Réformer nos institutions ?

Avec quelle Méthode ?

Avec quel chemin ?

A l’endroit ou à l’envers ?

Partir de Paris ou de la Province ?

La Méthode Macron ?

« Institutions : Macron prépare sa réforme à pas comptés »

« Le Président veut vivifier la « souveraineté populaire ».

Le Figaro du 27 février 2023, page 4 et 5- Loris Boichot

Macron lancerait une réforme des institutions : Méfiance ! Grande Méfiance !  Voici pourquoi !

Loris Boichot dresse le portrait de l’ambiance politique actuelle sur le sujet et nous y retrouvons les préoccupations et propositions de réforme qui courent dans les médias depuis des dizaines d’années, notamment l’idée chère à Bayrou, celle d’une proportionnelle plus importante.

Je cite le journal : « Depuis qu’il a promis « un meilleur fonctionnement des pouvoirs » et « une association  plus fréquente de nos concitoyens », lors de ses vœux aux Français, Emmanuel Macron esquisse un projet par  petites touches. Il annonce vouloir « redonner de la force à la souveraineté populaire ».

Je vous avouerai mon scepticisme quant à la volonté de ce Président de remettre de la vitalité démocratique dans notre système institutionnel et républicain : sa présidence a été caractérisée par une pratique anglo-saxonne du pouvoir, son culte de la démocratie d’opinion, de ses recours permanents à des courts-circuits  de la démocratie représentative, celle des assemblées nationales, régionales, locales, les corps intermédiaires.

Une fois élu Président, a-t-il tenté de mettre sur pied un gouvernement de coalition ? Non ! Il a préféré  donner au pays un gouvernement constitué de marcheurs ou des marcheurs ralliés ou affidés à un parti qui n’en était pas un.

Son premier quinquennat a été marqué par son Grand Débat auprès de communes soigneusement choisies afin d’étouffer dans l’œuf les revendications des Gilets Jaunes qui témoignaient du malaise démocratique de nos territoires : sa méthode ? Un « One Man Show » qui lui réussit bien, mais en passant à côté des Assemblées Parlementaires, et même de son parti fantôme.

Une Méthode du « Je passe à côté de la démocratie représentative », comme il l’a aussi fait avec ses opérations de loterie démocratique lancées sur des sujets écolos ou sociétaux, le tirage au sort d’une nouvelle Française des Jeux.

La Marque de Fabrique de Macron est 1) celle de la démocratie d’à côté, pas celle de la « France d’à côté », la « France périphérique » de Guilly. (Le Monde du 6/12/2011)

2) Du « Je »,  d’une sorte d’Ego présidentiel quasi-quotidien, au plan national, mais tout autant international, ce qui est beaucoup plus inquiétant pour asseoir des relations de confiance avec l’étranger : l’épisode le plus éblouissant fut son déplacement au Kremlin avec ce dialogue irréel avec le tsar Poutine, comme si l’Europe n’existait pas !

A mes yeux, et pour avoir pratiqué pendant des années le système parisien, évalué la puissance de son establishment que  sa « position » stratégique de plateforme de Com a démultipliée avec les  réseaux sociaux, la méthode de réforme doit quitter les chemins d’en haut, ceux confisqués par l’establishment parisien.

Il suffit d’observer le fonctionnement des institutions parisiennes pour mesurer cette sorte de prise de pouvoir par un petit nombre d’élus parisiens qui se prennent pour l’Etat, avec Mme Hidalgo qui continue à Paris, à incarner « l’Etat c’est Moi » !

Pour ceux ou celles qui n‘ont pas encore compris, Mme Hidalgo, après avoir été candidate aux Présidentielles avec le résultat très médiocre que vous connaissez, moins de 2%, continue à faire de la Com politique, comme si de rien n’était, et  ceci grâce au pouvoir que lui donne sa position à Paris à la tête d’un tout autre Etat que celui que je décrivais dans un livre en 1993.

Pour réformer nos institutions, et leur donner un nouveau souffle démocratique, il faut prendre un chemin à l’envers, du bas vers le haut, et non l’inverse, les remettre à l’endroit d’une démocratie vivante, il faut emprunter le chemin d’en bas, celui des communes, des départements, des régions, les consulter et en faire la synthèse.

Il faut sortir de ce gribouillis démocratique où le citoyen est incapable de définir et de comprendre la répartition des compétences entre l’Etat régalien et défenseur de la nation en Europe, les régions, les départements et les communes, avec un Etat et une Europe qui se mêlent de tout.

« Pour voir le monde à l’endroit il faut l’observer  à l’envers » dixit le photographe Rémy Donnadieu !

La méthode Macron n’est sûrement pas la bonne, car il faut laisser respirer nos régions, nos départements, leur transférer des pouvoirs de gestion centralisée, et leur demander de nous dessiner un autre avenir démocratique.

Le Sénat, assemblée de sages, devrait prendre l’initiative d’une consultation démocratique de nos institutions de base dont le but serait de tracer les lignes de force d’une réforme donnant un nouveau souffle démocratique à notre pays, c’est-à-dire en donnant la priorité à trois objectifs :                  

  1. La réforme des institutions européennes qui étouffent nos libertés fondamentales,
  2. le transfert du pouvoir central non régalien aux régions, départements et communes,
  3. l’alignement des institutions parisiennes sur le droit commun départemental et communal, ce qui n’est pas du tout le cas de nos jours. L’Etat n’est plus chez lui dans la capitale, et la commune-département de Paris n’est pas du tout sur un pied d’égalité départementale et communale avec ses voisines de ses banlieues de l’Ile de France, et naturellement de la France entière.

A titre d’exemple, elle a réussi à  développer ses tentacules de pouvoir sur de nombreuses communes d’Ile de France et  à constituer ce qu’il faut bien appeler une Métropole Bis du Grand Paris.                  

     Jean Pierre Renaud      Tous droits réservés

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