Echo de la campagne sarthoise : Ferrand a une compagne bien ferrée !
Mois : mai 2017
Eole, le Dieu des vents et les Législatives 2017: une légende toute d’actualité!
Eole, le Dieu des vents, habitait une île flottante, où il reçut Ulysse, le grand Ulysse de l’Odyssée, auquel il remit une outre merveilleuse qui contenait tous les vents contraires à sa navigation.
Cédant à la curiosité, et pendant son sommeil, ses compagnons ouvrirent l’outre, de laquelle s’échappèrent vents et tempêtes.
Cette belle légende n’est-elle pas pleine d’actualité avec la mise en pièces détachées de partis politiques reconnus pourtant par notre Constitution de 1958 (article 4), avec les soupçons qui pèsent sur l’indépendance de la justice (affaire Ferrand contre affaire Fillon ou Le Roux…), et plus encore, par le comportement de certaines de nos girouettes politiques…
Le nouveau ministre de l’Ecologie a tout lieu d’être satisfait de voir autant de petites éminences politiques converties aux énergies éoliennes, à la condition que cette nouvelle énergie ne fasse pas un flop, comme elle l’a fait récemment avec AREVA, au sein de laquelle servit, si je ne m’abuse, un certain Premier ministre !
Il est possible naturellement de préférer d’autres îles flottantes, un des desserts de mon enfance, celles toutes blanches, flottant sur une belle crème aux œufs tout jaunes.
Jean Pierre Renaud
« Le choc des décolonisations » Pierre Vermeren – Lecture critique : deuxième partie
« Le choc des décolonisations »
« De la guerre d’Algérie aux printemps arabes »
Pierre Vermeren
Lecture critique
II
Deuxième partie (pages 103 à 223)
« Les anciens colonisés sous l’empire de leurs élites » (p,103)
« Des violences de la décolonisation à un tiers-mondisme sans scrupule. »
Une partie très riche en contenu, peut-être trop riche.
L’auteur a déjà abordé le sujet, mais est-ce que les mots utilisés, les appréciations, pour décrire les situations coloniales des années 1960, les mots « élites », le titre du chapitre VI « Désintégration des espérances du « décolonisé (p,11), les « illusions perdues » (p,113) la tonalité générale de ce chapitre, traduisent bien les situations concrètes de ces territoires, compte tenu de tout un ensemble religieux, culturel, et politique qui structurait alors ces territoires, avec des élites plutôt maigres et des « citoyens » qui dans leur immense majorité ne savaient pas ce qu’était un Etat national ou une démocratie.
Après cinquante ans d’indépendance, une première conclusion est proposée par l’auteur :
« Un demi-siècle d’indépendance ne suffit pas à réaliser quatre objectifs concomitants : une scolarisation généralisée ; le maintien d’un niveau d’enseignement suffisant ; la formation efficace et en nombre d’une élite de cadres ; la formation professionnelle de techniciens et d’ouvriers spécialisés. La crise de l’enseignement et le chômage des diplômés, devenu depuis les années 1980 un véritable drame social au Maghreb, occulte le fait que les secteurs intermédiaires de la formation sont encore plus mal lotis que les filières supérieures. » (p,119)
L’auteur en tire la conclusion concrète :
« Du nationalisme à l’émigration ou comment « voter avec ses pieds » (p,119)
Il serait intéressant de connaître les nouveaux Etats qui se fixèrent ces quatre objectifs.
Le chapitre VII montre la complexité de toute analyse avec un « Etat bien patrimonial », la corruption, que Jean-François Bayart analyse en termes d’allégeance et de soumission, lequel « va jusqu’à affirmer qu’il n’y a pas de « corruption », puisqu’elle fait partie du système d’allégeance et de rétribution privative. Cette analyse est tout aussi pertinente au nord de l’Afrique. » (p123)
L’auteur intitule son chapitre VIII : « Permanence et domination des sujétions personnelles » (p,137)
Ce chapitre donne un bon exemple de l’immense écart, sauf sur la côte et dans leurs nouvelles cités, entre ces nouvelles élites et leurs peuples, celles que l’auteur appelle « les nouveaux colons ».
Le chapitre est introduit par l’évocation du rôle de Fanon, mais il serait intéressant de pouvoir mesurer quelle fut alors son audience, aussi bien en France qu’en Afrique, laquelle fut, à mon avis, plutôt limitée.
Combien a-t-il vendu de livres avant les indépendances ? Quelle place a-t-il occupé dans la presse française ?
