Humeur Tique Tartufferies à la française: secret de l’instruction, protection de la vie privée, enrichissement personnel…

La vie privée du Président Hollande vient de faire la Une de beaucoup de médias en France et à l’étranger.

            Dans cette affaire, le Président a revendiqué son droit à la protection de sa vie privée.

            Seul hic, le fait que beaucoup de personnes, notamment des journalistes, connaissaient depuis longtemps l’existence de la liaison en question ! Et que la personne « privée » aurait été accompagnée d’un policier ou d’un gendarme de la République Française !

            Témoignage d’un homme qui exerce le métier de paparazzi :

            «  En janvier 2013, dans un café… Au bout du deuxième café, il lâche : « Si quelqu’un arrive à photographier François Hollande et Julie Gayet ensemble, ce sera un coup énorme. Mais qui osera le publier ? » (« Le Monde du 16 janvier, page 19)

            Une information à deux vitesses, l’une pour les initiés, du microcosme parisien, l’autre pour le bon peuple ? Une protection de la vie privée à deux vitesses ? Comme ce fut naguère le cas pour les deux ménages de M. Mitterrand ?

        L’homme ou la femme politique publique qui expose une partie de sa vie privée aurait donc droit à une protection de la vie privée à géométrie variable ?

            Les politiques seraient bien avisés de ne pas jouer avec ce nouveau tabou, cette tartufferie qui ressemble fort au secret de l’instruction qui n’existe à la vérité que pour les innocents, ou à l’absence d’enrichissement personnel dans des affaires de corruption publique qui mettent en cause tel ou tel politique qui continue en définitive, sauf exception, une belle carrière à l’abri de tout aléa !

PS (Post Scriptum) : dans le journal Le Monde du 17 janvier 2013, page 9, une pleine page de pub pour « sixt.fr » :

            « M. le Président ; la prochaine fois, évitez de prendre un scooter.

         Sixt loue des voitures avec vitres teintées. »

Annonce de publication: Empire colonial anglais et Empire colonial français aux XIXème et XXème siècles

Annonce de publication

Empire colonial anglais et Empire colonial français aux XIXème et XXème siècles 

Esquisse de tableau comparatif : Empires semblables ou différents ? Quels héritages ?

            Ainsi que je l’ai déjà annoncé il y a plusieurs mois, je me propose de publier sur ce blog, au cours des prochains mois, une série de contributions sur les thèmes d’analyse et de réflexion que j’ai choisis.

Le plan de publication retenu est le suivant :

1 – A grands traits, une évolution historique comparée

2 – A Londres ou à Paris, des stratégies et politiques impériales semblables ou différentes ?

3 – Les legs des deux empires avec le regard d’historiens de la périphérie ( Histoire générale de l’Afrique VII – UNESCO)

4 – Les legs de l’Empire britannique en Asie avec le regard d’un historien indien : K.M.Panikkar, et de l’Indochine française avec celui de l’historien Pierre Brocheux

5 – Les legs de l’Empire britannique avec le regard d’historiens allemands –Der Spiegel Geschichte NR.1  – 2013 Peter Wende et Jürgend Osterhammel

6 – Essai de conclusion comparative

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique: Vie privée et Vie Publique d’un Président? Ou Protection de la libido présidentielle?

  Ces jours derniers, le Président a défrayé la chronique mondaine par un de ces écarts de vie privée dont nos Présidents successifs ont toujours été friands.

            La fonction stimulerait–elle à ce point la libido de nos Présidents ?

            Il est difficile de comprendre le propos du Président actuel sur l’exigence de la protection de la vie privée, alors qu’un policier ou un gendarme l’aurait accompagné dans ses déplacements, que l’appartement aurait été au préalable inspecté, et qu’enfin un autre policier aurait apporté les croissants !

            La force publique au service de la vie privée d’un Président ?

            Sur le sujet, bientôt un nouveau tweet de Valérie en faveur de son « héros »?

Un malentendu à « l’eau de rose » !

  En début d’année 2014, le Président de la République a alimenté abondamment  les gazettes et leurs commentaires.

            En dépit des commentaires qui ont décelé dans ces discours un tournant majeur vers un social-libéralisme assumé, il y a tout lieu de penser que cette sorte de « baratin » politique, techno sur les bords, n’a pas convaincu l’opinion publique.

            Un discours qui est tellement loin de l’attente des citoyens, c’est-à-dire celle d’une remise à plat complète du pays.

