Les Indigènes de la République et l’art africain de la Cour d’Abomey: deux pièces à verser au dossier

Avec Jean Clair : dans le livre « Terre natale » « Exercices de piété » (Gallimard-2019) où « Il évoque à nouveau son enfance en Mayenne, ses parents dont il dresse  des portraits émouvants, presque déchirants, la campagne des années quarante et cinquante qui a disparu comme les haies qui la scandaient, revenant ainsi à des thèmes dont ses lecteurs sont familiers. »

            Historien d’art, Jean Clair a été directeur du Musée national Picasso-Paris jusqu’en 2005.

            Il s’agit d’un livre austère, mystique, nourri de culture et de voyages, souvent décoiffant, lorsque l’auteur décrit la société actuelle par rapport à celle du passé de notre pays.

            Dans ses réflexions sur l’art, le lecteur ne peut évidemment pas manquer d’y voir la marque du sous-titre de ce livre « Exercices de piété ».

            Je propose quelques extraits de son texte qui font écho à quelques-unes de mes réflexions et publications sur deux sujets, la propagande du groupe de pression « Les Indigènes de la République » et la restitution d’objets d’art de l’Ouest Africain à  leurs pays d’origine, anciennement le Dahomey, aujourd’hui, le Bénin.

            En ce qui concerne, ce deuxième thème, le lecteur aura la possibilité de relier le propos « religieux » de l’auteur à la comparaison que fit un illustre hiérarque de l’association en question : ce dernier indiquait qu’en privant le Bénin du Trésor de la Cour de Béhanzin à Abomey, notre pays privait ses habitants d’une sorte d’équivalent de la basilique royale de Saint Denis.

Les Indigènes de la République

            Le blog de janvier 2017 a consacré de nombreuses pages au thème polémique des Indigènes de la République, notamment en citant de larges extraits du livre d’Eugen Weber « La fin des terroirs » dans lequel l’auteur décrit le passé de nos terroirs.

         La condition des paysans de France n’avait rien à envier à celle de beaucoup d’Indigènes des colonies françaises,  une comparaison historique chère à certains groupuscules politiques et multiculturels voués à la revendication, à la repentance, et à la réparation, le plus souvent en monnaie sonnante et trébuchante…

         « Monuments aux morts, griffés de haut en bas, au cœur du village, tables de marbre, dans la nef de l’église, entassant des noms dont personne ne se souviendrait plus. Les paysans avaient fourni la piétaille pour les charniers de la Première Guerre. Cela avait permis de réduire une classe sociale dont la nécessité n’était plus évidente. On se servirait d’eux, une dernière fois. Les masses rurales, jusqu’alors majoritaires, nécessaires à nourrir la nation, avaient été intégrées, du moins le voulait-on ainsi, dans une entité administrative qui leur assurerait la sécurité, la santé, l’éducation, l’armée, la  police, les juges, les gendarmes, les instituteurs. Mais ces communautés furent en réalité dépouillées de leurs droits communaux, prés communaux, droit de chasse et de pêcher, code forestier, privés de leur façon de vivre, de penser et de parler, et soumis finalement à des conventions et à des langues qui leur éraient étrangères, comme un conquérant l’impose à des colonisés. Les colonies de ruraux étaient là, clairsemées et isolés, prêtes pour une exploitation économique.

        Plus peut-être. Il  m’arrive de penser que la façon dont les petits paysans furent les premiers appelés au début de la guerre d’Algérie pour renforcer les effectifs de l’armée d’active, rappelant la façon dont on avait à sa fin enrôlé les harkis pour renforcer le contingent venu des villes. Les paysans de nos campagnes avaient été les derniers des colonisés, les idiots des Landes et les crétins des Alpes, les péquenots des patelins perdus, plus proches des indigènes, des autochtones d’outre-mer, des djebels de Kabylie ou des Marquises, que des gens des cités qui venaient l’été les visiter. On les laisserait tomber après coup, comme avait laissé tomber les supplétifs, pour achever de réduire, jusqu’à la faire disparaitre, une communauté rurale devenue inutile, et inassimilable. » (page 103)

            Quelle population aura connu une telle décimation ? Ils auront perdu jusqu’à leur nom. De « paysans », ils sont devenus des « agriculteurs ». Ou bien ailleurs, des « éleveurs ». Mais les paysans étaient à la fois et nécessairement des agriculteurs et des éleveurs. On les avait sommés de choisir, comme l’ouvrier à la chaine doit se spécialiser. Les deux mamelles se sont taries. Et les « pays » ont disparu…. » (page 107)

&

L’art de la Cour d’Abomey

&

« TERRE NATALE »

Jean Clair

XXIII

« La Débâcle » (page 373)

 L’art de la Cour d’Abomey

                        « … On a rempli les musées à mesure qu’on vidait les églises Mais le sanctuaire est un lieu qui a un sens, ordonné qu’il est à l’horizontale comme à la verticale, par des objets, statues ou peintures, disposés selon leur destination, chacun ayant sa valeur et son sens, du portail où sont les saints à l’autel où sont les dieux, du niveau où sont célébrés les Evangiles à celui où l’on se remémore les Epitres : un espace plein où rien n’est interchangeable, ne se soustrait ni ne s’ajoute, un parcours qui a son début et sa fin.

