Sottise postcoloniale : assimilation, intégration, « nettoyage de l’identité… »
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Journal Le Monde du 13 février 2015, page 10
« Nicolas Sarkozy veut lancer un débat sur l’Islam »
Alexandre Lemarié
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M.Lemarié interviewe l’historien Blanchard, je cite :
« Assimiler c’est vouloir effacer »
« … Pour souligner sa différence avec son concurrent, l’ancien président de la République a affirmé que la droite ne pouvait « pas continuer à utiliser le mot « intégration » mais devait désormais « utiliser le mot « assimilation ». Un terme qui est tout sauf neutre. « Il est directement issu de la période coloniale, rappelle Pascal Blanchard, cela suppose de vouloir faire rentrer l’immigré dans un modèle, avec la notion de nettoyage de l’identité. »
Tout d’abord, un rappel de vocabulaire tiré du Petit Robert :
Assimiler, c’est rendre semblable
Intégrer, c’est établir une interdépendance plus vivante entre les membres d’une société.
L’historien cite « l’immigré », mais s’agit-il effectivement de l’immigré, celui qui a une carte de séjour, ou du citoyen français d’origine immigrée ?
Le même historien utilise aussi une expression douteuse, celle- là, « la notion de nettoyage de l’identité », très proche de l’autre expression plus connue de « nettoyage ethnique ».
L’ambition coloniale française de l’assimilation n’a jamais dépassé, sauf cas particuliers des quatre communes du Sénégal et des actuels départements d’outre- mer, le stade de la parole, de la propagande, pour la raison bien simple qu’elle était vouée à l’échec, même en cantonnant son sens à la citoyenneté politique.
En Algérie, la place de l’Islam compliquait la solution du problème, et dans les autres colonies, hors Antilles, la diversité des cultures et des croyances, les statuts privés des peuples de ces pays, l’effectif des évolués par rapport au total de la population, le poids démographique et donc politique des peuples susceptibles d’être assimilés, la relation qui fut faite entre la citoyenneté politique et la citoyenneté sociale, c’est-à-dire le coût social qu’une telle opération représentait pour la métropole enlevait tout fondement à ce type d’opération….
L’assimilation « coloniale » n’a donc été qu’un rêve !
Quant à parler dans le cas des immigrés, de « nettoyage de l’identité », il semble, et si j’ai bien compris, que le propos de M. Blanchard n’ait sans doute pas visé les immigrés eux-mêmes, mais les descendants d’immigrés.
Si tel est le cas, et en ce qui concerne leur relation avec les institutions de la République Française, plutôt que d’assimilation ou d’intégration, il vaudrait mieux parler plus simplement d’application des lois françaises.
La loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905 et les principes de laïcité qui régissent notre République, doivent effectivement être appliqués, sans savoir s’il s’agit d’assimilation ou d’intégration.
Cessons de jouer avec le feu des anciennes guerres françaises de religion, sanglantes au cours des siècles passés, et politiquement violentes, jusqu’au début du vingtième siècle.
Cette loi française de paix civile est notre loi. Appliquons- la ! Sans ergoter !
Jean Pierre Renaud