            Comment convaincre les Français et les Françaises,  en proposant à nouveau à la sortie du Premier Conseil des Ministres de l’année 2014, cette photo de famille des « 37 »  ministres, comme s’il n’y avait pas de crise en France ?

            L’éditorial du Monde du 3 janvier parait bien optimiste lorsqu’il écrit : «  son appel au ressaisissement est balisé », mais en constatant : « un homme qui s’est toujours refusé à tenir un discours de vérité sur l’état du pays », alors qu’il s’agit d’un discours aussi banal, et qu’il n’a pas proposé aux Français et aux Françaises des objectifs concrets avec un calendrier d’action, selon la méthode qu’utilisait Mendès France.

            Le meilleur exemple est celui de la zone euro : le même journal rapporte le propos du Président en ce qui concerne l’Europe : «  je prendrai dès le printemps prochain des initiatives avec l’Allemagne pour donner plus de force à notre union ».

            Il lui a fallu presque deux ans pour avancer sur un sujet aussi important, sans en dire plus ?

            Le problème est que la France n’a pas élu le Président actuel, mais voté contre l’ancien Président, que le Président actuel n’a pas de majorité pour prendre un tournant social-libéral, celui que propose le MEDEF, et mettre en œuvre, pour autant qu’il en ait l’intention ou l’envie, le tournant politique d’une remise à plat nationale de nos institutions (le millefeuille), de notre système économique et social, et du renforcement de notre arrimage européen.

            Il faudrait pour cela que nos politiques aient le courage de biffer les frontières largement artificielles qui existent aujourd’hui entre une certaine gauche et une certaine droite, en jouant le jeu d’une politique de sursaut national.

            Pourquoi la France serait-elle incapable d’imiter une Allemagne en bonne santé, capable de faire une politique gauche-droite, alors que l’état  économique de la France plaiderait encore plus pour une telle union de salut public ?

Jean Pierre Renaud

Guerre d’Algérie ou LCP entre mémoire et histoire! « Le Schirch… »

Guerre d’Algérie ou LCP entre mémoire et histoire !

« Instituteur pendant la guerre d’Algérie » (la Croix du 23/12/2013) ou « Le Schirch, celui qui sait… ou l’aventure hors du commun de Guy Beaujard,(Le Monde Télévisions des 22,23/12/2013) un documentaire sur LCP, le 23 décembre 2013.

               Dans son analyse critique, Alain Constant, dans Le Monde, conclut « ce documentaire inédit est une belle leçon d’histoire », après avoir décrit l’itinéraire du héros de ce documentaire, un jeune instructeur civil venu en Algérie, pendant la guerre d’Algérie, en 1959.

        Si j’ai bien compris le commentaire, le poste militaire d’affectation de ce jeune instructeur, était à Tifrit n-Aït Ou Malek, en Grande Kabylie.

          Le même documentaire nous conte la rencontre pour le moins surprenante entre le jeune instructeur et le colonel Si Mohamed Ou el Hadj, à l’époque chef de la Willaya III.

            Belle leçon d’histoire, ou plutôt belle leçon de désinformation historique, comme je l’ai fait connaitre à la chaîne LCP par le message que je lui ai adressé le 24 décembre 2013, dont le contenu est le suivant :

        « Bonjour, ce documentaire est à ranger dans la catégorie des documents de désinformation historique pour quelques-unes des raisons ci-après :
     

      1) Un curriculum étrange ? M.Beaujard était sursitaire ? Avait refusé de porter les armes et se retrouvait dans le poste de Tifrit ? A effectué son service une fois la guerre terminée ? Etait menacé de mort par le FLN alors qu’il avait collaboré avec le parti en question ?

     2) Comment ne pas être choqué par l’absence de cadrage historique de ce documentaire, et pourquoi ne pas avoir eu le courage de donner la parole à des soldats, sous-officiers ou officiers du contingent qui ont servi dans le même secteur militaire ?

     3) Le documentaire a fait l’impasse sur l’opération Jumelles, mais l’instit en question n’aurait pas pu exercer ses fonctions si cette opération n’avait pas eu lieu, en ramenant la paix civile en Kabylie, où il était, et en Petite Kabylie où je servais la France en tant qu’officier SAS, précisément sur le versant Soummam du même massif.

