Sur France 5 « Médias, le magazine » des 17/03 et 24/03/13

    Sur France 5

 « Médias, le magazine » sur France 5 le 17/03/2013

Ou des médias mythomanes !

Et le 24/03/2013, à Marseille et avec Mediapart

            J’avais préparé une première chronique sur le premier magazine, et faute de temps, j’ai attendu le deuxième ;

            Bien m’en a pris, compte tenu de la mise au point faite par M.Missika, à l’occasion du deuxième magazine.

Le magazine du 17/03/2013

            Un magazine tout à fait intéressant sur le fonctionnement des médias, les types de manipulation ou de dérives que l’on y rencontre fréquemment. Ce jour-là, le magazine s’est beaucoup interrogé sur le cas de la supercherie d’une femme mythomane, soi-disant mère porteuse qui, ces dernières semaines, a fait la une de certains journaux papier ou télé, avec dans la course au scoop, et en premier, le journal Le Parisien.

            Discussion argumentée entre journalistes avec la participation du médiateur de Radio France Télévision, d’un ancien directeur du Parisien, et des chroniqueurs habituels.

            Les responsables des publications ayant donné un grand écho à la supercherie n’avaient pas jugé bon de venir s’expliquer sur le sujet, et tout à fait curieusement, ce fut un responsable syndical qui fut interviewé : comment ne pas faire le rapprochement avec l’actualité des faits divers de la police du ministère de l’Intérieur qui voit le plus souvent les représentants des syndicats de police venir s’expliquer sur tel ou tel cas, beaucoup plus que les représentants attitrés et autorisés du ministère ?

            La présence du médiateur de Radio France était à elle seule une énigme, compte tenu du contraste que son visage présentait : une chevelure brune et une belle et grande moustache blanche ! De quoi  troubler le jugement du téléspectateur, et peut-être plus encore, de la téléspectatrice !

            Cette émission hebdomadaire est tout à fait utile, mais il serait quelquefois intéressant de connaître la ou les méthodes mises en œuvre pour mesurer les audiences ou les fréquentations de sites internet.

            Dernière remarque, il est un peu surprenant de voir à cette émission, un habitué incontestablement compétent, qui symbolise à lui seul une sorte de mélange des genres entre médias, critique des médias, et politique, alors qu’il est notoirement engagé dans la politique municipale de Paris.

Le magazine du 24/03/2013

            Autre magazine également intéressant entre autres sur le traitement des faits divers de Marseille, sur le rôle de Médiapart, et sur la fin du mélange des genres évoqué plus haut.

                        Comme je l’ai indiqué dans le texte précédent, il était possible de s’étonner de voir un sociologue des médias, mais aussi, homme politique engagé dans la politique municipale à Paris, faire partie de la palette des chroniqueurs.

            Le magazine a donné lieu en effet à une mise au point à ce sujet et le chroniqueur en question a annoncé la fin de sa participation pour fin avril.

            La représentativité ? En ce qui concerne les faits divers de Marseille, mais la remarque a une portée générale, le cadrage souvent insuffisant des informations transforme le cas particulier en règle générale, ou ne donne pas la possibilité d’une mise en perspective chronologique, sociale, économique, ou politique.

            En ce qui concerne Médiapart, son patron a exposé clairement la fonction du site, une fonction d’autant plus importante que la France est plutôt frileuse dans le domaine de l’investigation.

            Un mot enfin sur les reportages toujours vifs et percutants de « Laetitia », le dernier constituant une belle démonstration du savoir-faire supposé du grand communicant politique qu’est M.Montebourg.

JPR MCV

Humeur Tique: Chypre en Europe ou en Russie?

« Chypre, une erreur européenne »

Le Monde du 21/03/2013, page23

            Après la Grèce, Chypre, un île-Etat de la mer Méditerranée minuscule auquel l’Union Européenne a fait une place d’autant plus disproportionnée et imméritée qu’elle n’a pas pris les précautions nécessaires pour que l’évolution de leurs relations ne vienne pas empoisonner la vie de l’Europe toute entière.

            Etrangement, il est possible de lire aujourd’hui, 21 mars 2013, dans le journal de référence Le Monde une chronique tout à fait intéressante  en même temps que pertinente, intitulée « Chypre, une erreur européenne », alors qu’à la connaissance de ses anciens lecteurs, et sauf erreur,  le même sujet n’a pas mobilisé le même journal au moment de son adhésion à l’Union, ou de son entrée dans la zone euro.

