« La fin des terroirs » Eugen Weber
Deuxième Partie
Les agents du changement (p,237) (Suite)
« Les prêtres et le peuple » (Chapitre XX, page 427)
Il s’agit d’un chapitre difficile à résumer, fusse en retenant quelques- unes des citations qui pourraient en donner la couleur, et sauf à dire qu’à la fin du siècle la querelle entre cléricaux et anticléricaux parait dominer le sujet.
L’auteur cite en début de chapitre une strophe de La Fontaine :
« Un mort s’en allait tristement Un curé s’en allait gaiement
S’emparer de son dernier gîte Enterrer ce mort au plus vite »
« Ainsi chantait La Fontaine, avec son sens habituel des réalités populaires. Nous ne pouvons pas savoir exactement quel genre de religion avait commencé à décliner. Mais nous pouvons dire que le rôle déclinant de ses représentants était évident et bienvenu. La sympathie pour les hommes d’habit était soit tiède, soit nulle. Le bon prêtre charitable et affable, que nous rencontrons occasionnellement dans les romans du XIX°siècle, n’a trouvé aucune place dans la sagesse populaire, qui n’offre aucun proverbe célébrant le clergé, mais des douzaines de critiques de ses membres. »
« En 1899, comme l’admettait la Revue du clergé français, le clergé représentait aux yeux du public la réaction, le conservatisme et l’esprit rétrograde. » (p431)
« L’école devenant un rival de plus en plus dangereux, le langage fut amené à jouer un rôle nouveau dans le combat prêtre-instituteur. Le prêtre était désigné ou se désignait lui-même comme un défenseur du parler local ; et ceci, tout simplement pour s’opposer d’abord au français de l’instituteur mais aussi parce qu’il aidait à préserver la foi de la subversion. » (p,433)
« Les politiques menées par les cléricaux et les anticléricaux touchèrent ainsi indirectement l’esprit populaire. Elles contribuèrent à saper la tradition et à faire disparaître des pratiques qui faisaient partie de la vie depuis des siècles. Mais les arguments politiques tels qu’ils étaient développés dans les villes ne convaincraient ni ne pouvaient convaincre les campagne tant que la mentalité rurale n’était pas passée sur la même longueur d’ondes que celle des citadins. Cela allait prendre du temps. » (p435)
Résultat : « Dans les années précédant la Première Guerre mondiale, comme le notait un prêtre, « dans les villes (les gens) se réveillent à nos idées (alors que) nos paysans deviennent de plus en plus païens. » (p443)
Jean Pierre Renaud – Tous droits réservés