Agit-prop postcoloniale contre propagande coloniale ? – 1 – Ivresse des mots et mots-chocs

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IVRESSE DES MOTS  ET MOTS-CHOCS

         Avant d’aborder le cœur du sujet, pourquoi ne pas citer quelques-uns des  éléments du langage historique auquel il est fait appel ?

        Je rappelle que ces derniers ont été publiés dans les livres suivants : Culture coloniale (2003) (CC), La République coloniale (2003) (RC), Culture impériale (2004) (CI), La Fracture coloniale (2005 (FC), L’illusion coloniale (2006) (IC), avec pour références du « Colloque » de 1993 (C) et du livre « Images et Colonies (IC).

            Sommes-nous ici dans l’histoire coloniale ou dans la médecine de Molière ?

            Introduisons ce petit inventaire à la Prévert, en citant une phrase de La République Coloniale (p,144) : « long serait le florilège de ce qui, dans les discours, poursuit de façon souterraine des régimes d’énonciation structurés pendant la période coloniale. »

A la lecture des ouvrages cités, il est difficile de résister à l’avalanche de leurs mots ou d’expressions, vous invitant rarement au rêve, souvent en coups de feu, un florilège de mots et d’expressions franchement abstrus, pour ajouter à ce mot un qualificatif du grand Hugo, qualificatif aujourd’hui un peu pédant.

            Prenons le risque, non historique, de proposer cette esquisse, en laissant le soin aux spécialistes, aux lexicologues, d’effectuer un travail complet sur le registre de ces mots et expressions.

            Des mots en mal d’évasion ! « Le bain colonial » (C,p,14, Introduction Blanchard-Chatelier (p,14/C) (179/CC), une expression souvent utilisée, alors que dans son acception commune, un bain ne dure jamais très longtemps, sauf dans certaines industries. La profusion des métaphores, des paraboles, des allégories, et le fantôme permanent de l’Autre, toujours l’Autre, la figure indéfinie.

         Le lecteur se rappelle sans doute mon évocation du fandroana, le bain royal des Reines de Madagascar : s’agit-il d’asperger les lecteurs d’une eau lustrale postcoloniale ?

            Une autre formule se veut heureuse : « la colonie est propre, parce que lavée plus blanc ». (IC,p,255)

            Une formulation poétique, mais combien subversive ! « Evanescence idéale des femmes aux seins toujours nus, à l’épiderme foncé (IC,p,255). Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet, sur la manipulation des cartes postales mauresques, sur la méconnaissance du nu africain, tout autant que de l’habillé que l’on trouvait aux mêmes époques en Indochine, à Madagascar, ou en Afrique.

            Il ne faut pas avoir lu beaucoup de récits d’explorateurs, d’officiers, ou d’administrateurs qui n’étaient pas obligatoirement « colonialistes », pour l’avoir constaté à maintes reprises. Je le constatais ces dernières semaines et à nouveau dans le récit de la Croisière Noire Citroën en 1924-1925.

            « Nudité, érotisme,… animalité… restent une constante de l’impensé blanc » (IC, p,255). Les blancs étaient donc tous des obsédés sexuels, en tout cas tous ceux qui se trouvaient aux colonies, même les missionnaires ? Pour assouvir leurs fantasmes sexuels ! Les bordels de métropole leur manquaient tant ?

            Si l’anthropologue Gilles Boëtsch feuilletait le livre consacré au dessinateur et peintre, en même temps que bon petit Français, Patrick Jouanneau « MarocAlgérie, Tunisie – Dessins-Aquarelles- Peintures » (Editions Baconnier/Copagic) », il trouverait sans doute ce livre très frustrant, faute de « Mauresques aux seins nus »

            Des mots et expressions en coups de feu !

       L’Agence des colonies (sa propagande) « inondait » (CC,p,139) – « stakhanoviste » (IC,p,230) – « marteler » (IC,p,230) – « pour déconstruire le récit de la République Coloniale » (RC, V) – « le révisionnisme colonial actuel » (RC,p,36) –  « l’impensé colonial » (RC,p,150) – « ce qui signifie que la pensée républicaine n’est pas ontologiquement coloniale » (RC,p,104) – « une société de l’antimémoire coloniale » (RC,p,147) – « la déconstruction des impensés » (FC,p,182) – « érotisation et prédation sexuelle » (FC,p,200) – « à la mémoire du sang qui a abreuvé les villages algériens » (FC,p,236).

            Quelques autres mots savants ou pédants, et décidément abstrus !

          Quelques perles tout d’abord ! « richesses (Chrématistique) », «  formes excessives de jouissance (pléonexia) » (FC,p,143) « les aspects les plus galliques » (FC,p,148) « le vacillement sémantique du mot jeune » (FC,p,280).

        Il y a de quoi effectivement vaciller !

            Dans la description historique supposée de l’époque coloniale : « un espace désormais quadrillé, contrôlé, normé (CC,p,179)- « l’idéal type de l’anthropophage (CC,p,149) – « la majorité des Français ont connu… à travers le prisme déformant de cette iconographie – il semble que ces images soient devenues des réalités… pour une majorité de Français qui ne doutent pas de leur véracité » (C,p,15, Introduction Blanchard Chatelier) – « la torture : elle fut consubstantielle de la colonisation dès ses origines » (RC,p,155) – « sur des dispositifs d’animalisation et de bestialisation de l’autre (FC,p,141) – « la perception de l’autre résulte d’un bricolage identitaire où la mémoire fonctionne comme  filtre » (FC,p,233)

        Comprenne qui pourra un langage aussi obscur ! Mais s’agit-il encore d’histoire ?

         L’ambition du trio d’historiens : « il est temps de décoloniser les images » (IC,p,8) – « et de déconstruire » (RC,p,9)

            Le résultat de la colonisation : « elle a fait rêver cinq générations de Français » (RC,p,11) – « il faut sortir de l’idée prégnante forgée par l’iconographie (IC,p,227) – « comment construire une mémoire ? » (RC,p,140) – « une réécriture de cette  histoire tronquée pour rendre compatible l’incorporation de la mémoire à l’imaginaire social » (RC,p,153) – « la persistance d’une figure de l’indigène logée dans leur corps » (FC,p,200)

         Ou Satan es-tu là ?

       « –Dans la partition sexuée de l’indigénisation contemporaine. » (FC,p,204).

         Tentons à présent d’entrer dans le corps du sujet, c’est-à-dire de plonger dans le « bain colonial » critique.

                 Jean Pierre Renaud   (JPR) –  Tous droits réservés (TDR)

Agit-prop postcoloniale contre propagande coloniale ? Exemples de critique historique : livres de la jeunesse et cinéma

Quelques exemples de critique historique, avant d’aborder le thème principal de la propagande coloniale.

         1 – Les livres de la jeunesse – Un sujet capital pour qui apprécie à sa juste valeur le formatage intellectuel qui peut en résulter, un formatage dont les « hussards noirs » de la Troisième République avaient fort bien compris le sens et l’importance.