            Le musée et la collection, eux, ne nous livrent jamais que des matériaux errants, indifférents, qui ont perdu leur destination, leur pouvoir et leur sens. Sans attache, et sans fin. L’errance contre l’orance. » (page 387)

          J’ai fini par haïr les musées auxquels j’ai consacré ma vie ; ils illustrent trop bien l’échec de notre temps. A quoi bon constituer les collections d’art primitif, les quatre-vingt-dix mille objets ou plus venus d’Afrique ou d’ailleurs que conserve Branly et qu’on prétend aujourd’hui restituer ? Des œuvres d’art ? La notion était inconnue de ceux qui les façonnèrent : masques rituels, objets cérémoniels, c’étaient des instruments de culte, que les tribus détruisaient, que l’on brûlait, après qu’ils avaient servi. Seule la curiosité des Européens permit de les sauver, de les conserver, de les classer, de les inventorier et de les exposer.

        Les tribus africaines n’agissaient pas différemment des sociétés de la Grèce et de la Rome antiques, dont les prêtres enfouissaient dans des favissae, ou jetaient au feu, les objets qui encombraient les temples, mais qui n’en demeuraient pas moins la propriété des dieux, et non des œuvres d’art destinées à la satisfaction des hommes.

       Les musées nés de la modernité républicaine ne sont pas les fosses ni les bûchers des objets de culte où les conserver une fois que le culte a disparu. Tout au contraire prétendent-ils les sauver de l’invisibilité pour les offrir au regard des terrestres. Ce faisant, ils leur retirent leur pouvoir et leur sens.

       Plus courageux serait de restituer à l’église les sculptures, les retables qui n’ont jamais cessé d’avoir un sens et une vertu dans une société et dans une culture qui sont toujours les nôtres. Retirer une Piéta de l’autel pour lequel elle a  été conçue, et la raccrocher aux cimaises d’un musée, entre l’effigie d’un Roi et les figurants d’une bataille ; c’est priver l’image d’une puissance qui  la faisait participer du sacré et représenter les traits non seulement d’une personne, mais aussi de la force active qui était la sienne. Et finalement, au bout de quelque temps, c’est effacer au regard du visiteur de hasard ce qu’elle voulait si magnifiquement dire, selon une imagerie et des figures rigoureusement réglées – pour ne plus être qu’un jeu gratuit de formes, un néant visuel dans lequel l’art dit contemporain viendra puiser les raisons de sa fausse existence.

       Oserait-on faire chez nous ce que les Russes ont fait chez eux, quand le régime soviétique ayant disparu, on restitua aux orthodoxes les trésors dérobés après la Révolution dans le but de créer un musée des Religions et de l’Athéisme… ». ( page 397)

        « Inanis et vacua, informe et vide, sans forme et sans fond, c’est aussi une façon cavalière, en deux mots, de définir la nature de l’art dit contemporain, dans les derniers instants de son aventure. Dissolution, dislocation, disparition de toute forme visible, dispersion des limites, explosion des enveloppes, mais également refus du dicible, du mot, du sujet, de ce que dit l’image, et si précisément et si bellement, au-delà des incertitudes et des efforts des mots de la langue écrite et parlée.  Rien n’est sorti de cet art moderne et contemporain, qui prétendait annoncer le futur et lui donner son sens . Rien n’est sorti de lui que le tohu-bohu des musées sans forme et sans issue, et la rumeur des salles de vente hystérisées.

        Nous sommes à l’autre bout de l’histoire humaine non plus à sa genèse, dans ce désert de feu où brûlent les usuriers, les vendeurs, les marchands, tout empressés dans leur vie, à donner une valeur à des objets qui n’en avaient pas. Foires affolées où rien ne se vend que du vide, enchères où rien ne part qu’à des prix insensés. Titrisation du néant, usure de l’usurier qui perpétue l’illusion de l’art, en magicien funeste qu’il est, qui gesticule et qui crie, au-dessus du vide à présent béant… » (page 400)

       « En quel cercle de l’Enfer faudra-t-il les jeter, plus bas encore que le cercle où rôtissent les damnés de Dante ?

      La dévaluation des valeurs, Nietzsche n’aurait osé l’imaginer. Une dévaluation des valeurs autrement radicale que les dévaluations monétaires entrainées par la guerre, puisqu’il s’agit à travers la fiction nommé « art », de vendre de l’argent pour avoir plus d’argent. Car plus rien n’est une valeur, mais le signe d’un signe qui finit par ne plus rien signifier. Jeff Koons, Damien Hirst et les autres, à quoi bon nommer ces faux dieux, qui n’ont jamais  remplacé ceux que je craignais, que je priais et que j’aimais jadis, au moment de quitter une terre natale, devenue terre vaine aujourd’hui. » (page 401)

Commentaire : à lire ce texte sans concession et pour la définition de l’art en général aussi bien que celle de l’art contemporain, peut-être ne sommes-nous pas beaucoup moins loin de l’art africain que l’on ne pourrait le penser ?

     Eloigné de ses terres d’origine et de ses croyances, quel sens peut avoir l’art africain que les occidentaux ont mis à la mode, un art africain que la société moderne a placé comme catégorie de l’art contemporain décrite par l’auteur, avec tout ce que cela a entrainé  sur le plan de la spéculation et de la mode ?