            L’article de la page 23 relève que Chypre est « une grande lessiveuse de capitaux russes, un paradis fiscal qui ne taxe qu’à 10% les profits des entreprises. »

            Rappelons que Chypre est entré dans l’Union Européenne en 2004 (Présidence Chirac et Présidence Prodi), et dans la zone euro, en 2008 (Présidence Sarkozy et Présidence Barroso)

            Depuis des années, notre vieille et belle Europe est décidément entre les mains de gens peu sérieux, les mêmes, ou leurs successeurs, qui s’étonnent aujourd’hui de la montée des populismes.

Humeur Tique: Cahuzac le mardi, et Sarkozy le jeudi !

Humeur Tique : Cahuzac le mardi et Sarkozy le jeudi ! Ou le hasard judiciaire fait bien les choses, même en 5ème

semaine de Carême !

            Sans vouloir porter une appréciation sur les deux affaires judiciaires en cours, mais en bénéficiant d’une petite connaissance des mœurs du grand sérail politique et administratif, on ne peut manquer d’être surpris par une telle coïncidence des deux affaires, la même semaine de Carême ? Un Carême politique et judiciaire ?

            Gageons que les deux détectives infatigables du journal Le Monde, D et D, nous en diront plus, à partir des procès-verbaux d’instruction qu’ils auront naturellement pu consulter, tout en respectant le fameux secret de l’instruction !

            Car, c’est vraiment trop beau pour être vrai !

Les sociétés coloniales à l’âge des Empires: Les ethnies, une « invention » des Blancs?

Les sociétés coloniales à l’âge des Empires

 (1850-1950)

Les ethnies, une « invention » des Blancs ?

« Ainsi, par exemple, l’invention de l’ethnie permet au colonisateur de se doter d’une arme de gestion particulièrement efficace » (voir livre « Les sociétés coloniales à l’âge des Empires, page 11, et premiers commentaires sur le blog du 8 janvier 2013

Réalité ou fiction ?

Ou encore la forme moderne de l’ethnocentrisme d’une mauvaise conscience anachronique ?

Ou encore le syndrome historique des filles repenties de la monarchie ?

             Des chercheurs à la mode ont « inventé » à proprement parler la thèse d’après laquelle le concept d’ethnie, et sa réalité toute coloniale, et exclusivement coloniale, c’est-à-dire inscrite dans un rapport de domination, aurait été « inventée », c’est à dire créée de toutes pièces par le colonisateur.

            Définition et vocabulaire

Avant d’aller plus loin, rappelons le sens qu’un dictionnaire comme le Petit Robert donne au mot « inventer » : « 1° Créer ou découvrir quelque chose de nouveau – 2° Trouver, imaginer pour un usage particulier -3° Imaginer de façon arbitraire

            La thèse citée plus haut parait faire référence aux 2° et 3° des définitions ci-dessus, c’est à dire que la puissance coloniale aurait donc imaginé le concept d’ethnie aux fins de pouvoir mieux dominer les sociétés autochtones.

            Et au mot « ethnie » : « ensemble d’individus que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisation, notamment de communauté de langue et de culture »

            Pertinence historique ?

 Il est possible de reprocher beaucoup de choses aux premiers explorateurs, officiers, ou administrateurs, mais les récits ou rapports qu’ils faisaient, et ils furent nombreux, tentaient de décrire plus ou moins bien, plus ou moins précisément, les langues, mœurs, coutumes civiles ou religieuses des peuples qu’ils « découvraient » effectivement.

            En Afrique, Mage racontait-il des bêtises, et avant lui Mungo Park, en décrivant les peuples dont il faisait la connaissance, les Toucouleurs, les  Soninkés, les Bambaras, ou  les Touaregs, en se rendant à Ségou, chez l’empereur Ahmadou, au cours de son voyage des années 1864-1866 ? Il assista même à une bataille célèbre et meurtrière entre Toucouleurs et Bambaras, celle de Toghou, en 1866.

            Dans le livre très documenté, intitulé « L’Empire Peul du Macina » (1818-1853), et en décrivant cet Empire, les deux auteurs A.Hampaté-Bâ et  J.Daguet inventaient le concept d’ethnie en dénommant Peuls, Bambaras, Songhay, et Touaregs au cours des nombreuses guerres qui eurent lieu sous le règne de l’Empereur Cheik Amadou ?

