Histoire coloniale, développement et inégalités dans l’ancienne Afrique Occidentale Française – Thèse Huillery 2008- Lecture critique

« Histoire coloniale, développement et inégalités dans l’ancienne Afrique Occidentale Française »

HESS – 2008 – Thèse de Mme Huillery

Notes de lecture critique

II

Chapitre 1 (p,19 à 71)

« Mythes et réalités du bilan économique de la colonisation française »

Lecture critique – Première partie

             Noter que le titre de ce chapitre est une démarque à la fois du titre d’un des nombreux ouvrages de l’historien Henri Brunschwig intitulé « Mythes et Réalités de l’Impérialisme colonial français »(1960), et d’un livre de Paul Bairoch intitulé «  Mythes et paradoxes de l’histoire économique » (1993).

            Noter que les mots ou phrases en caractères gras sont de ma responsabilité.

            L’auteure résume (Abstract)  tout d’abord son chapitre en écrivant :

            « Il passe en revue quarante ans d’écriture du bilan économique de la colonisation française et fait ressortir les acquis, les zones d’ombre et les zones d’oubli »… en indiquant que « Certains aspects du bilan économique ne sont d’ailleurs pas quantifiables et rendent impossible toute tentative de bilan comptable total des coûts et bénéfices de la colonisation. Mais d’autres aspects du bilan se prêtent davantage au dénombrement comme le poids des colonies dans le budget de l’Etat français, l’importance des apports métropolitains dans les dépenses de fonctionnement et d’équipement des colonies, ou encore l’ampleur des investissements publics, écoles, hôpitaux et infrastructures, dans les colonies. Ils n’ont pourtant pas fait l’objet, jusqu’à présent, que d’une quantification incomplète ou décevante. »

            Tel est donc l’objectif annoncé, modeste, étant donné la restriction faite au départ sur les difficultés de la quantification.

            L’auteure annonce qu’elle va passer «  en revue quarante années d’écriture du bilan économique de la colonisation française », mais à la lecture du chapitre 1, nous constaterons que les limites de cette période sont plutôt flottantes, ainsi que le contenu du concept de « bilan économique », tel qu’il est du reste annoncé plus haut.

          L’auteure développe sa réflexion dans une introduction au même chapitre.

         Référence est tout d’abord faite à la France-Afrique d’Houphouët-Boigny, en 1955, puis au discours de Dakar de Sarkozy, en 2007,  mais avant tout aux travaux de Jacques Marseille, lequel se demandait dans sa thèse parue en 1984 si : « Les colonies (avaient été) une bonne affaire pour la France, et concluait que non. »

         L’ambition déclarée de l’auteure est de lever la grande part d’ombre qui recouvre la réalité économique de la colonisation, notamment son financement, les investissements dans les territoires d’outre-mer et l’apport métropolitain dans ces investissements, un sujet qui a « représenté un secteur périphérique et marginal de la recherche historique », outre le fait que « l’histoire coloniale n’a tenu qu’une place marginale dans l’historiographie d’après 1960.

         L’auteure observe toutefois que « les travaux académiques dédiés à l’histoire coloniale depuis les indépendances se sont rapidement structurés autour de deux courants historiographiques de nature politique. Le premier courant, que l’on qualifiera d’ « anticolonial » insiste sur les méfaits que la colonisation a fait subir aux pays colonisés. « … face à ce premier courant s’est constitué un deuxième courant que l’on qualifiera d’« anti-repentance » et qui insiste pour sa part sur la générosité de la métropole à l’égard de ses colonies. »(p,22)

         L’auteure note : « L’argument récurrent utilisé par le courant anti-repentance concerne en effet l’investissement public effectué par l’Etat français dans les colonies sur recettes budgétaires métropolitaines, investissement qui représenterait un gain important pour les colonies et par symétrie une perte importante pour la métropole »… la colonisation aurait été, pour reprendre l’expression de Jacques Marseille, une « bonne affaire » pour les colonies plutôt que pour la métropole. Cette idée est reprise en force dans le dernier ouvrage de Daniel Lefeuvre… » (p,23)

         L’auteure observe que l’opposition entre les deux courants s’est radicalisée, « malheureusement au détriment de la rigueur historique et scientifique », alors qu’en même temps « la polémique au sujet du bilan colonial est sortie des sphères universitaires pour s’installer pleinement dans le débat public depuis le début des années 2000. » (p,24)

       « Face à cette politisation croissante du passé colonial de la France, nous proposons de revenir sur quarante ans d’écriture du bilan économique de la colonisation pour restituer l’état actuel des connaissances et en faire un inventaire critique. » (p26)… « Nous allons donc ici prendre connaissance des recherches effectuées et sonder le type de socle scientifique sur lequel elles étaient fondées. »

«  nous présenterons l’ensemble des connaissances que nous avons pu rassembler en deux catégories : 1) Coûts et bénéfices du point de vue de la France, 2) Coût et  bénéfices du point de vue des colonies » (p,26)

         Notons que dès les annonces de départ, il existe un certain flou sur le concept de bilan, et sur la définition d’un bilan du type « coûts et bénéfices ».

        L’auteure prend soin de préciser que sa revue historique ne se limitera pas à celle de l’Afrique Occidentale Française, alors que ses recherches ont porté sur cette ancienne Fédération coloniale.

      Le lecteur constatera par ailleurs dans les pages qui suivent,  que le titre de la deuxième partie aura changé et que la thèse sera passée du concept de bilan à celui du développement.

I – Coûts et bénéfices de la colonisation pour la France (p,29)

     A – Qu’est-ce que la France a gagné à la colonisation ?