       Pour avoir traité à maintes reprises sur ce blog de sujets d’histoire coloniale ou postcoloniale et des controverses qui agitaient encore l’histoire postcoloniale  sur les héritages blancs ou noirs, vrais ou supposés, il n’est pas interdit de penser que les revendications portant sur la restitution d’objets d’art africain (voir blog d’octobre 2016), notamment dans le cas d’Abomey, sonnent comme le symbole d’un colonialisme qui a réussi tardivement, et dans ce cas-là, à revêtir un costume africain.

          Jean Pierre Renaud  – Tous droits réservés

La Méthode Chirac et la Méthode Macron – A grands traits !

En 1997, j’ai publié le livre « La méthode Chirac » « De la Mairie de Paris à l’Elysée » qui décrivait la méthode de conquête du pouvoir de l’ancien Président.

        L’appellation de « méthode » a été souvent utilisée par les médias pour qualifier et comparer la gouvernance politique des Présidents qui se sont succédé à l’Elysée.

      Dans son numéro des 7 et 8 septembre 2019,  Le Figaro titrait en première page :

           « Proximité, dialogue : la nouvelle méthode Macron » 

       Sans avoir besoin de  procéder à  une analyse approfondie de la « méthode Macron », un gouffre sépare la manière de gouverner des deux Présidents : Chirac avait un passé politique connu et était le chef d’un parti politique  que les Français identifiaient.

       Ce qui n’est évidemment pas le cas de Macron, venu du « nulle part » d’une intelligentsia non encore identifiée par la grâce de l’affaire Fillon lancée par le Parquet Financier de Paris, intervention du pouvoir judiciaire qui a ébranlé les colonnes du temple républicain, sous les auspices de la République exemplaire que nous avons appris à connaître.

         Après un long passé politique, ses premières classes en Corrèze, sa conquête du parti gaulliste et de la Ville de Paris, en 1979, Chirac n’avait nul besoin de jouer la « proximité » ou d’afficher une volonté de « dialogue », car son ancrage dans le paysage politique, aujourd’hui les « territoires », était solide.

      Comme je l’ai indiqué dans ce livre et dans la synthèse de ma conclusion, la capitale a été au cœur d’un système de pouvoir démocratique « apparent »  mais en réalité, de pouvoir absolu sur les institutions récentes de la démocratie locale parisienne.

      Paris devint la plateforme politique d’un candidat permanent à la magistrature suprême, qu’il mit dix-huit années à conquérir, après maintes trahisons.

       Il a su utiliser tous les atouts qu’une capitale comme Paris mettait à la disposition d’un chef de parti politique, le Maire de Paris disposant de tous les leviers que lui donnait des institutions, dont beaucoup d’entre elles étaient et sont encore celles d’un État dans l’État. (1)

      Chirac a su magnifiquement en user en mettant en place un système de communication efficace et continu qui le faisait apparaître comme le grand maire qu’attendait Paris, le modèle proposé à la France pour devenir son Président.

       Il est évident que comparé à Chirac, Macron « rame » et ne peut que « ramer » comme chef d’un  parti qui n’a pas de doctrine, des « Marcheurs sans boussole » selon le titre d’un éditorial pertinent de Vincent Trémolet de Villers dans le Figaro du 9 septembre 2019.

      Chirac avait installé son personnage dans le halo d’un gaullisme encore vivant, fusse avec les ambiguïtés inévitables liées à sa durée. Je vous avouerai que j’ai toujours eu beaucoup de peine à entendre son propos « Chers compagnons », comme à la belle période du Général de Gaulle.

       Non seulement le Président actuel est venu d’un « nulle part » politique, mais a tout fait, depuis son élection pour court-circuiter les partis politiques en donnant la préférence à la méthode du débauchage, plutôt que de dialogue et de recherche d’un consensus minimum sur un programme de gouvernement républicain.

       De leur côté, les corps intermédiaires ont été ignorés, le Président actuel donnant la préférence à une gouvernance technocratique, et à l’occasion de la crise des gilets jaunes, au Grand Débat, confiant dans l’efficacité de la parole politique d’un « Premier de la Classe ».

       Faute d’ancrage sur le terrain, la vraie boussole de notre Président et de ses Marcheurs est sans doute constituée par la consultation d’une batterie d’algorithmes dont les résultats inspirent ses prises de décision.

         A la différence du Président actuel, Chirac avait le style et l’image d’un acteur de cinéma, et  connaissant à fond les faiblesses humaines, il ne s’était jamais mis en tête de vouloir ériger une République exemplaire, mais sans aucun doute le Président actuel le surpasse en volubilité et en dialectique de la parole.

     N’a-t-on pas un peu, et en effet, l’impression que le Président actuel est toujours en train de passer un Grand Oral de concours ?

Jean Pierre Renaud

  1. « Paris un Etat dans l’Etat »

« Haro sur les « premiers de la classe  » ! Sur l’ENA ou sur l’ENARCHIE » ?

Sous le patronage de Messieurs Macron et Chevènement !

            Dans un bel élan démagogique, et pour apaiser les « gilets jaunes », le Président s’est mis en tête de mettre par terre le système de sélection de notre élite nationale par concours, avec « en tête » la suppression de l’ENA.

            Sur le blog du 25 avril 2019, je me suis exprimé sur le sujet : partant de ma longue expérience administrative, je concluais en faveur d’un retour aux sources, une école du service public et pour le service public, et non plus une école du pouvoir telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. J’avais pu enregistrer les premières dérives de cette grande école au Ministère de l’Intérieur.

