Coucou Macron ! Macron le coucou ?

Humeur du jour

L’information du quotidien sur France 2

Coucou Macron ! Macron le coucou ?

 Les cohabitations d’un genre nouveau !

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L’information du quotidien sur France 2 ?

Une de nos chaines publiques ?

 Vous vous souvenez sans doute qu’au plus fort de l’épidémie, dans le confinement, la chaine nous assénait, chaque jour, et dans le détail, les statistiques des morts du jour, sans toujours d’ailleurs avoir le souci de la représentativité numérique des chiffres cités à l’international.

            Depuis la fin du confinement, chaque jour des reportages et des interviews pour vous informer de ce qui va mal en France, emplois ou chiffres d’affaires, une kyrielle de pourcentages… sans mettre la lumière sur l’autre versant, celui des Français et des Françaises qui se sont retroussés les manches et qui font courageusement face à la crise.

Les cohabitations d’un genre nouveau, Philippe-Macron et Castex – Macron, celles du « coucou » !

Depuis son élection, le Président n’a pas réussi à implanter son mouvement politique dans notre pays, en dépit de la Méthode de la débauche dans les rangs des partis dits traditionnels, notamment ceux du Parti Républicain.

            Continuité dans la méthode avec la nomination de Castex, l’objectif étant toujours de puiser des soutiens dans les rangs de la droite identifiée, c’est-à-dire dans son vivier politique.

Seul problème pour Macron, et de taille, avec l’installation d’un Premier Ministre qui incarne une ligne politique ressemblant fort à celle de la droite, sans le dire, en concurrence avec celle des Républicains, une sorte de cohabitation d’un genre nouveau dont les Français pourront observer les soubresauts au fur et à mesure du calendrier des 600 jours.

Toute la question est celle de savoir si cette stratégie du coucou a des chances de réussir, mais ça n’est pas impossible à voir le nombre d’hommes ou de femmes politiques adeptes également du vol de nid de coucou. 

 Jean Pierre Renaud

« La Question post-coloniale » – Annexe « Conclusions « Regards croisés » 1890-1920s

« La question post-coloniale »

Publications Eté 2020

Annexe proposée le 21/7/2020

« Conclusions »

« Ah ! il fallait pas, il fallait pas qu’il y aille

Ah ! il ne fallait pas, il fallait pas y aller

Mais il a fallu, il a fallu qu’il y aille

Mais il a fallu, il a fallu y aller »

« Telle pourrait être la formule et le refrain les plus ramassées de mes réflexions sur la colonisation française !

Ainsi que le disait la chanson militaire bien troussée, intitulée « Le tambour miniature » !

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 « Mon ambition était de tenter de retracer les premiers échanges entre blancs et noirs, les premiers regards croisés, et d’examiner toutes les questions qui allaient se poser, au moment où la France installa définitivement son pouvoir colonial, en tout cas certains de ses enfants le croyaient-ils, en Afrique de l’ouest, une entreprise hardie, et sans doute impossible.

            Il s’agissait pour moi de mieux comprendre le processus colonial de la première phase de la colonisation, celle des années 1890-1914, et je serais sans doute imprudent d’en conclure que tel a été le cas.

            J’ai tenté de répondre à une des questions qui me taraude depuis la période de mes études, le pourquoi des conquêtes coloniales, le pourquoi de ma première vocation, très courte, qui fut celle du service de la France d’Outre- Mer, et le pourquoi du large échec de la colonisation.

            Tout feu, tout flamme, à cette époque de ma jeunesse, le rêve d’un service au service des autres, les Africains, avait effectivement bercé mes études, alors que je n’avais pas eu le temps, ou pris le temps de me pencher sur l’histoire détaillée de nos conquêtes coloniales et sur la connaissance que nous avions du continent africain. J’en savais toutefois, déjà assez, pour ne me faire aucune illusion sur la pérennité de notre présence coloniale en Afrique, mais je croyais qu’il était encore possible de fonder une nouvelle communauté de destins entre la France et ses anciennes colonies, ce qui n’a pas été le cas, et en tout cas pas sous la forme caricaturale de la Françafrique. 

            S’il est vrai que la conquête coloniale de l’Afrique de l’ouest fut, par bien de ses aspects, et de ses exploits, une sorte de saga militaire qui vit souvent s’opposer de grands adversaires, les couples Gallieni-Ahmadou, puis Archinard-Ahmadou, puis Archinard-Samory, les premiers pas de la colonisation s’effectuèrent dans une paix civile relative, toute nouvelle, facilitée par la destruction des grands empires du bassin du Niger, celui d’Ahmadou, en pleine déliquescence, celui de Samory, en pleine puissance, et l’installation d’une nouvelle paix civile, celle de l’ordre public colonial.

            Quelles conclusions tirer de cette analyse ?

            Les temps courts de la colonie

            Les temps de la conquête et de la colonisation ont été des temps courts, une trentaine d’années au maximum, pour la conquête et l’installation du nouveau pouvoir colonial, 1880/1890 – 1910/1914, une vingtaine d’années pour la « belle » période coloniale, 1920/1940, et moins de vingt années après la fin de la deuxième guerre mondiale, 1945/1960, alors que l’AOF était déjà entrée dans un autre monde, qui n’était plus celui de la colonisation.

            Ajoutez à cela que deux guerres mondiales avaient interrompu ou perturbé gravement les processus coloniaux : après le retour des anciens tirailleurs de la guerre de 14-18, le Blanc n’était déjà plus l’homme « miracle », et après la défaite de la France, en 1940, les changements intervenus chez les maîtres du monde, la toute puissance des Etats-Unis, le cours de l’Afrique devait inévitablement prendre un cours nouveau.

            La colonisation française se développa donc dans un temps historique très court, une période « utile » de l’ordre de cinquante années, interrompue par les deux guerres mondiales, et débouchant sur un après 1945, un nouveau monde, celui du déclin de l’Europe, de la tout puissance des Etats-Unis, et rapidement de la guerre froide, d’une Quatrième République dont l’objectif N°1 était la reconstruction du pays.

            Il est indispensable d’avoir ces données temporelles à l’esprit quand on a l’ambition de vouloir apprécier les tenants et aboutissants de la colonisation française, sinon ses résultats, car elles sont historiquement capitales.

               Des yeux plus gros que le ventre, hier comme aujourd’hui, la « politique de grandeur » de la France.

Les gouvernements de la Troisième République ne manquaient pas d’air pour se lancer dans de grandes expéditions coloniales en Afrique, en Asie, et à Madagascar,  alors qu’ils ignoraient tout, ou presque tout des peuples de ces nouvelles colonies, et qu’ils n’avaient jamais arrêté de politique coloniale. Il y a beaucoup d’anecdotes qui démontrent la grande ignorance que nos hommes politiques avaient du domaine colonial, et cela jusqu’à la décolonisation.

            C’est une des raisons, parmi d’autres qui me font répéter, que le peuple de France n’a jamais été concerné par les colonies, ou de façon marginale, lorsqu’il y eut de la gloire à glaner, celle que Montesquieu avait déjà mise en lumière comme une des caractéristiques de la psychologie des Français, ou inversement lorsqu’il fut nécessaire de lutter contre les révoltes violentes des peuples qui revendiquaient une indépendance tout à fait légitime.

            Dans le conflit indochinois, la Quatrième République se garda bien de mobiliser le contingent et fit appel aux éléments professionnels de son armée, décision qui marquait bien sa volonté de tenir le peuple à l’écart, et lorsque la même République envoya ses appelés en Algérie, mal lui en a pris, puisque la présence massive du contingent a plutôt été un facteur d’accélération de l’indépendance algérienne.