     1)    De nouveaux débouchés commerciaux

     2)    Des approvisionnements de matières premières moins chères

     3)      Des placements de capitaux plus rentables

     « Examinons les preuves empiriques associées à chacun de ces trois arguments » (p,30)

      a)    Des débouchés commerciaux ?

     L’auteure valide l’analyse de Jacques Marseille sur le poids du commerce impérial dans le commerce extérieur de la France, avec la place importante de l’Algérie.

      b)    Un approvisionnement en matières premières à bas prix ?

     Pillage ou non des colonies en fonction d’un échange économique par définition inégal, ou paiement des matières premières au prix du marché mondial, ou même au-dessus, comme le soulignait Jacques Marseille ?

      L’auteure ne valide pas l’analyse Marseille et fait référence aux travaux en sens contraire de MM .Arghiri Emmanuel, Samir Amin, et André Vanhaeverberke, les travaux de ce dernier apportant un éclairage sur le cas du Sénégal.

      L’auteure conclut : « Les observations d’André Vanhaeverbeke sur l’évolution des termes de l’échange factoriels doubles entre le Sénégal et la France semblent plus solides, et un travail serait nécessaire à mener pour les généraliser à l’ensemble des produits importés par la France en provenance de ses colonies. » (p,34)

     Donc, à voir !

     c)       Des placements de capitaux rémunérateurs

    Trois sources sont citées : Catherine Coquery-Vidrovitch, Jacques Marseille, et la Cote Desfossés.

     L’auteure se réfère à nouveau à Jacques Marseille en indiquant que d’après son évaluation : « les capitaux privés auraient représenté ¼ de l’ensemble des capitaux français investis dans l’empire entre le début de la période coloniale et 1958, soit 6 384 millions sur un total de 25 743 millions de francs 1914. » (p,37), et en citant quelques chiffres de rentabilité capitalistique plutôt élevés, notamment en Afrique de l’Ouest en 1913.

       L’auteure conclut : «  Pour conclure sur les gains que la colonisation a permis à la France de réaliser, il ne semble donc pas, au vue de l’actif, que le bilan soit si négatif : les statistiques commerciales mettent en évidence l’apport d’indéniables débouchés commerciauxles termes de l’échange factoriels doubles montrent que l’approvisionnement en matières premières a vraisemblablement été payé moins cher que ne l’aurait permis un prix prenant en compte les quantités réelles de travail incorporé dans les produits échangés, et l’étude des sociétés inscrites à l’Annuaire Desfossés indique que les placements outre-mer bénéficiaient de rémunérations très élevées. Au moins jusque dans les années 1950, les données empiriques confirment les prédictions formulées habituellement sur les gains de la colonisation pour la France. Ce n’est que dans la dernière décennie que certaines modifications du contexte colonial et international viennent les remettre en cause. Il parait plutôt étonnant dans ces conditions que l’histoire actuelle tende à ne retenir que cette idée que la colonisation n’a pas été avantageuse pour la France. Myopie des historiens limitant leur regard aux dix dernières années de la période coloniale ou existence d’un passif tel que les gains évoqués ci-dessus s’en seraient trouvés largement annulés ? «  (p,39)

      Question : s’agissant d’une thèse économique, il parait tout de même difficile de se contenter de ce survol proposé par l’auteure et de raisonner comme si la colonisation avait été un long fleuve tranquille et continu, entre les années 1900 et 1960, alors que l’histoire coloniale a connu au moins cinq étapes, la conquête, le premier conflit mondial, un entre-deux guerres instable, le deuxième conflit mondial, et la décolonisation postérieure à 1945.

     B – Qu’est-ce que la colonisation a coûté à la France ?

     L’auteure s’intéresse à nouveau à Jacques Marseille en rappelant que l’intéressé distinguait deux types de coûts, un coût direct, les transferts de fonds vers les colonies, et un coût indirect, constitué des effets pervers du détournement des marchés concurrentiels.

      a)    Les effets pervers du détournement des marchés concurrentiels 

      Il s’agit de l’analyse des effets pervers du régime protectionniste qui a régné en métropole et dans les colonies,  « un boulet entravant le processus de modernisation du capitalisme français », un régime douanier qui a par ailleurs sclérosé les exportations de la France.

    L’auteure propose quelques exemples de situations économiques qui ne convainquent pas dans un sens ou dans l’autre, en faisant le constat suivant :

     «  S’il est impossible de quantifier la perte indirecte qu’aurait ainsi connue l’économie française, il apparait aux vues des analyses effectuées, que le maintien de certains secteurs déclinants au détriment de secteurs plus prometteurs  a effectivement été une conséquence néfaste des relations économiques privilégies qu’entretenait la France avec son empire…L’argument tient plus généralement à toute forme d’arrangement visant à exclure la France d’une situation de véritable concurrence. » (p,42)

    Question : est-ce qu’une étude plus précise des cas de prospérité ou de déclin des exportations françaises n’aurait pas apporté plus de lumière sur cet indirect obscur ? Je pense au cas de l’importation du riz d’Indochine, entre les deux guerres, qui posa un problème de concurrence avec la production des céréales de métropole, mais d’une façon plus générale, il conviendrait de cibler l’analyse sur les poids lourds des échanges, l’Algérie tout d’abord, et l’Indochine.

        Pourquoi, puisqu’il s’agissait de l’AOF ne pas avoir apporté des précisions sur le marché des oléagineux, notamment sur l’arachide du Sénégal  (la loi du 6 août 1933) ?

     b. Les transferts publics de la France vers les colonies

     Nous sommes au cœur du sujet de cette thèse, quand l’auteur écrit :

     « Dans toutes les études que l’on trouve sur le coût de la colonisation pour la métropole, l’importance des transferts publics effectués par la France vers ses colonies occupe la quasi-totalité de la place. Comme nous l’avons rappelé dans notre introduction, le courant anti-repentance a largement fondé son argumentaire sur la participation importante des contribuables français aux dépenses d’équipement et de développement dans les colonies.