            Le 11 septembre 2019, sur LCP, et au cours d’un intéressant documentaire sur l’ENA, l’ancienne directrice de l’institution, Mme Loiseau a tenu un discours tout à fait surprenant : elle a fait valoir la nécessité de la réformer, tout en conservant à l’ENA son rôle  actuel de sélection des membres des grands corps (Conseil d’Etat, Cour des Comptes, Inspection des Finances), en indiquant qu’elle en voyait d’autant plus la nécessité, face au risque du Front National.

       Mme Loiseau avait sans doute oublié le corps judiciaire.

      Mauvaise conscience d’un Président ? Repentance ? A l’égard de qui ? Pour lui-même, en « premier de la classe » qui n’a pas encore su faire apprécier sa gouvernance technocratique, venue d’un « Ciel » français et mondialiste ? Une gouvernance changeante et imprévisible, avide de se raccrocher désespérément au terrain ?

       Heureusement pour notre  Président, un ancien « premier de la classe » le franc-comtois Jean-Pierre Chevènement est venu récemment à son secours en déclarant :

       « J’entends déjà (et encore) s’exprimer les critiques : les Français n’aimeraient pas l’image du « premier de la classe » que donne le président de la République. Préfèreraient-ils avoir, à sa place, le dernier de la classe ? »

      Un beau sujet pour un « Œil du Vingt Heures » de notre chaine publique, France 2 : interroger les citoyens du Territoire de Belfort pour savoir si le bilan politique et économique d’un « premier de la classe » qui s’est illustré par une belle longévité à Belfort, un bilan utile sur deux plans, d’une part, l’immigration et l’Islam dans les quartiers sensibles du territoire, d’autre part, la belle entreprise Alstom, que l’ardent « souverainisme » de son maire, député, sénateur, et ministre, n’a pas fait échapper au capital étranger.

    Jean Pierre Renaud

« Le soleil ne se lève plus à l’Est » Bernard Bajolet « Mémoires d’Orient d’un ambassadeur peu diplomate »

« Le soleil ne se lève plus à l’Est »

Bernard Bajolet

« Mémoires d’Orient d’un ambassadeur peu diplomate » (Plon-2018)

 Une lecture intéressante, mais comme l’indique la mention ci-dessus,  dérangeante.

            Un livre qui n’est pas toujours facile à lire, compte tenu  principalement de la problématique inextricable des pays où le mémorialiste a exercé ses responsabilités, et de l’importance des relations très personnelles que l’auteur décrit, donc de la couleur très personnelle de ses mémoires.

            A lire ce document, je me suis souvent demandé si la France n’aurait pas dû choisir des officiers plutôt que des diplomates pour la représenter, compte tenu du risque permanent que ses représentants courent dans ces pays (voitures blindées et attentats) : est-ce encore la place des diplomates, avec du James Bond en filigrane ?

      Autre remarque relative à la déontologie ancienne qui imprégnait le corps diplomatique : les temps ont effectivement bien changé quant au devoir de réserve de la fonction publique.

    Il est vrai que l’édition compte maintenant de nombreux exemples de récits qui s’en dispensent, et qu’au cours des dernières années, un ancien Président s’est adonné à un genre nouveau, celui de confessions presque quotidiennes.

     Dernière remarque : je ne suis pas sûr que la lecture de cette chronique puisse nous éclairer sur le contenu et les objectifs de la politique étrangère du  pays dans tous les pays cités (Algérie, Syrie, Bosnie, Jordanie, Irak, Afghanistan) et puisse-nous convaincre de l’intérêt que peut avoir la France à entretenir le réseau diplomatique dans sa configuration actuelle, et avec le flux nouveau de tweets ou communications en tout genre entre chefs d’Etat.

     Le  moment ne serait-il pas enfin venu de mutualiser avec l’Union Européenne nos représentations diplomatiques ?

Jean Pierre Renaud

    PS : j’ai déjà évoqué le livre en question sur le blog du  8/07/2019 à propos de l’Algérie

France-Albanie, le Foot, le Couac des hymnes nationaux du 7 septembre 2019 ?

En « Live » comme Monsieur Delahousse !

M6 a bien  des excuses, étant donné qu’il était difficile, un de savoir où était l’Albanie, deux s’il s’agissait d’une équipe nationale ou d’une équipe de réfugiés !

De janvier à avril 2019, demandes de protection déposées :

 3 068 = soit plus de 32,2 % par rapport à la même période en 2018 !

Source Ofpra

Foutaises ou Fictions historiques : les nouveaux explorateurs de Namibie ?

Foutaises ou Fictions historiques ?

« La Namibie dans le sillage des explorateurs »

Le Figaro Magazine des 28 et 29 juin 2019 (pages 91 à 99)

« Après Omaanda, Sonop, la seconde adresse namibienne d’Arnaud Zannier ouvrira le 5 juillet à l’extrémité sud du pays. Entre déserts et canyons, ce campement d’explorateur hors du temps incarne le rêve d’un esthète du XXième siècle, amoureux de l’Afrique australe et de la vie sauvage. »

            La rédactrice de ce reportage n’y va pas avec le dos de la cuillère pour encenser le créateur de ce nouveau lodge en Namibie, non plus qu’en troussant avec talent un récit imagé de sa découverte de la Namibie, avec de belles photos…

            Le titre de ce reportage est-il justifié ? « La Namibie dans le sillage des explorateurs » ?