        Les chercheurs de ce collectif développent à ce sujet un discours tonitruant qui tendrait à démontrer que l’école laïque de Jules Ferry aurait réussi à modeler l’imaginaire « colonial » des jeunes cerveaux au cours de la Troisième République :

      « Modeler l’esprit des écoliers. Les textes et plus encore les images des manuels scolaires de la 3ème République ont modelé l’esprit de plusieurs générations d’écoliers. » (CC/94)

       Seul problème, les travaux du Colloque savant ne permettaient pas d’en tirer une conséquence aussi simpliste, comme l’historien bien connu Gilbert Meynier le notait lors de ce colloque :

        « L’organisation de la propagande : en fait, sur un échantillon de quatre-vingt-sept manuels d’histoire, la part des colonies reste très modeste si elle ne régresse pas, comme l’a montré Patrick Haus (Mémoire de maîtrise, Nancy, 1990)-(IC, p,113)

      « Le même historien joignait à la page 124 une annexe 2 intitulée : « Pourcentage de la place des colonies dans les manuels d’histoire ». Les chiffres concordent avec ceux d’une étude faite par MM. Carlier et Pédroncini.

         Ces derniers auteurs avaient calculé que ce thème représentait quelques pour cents au cours de la période 1870-1940, dans l’enseignement primaire, supérieur, et secondaire.

        Dans les pas de l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch, le même collectif faisait un sort au Petit Lavisse, le petit livre scolaire bien connu, mais les espaces consacrés au colonial, en textes comme en vignettes, représentaient dans l’édition de l’année 1930 moins de 5% sur un total de 182 pages : une culture coloniale à 5% ?

      Dans un  article intitulé « Les colonies devant l’opinion publique française », paru dans la Revue Française d’Outre-Mer, numéro 286, l’historien Charles Robert Ageron écrivait en 1990 :

       « L’étude des colonies avait certes déjà sa place dans l’enseignement, mais une place bien minime… Elle ne l’était pas à coup sûr pour forger cette mentalité coloniale ou impériale que souhaitaient les apôtres de l’idée coloniale »

        Il serait tout à fait intéressant d’avoir le même type de statistique  des livres scolaires patronnés par Sandrine Lemaire, et de mesurer les effets d’une déconstruction coloniale supposée. (Chap I, p, 31 à 63- Sup Col.)

       2 – Le cinéma colonial   Le cinéma colonial a-t-il bien existé et quelle place a-t-il occupée dans l’agenda du cinéma français de l’époque coloniale ?

       « Leur discours :

        Sous le titre « Rêver, l’impossible tentation du cinéma colonial » dans le livre Culture Coloniale, et dans la partie consacrée à la fixation d’une appartenance (après 1914) le critique de cinéma Barlet et l’historien Blanchard, en décrivant la situation du cinéma, écrivent :

         « En s’inscrivant dans la construction d’une  identité nationale, le cinéma colonial a de toute évidence puissamment contribué à la conceptualisation d’un  imaginaire en permanente évolution et encore à l’œuvre dans la France contemporaine. Il a surtout touché un vaste public qui, avec ces westerns coloniaux, va découvrir un monde, une épopée, un espace de conquêtes in connu. Une sorte d’initiation à la France coloniale, ludique et romanesque, où les rôles entre les « gentils » administrateurs, colons, médecins, missionnaires, légionnaires… et les « méchants indigènes » rebelles, fanatiques religieux… sont parfaitement répartis. » (CC, p, 122)

      J’ai souligné les expressions grandiloquentes ou trompeuses : « construction d’une identité nationale » : rien que ça !

       « Conceptualisation d’un imaginaire » dans ce cinéma colonial tout à fait limité en productions dans le temps et des espaces visités ?

      « Vaste public », alors que les deux auteurs se sont bien gardés de donner quelques chiffres documentés sur les films « coloniaux », en distinguant les époques, leur champ géographique, Maghreb ou Afrique, ainsi que les chiffres d’entrées de spectateurs qui ont pu être enregistrés dans les cinémas de l’époque.

       Plus loin, les mêmes auteurs écrivent : « La rhétorique du cinéma colonial découle d’un code proprement manichéen. » (CC,p,124)

        Plus loin encore : « Les schèmes coloniaux se déploient souterrainement dans les consciences, s’ancrent en silence dans les mentalités. «  (CC,p,183)

      Rien que cela ! Nous y voilà ! Le ça colonial !

      Ce qui n’empêchait pas le même historien, en 2005 de déclarer en toute cohérence intellectuelle et « sans doute » historique :

      A l’occasion du Cycle « Colonies » au Forum des Images, l’historien Blanchard a eu l’occasion de s’exprimer sur le cinéma colonial. Il y déclarait le 13 avril 2005 :

     « Toutefois il est certain que cette production est en marge du cinéma français, comme porteuse d’une malédiction en rapport avec le contexte de l’époque. Elle est donc peu diffusée, cachée, et même en grande partie « oubliée ».

      Le lecteur aura noté « oubliée », adjectif qui figurait dans le livre Boulanger. »

      Pierre Boulanger avait publié un livre fort bien documenté sur ce sujet, intitulé « Le cinéma colonial de l’Atlantide à Lawrence d’Arabie » (1975).

     Les lecteurs intéressés pourront consulter les pages que j’ai consacrées à cette critique que je concluais ainsi :

      « Et en conclusion, une grave insuffisance de chiffrage des pellicules et de leur audience comparative ! A croire que la nouvelle école de chercheurs est fâchée avec la statistique ! Absence complète d’évaluation de l’écho presse, ou radio à partir de 1935, que ces films ont reçu à chacune des périodes considérées ! » (Chapitre V, page 142, Sup Col)

     Et à partir d’un corpus très modeste, avant tout maghrébin, des affirmations et conclusions dont le lecteur pourra apprécier la pertinence, l’audace, sinon la mystification.

      Cette école de chercheurs a encore beaucoup de chemin à parcourir pour démontrer, et dans la rigueur de la recherche historique et du raisonnement, que le cinéma a été « un acteur de premier plan du mythe en construction de la culture coloniale en France ». »

JPR – TDR

Les quartiers sensibles et la République Française ? Un Plan France des quartiers !

Les quartiers sensibles et la République Française ?

Propositions : un vrai ministre motivé à plein temps, une équipe motivée à plein temps, et un Plan France des Quartiers !

Dans les journaux du jour :

« 15 milliards d’euros pour les formations numériques sur cinq ans », « 10 milliards pour le secteur HLM » …

Combien de milliards pour les quartiers ?

            Depuis de très nombreuses années, je plaide pour que nos gouvernements et nos assemblées décident de mettre en œuvre un plan pluriannuel et global d’insertion des quartiers sensibles dans la République Française.

            Sur ce blog, j’ai appelé à plusieurs reprises l’attention des lecteurs sur ce sujet sensible, à la fois sur les diagnostics et sur les solutions.

            Je rappellerai notamment la chronique que j’avais proposée le 1er mai 2010 pour la lecture du livre de Luc Bronner « La loi du ghetto ».

            Huit années plus tard, les choses n’ont pas véritablement avancé, car si le Plan Boorlo fut une bonne chose, des milliards d’euros pour la rénovation urbaine, il y manquait toutefois un volet politique, culturel, économique et social. A lire la presse, il semble que dans un rapport récent Monsieur Borloo reparte sur la même lancée, les murs et non les hommes.

