Délinquance et immigration: Les ronds-points des Ponts et Chaussées

Le « rond-point » d’un chercheur à l’Ecole des Ponts et Chaussées

Immigration et délinquance : le verdict des statistiques (R.Rancière- Libé du 5/10/10)

Est-ce si sûr ?

            Je propose aux lecteurs de me suivre sur une des réalisations les plus prisées des ingénieurs des ponts, les ronds-points.

Nous en créerons, pour une fois, un exemplaire unique, de nature intellectuelle, car cela coûtera moins cher au contribuable.

            J’aborde donc le rond-point, première route à droite ? Existe-il des statistiques françaises qui permettent d’établir une corrélation entre délinquance et immigration ?

            Non !

Je continue donc mon chemin, et faute de mieux, j’emprunte successivement, la deuxième, et la troisième route à droite, la route des Etats Unis, puis celle de Grande Bretagne

Sur ces deux routes, on me rassure: rien, dans les études statistiques américaine et anglaise, ne permet d’établir une corrélation entre immigration et délinquance.

            Je continue à tourner sur le rond-point, c’est un réflexe chez moi. Nos brillants ingénieurs des ponts devaient y penser, car les gens qui tournent en rond ont tendance à encombrer les ronds-points. Je m’interroge, donc, et tout de même, sur la validité de l’hypothèse statistique retenue par le chercheur des ponts : les bases démographiques et statistiques sont- elles effectivement comparables ?

J’en suis pas sûr du tout, et je continue donc à tourner, car ce n’est pas toujours facile, comme vous le savez, de trouver son chemin sur nos beaux ronds-points nationaux, et que vois-je : un panneau que je n’avais pas vu : « Délinquance : déni ou délit de culture ? » ( Libé du 27/09/10)

Mais alors, un sociologue vient de produire des statistiques françaises sur le sujet ! Sont-elles fausses ? Notre chercheur des ponts les conteste-t-il ?

Jean Pierre Renaud

Une Villa Médicis dans le « 9-3 »: bravo messieurs les maires de Monfermeil et de Clichy- sous- Bois!

Le Monde du 5 octobre

               Dans une chronique précédente, j’avais, à l’égal de beaucoup d’autres observateurs et citoyens, relevé que la Cité de l’Immigration, non seulement n’avait aucun succès, qu’elle côutait cher au contribuable, mais qu’elle ne contribuait pas à améliorer notre regard sur l’immigration.

               J’avais donc proposé de redéployer les crédits correspondants – en ce qui concerne le beau bâtiment, l’Etat saura bien trouver une solution plus intelligente que l’actuelle – à un programme d’animation culturelle de nos quartiers sensibles.

              Bravo donc pour cette intitiative des deux maires, une initiative intelligente et  novatrice, en tout cas porteuse de changements sociaux, économiques, et culturels féconds!

JPR 

Humeur Tique: « Alger renonce à criminaliser le colonialisme »

Humeur Tique : « Alger renonce à criminaliser le colonialisme » (Le Figaro du 27/09/10)

            Les amateurs d’une histoire coloniale rénovée et repensée à l’anglo-saxonne, celle actuellement promue par l’historien américain F.Cooper dans son livre « Le colonialisme en question », y verront sans doute une coïncidence historique, et la justification du revirement du gouvernement algérien.

            Dans son livre, M.Cooper tente de démontrer en effet que le colonialisme a habité toutes les époques et toute la planète.

             Il convient toutefois de noter que le terme même de colonialisme cache une grande ambiguïté, selon que l’on raisonne en français ou en anglais, car le terme anglais s’applique de préférence à la colonisation, outre le fait que beaucoup de Français seraient sans doute bien en peine de définir le mot.

Délinquance, immigration et culture: les avis de MM.Fassin (Libé du 27/09 et le Monde du 30/09/10

Mélange des genres entre science et politique ?

Sujet : délinquance, immigration et culture

En réponse critique de l’ouvrage « Déni des cultures » – H.Lagrange

Corrélation entre le contenu des contributions et les travaux de leurs signataires ?

Textes E.Fassin (Libé du 27/09/10) : « La famille noire est toujours un problème pour ce culturalisme » – D.Fassin et E.Fassin (Le Monde du 30/09/10) : « Misère du culturalisme. Cessons d’imputer les problèmes aux étrangers »

            Au demeurant, des contributions claires et bien écrites, qui abordent un sujet très classique pour les spécialistes, la relation, sinon la corrélation existant entre misère sociale et délinquance, avec le « piment » supplémentaire du racisme, et tout autant pour leurs auteurs, celui de la « culture ».