        Est-ce qu’il s’agit vraiment d’ « Un voyage dans le temps guidé par l’histoire des premiers explorateurs anglais » ?

         Rappelons qu’au dix-neuvième siècle les côtes de Namibie furent au dix-neuvième siècle un enjeu colonial entre anglais et hollandais, et que les premiers à explorer cette contrée furent les missionnaires anglais de la puissante London Missionnary Society, les missionnaires allemands et finnois, puis les Afrikaners d’Afrique du Sud. Ces derniers ouvrirent la voie à la conquête coloniale allemande du Sud-Ouest Africain qui fut d’une grande violence, notamment avec le génocide des Hereros. A la fin de la première guerre mondiale, l’Afrique du Sud reçut un mandat international de tutelle de l’ancienne colonie allemande en sa qualité de Dominion de la Couronne britannique (statut de 1910), un dominion qui pratiqua le régime de l’apartheid.

        Ce rappel historique utile nous projette évidemment assez loin du reportage qui précise :

            « Il veut appliquer au monde de l’hôtellerie sa vision des choses : un décor authentique et un service attentif mais naturel… une philosophie qu’il résume souvent avec une citation de Léonard de Vinci : « La simplicité est la sophistication suprême »…

       Du Cambodge à la Namibie : En 2016, l’actrice Angelina Jolie séjourne à Phum Baitang durant le tournage de son film « D’abord, ils ont tué mon père ». Elle évoque auprès d’Arnaud le travail de ses amis Marlice et Rudie Van Vuuren, très investis dans la restauration de la vie sauvage en Namibie… Elle avait raison : j’en suis tombé amoureux… Ce que j’aime, c’est faire vivre la culture locale, tout en respectant le lieu et l’environnement. Je ne veux surtout pas imposer un modèle qu’on retrouvera ensuite dans chaque pays…

        Un poste d’observation idéal

      Sonop n’est pas un hôtel, c’est un voyage dans le temps, guidé par l’histoire des premiers explorateurs anglais du début du XXème siècle… »

          « Un campement d’explorateur hors du temps » ?

        Ne sommes-nous pas ici en pleine fiction ? Complètement en dehors du champ des descriptions multiples de campements qu’en ont faites les explorateurs de l’Afrique du dix-neuvième siècle ?

          Je recommanderais volontiers la lecture, entre autres, car il y en a eu des centaines d’autres,  du récit de l’exploration que fit Sir Samuel W. Baker, en 1861, en compagnie de son épouse vers les sources du Nil « Le Lac Albert » (Paris Hachette 1872), afin de se mettre « Dans la peau d’un explorateur » (page 97) à la fin du dix-neuvième siècle.

         « Voyage dans le temps » ? Vraiment ?

       En lisant que le lodge en question était « Meublé avec de véritables antiquités (plus de 500 pour l’ensemble du lodge » (page 97), je n’ai pas pu m’empêcher d’évoquer les récits de la vie coloniale anglaise officielle des « clubs », qui jalonnèrent l’histoire coloniale anglaise, avec l’exemple du récit « Une histoire birmane » de George Orwell. (1926, à Kyaut-hada, en Haute Birmanie. (1)

      « Dans chacune des villes de l’Inde, le Club européen est la citadelle spirituelle, le siège de la puissance anglaise, le nirvana où les fonctionnaires et les nababs indigènes rêvent en vain de pénétrer. » (p,23)

    A  lire la description de ce merveilleux lodge, la question peut se poser de savoir si son décor intérieur ne rappelle pas trop celui des « clubs » anglais de l’histoire coloniale.

       Ceci dit, et pour avoir, il y a une vingtaine d’années, effectué avec mon épouse, un voyage de découverte dans ce pays, il s’agit d’une belle région à visiter, notamment le désert du Namib, en notant qu’à cette époque, nous avions beaucoup plus vu de traces anciennes de la présence germanique que de la britannique.

        Enfin, dernière remarque, heureusement le Figaro Magazine ne publie pas que des articles, récits, ou reportages respirant à haute dose ce type de fiction.

            Jean Pierre Renaud

  1. Référence à l’analyse intitulée « Images des sociétés coloniales des années 1900-1930 » sur le blog eh-tique-media-tique@overblog.com du 20/06/2016

« Votre » télévision publique ? S’agit-il bien de votre télévision publique ?

 Pourquoi « votre » ? Chaque jour, « vos » journalistes annoncent « votre » journal, « votre » feuilleton, « votre » film…

            « Votre » ? En est-on sûr si l’on tente d’évaluer le contenu et la qualité du produit télévisé public qui nous est servi chaque jour, à la lumière de quelques critères :

La représentativité ?

       L’information délivrée est-elle représentative du monde et de la France actuelle, compte tenu de la place qui est faite aux faits divers farcis d’émotions,  par rapport à celle qui est donnée à l’information ?

            Pour ne citer que France 2 ou France 3, et les informations des journaux, avec de plus en plus de « décryptages », les journalistes oublient le plus souvent de proposer un cadrage de représentativité statistique du sujet traité.

            Encore plus quand il s’agit de télévision « trottoir » comme dans « Ma Rue » !

La transparence médiatique ?