            Les esprits curieux pourraient d’ailleurs y trouver maintes informations susceptibles d’éclairer les crises du Mali, actuelle ou passées.

            Plus tard, au cours des deux années 1887 et 1889, Binger, dans son long périple d’Afrique occidentale, du Sénégal à une Côte d’Ivoire qui n’existait pas encore, racontait des histoires, en décrivant les peuples qu’il y rencontrait, ou pour le dire plus crument mentait ? Et plus tard, aussi Delafosse, par exemple ?

            Et Livingstone au cours de ses expéditions à travers l’Afrique du Sud et l’Afrique Centrale, dans les années 1840-1850, dénommait beaucoup des peuples qu’il rencontrait, les Cololos, les Londas, les Tébélés ou les Zoulous, en déformant complètement la réalité… ?

            En Asie, des explorateurs du Laos comme Mouhot ou Pavie, inventaient-ils  les ethnies qu’ils rencontraient et décrivaient, Mouhot, dans les années 1860-186, et Pavie dans les années 1889-1890, les Khmers, les Annamites, les Thaïs, les Méos…. ?

            A Madagascar, Grandidier, après y avoir effectué, entre 1865 et 1870,  un long voyage de découverte de type encyclopédique,  inventait-il les dix-huit ou dix-neuf ethnies qui peuplaient la grande île ?

Pertinence actuelle ? :

A lire les reportages dans les journaux sur l’actualité du monde, ou à en voir à la télévision, il ne se passe peut-être pas un jour sans qu’il soit question de peuples qui se différencient les uns des autres, par leurs mœurs, leurs coutumes, leurs croyances, leur identité, qui s’en différencient pacifiquement ou non, qu’ils soient qualifiés ou non d’ethnies.

Tous les journalistes auraient donc été intoxiqués à ce point par une fausse interprétation du monde ? Par l’invention de l’ethnie ? Ou manqueraient-ils de culture ?

De multiples exemples au choix : Libération du 29/01/2008, page 10 Monde : « Kenya  A Naivasha et dans la vallée du Rift, les violences politico-ethniques empirent », de la faute des Anglais qui écrasèrent dans le passé la révolte des Mau-Mau, c’est-à-dire des kikuyu qui ont toujours maille à partir avec les autres peuples ou ethnies, les Luos, Kisii, ou Kalenjin.

Dans le Figaro du 9 octobre 2012, page 8 sur le Mali, « l’ethnie touareg », les « mouvements touareg », la « minorité touareg ». Le Président du Niger parle de « peuple touareg », « Il n’y a pas d’ethnie privilégiée »

Dans La Croix du 15 février 2012, page 7 : « Au Maroc : des femmes revendiquent leurs droits sur les terres »… « Le Maroc compte 4 600 tribus exploitant près de 15 millions d’hectares de terres collectives. »

Dans Le Monde des 3 et 4 mars 2013, à nouveau le Kenya, Géo &Politique, page 3 : «  Le Kenya hanté par ses heures sombres », une page entière d’analyse sur le sujet avec toute une gamme de qualificatifs de caractère ethnique ou pseudo-ethnique « triptyque : luttes tribales, conflits fonciers, ambitions politiques », les rivalités interethniques », « les membres d’une tribu ou d’une ethnie », « les deux champions des communautés kikuyu et kalenjin »

Bien sûr, il est tout à fait possible de tourner autour du pot des définitions, car beaucoup de mots peuvent être utilisés pour cerner ce type de réalité sociale, culturelle, ou religieuse, mais le fond du concept de la définition reste le même, c’est-à-dire un classement par critères d’identification et de revendication de croyances, de mœurs, ou de cultures différentes.

Au choix, les termes d’ethnies, de peuples, de minorités, de communautés, de mouvements, de tribus,  ou encore celui d’appartenance, récemment relevé !

La thèse en question repose donc sur une querelle du type « sexe des anges », et elle cache en réalité la volonté de masquer une problématique très ancienne de rivalité et de conflit entre des peuples, des communautés, ou des ethnies, pour user de cette expression, en transférant la responsabilité de cette problématique sur les épaules des anciens colonisateurs, c’est à dire de leur faire endosser tous les malheurs actuels de ces peuples.