La description qui est faite du monde africain après les indépendances en relève à la fois les particularités et les difficultés rencontrées pour entrer dans ce que nous appelons le monde moderne : « confusion latente entre les figures de l’autorité religieuse, paternelle, étatique et policière », les « figures anciennes de la soumission », « le patriarcat », « la suspicion de clanisme, voire d’ethnicisme en politique est forte » (p, 148), etc…
Dans le chapitre IX « Des indépendances aux « nouveaux colons », les pièges de l’acculturation » (p,153), l’auteur donne quelques exemples de la griserie qui saisit ces élites une fois au pouvoir, pris dans les turbulences, les lumières, et les ombres d’une nouvelle société internationale qu’ils découvraient, entre autres, la jetset.
« Chausser les habits et investir le palais du colonisateur » (p,158), « Frayer avec les fonctionnaires et les élites gouvernementales internationales » (p,161), « La tentation de la jetset de Paris à Marbella »
J’ai retenu évidemment la citation qui est faite de la relation Bouteflika- Jean Seberg… (p,163), l’attraction du monde de Marrakech avec le tandem Bergé-Saint Laurent…mais plus intéressante me semble être l’évocation du rôle du Ministère de la Coopération dans cette évolution :
« Pour les Africains, les capitales et les modes de vie occidentaux représentent un saut qualitatif et culturel encore plus grand que pour les Méditerranéens. Mais en période de guerre froide, les représentants du tiers monde sont choyés par leurs alliés. La rue Monsieur, siège du ministère de la Coopération, installe un système de clientélisme avéré. De mauvaises habitudes se prennent, à tel point que sous Giscard ou Mitterrand, nombre d’ambassadeurs de pays africains pauvres se font payer des extras, voire leur salaire et leur train de vie par la coopération ou le gouvernement français. » (p,162)
L’auteur conclut ce chapitre en posant la question : « Une seconde indépendance, le tournant arabiste des années 1970 ? » et vingt années plus tard en écrivant :
« La guerre civile algérienne des années 1990, djihadistes contre « nouveaux colons » (p168)
La « décennie noire »… une guerre à huis clos. Les images de cette guerre de 200.000 morts publiées dans les médias internationaux sont rares…. Les journalistes étrangers étaient interdits d’accès au pays. (p,168)
Un seul commentaire sur le black-out complet de cette deuxième guerre civile, sans comparaison avec celle des années 1954-1962, que certains auteurs ont appelé la guerre sans nom.
Il ne semble pas que le chiffre des algériens qui se réfugièrent en France ait jamais été publié, alors qu’il fut important.
Jean Pierre Renaud
« Le choc des décolonisations » Pierre Vermeren – Lecture critique: deuxième partie fin
« Le choc des décolonisations »
« De la guerre d’Algérie aux printemps arabes »
Pierre Vermeren
Lecture critique
Deuxième Partie (pages 103 à 223)
II
Suite
Le contenu du chapitre XI « Servitude volontaire ou silence contraint des intellectuels ? » (p,187) est très intéressant parce qu’il met le doigt sur un des aspects souvent ignorés des relations, pour ne pas dire les complicités, les connivences, entre intellectuels français et intellectuels maghrébins, entretenant des réseaux d’influence plus facilement dans l’ancienne métropole que dans leur propre pays, comme ce fut déjà le cas avant les indépendances.
Je serais tenté de dire que ces réseaux transfrontières d’intellectuels ont toujours eu plus d’influence dans notre pays que dans les anciens ou nouveaux territoires sortis de la mouvance française.
« Le rôle des intellectuels marxistes et coopérants européens » (p,189)
« Après les indépendances, une nouvelle génération de jeunes intellectuels européens s’engage au service des nouveaux Etats, directement ou par le biais de la coopération. Le catholicisme et le communisme sont deux viviers d’engagement pointés par Catherine Simon dans son livre sur les pieds-rouges d’Algérie, mais c’est identique en Afrique. Dans le monde arabo-berbère, la connexion entre marxistes s’opère avec le intellectuels restés sur place), tandis qu’en Afrique, la jonction passe par les missions, écoles et dispensaires religieux répartis sur de vastes territoires, agents essentiels et à leur insu de la francophonie. » (p190)
L’auteur donne la liste des intellectuels marqués par leur engagement : Pierre Bourdieu, René Gallissot, Annie Rey-Goldzeiger, Monique Gadant, l’agronome Paul Pascon à Rabat, André Nouchi àTunis, etc..
« Les marxistes ne sont pas seuls au Maghreb, où travaillent ardemment jésuites et Pères blancs, le père Gilbert Grandguillaume à Alger. Cette coopération de jeunes professeurs chrétiens est plus fréquente en Afrique, où vivent Jean-Pierre Chrétien, Henri Médard, Claude-Hélène Perrot. « (p,190)
L’auteur décrit « Le difficile compagnonnage avec les régimes autoritaires » (p,191), un compagnonnage qui s’est bien souvent très mal passé et conclus par un échec.