            Le moment n’est-il pas venu pour la télévision publique d’ouvrir ses lucarnes afin de dire qui fait quoi et avec qui, entre les journalistes eux-mêmes et les ou leurs sociétés de production, les échelles de rémunération, les relations entre communicants et journalistes, entre les chaînes et les agences de communication ou de publicité … Que d’ « Histoires Secrètes «  à venir sur la 2 !  

La pédagogie citoyenne ?

            Je ne suis évidemment pas un critique spécialisé, pas plus sans doute qu’un téléspectateur représentatif, mais comment ne pas être surpris par l’importance des jeux d’argent qui jalonnent les programmes, des films violents, des émissions qui correspondent à des sortes de rentes « quasi-perpétuelles » pour leurs acteurs officiels ou cachés ?

         Comment expliquer la place quotidienne – même le dimanche ! – qui est faite à l’émission « Affaire Conclue », et ce goût des brocantes, alors que leur mode semble dépassée dans nos provinces ?

            En comparaison, et à l’occasion des dernières élections européennes, nos chaines publiques ont-elles fait le nécessaire pour en expliquer les enjeux, et une fois les élections passées, expliquer le rôle respectif de la Commission européenne, de sa Présidente et des Commissaires, de l’Assemblée  Européenne, de l’Exécutif européen, du qui fait quoi et avec qui ? Ou encore des pouvoirs respectifs de l’Union et des Etats membres, etc…

      Est-ce qu’il n’aurait pas été intéressant de proposer un calendrier régulier de chroniques spécialisées et d’ateliers-débats dans le but que les institutions de l’Union ne restent pas étrangères aux citoyens?

            Cela fait des années que j’estime que nos chaines publiques n’accordent pas une place suffisante à la pédagogie citoyenne et civique : pourquoi ne pas ouvrir quotidiennement une rubrique citoyenne ?

            Jean Pierre Renaud

France et Algérie – L’ « absurde » colonial – A l’ombre d’Albert Camus

France et Algérie

L’« absurde » colonial !

A l’ombre d’Albert Camus

 France et Algérie

L’« absurde » colonial !

A l’ombre d’Albert Camus

 J’ai lu avec beaucoup d’intérêt les pages que Monsieur Bajolet, ancien ambassadeur à Alger,  de 2006 à 2008, a consacrées à l’Algérie dans le livre « Le soleil ne se lève plus à l’Est ».

Le diplomate avait eu une première expérience de ce pays en qualité de premier secrétaire d’ambassade entre 1975 et 1978.

            Cette lecture soulève un certain nombre de bonnes questions, en même temps qu’elle laisse beaucoup d’entre  elles sans réponses :

            « Lors de notre entretien du 7 novembre 2006, Jacques Chirac, pourtant très populaire en Algérie, ne m’avait pas fait un tableau encourageant des relations franco-algériennes : « Elles sont foiroteuses, m’avait-il dit. Le peuple est beaucoup plus francophile que les dirigeants, qui sous-estiment ce sentiment. Je l’ai senti quand je suis allé en Algérie. Il y a des signes qui ne trompent pas. » (p,328)

            « Ma longue histoire avec l’Algérie

        Jacques Chirac avait raison. Trente ans plus tôt, lors de mon premier séjour en Algérie, j’avais déjà été frappé par la gentillesse des Algériens, qui m’accueillaient chez eux en famille dans toutes les régions du pays. Certains d’entre eux avaient pris les armes contre la France entre 1954 et 1962. Ils avaient peut-être tué des Français, sans doute aussi perdu des proches. Ils avaient défendu leurs libertés. Mais ils n’en voulaient pas à la France et encore moins aux Français. J’avais sillonné ce magnifique pays dans tous les sens. Jamais je ne vis de haine dans les regards ni entendis le moindre propos revanchard. (p,329)

      Contraste saisissant avec les relations officielles qui, elles, étaient glaciales, voire inexistantes. L’ambassadeur Guy de Commines, n’était jamais reçu par le président de l’époque, Houari Boumediene…

         Celui-ci ne voyait pas plus le ministre des Affaires étrangères, à l’époque Abdelaziz Bouteflika, qui ne passait quasiment jamais à son bureau. Le malheureux de Commines devait se rabattre sur les fonctionnaires du ministère. » (p,329)

       « L’Algérie, trente ans après mon premier séjour (p, 336)

         Lorsque je pris mes fonctions d’ambassadeur à Alger en décembre 2006, je fus immédiatement frappé par la profondeur d’un traumatisme que les « années noires », comme on les appelait pudiquement, avaient causé dans l’ensemble de la population… La lutte fratricide qui avait déchiré les familles elles-mêmes, ce sang, ces horreurs, les soupçons illustrés par le questionnement du « qui tue qui ? », le peuple algérien n’en voulait plus à aucun prix.

       Ainsi, l’Algérie que je retrouvais était en convalescence, ses blessures encore à vif. Je débarquais à l’aéroport tout neuf et pris l’autoroute, elle aussi récente, qui le reliait à la capitale : le pays avait développé ses infrastructures. De part et d’autre, je constatai l’extension de la ville : la population avait doublé depuis mon premier séjour. En revanche, à Alger, du métro, il n’y avait toujours que les bouches, construites depuis plusieurs décennies, sans doute pour faire patienter les Algérois. » (p,336)

        L’auteur décrit alors les ambiguïtés de la situation de l’Algérie, la corruption, en négatif, et, en positif,  les progrès de l’éducation avec un taux d’alphabétisation de 96 % et plus de 1 million d’étudiants à l’université, alors qu’en 1962 on ne comptait que huit cents étudiants algériens.