            Vous imaginez l’inconscience, la légèreté, la démesure, dont il fallait faire preuve, à la fin du dix-neuvième siècle, pour lancer la France dans de grandes expéditions militaires sur plusieurs continents, en Asie, à plus de dix mille kilomètres de la France, ou en Afrique, à quatre ou cinq mille kilomètres, même en tenant compte du saut technologique qui en donnait la possibilité théorique, la quinine, la vapeur, le câble, les armes à tir rapide, et le canal de Suez.

            La légèreté ou l’inconscience politique pour avoir l’ambition de conquérir des millions de kilomètres carrés sous n’importe quel climat, sans savoir par avance ce qu’on allait bien pouvoir en faire !

            Pour former ces expéditions, les gouvernements de la Troisième République se sont bien gardés de faire appel aux soldats de la conscription, mais déjà aux éléments professionnels de son armée, et surtout aux fameux tirailleurs sans le concours desquels aucune conquête n’aurait été possible.

            Le summum de cette folie fut l’expédition de Fachoda, en 1898, la France nourrissant l’ambition de contrer les Anglais dans la haute Egypte, alors que notre pays avait abandonné l’Egypte aux Anglais, quelques années auparavant, et que Kitchener remontait le Nil avec une armée moderne, des milliers d’hommes avec vapeurs, canons, et télégraphe. En face, une dizaine de Français, avec à leur tête le capitaine Marchand, pour y  planter notre drapeau, alors qu’il fallait faire des milliers de kilomètres dans une Afrique centrale encore à découvrir pour ravitailler la mission Marchand à Fachoda.

            Les premiers regards croisés

Au cours de la première phase de contact entre les deux mondes, et hors période d’affrontement militaire, les premiers blancs, en tout cas ceux que nous avons cités, et qui nous ont fait partager leurs récits, leurs carnets d’expédition ou de voyage, n’ont pas porté un regard dépréciatif sur les sociétés africaines qu’ils découvraient, plutôt un regard d’étrangeté.

            Les lecteurs connaissent le débat qui a agité au dix-neuvième siècle le monde intellectuel et politique quant à la question des races et d’une supériorité supposée de la race blanche. Nous avons déjà évoqué le sujet, mais sans introduire le critère racial. Il est évident qu’un officier de marine français ou anglais, car les officiers de marine ont très souvent été les artisans des conquêtes coloniales, ne pouvait manquer d’éprouver un sentiment de puissance extraordinaire – tout devait leur sembler possible –  quand ils débarquaient sur les côtes africaines à partir de leurs monstres d’acier, car il faut avoir vu des images des parades des flottes militaires de l’époque, à Toulon, à Cherbourg, ou à Cronstadt, pour en avoir conscience.

            Pour faire appel à une comparaison anachronique, la perception des choses que pourrait avoir le commandant d’un paquebot de croisière, à l’ancre à Pointe à Pitre, une sorte d’immeuble de grande hauteur, en apercevant de son neuvième ou dixième étage, un piéton sur le quai.

            Dans un de ses romans, Amadou Hampâté Bâ, parlait des monstres d’acier, les vapeurs du Niger qu’il avait vu dans son enfance, mais qu’aurait-il pu dire alors s’il avait vu les autres grands monstres d’acier, avec leurs cheminées monstrueuses, qu’étaient les cuirassés ou les croiseurs des flottes anglaises, françaises, russes, ou japonaises.

            Tout a commencé à changer quand le système colonial à la française s’est mis en place, lorsque le colonisateur a voulu, pour des raisons de facilité et de simplicité évidentes, administrer les Noirs sur le même modèle, établir le nouvel ordre colonial en usant soit de la palabre, soit, et plus souvent de la violence, comme nous l’avons vu en Côte d’Ivoire.

            Du côté africain, nous avons tenté de proposer un aperçu des regards qu’ils pouvaient porter sur ces premiers blancs, avec le sentiment que les Africains trouvaient encore plus étranges ces blancs que les blancs ne pouvaient les trouver eux-mêmes étranges, sortes de créatures venues d’un autre monde, familières de leur propre monde imaginaire.

            Dans les apparences, un grand bouleversement des sociétés africaines en peu de temps, avec une grande immobilité au-dedans des mêmes sociétés africaines.

Ce serait sans doute ma première remarque sur les changements intervenus dans cette région du monde, des changements qui furent souvent de vrais cataclysmes pour beaucoup de sociétés africaines repliées jusque-là sur elles-mêmes, souvent aux prises avec des voisins prédateurs, des sociétés qui vivaient d’une certaine façon en dehors du temps, dans leur propre temps, mais en même temps capables de se refermer sur elles-mêmes comme des huitres.

            Dans les pages qui précèdent le lecteur aura pris la mesure de l’écart considérable qui pouvait exister entre le fonctionnement de ces sociétés, le contenu de leurs cultures et croyances, et la société française de la même époque, un écart que seuls les bons connaisseurs du monde africain avaient pu mesurer tout au long de la période coloniale.

            Nous avons fait appel à des témoins compétents et non « colonialistes » dans le sens anachronique que certains leur prêtent, pour éclairer le lecteur sur les caractéristiques de cette société africaine, ou plutôt de ces sociétés africaines, tant elles étaient variées, des caractéristiques religieuses et culturelles qui compliquaient la tâche du colonisateur, pour ne pas dire, la rendait impossible.

            Un bouleversement immense, peut-être plus en surface, dans les organes politiques apparents, les circuits d’un commerce encore faible, qu’en profondeur, alors que le monde noir vivant restait souvent à l’abri, très résistant dans ses convictions magiques et religieuses.

            Les témoignages de Delafosse, Labouret, Delavignette, et Sœur Marie SaintAndré du Sacré Cœur illustrent bien cette situation paradoxale et marquaient bien les territoires de la pensée et des croyances africaines qui échappaient à la colonisation, et ils étaient fort nombreux.       

            Ces grands témoins étaient lucides, et comment ne pas citer à nouveau ce qu’écrivait Delafosse dans le livre « Broussard », paru en 1922, longtemps avant le temps des indépendances, quant à la possibilité qu’une bombe explose à Dakar, comme elle avait déjà explosé dans un café d’Hanoï.

     Tous droits réservés

Eté 2020

Publications : après avoir lu et relu le livre d’Yves Lacoste « La question post-coloniale », j’éprouve une grande perplexité quant à la démonstration de géopolitique proposée sur un sujet évidemment aussi sensible dans la France du jour, perplexité quant à la définition de la géopolitique elle-même, et à sa mise en œuvre sur le chemin choisi pour une telle démonstration, 1) la question elle-même, 2) les luttes,3) les conquêtes coloniales.

            Il n’est pas facile de repérer dans les exposés le jeu rigoureux du triptyque géopolitique de l’auteur, c’est-à-dire le territoire, le pouvoir et les représentations.

Comme je l’ai déjà souligné, il est difficile de ne pas voir, d’abord,  dans cette analyse le portrait géopolitique d’une « question post-coloniale algérienne et maghrébine ».

Je publierai en septembre la suite de ma lecture critique du livre d’Yves Lacoste « La question post-coloniale ».

            Il s’agit de la Troisième Partie consacrée, pour l’essentiel, aux conquêtes coloniales de la France.

            A la fin de son ouvrage, l’auteur ne conclut pas.

            Je proposerai ma propre conclusion.

            L’auteur accorde un large place aux représentations sans qu’elles soient bien définies et illustrées.

            Il se trouve que j’ai effectué de nombreuses recherches sur le thème des « regards croisés » entre peuples à l’occasion précisément de la conquête de l’Afrique de l’ouest (1890-1920).

