« L’énigme Macron » (Le Carnet de Jacques Julliard – Le Figaro du 4 janvier 2021, page 25, une pleine page)
« Le Président est confusionniste. Quelle marge de manœuvre ce ping-pong cérébral laisse-t-il à l’action ? »
L’auteur nous assène une leçon bien documentée sur l’analyse qu’il propose pour nous éclairer sur le « mystère Macron » :
« Plus il parle, et moins on l’entend. Plus il s’explique, et moins on le comprend. Plus le temps passe, et moins on y voit clair. « Le mystère s’épaissit » comme on dit dans les polars ».
Je me suis intéressé depuis longtemps aux stratégies, les directes et les indirectes (le livre « Chemins Obliques »), aux stratégies politiques, notamment celle de Chirac dans « La Méthode Chirac » (1997) : il est évident que celle du Président actuel fait plus qu’intriguer, compte tenu des conditions imprévues de son accession au pouvoir et de la méthode, sinon de l’étrange stratégie qu’il met en œuvre pour gouverner, s’il en existe une.
Le blog s’en est déjà fait l’écho en proposant une explication sans doute partielle, mais elle a le mérite d’être dans le goût du jour et des capacités algorithmiques de son groupe de Mormons, la stratégie politique des algorithmes, le verbe épousant successivement le mouvement des vagues digitales de l’opinion publique.
Une interprétation crédible :
Le Président a cru, depuis le début à sa bonne étoile, mais sans doute autant à ses capacités intellectuelles et à son verbe, pour tout résoudre avec sa baguette magique et nous entrainer tous vers une France nouvelle.
Toutefois, il recourt en permanence à la méthode « du je passe à côté » de la colonne vertébrale des institutions républicaines pour s’appuyer sur la seule opinion publique, en misant sur ses Marcheurs pour donner une autre colonne vertébrale au pays : seul problème, cette autre colonne vertébrale n’existe pas. Le président continue à parler, parler, à tweeter, en court-circuitant les institutions, le Parlement, les collectivités territoriales, les corps intermédiaires, … mais il court toujours après un début d’enracinement politique dans les territoires…
Sa façon de gérer l’épidémie actuelle constitue un autre symbole de ses choix stratégiques en assumant, tout en ne les assumant pas, en renvoyant les solutions sur autant d’experts qu’il faut pour diluer ses propres responsabilités.
Aujourd’hui et faute de jouer le jeu démocratique des collectivités territoriales, il fait porter la responsabilité sur l’administration, la bureaucratie centrale…
Il invente donc des expédients pseudo-démocratiques : le Grand Débat, le Loto des conventions citoyennes tirées au sort, celle du « climat » ou de la « vaccination » qu’il accroche à l’une des institutions les moins représentatives du pays, le Conseil Économique Social et Environnemental.
Il n’est pas besoin d’être initié pour savoir que cette assemblée est composée de membres éminents désignés le plus souvent par les organisations professionnelles à titre de sinécures…
Ces expédients confinent à l’absurde dans la mesure où par exemple certains des membres de la Convention Climat revendiquent un « statut citoyen ».
Pas de problème puisque je suis le meilleur ! Et donc que j’ai les capacités pour asseoir mon pouvoir de façon indirecte, en inventant une démocratie représentative bidon ! Le tirage au sort démocratique, il faut le faire !
Je me rallierais donc volontiers au commentaire qui figure en marge de la longue tribune Julliard, un commentaire qui contient toute une gamme d’interprétations subtiles du type « psy » :
« Le quinquennat d’Emmanuel Macron fait songer à ce que les Allemands appellent « Bildungsroman », c’est-à-dire un roman d’éducation, analyse l’historien et essayiste que nos lecteurs retrouvent chaque premier lundi du mois. »
Son séjour à Élysée l’aiderait donc à poursuivre une éducation, sans doute trop protégée ?
Ne sommes-nous pas revenus en définitive au siècle de Jean Jacques Rousseau avec son Émile ?
Le 29 janvier 2020, mon vieil ami Auchère m’avait fait parvenir une photo parue dans Der Spiegel du 18 janvier 2020 : une photo de Macron à son bureau, en train de lire un document avec Brigitte debout derrière lui, à sa droite, la main sur son épaule, avec pour titre :
« Staatsoberhaupt Macron, Ehefrau Brigitte im Elysée : Die arroganten kleinen Sätze hängen ihm bis heute nach »
Avec son commentaire : « Ce n’est pas Jupiter, c’est une professeure (aux grands pieds) avec son élève favori »
Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés
Imprimatur du 8/01/21