        « A ma surprise, la langue française, en dépit de la violente campagne d’arabisation de Boumediene puis de l’influence des chaines de télévision du Golfe, manifestait une résilience remarquable…. Je remarquai également la difficulté que les Algériens continuaient d’éprouver pour assumer un héritage autre que celui lié à la culture arabo-islamique. » (p,339)

       « Comme c’était le cas dans les années 1970, les Algériens avaient tendance à attribuer leurs retards et leurs échecs à la France coloniale. La question de la mémoire restait aussi vivace qu’à l’époque de Boumediene. Il y avait à cela deux raisons ; le groupe au pouvoir avait le sentiment que la France n’était pas au bout  du chemin ; il avait besoin, pour conforter une légitimité discutable, de continuer à s’appuyer sur la geste fondatrice du FLN…

      « Les difficultés que rencontrèrent les autorités algériennes de la période postcoloniale pour gouverner leur pays trouvaient donc en partie leur origine dans une conception absolue de la colonisation de la part de la France qui contrastait avec l’approche pleine de sagesse que Lyautey avait fait prévaloir au Maroc. Le contexte, il est vrai, y était différent : le Maroc disposait depuis plusieurs siècles d’un pouvoir monarchique déjà solidement établi, et la période du protectorat y avait été nettement plus courte (1912-1956).

      Pour autant, ce legs, ou plutôt cette absence de legs, ne suffit pas à excuser les échecs de l’Algérie indépendante. L’accaparement du pouvoir et des richesses par un petit groupe, la perte du sens de l’intérêt général, la prévalence des intérêts particuliers à tous les niveaux y ont leur part.

      Les Algériens, en tout cas les dirigeants au pouvoir lors de mon deuxième séjour, dont certains étaient nés français (à commencer par le Président) tendaient à regarder la France comme une sorte de mère indigne, qui les avait maltraités et qu’ils avaient rejetée, tout en gardant pour elle un fonds d’affection (souvent dissimulé), sans savoir, s’ils souhaitaient la voir davantage présente, mais dont ils exigeaient en tout cas une relation préférentielle, sinon quasi exclusive : la France les avait fait souffrir, et parce qu’elle les avait fait souffrir, pendant si longtemps, elle leur devait plus.

         La France ne pouvait et ne peut répondre à leur attente, car, si, pour les Algériens, même ceux qui lui sont les plus hostiles, elle reste la référence, il n’en est pas de même pour elle vis-à-vis de l’Algérie : les Français ont tourné la page et, face aux enjeux mondiaux et européens, l’Algérie tient une place certes non négligeable dans leurs cœurs et leurs esprits, mais relative. Du coup, les Algériens ressentent cette différence de perception comme un humiliation supplémentaire, que certains d’entre eux ne sont pas loin de croire délibérée.

       La charge historique et émotionnelle des relations franco-algériennes demeure donc réelle sur la rive sud de la Méditerranée, du moins en attendant que les nouvelles générations prennent la relève. Dans ces conditions, le meilleur parti n’est-il pas de faire un atout de cette dimension affective ? Force est cependant de reconnaître que celle-ci a plutôt été jusqu’à présent un handicap. Depuis l’indépendance de l’Algérie, elle n’a cessé de soumettre les relations entre Paris et Alger des mouvements oscillatoires de grande ampleur.» (p,341, 342)

      L’auteur relate alors les initiatives d’ordre divers qu’il prit ou fit pendre à Chirac, Sarkozy, et Hollande, pour tenter d’apaiser ce contentieux mémoriel, notamment la visite cordiale de Sarkozy en juillet 2007.

     « Le président Bouteflika

        Pendant mon séjour, j’avais établi une relation chaleureuse avec Abdelaziz Bouteflika qui me recevait souvent pendant de longues heures… Lors de notre premier entretien, en décembre 2006, je lui fis part du message « d’amitié, d’estime et d’affection » que le président Chirac m’avait chargé de lui transmettre…  » (p,349)

     « Avant de quitter Alger, en juillet 2008, j’écrivis pour le Quai d’Orsay une note de réflexion. « L’Algérie, constatais-je, est comme frappée d’une sorte de malédiction : elle a tous les atouts pour réussir dont certains, comme la richesse du sous-sol, peuvent faire envie à ses voisins. Mais, elle n’arrive pas à en tirer parti, car cette même richesse est gaspillée ou accaparée, quasiment depuis l’indépendance, par une nomenclature indéboulonnable et qui se renouvelle par cooptation, tandis que le peuple, habitué aux (très relatives) facilités de l’Etat providence et éloigné de la culture de l’effort qui permettrait au pays de décoller, n’attend lui-même que la distribution d’une partie de la manne, qu’on lui accorde chichement quand il faut. » (p,354)

Commentaire

         Il est toujours difficile de refaire l’histoire, d’autant plus pour un modeste acteur du terrain, officier SAS du contingent dans la belle vallée de la Soummam, en 1959-1960, alors que ce sont les récits mémoriels, quelle que soit leur authenticité, qui mènent encore le bal.