            Ces quartiers ont besoin depuis longtemps d’une réappropriation de leur tranquillité civile, de la création d’un réseau serré de soutien culturel, social et scolaire, d’un programme d’investissements publics d’aide à la création d’entreprises, d’un véritable effort de longue durée, au minimum d’une dizaine d’années sur l’emploi des jeunes et des moins jeunes de ces quartiers.

            L’Etat, c’est-à-dire vous et moi, en notre qualité de citoyens et de citoyennes, sommes actionnaires de plusieurs entreprises publiques ou privées de moyenne ou grande taille. Il faut les inciter, sinon les obliger à investir dans ces lieux.

            En bref, ces quartiers attendent que la République Française reprenne possession des quartiers !

            J’ai également proposé dans le passé de revoir les procédures publiques pour que juridiquement et réellement, les habitants de ces quartiers soient associés à la vie de leur commune, en faisant appel à des comités de quartiers élus et obligatoirement consultés sur les grands sujets de la cité.

            Enfin, tant que ne sera pas désigné un ministre à plein temps et motivé, disposant de la cagnotte budgétaire nécessaire, de l’ordre de 20 à 30 milliards d’euros, la partie ne pourra pas être gagnée !

            Rappelons à titre de comparaison que les fonds de la formation professionnelle représentent plus de 30 milliards d’euros.

            Deux réflexions pour terminer :

            1 – La France va-t-elle enfin mettre en œuvre un Plan France Républicaine, comme les États-Unis l’avaient fait en 1945 avec le plan Marshall ?

            Les gouvernements de la France sont toujours prêts à dépenser des milliards pour intervenir militairement à l’étranger, au Sahel ou ailleurs, ou à fournir des aides au développement, mais ils n’ont pas le courage de faire face aux défis de ces quartiers.

            Peut-être conviendrait-t-il de créer une Agence Française de Développement pour nos quartiers ? Comme il en existe pour l’Afrique ?

            2 – Il est évident qu’aucune initiative majeure comme celle-là ne connaîtra le succès, sans contrôler, autrement que par le passé, les flux réguliers ou irréguliers de l’immigration.

     Jean Pierre Renaud

UNE SUBVERSION POSTCOLONIALE ORDINAIRE – L’ACHAC-BDM

Mercredi 4 avril 2018, fête de Saint Isidore, patron des « laboureurs » des champs historiques…

UNE SUBVERSION POSTCOLONIALE ORDINAIRE

Le « modèle de propagande Blanchard  and Co »

L’ACHAC-BDM, le moteur d‘une propagande postcoloniale !

Histoire ? Mémoire ? Roman National ? Roman historique ? Roman postcolonial ? Roman idéologique ?

Le vrai du faux ?

« L’esprit critique c’est la propreté de l’intelligence. Le premier devoir, c’est de se laver. »

Marc Bloch » 1914

&

Propagande postcoloniale contre propagande coloniale ?

En prologue 1

Les raisons de cette publication documentée ?

        Une forme du combat intellectuel qu’il convient de poursuivre contre le discours idéologique et pseudo-historique du « modèle de propagande postcolonial » du collectif Bhard and Co ?

           Au-delà d’un discours postcolonial qui fait bon ménage avec le business médiatique, ce collectif diffuse depuis de longues années, sans trop d’opposition universitaire, une propagande postcoloniale sur les images, sur une culture coloniale qu’aurait eue la France « coloniale » en jouant à fond le mélange des genres, la nouvelle démographie du pays, la méconnaissance de notre histoire coloniale, et en échafaudant des théories souvent psychanalytiques à partir d’un fonds d’images « coloniales » distribuées et diffusées en métropole.

       Nous allons successivement expliquer pourquoi leur discours n’est pas le résultat d’un travail de recherche, de lecture, et d’interprétation, je ne dirais pas « scientifique », mais au moins sérieux et rigoureux.

         Le chemin intellectuel que nous allons suivre est le suivant :

       Premier mouvement : le collectif en question est parti d’un échantillon supposé « représentatif » des situations d’images décrites, tel que celui établi et référencé dans l’ouvrage Images et Colonies (ACHAC-BDIC), riche en  contributions savantes, composées d’images et de textes, sur le thème des images coloniales pour l’ensemble de la période 1880-1962 concernant uniquement l’Afrique française.

       Il s’agit d’un échantillon dont on ne connait pas les méthodes d’élaboration, quelque chose comme sui generis, lequel aurait été soumis au Colloque savant de janvier 1993, dont les Actes ont été publiés.

         J’ai questionné à ce sujet le Conservateur de la BDIC de cette époque, et renouvelé ma demande auprès de la BDIC, Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine. Plus récemment, j’ai également interrogé l’historien Antoine Prost, Président actuel de son Conseil Scientifique.

        Deuxième mouvement :

       Ce collectif de chercheurs est donc parti d’un corpus d’images soumis à l’appréciation du « Colloque » savant de janvier 1993, et, dès le départ, ses animateurs ont été les présentateurs des conclusions de ce colloque, la première source supposée de ce discours, de même que des contributions savantes illustrées qui figurent dans le livre « Images et Colonies : nous rappellerons le contenu des deux sources en question, et les biais d’interprétation dont elles ont fait l’objet dans leur présentation.  

        Troisième mouvement : nous donnerons alors la parole à des universitaires qui ont publié des articles critiques sur les travaux du binôme association ACHAC- Bâtisseurs de mémoire, un business éditorial et médiatique piloté par Pascal Blanchard que la présidente de son jury de thèse de doctorat, Mme Coquery-Vidrovitch avait baptisé à fort juste titre d’« historien entrepreneur », une sorte de start-up du nouveau marché de l’histoire ou de la mémoire, au choix.

        Trois sources seront citées, Laurence De Cock, Vincent Charmalhac, et Camille Trabendi.  Jean-François Bayart pourrait également être cité.

         Quatrième mouvement: nous nous pencherons enfin sur le contenu des différents livres que ce collectif de chercheurs a publiés dans cette ligne éditoriale de type postcolonial, en apportant une fois de plus la démonstration que leurs analyses souffrent de maintes carences historiques.

         Il s’agit du travail d’analyse critique auquel nous avons procédé sur les « œuvres » de ce collectif, « Culture coloniale », « Culture impériale », « La République coloniale », « Fracture coloniale », le résumé du livre « Supercherie coloniale » dont le contenu et les démonstrations établissent les  carences « scientifiques » de toute nature qui affectent ces ouvrages.

            Jean Pierre Renaud  –  Tous droits réservés

« La loi du ghetto » de Luc Bronner

« La loi du ghetto » un livre de Luc Bronner

(calmann-lévy)

Notes de lecture ( 5 mai 2010)

            Une première recommandation de lecture à tous nos élus, petits ou grands, à ceux qui n’ont pas encore compris ou voulu comprendre, que le devenir de nos ghettos urbains concernait l’avenir d’une « certaine » France.

            Deux impressions majeures de lecture, contradictoires, un document roboratif et courageux qui aborde sans fard le dossier brûlant de nos ghettos, mais en même temps, un document démoralisant, si analyse, constatations, et vérités sur la situation actuelle, tant elles sont accablantes, ne débouchent pas sur des solutions, de vraies solutions, tant ce dossier est difficile.