            Quoi de mieux en effet que de tenter de faire appel aux nombreux témoignages de cette époque, des deux rives, pour illustrer les représentations de ce monde disparu, au moins en partie !

            Sur ce terrain des représentations, les analyses faites à partir du terrain africain, sont assez éloignées de celles de l’auteur, et encore plus de celles des images coloniales exploitées de façon non scientifique par le trio d’historiens Blanchard, Bancel et Lemaire, sur la rive métropolitaine.

            Le lecteur intéressé pourra parcourir dans une annexe les conclusions de ces recherches dont le contenu fera l’objet d’une publication ultérieure.   

Jean Pierre Renaud

Lectures de détente : au choix dans la longue liste des romans policiers australiens d’Arthur Upfield, avec pour rôle principal, un policier métis (un père blanc et une mère aborigène), une rareté historique dans le continent australien colonisé par des immigrés anglais ou écossais.

            Grâce à cet écrivain voyageur, nous suivons les enquêtes du redoutable policier Napoléon Bonaparte, surnommé Bony pour les intimes, à la découverte des criminels dans le bush australien.

            Outre le grand mérite de nous faire découvrir la culture aborigène et le type de relation complexe qu’elle entretenait avec la culture anglaise, d’autant plus anglaise qu’elle était celle de colons entreprenants et prêts à s’approprier toutes les terres, le lecteur est captivé par les enquêtes de Bony et par la description des déserts et du bush australiens.

            Au choix « La mort d’un lac », « L’empreinte du diable », « L’os est pointé », « La branche coupée », « Les veuves de Broome »…

            Arthur Upfield fait partie de la belle cohorte des auteurs de polards ethnologiques qui nous entrainent sur les traces de policiers terriblement efficaces en même temps qu’ils nous font découvrir les cultures les moins connues de notre planète, tels que Von Gullick, avec le juge TI, ou Hillerman, avec Joe Leaphorn ou Jim Chee.

            Jean Pierre Renaud

France, Bruxelles, 100 milliards pour le redressement national, les responsabilités !

Bruxelles 17/07/2020

Une discussion de marchands de tapis !

Pour une France responsable !

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100 milliards pour le redressement national

Le Figaro 1ère page du 18 juillet

« Un plan de 100 milliards pour relancer l’économie »

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Le 25 avril 2020, en pleine épidémie, sur le blog :

« Le grand emprunt national : « Jours heureux » mais responsables !

Un grand emprunt de redressement national

100 milliards

10 ans 2%

JPR et MCRV 

Enfin une décision ! Mais pourquoi ne pas faire appel à l’épargne des Français ?

Les Trahisons de Cour ? 2020/1450 – Les Gaullistes ?

Le 14 juillet 2020

Les Trahisons de Cour ?

En 2020 comme en 1450 !

            Vous aimez l’histoire de France ? Vous avez peut-être oublié les épisodes de cour royale les plus éblouissants ?

            Revenez vite chez les romanciers historiques (Sans Pub !).

            Fréquentez le grand Almanach de la Cour Royale et les trahisons multiples et de toute nature, souvent mortelles, ce qui n’est pas encore notre cas ! Dieu soit loué ! Oserai-je encore le dire bientôt ?

            Comment les Grands du Royaume de France – s’agissait-il bien de la France ? – arrivaient-ils à s’y retrouver dans la salade – pas encore niçoise – de la vie de Cour entre Anglais, Bourguignons et Armagnacs ? A quel moment le plus opportun fallait-il trahir ?

            A voir ce qui se passe de nos jours dans notre République monarchique, de plus en plus, il existe de troublantes ressemblances avec la Cour Royale du XVème siècle, sous le règne du nouveau monarque républicain, entre petits ou grands allégeants juppéistes, sarkozistes, et toujours chiraquiens et gaullistes – toujours !

            Le Grand Jacques n’a évidemment pas démérité avec l’héritage de trahison qu’il a laissé à la Chiraquie : n’avait-il pas montré l’exemple en trahissant Chaban Delmas, puis Giscard d’Estaing, et enfin Sarkozy ?

            La méthode a toujours le même succès, à voir celle utilisée par le Président actuel préférant déstabiliser les partis reconnus par notre Constitution, plutôt que de rechercher des accords de gouvernement républicain.

            A observer ce qui se passe chez nous depuis de longues années, pourquoi ne pas dire que depuis le départ du Général le gaullisme politique a incontestablement bon dos !

            Jean Pierre Renaud

Face à l’épidémie (XXIème), la légende japonaise de Narayama (XIXème) ?

A partir du développement de l’épidémie, de l’incapacité de notre système de santé à faire face à la  vague de la contagion, les médecins furent rapidement confrontés à un choix cornélien entre malades susceptibles ou non de supporter la lourde thérapeutique respiratoire mise en jeu.

            Concrètement, un tel choix revenait à faire un tri entre malades, et compte tenu, en moyenne, de l’état de santé de plus en plus fragile des personnes les plus âgées de décider de la vie et de la mort d’une partie d’entre eux.

            Les statistiques de décès dans nos EHPAD en ont fourni la statistique funèbre.

            Au fur et à mesure du déroulement de l’épidémie, ce type de débat a été ouvert ou refermé, mais sera inévitablement rouvert, compte tenu de sa grande charge émotionnelle et du choix de société au sein de laquelle nous souhaitons  vivre et mourir, en deçà ou au-delà des croyances religieuses que nous pouvons avoir ou non.

            La culture japonaise m’a depuis longtemps passionné, la distance que nous avions et que nous avons encore avec les codes culturels et sociaux du Japon.

      En 1983, j’avais été voir le superbe film « La ballade de Narayama » de Shôhei Inamamura, lequel faisait revivre l’ancienne tradition du Japon vouant à la mort dans les villages pauvres les vieux de plus de 70 ans, à partir d’un roman de Shichirô Fukazawa (1956).    

     Le film faisait revivre la chronique d’un village pauvre où la coutume  exigeait que les habitants arrivant à l’âge de 70 ans s’en aillent mourir volontairement au sommet de Narayama « la montagne aux chênes » : ils étaient aidés par leur fils aîné. C’était là que se rassemblaient les âmes des morts.

   Le réalisateur nous fait revivre le quotidien de Orin-yan et de son village, avec son fils Tatsuhu, pendant la dernière année de son séjour dans le monde des vivants.

     Les traditions et la culture dans le Japon pauvre de cette époque étaient naturellement obsédées par la subsistance possible ou impossible de ses communautés, confrontées donc à ces choix permanents de vie ou de mort, inscrits dans la tradition du sacrifice.

    Cette histoire n’est elle pas beaucoup plus proche de nous qu’elle n’en parait, avec les choix assumés ou non de vie ou de mort ?

      Le vrai débat, engagé sans le dire, ne consistait-il pas, comme dans une vraie guerre, à admettre que chaque offensive ou défensive comptait un certain pourcentage de blessés et de morts, l’enjeu entre confinement ou non confinement étant en réalité celui du nombre de morts que l’on acceptait dans cette culture du risque ?

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    La littérature japonaise m’avait fait découvrir un récit d’Ôgai Mori sur la culture japonaise des siècles passés et sur celle des sacrifices.

     Les lecteurs intéressés pourront faire une petite incursion dans l’histoire japonaise avec l’Incident de Sakkai dont j’ai fait le récit sur le blog du 23/9/2011 sous le titre «  Choc des cultures, des civilisations, des religions, l’incident de Sakai entre la France et le Japon. »

    A l’occasion de l’ouverture forcée des ports japonais au commerce de l’Occident, dans la deuxième moitié du XIXème siècle ouvrant l’ère de la Meije, la Marine Française avait fait connaissance avec la culture militaire du Japon et ses traditions de sacrifice, notamment celui du Seppuku, ce que nous appelons communément le hara-kiri.

