Humeur Tique: France 2 avec le monstre Magnota – Mais où est donc passée Eva Joly?

Humeur Tique : France 2, notre belle télévision publique, le journal de 20 heures du 13 juin 2012 avec le monstre Magnota

Mais où est donc passée Eva Joly ?

            France 2, notre belle télévision publique avec le monstre Magnota !

Pendant plusieurs minutes, un journaliste nous rend compte de l’enquête qu’il a faite au Canada sur le passé du détraqué sexuel et mental qui s’y était illustré en dépeçant un être humain.

            Non, vraiment, notre télévision publique manque tellement de sujets qu’elle doive se vautrer dans le fait divers à ce point ?

            Mais où est donc passée Eva Joly ?

         On ne parlait que d’elle, on ne voyait qu’elle, mais la campagne des élections législatives l’a mise au placard. Elle ferait perdre tellement de voix à son camp des Verts Ecologistes, vraiment verts de peur?

            Son parti l’a envoyé en mission dans un des beaux fjords de Norvège ?

Humeur Tique: les tartufferies politiques et médiatiques à la Française, Ségolène et Valérie

Humeur Tique : les tartufferies politiques et médiatiques à la Française, Ségolène et Valérie, secret de vie privée et vie publique, secret de l’instruction et place publique !

            Les com-mères de « Jarnac » ! Entre Ségolène et Valérie, les couteaux sont depuis longtemps tirés. Le Monde du 14 juin 2012 rompt, en tout cas pour les cons de petits Français, l’omerta politico-médiatique qui cachait aux citoyens la guerre intime que se livraient, depuis 2005, les deux com-mères de « Jarnac ».

            On comprend beaucoup mieux pourquoi le candidat naturel du Parti Socialiste, c’est-à-dire l’ancien Secrétaire national de ce parti,  a fait défaut dans la campagne présidentielle de 2007, et tout aussi pourquoi Hollande, « armé » par sa nouvelle compagne journaliste, s’est lancé avec le succès que l’on connait dans cette nouvelle aventure.

            Il y a de quoi s’interroger sur le sacro-saint respect de la vie privée, quand il s’agit d’affaires publiques, comme au temps de la bigamie privée, protégée à frais coûteux par la puissance publique, de l’ancien Président Mitterrand.

            Plus récemment, l’affaire DSK a alimenté cette belle problématique de la protection de la vie privée des personnages publics, hommes ou femmes.

            Dans ce domaine, il en est comme du secret de l’instruction que chacun viole, en dévoilant sur la place publique les procès-verbaux de la police ou des juges, tout en déposant plainte pour violation du secret de l’instruction, ou pour protection des sources.

Humeur Tique: Humeur du Jour – Les Français de l’Etranger, BHL, Une France à crédit, Modem et Mayotte, martyrs chrétiens du Nigeria

Humeur Tique : Humeur du Jour

Comique, Tragique, Tragi- comique ? Au choix !

Marsaud et les Français de l’Etranger, BHL et son nouvel « engagement militaire », une France qui vit à crédit, le MODEM à Mayotte, les martyrs chrétiens de Nigeria

            Marsaud et la magnifique innovation démocratique de l’élection de députés dans les 11 circonscriptions des Français de l’Etranger, complètement artificielles.

            Beau résultat du premier tour des élections législatives avec des taux d’abstention qui battent tous les records, autour de 80% !

            C’est à se demander ce que l’ancien juge d’instruction, ancien député, et ancien chiraquien grand teint, et toujours président de l’UMP de Haute Vienne, est bien venu faire dans cette magnifique et nouvelle circonscription du Sud de l’Afrique, du Moyen Orient et des pays arabes !

            Auto-désigné pour bien vérifier la légalité d’un processus électoral un peu dingue ?

             BHL !!! Une fois de plus, BHL fait des siennes !

 En Lybie, une guerre à la BHL, si l’on s’arrête au seul constat du « pas de morts » de notre côté ? Mais pour quel résultat ? Le retour des tribus, et la mise à feu du Sahara !

            BHL invite la France à faire la même chose en Syrie. Une seule et unique question : pourquoi le célèbre BHL ne va-t-il pas s’engager dans une des brigades de l’opposition syrienne, y faire le coup de feu, y risquer sa vie, à l’exemple de quelques-uns de ses grands anciens, qui, dans l’histoire littéraire, n’en sont pas restés au stade confortable des mots.