            Un diagnostic redoutable

             Le diagnostic précis et complet de la situation et du fonctionnement des quartiers sensibles :

            – un fonctionnement politique caractérisé par le « vide politique » et la désertion électorale, 

            – un fonctionnement économique, caractérisé par le règne du « bizness » et des trafics de drogue,

            – un fonctionnement social avec une « prise de pouvoir » par les jeunes, les ados, et le rôle des « hiérarchies invisibles », en bref, une contre-société complète, fermée, et sans avenir.

            Tout sécuritaire et contre guérilla urbaine ne régleront pas les problèmes

            La République n’est incontestablement plus présente dans ces quartiers, et la politique du « tout sécuritaire », la sophistication toujours croissante des moyens de maintien de l’ordre, pour ne pas dire de contre guérilla urbaine, l’adaptation au jour le jour, et permanente, des réponses pénales, ne semblent pas de nature à apaiser la vie quotidienne de ces quartiers, et à redonner du sens à leur vie publique.

            J’avouerai que la description des moyens policiers mis en œuvre m’a laissé rêveur, en constatant que leur conception et leur mise en œuvre relevaient clairement des enseignements des écoles militaires, et que la mise à jour constante des outils juridiques de nature à toujours les adapter, pour coller au plus près, et au plus vite (toujours une loi nouvelle), à la tactique souple, imaginative, et évolutive de l’« ennemi intérieur », risquait de n’être jamais suffisante.

            Alors que faire ?

 Les solutions ne sont pas évidentes, mais elles existent et elles doivent être mises en œuvre, avec un grand souci d’expérimentation et d’adaptation.

            M.Bronner avance une idée intéressante, celle qui consiste à donner des pouvoirs aux habitants de ces quartiers, et sans obligatoirement craindre la naissance ou le renforcement d’un communautarisme vrai ou supposé, je propose également d’engager le pays dans cette voie, c’est-à-dire celle du risque et de la confiance.

            Il écrit : « Rendre le quartier aux adultes, leur redonner le pouvoir perdu. Cela ne viendra évidemment pas d’en haut, par la voix d’un secrétaire d’Etat, d’un préfet, d’une agence nationale ou d’un nouveau « Plan Marshall ». Mais plus sûrement par le bas ; par la capacité des adultes à s’organiser, sur leur territoire, pour restaurer un ordre générationnel. » (page,253)

            Une suggestion que je formaliserais volontiers sur le plan institutionnel comme suit :

            Des conseils de quartier élus avec des pouvoirs

                        Son constat montre que l’action publique souffre d’une très grande carence d’action économique, sociale et culturelle dans ces quartiers sensibles, mais rien ne sera possible sans remanier complètement l’organisation des pouvoirs locaux, et sans engager un vrai programme de remise à niveau républicain.

            Des pouvoirs juridiques et financiers doivent être attribués à des conseils de quartier élus, sur le modèle des pouvoirs accordés dans la capitale aux conseils d’arrondissement :

            – un pouvoir de gestion des équipements de proximité, sociaux, culturels, ou sportifs, de gestion des services de proximité, et de création sur le budget du conseil de quartier,

            – un échelon de service civique mis à la disposition des nouveaux conseils de quartier,

            – la mise en route d’un chemin scolaire et professionnel bien balisé vers l’emploi, notamment pour les jeunes, entre quartiers sensibles et grands bassins d’emploi. Le cas de Roissy est à cet égard exemplaire, et passé judiciaire ou non, un jeune doit pouvoir  accéder à un emploi d’un grand bassin d’emploi.

            Il est tout de même curieux, et en même temps désespérant, de constater que, dans ces ghettos, le rêve de l’école a souvent disparu.

            Un budget

             Le conseil de quartier disposera d’un budget de fonctionnement arrêté et géré par le nouveau conseil élu, et le même conseil jouira, au sein du conseil municipal de la ville, d’une capacité d’initiative dans la création de nouveaux équipements de proximité.

            Ces budgets seront adossés à un plan budgétaire pluriannuel de cinq années,  massif, d’accompagnement de l’action économique, sociale et culturelle des conseils de quartier, voté par le Parlement.

            La situation financière de la France n’est pas brillante, mais il faudra bien un jour, au-delà de la révision des politiques dites publiques, avoir le courage de réviser notre politique publique de « grandeur », d’adapter notre politique étrangère et militaire à nos moyens, et ne pas continuer à agir, comme si nous avions encore ceux d’une grande puissance, et non pas ceux d’une puissance moyenne.

            Conseil municipal et conseils de quartier

 Une fois par trimestre, le conseil municipal associera les présidents des conseils de quartier à ses délibérations.

            Les propositions ci-dessus sont tirées de l’expérience professionnelle passée de leur auteur, et n’ont pas d’autre ambition que de concrétiser la  suggestion de M. Bronner.

            Un contrat républicain avec l’Etat

           Lever tout d’abord le tabou de l’immigration.

 Pourquoi ne pas lever ce tabou, comme le fait l’auteur du livre, sur l’immigration ?

            Une régulation acceptée de l’immigration.

            Il faut dire clairement aux habitants de ces quartiers, et à l’opinion publique, que rien ne sera possible, si, pour un ensemble de raisons, souvent compréhensibles, culturelles ou humanitaires, ils continuent à prêter la main à la poursuite de flux clandestins ou non d’immigration : la démographe Tribalat écrit : « On peut parler d’un auto engendrement des flux familiaux. » (page,45).

           N’est-ce pas le cas pour les flux venus d’Algérie, après les années 1990, et plus traditionnellement du Mali ou du Sénégal ?

            La plupart des Français ignorent tout en effet des concepts de parentèle, souvent très extensifs, qui prévalent encore dans la culture traditionnelle de beaucoup de pays d’Afrique

            Le respect des principes républicains, notre unité nationale, fruit d’une très longue histoire, la primauté de notre belle langue française, pour autant qu’elle puisse être aujourd’hui menacée, la laïcité de nos institutions, principe que la France n’a fait triompher qu’il y a un peu plus d’un siècle, donc une conquête toujours fragile, et enfin le principe de l’égalité entre les sexes. La 4ème République l’a établi dans notre droit, mais on voit bien tous les jours que dans la vie concrète, les femmes ont encore à combattre quotidiennement pour le faire respecter.

            Les trafics, la drogue

 Je serais tenté de faire un mauvais jeu de mot, en disant « pas de quartier ! » pour tous les trafics et le « bizness », mais la question des marchés de la drogue soulève une question de fond, celle de sa consommation par une partie plus ou moins importante de la société française, et pourquoi ne pas le dire, par une partie de notre élite ? S’il y a un marché, c’est bien qu’il y a une consommation, et des jeunes de  ses quartiers y ont trouvé, presque naturellement, une occasion d’«emploi ».

            La lutte contre tous ces trafics risque donc d’être longue, et ne sera véritablement efficace que si la collectivité nationale propose de vrais emplois, une vraie reconnaissance politique, sociale, et économique, aux jeunes de nos ghettos.   

      Et  son succès dépend largement aussi de la politique nationale menée à l’égard des marchés de la drogue, car le citoyen de base voit bien, que de plus en plus de jeunes fument, un joint par ci, un joint par-là, une fumette souvent encouragée par les médias, la télé, le cinéma… Et que dire de notre société actuelle et d’une partie non négligeable de son élite qui ne jure que par le fric, l’avidité, et l’intérêt personnel !