    Le Japon avait organisé une cérémonie de la réparation qui consistait au seppuku de 20 soldats impliqués dans l’incident. Dès le premier mort, les marins français quittèrent en courant le lieu du sacrifice.

Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés

Macron a-t-il une stratégie politique ? Avec quels buts ?

En 2017, Macron est arrivé par surprise au pouvoir en proposant un programme bricolé par ses têtes d’œuf au fur et à mesure de sa campagne.

Après avoir fait voter la réforme importante du Code du Travail, aux prises avec la révolte des Gilets Jaunes dans les « territoires » engagée à la fin de l’année 2018, la stratégie de Macron semble en plein flottement, d’autant plus que le Grand Débat, s’il a permis de voir la voltige intellectuelle d’un président, n’a débouché sur rien d’important pour la vie du pays.

Faute de stratégie politique et d’une hiérarchie dans les objectifs, s’il en est, l’impression dominante est que le Président tente de trouver et de définir une stratégie, en recourant à une sorte d’Agit Prop de gouvernance politique, tel ou tel objectif émergeant du bouillonnement de l’opinion publique ?

 Chaque jour, le Président, le Premier Ministre, un ministre, ou un membre de son parti, un confident…  agitent l’opinion publique, sans que l’on comprenne le sens donné à la politique du gouvernement, ce qui est important et ce qui ne l’est pas : une sorte de « valse à mille temps » des postures et des mots.

La situation politique du jour en est l’illustration : à peine sortie du confinement, en pleine convalescence sur tous les plans de la vie individuelle et collective de la France, le Président ou ses fidèles agitent à nouveau des propositions qui ont fracturé notre pays, tels que la réforme des retraites, sujet capital, ou la limitation de la vitesse à 110 kilomètres à l’heure, pour faire plaisir aux écolos ? Alors que le Premier ministre s’était déjà illustré par ses 80 kilomètres à l’heure dont on sait aujourd’hui ce qu’il en est advenu.

Même chose pour la réforme des retraites ! Comme si le moment était propice pour la faire ? Alors que les grèves, dans tous les domaines, ont déjà coûté cher au pays

Même chose pour le Collectif de 150 personnes tirées au sort, chargé, à la place des institutions démocratiques de notre pays, de proposer une nouvelle politique  écologique.

Agit Prop tous azimuts ? La France prise dans un jeu de stratégie en  biais ? Ce que conseillerait la nouvelle alchimie des algorithmes ? Le rideau de fumée derrière lequel le Président continue à affaiblir, dans un pays aussi divisé que le nôtre, les institutions républicaines élues au suffrage universel au niveau national ou local, ou les corps intermédiaires qu’il a déjà bien affaiblis.

Une recherche de face à face avec l’opinion publique après avoir court-circuité les pouvoirs établis, comme c’est le cas avec sa nouvelle démocratie tirée au sort choisie pour proposer à notre pays un nouveau chemin écologique, au mépris de notre suffrage universel.

Est-ce bien sérieux ?

La stratégie présidentielle consiste à prendre l’opinion publique en biais, en dehors des processus légaux de décision démocratique, et en rapetissant le débat entre une assemblée tirée comme au Loto de la Française des Jeux et le seul Président.

Dans le passé, j’ai longuement étudié la stratégie indirecte et plus généralement les chemins indirects, qualifiés  d’«obliques » dans l’une de mes études appréciées par le général Gambiez, spécialiste de ce type de stratégie.

Pour adopter une stratégie directe ou indirecte, encore faut-il savoir où l’on va et où l’on ne va pas, ce qui est loin d’être le cas dans notre pays depuis 2017 : le « en même temps » sonne comme une expression moderne d’une Agit Prop politique d’un nouveau genre.

Jean Pierre Renaud

Les Elections Présidentielles 2017 et l’Indépendance de la Justice ?

Les Elections Présidentielles 2017 et l’Indépendance de la Justice ?

Sous la responsabilité du Parquet, maître de l’Action Publique

Il s’agit d’un des sujets majeurs des institutions républicaines que tous les gouvernements qui ont défilé depuis 1958 n’ont jamais eu le courage de traiter au fond.

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L’affaire Fillon vient de rebondir avec Mme Houlette, sous la houlette de la Justice : de quelle Justice s’agissait-il, et s’agit-il encore de nos jours ?

A maintes reprises, j’ai traité du sujet sur ce blog, et notamment à l’occasion de l’affaire en question.

            Le 25 janvier 2017, le Canard Enchaîné lance son scoop, et la chasse au candidat est lancée.

            Le même jour, le Parquet National Financier déclenche une enquête préliminaire. Le 7 février 2017, le journal Le Monde semblait disposer des informations figurant sur les procès-verbaux d’enquête de la police et se mettait de la partie.

            Le 2 février 2017, je posais la question de la séparation des pouvoirs mise en cause dans le cas du processus des primaires présidentielles organisées par les partis politiques : la Justice avait-elle le pouvoir de remettre en cause un tel processus démocratique ?

            Le 24 février 2017, le même Parquet National Financier ouvrait une information judiciaire : on connait la suite, mais l’affaire Fillon vient de rebondir.

Le 28 février 2017, je publiais une autre chronique intitulée :

« L’affaire Fillon sous la houlette de la justice. De quelle houlette s’agit-il ? »

« … la question de l’indépendance de la justice se pose effectivement. A charge ou à décharge ? … »

            Le 28 mars 2017, je revenais sur le sujet en écrivant « Fin de partie … » pour le journal le Monde, le quotidien que je lisais depuis mes études, que je laissais tomber une bonne fois pour toutes.

            Ce journal publiait des informations puisées aux meilleures sources judiciaires ou policières, faisait fi du secret de l’instruction sous le prétexte du « secret des sources », en lançant ses deux détectives infatigables D et D sur la piste Fillon, opérant « un véritable hold-up sur les élections présidentielles 2017 ».

       A partir du moment où le Parquet est placé sous les ordres d’un ministre, c’est-à-dire de l’Exécutif, il est possible de finasser, de distinguer entre directives générales et directives dans un cas particulier, mais l’affaire Houlette vient une fois de plus mettre en évidence une liaison hiérarchique qui annihile toute indépendance du Parquet : certains pays étrangers ont raison de constater que notre Parquet ne constitue pas un pouvoir judiciaire.

            Pendant les longues années que j’ai passées au contact des institutions locales puis parisiennes, j’ai pu observer le fonctionnement des pouvoirs et de la relation tout à fait particulière existant entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire, notamment à Paris, entre Procureur, Préfet de Police, avec la Police Judiciaire et le ministre de l’Intérieur.

    Tant que le Parquet relèvera hiérarchiquement de l’Exécutif, l’indépendance de la Justice n’existera pas, en ajoutant qu’une fois indépendante, elle n’en restera encore pas moins soumise aux faiblesses humaines.

Jean Pierre Renaud

La Question Post-coloniale 3 – Chapitre 2 – L’importance des représentations géopolitiques – 1

La Question Post-coloniale 3

Chapitre 2

« L’importance des représentations géopolitiques »

(pages 63 à 123)

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            Ce chapitre est important et il mérite un examen détaillé parce qu’il éclaire de nombreux aspects de la problématique de la géopolitique post-coloniale, telle que présentée par l’auteur.

