Minorités, discrimination, racisme, laïcité, le nouveau panier à salade sociétale de Monsieur Pap Ndiaye
Comme il aime le faire dans la plupart des secteurs des institutions de la République Française, le Président actuel a fait le choix d’un ministre au style disruptif, un ministre qui vient de faire irruption dans le domaine très sensible de la laïcité républicaine.
Il s’agit d’un sujet qui m’a toujours concerné à la fois sur le plan familial, professionnel, et politique, un sujet que j’ai abordé et traité sur ce blog à de multiples reprises, peu de temps après sa création, le 6 mars 2011, à l’occasion de l’interview du ministre actuel par M.Joignot dans le Monde Magazine.
Afin de bien comprendre la ou les thèses historiques et politiques défendues par l’intéressé, j’avais complété mon information en lisant le livre « La Condition Noire » édité en 2008, et en publiant une petite chronique de lecture le 16 mai 2011.
Vous trouverez le texte des deux chroniques en annexes 1 et 2.
Ces jours derniers, Monsieur Pap Ndiaye a défrayé la chronique politique de notre pays en signant l’arrêté du 13 avril 2023 qui élargit le champ de compétence du Conseil des Sages de la Laïcité à « la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et toutes les formes de haine et de discriminations ».
Il s’agit bien d’un virage institutionnel, idéologique, et politique que ce nouveau ministre vient de faire prendre à la République, pour combien de temps (?), en signant cet arrêté du 13 avril modifiant 1) les compétences du Conseil des Sages de la laïcité , 2) sa composition, 3) le rôle nouveau du ministre dans une nouvelle composition du Conseil des Sages de la laïcité, chargé cette fois d’assurer la police de sa communication et de sa saisine.
Il est évident que ces modifications de composition et de compétence mettent en cause le contenu et la mise en application de la loi de 1905 sur la laïcité, alors qu’elle fait l’objet déjà de multiples attaques liées à la mondialisation, au multiculturalisme, et à la poussée islamique dans notre pays. En 2020, la décapitation du professeur Paty en fut le malheureux symbole.
Les initiatives de ce ministre ne vont certainement pas servir la laïcité de la République, et méritaient un débat au sein des institutions parlementaires, Assemblée Nationale et Sénat. Ont-elles au moins été débattues au sein du Parti Renaissance ?
Fait du Prince ? Incontestablement !
En 2011, les propos de Monsieur Pap Ndiaye dans une interview du Monde Magazine avaient surpris, la thèse historique qu’il a développée dans le livre « La Condition Noire » publié en 2008 avaient suscité de la curiosité et de l’intérêt, mais elle souffrait à mes yeux d’une carence d’analyse des contextes historiques de la France des flux d’immigration, d’un manque de statistiques reconnu par l’intéressé, faute de l’interdiction faite dans notre pays de livrer des statistiques dites ethniques, dont le ministre actuel était partisan…
Au lieu de nous lancer dans une nouvelle polémique sur le qui fait quoi d’un ministre de l’Education Nationale, nous devrions l’inviter à établir la statistique de la population accueillie dans nos établissements scolaires publics selon leurs origines, leurs lieux de naissance, établissement par établissement, et de voir ce qu’il faudrait changer.
Il y a quelques années, le ministre actuel s’est lancé dans une mission de mesure de la diversité dans une de nos institutions artistiques les plus prestigieuses, l’Opéra de Paris.
Très curieuse initiative dans un domaine de l’art, qui par définition, en tout cas en France, use de la plus grande liberté de choix.
Le ministre prône la « diversité », s’élève contre les discriminations, le Président l’a nommé à un poste de choix pour en faire la mesure, mais qu’il ne se mêle pas de tout mélanger, laïcité, racisme, ou antisémitisme.
Revenons au pays de Descartes et de la Raison !
Revenons aussi sur les contextes historiques d’une France qui ne commença à faire la connaissance du monde noir qu’à partir des années 1980-1990, avec les flux migratoires venus d’Afrique noire, causés en partie par l’explosion démographique de ces pays dans l’incapacité d’offre un avenir à leur jeunesse. Avant les indépendances, la France n’avait, contrairement à ce que raconte Pascal Blanchard et ses amis, qu’une connaissance très livresque des mondes noirs.
L’immigration noire, grâce à une meilleure santé publique locale a fait un bond à la fin du siècle sans qu’elle soit officiellement mesurée pour des raisons d’hypocrisie politique bien française.
Dans les années 60, on voyait des noirs dans les grandes villes universitaires, ou dans les grandes métropoles, mais pas dans nos chefs-lieux de département, à Montbéliard, ou au Mans…
Les questions de « diversité » ne se posaient pas.
Dans de telles conditions historiques, le débat ouvert par Monsieur Ndiaye sur la condition des Noirs dans notre pays, confrontés au « paradoxe identitaire » énoncé par l’intéressé ne se posait pas, vouloir être à la fois « visible » politiquement et « invisible « socialement » ne se posait pas.
L’auteur parle de « paradoxe minoritaire »
L’auteur écrit : « voulant être invisibles du point de vue de notre vie sociale…Mais nous voulons être visibles du point de vue de nos identités culturelles noires, de nos apports précieux à la société et à la culture française. » (page 361)
Avec les polémiques que ce ministre vient d’enclencher sur l’ensemble de ces sujets sensibles», il a au moins l’assurance d’être visible, peut-être trop…
Avec les polémiques que ce ministre vient d’enclencher sur l’ensemble de ces sujets sensibles», il a au moins l’assurance d’être « visible », peut-être trop…
Un mot enfin sur une autre décision de ce ministre, demander à l’enseignement privé de faire de la mixité sociale, vaste et épineux sujet, compte tenu d’au moins deux facteurs, son historique français et la complexité du contenu de l’expression « mixité sociale », dans le cas d’un ministre qui en a l’expérience concrète.
Jean Pierre Renaud Tous droits réservés