            Donc un grand gâchis, mais un vrai challenge national !

Jean Pierre Renaud

Additif 2015 :

A lire les pages très intéressantes et fort bien documentées du journal Le Parisien du 7 mars 2015, intitulées « Soldes, livraisons, salaires

                                                      Les secrets des PME de la drogue »,

         il parait évident que l’Etat doit avoir pour objectif majeur de neutraliser les petits et grands chefs du trafic de drogue, en donnant la préférence à l’action renforcée de la Brigade des Stups, plutôt qu’à celle des CRS, en arrêtant, si elle existe encore, la politique du chiffre.

        Enfin, pourquoi ne pas oser mettre sur le tapis des relations diplomatiques, la lutte contre une des sources fréquentes de ce trafic, la source marocaine ?

Banlieues, ghettos, apartheid ? Un challenge pour la France!

Avant-propos du 7 mars 2015

Le 7 janvier 2010, j’avais publié sur mon blog « confidentiel » le texte ci-dessous relatif à un dossier toujours aussi sensible de nos jours, plus de cinq années après.

Le Premier Ministre parait décidé à s’en saisir. Il a utilisé le mot « apartheid » qui ne parait pas vraiment approprié au sujet, mais attendons les décisions.

Ce texte a conservé sa pleine actualité, et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de le publier à nouveau.

Banlieues, ghettos, aveuglement ou incompétence de nos élus depuis plus de 30 ans

Bonne année à l’autre « planète » :

Hier et aujourd’hui, quel gâchis ! Il n’est jamais trop tard ! Demain, l’espoir, le nouveau rêve de la France !

Réflexions proposées le 7/01/2010

            Quel gâchis !  Trente-cinq années ont passé depuis la fin des trente glorieuses, sans que nos responsables politiques, présidents, premiers ministres, députés et sénateurs, aient pris la mesure du grave problème de nos banlieues, et proposé à notre pays des solutions qui soient à la hauteur des enjeux politiques, sociaux, économiques et culturels qu’elles représentent. Trente-cinq années au cours desquelles s’est poursuivi le chemin inexorable, visible ou invisible, d’une « ghettoïsation » ou d’un « enkystement », au choix.

            Enjeux qui n’ont fait que s’aggraver avec la poursuite d’une immigration officielle ou clandestine, avec des concepts de parentèle souvent bien différents des nôtres.

            A qui la faute ? Les raisons en sont multiples, la première étant celle de la difficulté qu’il y a à imaginer des solutions efficaces, de longue durée, et de très grande ampleur, face à une problématique complexe sur tous les plans visés plus haut en matière d’enjeux.

            Mais, pourquoi ne pas mettre en cause la responsabilité de nos élus qui sont restés aveugles, inconscients, égoïstes, ou tout simplement incompétents. Je me souviens avoir alerté à ce sujet, mais sans convaincre, dans les années 1980, le député de Montbéliard, et dans les mêmes années les rares élus parisiens que pouvait motiver le dossier des quartiers dits sensibles.

            Il y a quinze ans, l’année 1995 a vu fleurir la belle campagne de la « fracture sociale » dont il n’est pas sorti grand-chose, à ce sujet, sinon rien ! Et comment ne pas être étonné que la gauche ou la droite puissent être logées à la même enseigne de cette grave carence politique ? Avez-vous eu la chance de connaître, à ce sujet, les propositions concrètes et chiffrées de ceux que la presse qualifie souvent d’éléphants socialistes, grands élus de nos banlieues sensibles proches de la capitale ou d’autres capitales régionales ?

            Toutefois quelques récentes lueurs d’espoir dans ce constat désastreux, les programmes de rénovation urbaine de Boorlo, et le travail de fourmi de Fadel Amara !

             Il n’est pas trop tard : un nouveau challenge national !

            Dans le maelström économique, démographique, et culturel, qui agite toutes les nations de la planète, dans le brassage mondial des races et des cultures, la France n’est pas la plus mal placée pour construire une nation nouvelle, et donner corps à son rêve du vingt et unième siècle. Elle l’est d’autant mieux qu’elle dispose d’un socle de valeurs politiques, sociales, et culturelles inégalable, d’habitants qui viennent de tous les continents, et d’une démocratie qui n’a connu ni ségrégation, ni esclavage

            Dans le nouveau monde en chantier, les nations gagnantes seront celles qui auront su agréger toutes leurs composantes nationales, issues ou non, directement ou pas, du sol national, précisément parce qu’elles représentent, toutes et chacune, une part de notre héritage humain commun.

            Mais pour réussir ce nouveau pari national, d’un vouloir vivre ensemble rénové, les demi-mesures ne suffiront pas, et il faudra des moyens, beaucoup de moyens.

            Alors qu’on a bien trouvé trois milliards pour diminuer le taux de TVA de la restauration, et que l’on sait trouver des centaines de millions ou des milliards pour financer quelques-unes des urgences du jour, ou des opérations internationales de prestige, pourquoi ne pas décider de mettre en œuvre un plan de remise à niveau de nos banlieues sensibles, un plan pluriannuel de plusieurs dizaines de milliards, comme avait su le faire le pays après la deuxième guerre mondiale ? Il n’existe sans doute pas de remède miracle, mais peut-être pourrait-on mettre au service de cet exaltant projet un service civique qui lui serait dédié, et trouver dans la manne des niches fiscales, souvent extravagantes, une partie des financements recherchés.

            Ne s’agit-il pas en effet d’une sorte de nouvelle reconstruction de la France ?

          Le nouveau contrat républicain

            Il faut donc demander un effort exceptionnel à notre nation, mais il faut, qu’en contrepartie, il soit fondé sur un contrat républicain irréprochable : ne rien céder des principes de la République Française, façonnés au cours des siècles, notre unité nationale, les trois valeurs inscrites sur tous les frontons de nos mairies, la liberté, l’égalité, et la fraternité. Une égalité entre les hommes et les femmes, et ce principe revêt encore plus d’importance de nos jours que par le passé, alors que sa conquête a moins d’un siècle dans notre pays.

            La primauté de notre belle langue française, pour autant qu’elle puisse être menacée.

            Et, tout autant, la laïcité, qui n’a pas été facile à établir.

            Permettez-moi, à ce sujet, de faire état d’une anecdote familiale : mon grand-père paternel, franc-comtois de la « Petite Vendée » du plateau de Maîche, fut mis en prison, en 1906, parce qu’il s’opposait à la mise en œuvre de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, alors que ses enfants et petits-enfants ont naturellement adopté cette grande loi de pacification civile et religieuse.

            Je dis aux jeunes de l’autre « planète » : au terme de ce petit plaidoyer, je dis aux jeunes de nos banlieues sensibles : beaucoup de temps a passé, trop de temps incontestablement, mais faites confiance au pays, la France officielle des aveugles et des bien pourvus va enfin se ressaisir, car ce rêve national est aussi le vôtre.

            Je dis à nos responsables politiques de gauche, de droite ou du centre : assumez enfin vos responsabilités, et les véritables destinées de la France qui sont celles du siècle actuel, et plus celles du passé.

