Le film  » Les femmes du bus 678″ de Mohamed Diab

Le film « Les femmes du bus 678 »  (Cairo 678)

De Mohamed Diab

Ou l’énigme du citron ?

       Ce film  fort intéressant est bien sûr, et tout d’abord, une métaphore du mouvement multiséculaire d’émancipation des femmes, ici, au Caire,  donc dans le monde arabo-musulman, succédant aux mouvements du même genre qui ont agité le monde occidental, avec la reconnaissance du droit à l’égalité des femmes.

             Il brosse le combat, souvent désespérant, de trois femmes courageuses, dont une particulièrement, qui emprunte quotidiennement le fameux bus 678, qui affronte les regards et les attouchements des hommes, dans des bus bondés  qui facilitent toutes les initiatives de mâles frustrés.

            Si un tel film est représentatif de l’état d’esprit d’une partie de la société masculine cairote, il faudra encore beaucoup de temps, avant que les femmes de ce pays soient respectées comme elles le méritent.

            A lire certaines informations de la presse sur des incidents de « viol » qui ont frappé récemment quelques femmes sur la place Tahir, celle de la Révolution, dite du « Printemps Arabe », ce combat sera difficile.

Il conviendra en effet de soulever véritablement des montagnes pour que la société dans son ensemble, et les corps constitués, ne soient plus complices de ces « viols », sous le prétexte hypocrite  de réputations mal placées.

La France n’est pas non plus à l’abri de ce type de violences faites aux femmes : l’an dernier, une femme sur sept aurait fait l’objet d’harcèlement sexuel.

Et enfin, ne sera pas dévoilé le secret de l’énigme du citron que seuls les spectateurs de ce film auront le droit de découvrir !

Jean Pierre Renaud et sa concubine préférée

Le film « La Petite Venise » d’Andrea Segre

Dans le fil de son intrigue la plus simple, l’histoire d’une jeune femme chinoise immigrée en Italie, confrontée à la fois au choc des cultures et au servage auquel ses employeurs chinois la soumettent.

            Son histoire croise celle de vieux pêcheurs de la lagune de Venise, leur humanité colorée, en particulier celle d’un vieux pêcheur veuf qui veut prendre sous son aile, ou son filet, cette jeune femme d’autant plus attachante qu’elle s’adapte vite à ce milieu italien hors d’âge, mais vivant.

Elle croise aussi le racisme de quelques nazillons italiens trafiquants d’on ne sait quoi, mais prêts à faire le coup de main

 Le tout dans le décor vaporeux et poétique de la lagune !

Une métaphore de la confrontation d’une vieille Europe ancrée dans son passé et d’une Chine qui, par la voie d’on ne sait quelle organisation, mafieuse ou non, régente, au jour près, la vie d’une main d’œuvre qu’elle contrôle jusque dans son intimité et fait de l’obéissance à ses exigences, la condition d’un retour de l’enfant laissé au pays.

Un film intéressant dans lequel se mélangent la délicatesse et la violence,  sans que l’on puisse savoir s’il  nous donne bien la mesure du dialogue des deux cultures chinoise et française.

Jean Pierre Renaud et sa concubine préférée

Le film « INDIAN PALACE » de John Madden

 Un film riche en situations, intrigues, et personnages,  presque trop riche, mais réellement intéressant, et aussi amusant.

            L’Inde, toujours un peu l’Inde des Anglais, avec une  bonne dose d’exotisme,  portée ici par le rêve d’une retraite à bon marché dans un palace indien.

            Les images et les situations nous transportent dans un tout autre monde que le nôtre, par les couleurs, les mouvements, les mœurs, avec plusieurs thèmes  qui structurent le film, et mettent en évidence une philosophie de la vie très différente de la nôtre, toute en contraste avec celle de ces vieux anglais ou vieilles anglaises qui viennent passer leur retraite dans un pays qu’ils parent des couleurs d’un nouvel Eldorado.:

On y trouve pêle-mêle des vieilles anglaises et de vieux anglais encore à la recherche de la sexualité, de l’amour, de la tendresse, ou tout simplement de la sérénité,  une veuve apaisée, et un vieux célibataire, déjà venu en Inde, en quête de son compagnon indien qui fut chassé de sa famille, il y a plus de quarante ans, en raison de sa sexualité…une vieille fille, d’abord acariâtre, un brin raciste, qui prend sa revanche sur ses déconvenues d’Angleterre, en aidant  le faux Palace   , délabré, à trouver enfin la voie de sa résurrection financière, et qui en définitive, aime cette Inde…

Mais aussi, et tout en contraste, ce jeune Indien, gérant de palace amateur mais plein de bonne volonté, qui vit une belle histoire d’amour avec une dulcinée que lui refusent à la fois le frère,  et sa propre mère mais  qu’un vieux sage indien finit par convertir à cette union.