            Il met le projecteur sur les interprétations géopolitiques que l’on peut avoir de notre passé colonial, sans toutefois répondre à une question préalable : qu’est-ce que l’auteur désigne comme des « représentations géopolitiques », car le mot et le sens de ce concept très extensif auraient justifié dès le départ d’être défini dans les cas examinés. L’auteur laisse le lecteur les retrouver et les comprendre au fur et à mesure de son analyse, une sorte de lecture anglo-saxonne à partir des cas.

J’ai été surpris de constater que l’auteur ne faisait pas référence au travail du Colloque Savant « Images et Colonies » qui s’est tenu les 20, 21, et 22 janvier 1993 et qui avait précisément pour objet cette catégorie importante des représentations, les images coloniales ou impériales : les conclusions de ce colloque n’étaient rien moins que très nuancées.

            L’auteur, comme il s’en explique longuement aux pages 115 et suivantes est issu d’une matrice maghrébine anticolonialiste dynamique et puissante qui a animé beaucoup de travaux sur les mêmes thèmes, disposait d’un bagage d’expériences et de relations dont il fait profiter le lecteur, notamment sur l’Algérie. (professeur dans un lycée d’Alger de 1950 à 1955, membre du Parti Communiste Français dont le rôle fut pour le moins ambigu au début de la guerre d’Algérie, jusqu’en 1956).

Une matrice maghrébine anticolonialiste ? Il s’agirait d’un beau sujet de thèse qui devrait intéresser un jeune chercheur soucieux de vouloir démêler le mélange des genres entre science humaine et engagement politique.

L’auteur nous y livre son itinéraire colonial, en même temps qu’il définit ses « représentations » du passé :

« J’ai en effet des rapports personnels complexes avec le phénomène colonial, puisque j’ai passé toute mon enfance au Maroc… Je suis donc né au Maroc… A la veille de la Seconde Guerre mondiale, ma famille est revenue en France où mon père est mort : j’avais 11 ans…je suis retourné au Maroc faire durant un an mes premières armes de géographe sur le terrain.

Mais, et cela me surprend encore, le mouvement pour l’indépendance des Marocains, comme celui plus tard des Algériens, m’a toujours absolument légitime, et je crois que cela ne résultait pas de mon appartenance – un temps- au Parti communiste français. Je suis en quelques sorte, depuis, depuis mon enfance (certes assez privilégiée), mais assez curieusement un colonial anticolonialiste – c’est évidemment une représentation…(page 115)

« Autre représentation : je crois que de nos jours tout homme dans de graves circonstances, est fier de sa nation (à l’exception peut-être des Allemands lorsqu’ils ont découvert les horreurs du génocide perpétrées par les hitlériens. Il se trouve que je suis français et je m’en félicite comme d’une grande chance ; j’aime ma France, nonobstant le désastre de 1940 et les guerres coloniales que j’ai dénoncées comme des opérations vouées à des échecs déshonorants. Contrairement à ce que proclament ceux qui prônent la « repentance » (jamais la leur, mais celles de leurs adversaires politiques), j’estime que ce ne sont ni la France ni la nation qui ont mené les entreprises coloniales et moins encore la traite des esclaves, mais de petits groupes d’hommes résolus… (page 115)

Je suis donc français, j’en suis très fier et allez savoir pourquoi, cela me parait expliquer la sympathie admirative que je porte à tous ceux qui luttent pour l’indépendance de leur pays, même lorsqu’ils combattaient  le mien – ou plutôt ceux qui menaient la politique de ces dirigeants contrairement à la formule usuelle, les pays ne se battent pas entre eux… »(page 116)

Commentaire : je me limiterai à l’essentiel, car le propos tenu soulève un profond malaise pour quelques-unes des nombreuses questions par ce genre de confession, ou pour user du langage quelque peu ésotérique de l’auteur, ses « représentations ».

J’ai pris acte tout d’abord de son « interprétation » d’une certaine présence française dont l’inspiration n’était pas celle de notre nation : à maintes reprises, j’ai écrit que la France n’avait eu ni culture coloniale, ni culture impériale.

Pourquoi ne pas rassurer par ailleurs l’auteur sur le nombre de Français qui partagèrent ce type de réaction, de refus du monde colonial tel qu’il existait encore entre les deux guerres, je pense par exemple à  Robert Boudry, Gouverneur général intérimaire de Madagascar entre 1939 et 1945. Je pense aussi à un camarade instituteur au Maroc dans les années 50 qui me décrivait dans ses lettres la situation d’alors… Ces exemples seraient innombrables, mais cela n’a pas empêché cet ami d’enfance d’aller faire la guerre d’Algérie au titre du contingent ?

En 1954, lors du début de l’’insurrection, en 1954, le Parti communiste partageait le même discours sur l’Algérie française que les autres dirigeants d de la SFIO ou du MRP. En 1956, les députés communistes votèrent les pouvoirs spéciaux  au gouvernement Guy Mollet…

Innombrables furent en effet les témoins de ce type de situation coloniale : citons, en 1914-1918, les tirailleurs sénégalais, Ho Chi Minh lui-même, et plus tard toute une série d’intellectuels coloniaux venus étudier en France tels que le député malgache Rabemananjara.

La deuxième guerre mondiale et l’expérience des guerres coloniales donnèrent à d’anciens combattants la même maturité civique et le refus du système colonial, à Ben Bella par exemple.

Je puis enfin rassurer l’auteur sur la « représentation » ou les « représentations » que je partageais avec mes camarades du contingent en Willaya III dans la vallée de la Soummam dans les années 1959-1960 : que faisions-nous dans ce pays ? Sinon, attendre la « quille », un cessez-le feu, en continuant toutefois le combat contre des rebelles qui étaient courageux.

Je suis loin d’être assuré que les anciens du contingent, encore vivants, puissent apprécier la description d’une guerre qui biffe purement et simplement leur existence, leurs blessés et leurs morts, et la mission qui leur avait été confiée par les autorités légitimes de la République Française.

En ce qui concerne la définition du mot représentation, revenons donc au Petit Robert, car le mot y bénéficie d’un très large spectre linguistique, pas loin d’une colonne.

            « Action de mettre devant les yeux ou devant l’esprit de quelqu’un…2° Le fait de rendre sensible (un objet absent ou un concept) au moyen d’une image, d’une figure, d’un signe, etc. »

A la page 71, l’auteur cite l’expression « Fracture coloniale » comme une « métaphore illogique ».

            Dans le contexte historique examiné, l’auteur cite en effet le livre « Fracture coloniale », publié en 2006, mais le groupe Blanchard, comme déjà indiqué, s’était illustré auparavant par la publication de deux autres ouvrages dont le contenu aurait incontestablement mieux répondu au souci d’illustration de la définition du terme « représentations », deux livres de date antérieure « Culture coloniale » et « Culture impériale » qui diffusaient une grande palette d’images couplées avec des interprétations de ces représentations du passé colonial : ce panel d’images jouait à fond la carte d’une représentativité historique non démontrée, sur une « imprégnation » coloniale non démontrée, et sur un « inconscient collectif » colonial pas plus démontré.

            Le groupe Blanchard and Co a surfé sur les « zoos humains », en utilisant un angle d’attaque incontestablement attractif, mais idéologique et politique, en s’abstrayant de toute rigueur scientifique et historique.

            Il serait intéressant de connaître le chiffre des ventes de ces livres, hors milieu universitaire.          

            L’auteur cite également le livre noir de Marc Ferro, et fait référence à la guerre des mémoires (page 68), des mémoires que l’historien et mémorialiste Stora n’a jamais eu le courage de faire mesurer, alors qu’il est l’auteur du petit livre paru sous ce titre.

            L’auteur a choisi le terme fourre-tout de représentations alors que l’expression de « propagande postcoloniale » aurait été sans doute plus appropriée, car il s’agit bien de cela.