            La France à crédit !

Dieu soit loué ! A partir du 15 septembre 2012, comme  les années passées  et sans doute à la même date, dans les prochaines années, notre belle France vivra à crédit, avec des emprunts à des taux « raisonnables » disent certains journaux qui s’en félicitent encore à chacune de leurs émissions.

            Est-il vraiment « raisonnable » que des journaux économiques et financiers français puissent ainsi se féliciter de nos taux d’emprunt « raisonnables » ?  

             Le MODEM à Mayotte : au premier tour des législatives 2012, le député sortant de Mayotte (1ère circonscription), éminence des instances centrales du MODEM, a recueilli 127 voix sur un total de 35 586 électeurs inscrits.

            Comique ou tragique ? Plutôt tragique, car ce résultat manifeste toute l’ambigüité et l’irréel de la départementalisation de l’île de Mayotte et de la politique française.

         Et enfin dans le vrai tragique, un tragique qui n’intéresse pas grand monde de nos jours, les martyrs chrétiens du nord de la Nigeria, pas vraiment, pas même le journal La Croix ?

Dans le numéro du 11 juin, un petit encart à la page 9 Monde :

«  NIGERIA Deux explosions près d’églises font au moins quatre morts

Deux attentats se sont produits hier contre deux églises du Nigéria… Aucun de ces attentats n’a été revendiqué mais le groupe Boko Haram multiplie depuis mi-2009 les attaques, notamment contre les minorités chrétiennes dans les villes du Nord à majorité musulmane. » .

 Soit 11 lignes au total, plus le titre ! Par souci d’apaisement évangélique ?

Humeur Tique : Jusqu’où le Quatrième Pouvoir ira-t-il ? Osera-t-il aller ? Paris Match à l’Elysée ?

   Prendrait-on une fois de plus les Français pour des cons ?

            Chaque jour ou presque, tel ou tel média viole, par « consentement mutuel » ( ?), le soi-disant secret de l’instruction, tout en défendant son tout nouveau droit au secret des sources !

            Et on nous ferait croire que la situation que nous promet la compagne du Président de la République, entre Elysée et Match, nous garantirait qu’il n’y aurait aucunement mélange des genres, ou conflit d’intérêt, grâce sans doute à la protection légale des sources des journalistes ?

            Décidément, le Quatrième Pouvoir ne se refuse rien, au mépris de nos règles de vie démocratique !

Humeur Tique: les fumées de Facebook!

 On s’étonne de voir le cours de la société Facebook, récemment introduite en bourse, enregistrer une chute continue depuis cette date.

            Alors que le succès mondial de Facebook a très largement été fondé sur la rumeur, ce que les médias dénomment le « buz », c’est-à-dire de la fumée !

            Il n’y a donc pas lieu d’être vraiment surpris !

Humeur Tique: L’outre-mer au pouvoir, de la parole aux actes?

    Trois ministres sur trente-quatre, plus un, à moitié, au titre de l’outre-mer, ça n’est déjà pas si mal !

            La véritable question qui se pose, notamment pour les deux ministres qui occupent des postes importants dans le gouvernement Ayrault,  Justice et Outre-Mer, est celle de savoir s’ils auront le courage politique de revoir complètement les relations entre la métropole et l’outre-mer.

            Dans le passé, en Guyane, Madame Taubira penchait pour l’autonomie. En Guadeloupe, Monsieur Lurel s’est prononcé en 2009 pour une « évolution à la carte » dans le cadre français. Et discrètement, la compagne de M. Montebourg a eu l’occasion de se prononcer pour l’indépendance de la Martinique (voir Respect Mag N° 31).

            Son ministre-compagnon va-t-il aussi assumer la responsabilité d’un « redressement » des relations entre la métropole et l’outre-mer ?

            Le moment ne serait-il pas venu de passer le cap de la dépendance, ou de l’assistance, au choix, pour assumer enfin les responsabilités d’une destinée qui ne peut plus se contenter d’être à la remorque de la métropole ?

Humeur Tique : le courage politique des chefs ! Législatives 2012, courage ! Fuyons !

       La vie politique française nous donne le curieux, mais triste, spectacle, de l’absence de courage de certains chefs politiques.

            On briguerait donc la présidence d’un grand parti de droite, alors qu’on refuse de se présenter aux électeurs de la grande ville du sud-ouest qu’on dirige, d’ailleurs avec un certain succès ?