       Beaucoup d’eau  a coulé sous les ponts depuis, et mes jugements sur ce beau pays que j’ai « fréquenté », et aimé aussi, n’ont pas vraiment changé, en dépit de la lecture de ce témoignage diplomatique.

       La France a été dans l’incapacité de répondre au mieux et dans l’honneur, aux légitimes revendications d’indépendance de son peuple, et la fin du conflit, en 1962, avec les accords d’Evian a été un échec de plus.

     Etait-il possible d’ouvrir une voie légitime avec les chefs des six willayas qui avaient une représentativité « légitime » ? Je n’en sais rien. Est-ce que le crédo d’une armée française dite de pacification, d’après lequel la poursuite de l’effort de démocratisation entrepris en Algérie était susceptible de déboucher sur une autre Algérie indépendante, mais en étroite association avec la France ? Je n’en sais rien non plus.

      Avant mon départ, j’avais moi-même  fait élire les conseils municipaux des trois communes de ma SAS.

      Pour la plupart des soldats du contingent qui foulaient pour la première ou la dernière fois (« la quille ! ») le sol des djebels : 1) l’Algérie n’était pas la France, 2) ils faisaient ou avaient fait, en ce qui concerne ceux qui en étaient revenus vivants, tout simplement leur devoir au service de l’Algérie  et de la France.

      De Gaulle mit fin à ce conflit meurtrier dans des conditions discutables, mais existait-t-il alors une autre solution ? Il mettait fin au mythe d’une France coloniale, en tout cas de celle de la petite élite politique, économique, ou religieuse qui caressait toujours, hypocritement ou non, et en dépit de l’évolution du monde, le rêve colonial on ne peut plus ambigu, d’une assimilation possible.

      Dans beaucoup de mes écrits, j’ai eu l’occasion d’affirmer que la France, celle du peuple,  n’avait jamais été « coloniale ».

      Après l’indépendance de l’Algérie, la nomenclature FLN a toujours cru,1) que le pétrole suffirait à calmer le jeu politique et social, et comme souvent dans les affaires internationales, 2) que la condamnation à perpétuité d’une France colonialiste, coupable de tous les péchés du monde, « l’ennemi rêvé » suffirait également à calmer le jeu.

      Pour qui connait un peu l’histoire, les régimes autoritaires en grande difficulté ont toujours choisi de détourner l’attention de leur peuple vers un ennemi héréditaire.

      Je dirais volontiers à la jeunesse d’Algérie qu’il y a bien longtemps que la France, sauf dans quelques cas, a fait son deuil de leur pays, et qu’elle a souvent de la peine à comprendre leurs attentes.

       Avant de débarquer en Algérie, j’avais eu la chance de fréquenter les livres d’Albert Camus, enfant de l’Algérie coloniale, et je ne pouvais manquer d’y trouver le symbole de l’absurdité coloniale, cette absurdité longuement décrite dans ses œuvres.

      Je dirais volontiers à la jeunesse d’Algérie, ne vous laissez pas bourrer le crâne ! La jeunesse française, celle dont je fis partie, nourrissait les mêmes espoirs que ceux qui sont les vôtres hier et aujourd’hui, sauf à savoir s’il ne s’agissait pas du même  « Mythe de Sisyphe ».

            Jean Pierre Renaud    Tous droits réservés

Homéopathie ! « Bien » ou Pas « Bien » ?

Je ne suis ni expert de ce dossier, ni adepte de la discipline, mais pourquoi ne m’autoriserais-je pas à proposer quelques réflexions ?

         L’homéopathie est installée depuis longtemps dans notre pays : elle dispose d’un réseau de patients motivés et d’un bon réseau de médecins et de pharmaciens compétents.

         La Haute Autorité de Santé vient de la « condamner » pour un bénéfice de Sécurité Sociale espéré d’une centaine de millions d’euros.

     Est-ce que le jeu  en vaut la chandelle budgétaire, sociale, économique et politique ? Rien n’est moins sûr !

      Alors que l’État ne s’est pas beaucoup illustré jusqu’à aujourd’hui par sa politique d’économies, que nous avons 18 milliards de niches fiscales, dont certaines ne paraissent pas justifiées, et que les 66 % de déduction fiscale accordée à des associations et fondations en « manque » de contrôle, représentaient en 2017, une subvention budgétaire de 1,7 milliard d’euros.

       Le « bien » être quotidien pour des millions de Français et de Françaises, ne s’agit-il pas d’un bon enjeu ?

Jean Pierre Renaud

« Guerre » Climatique ! Vous avez bien entendu ?

« Guerre » Climatique !

Vous avez bien entendu ?

   Nous sommes en « guerre », hier et aujourd’hui encore au Sahel, et ces jours derniers avec MM Hulot et de Rugy, contre le réchauffement climatique.

       Est-ce que ces messieurs savent bien ce qu’est une « guerre » ?

      Ont-ils une stratégie, avec des objectifs à atteindre, un programme pluriannuel avec une hiérarchie d’objectifs, des moyens financiers à leur consacrer et un commandant en chef nommément désigné, même s’il ne s’agit pas de Notre Dame …?

      Jusqu’à présent, personne n’en a vu la couleur, en dépit du virage climatique annoncé par le Premier Ministre et des déclarations tonitruantes de Monsieur Jadot.

       Paroles, toujours paroles, mais qui s’envolent au vent !

Comme avant !

Jean Pierre Renaud