     4) Comment ne pas éprouver un malaise et beaucoup de mécontentement en regardant ce type de documentaire qui a été tourné à la gloire de Si Mohand, chef de la Willaya III, et tout autant de l’instit, lorsqu’on a cru servir son pays, tout en étant convaincu que l’Algérie devait aller à l’indépendance ?

         Il s’agit à proprement parler à la fois de propagande et de falsification historique. Je puis vous dire que dans ma SAS, le FLN avait brûlé de très belles écoles construites en dur, bien avant la guerre de 54, que j’ai reconstruites, et que de bons instituteurs, sans doute en nombre très insuffisant dans la vallée de la Soummam y exerçaient depuis longtemps leur mission du savoir. Il y aurait tellement de choses à dire sur ce type de sujet qu’il est effectivement possible de raconter aujourd’hui n’importe quoi, et c’est bien le cas de ce documentaire que la chaine publique LCP accueille sans vergogne et sans cadrage historique. La France est décidément dans un triste état. Salutation distinguées. »

            La chaine Publique LCP est-elle dans son rôle d’information libre et pluraliste en diffusant un documentaire soi-disant historique sur la guerre d’Algérie propre à éloigner tout espoir de réconciliation entre les deux peuples  conditionnée par un exercice exigeant de vérité, dans les deux camps ?

            Pendant la guerre d’Algérie, nombreux ont été les « petits gars du contingent » qui ont rempli leur devoir de citoyen français, et aimé cette Algérie qui n’était pas leur pays, ainsi que ses habitants !

Jean Pierre Renaud

Le film « Le Démantèlement » du canadien Sébastien Pilote

 Un film dont le nom seul appelle au dépaysement géographique et psychologique dans le Canada francophone, mais dont l’acception que nous lui donnons, d’abord matérielle,  n’a pas la force que lui donne le réalisateur.

           Une histoire qui aurait pu être tournée en France, où l’on donne souvent la préférence à des histoires à l’eau de rose.

           Il s’agit ici de l’histoire forte d’un éleveur de moutons, séparé de son épouse et père de deux filles qu’il adore, mais dont l’une, mère de famille et en instance de divorce, est tellement dépensière qu’elle le conduit, en vue de l’aider à sortir de son pétrin, à vendre sa ferme.

          Et le pauvre père de se retrouver locataire d’un modeste appartement aux confins d’une petite bourgade !

           Un film tout à fait intéressant, sauf à remarquer que le réalisateur se complait un peu trop dans les plans du désespoir de ce père, au point de « démanteler », sinon fatiguer quelque peu le spectateur.

MC et JPR

La Princesse Palatine aux trousses de la Duègne Chirac!

La Princesse Palatine aux trousses de la Duègne Chirac !

La morale politique de Bernadette Chirac ?

En deçà ou au-delà de toute morale politique ?

Dommage que la France soit privée d’une Princesse Palatine dont la verve et le piquant seraient inégalables pour épingler les dires de cette ancienne Première Dame de la Cour !

            Pour avoir été témoin pendant de longues années du mélange des genres qui régnait dans la Ville de Paris entre la Ville elle-même et le RPR, c’est-à-dire le financement illégal de ce parti politique, plus rien ne devrait, il est vrai, m’étonner.

            Sauf que la corruption politique continue, en empruntant les mêmes chemins anciens, ceux du 5ème arrondissement, le fief des Tibéri, aux prises judiciaires, depuis de fort longues années, avec une très sérieuse affaire d’inscriptions fictives de centaines de faux électeurs sur les listes de l’arrondissement, pour ne pas citer d’autres affaires qui furent également soulevées.

           Dans la campagne des municipales parisiennes 2014, Madame Chirac vient de recommander officiellement  à la candidate UMP NKM  de s’inspirer de la sagesse politique de Mme Tibéri :

        « Tout ce que j’ai appris de la politique de terrain, c’est Xavière Tibéri qui me l’a appris » (Le Monde du 19 décembre, page 9)

           Quelle belle leçon de morale politique, vraiment !

          Dommage qu’une Princesse Palatine moderne ne vienne donner à la duchesse de Sarran l’un ou l’autre des petits qualificatifs qu’elle décernait régulièrement à la maîtresse du Roi, Mme de Maintenon, les plus doux, étant ceux de « ripopée » ou de « pantocrate », et les plus mordants,  étant « l’ordure » ou « la sorcière ».

        Car dans une telle affaire, il s’agit bien de savoir si Bernadette Chirac dispose d’une telle immunité institutionnelle qu’elle puisse continuer à s’affranchir de toute morale politique, et afficher un tel degré de perversion.