            Un grand parti de gauche encourage par ailleurs des ministres, très fraichement nommés, à ne pas courir le risque d’un échec aux mêmes élections, faute de quoi, on ne serait plus ministre ?

            Certains petits camarades ne seraient d’ailleurs pas fâchés de voir ainsi libéré un poste ministériel convoité.

            A contrario, et quant au chef du MODEM, on ne peut lui reprocher un manque de courage puisqu’il va au charbon, mais le parti, dont il est encore le chef n’a pas eu le courage de prendre une direction collective et démocratique,  avant le 2ème tour des présidentielles.

            Bayrou donc, courageux comme ces anciens commandants de vaisseau, qui sombraient avec leur vaisseau ?

Gallieni et Lyautey ces inconnus! 1895-1896: Indochine, l’Empereur d’Annam Than Taï

Gallieni et Lyautey ces inconnus !

Eclats de vie coloniale

Morceaux choisis

Empire d’Annam

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Indochine 1895-1896 : protectorat ou administration directe ?

L’empereur d’Annam Than-Taï,

vu par Lyautey : « fou » ?

Tout d’abord, un bref rappel :

Le blog a déjà abordé ce sujet à deux reprises :

–       Le 30 novembre 2010, avec la lecture critique du livre « La vie militaire aux colonies » de M.Deroo. Nous avions noté qu’une très belle photographie de l’empereur en question ouvrait le chapitre intitulé « la grande vie », et qu’il s’agissait d’un empereur complètement fou, qui avait été destitué en 1907, parce qu’il torturait et assassinait ses concubines, une ouverture de chapitre tout à fait curieuse, et en tout cas inappropriée.

–       Le 2 février 2011, nous étions revenus sur le même personnage historique, en commentant les pages de « Le Petit Journal Militaire, Maritime et Colonial » de l’année 1904.

Dans l’une de ses pages, le journal évoquait la « folie » de l’empereur d’Annam et rapportait «  les journaux d’Indochine sont en effet remplis de détails sur les actes de cruauté etc… »

            La question que la destinée historique de l’empereur Than-Taï posait était celle de savoir si sa déposition avait été motivée par son « indocilité » à l’autorité coloniale ou par son état mental.

            Grâce au témoignage, qui suit, du commandant Lyautey, le lecteur aura la possibilité de se faire une opinion.

&

Le texte qui suit,  illustre parfaitement la problématique de l’exercice du pouvoir dans la colonie de l’Indochine : qui commandait réellement ?

L’Empereur d’Annam et son administration mandarinale ou le Gouverneur Général avec ses administrateurs ou ses officiers ?

            Dans quelle configuration d’organisation des pouvoirs ? Dans celle d’un protectorat au sein duquel la puissance coloniale se réservait les relations extérieures et un certain nombre de pouvoirs régaliens, ou dans celle d’une administration coloniale directe à laquelle l’ancienne administration annamite obéissait ?

            A l’époque de Gallieni et de Lyautey, la France avait conservé les apparences d’un protectorat, en plaçant des résidents auprès des différents échelons de pouvoir annamite, région ou préfectures, mais cette répartition des pouvoirs était de plus en plus largement une fiction.

            Nous verrons, une fois de plus, à la lecture des extraits de lettres de Lyautey qu’il était un chaud partisan de la solution du protectorat, du maintien en place des pouvoirs traditionnels, pour tout un ensemble de raisons qu’il y exposait.

            Son opinion était d’autant plus intéressante que le personnage d’un Than-Taï, mis en place par le pouvoir colonial pour être docile, soulevait beaucoup de questions, que Lyautey n’esquivait pas dans ses lettres.

            Peu de temps avant le limogeage par le gouvernement  du Gouverneur général de Lanessan,  Lyautey l’accompagnait  au cours de son déplacement à Hanoï, capitale du Tonkin. Sur ce trajet, le Gouverneur général allait faire escale à Tourane, pour aller saluer l’Empereur d’Annam, à Hué, le siège de son Empire.