            Gare à la France si cette mission collective, et on ne peut plus républicaine n’est pas assumée !

            Les caricatures de Plantu dans le Monde du 12 décembre 2009 devraient vous rappeler à la réalité : la page était intitulée Alertes rouges et le dessinateur écrivait en conclusion :

            « Aujourd’hui, bien sûr, on revient sur notre pauvre planète avec ses alertes au réchauffement climatique. Mais il y a une autre planète dont on parle moins… Elle est en danger : c’est la « Planète Banlieue ». Et quand elle va se mettre à chauffer, ça va chauffer ! »

            Les analyses récentes de Luc Bronner confirment le diagnostic actuel, en mettant l’accent sur la prise de pouvoirs des jeunes dans certains quartiers sensibles et sur leur refus de participer récemment aux élections des Conseils Régionaux, beaucoup plus fort que celui de la moyenne des électeurs.

            Avez-vous d’ailleurs entendu de la part des principaux partis politiques, dans les régions où ce problème est aigu des programmes d’action précis ? A ma connaissance, non !

            Ajouterai-je que dans une émission de France O d’il y a quelques semaines, tout à fait instructive, une femme expérimentée  et de qualité, manifestait la plus grande inquiétude sur l’avenir de ces quartiers, et sur leur conversion possible à quelque chose qui ressemblerait à une véritable insurrection.

Jean Pierre Renaud

Post scriptum

Le Premier Ministre vient de faire quelques annonces positives sur le sujet, mais qu’on ne nous dise pas que la France manque d’argent, même si sa dette est colossale, car Hollande, tout comme Sarkozy, ont bien trouvé des sous pour des opérations militaires extérieures en Libye, au Mali, en Centrafrique, et en Irak, avec l’envoi tout en fanfares du porte-avions Charles de Gaulle dans les eaux du Golfe Persique.

De la grandeur, de la grandeur à l’étranger, mais en sacrifiant ce que nous appellerions volontiers notre « front intérieur » !

Avec en petit complément d’information, la publication, à nouveau, et demain, de mes notes de lecture du livre « La loi du ghetto » de Luc Bronner

« Qui a peur du Qatar? » Le Monde du 9 octobre 2012

« Qui a peur du Qatar ? »

L’air du monde  Chronique

Le Monde du 9 octobre 2012, page 21, DECRYPTAGES ANALYSES

Décryptons donc, à notre tour, cette belle et dense chronique d’un monde fascinant !

            « Fascinantes coïncidences… » entre trois événements dont la parenté parait évidente aux yeux de la chroniqueuse, c’est à dire l’exclusion d’URSS de l’Agence américaine d’aide au développement (Usaid) par Poutine, la ville américaine de Toledo déroulant le tapis rouge à cent soixante investisseurs chinois, et devinez quoi, et bien sûr, les 50 millions d’euros du Qatar annoncés pour soutenir les projets d’entreprises privées nés dans les banlieues françaises.

En rappelant la genèse « instructive » de ce dossier, la chroniqueuse fait une observation intéressante, et peut-être capitale :

« C’est la première fois qu’un Etat étranger, hors Union européenne, finance une politique publique en France. »

Et plus loin : « Que nous dit cet épisode ? Il nous renvoie d’abord à l’échec de l’intégration des banlieues…

Le Qatar n’est pas un modèle de transparence ni un modèle social…

Il nous dit, enfin, que ces frictions vont se multiplier. Gigantesques, ces fonds souverains des pays émergents ou pétroliers cherchent des débouchés au moment où nos pays cherchent, eux, des solutions à la crise de la dette et au chômage. Il faut apprendre à prévenir ces tensions, à distinguer les craintes légitimes d’interventionnisme ou d’incompétence et les fantasmes ou les susceptibilités nationales mal placées. »

Et la chroniqueuse de choisir son point de chute de conclusion avec l’exemple des Chinois à Toledo !

Je vous avouerai que la mise sur le même plan des trois types d’intervention a de quoi surprendre, pour de multiples raisons, dont les principales sont les suivantes :

« Fascinantes coïncidences » entre trois « événements » qu’il est possible, intellectuellement, de mettre sur le même plan de l’analyse et du raisonnement ?

Alors que, comme la chronique l’écrit : « C’est la première fois… »

« Il nous renvoie à l’échec de l’intégration des banlieues », effectivement !

Mais est-ce que le journal Le Monde, dont je suis un ancien lecteur, a fait son métier de journalisme sur ce sujet sensible alors que la gauche et la droite, complices, depuis plus de trente années, n’ont jamais mis le paquet sur ce dossier.

Est-ce que Le Monde a jamais interviewé les responsables politiques concernés, notamment tous ceux qui ont exercé ou exercent encore des mandats, depuis de longues années, dans des circonscriptions à quartiers sensibles pour leur demander des « comptes » sur les initiatives qu’ils ont prises, les projets menés à bien, pour faire entrer « leurs » quartiers dans la République ?

Je n’en ai gardé aucun souvenir.

La Seine Saint Denis aurait été depuis longtemps un bon terrain pour un journalisme d’investigation critique, d’interviews et de suivi politique, ainsi que plus récemment le 18ème arrondissement de Paris, berceau des illustres éléphants du Parti Socialiste que tout le monde connait et qui ont fait une belle carrière au sein de leur parti.

Et en ce qui concerne le Qatar, indulgence ou litote de la part de la chroniqueuse, en notant simplement que « Le Qatar n’est ni un modèle de transparence ni un modèle social » ?

Car plus haut, la chronique avait relevé : « C’est la première fois qu’un Etat étranger… », oui, et il ne s’agit pas de n’importe quel Etat, même dans ses apparences les plus sympathiques, mais d’un Etat théocratique dans une composante sunnite, donc avec toute la complexité politique et religieuse que ce type d’intervention introduit dans le brassage religieux qui affecte la France, et notamment les banlieues, avec un Islam à la Française qui a de la peine à exister.

Je ne suis donc pas sûr, que le propos concernant « les fantasmes ou les susceptibilités nationales mal placées » soit bien approprié au cas du Qatar, même si la politique de ce petit Etat dérange peut être plus qu’il ne conviendrait actualité et politique françaises.

Je complèterais donc volontiers la question « Qui a peur du Qatar ? », par une autre question : « Fantasmes ou susceptibilités nationales », vraiment ? 

            A cette lecture, aurais-je été ce papillon que la lumière des coïncidences n’aurait pas réussi à fasciner ?

Et à recommander le petit encart d’un confrère, le Canard Enchainé du 11 octobre, page 5, intitulé « Le Qatar tout voile dehors », avec à l’occasion du Prix de l’Arc de Triomphe (7 octobre 2012), une photo de buste d’une des hôtesses : …« dans la partie dédiée à la gastronomie qatarie, le dépaysement était garanti : des hôtesses vêtues d’un niqab proposaient des spécialités locales. »

Jean Pierre Renaud

Terra Nova et ses propositions pour les quartiers sensibles

Terra Nova et ses propositions pour les quartiers sensibles

Le Monde du 13 avril 2012

« Terra Nova propose d’importer le « community organizing » à l’américaine dans les banlieues françaises

Le think tank proche du PS suggère de s’appuyer sur les initiatives des habitants »

            Tout à fait d’accord sur le constat, c’est-à-dire un constat de demi-échec de la politique publique à destination des quartiers populaires, et sur l’objectif d’une politique plus efficace consistant à mettre les habitants au centre des processus de décision.