Jean Pierre Renaud

        Le lecteur intéressé pourra consulter sur le blog du 31 mars 2012, une petite chronique intitulée « A Nantes, un attelage de duchesses dans le carrosse Sarkozy, sur le mode de la Princesse Palatine. »

Humeur Tique: Information ou désinformation de France 2 sur Hollande et le boycott de Sotchi

Journal de 20 heures, le 15 décembre 2013

            La rédaction du journal du soir avait un magnifique sujet à traiter, la décision de Hollande, c’est-à-dire de la France, de ne pas participer à l’inauguration officielle des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, à la gloire d’un Poutine qui n’ a pas démontré, hier en Syrie, et aujourd’hui en Ukraine, que la Russie avait définitivement quitté les rives de l’ex-URSS.

            La nouvelle avait été annoncée sur Europe 1, le matin du 15 décembre 2013.

Comment ne pas interpréter un tel silence comme de la désinformation ? délibérée de la part de la chaine publique ?

        Au lieu de cela, un journal qui a trainé, avec une longue interview de l’acteur américain Di Caprio par le présentateur, excellent dans le genre, mais qui a oublié peut-être, qu’il s’agissait d’un journal d’information.

           La nouvelle valait au moins autant son pesant de temps d’antenne, que la pub que France 2, made in Delahousse, faisait au film de M. Di Caprio, avec en prime, et pourquoi pas ? le soutien d’une des chroniqueuses spécialisée du cinéma, pour la promesse d’un prix !

Mali, Centrafrique, le néocolonialisme français? Nouveaux atours de la Françafrique ?

Mali, Centrafrique, le néocolonialisme français ?

Les raisons bonnes ou mauvaises  des interventions à répétition de la France en Afrique !

Nouveaux atours de la Françafrique ?

            La dernière décision du Président de la République de faire intervenir les troupes françaises en Centrafrique, le « j’ai décidé » a suscité des réactions diverses dans le monde politique ou géopolitique, telles que celles publiées par Le Monde, le 4 décembre 2013, sous le titre «  Néocolonialisme français en Afrique », ou dans la Croix, le 5 décembre 2013, sous le titre « Les interventions françaises ».

            Il parait  intéressant et utile de récapituler les arguments échangés par un homme politique (de Villepin), un anthropologue (Amselle), deux politologues ( Marchal et Galy) , un humanitaire (Bolopion), et un géopolitologue, le patron actuel de l’IRIS (Boniface).

               Une France néocolonialiste?

            M.Bolopionl’humanitaire serait sans doute le seul à tenir un discours qui pourrait mettre tout le monde d’accord, une intervention justifiée par la terreur qui règne dans un pays. Pourquoi la France ? Et en a-t-elle le droit, le devoir, et les moyens ? Une France humanitaire sur la terre entière ?

            Il ne s’agirait donc pas de néocolonialisme.

       Des deux politologues,  le premier, M.Marchal, défend une position qui dénie tout néocolonialisme dans l’intervention française, mais critique le manque de vision de notre pays, « la courte vue des interventions françaises », « une gestion à la petite semaine », le deuxième, M.Galy,  reconnait clairement dans cette intervention « la dernière aventure coloniale »,  « une de ces manifestations dont la Françafrique a le secret depuis cinquante ans : allégeance et préparation d’interventions militaires »

          M.Amselle, l’anthropologue, nous propose, en prenant le cas du Mali, une ouverture sur la structure des sociétés africaines traditionnelles étrangères aux concepts d’état et de société civile qui sont les nôtres, puisqu’elles seraient fondées sur les concepts des clans et des lignages, une appellation savante de ce que d’aucuns dénommeraient ethnies ou tribus, et d’après lui :

         « Or le lien politique en Afrique est régi essentiellement par des principes de prédation et de redistribution du type clientéliste. »

         Une affirmation qui parait bien sévère à la fois dans le constat et dans les conséquences qu’il en tire, car toute l’immense zone du Sahel a longtemps bénéficié de la force structurante d’un Islam plutôt modéré et tolérant, et les structures traditionnelles n’étaient pas obligatoirement synonymes de « prédation et de redistribution clientéliste ».

        Pourquoi par ailleurs des pays comme le Sénégal, le Ghana, le Niger, la Nigéria, ou le Cameroun, ont réussi, en dépit de l’existence des clans et des lignages,  à maintenir tant bien que mal, sinon à renforcer,  un  Etat issu de la colonisation ?