            Revenons au texte :

            L’auteur écrit : « Dans tout raisonnement géopolitique, il ne faut pas seulement tenir compte des caractéristiques objectives, matérielles, mesurables, des populations qui vivent sur le territoire où se livre une rivalité de pouvoirs. Il faut aussi tenir compte des idées, des « représentations que chacun des groupes antagoniste (avec ses leaders) se fait à tort ou à raison, de la réalité ; de ses droits sur ce territoire comme de ce qui lui apparait comme important dans tout ce qui l’entoure, y compris au niveau mondial. Ces représentations plus ou moins subjectives sont presque toujours produites par ce que l’on peut appeler au sens le plus large des intellectuels, c’est à dire des hommes et des femmes qui réfléchissent, qui discourent, bref qui produisent des idées nouvelles et en reproduisent d’autres dont ils ne connaissent pas précisément l’histoire. » (page 64)

L’auteur revient aux « jeunes » des « grands ensembles », un sujet dont il fut un des spécialistes, évoque à nouveau une lutte de pouvoirs avec la police, en distinguant le positif et le négatif… :

« Mais ils expriment leurs insatisfactions et leurs inquiétudes par une hostilité croissante à l’encontre du pays et de la société où l’immigration de leurs grands-parents, il y a plusieurs décennies, les a fait naître. La justification de cette hostilité se fonde sur des représentations historiques qui, dans les milieux intellectuels, font de nos jours consensus dans la mesure où celles-ci réprouvent la colonisation depuis que les empires coloniaux ont disparu. Or, pour bien marquer leur différence, les jeunes intellectuels « issus de l’immigration » proclament que le colonialisme continue d’exister en France. » (page 65)

Questions : 1) nés en France ou venus après leur naissance ?

            2) « Consensus » ? La pertinence aurait voulu qu’il ait été mesuré, ce qui n’est pas écrit.

            3) S’agit-il des « grands ensembles » et non de la nation ?

            L’auteur analyse alors :

            « La diffusion de représentations accusatrices du colonialisme (page 67)

            « … Pour schématiser, on peut dire que, malgré les effets de « l’absentéisme scolaire », un certain nombre de ces jeunes vont au collège et qu’ils s’intéressent particulièrement, même de façon brouillonne et agressive, à ce que disent les professeurs d’histoire-géographie sur la colonisation et la traite des esclaves en effet, depuis une dizaine d’années, les programmes scolaires prescrivent qu’un certain nombre d’heures d’enseignement soient consacrées à ces problèmes qui sont aussi de plus en plus présents dans les manuels les enseignants en font d’autant plus état que cela les intéresse personnellement et passionne les élèves il n’en reste pas moins que, dans ces quartiers ou à proximité, la tâche des professeurs – qui sont de plus en plus des femmes – est encore plus difficile qu’ailleurs. » (page 67)

            Commentaire : cette analyse concerne les « grands ensembles », mais elle montre le rôle important des professeurs d’histoire géographie très souvent séduits par  une culture multiculturelle de gauche très influente dans l’ensemble de notre système scolaire. Il fut un temps où il s’agissait de la culture marxiste, mais faute de marxisme, on s’est rabattu sur une autre thématique à la mode, d’autant plus facilement que l’ouverture des frontières a fait sauter beaucoup de frontières culturelles, et misé sur la générosité et l’idéalisme de la jeunesse, comme de tout temps.

            Il serait sans doute possible de mettre au défi scientifique les animateurs et propagandistes de cette lecture de notre histoire de mesurer le même type de « représentations » dans les livres des 3ème et 4ème Républiques, images, nombre de pages, et lignes de texte, en tenant compte évidemment des contextes historiques correspondants, en l’absence notamment des images télévisées et de celles des réseaux sociaux.

            «  Un consensus de rejet de la colonisation depuis qu’elle a disparu.

            « Tout cela est la conséquence du développement relativement récent du vaste courant d’idées qui stigmatise la colonisation. Les quelques tentatives maladroites pour faire admettre qu’il n’y eut pas que des atrocités dans les colonies et que tout n’y fut pas constamment aussi épouvantable, suscitent de la part de certains (nouveaux venus en la matière) un surcroit d’accusations indignées et de publications vengeresses. » (page 67)

Questions : sur un sujet aussi sensible et polémique, le lecteur aurait aimé avoir plus de précisions sur les constats soulignés.

            « Consensus » : quelle évaluation ? « Vaste courant d’idées » : quelle évaluation ? « Publications vengeresses » ? Lesquelles ? Fusse en renvoi !

            Quel intellectuel aura le courage de contester les témoignages d’Hampâté Bâ dans ses nombreux livres, dont l’un de grande sagesse –« Kaidara », avec sa vision capitale des deux versions de la colonisation, la diurne et la nocturne ?

            L’histoire de l’impérialisme n’a jamais eu, ni frontière, ni époque : il s’est inscrit dans ce que la philosophie chinoise, a dénommé « le cours des choses ».

            De nos jours, comme par le passé, les « spécialistes », dénomment un certain de type de domination par l’expression gentillette de « soft power », mais le « hard power » n’est jamais loin, le totalitarisme, comme c’est le cas en Chine, en Corée du Nord, en Turquie…

            Tout au long des derniers mois, jeunes algériens et algériennes se sont mobilisés, semaine après semaine, pour contester une nomenclature dictatoriale qui ne dit pas son nom.

            « L’écho de problèmes géopolitiques extérieurs aux banlieues (page 72)

            Question : S’agit toujours plus des banlieues en général ou des « grands ensembles » ?

Jean Pierre Renaud  – Tous droits réservés

La Question Post-coloniale 3 – Chapitre 2: L’importance des représentations géopolitiques – 2

« La Question Post-coloniale »

Le livre d’Yves Lacoste

Géopolitologue

3

Chapitre 2

« L’importance des représentations géopolitiques »

2

            L’auteur propose alors une revue de cet « écho » :

            « La guerre civile en Algérie (1992-2000) – les islamistes et le « choc des civilisations- Israël présenté comme la preuve que le colonialisme n’a pas disparu – – le sionisme, à ses débuts, ne fut pas une conquête coloniale-  le miracle de la guerre des Six-jours et le réveil géopolitique des rabbins- l’Intifada puis les islamistes contre un colonialisme imposé par les rabbins- le danger d’un mouvement antisémite en France.

   « Des jeunes qui se demandent pourquoi ils sont nés en France ? » (page 84)

     Très bonne question !

     Les jeunes des « grands ensembles » qui auront eu la chance de lire ces lignes auront pu avoir déjà une réponse : en distinguant ceux d’origine algérienne, antillaise, ou africaine.

     « Pourquoi les grands pères sont-ils venus vivre en France ? » (page 86)

   Le problème des causes de l’immigration post-coloniale se pose en de tout autres termes quant à ses débuts pour les Algériens peu près l’indépendance de l’Algérie, au lendemain d’une terrible guerre. Pourquoi ce choix, alors que nombre d’entre eux venaient de combattre courageusement l’armée française ? Nous sommes là au point de départ du paradoxe de l’immigration post-coloniale en France, car ces Algériens ont été suivis par beaucoup d’autres, puis par des Marocains, des Tunisiens…Il ne suffit pas de savoir comment ces combattants algériens ont pu rester en France en profitant des lois d’amnistie. Il faut savoir pourquoi ils ont quitté l’Algérie alors qu’ils venaient de jouer un grand rôle dans sa libération. » (page 87)

    Question : oui, pourquoi ? Sans réponse, alors que l’auteur aurait sans doute pu proposer une réponse, au moins une interprétation, compte tenu de son passé algérien.

