Le film « Le vent se lève » de Hayao Miyazaki

Un dessin animé remarquable par ses images, le décor ancien du Japon, son rythme, avec deux personnages centraux, l’ingénieur Horikoshi et la femme qu’il aime, dessinés et animés d’une telle vie qu’on oublie vite qu’il s’agit de personnes « animées ».

            Pour ceux et celles qui sont attirés par la civilisation japonaise, cette fresque  les remplira de bonheur en les projetant dans le décor familier des maisons, les tatamis, les socques des acteurs, les kimonos des femmes, tout en leur rappelant que le Japon a construit une civilisation qui s’est toujours inscrite dans l’impermanence du temps, compte tenu de la menace permanente des tremblements de terre, souvent évoqués dans le film.

             Reste l’histoire elle-même : au-delà du roman d’amour cité, roman tragique étant donné que la jeune épouse est condamnée à mort par sa maladie, en parallèle sans doute du destin tragique que connut le Japon pendant la deuxième guerre mondiale. L’ingénieur aéronautique  y fut étroitement associé, compte tenu de sa responsabilité dans l’invention du fameux chasseur embarqué japonais « Le Zéro », si redouté des Alliés, pendant tout le conflit.

            Une histoire ambiguë, mais qui a le mérite de nous faire découvrir les efforts que le Japon déploya pour se doter d’une aviation capable de faire jeu égal avec les Allemands, les Anglais, ou les Américains, et donc de rivaliser en puissance.

         Habilement, dans un rêve toujours renouvelé, le réalisateur fait dialoguer l’ingénieur Horikoshi avec l’ingénieur aéronautique italien Caproni, sorte de  père spirituel, qui a effectivement existé, et joué un rôle important dans la création d’une aviation  italienne moderne, à la fois à titre d’initiateur et de modèle à suivre pour inventer un avion, dans le cas présent, le chasseur Zéro.

       Et pourquoi ne pas conclure sur le mode de la perplexité, quant à une bonne et fidèle interprétation de ce film ?

MC et JP

Le film « A touch of sin » de Tian Zhu Ding

 Ce film a fait l’objet de nombreux commentaires souvent élogieux, lesquels nous ont incités, en dépit de sa durée, plus de deux heures, à aller le voir, notamment dans l’espoir d’y trouver une évocation de cette Chine moderne qui transforme le monde.

          En réalité, qu’avons-nous vu dans ce film ? Une sorte de documentaire sur des tranches de vie de Chinois ou de Chinoises relativement jeunes, marquées avant tout par la violence, la vengeance ou le meurtre.

        Mais aussi, en permanence, une corruption généralisée, d’autant plus importante qu’elle touche des membres influents du parti communiste, la misère des pauvres, et une dérive des mœurs qui poussent les jeunes à tous les excès.

       Et puis, en fond de décor, le vertige saisissant d’une Chine qui parait en pleine folie d’urbanisation !

      A trop vouloir dénoncer les dérives en tout genre de ce grand pays, ce film flirte en permanence avec la caricature !

MCRV et JPR

Le film « Philomena » de Stephen Frears

Incontestablement un film intéressant pour au moins deux raisons, la première, la relation du drame d’une mère irlandaise, Philomena, à laquelle on a enlevé son enfant pour des raisons de morale puritaine religieuse.

           Cinquante ans après, elle ose en parler à sa fille. Elle part à la recherche de son fils qui lui a été arraché, et ce jusqu’aux Etats Unis.

       La deuxième, le rappel historique de la tyrannie de l’Eglise catholique d’Irlande qui condamnait les filles mères, incitait les parents à placer leurs filles-mères dans des institutions religieuses pour les rééduquer par le travail, tout en leur enlevant leurs enfants pour les faire adopter.

        Cette histoire irlandaise n’aurait-elle pas pu, par beaucoup d’aspects, également, être française ?