L’auteur intitule un de ses paragraphes « La répression » (p,199), et cite la répression de Kénitra au Maroc, le cas de plusieurs ressortissants algériens ou marocains : « Mohammed Harbi, idéologue marxiste de la révolution algérienne, ou l’ingénieur centralien Anis Balafrej, fils du Premier Ministre , sont torturés comme des inconnus… Mohammed Harbi s’évade et s’exile en 1973. » (p,199)
Comme chacun sait, Monsieur Harbi a déroulé une belle carrière dans un pays qui fit la guerre au FLN dont il fut un cadre influent, et ce n’est pas la moindre surprise de ceux qui tentent de comprendre l’histoire de l’Algérie.
Le chapitre XII évoque l’évolution du monde arabe et musulman, « Les espérances du « printemps arabe Un monde à reconstruire », la fausse interprétation qu’en font les gouvernements occidentaux, la corruption et la duplicité de certains de nos partenaires, le cas de la chaine Al-Jazira, « la chaine d’information du Qatar, soutien du mouvement international des Frères musulmans. » (p,204
Comme le note l’auteur, c’est en Tunisie que le mouvement de dominos a démarré : « Pour la première fois depuis la guerre, on a voté librement en Tunisie (23 octobre 2011), en Egypte, et même en Libye. Ce n’est pas la démocratie, mais une de ses conditions.
Le contenu de ce chapitre est tout à fait intéressant parce qu’il éclaire la grand ambigüité de notre politique étrangère à l’égard des pays arabes et musulmans :
« Les pays qui soutiennent les Frères, la Qatar, sa chaîne Al6Jazira et ses capitaux, la Turquie d’Erdogan, ses capitaux et ses armes, rêvant à un ottomanisme frèriste, ou les Wahhabites d’Arabie Saoudite et leurs pétrodollars, saisissent l’occasion de se débarrasser du nationalisme arabe et de ses avatars bassistes et militaires qu’ils ont toujours détesté. »(p,208)
« Il faut une franche dose d’optimisme et d’occultation pour affirmer en 2015 que l’islamisme décline. » (p,211)
Les pages que l’auteur consacre à la politique française (p,214 et suivantes) illustrent l’aveuglement de nos gouvernements pour ne pas dire l’ignorance, ou l’incompétence, ou pour user d’une expression modérée de l’auteur, la « lisibilité » :
« La lisibilité de ces événements et de la politique française dest difficile. »(p,216)
L’auteur cite quelques noms de Français ou de Françaises qui jouèrent un rôle ambigu dans ce jeu biaisé des connivences, Bernard-Henri Lévy, Antoine Sfeir, Michèle Alliot-Marie, ou Delanoë.
La France de Sarkozy se serait-elle engagée dans cette affaire idiote de Libye sans le rôle médiatique de BHL ?
Et en finale de ce chapitre :
« Indifférence et ignorance prospèrent. Après la chute de Morsi et de Marzouki, le Maghreb et la Tunisie replongent dans le silence pré-révolution, sauf événement spectaculaires, et souvent terroristes. La remise d’un doctorat honoris causa en avril 2015 au président tunisien Béji Caïd Essebi à l’Université de Paris Sorbonne est brièvement évoquée. Mais qui s’en soucie vraiment à Paris ? Qui s’intéresse à la construction d’une démocratie ? A Paris aussi, ce sont principalement les affaires et les relations économiques qui priment. » (p219)
Je serais tenté de conclure : n’est-ce pas trop demander à notre pays ?
Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés
« Le choc des décolonisations » Pierre Vermeren – Lecture critique
« Le choc des décolonisations »
« De la guerre d’Algérie aux printemps arabes »
Pierre Vermeren
Lecture critique
Comme annoncé, je me propose de publier successivement cette lecture, en fonction des capacités techniques du site. (Tous droits réservés)
&
Il s’agit d’un livre fort intéressant pour le lecteur curieux de mieux connaître le processus de la décolonisation française et de ses résultats.
Cette lecture avait à mes yeux d’autant plus d’intérêt que dans les années 1950, j’avais vu fonctionner le Togo « colonial », que je fus un des acteurs de terrain de la guerre d’Algérie, une guerre dite de décolonisation, et qu’en 1961, il m’avait été donné de voir fonctionner un Madagascar devenu indépendant.
A mes yeux, ces trois territoires n’étaient pas la France.
L’ouvrage, riche en analyses et en éclairages sur une période qui va de 1960 aux années 2000, soulève de multiples questions sur les problématiques décrites et les constats historiques proposés par l’auteur.