      La question que nous devons avoir en tête désormais est de savoir si cette contribution a vraisemblablement dépassé les gains économiques que la France a retirés de la colonisation à travers les débouchés économiques, l’approvisionnement  à bas prix et le placement des capitaux. Il est donc nécessaire de se livrer à un exercice comptable pour évaluer le montant des capitaux publics français qui ont été apportés par la métropole pour subvenir aux besoins des colonies. » (p,42)

     J’ai souligné en gras les mots qui comptent à mes yeux, les contribuables français, les gains économiques, le montant des capitaux publics, tout en notant que les gains économiques n’ont pas encore été chiffrés, faute souvent d’une quantification difficile sinon impossible, comme l’a souligné l’auteur dans son introduction.

    L’auteure limite son analyse aux « capitaux publics » et met en cause l’absence des données actuelles en indiquant :

     « Pourquoi a-t-il été donc nécessaire dans le cadre de notre travail de refaire cet exercice de collecte de données à partir des comptes définitifs des budgets  coloniaux ? 

     Nous allons voir que les analyses qui ont été effectuées dans le cadre de ce programme de recherches des années 1970 n’ont pas permis de répondre totalement à la question du coût direct de la colonisation pour la France. » (p,42,43)

     L’auteure relève trois faiblesses, l’absence de chiffres postérieurs à 1940, le manque de différenciation de l’analyse entre flux de capitaux privés et publics, et entre territoires, et dans les capitaux publics, l’absence de différenciation entre emprunts publics et subventions.

    L’auteure précise plus loin  qu’il s’agit des comptes définitifs de l’AOF, mais elle s’appuie à nouveau sur le résultat des recherches de Jacques Marseille et de Catherine Coquery-Vidrovitch pour récapituler les données relatives aux flux de capitaux de l’empire, en précisant que ces travaux ne portaient que sur la période 1900-1940.

    L’auteure cite les travaux de François Bobrie et ceux de Catherine Coquery-Vidrovitch dont elle donne les résultats,  tout en les mettant en doute.

    D’après Mme Coquery-Vidrovitch « le total des équipements financés par les fonds publics métropolitains entre 1905 et 1938 est de 220 millions de francs 1914, soit 6 millions par an en moyenne. De l’avis de l’auteur, c’est en tout état de cause fort peu. Cette somme permet de chiffrer à 13% la part métropolitaine dans le total des équipements financés sur fonds publics entre 1905 et 1938 en AOF. »…. Ceci amène Catherine Coquery-Vidrovitch à conclure que l’AOF a très largement assuré elle-même le financement de son propre équipement. » (p,46)

    L’auteure note que cette analyse s’arrête malheureusement en 1938, et que les évaluations faites se révèlent encore optimistes par rapport à ses propres recherches :

     « En outre, nous pouvons déjà avouer que les données dont semble disposer Catherine Coquery-Vidrovitch ne correspondent pas bien avec celles que nous avons collectées nous-mêmes… », entre autres, parce que son étude « ne permet pas de distinguer entre les subventions et les prêts accordés par l’Etat français. » (p,47)

     L’auteure note à juste titre :

   « A partir de 1946, les transferts de fonds publics ne sont plus des prêts mais des subventions, qui selon Jacques Marseille couvraient une grande partie des dépenses d’équipement : 66% pour l’Algérie en 1954, 72% pour les territoires d’outre met à la même date… Toujours est-il que l’importance des sommes allouées par le budget métropolitain aux territoires entre 1946 et 1958 permettait, au niveau de la balance des paiements de l’outre- mer de compenser le déficit commercial vis-à-vis la métropole et des pays étrangers. Ceci avait été souligné par François Bloch Lainé examinant l’économie générale de la zone franc dans les années 1950. » (p,48)

     Tout à fait ! Le livre de l’intéressé « La Zone Franc » fournit tout un ensemble de démonstrations chiffrées de cette situation, et la phrase de l’auteur:

    « Au niveau comptable, les transferts publics de la métropole vers son empire dans les années 1950 étaient donc à peu près équivalents aux recettes que la France a engrangées grâce à ses excédents commerciaux avec son empire. » (p,48) mériterait d’être validée, afin de déterminer la nature des deux types de mouvements.

     Le fait que les colonies aient eu la possibilité d’acheter en métropole ou à l’étranger, au-delà de leur capacité financière, serait bien la preuve que le contribuable français payait en définitive l’addition, grâce aux transferts de fonds publics, c’est-à-dire les subventions du FIDES, comme nous le verrons à l’occasion de l’examen du chapitre 2.

     Ce type d’analyse montre bien qu’il est difficile en effet, sur le plan historique, d’additionner des chiffres dans une continuité de système qui n’a pas existé, et sans définir chaque fois le contenu des concepts utilisés.

     L’affirmation d’après laquelle :

     « Le coût net des colonies pour la métropole n’est donc pas calculé…La part de la France dans les dépenses publiques d’équipement des pays d’outre-mer reste donc essentiellement inconnue. » (p,49)

     ne parait pas couvrir la réalité historique.

     Questions 1 – Est-ce qu’il n’aurait pas été intéressant que l’auteur nous éclaire sur le contenu et l’évolution des deux balances du commerce et des paiements France-AOF, compte tenu de l’objectif principal de sa thèse, précisément le bilan économique France-AOF, en distinguant les grandes périodes de la chronologie coloniale, avant 1914, la guerre 14-18, l’entre-deux guerres de 1919 à 1939, la deuxième guerre mondiale, 1945- 1960, date des indépendances ?