Pour le dire clairement, les interprétations qui sont données au concept d’ethnie, telles que celles que j’ai citées, manifestent à mon avis une sorte de nouvelle forme d’ethnocentrisme rentré, inversé, qui se veut coupable, qui ne dit pas son nom, laquelle veut réinterpréter la marche du monde.

Il s’agirait donc d’une tendance à considérer l’histoire avec une culture de repentance qui marquerait un nouveau modèle de recherche idéologique, plus que scientifique.

Une  restriction toutefois dans la démonstration, celle qui a vu effectivement les puissances coloniales s’appuyer sur telle ou telle ethnie pour assurer son pouvoir, comme ce fut le cas avec la politique des races de Gallieni, mais une telle politique n’a rien inventé en matière d’ethnie, si ce n’est quelquefois d’ajouter à une complexité interethnique préexistante.

Il aurait été tout à fait surprenant que la puissance coloniale ait pu miraculeusement, en un peu plus de cinquante ans, mettre au monde des ethnies qui n’existaient pas.

Le CQFD de l’histoire coloniale et postcoloniale : la démonstration historique qu’il fallait faire ! Les blancs, puisqu’il convient de les appeler clairement, dans le cas d’espèce, par leur nom,  ont créé de toute pièce les ethnies pour mieux asservir les populations colonisées, et sont donc responsables des guerres ethniques qui agitent encore plusieurs continents, dont l’Afrique !

En résumé, une propagande postcoloniale sans doute plus efficace que ne l’a jamais été la propagande coloniale.

Jean Pierre Renaud

PS : après avoir lu ce texte, pas drôle du tout, une amie chère à mon cœur, en a tiré la conclusion qu’il suffisait peut-être de lire le CQFD !

« Des abeilles et des hommes », un documentaire de Markus Imhoof

Trois ou quatre amateurs perdus dans une salle d’art et d’essai pour voir cet intéressant documentaire !  A se demander si les pesticides n’avaient pas commencé à faire leurs ravages dans les rangs des cinéphiles !

            Passant des Alpes suisses au continent américain, de l’élevage encore « artisanal » des ruches d’abeille à une véritable industrie américaine de la ruche, à la fois pour produire du miel et pour féconder  les fleurs, le risque est grand de voir le monde privé de l’extraordinaire ressource de vie que représente l’abeille.

            L’abeille est effectivement un trésor de l’humanité.

            Le reportage sur la fécondation industrielle de milliers d’hectares d’amandiers en Californie, et des traitements chimiques qui entourent cette opération est tout à fait impressionnant et tout autant inquiétant.

            La leçon la plus démonstrative du propos, parce qu’elle s’inscrit déjà dans la disparition de ce trésor, est celle donnée par des Chinois qui sont dans l’obligation de féconder à la main des champs de fleurs, l’une après l’autre, faute d’abeilles et grâce à Mao !.

            Et en dernière nouvelle des bourdons non pollinisateurs de l’Union Européenne, l’institution n’a pas eu le courage d’interdire trois insecticides qui tuent nos abeilles ! Drôle de ruche que cette Europe- là !

JPR et MCV

Humeur Tique: Les écarts de langage diplomatique de la France d’un ministre des Outre-mer à Caracas et d’un ambassadeur à Madagascar!

   A Caracas, un ministre de la République Française tient un discours de louanges mal à propos à l’endroit de celui, qui même décédé, fut bien un dictateur ! La Guadeloupe va donc demander son intégration au Venezuela, en qualité d’un nouvel  Outre-Mer d’Amérique du Sud ?

            A Madagascar, un ambassadeur de la même République Française, se croit autorisé à commenter publiquement le processus électoral qui va permettre à ce pays de renouer avec la démocratie, et à donner le satisfecit  de la France au processus ainsi engagé.

            Une fois de plus, la France fait de l’ingérence !

            Au crédit toutefois de l’ambassadeur, un tel écart de langage diplomatique est mis au service  d’un retour à la démocratie après une période de « dictature au petit pied ».

            Décidément, la France a beaucoup de peine à abandonner ses mauvaises habitudes d’ancienne puissance coloniale !

Courbet, Péguy, et l’orientalisme intellectuel de l’époque. Mode superficielle ou vraie culture orientaliste?

2ème Partie

Courbet, Péguy, et l’orientalisme intellectuel de l’époque ? Mode superficielle ou vraie culture orientaliste ?

Un discours qui révèle une France profonde qui n’avait rien de coloniale.

