Banlieues, ghettos, apartheid ? Un challenge pour la France!

Avant-propos du 7 mars 2015

Le 7 janvier 2010, j’avais publié sur mon blog « confidentiel » le texte ci-dessous relatif à un dossier toujours aussi sensible de nos jours, plus de cinq années après.

Le Premier Ministre parait décidé à s’en saisir. Il a utilisé le mot « apartheid » qui ne parait pas vraiment approprié au sujet, mais attendons les décisions.

Ce texte a conservé sa pleine actualité, et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de le publier à nouveau.

Banlieues, ghettos, aveuglement ou incompétence de nos élus depuis plus de 30 ans

Bonne année à l’autre « planète » :

Hier et aujourd’hui, quel gâchis ! Il n’est jamais trop tard ! Demain, l’espoir, le nouveau rêve de la France !

Réflexions proposées le 7/01/2010

            Quel gâchis !  Trente-cinq années ont passé depuis la fin des trente glorieuses, sans que nos responsables politiques, présidents, premiers ministres, députés et sénateurs, aient pris la mesure du grave problème de nos banlieues, et proposé à notre pays des solutions qui soient à la hauteur des enjeux politiques, sociaux, économiques et culturels qu’elles représentent. Trente-cinq années au cours desquelles s’est poursuivi le chemin inexorable, visible ou invisible, d’une « ghettoïsation » ou d’un « enkystement », au choix.

            Enjeux qui n’ont fait que s’aggraver avec la poursuite d’une immigration officielle ou clandestine, avec des concepts de parentèle souvent bien différents des nôtres.

            A qui la faute ? Les raisons en sont multiples, la première étant celle de la difficulté qu’il y a à imaginer des solutions efficaces, de longue durée, et de très grande ampleur, face à une problématique complexe sur tous les plans visés plus haut en matière d’enjeux.

            Mais, pourquoi ne pas mettre en cause la responsabilité de nos élus qui sont restés aveugles, inconscients, égoïstes, ou tout simplement incompétents. Je me souviens avoir alerté à ce sujet, mais sans convaincre, dans les années 1980, le député de Montbéliard, et dans les mêmes années les rares élus parisiens que pouvait motiver le dossier des quartiers dits sensibles.

            Il y a quinze ans, l’année 1995 a vu fleurir la belle campagne de la « fracture sociale » dont il n’est pas sorti grand-chose, à ce sujet, sinon rien ! Et comment ne pas être étonné que la gauche ou la droite puissent être logées à la même enseigne de cette grave carence politique ? Avez-vous eu la chance de connaître, à ce sujet, les propositions concrètes et chiffrées de ceux que la presse qualifie souvent d’éléphants socialistes, grands élus de nos banlieues sensibles proches de la capitale ou d’autres capitales régionales ?

            Toutefois quelques récentes lueurs d’espoir dans ce constat désastreux, les programmes de rénovation urbaine de Boorlo, et le travail de fourmi de Fadel Amara !

             Il n’est pas trop tard : un nouveau challenge national !

            Dans le maelström économique, démographique, et culturel, qui agite toutes les nations de la planète, dans le brassage mondial des races et des cultures, la France n’est pas la plus mal placée pour construire une nation nouvelle, et donner corps à son rêve du vingt et unième siècle. Elle l’est d’autant mieux qu’elle dispose d’un socle de valeurs politiques, sociales, et culturelles inégalable, d’habitants qui viennent de tous les continents, et d’une démocratie qui n’a connu ni ségrégation, ni esclavage

            Dans le nouveau monde en chantier, les nations gagnantes seront celles qui auront su agréger toutes leurs composantes nationales, issues ou non, directement ou pas, du sol national, précisément parce qu’elles représentent, toutes et chacune, une part de notre héritage humain commun.

            Mais pour réussir ce nouveau pari national, d’un vouloir vivre ensemble rénové, les demi-mesures ne suffiront pas, et il faudra des moyens, beaucoup de moyens.