            Est-ce qu’il ne s’agit pas d’une nouvelle sorte de terrorisme intellectuel et idéologique que d’interdire à d’autres chercheurs, pas nécessairement incompétents et partiaux, d’avancer des thèses qui déplaisent à une partie de la communauté intellectuelle, quelquefois dominante, et donc de déranger effectivement des tabous ?

            Je serais donc un électeur de droite, conservateur, parce que j’adhérerais en partie à la démonstration contestée, sans obligatoirement me référer à l’expérience américaine, alors que la ségrégation « officielle » y est encore très fraîche, et que le questionnement de M.Lagrange porte sur des phénomènes d’immigration jusques là inconnus dans notre pays ?

            Les deux contributions en question accusent tout simplement l’auteur de partager des idées de la droite conservatrice, alors que la problématique des « ghettos »  concentre évidemment un ensemble de facteurs que, ni la gauche, ni la droite, n’ont eu le courage de traiter depuis trente ans.

            Alors, il faudrait ignorer le facteur culturel dans les villes qui contiennent une proportion importante de français d’origine immigrée ?

Sous le prétexte que : « Or la longue histoire de la question sociale nous enseigne que le culturalisme de la misère qui prétend rendre compte des différences et des inégalités par l’origine ne fait jamais autre chose que trahir la misère du culturalisme » (Le Monde-page 23)

            Je serais donc un « lépéniste » qui s’ignore, au même titre que je serais un « colonialiste » sans le savoir, parce que je souffrirais de « la persistance d’une figure de l’indigène logée » dans mon corps. (Le livre « Fracture coloniale, page 200).

Parce que je partagerais les inquiétudes de citoyens français qui habitent encore des « ghettos », dont ils ont vu les dérives sociales et culturelles de toute sorte se développer au cours des quinze ou vingt dernières années ? Il faut interroger ces citoyens français, qu’ils soient de souche, comme on dit, ou d’origine immigrée.

            Est-ce que M.Konaté aurait pris sa carte à l’UMP pour avoir osé décrire dans son livre récent « L’Afrique est-elle maudite »,  une situation sociale et culturelle qui donne du crédit aux observations du sociologue ?

            Et enfin pourquoi la  « médecine » sociale s’interdirait-elle d’effectuer des recherches sérieuses, et démontrées statistiquement, sur ce que certains pourraient dénommer une immigration de type « invasif » à laquelle beaucoup de  communautés humaines sont confrontées, en Europe, en Asie, ou en Afrique, et proposer des outils de solution ?

Jean Pierre Renaud

Chirac et Delanoë: l’accord UMP-Ville de Paris, les justifications du maire

Chirac et Delanoë

Procès fictif et emplois fictifs de Chirac : la tribune de M.Delanoë (Le Monde du 28/09/10)

« Accord UMP-Ville de Paris : à propos de morale, d’éthique et de justice …»

Une affaire aussi légère qu’une feuille de papier à cigarette judiciaire ? Vraiment ?

            Le maire de Paris dit avoir poursuivi trois objectifs « vérité, reconnaissance des faits, réparation », et il est possible de lui donner acte de sa position, sauf à indiquer que dans un procès comme celui-là, l’enjeu ne pouvait être réduit à cette simple petite affaire qui a tout de même demandé neuf années de procédure, et comme il le rappelle cinq plaidoiries devant des Cours d’Appel, et trois devant la Cour de Cassation.

            Il ne s’agissait donc pas d’une petite feuille de papier à cigarette judiciaire, et le Maire de rappeler :

« En 2001, l’équipe que j’ai l’honneur de conduire a mis un terme au système des emplois fictifs » : il y avait donc, et alors, un système ? Dont l’existence était rappelée dans le même texte, en ce qui concerne Force Ouvrière.

            Pour un ancien haut fonctionnaire de l’Etat qui a eu l’honneur, mais sans doute pas le privilège, de le servir longtemps, et plus qu’à son gré, dans la capitale, et pour un certain nombre de ses collègues de l’époque, il parait difficile d’admettre que ce procès puisse se résumer à un protocole aussi sommaire que celui décrit par le Maire, alors qu’il existait bien alors un « système » politique et financier à Paris, et que beaucoup de fonctionnaires de cette époque pourraient sans doute attester qu’il existait une sympathique osmose entre le parti de l’ancien maire et la ville de Paris.

            Est-ce que d’autres procès de corruption,  déjà tenus, ne viendraient pas à l’appui de cette thèse, naturellement récusée par les avocats de l’ancien président ?

Est-ce qu’à ce niveau élevé de la politique, le citoyen n’aurait pas pu espérer mieux de la part ses représentants élus, de la part du maire, mais avant tout de l’ancien président ?