        En ne prenant pas ce chemin, cette thèse souffre d’une première fragilité, d’autant plus qu’un des objectifs principaux de ce chapitre est précisément de contester, sur un plan général,  la thèse qui était celle de Jacques Marseille sur les conditions d’équilibre des balances coloniales.

       2 – Est-ce qu’il n’aurait pas été de bonne gouvernance scientifique de définir, tout en les récapitulant par période et par nature, les emprunts de l’AOFgarantis par l’Etat ou accordés par le Trésor ? Comme a l’air de le penser l’auteur, en indiquant pour chaque emprunt la valeur nominale et la valeur de remboursement ?

    A supposer que cette hypothèse soit la bonne, la dépréciation calculée correspondrait bien à une subvention déguisée de la métropole, non pas des contribuables mais des porteurs d’obligations. (voir page 47)

      Le même type de question technique est à poser en ce qui concerne les avances dont le contenu et le déroulé historique mériteraient d’être décortiqués, si cela n’a pas déjà été fait, mais nous reviendrons sur ce sujet dans l’examen du chapitre 2.

    3 – Il conviendrait tout de même de rappeler que la loi du 13 avril 1900 interdisait toute subvention publique aux colonies, et que parallèlement, en l’absence d’une Fédération d’AOF créée en 1895, intégrée dans la zone franc de l’époque, et sans la garantie de la métropole, aucun emprunt n’aurait pu être honoré.

        Il est évident que cette interdiction éclaire les calculs qu’a effectués Catherine Coquery-Vidrovitch.

    4 – Est-ce que l’introduction d’un système monétaire moderne et commun à toute l’AOF, avec la possibilité nouvelle d’emprunter des fonds sur le marché ne représentaient pas une aide indirecte dont le prix était difficilement mesurable ?

     En conclusion de l’examen de ce premier point, il est difficile de partager les appréciations de l’auteur lorsqu’elle écrit :

      « Nous voyons donc à l’issue de cette revue de littérature que le coût que la colonisation a fait peser sur les finances publiques françaises reste encore aujourd’hui indéterminé et en proie à une vaste entreprise de désinformation. »

     « Désinformation » ? Vraiment ?

        Il est loin d’être assuré que « la revue de littérature » en question ait permis d’y voir plus clair dans le bilan économique proposé : bilan ou littérature ?

Jean Pierre Renaud

Humeur Tique : L’Europe Modèle 2014 !

Avec un Président de la Commission Européenne, champion des paradis fiscaux !

Avec un Commissaire aux Affaires économiques et monétaires, champion pressenti de la bonne gestion : cadeau de bienvenue : une dette publique de la France  de plus de 2.000 milliards d’euros

Après le PSG, le Qatar investit l’Ecole Militaire: à cheval ! à cheval …!

Après le PSG, le Qatar investit l’Ecole Militaire : à cheval, à cheval … !

Lu dans Direct Matin du 30 septembre 2014 :

« 120 METRES DE LARGEUR

« C’est la surface de la façade de l’Ecole Militaire (7°) sur laquelle sera projeté vendredi un film de présentation du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe, qui aura lieu dimanche. Cette œuvre hippique de dix minutes sera diffusée deux fois dans la soirée, à 20h45 et à 22h30. www.France-galoip.com »

Le ministre ou le général qui a donné cette autorisation mériterait d’être mis aux arrêts de rigueur à Doha !

Histoire coloniale: France et Afrique occidentale française, la thèse Huillery

« Histoire coloniale, développement et inégalités dans l’ancienne Afrique Occidentale Française »

HESS – 2008 – Thèse de Mme Huillery

Notes de lecture critique que nous allons publier successivement au cours du quatrième trimestre 2014

II

Les caractères gras sont de ma responsabilité

Avant-propos 1

 Sur ce blog, à la date du 10 juillet, j’ai fait part aux lecteurs de mon intention de publier, au cours de le l’automne prochain, mes notes de lecture critique de la thèse de Mme Huillery, intitulée « Histoire coloniale, développement et inégalités dans l’ancienne Afrique Occidentale Française ».

           Comme je l’ai indiqué, cette thèse vient de faire l’objet d’une certaine publicité, pour ne pas dire de propagande, parce qu’elle démontrerait, que l’homme blanc a été le fardeau de l’homme noir, et non l’inverse.

          Après sa soutenance, j’ai passé beaucoup de temps à analyser et à décortiquer ce document, compte tenu de l’intérêt du sujet sur le plan de l’histoire économique de la colonisation, incontestablement un  des points faibles de l’histoire coloniale et postcoloniale.

            Etant donné l’écho que ce travail vient de recevoir dans les médias, j’ai repris complètement mon travail de lecture critique et décidé d’en publier les résultats, pour la raison simple, que je ne partage pas la plupart des analyses de Mme Huillery.

         La lecture de cette thèse, qui a demandé beaucoup d’effort de la part d’une thésarde brillante, dotée d’un vrai savoir-faire économétrique, m’incite, à nouveau, à poser la question de la scientificité des thèses, alors que dans ce cas-là, comme dans d’autres, il ne reste aucune trace publique d’une soutenance que les textes officiels qualifient de « publique ».

         Il aurait été en effet intéressant d’avoir communication du ou des rapports présentés par le rapporteur ou tel ou tel membre du jury, des questions ou avis donnés par le jury, des résultats du vote, afin d’éclairer les lecteurs sur la pertinence scientifique des analyses proposées, sur le rôle d’un directeur de thèse, afin d’éviter sans doute les questions qui fâchent quant à la lecture de ce type de document.

