Qu’est-ce à dire ?
Venu du « ciel » ?
« Macron m’a demandé de réinventer un nouveau parti »
Candidat pour diriger le futur parti présidentiel Renaissance, Stéphane Séjourné promet de l’« enraciner » et de « recréer une colonne vertébrale idéologique »
Le Figaro, page 5, 7/07/2022
Qu’est-ce à dire ?
Le Président aurait-il un parti politique, qu’il faudrait déjà le réinventer, alors qu’il a à peine six ans d’existence ?
Il serait déjà passé dans « l’ancien monde » ? Etrange, non ?
Avant toute chose, rappelons l’essentiel :
Dans son article 4, la Constitution de 1958 dispose :
« Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage universel. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. »
En France, le parti politique a un rôle institutionnel, constitutionnel, aider les citoyens à se former et à défendre une opinion politique, un rôle donc d’intermédiaire démocratique pour le bien commun de la République.
Comme le constate Monsieur Séjourné, le parti LREM manque sérieusement d’enracinement et n’a comme « colonne vertébrale » que le Président.
Quelle a été la doctrine, les objectifs de cette association LREM, sinon donner le pouvoir à Macron, alors que les partis traditionnels ne remplissaient plus leur fonction. C’est sur ce terrain qu’il convient de se placer pour proposer des solutions, une nouvelle organisation des pouvoirs, des partis qui « servent » leurs fonctions d’animation et de représentation.
Pour venir au pouvoir, Macron n’a pas eu besoin d’un parti, mais d’une machinerie politique calquée sur celle d’une entreprise à la conquête d’un nouveau marché : Macron a su tirer parti de la machinerie des algorithmes en collant tout le temps au mouvement de cette mécanique du « marché politique » : idées, engagements, objectifs, oui, mais en collant au « marché ».
Tout au long de son premier mandat, Macron a tout fait, ou n’a rien fait pour ressusciter un parti politique. Séjourné va avoir du travail pour inventer un produit venu du « ciel » politique.
Depuis 2017, il a tout fait pour « tuer » les anciens partis qui avaient effectivement besoin de se renouveler, en recourant à de nombreux procédés : le premier a été, après son élection, d’ignorer les oppositions. La nouvelle législature l’a obligé à changer de cap, mais, dans les apparences en suscitant une méfiance légitime.
Plutôt que de débattre sur des enjeux, d’un soutien, d’une coalition avec des objectifs, Macron a préféré le système de débauchage quasi-institutionnel, une pratique politique détestable, au détriment des partis de droite ou de gauche…
Le recours à différents gadgets démocratiques tels que le Grand Débat des Gilets Jaunes, ou les tirages au sort sur le climat, n’a pas contribué à redonner du lustre aux institutions représentatives, une Française des Jeux Politiques, plutôt qu’un ressourcement de la République…
Un parti politique pour quoi faire ? A quoi ça sert ?
Il faut refonder nos institutions, les adapter à la France et à l’Europe du siècle actuel et les partis retrouveront leur finalité.
Redonnons du sens au vote démocratique en répondant à la question du vote : « A quoi ça sert ? »
L’abstention fait des ravages, mais une des causes n’est-elle pas l’impossibilité pour un citoyen de savoir à quoi et ça sert et qui décide ?
Il faut donc redessiner la carte des compétences et des pouvoirs entre l’international et le national, entre les territoires et les métropoles, donner du pouvoir aux régions, faire un grand ménage, afin que les citoyens sachent enfin qui fait quoi .
Le vrai débat doit porter sur les institutions et les partis politiques. Un parti n’est pas qu’une organisation.
Le parti n’est qu’une partie du sujet !
Jean Pierre Renaud