Avant d’aller plus loin, attardons-nous quelques instants sur l’introduction et sur une des questions capitales, à savoir le rôle que les élites ont joué dans les processus décrits, qu’elles soient du Nord ou du Sud, je cite en soulignant les quelques mots clés qui éclairent ce type d’analyse:
« les élites du Nord n’ont jamais regardé en face les sociétés du Sud, leurs impasses et les mensonges sur la décolonisation sans les peuples…. La culpabilité postcoloniale a aggravé la situation du Sud.
Pendant que des millions, et bientôt des milliards d’hommes vivaient sous le joug des dictatures du Sud, les élites du Nord, consciemment ou inconsciemment, ont masqué à leurs opinions publiques la situation des décolonisés, comme elles l’avaient fait à l’époque coloniale. La colonisation avait été l’affaire des chefs politiques, économiques et militaires, pour laquelle les peuples d’Europe étaient tenus d’acquiescer, voire de s’enthousiasmer. Sans transition, la décolonisation et le néocolonialisme, par le truchement des élites amies du Sud, a emprunté une voie analogue. Les sociétés du Sud et du Nord ont poursuivi leurs trajectoires parallèles …, jusqu’à cet improbable « printemps arabe » de 2012, qui a permis d’entendre pour une fois, la voix du Sud. Attachons-nous à suivre les méandres et la mécanique de ces événements. » (p,12,13)
Afin d’éclairer ma première remarque, je continuerai à citer : Chapitre IV « Sous le couvercle de la guerre froide » « Sans que l’opinion française ne le réalise vraiment, les conflits de décolonisation sont devenus des conflits de guerre froide. » (p,63)
Enfin une dernière citation complémentaire à la fin du livre : « Conclusion Le legs singulier de la France coloniale » « L’échec des décolonisations françaises est-il singulier ? Faut-il le comparer à la destinée des colonies anglaises. Sans doute. Il n’y a pas d’équivalent de l’Inde, même sur une étendue moindre… « (p,321)… L’empire colonial a été une affaire d’élites. Les élites françaises, royales, impériales, puis républicaines, ont agi à destination des élites colonisées. De sorte que les Français, en tant que peuple, n’ont été concernés qu’à trois reprises par leur empire (troupes coloniales en 1914-1918 et 1939-1945, guerre d’Algérie, et migrations) … la question n’ayant d’ailleurs jamais été débattue. Mais de l’empire et de ses sociétés, ils n’ont toujours su que ce que les élites, leur gouvernement et les médias voulaient bien leur en dire. » (p,323)
Je partage ces conclusions, et je continue à penser que les livres qu’une certaine « histoire postcoloniale » a publiés sur la soi-disant culture coloniale ou impériale de la France manquent complètement de pertinence scientifique, comme je l’ai démontré dans le livre « Supercherie coloniale » : il s’agit d’une des formes les plus insidieuses d’une nouvelle propagande postcoloniale.
Je ne suis pas sûr qu’il soit possible de mettre sur le même plan les élites des régimes politiques qui se sont succédé dans notre pays, de même qu’il soit possible de mettre sur le même plan les processus de décolonisation anglais et français, compte tenu de leurs situations coloniales respectives, sur tous les plans, mais je partage l’appréciation que porte l’auteur sur le rôle des élites, des gouvernements, de l’opinion publique, aussi bien dans la colonisation que dans la décolonisation : j’ai écrit ailleurs à de multiples reprises que la France, c’est-à-dire le peuple français n’a jamais été colonial, n’avait eu la fibre coloniale, et que ce fut à l’occasion de la guerre d’Algérie, et de la mobilisation du contingent, que le peuple fut confronté aux réalités coloniales, le constat que fait l’auteur à la page 323.
En France, il s’agissait plus d’un groupe de pression colonial, un lobby colonial, avec plusieurs composantes politiques, militaires, économiques, et religieuses, que de l’élite métropolitaine à proprement parler.
A plusieurs reprises, et par ailleurs, l’auteur relève que l’opinion publique n’a jamais été vraiment concernée par la question coloniale :
« Vus de métropole, les événements qui se déroulent dans les colonies parviennent de manière atténuée, la censure le disputant au désintérêt. » (p23)
Comment ne pas dire à nouveau, que l’histoire postcoloniale supposée non « servile » n’a jamais à ma connaissance pris la peine de « mesurer » en espace et en contenu la presse de l’époque coloniale pour nous dire ce qu’il en était véritablement de la culture coloniale des Français.
Les trois sujets d’histoire coloniale évoqués, les élites, la presse, l’opinion publique souffrent à mon avis d’une grande carence de recherche historique pertinente, une carence qui encourage toutes les manipulations, souvent idéologiques, de certains chercheurs postcoloniaux.