Car s’il est vrai que Chirac a toujours bien servi les carrières de ses collaborateurs, il n’a sans doute pas été le chef politique qui assume ses responsabilités, précisément de chef.

Et le maire de Paris actuel nous dira, sans doute bientôt, combien ont coûté neuf années de procédure, et qui va les payer ?  

            Et avec le simulacre judiciaire et politique de ses deux principaux protagonistes, quel citoyen peut-il  être fier de ces « petits arrangements » entre un chef  socialiste et un chef  soi-disant gaulliste.

Jean Pierre Renaud

Le film « Des hommes et des dieux »

  Rien à ajouter à tous les commentaires, le plus souvent élogieux, qui ont accompagné la sortie de ce film.

            J’indiquerai tout simplement que l’histoire de ces moines assassinés en Algérie, nous change de l’ambiance de fric et de futilité dans laquelle la société française a de plus en plus tendance à se complaire : de l’air pur et du désintéressement !

            Et par surcroît, un contact avec le divin chrétien ou musulman !

La Sécurité des Français: le Pacte de tranquillité de M.Montebourg

La sécurité des Français : « Passons avec les Français un pacte de tranquillité publique » A. Montebourg- le Monde du 3 septembre 2010

            M. Montebourg nous avait habitué, jusqu’à présent, à un discours ressassé, orienté avant tout sur la méthode qu’il convenait d’adopter pour que le parti socialiste choisisse le meilleur candidat pour les toujours futures présidentielles, et moins sur la méthode que le parti socialiste pourrait adopter pour répondre à l’attente des Français sur la sécurité : très bien !

            Donc, quelques prémisses de propositions sur la sécurité, un frémissement !

            Retour tout d’abord aux sources républicaines : le mot tranquillité fait référence à la première définition de la loi (1884, ou 1885) sur les communes en ce qui concerne les missions des maires, pourquoi pas ? Si le contenu répond aux impératifs d’une sécurité moderne.

            Deux propositions méritent d’être affinées, le pacte de tranquillité issu d’une démarche politique consensuelle et l’idée de pouvoir donné aux habitants.

            Je rappelle qu’il existe déjà dans nos institutions des conseils de prévention au niveau départemental ou communal, qui préfigurent la solution avancée par le député, et qu’il existe déjà suffisamment d’informations sur le sujet pour que l’audit proposé puisse être rapide.

            La véritable question est celle de la possibilité de trouver un accord consensuel entre la gauche et la droite sur ce sujet  sensible, une recherche d’autant plus difficile que le parti socialiste nourrit encore beaucoup d’angélisme sur le sujet, et cultive tout autant beaucoup de tabous culturels.

            Deuxième proposition, celle qui donnerait du pouvoir aux habitants des quartiers les premiers concernés par leur sécurité : dans son livre « La loi du ghetto », M.Bronner a esquissé une réflexion  à ce sujet, et j’ai moi-même dans ma note de lecture formalisé ce qui pourrait être une petite réforme institutionnelle des communes à quartiers sensibles, avec l’institution de conseils de quartier. Le texte du député s’inspire sans doute à ce sujet du livre de M.Bronner

            Une démarche nouvelle donc de la part d’un élu socialiste à laquelle il faut souhaiter bon vent, tout en craignant que notre élite politique, de droite et gauche confondues, soit incapable une fois de plus d’emprunter sur des sujets nationaux une démarche consensuelle soucieuse de l’intérêt général et national, comme cela vient d’être le cas pour le dossier des retraites.

            Un post-scriptum qui s’impose depuis la rédaction de ce billet : que d’énergie perdue par l’intéressé pour convaincre ses amis d’aller vers une élection du candidat socialiste, à entendre, sur le sujet, le député, président du Conseil Général de la Seine Saint Denis !

 Jean Pierre Renaud

Les non-dits des bien pensants: immigration, insertion et culture: le travail de M. Lagrange

Les non-dits des bien-pensants

« Ma position scientifique est qu’il vaut mieux dire les choses, même si elles nous gênent » (H.Lagrange)

Fracture sociale, culturelle ou coloniale, dans nos quartiers sensibles ?

« Un chercheur lance le débat sur l’impact de l’immigration dans les quartiers ghettoïsés. »

            Le Monde du 14 septembre 2010 consacre sa page 12 aux travaux d’un sociologue sur la jeunesse des quartiers sensibles de Mantes la Jolie et des Mureaux, 4 000 cas d’adolescents examinés en détail entre 1999 et 2006.

            Un de ses constats est qu’il existe une corrélation incontestable entre l’origine familiale des adolescents délinquants et la délinquance : « les adolescents éduqués dans des familles du Sahel sont trois à quatre fois plus souvent impliqués comme auteurs de délits que les adolescents élevés dans des familles autochtones »

            Il relève également que les adolescents d’origine maghrébine sont deux fois plus impliqués que les « autochtones ».