Pour border le tout, l’évocation inévitable de ce monde des « intouchables », la dernière caste de l’Inde, laquelle trouve une certaine reconnaissance dans ce film.

Et pour une école de juristes en mal de « cas », une belle histoire de vraie publicité mensongère !

Jean Pierre Renaud avec sa concubine préférée

Le film « Le secret de l’enfant fourmi » de Christiane François

Ce film nous fait un peu découvrir les paysages du Nord du Bénin, dans la région de Natitingou et du massif de l’Atakora, mais son intérêt porte avant tout sur une histoire étrange de bébé stigmatisé, abandonné par sa mère, comme le veut la coutume d’un infanticide rituel

            Une française se rend à Natitingou et au cours d’une de ses excursions, elle trouve un  bébé abandonné à côté de sa voiture. Elle ne sait pas quoi en faire, consulte amis et autorités, et finalement, cédant à l’instinct maternel, elle décide de l’adopter et de le ramener en France.

            Tout semble bien aller jusqu’à l’âge de sept ans, car son garçon est alors pris de convulsions, de crises de violence inexplicables. Elle décide de retourner au Bénin pour tenter de rencontrer la famille, la mère, et trouver une explication.

            Après bien des aventures, elle plonge dans un des secrets d’une des cultures locales, et comprend que son fils a été abandonné parce qu’il incarnait une sorte de démon, et qu’à ce titre, il ne méritait pas de vivre.

            Elle réussit à le faire en quelque sorte « exorciser ».

            L’histoire se déroule vraisemblablement dans la région de l’ethnie Somba, cousine de celle voisine du Togo, les Tambernas, des populations qui ont conservé très longtemps leurs traditions archaïques. Dans les années 1950, elles campaient encore dans leur nudité traditionnelle. De leur côté, des critiques cinématographiques ont cité l’ethnie Bariba.

Un film intéressant parce qu’il permet de découvrir certaines réalités culturelles ou religieuses d’une Afrique qui échappe encore à beaucoup d’entre nous.

Quelques critiques spécialisées n’ont manifesté, ni tendresse, ni enthousiasme, pour ce film, mais l’histoire racontée a le grand mérite d’exister.

Jean Pierre Renaud

Le film « Barbara » de Christian Petzol

 L’intrigue repose sur la vie d’une jeune allemande de l’Est des années 1980, interne en médecine, aux multiples visages de beauté, dont le désir est de fuir ce monde communiste, où la délation est partout, et la police politique omniprésente.

Rebelle au monde qui l’entoure, elle est mutée de Berlin dans un hôpital de province où  ses faits et gestes sont surveillés. Pourtant, elle persiste à vouloir s’évader de ce qu’elle perçoit comme une  prison grâce au concours d’un amant vivant à l’Ouest.

Alors que tout est prêt pour sa fuite à l’Ouest, elle laisse sa place à une jeune femme torturée par la Stasi, qu’elle protège.

Elle retourne travailler dans l’hôpital avec un jeune chirurgien qui l’aime, mais qui ne lui demande rien.

Un film émouvant, plein de délicatesse mais aussi de violences morales et physiques.

Un film intéressant, et instructif, pour tous ceux qui n’ont pas oublié cette époque d’avant la chute du mur de Berlin, mais encore plus pour les Français qui ont tendance à avoir, ou la mémoire courte, ou la mémoire sélective, ou tout simplement une mémoire qui flanche.

Jean Pierre Renaud et sa concubine préférée

Le film japonais « I Wish » « Nos vœux secrets » d’Hirokazu Kore-Eda

 La critique du Canard Enchaîné (DF) du 11avril 2012 trousse un joli et juste résumé de ce film dont l’intrigue se déroule dans l’île la plus au sud du japon, Kyushu.

« Un délicieux film d’enfants, tendre et émouvant, … des grands-parents adoucis comme du papier de soie… « Un petit miracle » selon le titre japonais original. »

Deux frères de 8 et 12 ans organisent, en cachette des adultes, avec leur petite bande d’amis, un voyage vers le point de rencontre des deux nouveaux TGV japonais qui doivent s’y croiser pour la première fois, un point sacré pour un échange de vœux.