Un Courbet bien loin des Ferry, Freycinet, Rouvier, Hanotaux, Lebon, ou Etienne !

&

Et pourquoi ne pas vous avouer que j’éprouve une certaine faiblesse pour ce grand peintre de mon « pays » ?

            Dans l’œuvre « Clio », Péguy cite un épisode tout à fait intéressant de la vie de Courbet à l’occasion de la visite que lui rend un jeune peintre ravi de pouvoir lui montrer ses œuvres.

Courbet, peintre d’origine franc-comtoise, attaché à sa terre natale de la vallée d’Ornans, a alors 58 ans.

Péguy fait s’entretenir Clio et Courbet :

« Nous nous quitterons sur des mots, dit-elle. C’est plus court. Et c’est plus mélancolique, parce que c’est gai. Et rien n’est aussi profond que l’incision d’un mot.

Le premier mot, dit-elle, est un mot admirable de Courbet. Pas l’amiral, (qui fut un admirable homme de guerre), le peintre. Enfin, oui, celui d’Ornans, l’enterrement, la Commune, la colonne. Vous tenez ce mot de Vuillaume, qui vous le dit hier à déjeuner. Il ne faut pas le laisser refroidir à demain. Vuillaume avait bien raison d’y voir un grand mot. C’est un mot qui porte sur tout.

Courbet donc était déjà célèbre, un jeune homme vint le voir, un jeune homme qui faisait aussi de la peinture. Il lui montra ce qu’il avait fait. – C’est bien, disait Courbet, c’est bien.

Les maîtres trouvent toujours que c’est bien, ce que l’on fait. (Il n’y a qu’un maître en peinture qui dit la vérité, et ce n’est pas Courbet) Le maître regarde. Mais ce qu’il se demande, ce n’est pas si ce qu’on lui apporte est bon, si ce morceau qu’on lui montre c’est bon. Le maître regarde en dedans et se demande anxieusement si ce qu’il a en train, lui le maître ; si ce morceau qu’il veut faire aujourd’hui, lui le maître, sera bon. Et plus le maître est vieux et plus le maître est grand, plus il a derrière lui de chefs d’œuvres accumulés, plus il se demande avec anxiété si ce n’est pas aujourd’hui qu’il fera faillite. Ce matin même, tout à l’heure.

La cérémonie faite, l’autre rempliait ses papiers. Le vieux Courbet lui disait par politesse (quand je dis vieux, dit-elle, il n’avait toujours pas plus de cinquante- huit ans, puisque c’est à cinquante-huit ans que l’on dit qu’il est mort), le vieux lui demandait, comme on demande toujours : Eh bien, qu’est-ce que vous allez faire à présent ? L’autre lui répondit, comme on répond toujours : Eh bien j’ai un peu d’argent devant moi. J’ai fait des économies. J’ai un peu de temps. Je vais aller en Orient.

A ce mot d’Orient, le vieux peintre se réveille, tout d’un coup, on ne sait pas pourquoi. C’était une brute, vous le savez, un homme sans aucune culture, il ne savait rien de rien (On dit seulement qu’il savait peindre). A ce mot d’Orient tout à coup il se réveilla, il redevint présent. Il était là lui Courbet, oubliant la politesse, oubliant l’indifférence ; il vit ce petit jeune homme ; il ouvrit un œil tout rond, un  œil de peintre, et de son gros accent franc-comtois : Ah ! (dit-il comme revenant de très loin) Ah ! Vous allez dans les Orients, (il disait les Orients, il était tout peuple, il disait les Orients comme on disait les îles, les Indes ; il parlait comme dans Manon Lescaut, et il avait tellement raison de dire les Orients). – Ah, vous allez dans les Orients, dit-il. Vous n’avez donc pas de pays.

Il faut entendre ce mot, dit-elle, comme il a été dit. Nullement comme un mot. Il en était à cent lieues. Nullement pour avoir de la portée. Encore moins pour faire de l’effet. Il faut le prendre comme un mot innocent, dit-elle, et c’est ce qui lui donne une portée incalculable.

Nous tous, mes enfants, dit-elle, nous modernes ; nous tous nous allons dans les Orients ; et nous tous sommes ceux qui n’ont point de pays. Et doublement nous allons dans les Orients. Et doublement nous n’avons pas de pays. Car il n’y a pas seulement les pays locaux, il y aussi les pays temporels. Il n’y a pas seulement les pays géographiques, il y aussi les pays historiques. Et il y a peut- être même plus encore les pays historiques, les zones historiques, les climats historiques. Quand je vois ces jeunes gens partir vers les Orients de l’archéologie, je suis comme l’autre, j’ai toujours envie de leur dire, à présent : Vous n’avez donc pas de pays ?