Avant d’aller plus loin, et après avoir lu ce livre et d’autres livres sur le sujet est-ce que la vraie question que posait la décolonisation, en tout cas en Afrique noire française, parce qu’il en était différemment en Asie, n’était pas, que compte tenu des structures physiques et humaines de tous ces territoires, religieuses, culturelles, et linguistiques, le patchwork humain qu’ils présentaient face à un niveau des ressources faibles ou difficiles à mettre en œuvre, le challenge d’une décolonisation heureuse était chose impossible.
Le lecteur constatera à la fin de mon exercice pourquoi je ne partage pas toutes les analyses du dossier des décolonisations.
L’ouvrage comprend trois parties :
- Le fiasco des décolonisations (p,1 à 105)
- Les anciens colonisés sous l’empire de leurs élites (p, 105 à 223)
- La France, les Français et leurs anciennes colonies (p,223 à 321)
Jean Pierre Renaud
« Le choc des décolonisations » – « Le fiasco des décolonisations » -Pierre Vermeren Première Partie
Le choc des décolonisations
Première Partie
I « Le fiasco des décolonisations » (p,15)
L’auteur brosse l’évolution historique de la décolonisation des anciennes colonies françaises et conclut au fiasco, pourquoi pas ?
Mais pouvait-il en être autrement en Afrique noire, compte tenu de l’état de l’ensemble de ses structures en 1960, comme évoqué plus haut ?
Tout tourne en effet autour du diagnostic qu’il était alors possible de porter sur la situation de ces pays, leurs situations coloniales, sujet sur lequel j’ai publié quelques chroniques.
Il m’est arrivé de citer les analyses du géographe Richard-Molard sur une Afrique de l’Ouest qu’il connaissait, son immensité, sa diversité, son éparpillement humain, une sorte d’anarchie qui ne disait pas son nom.
La France mit en place une sorte de superstructure bureaucratique, artificielle, un Etat colonial, qui ne tenait pas bien compte des réalités ethniques, et qui ne pouvait en tenir compte, mais était-il possible de faire autrement ?
D’où « La balkanisation de l’Afrique française » (p,48) et ses dérives à partir des années 1960 :
« La colonisation a vécu, discrètement poussée par une France qui veut tourner la page, et se débarrasser de la question coloniale à l’ONU. Mais ses dirigeants comptent bien garder une marge de manœuvre et de puissance au sein de chaque territoire. En Afrique, les utopies fédéralistes se sont évaporées face aux séductions de l’Etat-nation et des privilèges qu’il confère (gouvernement, palais et ministères, limousines et indemnités, capitale, représentations diplomatiques et onusienne, aide internationale…) Partout, l’heure est à la construction de l’Etat et de sa bureaucratie militaro-administrative. » (p,49)
Il est évident que, faute pour ce type d’Etat de pouvoir s’adosser à une structure de cohésion religieuse, idéologique, ou monarchique, à un vécu collectif fait de croyances et de mythes communs, le potentiel de dérives autoritaires ou dictatoriales, favorisé par la mosaïque de ses peuples, était élevé.
L’auteur montre bien comment ce type d’adossement a pu fonctionner au Maroc, et je continue à penser qu’il aurait pu en être aussi ainsi avec la monarchie malgache et l’empire d’Annam, faute pour la France d’avoir, toujours et partout, voulu répéter son modèle centralisé de gouvernance.
Rappelons par ailleurs que jusqu’en 1945, la politique coloniale de l’avant FIDES était fondée sur le principe de l’autofinancement colonial, comme celle des Anglais, et qu’en 1960, le nombre des acculturés, c’est-à-dire celui des élites locales, était très faible.
Les Etats coloniaux ne constituaient pas ce qu’on appelait des Etats-nations, compte tenu de la faiblesse des facteurs de cohésion religieuse et culturelle, économique et sociale, pour autant d’ailleurs que l’Europe, l’Asie, les Amériques ou l’Union Soviétique puissent exhiber de leur côté ce type d’Etat.
Comparativement, est-il possible de donner la date à laquelle la France elle-même devint un véritable Etat Nation ?
« L’armée, pilier de l’Etat postcolonial » (p, 58)
Le « modèle colonial » ?
« Car au-delà de l’aspect institutionnel, le modèle colonial s’impose dans les têtes et dans les corps. L’armée incarne l’autorité et la souveraineté dont se réclame le nouvel Etat indépendant…. L’aspect mimétique est majeur dans cet avènement, car l’adoption du modèle militaire se fait toujours sur le mode l’armée coloniale (formation, uniforme, grade, commandement, armement…. L’«interopérabilité » reste la norme avec l’ancienne armée coloniale. » (p,59)
« …le modèle colonial s’impose dans les têtes et dans les corps » ? C’est peut-être beaucoup dire ! Faute d’autre chose !