Les deux frères séparés par un divorce, et habitant chacun à l’une des deux extrémités de l’île souhaitent réconcilier leurs deux parents.

Et pour décor japonais, la présence d’un volcan toujours en activité,  symbole de la fragilité de la vie humaine !

Qu’ajouter de plus, sinon, qu’à la sortie, la forte impression d’avoir respiré une grosse bouffée d’air frais !

Jean Pierre Renaud et sa concubine préférée

Le film « Apart Together » du réalisateur chinois Quang Wang An

L’histoire se déroule dans la ville de Shanghai que l’on découvre au fur et à mesure du film dans sa démesure de mégapole urbaine qui avale successivement toute la cité ancienne, dont on voit encore quelques lambeaux : le fleuve puissant et mythique du Yang Tsé, les nouveaux gratte-ciel, une ville toujours en ébullition et en pleine mutation !

            Ce film raconte l’histoire intéressante de l’amour d’un couple marié que la guerre civile entre les nationalistes de Chiang  Kai-Shek et les communistes de Mao Tsé Tung a séparé en 1949, les troupes nationalistes défaites embarquant pour la nouvelle République de Chine à Taïwan, un amour qui ne s’est pas éteint.

            Jeune marié, le soldat nationaliste avait alors embarqué, sans avoir eu la possibilité d’emmener sa jeune épouse avec lui.

Cinquante ans plus tard, alors qu’il est veuf, il revient à Shanghai pour tenter de renouer le fil de son ancien amour. Belle histoire, mais son ancienne épouse vit avec un ancien combattant de la Chine communiste, conjoint modèle, dont elle a eu deux enfants, en plus du fils qu’elle portait, quand son mari l’a quittée.

 L’intérêt du film repose sur le cadre de vie social dépaysant, les rapports psychologiques et humains qui se nouent entre le vétéran nationaliste et le vétéran  communiste,  entre le premier et la famille recomposée de sa première épouse, des rapports humains et des situations familiales où les repas partagés, débordant de nourritures de toutes sortes, émaillent continument le film.

Le film s’achève sur le triomphe d’une sagesse humaine, qui s’impose aux trois principaux protagonistes de l’intrigue, c’est-à-dire, une forme de renoncement ou encore le don de soi à l’autre

Mais comment ne pas s’arrêter sur un détail, peut être insignifiant, et pourtant révélateur ? La différence de perception du souvenir que les trois personnages principaux ont conservé de ce jour de 1949, qui, pour le  vétéran communiste fut  une journée ensoleillée, alors que pour les deux amoureux, ce fut une journée de forte pluie !

Jean Pierre Renaud avec sa concubine préférée

Le film « La Taupe » de Tomas Alfredson : un thriller ?

 A la page 24 du journal Le Monde du 18 février 2012, un encart de pub d’un tiers de page pour le film « La Taupe », avec plein d’étoiles plein les yeux, et des commentaires dithyrambiques de huit médias cités, dont Le Monde  avec la mention « Eblouissant » 3 étoiles.

            Ma première remarque aurait trait à l’adjectif éblouissant, un peu surprenant pour évoquer un monde d’espions où tout est noir et glauque, et avec le symbole d’une taupe qui précisément ne voit rien, mais après tout pourquoi pas ?

L’histoire de l’espionnage est passionnante, celle de ces « héros » anonymes, combattants de l’ombre, prêts à mourir pour la cause qu’ils défendaient. Vous avouerez que ce n’est pas si fréquent !

Et avec la problématique du double-jeu, redoutable pour les acteurs de ce grand jeu des tromperies, des intoxications croisées, des opérations d’une désinformation qui ont souvent fait la force stratégique de la Grande Bretagne.

Ce film  nous emmène effectivement au cœur du sujet, ou tout au moins s’y efforce, car l’intrigue telle qu’elle est racontée, n’est pas convaincante.

Bravo à l’acteur qui incarne le chasseur de taupe, bravo aux images en ombres et lumières, avec un bémol donc pour l’intrigue qui est très difficile à suivre dans son déroulement, même quand on a l’habitude de tenter de s’orienter dans le labyrinthe des intrigues d’espionnage : on ne sait jamais qui est qui qui, et qui fait quoi ? Et encore moins ici !

Avant,  pendant, et après la dernière guerre, le M16, dit « Le cirque » a connu un période difficile avec la présence dans ses sphères dirigeantes de « taupes » au service de la puissance soviétique, issues de l’Université de Cambridge, devenues célèbres dans l’histoire de l’espionnage international.