            Mais a-t-on besoin de faire appel à l’expérience américaine pour ce faire, dont l’histoire n’a rien à voir avec celle de la France, et alors que notre pays dispose déjà d’outils juridiques, les conseils de quartiers créés par une loi du   27 février 2002 ?

Les conseils municipaux ont d’ores et déjà le pouvoir de créer des conseils de quartier, obligatoire dans les communes de plus de 80 000 habitants, et facultatifs, en dessous de cette limite une loi socialiste,

A Paris, il en existe déjà 122, mais il est vrai qu’ils servent le plus souvent d’alibis démocratiques, mais une base juridique existe qu’il faut sensiblement améliorer.

La question politique et juridique posée est en effet celle de la définition des pouvoirs donnés parallèlement aux conseils municipaux et aux conseils de quartier, une définition tout à fait insuffisante.

Dans l’état actuel du droit, un conseil de quartier n’a quasiment aucun pouvoir, et il faut donc que la loi soit complétée, et améliorée,  afin de donner à ces conseils à la fois une représentativité politique réelle et de vrais pouvoirs, avec un budget dédié et la délégation de la gestion des équipements du quartier, sur le modèle « aussi amélioré » des conseils d’arrondissement existant dans les villes de Paris, de Lyon et de Marseille.

Mais pour conclure, le think tank Terra Nova, « proche du parti socialiste », s’illustre, une fois encore, en préconisant de copier le modèle américain.

Hier, il s’agissait de généraliser en France les primaires électorales.

Aujourd’hui, il s’agirait d’importer le « community organizing » à l’américaine dans nos banlieues.

A croire que la France manque d’outils juridiques et politiques et certains de se demander si Terra Nova ne devrait pas opter pour un autre nom, celui de New Earth US !

Jean Pierre Renaud

Sous-préfets aux champs de Daudet et sous-préfets dans les « zones de non-droit », l’idée de Bayrou?

 Je ne sais qui a pu souffler une telle idée, aussi farfelue,  à Bayrou, mais la proposition qui consisterait à nommer un sous-préfet dans « les quartiers devenus zones de non-droit », avec obligation de résidence dans le quartier », ressemble fort à un nouveau gadget politique !

            Cette proposition méconnait la problématique de ces quartiers dont la solution n’est pas de mettre plus d’Etat central dans ces quartiers, mais plus d’Etat local.

C’est mal connaître le corps préfectoral que de penser qu’il suffira de mettre des dizaines de sous-préfets dans ces quartiers, des sous-préfets qui n’ont pas de compétence particulière dans ce domaine, pour traiter ces problèmes difficiles, et qu’on ne trouvera d’ailleurs pas dans les effectifs.

En plus des préfectoraux à la ville, ou à l’égalité des chances ? Qui servent à quoi ?

Je préfère clairement la solution que j’ai déjà exposée sur le blog du 1er mai 2010, à propos de mes notes de lecture de l’excellent livre de M.Bronner, « La loi du ghetto », à savoir la création d’un pouvoir communal nouveau, conseil d’arrondissement ou commission élue, avec un patron, et surtout un budget dédié à ces quartiers, à l’image des conseils d’arrondissement qui existent à Paris, Lyon et Marseille, la gestion déléguée des équipements de proximité, la présence d’un échelon du service civique, le tracé d’un chemin balisé école-emploi…

Avec naturellement en face, le référent préfectoral dans le système préfectoral actuel, habilité à coordonner les services de l’Etat présents dans ces quartiers.

Et pour ajouter une touche finale, pour les personnes bien informées, comment ne pas faire un rapprochement « suspect » avec les fameux Bureaux Arabes du Maroc, ou des SAS en Algérie ?

Jean Pierre Renaud

« Islamisation des cités: mythe ou réalité? » Le Monde du 14/10/2011

« Islamisation des cités : mythe ou réalité ?

Le récent rapport « Banlieue de la République » souligne l’influence croissante de l’islam dans les cités. Sa publication et ses répercussions médiatiques provoquent des réactions nombreuses et contradictoires »

Le Monde du 14 octobre 2011 : Décryptages Débats (pages 18 et 19) Réactions Tribalat, démographe, Leyla Arslam, coordinatrice de l’enquête, Mauger, sociologue, et Guilly, géographe

Constats ou discours ?

Avant-propos

Toujours curieux d’analyser l’évolution culturelle, religieuse, économique, et sociale de mon pays, je lis, j’écoute, je vois, et m’intéresse aux journaux et émissions télévisés.

Depuis quelques années, mon attention se porte particulièrement sur tout ce qui se rapporte aux problèmes d’immigration et des quartiers sensibles, et en ce qui concerne ce dossier, mon intérêt ne date pas d’aujourd’hui.

Or, je suis très frappé par l’à peu près à la fois des discours et des constats que beaucoup de spécialistes, anthropologues, ethnologues, sociologues, politologues, et même historiens…, veulent nous faire partager.

Sont joyeusement mélangés les résultats des recherches, quand il y a effectivement résultat, et les opinions personnelles, le plus souvent politiques.

Peut-être suis-je dans l’erreur, mais mon constat personnel est que beaucoup de chercheurs et de médias sont dans le déni des faits, de la réalité, de la vérité des chiffres.

Tel me semble être tout à fait le cas en matière d’immigration, de cohabitation religieuse ou culturelle !

Toujours plus de lettres que de chiffres, et d’opinions plus que de faits ?

            Le contenu de ce rapport

            Ce rapport a effectivement un contenu dérangeant, mais il a ouvert un débat salutaire sur la situation de la société française, la mesure et les effets des flux d’immigration, venus notamment d’Afrique, le difficile arbitrage entre le social et le culturel, et effectivement entre le culturel religieux et le culturel laïc.

            Un débat d’autant plus utile que le citoyen a souvent eu le sentiment qu’il n’était pas « convenable » de l’ouvrir.

C’est ainsi que dans le journal le Monde du 23/03/10, une journaliste du Monde publiait une critique sommaire du livre « Les yeux grands fermés » de Mme Tribalat, démographe, sous le titre « Sociologie souverainiste » (Voir notre écho sur le blog du 7/04/10)

            Ouvrons en effet tout grands nos yeux, et la République s’en portera beaucoup mieux !

            Quid des constats et des discours ?

            Le constat : Mme Tribalat note plusieurs caractéristiques du dossier qui méritent réflexion : 4 millions de musulmans en 2008, un chiffre qui, en tant que tel, ne pose pas problème, mais qui est affecté d’au moins deux facteurs importants : une dynamique démographique qui n’a rien à voir avec celle des autres religions traditionnelles de France, « une France en état de déchristianisation avancée », et la concentration de ses effectifs sur certains territoires, notamment dans nos quartiers sensibles.

            Le discours : Le titre de cet article est très provocateur, « L’islam reste une menace. Les élites minimisent les dangers de son expansion », mais il convient à présent que le « beau » monde de l’Institut Montaigne, qui est à l’origine de l’enquête Kepel ne s’en tienne pas à cette enquête, et propose et mette en œuvre des solutions.