C’est-à-dire vous n’avez donc pas un endroit dans le temps, (De quel endroit que tu es, disaient les anciens aux conscrits), un lieu dans le temps pour ainsi dire, un temps où vous situer, un temps où vous soyez homme, citoyen, soldat, père, électeur, contribuable, auteur, toutes les inévitables, toutes les irréparables, toutes les sacrées sottises. » (page 222)

Les caractères gras sont de ma responsabilité.

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique : une gouvernance Hollande un peu trop glissante !

 Les observateurs du monde politique se sont sans doute interrogés sur deux phases de sa vie politique, la première quant à son long maintien dans son mandat de secrétaire général du parti Socialiste, alors qu’il aurait pu devenir  ministre de Jospin, une expérience gouvernementale qui lui manque aujourd’hui, la deuxième quant à la candidature de Ségolène Royal, son épouse à la ville, aux élections présidentielles de 2007, alors qu’il était le candidat naturel du Parti Socialiste.

            Peur d’une prise de risque ? Goût prononcé pour les compromis et les arrangements qui faisaient sa force au sein de son parti ?

            Sa manière de gouverner, sans cap clair, ses allers et retours dans les annonces politiques, un flottement incontestable, toujours la recherche du compromis, s’inscrivent dans la continuité du personnage, mais les Français ont de plus en plus de mal à comprendre sa politique.

Dans le journal Les Echos du 25 février 2013, page3, et à propos  du président, le directeur du centre de recherches politiques de Sciences Po caractérisait bien sa situation :

«  Le chef de l’Etat va devoir se résoudre à choisir entre deux gauches et à sortir d’ « un instinct des combinaisons » qui le prive de toute la lisibilité nécessaire aux temps de crise. »

Et sortir d’un personnage un peu trop glissant ! Il est vrai que la saison n’y est pas vraiment favorable!

France 2 Envoyé spécial du 7 mars 2013: « Les Branches esseulées: trafic de femmes vietnamiennes en Chine »

France 2 Envoyé spécial du 7 mars 2013 : le reportage intitulé «  Les Branches esseulées : trafic de femmes vietnamiennes en Chine »

Entre Chine et Vietnam, entre 1894 et 2013, la condition des femmes a-t-elle vraiment changé ? Dans le contexte historique de deux Etats Communistes ?

Avec le témoignage du colonel Gallieni, à l’occasion de son deuxième voyage en Chine à Long Tchéou (15-22 juin 1894)

            Après avoir évoqué  le souvenir que Gallieni avait conservé de la condition des femmes d’Indochine lors de son séjour au Tonkin, nous ferons quelques commentaires sur le reportage tout  à fait intéressant de l’émission « Envoyé Spécial » dont le titre a été rappelé plus haut.

            Le colonel Gallieni exerçait alors le commandement des Hautes Régions du Tonkin, à la frontière de l’Empire de Chine, où il s’efforçait tout à la fois d’éliminer les bandes de pirates annamites ou chinois qui troublaient gravement la paix publique de ces régions, et d’obtenir à cette fin la coopération des autorités impériales chinoises, gouverneur militaire, préfet et maire, notamment celle du gouverneur militaire du Quang-Si, le maréchal Sou.

            Il se rendait alors à Long Tchéou pour y rencontrer le maréchal Sou et clore le dossier du tracé des frontières sino-annamites.

            Dans son livre « Gallieni au Tonkin », le colonel racontait son expérience politique et militaire, et en ce qui concerne le voyage évoqué, il décrivait dans le détail le voyage en question.

            Retenons de ce récit uniquement les observations qui avaient trait à la situation des femmes vietnamiennes dans cette province frontalière de la Chine.

Gallieni voulait vérifier par lui- même tout ce qui lui avait été rapporté sur les relations des bandes pirates avec la Chine :

            « Les chefs des bandes les plus importantes… se trouvaient à la tête d’une vaste association, en quelque sorte commerciale, qui avait ses profits et ses pertes. De leurs repaires…. Ils dirigeaient leurs incursions dans toute la haute région, ramassant surtout des buffles, indispensables aux indigènes pour leurs cultures, et des femmes.

