La crise policière ou les vrais sujets de la France !

La crise policière ou les vrais sujets de la France !

La Croix du 21/10/2016 : en première page, une photo avec un gros titre « La prison est une solution de facilité », et dans les pages 2 et 3 une interview du Garde des Sceaux.

            Le sujet est suffisamment important pour se poser la question de la qualité du diagnostic actuel que les pouvoirs publics, tout autant que les hommes et femmes politiques, de droite comme de gauche, posent de la même façon sur une crise policière qui, à mes yeux, est très grave.

            Leur diagnostic n’est pas bon.

            Remarquons tout d’abord que l’orientation des questions posées par les journalistes de La Croix et des réponses du ministre biaisent l’analyse de ce sujet sensible dès la première page, étant donné que le débat va porter sur certaines catégories de réponse judiciaire, prison ou non, peine alternative ou non, individualisation des peines, etc… avec en première page l’affirmation d’après laquelle « La prison est une  solution de facilité », solution de facilité ?

            Je serais tenté de dire que là n’est pas le sujet, pas plus que l’argumentation développée par le ministre sur les progrès à faire en matière de partage des informations entre le système judiciaire et le système  policier.

Une des réponses se trouve déjà dans les deux colonnes de la page 3 que le journal consacre au mouvement policier, et à ses raisons, lesquelles ne disparaîtront pas avec les bonnes paroles du ministre sur l’information partagée, sur la mise en œuvre d’une nouvelle politique judiciaire, sur une augmentation des moyens de la police, une meilleure considération, etc …

Mon attention a été particulièrement attirée par le propos beaucoup plus révélateur des causes de la crise actuelle que tous ceux qu’on entend sur le sujet, une sorte de bla-bla-bla, celui d’un responsable syndical Unité SGP FO :

« Si on laisse passer ce genre d’agression, cela va mal finir, c’est cela que l’on veut faire comprendre ».

Ce propos est tout à fait clair, et la question n’est pas de savoir si la prison, ou l’individualisation des peines sont de vrais sujets, mais si notre pays accepte, que dans certaines de nos villes, des bandes de casseurs agressent nos policiers avec des armes qu’il faut bien appeler des armes de guerre, notamment les cocktails Molotov.

Pour répondre à ce type de situation de caractère insurrectionnel, le Parlement et le gouvernement doivent mettre rapidement en œuvre un programme à plusieurs volets :

& – un volet sécuritaire avec la mise en place d’une chaine pénale spécialisée pour mettre fin à ce type de délit de type insurrectionnel, avec une réponse pénale immédiate, et le lancement d’un programme de retour à la paix civile des quartiers de nos villes qui abritent  ces bandes de casseurs, avec des opérations de contrôles d’identité, qu’appellent d’ailleurs leurs habitants,  car ils sont les premiers à souffrir de ces violences.

& – un volet social, culturel et économique, puissant, afin de rétablir la confiance de ces quartiers dans nos institutions républicaines, un volet dont j’ai déjà, à plusieurs reprises, esquissé le contenu sur ce blog :

Au-delà, et en complément des grands travaux de rénovation urbaine qui ont modifié ces dernières années la physionomie de beaucoup de ces quartiers, il est nécessaire de vivifier, ou de revivifier le tissu social et culturel de ces quartiers, en donnant à leurs habitants un maillage social et culturel qui leur permette de tenir la tête hors de l’eau.

& – un volet d’éducation destinée à une partie de la jeunesse de ces quartiers, qui, du fait du chômage, du désœuvrement, se livrent à des activités illicites.

Il est indispensable de revoir rapidement les dispositions de l’ordonnance de 1945 sur les mineurs, qui n’est plus en adéquation avec la société actuelle, la maturité des mineurs, et leur façon de vivre.

& – un volet politique : comme je l’ai déjà proposé sur ce blog, il faut doter ces quartiers de conseils de quartier élus, dotés d’un budget d’actions de proximité, compétents pour gérer des équipements de proximité, et pour donner leur avis sur les projets de délibération des conseils municipaux dont ils relèvent.

Les vrais sujets de notre pays ne consistent pas à disserter sur les moyens de la police, sur la politique pénale actuelle, mais sur l’urgence qu’il y a, à éradiquer rapidement ces violences de type insurrectionnel, à ramener la paix civile dans tous nos quartiers, et enfin, car cela n’a que trop tardé, faire bénéficier leurs habitants, et en priorité leur jeunesse, d’un effort important de remise à niveau républicaine.

Jean Pierre Renaud