           Il n’y a pas si longtemps, la condition des filles mères n’était pas non plus très brillante dans notre pays, et à beaucoup d’égards, un certain nombre de pasteurs de l’’Eglise catholique, apostolique et romaine, ainsi que de grands bourgeois hypocrites, prônait une doctrine extrême du péché de la chair qui conduisait les pauvres pécheurs ou pécheresses à porter leur croix toute leur vie.

MC et JP

Le film « Le Démantèlement » du canadien Sébastien Pilote

 Un film dont le nom seul appelle au dépaysement géographique et psychologique dans le Canada francophone, mais dont l’acception que nous lui donnons, d’abord matérielle,  n’a pas la force que lui donne le réalisateur.

           Une histoire qui aurait pu être tournée en France, où l’on donne souvent la préférence à des histoires à l’eau de rose.

           Il s’agit ici de l’histoire forte d’un éleveur de moutons, séparé de son épouse et père de deux filles qu’il adore, mais dont l’une, mère de famille et en instance de divorce, est tellement dépensière qu’elle le conduit, en vue de l’aider à sortir de son pétrin, à vendre sa ferme.

          Et le pauvre père de se retrouver locataire d’un modeste appartement aux confins d’une petite bourgade !

           Un film tout à fait intéressant, sauf à remarquer que le réalisateur se complait un peu trop dans les plans du désespoir de ce père, au point de « démanteler », sinon fatiguer quelque peu le spectateur.

MC et JPR

Le film « Salvo » ou le navet « palmé » du Canard Enchaîné

Le film « Salvo » de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza

Ou le navet « palmé » du Canard Enchaîné !

« Méfiez- vous  fillettes »  des critiques de cinéma !

            Une histoire invraisemblable sur fond de mafia napolitaine, celle d’un tueur à gage, beau comme un ange des enfers, qui rend la vue à une jeune femme aveugle, sœur d’un des mafieux qu’il vient d’assassiner.

            Un exercice de masturbation cinématographique à travers des lumières et des bruits toujours plus sophistiqués !

            A lire dans la rubrique Le Cinéma du Canard Enchaîné du 16 octobre 2013 :

            « Réchappant d’un assassinat programmé, un homme de main de la Mafia s’introduit dans la maison du commanditaire et tombe sur sa sœur aveugle…

         Et la lumière fut ! Soudain le film bascule dans une autre dimension, belle comme un miracle. Primé à Cannes, ce premier long métrage coproduit par la France est exceptionnel… »

         On comprend mieux pourquoi la fréquentation des salles de cinéma est en baisse et il faut sans doute se poser la question du mode de financement des films en France, à l’ombre d’un Centre National du Cinéma qui dispose d’une belle cagnotte.

Jean Pierre Renaud

La vie d’Adèle ou la vie « coloniale » d’Adèle d’après M.Mandelbaum dans Le Monde du 9 octobre 2013em

La vie d’Adèle ou la vie « coloniale » d’Adèle ?

Selon le titre accrocheur :

« Abdelhatif Kechiche, de la chair de l’Empire à l’empire de la chair »

Du critique cinématographique du journal Le Monde, M.Mandelbaum, dans le numéro du 9 octobre 2013, une demi-page de texte de la 10 dans Culture

           A lire cette critique cinématographique, gare aux métastases coloniales tunisiennes !  Avant toute épectase nicéenne !

              Il est possible d’être cinéphile et de ne pas partager la plupart des critiques  de cinéma que diffusent nos médias, mais la critique en question, d’une écriture certes bien troussée, transgresse allégrement les quelques bornes que d’autres médias n’ont pas franchies, et n’ont même sans doute pas eu l’idée de franchir.

         Un seul exemple, la critique du journal La Croix du 9 octobre, page 21, Culture, un quotidien qui n’est pas bégueule, comme certains pourraient le croire sans le lire, dont le titre est « Violence de l’intime » et qui classe ce film dans la catégorie des chefs d’œuvre.