Les femmes sont rares dans le Quang-Si… de plus les femmes annamites étant particulièrement recherchées pour leurs qualités d’activité, de travail, d’économie et leurs aptitudes au négoce, les marchands chinois étaient très désireux d’en acquérir pour se faire aider dans leur commerce. Notre consul me fit remarquer plusieurs fois, dans mes visites aux boutiques de Long-Tchéou, la présence de femmes qui, malgré leur costume chinois et leur chignon caractéristique, étaient annamites et avaient été ainsi importées du Tonkin. Beaucoup me disait-il, en général bien traitées, suivant les habitudes chinoises et  se rendant par ailleurs très utiles à leurs maîtres, s’étaient adaptées à leur nouveau genre de vie et ne cherchaient pas à retourner au Tonkin. Mais d’autres regrettaient leur pays et s’adressaient quelquefois à lui pour demander leur rapatriement. C’est ainsi que, en ce moment même, deux femmes annamites s’étaient réfugiées au Consulat, et que, en dépit des réclamations du maire et du Tao-Taï (le préfet), M.Bonis d’Anty avait refusé de les rendre et devait les ramener avec lui, à son prochain voyage à Hanoï.

En échange des buffles et des femmes, les pirates rapportaient au Tonkin de l’opium, avidement recherché par les habitants de la haute Région, et même par les annamites….sous l’œil bienveillant des mandarins chinois. » (page 134)

Commentaire :

Le documentaire diffusé par France 2 sur le trafic de femmes vietnamiennes entre les deux Etats Communistes que sont actuellement le Vietnam et la Chine montre que ce type de dérive éthique persiste, même s’il prend les formes économiques les plus sophistiquées, au prix de 5 000 euros la « tête ».

L’existence même de ce trafic parait tolérée, puisqu’il a lieu dans des régimes politiques très encadrés, pour ne pas dire plus.

Un tel sujet est à replacer dans l’évolution de la condition féminine à travers les âges et les continents,  étant donné que dans la plupart des civilisations et des cultures, la femme n’a presque jamais été traitée comme l’égale de l’homme, et le  plus souvent comme une marchandise.

Dans notre histoire la plus récente, un certain nombre de mariages étaient des mariages de convenance d’intérêt, avec une marchandisation qui ne disait pas son nom.

Les femmes d’Afrique noire ont longtemps été sous le joug d’un régime dotal qui apparentait les mariages à un troc entre une femme et une dot en argent ou en nature.

Il semble que de nos jours, et pour des raisons d’émigration légale, certaines unions entre un citoyen français ou une citoyenne française et un ou une partenaire étrangère, soient aussi des échanges monétaires déguisés.

Les femmes du monde entier auront encore fort à faire pour se voir reconnaître leur dignité pleine et entière, et c’est sans doute l’intérêt de ce documentaire, avec deux clins d’œil ambigus, le titre même du reportage, « les Branches esseulées », et l’aveu fait par des candidats chinois à l’achat d’épouses vietnamiennes, quant à une corrélation qui existerait entre la chaleur de leur pays et la poussée précoce de leurs seins…

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: un ancien avocat de la Cour de Cassation à la rescousse d’une apparatchik socialiste de Marseille

Humeur Tique : un ancien avocat à la Cour de Cassation à la rescousse, sans hélicoptère, d’une apparatchik socialiste de Marseille accusée de détournement de fonds !

            A lire dans le Monde du 5 mars 2013, page 8 : « Laurent Davenas : du parquet à la communication de crise

            Sylvie Andrieux a fait appel pour sa défense au cabinet de consultants Footprint, qui s’est adjoint Laurent Davenas, magistrat en retraite…. »

            Il est vrai qu’on pouvait peut-être s’attendre à tout de la part d’un ancien parquetier de Paris que son Garde des Sceaux de l’époque, et quels sceaux ! tenta de faire récupérer par hélicoptère dans le massif de l’Himalaya, afin d’éviter qu’un de ses collègues, en service, ne mène à bien une information judiciaire à l’encontre de l’épouse de l’ancien maire de Paris, qui fut aussi magistrat de la République.

            Un haut magistrat à la retraite dépourvu à ce point de menue monnaie ?

            Il est vrai qu’il est plus facile dans le cas d’espèce de tendre sa sébile ! Plus besoin d’hélicoptère ! Et de la droite à la gauche, même combat !