Les think-tanks ?
« Les think-tanks en ordre de bataille pour la campagne présidentielle »
Le Figaro du 13 septembre 2021, page 20
Marie Visot
Il s’agit d’une analyse fort intéressante, mais qui soulève beaucoup de questions, 1) sur leur financement et donc leur transparence, 2) sur leurs méthodes avec l’intrusion des algorithmes, l’effet politique « historique » de leurs travaux et de leurs publications sur les programmes des candidats et sur les résultats des élections elles-mêmes : une analyse compliquée dans le désordre actuel causé par le nouveau pouvoir des réseaux sociaux et la face encore cachée du monde politique numérique et algorithmique.
Rappelons tout d’abord la liste publiée de ces groupes de pression : Institut Montaigne, un institut libéral – Fondation Ifrap, institut d’une droite libérale – Fondapol, institut d’inspiration libérale – Fondation Jean Jaurès, institut d’inspiration socialiste – Terra Nova, institut d’inspiration socialiste – Institut de l’Entreprise -Institut Thomas More, libéral conservateur.
Le journal proposera sans doute plus tard une analyse de leurs financements, compte tenu de leur rôle de lobbying politique.
Les effets politiques, il est sans doute assez difficile de les mesurer, sauf peut-être en procédant à des analyses fouillées peut-être disponibles entre catalogue des propositions et inscription dans les programmes politiques.
A titre personnel, je m’étais intéressé à deux prises de position, l’une ouverte par Terra Nova (03/02/2012) avec sa proposition de primaire présidentielle qui fut un échec pour le Parti Socialiste, l’un de ses supporters ayant été battu lui même à Marseille, l’autre une enquête lancée en 2014 par la Fondation Jean Jaurès sur la guerre d’Algérie, « Les regards des Français sur la guerre d’Algérie soixante après Octobre Rouge » Cette enquête a fait l’objet d’une analyse critique sur ce blog le 29/01/2015.
Il aurait été fort intéressant de voir le journal se livrer à une récapitulation des grandes propositions que ces think-tanks ont faites dans le passé, en nature et en coût affichés, à la fois sur leurs tablettes et dans les programmes des candidats.
Avec l’accès généralisé au numérique, mais moins aux algorithmes, la donne politique a changé avec une sorte de transformation des études du marché politique en temps réel.
On établit une carte de France des algorithmes politiques les plus sensibles, génériques et par classe, sociale, économique, ou territoriale, leur répétition dans la durée, leur degré de sensibilité afin de retenir dans son programme ce qui comptera le plus en nombre de voix ou en effet buzz, un système à la fois de ballons d’essai modernisé et de campagne politique.
Macron, avec son équipe de têtes d’œufs a certainement déployé cette méthode pour l’emporter en 2017.
Il serait intéressant de pouvoir disposer d’une telle capacité d’analyse numérique pour comprendre le parcours actuel d’une campagne présidentielle qui ne dit pas son nom : celle du Président.
Elle ne doit rien au hasard : il quadrille le terrain, avec à chacune de ses haltes, des préfectoraux en uniforme, engagés qu’ils le veuillent ou non aux côtés d’un candidat qui sort son carnet de chèques, ou plutôt celui des Français et des Françaises, presque chaque jour, à quelques mois de l’élection.
Il y a quelques jours, il va à une manifestation de la SNCF célébrant le TGV, et fait un chèque de 200 millions d’euros pour « doper le TGV » (Le Figaro Economie des 18 et 19 septembre 2021)
Ce type d’initiative, ce pilonnage soulève par ailleurs la question de la transparence des frais de campagne présidentielle, alors que le Président parait développer son grand jeu sur la ligne de crête du contrôle des dépenses, entre fonction présidentielle et candidat aux présidentielles 2022.
Les think-tanks en question comme les partis politiques ont-ils pris le virage numérique ?
Le contrôle des dépenses de campagne a-t-il pris également le virage numérique ?
Jean Pierre Renaud Tous droits réservés