    Je proposerai volontiers la mienne, sûrement iconoclaste, à savoir que la France avait vécu, en 1962, un miracle historique, la perte de sa condition colonialiste…

     L’auteur critique alors le contenu du livre de MM Blanchard et Bancel intitulé « La Fracture coloniale ».

     Je l’ai fait moi-même dans le livre « Supercherie coloniale » en déroulant  l’ensemble des critiques qu’appelaient les ouvrages de ce groupe de propagande postcoloniale Blanchard and Co, compte tenu de l’habileté que ce groupe d’historiens a démontrée en publiant des recueils d’images de qualité et de textes qui répondaient au « marché » de l’Indigène.

      L’auteur qualifie ce travail ainsi :

     «  Déni du passé colonial ou déni des causes de l’exode post-colonial ? (page 87)

     « Pascal Blanchard et Nicolas Bancel, quand ils affirment l’existence d’une « fracture coloniale » entre les Français expliquent celle-ci par le fait qu’en France on pratique de multiples façons le « déni » du passé colonial : on évite d’en parler. Pourtant, dans la masse des écrits qui stigmatisent la colonisation, ces deux historiens ne sont pas les seuls. Il est vrai qu’ils soulignent ses effets en France, et non pas surtout outre-mer.

      Animé d’une préoccupation assez différente, l’un des aimateurs de l’appel des indigènes de la République, Nicolas Qualander déclare à Jérémy Robine : « Le but de l’Appel des indigènes se décline sur trois ou quatre plans : le premier c’est la question de la mémoire, le problème du passé qui ne passe pas. » Il ne croit pas si bien dire, car le «problème » n’est pas seulement « la reconnaissance des crimes coloniaux vis-à-vis de toutes les populations issues de l’immigration. » Cela est certes nécessaire non pas globalement et de façon métaphysique, mais pour analyser de façon précise l’histoire de chacun de ces crimes, et surtout en termes géopolitiques, puisqu’il s’est agi de rivalités de pouvoirs.

     D’un point de vue géopolitique, la « question de la mémoire », c’est d’abord de comprendre pourquoi ces Algériens patriotes et courageux ont quitté leur pays au lendemain de l’indépendance, pour venir dans celui de leurs oppresseurs. Comment expliquer ce paradoxe géopolitique qui fait que les enfants de combattants algériens ont ensuite eu la même nationalité que les colonialistes les plus acharnés au maintien de l’Algérie française et qu’ils parlent désormais la même langue ?

            Tout à leur démonstration de la « fracture coloniale », Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, et Sandrine Lemaire estiment que le passé colonial fait l’objet d’un véritable « déni ». Ils pensent que ce serait par honte que les citoyens français évitent de parler du colonialisme et de toutes ses horreurs. Le Livre noir du colonialisme est pourtant un succès de librairie et les ouvrages de gauche et d’extrême gauche qui stigmatisent la colonisation sont de plus en plus nombreux. En fait les Français ne s’étaient plus préoccupés de la question coloniale dès qu’ils en avaient été débarrassés avec l’indépendance de l’Algérie. Ils s’en soucient de nouveau, mais de façon intense, à cause des émeutes des certaines banlieues. » (page 88)

    Commentaire :cette analyse mérite un long commentaire.

     Revenons rapidement sur les critiques de fond que j’ai listées dans le livre « Supercherie coloniale » à l’endroit des travaux de ce trio d’historiens : carence scientifique des évaluations statistiques des vecteurs des cultures coloniale ou impériale supposées, et même carence statistique sur leurs effets, en ce qui concerne les images, mêmes carences sémiologiques et contextuelles.

     Les travaux de ces trois historiens d’histoire géographie de gauche, comme c’est noté ailleurs dans une entreprise de propagande post-coloniale politique au mépris des leçons de l’histoire quantitative, de l’absence complète des évaluations statistiques nécessaires pour accréditer leur thèse politique.

     Deux anecdotes pour situer la qualité de ces travaux statistiques  tirés du livre « Supercherie coloniale », pages    231 et suivantes :

     Sandrine Lemaire, dans le livre « Culture impériale » (page 75) « Manipuler à la conquête des goûts »… « Du riz dans les assiettes, de l’Empire dans les esprits  » (CI, page 82)

     Sauf que ce riz subventionné allait dans nos poulaillers !

      A l’appui de  sa thèse, Nicolas Bancel citait un sondage qu’il avait effectué auprès d’anciens élèves de l’ENFOM, sous le titre « Entre acculturation, et révolution – Mouvements de jeunesse et sports dans l’évolution institutionnelle et politique de l’AOF » ( Présidente du jury Mme Coquery Vidrovitch. Elle le fut également pour la thèse Blanchard)

     Question : avant ou au cours de votre cursus à l’ENFOM, avez-vous participé à un mouvement de jeunesse ? Sur les 297 questionnaires envoyés, 55 réponses avec 24 oui, dont 13, j’ai participé à des mouvements scouts, et 11 à des mouvements catholiques.

       L’historien en tire une conclusion surprenante, sinon consternante :

      Commentaire : « Le très fort taux d’anciens membres de mouvement de jeunesse  est remarquable… 41 % sont issus du scoutisme catholique. La proportion est évidemment énorme… Par ailleurs l’idée d’une fonction de préparation de la pédagogie active aux aventures Outre mer (l’une des hypothèses du programme  Pédagogie de l’aventure modèles éducatifs et idéologie de la conquête du monde) est massivement confirmée par ces réponses. »

     « remarquable », « énorme », « massivement »des qualificatifs d’autant plus superfétatoires que ce sondage est privé de toute représentativité statistique.

     Revenons au contenu du livre d’Yves Lacoste.

      Je suis sans doute plus mal placé que l’auteur de ce livre, pour proposer mon analyse, compte tenu de mon expérience d’officier SAS (« colonialiste ») pendant la guerre d’Algérie (vallée de la Soummam en Willaya III), et de la vocation qui fut la mienne, l’ambition de servir ce que je croyais être la « communauté » franco-africaine.

      Je crois avoir servi la France et l’Algérie à l’exemple de l’immense majorité de mes camarades du contingent.

      Comme je l’ai déjà écrit à maintes reprises, et rappelé plus haut, que contrairement à ce qu’écrivent et disent ces historiens, la France n’a jamais eu de culture coloniale, qu’elle a toujours laissé faire, comme de nos jours dans notre politique extérieure, les gouvernements, leurs experts, ou les groupes de pression qui les animaient, et ce fut notamment le cas en Algérie.

     En réalité, le pays a découvert la question coloniale, oserais-je dire, grâce à la guerre d’Algérie, grâce aux centaines de milliers de jeunes français qui y ont été jetés par devoir patriotique, une question devenue très sensible avec les flux d’une immigration importante, venue précisément  d’Algérie.

      Pourquoi n’oserais-je pas dire que la dénonciation partisane de la colonisation a servi à justifier la présence algérienne en France, et nourrit d’une certaine façon une propagande postcoloniale beaucoup plus efficace que la propagande coloniale  dont les moyens furent très limités, comme je l’ai démontré dans le livre « Supercherie coloniale ».

       Question algérienne ou question postcoloniale ?

      « Pourquoi les patriotes algériens sont-il venus en France en 1963 ? (page 89)

   L’auteur rappelle la « La rivalité mortelle du FLN et du MNA », « Le conflit maquis de Kabylie (la Willaya III  / «armée de l’extérieur », « Silence persistant sur les rivalités de pouvoir dans le mouvement national » (pages 89-93) – avec ses purges et ses milliers de morts !-, puis consacre quelques pages à la Kabylie : « Esquisse des singularités géopolitiques de la Kabylie » page 93 à 100)

    Ces pages relèvent le rôle important des Kabyles dans le mouvement national et en France : les Kabyles étaient venus nombreux travailler en France, avaient appris notre langue, aidaient financièrement leurs familles et leurs villages et revenaient de temps en temps au pays. La loi sur le regroupement familial leur a donné le droit de faire venir leur famille, une des causes sans doute de l’immigration post-colonlale.