            A bord de la Tamise, en rade de Tourane, 16 novembre 1895,

« Le bateau vient de stopper. Le canon a tiré, répondant au salut. Les embarcations se pressent autour de nous…L’une d’elles a accosté, et Huong-Triep, le troisième Régent de l’Empire d’Annam, est à bord ; il est en robe rouge brodée de cercles d’or, la plaque de grand-officier et les insignes indigènes de son rang, breloques d’or et de soie…. Le Régent tend au Gouverneur général sa petite main de momie où, sous le gant blanc, pointent les ongles du lettré ; puis, se retournant, il prend des mains d’un mandarin un grand cylindre de soie rouge qu’il dépaquette lentement. C’est une lettre de l’empereur d’Annam. Le Gouverneur général parait satisfait. Congratulations… »

            Lyautey s’éclipsa pour visiter Tourane et laissa les autorités supérieures échanger leurs visites de courtoisie. A son retour, M.de Lanessan lui reprocha « de ne lui avoir pas laissé le moyen de me faire causer avec Huong-Triep, le troisième régent, le vrai souverain de l’Annam, l’intime participant de sa fameuse et discutée politique. » (LTM/ p,71)

            En 1896, Lyautey complétait son évocation du personnage :

            Dans une autre correspondance datée d’août 1896, escortant le nouveau Gouverneur général, M.Rousseau, Lyautey racontait sa visite à Hué, siège de la Cour d’Annam à Hué, et les festivités brillantes et toujours aussi colorées, qui s’y déroulèrent, et voici maintenant dans un des palais, le jeune Empereur en personne !

            « Une seconde salle du trône, le trône vide toujours et drapé de la couleur royale ; le cortège, toujours grossi, s’y enfonce dans des profondeurs sombres où luisent dans l’obscurité maintenue les nacres incrustées, l’or de caractères, les reflets bleus des porcelaines. Puis un long corridor, un cloître plutôt, où, dans de beaux vieux cadres en bois sculptés, s’alignent aux murs les plans symboliques et fantaisistes des villes de l’Annam, et enfin, éclairant l’ombre, venant du fond, une note lumineuse et éclatante : un joli, mince et élégant éphèbe, dans une gaine de soie jaune or sur laquelle flamboient le grand cordon de la Légion d’Honneur et la grande sapèque des dix mille soutiens ; au cou une rivière de diamants, sur la tête un haut turban de la soie royale de la robe. C’est Than-Taï, le roi de l’Annam.

            Il s’avance à la rencontre du Gouverneur, seul entre deux hérauts en velours grenat, portant les sabres, courbés en deux. Il prend le Gouverneur par la main, gracieux et hautain, et avec ce singulier dandinement féminin et presque provocant que lui imposent les rites, il l’emmène dans la troisième salle d’apparat, gravit une première estrade, une seconde estrade, s’assied sur son trône d’or, sous le baldaquin d’une vielle broderie chinoise à grands caractères d’or et, au haut bout d’une longue table où le champagne est versé parmi les fleurs. Le Gouverneur est à sa droite, le Résident supérieur à sa gauche, puis tous les Européens dans l’ordre des préséances, puis les Régents et Hguyen-Tanh, et c’est tout. Les suites ont disparu ; seuls restent, derrière le Roi, les eunuques portant le crachoir d’or, le service à thé toujours préparé, enveloppé de soie rouge, les porte-sabres et, derrière chacun de nous, les porteurs d’éventails de plumes ; rythmant tous ensemble leur coup de vent net et sec.

Il est grave comme une idole, le petit roi, sa robe éclatante et le feu de ses diamants se détachent sur une grande tapisserie des Gobelins, douce, discrète, aux tons fondus ; et sous le masque de l’enfant pensif, presque de jeune fille, on a peine à imaginer le petit tigre que racontent les rapports du palais, le petit Néron qui, l’an passé, à seize ans, faisait ouvrir une femme en deux après l’avoir possédée, enduisait une autre de pétrole et la faisait flamber la tête en bas, faisait sur une troisième découper des lanières des épaules aux cuisses, et qui, aux remontrances des quatre vénérables régents ici présents, répondait par une volée de coups de pied. 

L’audience passe rapide dans l’échange des paroles d’apparat…Le Gouverneur se lève, le Roi le prend par la main et le quitte au seuil du cloître : à chacun de nous la main tendue avec une toute petite inclinaison de tête très protectrice, exactement celle à Paris d’une maitresse de maison très hautaine, très snob. J’évoque des noms…

Il est cinq heures du soir, le lieutenant Lagarde et moi attendons en grande tenue sur la dernière marche du large escalier qui descend de la Résidence au fleuve ; le parvis d’un palais de Venise. Le sampan royal de la berge opposée a démarré. Thanh-Taï vient rendre sa visite au Gouverneur.