         Les orientations données à ce travail, dont l’ambition était théoriquement historique, les résultats de cette recherche financière et économique importante, le ou les rapports présentés au jury, le débat qui a peut-être suivi, auraient peut-être conduit à éclairer les questions que cette thèse ne pouvait manquer de poser sur plusieurs plans : la description du système économique financier colonial, entre métropole et AOF, et entre Fédération de l’AOF et colonies rattachées, son historicité avant et après la Deuxième guerre mondiale, la signification  des concepts économiques et financiers utilisés, les chiffres eux-mêmes, la composition et l’évolution des balances commerciales et financières de l’AOF, la pertinence des bases des corrélations proposées, c’est-à-dire à la fois la représentativité des bases de début de siècle ou de fin de siècle, avec une projection inédite de calculs de valeurs portant sur presqu’un siècle…

Avant-propos 2

           Avant d’analyser le contenu de cette thèse qui démontre une très grande vélocité technique dans le maniement des outils économétriques et statistiques, avec force cartes, tableaux et graphiques, souvent en couleur, j’aimerais introduire ma lecture critique avec deux citations, celles du géographe Richard-Molard et du directeur de la thèse de Mme Huillery, et une interrogation sur les échelles des grandeurs en jeu entre la France et l’AOF :

–        Une première clé géographique : dans son livre « Afrique Occidentale Française » (1952), le géographe Richard-Molard écrivait :

         « Un autre contraste éclate entre l’Europe et l’AOF. Là, le Continent fait corps avec la mer. La voie maritime s’avance du sud, de l’ouest, du nord dans l’intimité des terres ; elle s’y prolonge par des fleuves navigables. Sans cela, l’Occident méditerranéen serait inintelligible. Les « peuples de la mer » font les civilisations. L’Afrique de l’ouest n’en possède aucun. Elle subit une anémiante continentalité ; et l’AOF la subit particulièrement pour trois raisons…. La « barre » en souligne la netteté ; en fait une barrière…L’Afrique occidentale tourne le dos à la mer… Contrairement au Pacifique et à l’Océan Indien, l’Atlantique n’a jamais été une mer de civilisation. ..Enfin l’AOF est particulièrement enfermée dans la continentalité pour des raisons purement historiques et politiques qui proviennent de la façon dont les Français l’ont acquise et dessinée… » (p,XII) ( C’est-à-dire à partir du Sénégal vers le Niger)

         « On trouverait difficilement, dans le monde, un aussi considérable bloc continental que la nature aurait avec autant de soin réussi à séparer des mers. » (p,39)

          « La géographie physique, les genres de vie et l’histoire ont enfermé ce monde noir dans l’un des blocs continentaux les plus étanches du monde, marginal dans un monde marginal. » (p,129)

        « Il en résulte que si  le monde des savanes tient la vedette dans le passé de l’Afrique occidentale, aujourd’hui il forme le « secteur intérieur », gravement handicapé par sa continentalité, au profit du « secteur extérieur » naguère ignoré, aujourd’hui seul ouvert. » (p,186)

          Une deuxième clé postcoloniale proposée par M.Cogneau, directeur de cette thèse, dans un article de M.Philippe Fort paru dans Look@sciences intitulée « Le lourd héritage colonial en Afrique de l’Ouest ».

        L’auteur introduit son sujet en écrivant :

        « Et si le modèle colonial français expliquait le retard des pays francophones d’Afrique de l’Ouest ? C’est à cette question que s’est intéressée Elise Huillery, enseignante et chercheuse à Sciences Po. L’origine des inégalités de développement observées au sein même de l’ancien « pré carré » français en Afrique résiderait, selon elle, pour une large part, dans les logiques de l’investissement public colonial…. 

       « En analysant les données des archives coloniales à l’échelon du district où étaient concentrés les pouvoirs effectifs, explique Elise Huillery, j’ai constaté l’existence de liens entre les investissements réalisés alors et des indicateurs de l’état de développement actuel : taux d’accès à l’école primaire, à l’eau potable, à l’électricité ou aux soins médicaux…

      Cette étude permet de sortir d’une impasse. « Il existe un trou noir sur les investissements publics entre l’indépendance dans les années 1960 et les années 1990 » constate Denis Cogneau, professeur associé à la Paris School of Economics et directeur de recherche à l’IRD. «  Cela rend extrêmement difficiles les comparaisons directes entre investissements pré et post coloniaux. » Le choix du district comme échelon de l’étude permet de surmonter cette difficulté. En effet, en offrant un vaste échantillon de données très précises, il rend possible l’analyse des politiques d’investissement de plusieurs zones de colonisation qui disposaient au départ, d’un potentiel similaire. Au terme de son analyse, l’héritage colonial est la seule explication des inégalités de développement observées au sein même de l’ancien « pré carré » français en Afrique. Elise Huillery l’affirme : « la colonisation a bouleversé la carte économique de l’Afrique de l’Ouest »…

        Dans le mode d’organisation colonial français, le choix des investissements est du ressort des administrateurs locaux…

     L’étude montre bien que le niveau de développement régional actuel dépend des investissements coloniaux initiaux. Elise Huillery cite notamment l’exemple du Bénin : « Le choix colonial français a été de privilégier Cotonou, aujourd’hui capitale administrative et économique du pays, au détriment de Porto Novo, hostile à la présence étrangère. Cotonou, après l’indépendance du Bénin, a ensuite continué à attirer la plupart des investissements et est aujourd’hui  largement plus développée. »

           Précisons que ces deux cités du Bénin actuel, proches l’une de l’autre, sont situées toutes les deux sur la côte du Golfe de Guinée, et non dans l’hinterland du massif de l’Atakora, à une distance de l’ordre d’une cinquantaine de kilomètres, l’une de l’autre.

        « Héritage colonial » ou « trou noir » statistique sur trente années?

