal » et qui se passait au Cameroun, que nous avons brièvement commenté, il y a quelques mois.

Le versant africain, car le défaut de ce type de film est qu’on ne nous explique  jamais de quelle guerre il s’agit, qui est contre qui, et pourquoi ? La guerre comme nouveau décor africain ! Avec des guerres toujours anonymes, qui ne veulent pas dire leur nom ?

Avec le risque de laisser penser aux spectateurs que chaque pays d’Afrique se voit confronté avec sa ou ses guerres, ce qui est le cas du Tchad.

J’ai vu ce beau film un dimanche après-midi dans un cinéma d’art et d’essai, et vous avouerai-je que j’ai été très surpris de constater que le public ne semblait compter aucune personne venue, semble-t-il, de ce qu’on a coutume d’appeler aujourd’hui la diversité française.

Jean Pierre Renaud

Afrique (s), une autre histoire – France 5 du 17 octobre 2010

Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle

Acte II : 1945-1964, l’ouragan africain

France 5 du 17 octobre 2010

Une première remarque qui a son importance, pourquoi une programmation aussi tardive ?

Ceci dit, tout comme le premier documentaire, une émission intéressante sur la période en question, avec quelques questions de fond.

Il est très difficile de comparer l’évolution passée des différentes composantes de l’Afrique « coloniale » : il y avait de grandes différences entre les territoires qui comptaient une importante population européenne, avec appropriation des richesses, et les autres, entre l’Afrique du Sud, l’Algérie, la Rhodésie,… et les autres, ceux notamment de l’Afrique de l’Ouest, d’où sans doute l’explosion armée fort bien décrite.

Comme cela été bien dit par certains commentateurs, cette histoire doit toujours être examinée à la lumière de la guerre froide entre l’Est et l’Ouest, et des initiatives diplomatiques des deux camps, et d’un troisième, le Tiers Monde de l’époque. Beaucoup des révolutionnaires africains étaient marxistes par conviction ou intérêt national. A Paris, le discours des étudiants africains était très majoritairement marxiste.

L’histoire du Congo Belge n’est pas comparable à celle de l’Afrique encore française. Dans les années 1950, les Belges s’y voyaient encore installés pour longtemps. Les futurs administrateurs coloniaux n’avaient absolument pas conscience des évolutions révolutionnaires à venir.

La question du maintien possible d’une structure fédérale ou confédérale, qui aurait succédé aux AOF et AEF est effectivement importante. Machiavélisme ou non de la France à ce sujet ? Le dossier mériterait d’être creusé.

Curieusement, aucun responsable politique blanc de l’époque n’a été interviewé dans le sujet –sont-ils tous morts ? -, et c’est un peu dommage.

Il serait sans doute intéressant de traiter dans un documentaire à venir le dossier de la querelle des mémoires coloniales, et de nous éclairer sur l’état de la question en Grande Bretagne, en Belgique, ou au Portugal.

Jean Pierre Renaud

« Afrique(s), une autre histoire » : France 5 du 10 octobre 2010

« Afrique (s), une autre histoire du XXème siècle

Acte 1 : 1885-1944, le crépuscule de l’homme blanc »

France 5 du 10 octobre 2010

            Autre histoire, je ne sais pas, pour un certain nombre de personnes qui connaissent un peu cette histoire, mais en tout cas un bon documentaire dans son ensemble sur le sujet.

            Le documentaire : un angle d’attaque qui nous change des discours idéologiques que l’on voit souvent tenir sur cette période historique !

            Quelques réserves toutefois sur quelques épisodes :

–       Le choix de Béhanzin, comme résistant, sans cadrage !  S’il est vrai qu’il gouvernait un royaume bien organisé, qu’il était un des rares rois africains à disposer d’une armée également bien organisée, avec canons et fusils modernes, il s’illustrait tout de même par des sacrifices humains rituels à gros effectifs, non contestés, et par des razzias régulières d’esclaves dans les royaumes voisins. Des rois voisins se sont d’ailleurs félicités de sa disparition.

o   Samory aurait peut-être été un meilleur choix.

–       En ce qui concerne le même Dahomey de l’époque, il parait tout de même difficile d’évoquer, comme je crois l’avoir entendu, quelque chose qui aurait pu ressembler à la construction d’une « nation » dahoméenne ou béninoise.