            Alors qu’on a bien trouvé trois milliards pour diminuer le taux de TVA de la restauration, et que l’on sait trouver des centaines de millions ou des milliards pour financer quelques-unes des urgences du jour, ou des opérations internationales de prestige, pourquoi ne pas décider de mettre en œuvre un plan de remise à niveau de nos banlieues sensibles, un plan pluriannuel de plusieurs dizaines de milliards, comme avait su le faire le pays après la deuxième guerre mondiale ? Il n’existe sans doute pas de remède miracle, mais peut-être pourrait-on mettre au service de cet exaltant projet un service civique qui lui serait dédié, et trouver dans la manne des niches fiscales, souvent extravagantes, une partie des financements recherchés.

            Ne s’agit-il pas en effet d’une sorte de nouvelle reconstruction de la France ?

          Le nouveau contrat républicain

            Il faut donc demander un effort exceptionnel à notre nation, mais il faut, qu’en contrepartie, il soit fondé sur un contrat républicain irréprochable : ne rien céder des principes de la République Française, façonnés au cours des siècles, notre unité nationale, les trois valeurs inscrites sur tous les frontons de nos mairies, la liberté, l’égalité, et la fraternité. Une égalité entre les hommes et les femmes, et ce principe revêt encore plus d’importance de nos jours que par le passé, alors que sa conquête a moins d’un siècle dans notre pays.

            La primauté de notre belle langue française, pour autant qu’elle puisse être menacée.

            Et, tout autant, la laïcité, qui n’a pas été facile à établir.

            Permettez-moi, à ce sujet, de faire état d’une anecdote familiale : mon grand-père paternel, franc-comtois de la « Petite Vendée » du plateau de Maîche, fut mis en prison, en 1906, parce qu’il s’opposait à la mise en œuvre de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, alors que ses enfants et petits-enfants ont naturellement adopté cette grande loi de pacification civile et religieuse.

            Je dis aux jeunes de l’autre « planète » : au terme de ce petit plaidoyer, je dis aux jeunes de nos banlieues sensibles : beaucoup de temps a passé, trop de temps incontestablement, mais faites confiance au pays, la France officielle des aveugles et des bien pourvus va enfin se ressaisir, car ce rêve national est aussi le vôtre.

            Je dis à nos responsables politiques de gauche, de droite ou du centre : assumez enfin vos responsabilités, et les véritables destinées de la France qui sont celles du siècle actuel, et plus celles du passé.

            Gare à la France si cette mission collective, et on ne peut plus républicaine n’est pas assumée !

            Les caricatures de Plantu dans le Monde du 12 décembre 2009 devraient vous rappeler à la réalité : la page était intitulée Alertes rouges et le dessinateur écrivait en conclusion :

            « Aujourd’hui, bien sûr, on revient sur notre pauvre planète avec ses alertes au réchauffement climatique. Mais il y a une autre planète dont on parle moins… Elle est en danger : c’est la « Planète Banlieue ». Et quand elle va se mettre à chauffer, ça va chauffer ! »

            Les analyses récentes de Luc Bronner confirment le diagnostic actuel, en mettant l’accent sur la prise de pouvoirs des jeunes dans certains quartiers sensibles et sur leur refus de participer récemment aux élections des Conseils Régionaux, beaucoup plus fort que celui de la moyenne des électeurs.

            Avez-vous d’ailleurs entendu de la part des principaux partis politiques, dans les régions où ce problème est aigu des programmes d’action précis ? A ma connaissance, non !

            Ajouterai-je que dans une émission de France O d’il y a quelques semaines, tout à fait instructive, une femme expérimentée  et de qualité, manifestait la plus grande inquiétude sur l’avenir de ces quartiers, et sur leur conversion possible à quelque chose qui ressemblerait à une véritable insurrection.

Jean Pierre Renaud

Post scriptum

Le Premier Ministre vient de faire quelques annonces positives sur le sujet, mais qu’on ne nous dise pas que la France manque d’argent, même si sa dette est colossale, car Hollande, tout comme Sarkozy, ont bien trouvé des sous pour des opérations militaires extérieures en Libye, au Mali, en Centrafrique, et en Irak, avec l’envoi tout en fanfares du porte-avions Charles de Gaulle dans les eaux du Golfe Persique.

De la grandeur, de la grandeur à l’étranger, mais en sacrifiant ce que nous appellerions volontiers notre « front intérieur » !

Avec en petit complément d’information, la publication, à nouveau, et demain, de mes notes de lecture du livre « La loi du ghetto » de Luc Bronner