       Ces quelques extraits permettent déjà de mettre le doigt sur tout un ensemble de questions qui n’appellent pas obligatoirement les réponses de Mme Huillery ou de M.Cogneau.

        Dans le cadre de quelles échelles de grandeurs entre la France et l’Afrique occidentale française ? Un rapport inégal quasiment constant.

        Tout au long de la période 1895- 1939, il n’y avait aucun rapport dans les ordres de grandeur, entre les budgets et le commerce extérieur de l’AOF et ceux de la France. Citons en quelques-uns en laissant aux chercheurs le soin d’aller plus loin dans ce type de comparaison statistique.

        En 1906, le budget de la Fédération de l’AOF était de 42 millions de francs (rapport Gouverneur Général décembre 1907) et celui de la France de 3,6 milliards.

         Le chiffre du commerce extérieur de l’AOF était alors de 144 millions de francs, dont 62 pour les exportations, et 82 pour les importations, soit un écart négatif de 20 millions

        En 1938, après la crise, le budget de l’AOF était de 51 millions F 14 (francs 14), et celui de la France de 3,4 milliards F14.

        En 1938, le chiffre du commerce extérieur de l’AOF était de 458 millions de F 14 (import = 245 millions et export = 213 millions, soit un écart négatif de 32 millions), à comparer, à deux années près,  au chiffre du commerce extérieur  « France Colonies » de la même année, de 2,7 milliards de F14, et à celui de la France, 8,742 milliards de F14, soit 5% environ. (Richard-Mollard, p,209)

     Ce rapport inégal dans les ordres de grandeur persista jusqu’aux indépendances des années 1960.

        Il est évident que toute analyse économique et financière du sujet AOF ne peut pas ne pas tenir compte de ce type de disproportion de valeurs entre les deux acteurs étudiés, et introduire des raisonnements de type marginaliste.

       L’AOF n’a représenté qu’un coût marginal pour la France, et une utilité marginale qui reste peut-être à démontrer, au moins jusqu’en 1939, alors que le même franc pouvait avoir une utilité marginale très élevée pour l’AOF, notamment à l’occasion des grands travaux d’infrastructure réalisés.

       L’auteur de cette thèse pourrait d’ailleurs accréditer ce type de raisonnement dans ses démonstrations de corrélations marginales calculées à partir des bases  retenues, si elles ne prêtaient pas à discussion.

        Enfin, et de nos jours, combien d’ONG agissant en Afrique ne font-elles pas leur publicité de collecte des fonds en usant d’un raisonnement de type marginal en disant à leurs donateurs, si vous donnez un euro, ou dix euros, vous sauvez de la famine x personnes ?

Avant-propos 3

            Dans ce type d’analyse portant sur l’histoire des relations économiques et financières entre la France et l’Afrique Occidentale Française, il est capital, dès le départ, de prendre au moins deux précautions de méthode, et donc de vérifier :

          1 – que cette analyse soit étroitement reliée à l’histoire classique des faits et des événements, celle qui a généralement la faveur de beaucoup d’historiens, et au fur et à mesure de nos observations et questions, nous verrons que ce n’est pas toujours le cas.

        2 –  que la même analyse s’inscrive rigoureusement dans l’histoire du système économique et financier qui était celui des relations coloniales, fixées juridiquement, entre la métropole et l’Afrique Occidentale Française.

        Les règles de fonctionnement de ce système furent très différentes après 1945, notamment en raison de la création du FIDES.

          Comme nous le verrons, cette histoire économique et financière s’inscrit dans un avant et un après 1945.

          Rappelons que l’objet que s’est fixé cette thèse s’inscrivait très étroitement dans un cadre juridique et historique fixant tout un ensemble de règles à appliquer sur le plan de la zone monétaire du franc, avec la création d’un institut d’émission propre à l’AOF, la Banque de l’Afrique Occidentale, la parité entre le franc AOF et le franc métropolitain, au moins jusqu’à la création du franc CFA, c’est-à-dire une relation monétaire, financière, et douanière, sous contrôle métropolitain.

         La métropole avait également fixé un cadre budgétaire tout à fait clair pour les deux types d’entités, la fédération et la colonie, un cadre également contrôlé par cette dernière, c’est-à-dire par ses Ministres des Finances ;

      Indiquons qu’après la loi du 13 avril 1900 arrêtant le principe de base qui laissait à la charge des colonies le financement de leur développement, deux textes de base, le décret du 30 décembre 1912 et la loi du 30 avril 1946 portant création du FIDES fixèrent les règles du jeu du système financier et économique colonial.

Le chemin de lecture critique proposée :

             Mes analyses ne suivront pas le cours normal des chapitres, c’est-à-dire de 1 à 4, mais un cours différent, le chapitre 1 en premier, un chapitre de revue de lecture de la « littérature coloniale » publiée sur le sujet, puis les deux chapitres 3 et 4 qui traitent des corrélations pouvant exister dans les 120 districts d’AOF entre investissements publics (infrastructures, personnel enseignant, personnel soignant), réalisés entre 1910 et 1928 et les « current performances » constatées dans les mêmes districts dans les années 1995, un des deux objectifs de cette thèse étant de démontrer que c’est la politique d’inégalité coloniale des investissements qui a été la cause des inégalités modernes constatées, et enfin le chapitre 2 qui me parait se situer au cœur du sujet traité, un sujet qui m’a conduit à raviver ma connaissance de ce sujet.

        L’ambition du chapitre 2 est en effet de démontrer que l’Afrique Occidentale Française a été une bonne affaire pour la France, ou en tout cas, qu’elle n’a pas coûté à ses contribuables.