–       En ce qui concerne l’évocation de la politique des races de Gallieni à Madagascar, effectivement, officiellement prônée et mise en œuvre par l’intéressé, c’est tout à fait exact, mais ces instructions se situaient au cours de la période d’une pacification fragile, dans un contexte où il était difficile d’obtenir l’appui de l’élite merina de la monarchie qui gouvernait l’île, en dépit des difficultés qu’elle avait rencontrées, et qu’elle rencontrait encore auprès de certaines des dix huit ethnies du pays

o   Le principe « diviser pour régner » n’était pas à cet égard une originalité

–       A titre accessoire, j’ai été plutôt surpris de voir en Ethiopie une image de musulmans en train de faire une de leurs cinq prières quotidiennes.

–       Enfin, le crépuscule de l’homme blanc a débuté effectivement après la première guerre mondiale, laquelle avait montré qu’il n’était pas invincible, comme la légende en courait en Afrique : de retour dans leur pays, les tirailleurs avaient pu en témoigner.

La discussion : qui a suivi, très intéressante, avec un contenu sans tabou, qui change également avec le prêt-à-penser habituel, mais en se demandant quel pouvait être son lien logique avec le documentaire diffusé.

JPR

Le film « Des hommes et des dieux »

  Rien à ajouter à tous les commentaires, le plus souvent élogieux, qui ont accompagné la sortie de ce film.

            J’indiquerai tout simplement que l’histoire de ces moines assassinés en Algérie, nous change de l’ambiance de fric et de futilité dans laquelle la société française a de plus en plus tendance à se complaire : de l’air pur et du désintéressement !

            Et par surcroît, un contact avec le divin chrétien ou musulman !

France 3: le Mali, « Faut pas rêver » du 30/07/10

France 3

Emission «  Faut pas rêver », le 30 juillet 20010

Le Mali

            Un documentaire fort intéressant sur le Mali, d’autant plus intéressant que beaucoup de Français croisent dans la rue ou sur leurs lieux de travail, des Maliennes ou des Maliens, il y en a plusieurs centaines de milles dans notre pays, sans avoir aucune idée de leur pays.

            Le documentaire nous montre la diversité et la beauté d’un pays et de ses habitants, en dehors de tout préjugé, et nous fait découvrir quelques uns de ses trésors, le majestueux fleuve Niger, avec les cités de Djenné et sa magnifique mosquée, Mopti, la fluviale, et Bamako, et le pays Dogon, ses falaises et ses plaines, mais d’abord la richesse de sa culture et de ses traditions.

            Le documentaire fait un sort aux chercheurs d’or du Mali, et c’est bien, mais pourquoi ne pas avoir donné la localisation des images ? De belles images aussi sur la magie colorée des tissus fabriqués au Mali, les fêtes locales, la navigation des grandes pirogues sur le fleuve.

            Et pour notre « édification » citoyenne, deux sujets bien traités, l’un sur la solidarité humaine et financière qui existe entre Maliens, émigrés en France et leurs parents de leurs villages d’origine, l’autre, très sensible, touchant à l’une des croyances de la culture traditionnelle de ce pays, quant au destin des albinos, victimes depuis longtemps de la persécution d’une vieille tradition culturelle.

            Le documentaire a présenté, à ce sujet, un grand chanteur du Mali, albinos lui-même, lequel s’est fait le héros de cette belle histoire de réhabilitation humaine et morale des albinos.

            Enfin, et pour certains historiens de « type postcolonial » qui s’interrogent sur la relation conceptuelle qui pouvait exister entre le colonialisme, la colonisation et la modernité d’une époque, le succès du téléphone portable au Mali apporte à sa façon sa réponse.

« La Tête en friche », un film de Jean Becker, avec Depardieu, un grand Depardieu! Allez voir ce film!

 Je n’ai jamais été un admirateur inconsidéré de Depardieu, mais ses deux derniers films, méritent incontestablement le détour, Mammuth, mais surtout « La Tête en friche », une superbe histoire qui nous change de beaucoup des mièvreries françaises habituelles.

    Le récit d’un adulte, enfant mal aimé, pris en grippe, sorti illettré de la bonne école républicaine, et auquel une vielle dame, adorable, rencontrée sur un banc public, fait découvrir la lecture, les livres, la Peste de Camus, Gary, Supervielle…

    Tout un programme, et quel programme! Dans la pâte humaine!

    La découverte des mots, de la lecture! 

   Et la découverte de l’âge, de la société d’aujourd’hui, des véritables relations humaines entre générations, quelquefois oubliées , faites d’abord de gratuité et d’amour!

Clin d’oeil cinéma: le film « Hors la loi » et « l’historien » colonial Blanchard

Pages cinéma du Monde du 5 mai 2010: Clarisse Fabre évoque la polémique qui s’est engagée sur le film « Hors – la – loi ». Elle cite comme avis de référence celui de M.Blanchard, animateur d’un collectif de chercheurs qui diffuse depuis quelques années une littérature coloniale, de type idéologique, au mieux ingénue, sur le passé colonial de la France.