         M.Mandelbaum y voit l’expression d’un mal colonial qui nous ronge encore, et pour illustrer son propos, nous vous proposons quelques morceaux d’écriture choisis : 

         «  Cette chose, Kéchiche nous la met sous les yeux depuis qu’il est entré dans la carrière, c’est ce qui dans le rapport charnel persiste du rapport colonial. »…

             « L’image est forte, elle semble surgir d’un ressac inattendu de l’Histoire. »…

            «  Il y a plus. Le sentiment que la tension ethnique, chassée par la porte, revient par la fenêtre. »

«  Son œuvre le crie, le hurle : quelque chose de l’ignominie du rapport colonial est encore parmi nous, qui loge dans le désir des hommes, brûle dans la chair des femmes. »

         Ah bon ! Enfin un vrai film colonial à voir, car il n’y en a pas eu beaucoup dans l’anthologie du cinéma ! Et qui plus est un chef d’œuvre !

       Grâce aux enquêtes qui, effectuées ou à effectuer, dans les règles de l’art par le sociologue Fassin (1) appelé en renfort pour cette  démonstration d’une mémoire coloniale filmée, la France va enfin savoir, en interrogeant les spectateurs à la sortie des salles, si le propos de M.Mandelbaum est fondé ou non.

      S’agirait-il d’une belle histoire d’amour et de chair ou d’un film relatant le passage de « la chair de l’Empire (colonial pour ceux qui l’ignorent encore) à l’empire de la chair. » ?

     Et pourquoi ne pas demander à M. Mandelbaum et au journal Le Monde d’appuyer toute demande de mesure de la mémoire coloniale française qu’aucun média, aucune institution, ou aucun groupe de pression n’a eu le courage de lancer, en lui trouvant le financement nécessaire, bien sûr.

        Au moins, cette belle critique pourrait-elle servir la cause de l’Histoire et de connaître l’état de la mémoire coloniale des Français et des Françaises  !

Jean Pierre Renaud

       Le 22 juillet 2012, M.Fassin s’était illustré par la publication d’une chronique dans une double page du journal Le Monde consacrée à la défense du célèbre tweet de Valérie, intitulée «  Un drame burlesque qui révèle l’ampleur du sexisme antiparitaire », chronique à laquelle j’avais fait réponse sur mon blog du 12 juillet 2012, dans une réaction intitulée « Un os dans le tweet de Valérie »

      Un propos qu’apparemment ne venait fonder une quelconque enquête sociologique effectuée dans les règles de l’art.

Le film « ILO ILO » de Anthony Chen Singapour

Un film tout à fait intéressant, dont l’intrigue se passe à Singapour, une Ville-Etat, qui fut longtemps une des belles colonies de l’Empire britannique.

        Il est difficile de distinguer beaucoup de différences entre cette narration cinématographique  et celle qui pourrait être réalisée en Europe.

               Le film évoque la problématique d’un couple de deux salariés qui recourt à une employée de maison immigrée d’origine philippine pour s’occuper d’un fils au caractère difficile.

            Au fur et à mesure du temps, la nounou réussit à « domestiquer » le garçon dans cette famille qui prépare une nouvelle naissance.

             La crise qui met le mari au chômage les conduit à se séparer de la nounou au désespoir de l’enfant qui l’avait adoptée.

            Une histoire comme il en existe dans nos pays, et s’il n’y avait eu quelques images de la ville, et celle du rassemblement des écoliers le matin pour le salut aux couleurs de cette ville-état, le spectateur aurait pu se croire en présence d’un film occidental.

JPR et MC

Le film « Jours de pêche en Patagonie » de Carlos Sorin

Une sorte de « one man show », comme disent les spécialistes, de la part d’un acteur exceptionnel, Alejandro Awada qui tient le spectateur en haleine tout au long du film.