            Puis-je indiquer que dans les milieux bien informés, politiques, médiatiques, administratifs, et judiciaires, le même constat a été fait depuis longtemps ?

            Le sociologue défend une thèse qui ne va pas plaire à tout le monde, étant donné qu’un certain nombre d’intellectuels et de politiques ont plaidé jusqu’à présent pour une causalité sociale ou « coloniale » de ces phénomènes, alors qu’il introduit dans l’analyse sociologique la variable importante de la culture, et plus précisément du rôle des femmes, des mères de famille.

            « Or, souligne le chercheur, le caractère le plus prédictif de la réussite scolaire reste le niveau culturel de la mère et son insertion professionnelle. » « Il faut agir en amont avec les mères ».

            Je recommande aux lecteurs curieux la lecture du livre de M.Konaté « L’Afrique est-elle maudite ? » pour mieux apprécier le distinguo que le sociologue fait entre adolescents d’origine sahélienne et d’origine côtière, et surtout pour mieux apprécier le bien-fondé de cette analyse, qui a naturellement soulevé aussitôt une polémique de la part d’associations qui ne prennent pas toujours leurs responsabilités pour lever ce type d’obstacle culturel.

            Je laisse par ailleurs aux promoteurs de la « fracture coloniale » et aux médias qui propagent cette thèse jamais démontrée, le soin de mettre à jour leurs « stéréotypes » et sans doute aussi, «  leur inconscient collectif » cher à des historiens « coloniaux » qui n’ont jamais apporté la moindre démonstration statistique à ce sujet.

Jean Pierre Renaud.

France 3: le Mali, « Faut pas rêver » du 30/07/10

France 3

Emission «  Faut pas rêver », le 30 juillet 20010

Le Mali

            Un documentaire fort intéressant sur le Mali, d’autant plus intéressant que beaucoup de Français croisent dans la rue ou sur leurs lieux de travail, des Maliennes ou des Maliens, il y en a plusieurs centaines de milles dans notre pays, sans avoir aucune idée de leur pays.

            Le documentaire nous montre la diversité et la beauté d’un pays et de ses habitants, en dehors de tout préjugé, et nous fait découvrir quelques uns de ses trésors, le majestueux fleuve Niger, avec les cités de Djenné et sa magnifique mosquée, Mopti, la fluviale, et Bamako, et le pays Dogon, ses falaises et ses plaines, mais d’abord la richesse de sa culture et de ses traditions.

            Le documentaire fait un sort aux chercheurs d’or du Mali, et c’est bien, mais pourquoi ne pas avoir donné la localisation des images ? De belles images aussi sur la magie colorée des tissus fabriqués au Mali, les fêtes locales, la navigation des grandes pirogues sur le fleuve.

            Et pour notre « édification » citoyenne, deux sujets bien traités, l’un sur la solidarité humaine et financière qui existe entre Maliens, émigrés en France et leurs parents de leurs villages d’origine, l’autre, très sensible, touchant à l’une des croyances de la culture traditionnelle de ce pays, quant au destin des albinos, victimes depuis longtemps de la persécution d’une vieille tradition culturelle.

            Le documentaire a présenté, à ce sujet, un grand chanteur du Mali, albinos lui-même, lequel s’est fait le héros de cette belle histoire de réhabilitation humaine et morale des albinos.

            Enfin, et pour certains historiens de « type postcolonial » qui s’interrogent sur la relation conceptuelle qui pouvait exister entre le colonialisme, la colonisation et la modernité d’une époque, le succès du téléphone portable au Mali apporte à sa façon sa réponse.

La France Multiculturelle de 2010: le cas d’une jeune femme française musulmane

La France multiculturelle de 2010 : un cas concret de problématique familiale, sociale et religieuse. Quelle réponse ?

            Dans un département de la petite couronne parisienne, une jeune femme française d’origine maghrébine, musulmane,  agent de collectivité territoriale, trois jeunes enfants, un mari, également français, d’origine maghrébine, musulman, salarié d’entreprise.

             Ces dernières années, le mari a fait un choix de pratique religieuse radicale :il a obligé son épouse à mettre le voile, à adopter un style de vie austère, plus de télévision par exemple, et ne s’est pas privé de la battre.

            L’épouse a décidé de quitter clandestinement son époux en emmenant ses trois enfants et de s’installer dans une autre ville de France.

            Question : que pouvait proposer la société française et les pouvoirs publics à cette femme désemparée ?

            Mettre le voile ou mettre les voiles ? Mais où et avec quel soutien ?