   M.Blanchard a effectivement fait des études d’histoire et soutenu une thèse de doctorat, sur un sujet circonscrit à la fois sur le plan géographique, chronologique, et thématique, et je recommande aux spécialistes la lecture de cette thèse, afin de vérifier si elle est susceptible d’accréditer ce chercheur comme référence médiatique de notre histoire coloniale, ce qui ne semble pas être le cas dans les mileux sérieux de l’histoire coloniale.

   Le titre de cette thèse est: « Nationalisme et Colonialisme, la droite nationaliste française des années 30 à la Révolution Nationale »

   L’intéressé déclare à la journaliste, quant aux inexactitudes pointées par le Service Historique de la Défense :

   « Mais ce n’est pas le sujet, Hors-la-loi est une fiction ».

   Comme l’histoire coloniale de « fiction » dont le chercheur est un des hérauts? Avec un talent incontestable pour surfer dans les médias sur un filon à nouveau découvert, celui des images  coloniales. 

Clin d’oeil cinéma: « White Material »

« White Material » avec Isabelle Huppert, Claire Denis et Marie Ndaye

Enchaînons « tout de go », « one woman show » de la grande Isabelle Huppert, mais au fait, pourquoi ce titre en anglais? 

Le journaliste de Libé en a peut être livré la clé, en évoquant « un truc de Blancs », mais parlons d’abord du film, avant de donner, un tout petit peu, la parole aux journalistes spécialisés du cinéma.

Isabelle Huppert fait exploser ce film, c’est certain: obstinée, déterminée, elle veut à tout prix sauver sa récolte de café dans sa plantation d’un pays tropical, dans un contexte de violence et de guerre civile qui fait rage. Piste rouge, forêt et caféiers verts, de belles montagnes bleutées à l’horizon, un monde noir à la fois inquiétant et indéchiffrable, et à la fin, le déchaînement meurtrier d’enfants-soldats. La belle Isabelle corse un peu son histoire en accueillant un chef rebelle blessé dans sa belle plantation.

Son fils, un peu fou, puis très fou, son ancien mari, font très pâle figure dans le récit. Ils n’existent pas ou plus.

Dans Libé (24/03/10), le journaliste spécialisé conclut son analyse en écrivant:  « Son White Material n’est pas un truc de Blancs. C’est une perle noire. »

Dans Le Monde (24/03/10), le journaliste spécialisé parle de « l’éviction du corps blanc par le continent noir »,  d’une actrice Huppert qui  « maraboute le cinéma français »,etc…, et je vous avouerai qu’ici,  il me semble me retrouver, un peu mieux, en pays de connaissance.

Dans son interview à l’AFCAE, Isabelle Huppert répond à un moment donné:

 » White Material » n’est pas un film politiquement correct. Il montre des enfants-soldats, donc des enfants-bourreaux »

Et je conclurai sur cette dernière phrase.

Je ne suis pas sûr qu’un spectateur, non averti, ne soit pas submergé par cette violence qui fait peur. 

Dommage enfin que le récit s’inscrive  dans un « nulle part » géographique et historique, même s’il s’agit peut-être de la « bulle d’opacité flottante » qu’évoque Libé.

Clin d’oeil cinema: le film « L’arbre et la forêt » (2008-Ducastel et Martineau)

L’arbre et la forêt
Pour comprendre un certain nombre de choses dans notre société passée ou présente, allez voir ce film! Vous y verrez naturellement un très bel arbre dont vous connaitrez l’histoire, mais ausi de belles feuilles et de belles forêts. Mais ce film traite avec beaucoup de finesse et de talent le thème de l’homosexualité masculine, tel que notre génération l’a connu, un déni, un exil, une sorte de bannissement familial et social, mais toujours dans le non-dit, le silence, ou l’esquive, et quelquefois dans la violence. Les persécutions nazies évoquées, ici en Alsace, viennent renforcer le message de souffrance du scénario très bien écrit et d’une grande qualité psychologique. Comment ne pas dire enfin que Guy Marchand fait passer un message d’humanité avec un formidable talent. Bravo!

Clin d’oeil cinema: « Le cahier »

Afghanisan, talibans, école des filles, journée de la femme : allez voir « Le cahier » un film très émouvant, des images et une histoire  incomparables sur l’envie d’école des petites filles au pays des talibans, et aussi sur leur héroïsme. Rien d’égal pour comprendre la situation des filles et des femmes dans ce pays en guerre depuis plusieurs dizaines d’années. Un film sorti en 2008, dont l’auteur est Hana Makhmalbaf.