 Il nous fait partager sa quête nouvelle de sérénité sur des rivages de Patagonie qui n’ont rien de folichon,  où il vient prendre des vacances pour y pêcher le requin.

Le vrai but n’est pas obligatoirement celui-là.

Son histoire est émouvante, car, in fine, il obtient son retour en grâce auprès de sa fille qu’il retrouve sur cette côte sauvage, une fille que la séparation conjugale avait pour un temps éloigné de lui.

                JPR

Le film « Un mois en Thaïlande »

Le film « Un mois en Thaïlande » de Paul Negoescu

Un vrai canard du Canard Enchaîné !

« Un canard au navet ! »

            Les critiques du Canard Enchaîné sont généralement utiles au cinéphile, mais cette fois-ci, il s’agit d’un vrai canard !

            Le film ouvre sur un ardent jeu de jambes, puis nous entraîne dans un dialogue amoureux sirupeux entre une femme qui s’amourache d’un homme qui hésite, qui réfléchit, en nous trimballant tout au long d’une nuit de 31 décembre de boite en boite, où l’on picole, écoute de la musique très variée, danse et bavarde.

            Au bout d’environ une heure, sans avoir vu un bout de Thaïlande et guère plus de Bucarest, saturé de bruit musical et de nullité verbale, rien n’était plus salutaire que de prendre la poudre d’escampette.

            Alors parler d’un « petit bijou d’observation et d’humour »…d’  « un film subtil, fort bien construit, qui croque le « mal du siècle… », alors que cela ressemble à un véritable canard au navet !

Quatre films très différents: « Quartet », « Derrière la colline » « La Sirga », et « Cheba Louisa »

Quatre films dans des genres très différents !

           Le premier film « Quartet » de Dustin Hoffman est jubilatoire et tout à fait dans l’air du temps, pas l’actuel très triste, mais de celui de la découverte de ce monde des troisième, quatrième ou cinquième âges… d’hommes et de femmes qui manifestent encore une grande joie de vivre !

        L’intrigue se passe dans un beau château de la campagne anglaise qui accueille une palette d’anciens musiciens et chanteurs. La maison a donc de quoi faire pour entretenir à la fois une éternelle jeunesse et de nombreux concerts, tout en laissant tel ou telle pensionnaire nouer une intrigue amicale ou sentimentale, avec le jeu central d’un ancien quatuor célèbre de l’Opéra Anglais, deux hommes et deux femmes, dont la diva et son ancien amoureux transi et toujours transi.

            Le deuxième « Derrière la colline » d’Elmin Alper et le troisième « La Sirga » de William Vega, ont pour seul mérite de nous proposer une sorte de dépaysement, l’un en Turquie, l’autre en Colombie, mais tous les deux dans un climat très étrange de peur, de menace anonyme, imprécise, un climat au sein duquel l’intrigue n’apparait pas véritablement.

            Enfin, le quatrième « Cheba Louisa » de Françoise Charpiat est effectivement une bouffée d’air frais dans le cinéma français.

          L’histoire d’une jeune femme issue de l’immigration algérienne, Djamila, bien intégrée dans la société française, mais aux prises avec les traditions de sa culture familiale d’origine : on ne s’y marie pas avec n’importe qui, et sûrement pas avec un « incirconcis ». La relation qu’elle noue avec sa jeune voisine de palier, pétillante de vie, jeune veuve, mère de deux enfants formidables dans leur joie de vivre nourrit constamment l’intrigue de ce film qui nous fait partager le quotidien de ce qu’il faut bien appeler une communauté de français d’origine immigrée attachée à sa culture, et dans le cas de ce film aux chants et danses d’une artiste célèbre d’Alger, la grand’mère Louisa de Djamila.

Le film est à découvrir par tous ceux qui ont envie de croire que l’intégration n’est pas seulement un mythe, à la condition de ne pas s’enfermer, des deux côtés, dans une démarche d’exclusion.

JPR et MCV