L’heure flamboie. Le fleuve, les aréquiers de la rive, les fonds de verdure, l’écran des montagnes, si vaporeux ce matin, baignent dans l’or… » (LT/p,62)

Mais le sampan a accosté, Than-Taï débarque. Il a ce soir une robe verte, mais toujours le royal turban jaune, le grand cordon, le grand collier de diamants qui flamboie au couchant du soleil…

Le Gouverneur l’attend sur le perron, et cette fois, dans le salon de la Résidence, le Gouverneur, le Résident, les Régents s’assoient seuls avec lui. Lui au bout de la table où est préparé le champagne, qui passe ici à l’état de vin sacré… » (LT/p,64)

26 août 1896

« Remise de la barrette aux cardinaux, – je ne vois pas d’autre comparaison, – Le Roi, suivant la tradition suivie à l’égard des Gouverneurs généraux, confère à M.Rousseau le 1er degré de noblesse au titre de Pho-Nam-Vuong ou Prince de Pho-Nam, et à M.B., Résident supérieur, le 3ème degré. »

Lyautey décrivait avec beaucoup d’humour et de piquant cette cérémonie, et reproduisait in extenso le discours de Than-Taï lors de la remise de sa barrette à M.Rousseau :

« Le 6ème  jour, 2ème mois, de la 8ème  année du règne de Than-Taï (1896)

Par obéissance aux volontés du Ciel, l’empereur d’Annam ordonne : etc…» (LT/p, 66)

Et Lyautey de poursuivre la description des fêtes fastueuses qui accompagnèrent la visite de M. Rousseau à Hué, processions, festins, embrasement des eaux, car le palais comprenait toute une succession de bassins,  une lecture à recommander.

Dans sa lettre « Tourane, lundi 31 août 1896, Lyautey rendait compte de leur excursion au Col des Nuages. Le Roi monte à bord de la chaloupe à vapeur :

« Est-il rassuré ? Toujours nous avoue-t-il naïvement, quand sonne le dîner que sa mère lui a expressément défendu de manger d’autre cuisine que la sienne ; et il fait riz à part, tirant sa popote de grandes boites laquées. Dame ! La dynastie est payée pour se méfier. Et encore il est très royal dans sa visite du bateau, pendant le « cercle » du soir, où assis à l’avant il répond négligemment aux amabilités du Gouverneur et des siens. Et puis, la nuit tombée, le « gosse » reprend le dessus, il n’a pas ou à peu près pas de surveillants : zut pour la Cour ! zut pour les rites ! zut pour Trong-Hiep le censeur ! et le voilà qui à partir de minuit court le bateau avec le petit frère, ayant avec ses croix et ses robes brochées dépouillé tout décorum, faisant des farces aux officiers du bord, réveillant l’un en lui chatouillant le nez et se tordant, invitant l’autre à boire, grimpant aux bastingages, fouillant dans nos affaires ; mon sac de voyage l’épate. » (LT/p,77)

L’excursion au Col des Nuages se déroula parfaitement.

Et avant le départ de M.Rousseau, le Roi vint visiter le Haïphong, le plus grand bateau qu’il ait vu jusqu’ici,

Et sur ce bateau, Lyautey rapportait la conversation intéressante qu’il avait eue avec  l’ingénieur en chef, Directeur des Travaux Publics, qui ne partageait absolument pas la philosophie du pouvoir du commandant.

« A bord du Haïphong, en route de Tourane à Saïgon, 1er septembre soir,

 C’est depuis huit jours ma constante, très cordiale et plaisante querelle avec l’ami R…, ingénieur en chef des Ponts, directeur des Travaux publics… au Parlement, nous serions vraisemblablement sur les mêmes bancs, poursuivant le même but… R… écume de se courber, de se découvrir, de rester debout, de voir M.Rousseau, inspecteur général des Ponts, po-ly-tech-ni-cien, etc, etc, céder le pas à ce môme vicieux, et ronchonne les mots « mascarade, humiliation » ; moi, je rigole ; j’émets l’idée, qui le fait bondir, que je ne sais pas pourquoi nous ne lui baisons pas la main.- eh ! qu’est-ce que ça me fait ses vices, la gale de son petit frère, ses néroneries de palais ; c’est le petit-fils des Gia-Long et des Ming-Mang, le dernier des Nguyen, c’est la grande force sociale de cet empire de 20 millions d’hommes, au passage duquel les populations se couchent dans la poussière, dont un signe du petit doigt est un ordre absolu ; et grand Dieu ! servons-nous en et n’énervons pas cette force, puisque nous tenons les ficelles, et persuadons-nous que ce n’est ni l’Administration directe, ni toute la compétence technique des B… et des N… qui la remplaceront, et ne fût-ce que par conviction, honorons-le par politique. Toute la philosophie du Protectorat est là-dedans ; et c’est pourquoi… il ne fallait pas annexer Madagascar.