Peu de temps après les indépendances, les élites de ces nouveaux Etats mirent leurs pays sous le régime du parti unique, même au Sénégal, avec Senghor, un catholique, alors que le Sénégal vivait sous l’ombrelle de cohésion religieuse de la Confrérie des Mourides. L’auteur écrit : « Chef d’un régime présidentiel à poigne, nous verrons que Senghor demeure un chef d’Etat atypique » : j’ajouterais dans une situation postcoloniale et ancienne situation coloniale également atypique, l’ancienneté de la colonisation, l’existence des quatre communes de plein exercice, une bureaucratie puissante, celle de l’ancienne AOF, un Etat relié au monde extérieur, etc… (p,55)
L’auteur note plus loin ; « L’exception sénégalaise, un allié modéré dans la guerre froide… un cas unique dans le pré carré » (p,75)
Le Sénégal n’est pas représentatif des autres Etats d’Afrique noire.
Les partis uniques s’adossèrent d’abord aux syndicats qui constituaient, lors de l’indépendance, une des rares structures socio-écomico-politiques de niveau national.
L’auteur évoque des situations coloniales différentes de celles de l’Afrique noire, celles du Maghreb, hors Algérie, où l’évolution put s’appuyer sur d’autres points d’appui que les syndicats ou l’armée, notamment au Maroc, que l’auteur connait bien.
Face à ces partis uniques d’abord à base syndicale, l’armée constituait le seul contre-pouvoir, et ce sont les élites militaires qui s’emparèrent rapidement du pouvoir, dans un contexte de guerre froide (Chapitre IV « Sous le couvercle de la guerre froide » (p,63) , de la Françafrique (« Naissance de la France-Afrique ou Françafrique » (p, 68)…le bras armé d’Elf Aquitaine (arrosant les partis politiques), d’un clientélisme socio-culturel très prégnant en Afrique, le tout débouchant avec Mitterrand sur les mirages de la Conférence de la Baule (1990). (Chapitre V Depuis La Baule, liberté des élites, silence et violence pour les peuples. (p,83) « Est-ce un faux semblant ou un tournant ? (p,84)… « Un quart de siècle après La Baule, la marche forcée vers la démocratie n’a pas eu lieu. » (p,84)
L’auteur note à propos des dérives de la Françafrique : « Cet aspect financier est essentiel dans le discrédit de la Françafrique depuis la fin de la guerre. » (p,72)… le Gabon « pivot des intérêts mafieux » (p,73)
Un de mes vieux camarades de promotion, bon connaisseur des relations entretenues à cette époque entre la France et ses anciennes colonies, me faisait récemment remarquer qu’il y a eu, historiquement, plusieurs formes de Françafrique.
A la page 63, l’auteur écrit :
« Sans que l’opinion française ne le réalise vraiment, les conflits de décolonisation de la France sont devenu des conflits de guerre froide…. Puis l’Algérie devient à son tour un conflit secondaire de guerre froide, surtout après Suez en 1956, même si les choses sont indirectes… Pour les officiers français de retour d’Indochine après Diên Biên Phu, le FLN est une organisation « communiste. » (p,63,64)
L’auteur cite le rôle de la stratégie contre-insurrectionnelle alors mise en œuvre, et souligne le rôle de l’officier David Galula dans la définition de ce type de stratégie. Comme je l’ai écrit ailleurs sur ce blog, 1) le capitaine Galula n’a jamais servi en Indochine, mais il fréquenta le continent chinois pendant plusieurs années, les premières années de la révolution communiste, 2) Galula n’a pas été un des concepteurs les plus importants de cette doctrine, et le mérite qui lui est attribué est sans doute dû au fait que son épouse fut une journaliste américaine bien introduite.
« Jusqu’en 1989, l’ancien empire colonial est un des champs clos de la guerre froide » (p,64)
« La France devient le premier acteur de la guerre froide en Afrique ».(p,66)
La description de cette évolution aurait été encore plus intéressante avec une comparaison avec la décolonisation britannique, ou d’autres, qu’il serait difficile de qualifier de décolonisation heureuse, voir la guerre de Malaisie, le désastre de la séparation de l’Inde musulmane de l’Inde hindouiste, l’apartheid de l’Afrique du Sud…
L’auteur consacre de bonnes pages aux suites de la guerre d’Algérie : « Le brutal désengagement de la France en Algérie » (le chaos) p,40,41), « Règlements de compte et chasse aux harkis » (p, 42), « Le temps des colonels » (p,43)
Sont également intéressantes les pages consacrées à la deuxième guerre civile de l’Algérie dans les années 1992-2000, (page 89), , 96,97) « La « décennie noire » d’Algérie plante un nouveau décor au sud de la Méditerranée » (p, 96,97) avec ses 200.000 morts.