Cela le film l’aide à le comprendre, mais  pour le reste, je ne suis pas sûr que si l’on demandait à des élèves de classe de « première », et même de « première » année de fac, de faire un résumé de l’intrigue de ce film, après l’avoir vu bien sûr, que ce résumé nous permette de mieux en suivre l’intrigue. Peut-être y verraient-ils un film d’espionnage du « premier » degré !

 Et enfin le regret que le film n’ait pas  bénéficié d’un court prologue historique sur les enjeux de la guerre froide.    

Jean Pierre Renaud 

Le film japonais « Hanezu, l’esprit des montagnes » de Naomi Kawase

Art et Essai

            Un film séduisant, incontestablement, aussi bien pour celle ou celui qui découvre à cette occasion l’univers culturel et cinématographique du Japon, que pour celle ou celui qui bénéficie déjà d’un petit vernis de culture japonaise.

L’intrigue repose sur une sorte de broderie superposée de deux suites d’images :

– la première, celle de l’univers des mythes éternels du Japon, avec pour leitmotiv,  un poème vieux de mille ans, au temps où les Dieux habitaient les trois montagnes du lieu,  que deux d’entre elles se disputaient la troisième et ce, dans une ambiance de très grande ambigüité et proximité, pour ne pas dire intimité, entre le monde des vivants et le monde des morts.

– la deuxième, l’intrigue proprement dite du film, celle de l’histoire d’une jeune femme mariée qui s’ennuie et qui a un amant, donc dans la même figure triangulaire du mythe.

Une belle histoire d’amour qui finit d’ailleurs mal, une histoire qui  baigne dans un décor superbe de nature, fleurs, cascades, rizières, montagnes et sanctuaires, et en non moins belle adéquation des modes de vie des trois héros.

Les mauvaises langues diraient peut-être : ce film sent l’écolo à plein nez, mais le film est en tout cas superbe, et dépaysant pour un occidental.

Avec ma concubine préférée

Le documentaire « Les nouveaux chiens de garde »

 Un documentaire tout à fait intéressant, mais un gros brin démoralisant pour des citoyens qui ont toujours suivi avec la plus grande attention l’évolution de la « maison » France.

Le documentaire introduit le sujet avec le rôle de Peyrefitte, sous le règne du général de Gaulle, en tsar de l’information télévisée, mais, historiquement, avec le développement de la télévision, son rôle peut s’expliquer.

            Il nous propose, de façon très documentée, la démonstration d’une manipulation de l’information dont nous notions, au fil des années, de multiples signes, une manipulation qui a connu de beaux jours depuis plus trente ans, gauche ou droite confondues.

Et montre excellemment qu’il n’est plus besoin d’un Peyrefitte pour manipuler l’information.

            Triste bilan du fonctionnement de l’information démocratique en France sur les trois plans étudiés, l’indépendance des médias, leur objectivité, leur pluralisme.

            Journalistes et experts se tiennent tous par la barbichette, ou pour user d’une autre image, ils se passent successivement le poivre et le sel.

            Un mélange des genres permanent entre entreprises,  journalistes et experts, et la représentation de ce « mélange » de carburants de l’information (voir interview du Préfet de Police racontée sur ce blog), sous forme d’un jeu de cartes qui tourne en permanence de l’un à l’autre média, est très éloquente.

Trois épisodes nous ont particulièrement intéressés, le premier où l’on voit M.Duhamel, sorte de polyvalent historique mais talentueux, nous expliquer que la concurrence existe avec l’explosion de la TNT, dans un marché qu’il estime sans doute ouvert et équilibré.

Le deuxième, celui où l’on évoque les fameux « ménages » des journalistes des médias publics ou privés, souvent de « gras » ménages, plus de 10 000 euros, par intervention, de l’ordre de 25 000 pour M.Poivre d’Arvor, si notre mémoire est bonne.

Le moment ne serait-il pas venu, en tout cas pour les journalistes du service public, dont la consigne serait de ne pas faire état  de ces ménages, de les voir soumis à un contrôle déontologique sérieux interdisant tout mélange des genres, comme certains d’entre eux, et à juste titre, en défendent le principe et sa mise en œuvre dans le monde des élus ou des grands corps de l’Etat.

Enfin, comment ne pas avoir été encore pu convaincu du bien-fondé de l’analyse de ce documentaire en voyant ce défilé de brillants journalistes se rendre au déjeuner mensuel d’un grand club de la place de la Concorde. ?

Avec ma concubine préférée