Et maintenant que la féérie est finie, Than-Taï parti, et le courrier en marche, examinons notre conscience.

Il n’y a pas de mot assez fort pour flétrir la conduite de la France vis-à-vis de ce petit Roi. Nous avons beau jeu de nous indigner de ses vices, de ses cruautés, de son insouciance. On connait son histoire. En 1889, à la mort de Dong-Khan notre créature, ne voulant naturellement pas remettre sur le trône Ham-Nghi, chef du parti national, le déporté d’Alger, nous allâmes chercher un fils de Duc-Dui, fils adoptif et héritier de Tu-Duc qui avait régné quelques heures à la mort de ce prince, en 1883. Ce fils c’était Than-Taï qui avait 11 ans. Elevé en prison avec sa mère, dans les besognes serviles, loin des partis et des échos de la cour, il était à notre merci, malléable à volonté…Qu’avons-nous fait ? Pendant deux ans, nous avons placé auprès de lui, au Palais, un commis subalterne, sous prétexte de lui apprendre le français. Et puis, c’est tout. On lui a donné des joujoux… Et on l’a laissé pousser comme il a voulu, oisif et tout puissant, dans le mystère de cde monde d’eunuques, de harem, de bas serviteurs… Et la sève est venue, et le petit homme est très vivant, et les flatteurs et les pourvoyeurs étaient là tout prêts ; et ça s’est déchainé en débauches et cruautés, avec les raffinements et l’ampleur que comporte l’exercice absolu de la tyrannie domestique. Mais enfin, enfin, à qui la faute ? Et alors, ce furent des punitions de collège, le Résident supérieur venant faire des scènes de pion, le mettant aux arrêts pendant 30 jours dans une pagode avec trois femmes seulement, des remontrances solennelles du conseil des Régents, ravis au fond et faisant courir le bruit que le Roi était fou pour se ménager le moyen de le déposer et de nous proposer une créature de leur choix… »

Plus loin, Lyautey mettait en cause le comportement et la qualité de nos Résidents supérieurs :

« Et ce n’est pas un des moindres vices de notre panier à salade social que cette disparition des gentlemen dans les hauts postes… » (LT/p,83)

Sans commentaire !

Jean Pierre Renaud

Les caractères gras sont de ma responsabilité

Indochine : épisodes précédents sur ce blog les 5 avril, 20 avril, 4 mai et 21 mai

Burqa et voile intégral, la Croix du 15 mai 2012, l’interview de M.Frégosi

L’interdiction de la burqa, le voile intégral

Bilan de la Présidence Sarkozy : le 15 mai 2012, le journal La Croix fait le point sur plusieurs dossiers sensibles, dont l’interdiction du voile intégral.

Le journal a interviewé à ce sujet M. Franck. Frégosi, directeur de recherches au CNRS et spécialiste de l’Islam, avec pour titre de l’article «  Une loi dont on ne connait pas les effets », un titre bien anodin, compte tenu du contenu de l’interview.

Et il est bien dommage que le même journal n’ait pas consacré, au minimum, le même espace de presse au contenu de notre post-scriptum, relatif à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, que vient de décider le Parlement de Norvège.

&

L’article premier de la loi du 11 octobre 2010 prévoit que « nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage »

M. Frégosi commente cette loi :

« L’une des particularités de cette loi est que les policiers se sont montrés extrêmement dubitatifs sur son application dès sa promulgation. Finalement, c’est le silence radar sur ses effets : il est vrai qu’ils sont beaucoup plus difficiles à mesurer que ceux de la loi sur les signes distinctifs à l’école, votée en 2004. Le paradoxe est qu’à mon avis, personne ne se risquera à la toucher. François Hollande lui-même s’est engagé à continuer à la faire appliquer. Elle n’en reste pas moins discutable parce qu’elle porte sur un comportement très marginal et parce que son argumentation juridique est fragile. Contrairement à l’école, qui est un service public, il ne pouvait être question ici de laïcité, le terme n’est d’ailleurs pas mentionné. On a franchi un pas dans la restriction des libertés individuelles, dans un contexte de construction d’une panique morale autour du multiculturalisme. On est passé au fil du quinquennat, d’une laïcité positive à une laïcité sélective dont la cible principale est l’islam. »

Pourquoi ne pas dire et écrire que la plupart des arguments avancés par ce spécialiste sont, au minimum, contestables ?