Les analyses de MM Villepin et Boniface s’inscrivent dans un contexte de réflexion plus large.

         M. de Villepin évoque « une recolonisation bienveillante », une autre formulation donc d’une sorte de néocolonialisme, non ?

         Il note toutefois : « Il faut dire ici une vérité criante : la France est la plus mal placée pour intervenir en  Centrafrique. »

         Mais son analyse cadre bien le sujet, à savoir la nécessité de faire entrer toute initiative française à la fois dans un cadre international (l’ONU), ce qui a été fait, mais également dans un cadre européen, ce qui n’a pas été fait.

       M.de Villepin critique ce type  de stratégie, «  celle d’un engrenage régional » et constate  qu’ «  en vérité, la France n’a pas de politique africaine. »

      M.Boniface, géopolitologue,  légitime l’intervention française en la situant dans le cadre plus large de la politique étrangère française à l’égard de la Palestine et de l’Iran, mais en la justifiant essentiellement par l’impératif de l’urgence et par le fait que la France était la seule puissance capable d’intervenir aussi vite sur des théâtres d’opérations qu’elle connait bien.

     Il écrit : « Tout ceci reste encore dans la limite de ses moyens actuels et rappelle la nécessité de respecter scrupuleusement la loi de programmation militaire »

      Cela reste évidemment à démontrer ! Qui connait en effet le coût actuel de l’opération Serval au Mali et les coûts induits sur notre appareil de défense, alors que la France est endettée jusqu’au cou, et qu’elle finance donc ces guerres en s’endettant encore un peu plus (1)  et qu’elle a toujours l’ambition d’être une puissance atomique ?

     Le legs politique que cite l’auteur, à ce sujet, celui du respect de principes gaullo-mitterrandistes qui auraient régi notre politique africaine laisse un peu rêveur, compte tenu de l’héritage des réseaux Foccart ou Penne, ceux précisément de la Françafrique.

      Les questions qui peuvent être posées contre cette nouvelle intervention française en Centrafrique sont les suivantes :

      1   – Avec sa dette publique colossale, un pays en crise, la France aurait donc encore les moyens d’intervenir seule et à crédit ?

      2   – Une France seule, sans l’Europe ? Pourquoi le Président de la République n’a-t-il pas pris le soin de demander l’avis et l’engagement du Conseil Exécutif de l’Europe sur l’opportunité de cette intervention ?

     3 –   Pourquoi la France devrait-elle porter ce « nouveau fardeau de l’homme blanc », sans que l’Algérie n’y prenne part et responsabilités dans le cas du Mali, et ailleurs, sans le concours des autres membres permanents du Conseil de Sécurité, notamment la Chine, nouvelle puissance du monde africain ?

     4 –  Pourquoi la France n’imiterait-elle pas la Grande Bretagne qui s’est bien gardée jusqu’à présent, mis à part le cas limité, en temps, en Sierra Leone, de mettre la main dans les autres guerres civiles qui affectent encore quelques- uns de ses anciens territoires, par exemple l’ancien Soudan Anglo-Egyptien, où se poursuit toujours une guerre, ouverte ou larvée entre les populations arabes du nord, musulmanes, et les populations noires, chrétiennes ou animistes du sud ?

    Comment en définitive ne pas trouver dans ce type d’intervention fût-elle humanitaire, comme un parfum de néocolonialisme qui ne dit pas son nom ?

       Comment ne pas être choqué par l’étendue des pouvoirs du chef d’un Etat qui n’est pas démocratique, étant donné que la Constitution, modifiée en 2008, autorise par avance cet excès de pouvoir ?

     « Vu l’urgence, j’ai décidé, d’agir immédiatement… Cette intervention sera rapide… »

      Comme sous Louis XIV donc !

      Exit le Parlement, même lorsque la France fait la guerre ?

     Comment ne pas constater aussi que notre politique africaine, et plus largement, la politique française dans son ensemble, n’ont plus les pieds sur terre, et qu’elles continuent à se déployer dans un monde qui n’est plus ?

Jean Pierre Renaud, ancien haut fonctionnaire

(1)  Un général chiffrait le coût unitaire de ce type d’intervention par soldat pour une année, à la somme de 100.000 euros. A ce tarif, le budget Mali et Centrafrique dépasserait déjà le milliard d’euros.