Une information intéressante, car la même chape de plomb du FLN règne sur cet épisode aussi dramatique que sur la guerre d’Algérie, une première guerre civile qui ne disait pas son nom non plus.
« La lutte contre l’islamisme, nouvelle martingale de l’autoritarisme dans le monde arabe » (p,87)
Enfin, et pour couronner le tout, l’auteur décrit les effets négatifs de la mondialisation libérale sur ces nouveaux Etats. (p,90) : « Après quinze ans de mondialisation marchande (1995-2005), les dégâts humains en Afrique et au Moyen Orient ont été parfois dramatiques au sortir de la guerre froide, et les populations restent loin de la classe moyenne mondiale. » (p,95)
L’auteur conclut son tour d’horizon par le « génocide rwandais » et les « guerres du Congo » (6 millions de morts et 4 millions de personnes déplacées (1994-2003) (p, 101), qui durent encore.
Jean Pierre Renaud
Suffrage universel ? Morale politique et transparence ? Qu’est-ce à dire ?
Un Parti Socialiste défait, un Modem Fantôme, une France-Algérie complice !
&
Valeurs ! Valeurs ! Valeurs !
La morale politique ? Que vaut-elle ?
Le Président, le Premier Ministre, les Ministres, les Secrétaires d’Etat !
Je regardais une photographie du dernier Conseil des Ministres à l’Elysée, avec près de quarante éminences politiques de gauche, un peu trop sans doute, et je me posais la question de savoir combien d’entre eux avaient soutenu officiellement le candidat socialiste des primaires présidentielles ? Sans rien savoir évidemment de ce qui s’est passé dans le secret des isoloirs.
Peu à ma connaissance ! Sans évoquer le cas des députés et sénateurs !
Sans doute, les deux détectives infatigables D et D du journal Le Monde nous en diront plus sur le sujet un de ces jours prochains, compte tenu du talent qu’ils ont su déployer récemment pour violer le « secret » d’une instruction à charge !
Alors que c’est le Parti Socialiste qui a lancé la folie des primaires présidentielles, en 2012, sans prendre aucune garantie constitutionnelle sur leur déroulement, un scrutin où n’importe qui peut voter pour n’importe qui !
A mes yeux, le comble de cette farce démocratique, sous le faux drapeau des « valeurs », fut l’aveu dérisoire d’un Président, – j’ai voté pour Macron au premier tour – !
Un exercice du pouvoir qui en dit long sur les valeurs républicaines et démocratiques que ces gens-là sont censés porter !
Bayrou et son Modem fantôme !
Le Modem Fantôme, combien de militants inscrits, combien d’élus ?
Le Modem Fantôme vient de parasiter l’amerrissage de la fusée Macron.
C’est grave, docteur ?
Un black-out politico-médiatique complice entre France et Algérie !
Des élections législatives ont eu lieu en Algérie.
763 771 électeurs étaient inscrits dans les 186 bureaux de vote ouverts dans les consulats algériens de France.
Silence complet sur le déroulement et les résultats de ces élections dans les médias de notre pays l
Silence on tourne ! En pleine complicité de la sphère médiatico-politique !
Jean Pierre Renaud
Curiosité de lectures et information des lecteurs
Over-blog produit chaque mois des statistiques sur le nombre des visites, des pages vues, et des pages les plus visitées.
Ces informations m’ont permis, en très gros, de voir quels étaient les sujets qui suscitaient le plus de curiosité de la part de mes « visiteurs » ou lecteurs, mais sans rien savoir des motifs de ces consultations.
Quelques-unes de mes constations au cours des années 2011- 2017 :
Ont connu de nombreuses visites, mes lectures critiques des œuvres d’Edward Saïd, mes analyses des « sociétés coloniales » et de leur concept historique, et plus récemment mon analyse comparative entre les deux empires coloniaux anglais et français, plus de 1 500 pages les plus visitées en 2016, et 1 907, entre le 1er janvier et le 1er mai 2017.
Je serais évidemment heureux de connaître les raisons de cette curiosité : Simple curiosité ? Recherche universitaire ? Culture historique… ?
D’autres chroniques, en fonction des critères statistiques d’over-blog ont suscité moins de curiosité : mon analyse critique de la thèse historique d’Elise Huillery, que j’ai considérée comme « décalée » sur l’AOF, et plus récemment, celles du livre de Sophie Dulucq sur « Ecrire l’histoire de l’Afrique à l’époque coloniale », dont les analyses nuancées posent la question toute simple de la « servilité » intellectuelle en matière d’histoire.