« Comportement marginal », tout d’abord, certes, mais avec un coût tout à fait modeste, comparé aux campagnes nationales de publicité des grands panneaux  JCDecaux, et avec un effet garanti et démultiplié de pub islamique, d’une des mouvances religieuses qui veut promouvoir en France une coutume contraire à notre droit, et pourquoi ne pas oser le dire aussi, à nos mœurs de liberté.

Car, le spécialiste avance sur le terrain du droit, dont il est sans doute également spécialiste, en déclarant « son argumentation juridique est fragile ».

 Fragile notre conception du droit des femmes, de l’égalité entre sexes, de la dignité humaine ?

« On a franchi un pas dans la restriction des libertés individuelles », vraiment ?

« Construction d’une panique morale autour du multiculturalisme… laïcité sélective… », alors que la loi  ne parle pas de laïcité, comme ce spécialiste de l’islam l’a d’ailleurs relevé.

Alors oui, parlons du multiculturalisme !

Le concept de multiculturalisme n’emporte pas comme conséquence un retour en arrière sur la situation des relations qui existait, entre principalement, l’Eglise catholique et le pouvoir civil, avant la loi de séparation des églises et de l’Etat de 1905.

Pourquoi vouloir faire accroire que le multiculturalisme suppose une confusion des genres entre l’ordre de la religion et l’ordre de l’Etat, celui du pouvoir civil et politique ?

La France n’a jamais été à l’écart des échanges entre cultures, souvent beaucoup plus que d’autres pays, mais elle a su le faire, encore mieux, après 1905,  grâce à cette nouvelle charte d’un multiculturalisme, qui ne peut, ne doit  vivre, et prospérer, qu’en respectant ce principe fondamental de la République : ne pas mélanger le civil et le religieux !

De grâce, ne recréons pas en France les conditions de nouveaux affrontements civils et religieux, c’est-à-dire aussi des guerres religieuses atroces, comme ce fut le cas au cours des siècles passés !

Ma famille est bien placée à ce sujet, étant donné que notre grand-père paternel a été en prison pour s’être opposé, sur les plateaux du Russey, dans la « Petite Vendée » du Jura, aux inventaires décidés par la République.

Il n’est pas besoin de préciser que, dans notre famille, il y a bien longtemps que l’on a rallié le camp de la loi de l’année 1905, un gage de paix civile et religieuse.

Jean Pierre Renaud

Post-Scriptum : dans le même journal, à la date cette fois, du 29 mai 2012, un petit encart de cinq centimètres de côté, à la page 19 – Religion :

« La Norvège opte pour la séparation Eglise-Etat

Alors que la Norvège était l’un des derniers pays développés à avoir une religion d’Etat, son Parlement a entériné jeudi la séparation de l’Eglise et de l’Etat après une révision constitutionnelle. « La religion évangélique luthérienne ne sera plus la religion officielle du pays », et cette Eglise recevra des fonds publics « de la même manière que les autres », a-t-il annoncé dans un communiqué. »

Plus d’un siècle après la France donc ! Ce serait une si mauvaise solution ?

Humeur Tique: d’Anne à Valérie! Le « quatrième pouvoir » au pouvoir?

Humeur Tique : Une nouvelle France ? Le « quatrième pouvoir » des femmes journalistes au « pouvoir » ?

D’Anne à Valérie !

            L’an dernier, la « gracieuse » épouse de DSK, et journaliste connue, avant l’épisode de la Roche Tarpéienne, se voyait déjà au pinacle de la République Française.

            Lui a succédé, après l’élection d’un nouveau Président de la République, la « gracieuse » compagne du Président,  et également journaliste connue, mais cette fois, effectivement, à l’Elysée, avec son Cabinet.

            Une nouvelle forme du « 4ème pouvoir », le pouvoir indirect, mais bien réel des femmes !