          Ce chapitre est important parce qu’il pose beaucoup de questions capitales sur la connaissance du système financier colonial, sur son fonctionnement, et tout autant sur sa pertinence historique, questions que nous avons examinées à la fois à la lumière de l’histoire classique, du cadre juridique qui régentait ces questions, ainsi que de quelques éléments statistiques qu’il sera utile de confronter à ceux qui figurent dans le livre « La Zone Franc » de François Bloch-Lainé.

        Dans l’ordre donc :

             Chapitre 1 – Mythes et réalités du bilan économique de la colonisation française – p,19

         Chapitre 3 – History matters: the long term impact of colonial public investments in French West Africa – p,123

        Chapitre 4 – The impact of European Settlement within French West Africa – Did pre-colonial prosperous areas fall behind ? – p, 179

         Chapitre 2 –   Le coût de la colonisation pour les contribuables français et les investissements publics en Afrique Occidentale Française – p,71

Jean Pierre Renaud

HUMEUR TIQUE – L’APPEL du 21 septembre 2014: ICI FRANCE 2 !

L’APPEL DU 21 SEPTEMBRE 2014 : ICI FRANCE 2, LA CHAÎNE PUBLIQUE DES BONS CONTRIBUABLES !

Sarkozy sur FRANCE 2, dimanche de la Saint Mathieu !


Un petit parfum de 17 juin 1940, avant l’appel du 18 juin 1940:

Le Maréchal déclarait :  » tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur… »

Et Carla, et Bismuth ?

Drôle d’anniversaire si l’on en croit le vieux dicton:

« Saint Mathieu pleure au lieu de rire, le vin au vinaigre vire« 

Humeur Tique – Versailles – Elysée – Versailles – Élysée – etc… La France en guerre sans vote du Parlement

Élysée, le 18 septembre, le Président :  » J’ai décidé …  » de faire une nouvelle guerre, cette fois en Irak, après le Mali, et la Centre Afrique !

Sans vote du Parlement, puisqu’en 2008, l’UMP a donné ce pouvoir de monarque absolu au Président !

Le Parti Socialiste s’était alors abstenu .

Retour aux sources ? Comme au bon vieux temps de la monarchie absolue de Louis XIV !

UMP – PS : même combat !

La France n’est plus une démocratie !

Humeur Tique Le destin pathétique d’un Président

        L’ancien directeur des journaux Le Monde et la Croix, M.Bruno Frappat, a publié, dans le journal des 13 et 14 septembre 2014, et dans la rubrique « L’humeur des jours », un texte intéressant sous le titre « Bilan d’un été pourri ».

           A retenir après l’analyse « Guerres », celle qui concerne la

          « France

          Et la France dans tout ça. Pathétique, à sa mesure. A l’image d’un Président à qui rien de ce qu’il lance ne réussit. Ou plutôt qui réussit à liguer tout le monde et son père contre chacune de ses initiatives… »

           Une France pathétique, ou un Président pathétique ? Elu sans projet ni stratégie ! A faire chaque jour de la com’, comme son prédécesseur, annonçant des décisions aussitôt contredites, à la recherche éperdue d’une popularité qu’il croit reconquérir dans les aventures de la politique étrangère ou dans la commémoration de l’histoire de France.

        Pathétique, la confession d’alcôve de M.Hollande au dernier sommet de l’OTAN qui débattait des grands sujets du monde ! Dans un nouveau siècle de la grandeur de la France ?

             M.Frappat se demande à son sujet :

« Où trouve-t-il la force de résister à l’envie que, à sa place, nous éprouverions de tout envoyer promener ? Dans l’aveuglement ?…

         Est-ce que les citoyens n’ont pas en tête une explication plus simple ?

         Chaque matin, en se rasant, et avant son élection, son prédécesseur se posait la question de son avenir présidentiel.

               Chaque matin, le Président actuel s’émerveille d’être à l’Elysée, ou d’y être encore ?

    La France est décidément mal barrée !

L’Empire Britannique des Indes par Lanza del Vasto

L’Empire Britannique des Indes (année 1937) vu par Lanza del Vasto

            Au cours de l’année, j’ai publié une série d’exercices de comparaison entre les deux Empires coloniaux de la Grande Bretagne et de la France.

            La lecture d’un des ouvrages de Lanza del Vasto consacré à l’Inde religieuse nous propose une illustration supplémentaire de l’Empire britannique.

            La vie de Lanza del Vasto fut un roman, mais avant tout celle d’un guide spirituel qui s’inscrivit dans la longue lignée des explorateurs, voyageurs, et intellectuels occidentaux qui partirent en quête des mystères de l’Orient, ceux de l’Inde, dans le cas de Lanza del Vasto.

                 Dans le halo de l’orientalisme des siècles passés !

            A la fin de l’année 1936, il partit vers le fleuve sacré du Gange, pour y rencontrer Gandhi, apôtre de la non-violence, et pour s’imprégner, s’immerger dans la culture  religieuse hindoue.

            Dans deux livres « Le pèlerinage aux sources » et «  Vinôbâ ou le nouveau pèlerinage », Lanza del Vasto livra le récit d’une expérience humaine et spirituelle qui le mena jusqu’aux sources du Gange, dans l’Himalaya, tout en lui permettant de bénéficier de l’amitié de Gandhi.

               De retour en France, il y fonda plus tard « L’Arche », une association qui militait pour la non-violence.

              Dans le livre « Vinôbâ ou le nouveau pèlerinage », Lanza del Vasto donnait la parole au sage indien qu’était Vinôbâ, disciple de Gandhi, né en 1895,  lequel décrivait la situation des Indes au moment de l’Empire anglais des Indes :           

            « O Inde ! O oiseau d’or de l’Orient comme on le nommait encore au siècle dernier, ô pauvre oiseau plumé, qui t’a fait ça ?