     Mon « séjour » en Petite Kabylie m’avait fait aimer ce pays et ses habitants proches de nos montagnards, mais je me suis souvent demandé  comment les épouses débarquant avec leurs enfants chez nous, sans parler français, pouvaient supporter un choc culturel aussi violent.

   « Que faire ? (p,100)

   « C’est en réfléchissant en termes géopolitiques que l’on a pu enfin prêter attention à la venue en France, dès la fin de la guerre les patriotes algériens en majorité kabyles. C’est un fait majeur pour la compréhension du paradoxe qu’est la question postcoloniale en France. ll a été pris en compte dès que l’on a pu envisager ce phénomène selon des raisonnements géopolitiques – les rivalités FLN/MNA et ALN/Willaya III sont en fait géopolitiques – et en fonction d’une approche particulière de la Grande Kabyle, qui est en vérité un cas géopolitique à part » (page 100)

Commentaire : « en majorité kabyles » : est-ce démontré ? Si oui, l’explication aurait incontestablement de la pertinence.

   « Aider au développement de mouvements culturels berbères et des divers peuples africains. » (p,103)

   Est-ce une solution ? Les Kabyles nous auraient attendus ? S’agit-il bien de nôtre rôle, alors que la problématique de l’immigration est liée au manque d’action culturelle dans beaucoup de quartiers ?

    « Se soucier des « grands ensembles » HLM et de leur avenir. » (p,102) ?

    Ne s’agit-il pas de la réussite partielle du plan Borloo – casser le béton -, mais avec précisément une carence sociale et culturelle que les dernières propositions Borloo, cohérentes, venaient combler, mais qui furent écartées par le nouveau Président, sous prétexte qu’il les jugeait comme celles de « deux hommes blancs ».

    Jusqu’au plan Borloo, entre 1981 et 2012, gouvernements de gauche ou de droite ont fait comme si le problème des banlieues n’existait pas.

       « Expliquer pourquoi le colonialisme a pu être vaincu, et pourquoi et comment il avait pu s’établir » (page 106)

     Il convient de préciser qu’il s’agit de l’annonce des analyses que l’auteur propose dans ce livre.

     Il s’agit d’une ambition d’autant plus hardie que sous quelque terme que ce soit, impérialisme, colonialisme ou domination, il n’est pas du tout assuré que la recette ait été trouvée pour mettre fin à un type de processus qui s’est déroulé au long des siècles, qui continue de nos jours sous d’autres formes géopolitiques, ne serait-ce que dans l’Algérie actuelle.

      Les préceptes Lacoste ?

     Sous le titre « Que faire ? », ces pages concernant les préceptes Lacoste pour une solution, font-ils partie de l’analyse géopolitique ?

     Citons quelques-uns de ces préceptes, sans nous embarquer dans la confusion avec les postcolonial studies, à la mode, comme venant une fois de plus des USA, en oubliant généralement que la discrimination raciale n’y a été supprimée que récemment, de même qu’on se réfère à un pays qui s’est illustré dans l’histoire de l’esclavage.

      « Ne pas confondre colonialisme et toute forme de domination » (page 107)

     L’auteur se lance alors dans un distinguo subtil pour distinguer les deux concepts : je ne me lancerai pas dans ce débat, en indiquant simplement, et à nouveau, que les impérialismes étant de tous temps et de tous lieux, ils se caractérisent par la domination d’un peuple sur un autre : l’Afrique de Samory ou de Béhanzin n’avait pas de traits colonialistes ? Ou celle de la Chine dans la presqu’île indochinoise ?  etc…

    Dans des contextes historiques qui étaient favorables aux pays de domination ?

   « Ne pas sous-estimer les indépendances post-coloniales qui pour la plupart ne sont pas factices »

     « …Aussi faut-il aider tous ceux qui vivent en France, quelles que soient leurs origines, à mieux comprendre le fait colonial et l’importance des luttes pour l’indépendance. Aussi sentiront-ils qu’il est assez vain de lutter pour des enjeux de mémoire alors que les enjeux actuels comme les risques sont autrement plus importants. » (p,110)

   Des enjeux de mémoire ? Mis en scène par des groupes de pression postcoloniaux, en faisant une impasse complète sur les histoires écrites – rares – -, les histoires orales – les plus fréquentes – des pays d’origine, sur l’esclavage africain de l’ouest et de l’est qui, dans le cas français a attendu les colonialistes pour commencer à disparaître etc.. que les historiens africains de l’époque moderne ont beaucoup de peine à évoquer.

     « Montrer la complexité des luttes pour l’indépendance, avant d’expliquer les conquêtes coloniales » (page 111)

    « Poser la question post-coloniale aujourd’hui, c’est aussi revenir de façon nouvelle sur le passé pour mieux comprendre le présent, et s’interroger sur les modalités de ce phénomène planétaire. Il ne s’agit pas de grandes causes civilisationnelles (les prétendus atouts de l’Europe et handicaps de l’islam). Je me suis intéressé aux luttes armées entre forces politiques adverses plutôt qu’aux formes particulières de chaque colonisation…. » (page 112)

   La formulation ambigüe du texte souligné ?

    « Qui parle ? (page113)

   « L’une des règles de l’analyse géopolitique est de porter attention aux représentations. Non seulement à celles de chacun des leaders des groupes qui s’affrontent pour la conquête ou la défense d’un territoire, mais il faut aussi s’intéresser aux représentations des analystes de ces rivalités de pouvoir, soit à titre de commentaire de l’actualité (et alors l’antagonisme des représentations est évidente), soit bien plus tard, lorsque que l’on sait qui a été le vainqueur de tel conflit. Même lorsque récits et analyses se font à titre rétrospectif avec un grand « recul de temps », il faut par principe essayer de tenir compte des représentations (conscientes ou non) de celui qui fait le récit ou l’analyse. L’exposé de faits anciens a qu’on le veuille ou non, ses conséquences sur la façon dont l’auditeur ou le lecteur se représente certains phénomènes contemporains.

    Cette démarche est d’autant plus nécessaire que l’on traite du colonialisme et de la colonisation, c’est à dire d’un ensemble de phénomènes géopolitiques qui ont fait autrefois l’objet de discours extrêmement valorisés dans les pays colonisateurs… » (page 114)

      Commentaire je bute toujours sur la signification des concepts proposés, avec une interrogation supplémentaire quant aux «représentations  conscientes ou non», c’est à dire un inconscient qui ne dit pas son nom ? Le fameux « inconscient collectif », colonial, bien sûr que j’ai dénoncé ?

    La mission d’un géopolitologue apprécié au temps de la fondation de la Revue Hérodote ? :

    « Essayer d’expliquer aux « jeunes » qui souffrent de la situation post-coloniale et qui se demandent pourquoi ils sont nés en France les raisons pour lesquelles leurs grands-pères ont dû venir dans ce pays, qu’ils avaient courageusement combattu, conduit à analyser et comparer les luttes  pour l’indépendance. Mieux comprendre la question post-coloniale m’a incité à remonter loin dans le passé afin de mieux saisir les causes qui avaient rendu possibles les conquêtes coloniales. » (page 119)

     En conclusion provisoire, et à cette lecture, il était quelquefois difficile de situer la nationalité de l’auteur.

     Articles revus après fin du confinement

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