            Le constat : une dernière remarque de Mme Tribalat, remarque que je partage :

            « Si l’islam est encore une religion minoritaire, il a déjà changé nos vies dans un domaine vital à la démocratie, la liberté d’expression… »

            Mme Leyla Arslam, coordinatrice de l’enquête Kepel,  écrit :

Le discours : « La religion est un marqueur d’intégration », un titre qui, dans le débat ouvert, est en lui-même paradoxal, sinon, et tout autant, dérangeant.

            Une hésitation à faire nôtre la phrase  « L’intensification de l’identité musulmane doit ré-enchanter un quotidien perçu comme difficile, pour donner un sens à la « galère », mais une adhésion entière à sa conclusion, son constat :

            Le constat : « Mais ce qui dérange réellement, c’est la situation des quartiers qui appelle à une réflexion collective. Car dans une France urbaine qui vieillit, laisser des quartiers de jeunes en situation d’exclusion et de ségrégation constitue un intolérable gaspillage pour l’ensemble du pays. »

            Avec toutefois deux réserves :

Si la République décidait enfin d’exister véritablement dans ces quartiers, rien ne serait possible sans limiter au maximum les flux d’immigration de type humanitaire !

Et seule la nouvelle histoire de France en cours de construction pourra nous dire si l’islam de France est compatible avec nos institutions républicaines et la laïcité.

L’analyse Mauger est plus classique, en tout cas dans son titre « Retrouvons la question sociale occultée. Le problème ethnique est un faux fuyant ».

Le constat : Le sociologue prend ses distances avec un courant intellectuel français qui trouve son inspiration dans les pratiques culturelles anglo-saxonnes, et note fort justement qu’

« Aux formes traditionnelles d’organisation populaire des « banlieues rouges » se sont en effet substituées de nouvelles formes d’encadrement associatif et/ou religieux : des grands frères aux imams importés des ghettos noirs des Etats Unis, la culture hip-hop s’est imposée auprès des jeunes des cités pour au moins trois raisons : d’une part parce qu’elle fait appel à des propriétés langagières et corporelles censées leur appartenir en propre ; d’autre part parce que les rappeurs se sont faits avec plus ou moins de succès, les porte-parole des jeunes des cités ; enfin, et peut-être surtout, parce qu’habilitée par la culture dominante, la culture hip-hop apparait sinon comme une possibilité d’accès à la richesse et à la gloire médiatique, du moins comme un outils de réhabilitation symbolique ».

Le discours : l’auteur prend ses distances avec le « modèle  anglo-saxon », mais conclut curieusement sur une note tout à fait ambigüe :

«  C’est dire que l’importation du modèle culturel anglo-saxon n’est pas sans écho. Métamorphosant la question sociale en question raciale, elle conduit à substituer à une vision du monde social divisé en classes celle d’une mosaïque de communautés ethnicisées et, ce faisant, à renforcer les divisions au sein  des classes populaires. »

Importation ? Vraiment ? Sur quelles bases d’enquêtes ?

M.Guilluy, géographe, intitule son analyse « La fable de la mixité urbaine. Essor du séparatisme culturel. »

Le constat : « Plus que son contenu, c’est d’abord la sur médiatisation du rapport de l’Institut Montaigne qui est frappante. », mais ce n’est peut-être pas inutile dans le cas d’espèce !

Car plus loin : « La question de l’islam ne serait pas aussi présente si elle ne s’inscrivait pas dans un contexte démographique, celui de la croissance forte et récente du nombre de musulmans en France et en Europe. », effectivement, mais nous sommes en France !

Le discours :

Le géographe écrit encore : « L’importance des réactions suscitées par le rapport Kepel révèle en filigrane le malaise de la société française face au surgissement d’une société multiculturelle impensée »

Quelques mots qui comptent en effet : croissance forte et récente, surgissement, impensée !

Que veut dire l’expression « une société multiculturelle impensée » ? Est-ce qu’on pense vraiment une société, ou la vit-on ? Multiculturelle ou multi-religieuse ? Et si c’est le cas, pourquoi ne pas faire référence au statut des religions dans notre République laïque ! Inutile donc de la penser !

S’il s’agit d’un constat, quelle en est la démonstration géographique ?

Le discours : « La réalité est que, depuis la fin des années 1970, ce modèle assimilationniste a été abandonné quand l’immigration a changé de nature en devenant familiale et extra-européenne (pour beaucoup originaire de pays musulmans) Alors que l’on continuait à s’enorgueillir des mariages mixtes, les pratiques d’évitement explosaient »

Un géographe écrit « explosaient » : s’agit-il d’une observation de géographe ?

Et encore, le discours : « Aujourd’hui, le séparatisme culturel devient la norme… La promesse républicaine qui voulait que « l’autre », avec le temps, se fonde dans un même ensemble culturel, a vécu. Dans une société multiculturelle, « l’autre » reste « l’autre. Cela ne veut pas dire « l’ennemi » ou « l’étranger », cela signifie que sur un territoire donné l’environnement culturel peut changer et que l’on peut devenir culturellement minoritaire. C’est ce constat, en partie occulté, qui explique la montée des partis populistes dans l’ensemble des pays européens. »

Pourquoi ne pas remarquer que le qualificatif multiculturel est d’une très grande ambiguïté, et qu’il serait préférable de ne pas « occulter » son véritable sens, qui est en France, un multiculturalisme religieux et non religieux, à trois entrées, le premier ancien, le christianisme, le deuxième non religieux, plus récent,  c’est-à-dire la laïcité républicaine,  et le troisième très récent, l’islam ?

L’auteur a en vérité de la peine à démêler dans son propos le constat et la conséquence qu’il en tire, son discours qui s’applique naturellement aux « thèses frontistes », car il écrit en conclusion :

« Si un islam identitaire travaille les banlieues, l’adhésion pour les thèses frontistes d’une part majoritaire de la France périphérique souligne que la question sociale est désormais inséparable de la question culturelle. ».

En résumé, un ensemble de contributions qui ont le mérite d’éclairer les éléments d’une problématique religieuse, économique, et sociale dans ses principales composantes, sauf à noter qu’elle existe principalement dans un certain nombre de territoires qui sont souvent définis en termes de quartiers difficiles.

La donne religieuse est venue compliquer les solutions à trouver et à mettre en œuvre pour que les quartiers défavorisés puissent retrouver le chemin de la République, car les politiques ont choisi la facilité, tout d’abord en fermant les yeux sur les difficultés de ces quartiers, puis en donnant des gages aux politiques de la diversité, de la non- discrimination, car elles coûtaient moins cher, et avaient l’avantage de ne pas affronter le véritable dossier des conditions d’accès à l’égalité sociale et économique.

Aucune des quatre contributions ne propose d’ailleurs de solutions, de chemin d’avenir, à nos quartiers difficiles, et il reviendrait naturellement à un club de réflexion comme l’Institut Montaigne de franchir cette deuxième étape : un diagnostic, c’est bien, une thérapeutique, c’est encore mieux !

Les constats sont connus, les discours tout autant, mais ce dont la France a besoin, c’est d’action. C’est en tout cas mon propre « discours » !

Jean Pierre Renaud