            L’ombre de nous-mêmes, voilà ce que nous sommes devenus !  Notre malicieuse caricature qui nous dévisage en grimaçant.

            Car nous sommes bien le même peuple qui bâtissait des sanctuaires comme des montagnes. Et ils sont encore debout, mais nous ?

            Le même peuple qui prenait une montagne et qui le transformait en statue, mais nous ?

            Le même qui tant rayonnait par le savoir, et la maitrise de soi que toute l’Asie se rangea librement sous sa loi, mais nous ?

            Le même qui dominant tout et ne trouvant en face de soi que Dieu aperçut ses Abîmes de de gloire et adopta l’humilité. Mais nous avons accepté l’abjection !

            Le même qui qui, par sagesse avait choisi le dépouillement, mais nous sommes tombés dans la misère et la paresse.

            La paresse, la peur et l’ignorance nous expliquent tout entiers…

            Un siècle de servitude nous a fait ça !

         Nous sommes esclaves, c’est un fait, mais notre maître où est-il, que nous lui sautions à la gorge ?

           L’Anglais est là comme s’il n’était pas là. Chaque fois que l’Indien veut l’atteindre, il se trouve devant un autre Indien qui le frappe. Il en faut conclure que nous nous opprimons nous-mêmes au nom d’un autre, comme celui qui saute en rond en se fessant la joue à cause d’un moustique qui s’est envolé.

            Il y a bien de quoi hurler de rage, et plus nous clamons notre malheur plus nous nous rendons ridicules.

            On ne peut pas chanter la Nouvelle Epopée ni le héros qui subjugua l’Empire fu Grand Mogol et quelques centaines de royaumes indiens, parce que l’épopée fut une farce dont les héros n’étaient qu’une poignée de trafiquants étrangers qui avaient imaginé cet expédient pour s’engraisser aux dépens d’autrui.

Nous n’avons pas été vaincus, nous avons été joués.

            Ils ont joué le Musulman contre l’Hindou, puis l’Hindou contre le Musulman, puis le Nabab et le Radja contre le Radja. Ils se sont enracinés dans ces querelles, infiltrés dans les interstices, entre les castes.

            Leur piège nous nous y sommes précipités, nous nous y sommes poussés les uns les autres, et, dedans, nous continuons à nous bousculer comme on, se presse au théâtre pour se faire un place.

            Nous ayant joués, ils continuent à se moquer de nous ; nous ayant gagné a au jeu, ils nous ont vendus : l’Anglais a vendu l’Inde aux anglais et d’est l’Indien qui paye la note et qui continue à la payer.

          L’Anglais lève chez nous la troupe et puis l’impôt qui serte à entretenir la troupe qui sert à le défendre contre nous.

            Nous faisons les frais du Gouvernement vive-royal et de ses pompes destinées à nous éblouir, ce qui est à peine drôle puisque nous en sommes éblouis en effet. Mais nous faisons aussi les frais de l’Ambassade britannique en Chine et de telle réception de la Cour d’Angleterre, ce qui commence à ressembler à une histoire de fous.

            Nous avons en argent et en hommes payés le prix de notre propre conquête, ce qui est d’une logique impeccable ; mais nous avons aussi payé le prix de la conquête de la Birmanie, des expéditions de Perse et d’Afrique et surtout de la guerre d’Europe où de toutes nos forces nous essayons d’empêcher les Allemands de nous débarrasser de l’Anglais,  car nous sommes prêts à tous les sacrifices pour éviter notre délivrance !

         J’ai souvent vu un éléphant conduit par un petit garçon assis sur sa tête, et quand le garçon était d’humeur joyeuse il s’amusait à le faire tourner en rond. Mais lequel était capable et digne d’écraser l’autre, de ce petit chenapan ou du divin Ganesh ?

        Il y bien de quoi hurler de rage et pleurer de rire !

      Et le jeune homme criait, mais dans son cœur, la muette colère qui lui fouettait le sang l forçait à presser le pas et le jetait plus loin de la foule… » (pages 16,17,18)

     Comme indiqué plus haut, cet extrait, assez représentatif de la situation de l’Empire des Indes Anglaises, a été tiré du livre  « Vinôbâ ou le Nouveau Pèlerinage »

Jean Pierre Renaud

« Un os dans le tweet de Valérie » blog du 10 juillet 2012 ou « Il l’a dans l’os » du 7 septembre 2014

 « Il l’a dans l’os ! « 

                           Au sujet du tweet de Valérie et dans les pavés de l’actualité   

                       des   médias !

                        Le journal Le Monde du 22 juin 2012 avait offert deux pages de son quotidien aux nouveaux  » docteurs de la loi », deux sociologues, un professeur de Faculté, une philosophe, une romancière, Madame Garat, pour la défense de Valérie, sur le terrain des frontières de l’intime et du public en politique, l’égalité des sexes, du machisme, etc…

                        Evoquant les personnages de Ségolène et de Valérie, « les ravissantes », la romancière avait écrit, entre autres :  » Loin du vaudeville, c’est un genre de réalité où se racle à l’os la vérité du sujet »

                         Nous y sommes effectivement !

                      M.de Singly avait écrit entre autres : « … il est temps de rompre avec le modèle d’une  » normalité conjugale« …. Apprécions les contours d’une nouvelle normalité sociale et conjugale qui se dessinent… »

                M.Fassin, autre sociologue en avait remis une couche sur le terrain du machisme:

 » …un burlesque qui révèle un sexisme antiparitaire « 


              En conclusion, un simple voeu: que le journal Le Monde offre à nouveau ses colonnes aux signataires de la grande et belle défense savante des signataires des deux pages du 22 juin 2012 : sujet « Il l’a dans l’os ! « 

            Avec la question du mélange des genres entre politique et médias !


                Jean Pierre Renaud