Selon les mêmes critères statistiques, ma lecture critique de « La Fin des terroirs » d’Eugen Weber, ne parait pas avoir attiré beaucoup d’attention, alors qu’il s’agit d’une œuvre qui apporte la démonstration d’une relative proximité entre les indigènes des colonies et les indigènes de France jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle, pour reprendre l’appellation d’un certain mouvement politique.
Il en a été de même pour ma lecture critique du livre de Frederick Cooper « Le colonialisme en question », un livre intéressant, mais dans un registre d’analyse par trop irénique à mes yeux.
Dans les semaines à venir, je me propose de publier mon analyse critique du livre de Pierre Vermeren, « Le choc des décolonisations », en indiquant que je partage une bonne partie de ses analyses, notamment celle du rôle « idéologique » important dans la France actuelle de la matrice intellectuelle d’Algérie et du Maghreb.
Jean Pierre Renaud
L’économie électorale pour les nuls! – La start-up Macron du nouveau marché! -Un vrai conte pour enfants!
La start-up Macron du nouveau marché !
Un vrai conte pour enfants !
Le 8 mai 2016, le candidat Macron va fêter Jeanne d’Arc à Orléans.
Avait-il entendu des voix, celle d’un « roi » qui croyait encore qu’il pourrait être le sauveur de la France, comme s’il pouvait être le lointain successeur du roi Charles VII ?
Une fois son mouvement lancé, et ce nouveau marché défriché, le fondateur de la nouvelle start-up politique, une « première », lance successivement ses appels de concours au soutien électoral.
Le premier de la classe, pour qui ? A l’écouter ! Toujours dans le « grand oral » ?
Il va à Alger à la rencontre de la dictature FLN, pour courtiser le vote des électeurs d’origine immigrée, en décrétant que la colonisation était un « crime contre l’humanité ».
Une fois la première manche gagnée, il trace un parcours intelligent et bien balisé d’hommages aux groupes de pression dont il pense avoir besoin pour collecter d’autres concours de soutien électoral, à nouveau le vote des électeurs d’origine immigrée à Sarcelles, le « quartier sensible » cher à Strauss-Kahn, ou celui des juifs avec sa visite au musée de la Shoah.
A son dernier grand meeting parisien, pourquoi ne pas regretter qu’il n’ait pas cru devoir déployer toute la brochette de la nomenclature politique qui le soutient, en même temps qu’elle est très largement responsable des succès électoraux du Front National ?
Les médias ont d’ailleurs été d’une grande discrétion dans leurs images ou dans leurs comptes rendus sur la présence ou l’absence des nombreuses éminences politiques de gauche ou de droite du « système » dont la dénonciation fait la fortune électorale de cette nouvelle start-up, à la conquête d’un nouveau marché.
J’aimerais simplement attirer les lecteurs sur les quelques-unes des chroniques que j’ai publiées sur le sujet et sur ce blog, depuis 2011, dont au moins deux étaient intitulées « Au loup, au loup, le Front National arrive ! »
La faute à qui ? Dites-moi !
Tout le problème pour cette start-up, cette fusée électorale, va être celui de son retour dans l’atmosphère sur ce nouveau marché politique, à voir le nombre des start-ups de toutes catégories qui jonchent les marchés.
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Humeur Tique « Au loup ! Au loup ! » Le Front National arrive !
« Cela fait des années qu’une coalition médiatico-politique fait le jeu du Front National en imposant aux Français et aux Françaises un régime de tabou de la parole, de silence, pour ne pas dire une sorte de terrorisme intellectuel et politique qui ne dit pas son nom.
Interdit d’aborder les sujets qui fâchent, les immigrations du Sud et celles de l’Europe de l’Est, les demandeurs d’asile, l’acquisition de la nationalité et de la bi-nationalité, le fonctionnement libéral de l’Europe, etc…, sauf à se voir aussitôt accusé d’être un suppôt affiché ou clandestin de cette formation politique !
Depuis des années, le Front National n’a donc pas eu besoin de dépenser beaucoup d’argent pour faire sa propagande, étant donné que ses nombreux adversaires, de bonne ou de mauvaise foi, faisaient à sa place, la propagande qui lui était nécessaire.
Faute d’avoir eu le courage d’ouvrir tout grands ces dossiers et de leur apporter des réponses, les mêmes de cette coalition médiatico-politique voient effectivement le loup arriver dans une France en pleine crise morale, politique, économique, et sociale, sur le terrain favorable de toutes sortes de peurs, vraies ou fausses. » (8/10/2013)
Jean Pierre Renaud